22.06.2016 Views

Traduire

traduire...Interpréter

traduire...Interpréter

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

LES OBJETS INSCRITS : QUELLES INTERPRÉTATIONS ?<br />

Tous ces messages s’ajoutent à ceux du texte : là aussi le chercheur pourra y<br />

voir des indications particulières, autres que celles visées par le commanditaire, ou<br />

l'artiste, ou un visiteur de musée : aspect calligraphique d'une époque, d'une région,<br />

état linguistique, aspects socioculturel, sociolinguistiques et référentiels peuvent<br />

abonder dans une simple inscription d'une ligne. Le regard du chercheur rajoutera en<br />

effet du sens même là où on ne l'attend pas.<br />

Cet aspect d'informations « supplémentaires » du texte en sus de son contenu,<br />

se retrouve d'ailleurs dans cette citation tronquée d'Ernest Renan reprise par Roland<br />

Barthes 1 : « La langue n'est pas épuisée par le message qu'elle engendre, elle peut<br />

survivre à ce message et faire entendre en lui (…) autre chose que ce qu'il dit ». Paul<br />

Ricoeur disait aussi : « les mots cessent de s'effacer devant les choses, les mots écrits<br />

deviennent aussi mots pour eux-mêmes » 2<br />

Ces différentes perspectives de lecture linguistique, sociologique ou littéraire<br />

se retrouvent parfois de façon plus prononcée selon les objets et leurs inscriptions.<br />

ILLUSTRATIONS PRATIQUES DES DIFFÉRENTS ASPECTS DE TRADUCTION ET<br />

D'INTERPRÉTATIONS SUR DES OBJETS INSCRITS GÉRONAIS<br />

On considèrera ici quelques cas concrets qui illustrent également les<br />

problèmes de traduction et d’interprétation rencontrés dans l’étude des objets<br />

inscrits.<br />

Le premier objet que nous proposons est une lipsanothèque de Lladó,<br />

exposée au musée d’art diocésain de Gérone. Il provient de l’ex-collégiale de Santa<br />

Maria de Lladó, située dans le haut Ampurdan. Cet objet est du XI e siècle, il s’agit<br />

d’un récipient taillé dans un seul bloc de pierre. L’intérêt de cet exemple réside dans<br />

les inscriptions de diverses époques qu’il contient et leurs problèmes de transcription<br />

et traduction. La couverture porte une inscription latine dont on trouve deux<br />

transcriptions différentes dans les fiches d'archives :<br />

Senifredus m(e) tusit et Senifredus pr m(e) fe(cit)<br />

Senifredus me iust et Senifredus pro me fecit<br />

Une autre inscription est visible sur la face avant, en graffitis très anciens :<br />

également en latin, mais de caractère wisigothique semblerait-il. En voici également<br />

deux transcriptions différentes dans les archives :<br />

Lobetus presviter/eum Eunologi defuncti, Oliva baro, Suniario defuncti<br />

Argelena defuncta, Filmeta Olivasu defuncti me iusit<br />

Lobetas presbiter cum Ennalegi defuncti Olliubaro Suniario defuncti<br />

Argeleva defuncta Tilmeta Olivasu defuncti me iussit<br />

Il est intéressant de noter que les transcriptions latines sur les fiches<br />

d’archives ont changé avec le temps, proposant un latin complètement différent et<br />

ceci affecte également les transcriptions des noms propres. Ces transcriptions ne<br />

sont pas datées ni signées. On ne peut malheureusement donc pas les certifier, d’une<br />

part parce qu’il nous est difficile d’accéder directement aux inscriptions de l’objet<br />

(et de les calquer par exemple), aussi bien à cause de l'érosion que des critères de<br />

sécurité ; d'autre part, parce que leurs auteurs n’ont pas signé ni spécifié leurs<br />

qualités, ce qui signifie qu'il ne s’agissait peut-être pas d’épigraphes ou de<br />

1 dans sa Leçon, de 1977, publiée par les éditions du Seuil, Paris, 1989, p.14.<br />

2 op. cit., p.185.<br />

429

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!