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AU SUJET DU ROMAN MÉMOIRE D'UN FOU D'EMMA D'ALAIN FERRY<br />

sexe<br />

esthétique<br />

Masculin féminin beauté laideur<br />

Éva belle<br />

Belle l'<br />

Elle<br />

L'(= est…belle)<br />

Femme<br />

Elle (est partie)<br />

Nous nous limitons à ces deux champs (ceux du masculin et du disgracieux<br />

sont également présents dans cet incipit, mais à partir de la sixième phrase<br />

seulement.)<br />

En prenant la distribution des termes sur l'axe syntagmatique, nous<br />

constatons que la copule"être"associe deux fois le féminin et la beauté, l'adjectif<br />

belle relevant à la fois de ces deux champs (ou isotopies paradigmatiques), se<br />

présentant comme un connecteur d'isotopies. Ce sont alors les isotopies<br />

syntagmatiques qui se constituent à la fois par contiguïté et interférence. La suite de<br />

l'incipit confirme ce point de vue :<br />

Elle, à cause de l'amour, elle est sans doute plus belle qu'elle ne le fut jamais.<br />

Fatale beauté. Quand nous l'avons vue à la bibliothèque Sainte - Geneviève, nous<br />

avons eu un véritable éblouissement : le soleil dans les yeux. Quand nous la vîmes,<br />

nous eûmes : le passé simple vaudrait mieux pour cette épiphanie qui nous hissa<br />

hors du temps de la durée où les choses ont une fin. Instant d'éternité sous l'effet de<br />

l'Eternel féminin ? Sidéré par l'éclair de son apparition, c'est en tout cas ce que<br />

nous fûmes : la foudre tombe où elle veut, sur un étudiant ému comme sur un<br />

clocher 1 .<br />

Remarquons d'abord comment la clausule de ce premier paragraphe évoque<br />

certaines des clausules de Flaubert, celles qui, après une amplification de la phrase,<br />

se terminent presque brutalement du fait de la dissociation par une virgule, des deux<br />

ou trois derniers éléments. Il y a là un nouveau clin d'œil à Flaubert, et ce n'est pas le<br />

seul, car si le paratexte oriente le lecteur vers Madame Bovary, l'incipit le renvoie à<br />

trois reprises au moins à L'Éducation Sentimentale :<br />

1-"[…] nous avons eu un véritable éblouissement…"<br />

Quand, dans L'Éducation sentimentale, Frédéric découvre Madame Arnoux<br />

sur le pont des premières de "la ville-de-Montereau", il est question<br />

"d'éblouissement" : "Elle était assise, au milieu du banc, toute seule ; ou du moins il<br />

ne distingua personne, dans l'éblouissement que lui envoyèrent ses yeux".<br />

2-"Sidéré par l'éclair de son apparition…"Toujours dans L'Éducation<br />

sentimentale :"Ce fut comme une apparition"<br />

3- L'allusion au passé simple qui vaudrait mieux pour cette véritable<br />

épiphanie, est un écho au passé simple de la citation précédente de L'Éducation<br />

sentimentale :"Ce fut comme […]". Nous anticipons en citant le deuxième<br />

paragraphe du roman d'Alain Ferry :<br />

Un quart d'heure plus tard, place de la Sorbonne, nous lui offrions L'Éducation<br />

sentimentale. Nous lui avons demandé si elle l'avait lue. Non, pas encore ; de<br />

Flaubert je n'ai lu que Trois contes. Et Madame Bovary, bien sûr.<br />

1 Alain FERRY, op. cit., p.9.<br />

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