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TRADUIRE… INTERPRÉTER<br />

part, c’est aussi le moment où la réflexion herméneutique sort de la langue et excède<br />

le discours pour aborder la praxis, l’activité quotidienne concrète. Le philosophe dit<br />

à ce propos :<br />

"Les hommes d’une culture ont toujours su qu’il y avait des étrangers qui<br />

avaient d’autres mœurs et d’autres langues. Et l’étranger a toujours été inquiétant : il<br />

y a donc d’autres façons de vivre que la nôtre ? C’est à cette « épreuve de<br />

l’étranger » que la traduction a toujours été une réponse partielle." (Ibid., p. 57).<br />

Au total, il faut dire qu’à travers le processus de la traduction, aussi bien au<br />

sens étroit du terme qu’au sens large, s’opère la construction de notre identité. Cette<br />

recherche constante du moi s’exhibe dans le désir de comprendre l’homme qui vit<br />

très près ou loin de chez moi mais qui, comme moi, existe et agit dans le monde par<br />

l’intermédiaire de la langue.<br />

CONCLUSION<br />

L’annexion, la conquête, l’envahissement, la saisie du sens : voilà un<br />

échantillon des termes employés traditionnellement pour définir l’essence de l’acte<br />

interprétatif. Au fond de ce bois belliqueux, le concept de l’interprétation élaboré par<br />

Paul Ricœur instaure un coin pacifiste et déplace le centre de gravité du lecteur qui<br />

assujettit le texte vers le texte agissant sur le lecteur et sur son expérience. Les<br />

enjeux entre la langue, le texte et le lecteur, ainsi que l’autre en tant que mon<br />

interlocuteur, concourent chez le philosophe à un mode de conceptualisation de<br />

l’interprétation opératoire pour l’investigation sur l’acte traductif. Bien que les deux<br />

actes ne puisent pas toujours dans les mêmes sources d’inspiration, ils débouchent<br />

sur les observations dont le dénominateur commun est la confrontation de l’altérité<br />

par le biais du texte écrit. L’autonomie sémantique de l’écrit comprise en termes de<br />

rupture avec l’intention de l’auteur fait de cette forme textuelle la situation<br />

privilégiée dans laquelle le discours révèle sa capacité de projeter des mondes<br />

nouveaux. Cela dit, l’ouverture à de nouveaux modes d’existence s’avère une étape<br />

indispensable dans la construction et l’auto-compréhension du moi.<br />

Nous avons vu que l’interprétation et la traduction dans l’acception de Paul<br />

Ricœur ne se bornent pas à la compréhension du symbole, des textes ni même de<br />

l’autre. Elles confèrent à l’interprétant et au traducteur un devoir épistémologique et<br />

ontologique dont l’objectif vise la compréhension du soi devant le symbole, les<br />

textes et en rapport avec l’autre. La boucle unissant les actes interprétatif et traductif<br />

demeure, à chaque fois, l’homme engagé dans la dialectique du propre et de<br />

l’étranger.<br />

MITURA Magdalena<br />

Université Marie Curie-Skłodowska, Lublin - Pologne<br />

madeleinem@interia.pl<br />

Bibliographie<br />

JERVOLINO, D. (2005). "La traduzione come problema filosofico", Studium 1, anno 101,<br />

pp. 59-67.<br />

LACOCQUE, A., RICŒUR, P. (2003). Myśleć biblijnie [Thinking Biblically : Exegetical and<br />

Hermeneutical Studies], trad. E. Mukoid, M. Tarnowska. Kraków : Wydawnictwo Znak.<br />

RICŒUR, P. (1975). La métaphore vive. Paris : Seuil.<br />

RICŒUR, P. (1985). Temps et récit. Tome III. Paris : Seuil.<br />

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