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LE TEXTE FILMIQUE TRADUIT POUR LE NOUVEAU MILIEU RÉCEPTEUR...<br />

par les apports de cultures étrangères (réinterprétées ou reformulées) remet en<br />

question une conception substantialiste ou nationaliste de la culture (op. cit., p. 105).<br />

La substitution de la «carte grise» par le «permis de conduire» s’explique par<br />

le fait qu’en Russie le certificat d’immatriculation est de couleur rose. Dans ce cas le<br />

traducteur a choisi de ne pas trop "exotiser" le message. A son tour la notion de<br />

«préfecture de police» à Paris est remplacée dans le texte-cible par la notion plus<br />

neutre et internationale de «poste de police». Cette démarche impose aux chercheurs<br />

de distinguer un autre type d'adaptation. Suite à A. Hurtado Albir nous allons parler<br />

d’«une traduction libre qui maintient l’information de l’original mais qui change,<br />

tout au long de la traduction un élément (le niveau de langue, le genre littéraire,<br />

l’époque), et cela en fonction du public visé» (Hurtado Albir 1990 : 80). Dans les<br />

conditions du transfert culturel nous avons observé cette variété de l’adaptation dans<br />

le cas de «poste de police», et de «chou», qui se substitue au nom du plat alsacien,<br />

choucroute. Il est à noter que cette traduction généralisante forme une base à partir<br />

de laquelle on peut établir des analogies entre les cultures participant au transfert. A<br />

la différence de l’adaptation par substitution, ce procédé vise un certain nivellement<br />

du contenu culturel en accentuant les sèmes les plus universels.<br />

A notre avis, quelle que soit l’adaptation, dans les deux cas «il n’y a plus<br />

d’équivalence dénotative entre le texte-source et le texte-cible» (Shreiber 2007 :<br />

192). Il est à noter que «dans la traductologie moderne ce procédé est controversé :<br />

certains (comme Werner Coller) le jugent trop libre, tandis que les autres (Yves<br />

Gambier, Georges Bastin) voient la distinction entre traduction et adaptation»<br />

(Shreiber 2007 : 192). En effet, il y a des cas où la démarche traduisante dépasse le<br />

sens initial du texte : A notre avis, c’est bien le cas de l’introduction dans le texte<br />

cible du jeu de mots «Aubade-obed (déjeuner)» qui est absente dans le texte source<br />

(voir l’exemple 2). Dans ce dernier cas le traducteur pratique une démarche<br />

complexe (adaptation généralisante + emprunt). Utilisée comme stratégie globale du<br />

transfert culturel, l’adaptation risquerait de réduire à zéro le dialogue interculturel<br />

pour le milieu d’accueil, parce que le but de l’adaptation est que le texte-cible soit<br />

perçu par le destinataire naturellement, comme s’il était créé dans la culture<br />

d’arrivée. Ainsi, Y.A. Sorokine, cité par V.I. Tkhorik et N.Y. Fanyan, note à ce sujet<br />

que la plupart des traductions dans le domaine de la communication esthétique<br />

(textes littéraires notamment), sont jugées bonnes dans le milieu d’accueil ; pourtant,<br />

le texte cible perd les traces de l'Autre (Tkhorik, Fanyan 2006 : 173).<br />

Le procédé opposé (l’emprunt) signifie «un procédé le plus littéral possible :<br />

la reprise complète ou approximative du signifiant. Le plus souvent il s’agit d’un<br />

lexème de la langue source (Shreiber 2007 : 187). D’après A. Hurtado Albir «on<br />

peut considérer comme «traduction littérale» celle où le traducteur ne décode que les<br />

éléments linguistiques de l’original, et où il traduit, mot par mot ou phrase par<br />

phrase, la signification, la motivation, la morphologie et/ou la syntaxe du texte<br />

original, sans reproduire le sens» (Hurtado Albir 1990 : 79). Dans les conditions du<br />

transfert culturel ce procédé consiste à garder les désignateurs des référents culturels<br />

sans transmettre les connaissances présumées. Ce procédé contribue à "exotiser" au<br />

maximum le texte d’arrivée. Dans l'exemple 2 du cas pratique 1 et l'exemple du cas<br />

pratique 2 ci-dessous, l’emprunt porte sur la translitération des noms des marques<br />

(sigle et nom patronymique) évoqués dans le texte de départ :<br />

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