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LA VENGEANCE ET SES REPRÉSENTATIONS CORPORELLES…<br />

programmes narratifs se séparent ensuite portant deux résultats différents : le<br />

comblement de l’actant S2 (homme) et l’anéantissement de l’actant S1 (femme).<br />

Dans ce cas, ce texte, sous forme de nouvelle et de BD, perdrait toute sa force<br />

constitutive qui est le déploiement de tous les états passionnels. En effet, le rôle de<br />

la composante passionnelle soutient et guide le déroulement du récit et la structure<br />

de ses personnages :<br />

« Si le sens de l’expérience humaine et donc de la construction de la subjectivité<br />

se fonde sur des logiques non aristotéliciennes de type narratif, on a remarqué<br />

comment ces logiques n’organisent pas seulement des séquences d’actions mais<br />

des processus affectifs » 1 .<br />

Les passions ne sont pas seulement des états mentaux mais aussi et surtout<br />

des processus corporels. Les prédicats somatiques s’imposent sur les prédicats<br />

cognitifs, en guidant l’action qui part de la phusis 2 pour se concrétiser dans la<br />

gestualité.<br />

La composante corporelle co-participe à la construction et à la transformation<br />

de la signification. Le corps est en relation avec les matières d’expression de tous les<br />

langages et contribue de façon déterminante à leur formation sémiotique, à leur<br />

articulation en formes et substances signifiantes. Le corps est présent comme<br />

processus prototypique pour des états et des transformations des actions et des<br />

passions, des programmes narratifs et des modalités du faire. Il est présent aussi au<br />

niveau de l’énonciation du discours et sa trace reste au moment de la construction<br />

des textes. La monstration des corps, dans la BD, n’échappe pas à cette règle, quand<br />

bien même les corps auxquels on a accès par la lecture viennent d’un ailleurs, ancré<br />

dans la culture d’un artiste qui appelle son lecteur à reconnaître ce qu’il connaît<br />

(peut-être) déjà. L’expression de la passion passe par des voies détournées, qu’il<br />

convient de savoir emprunter. Alors, la satisfaction d’avoir reconnu ce que l’on<br />

connaît devient jouissance. Oui, traduire, traducere, conduit au-delà, fait passer, fait<br />

traverser. Lilao, en adaptant Barbey d’Aurevilly, en créant un univers à la fois<br />

inspiré par Barbey mais très personnel, avec ses secrets, nous a fait rencontrer son<br />

expression de la passion.<br />

NOVELLO PAGLIANTI Nanta<br />

Université de Franche-Comté<br />

nanta.novello_paglianti@univ.f-comte.fr<br />

TABUCE Bernard<br />

Université Paul-Valéry Montpellier 3<br />

bernard.tabuce@univ-montp3.fr<br />

1 MARRONE G., Le traitement Ludovico. Corps et musique dans Orange mécanique, Pulim, Limoges,<br />

2006, p. 19.<br />

2<br />

COQUET J.-Cl., Phusis et logos. Une phénoménologie du langage, Presses Universitaires de<br />

Vincennes, 2007.<br />

335

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