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TRADUIRE… INTERPRÉTER<br />

« L’impossibilité de réaliser une traduction exacte de textes en langages discrets<br />

en des textes en langages permanents et vice versa, dépend principalement de<br />

leurs natures différentes : dans les systèmes linguistiques discrets, le texte est<br />

secondaire en relation avec les signes, i.e. il est divisé distinctement en signes.<br />

L’isolement du signe en tant qu’unité élémentaire initiale ne présente aucune<br />

difficulté. Dans les langages permanents, le texte est l’élément primaire : il n’est<br />

pas divisé en signes mais il constitue un signe par lui-même, ou il est isomorphe à<br />

un signe. » 1<br />

Il est impossible de réaliser une traduction exacte de textes en langages<br />

discrets en des textes en langages permanents. En outre, comme toute traduction, la<br />

traduction intersémiotique se solde inévitablement par des pertes et des gains par<br />

rapport au prototexte. Aussi, dans le cadre de ce colloque, compte tenu de la<br />

spécificité du support, nous aborderons la BD en trois points successifs : le clair et<br />

l’obscur, le verbal et l’iconique, l’accentuation sensorielle.<br />

Le clair et l’obscur, un choix<br />

esthétique pour gérer le récit<br />

Le travail a été réalisé à<br />

l’encre de Chine et le clair-obscur<br />

est un choix délibéré. On l’a dit, les<br />

vignettes de Lilao ne sont pas<br />

contenues par un cadre. Aussi,<br />

peut-on difficilement parler de<br />

blancs intericoniques entre les<br />

organes, ou bien de la marge de<br />

cette BD. Nous donnerons pour<br />

exemple la première planche du<br />

récit (Fig. 1).<br />

L’éloquence du clair-obscur,<br />

avec la répartition entre les parties<br />

qui sont éclairées — les parties<br />

hautes de l’architecture urbaine,<br />

fenêtres et parties des façades<br />

dignes — et les parties basses,<br />

indignes, qui sont dans l’obscurité,<br />

lieux de perversion et de perdition.<br />

D’entrée de jeu, avec le<br />

ruissellement au creux de la ruelle qui s’achève, au fond, sur un porche obscur, on<br />

devine que cette femme est déjà dans le caniveau. L’image en soi constitue une<br />

prolepse verbalisable, en noir et blanc. Les récitatifs ne sont pas encadrés, ils sont en<br />

osmose avec les signes picturaux. L’ensemble communique, par quelques touches à<br />

gauche et à droite, avec la marge blanche de la planche. P. 36, le récitatif et la<br />

fenêtre, à droite, semblent se confondre. On devine une autre source de lumière<br />

(devant, à gauche) qui vient éclairer chichement un intérieur, permettant néanmoins<br />

1 LOTMAN JU. Izbrannye stat´i v trëh tomah. vol. 1. Stat´i po semiotike i tipologii kul´tury. Tallinn,<br />

Aleksandra, 1992.<br />

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