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TRADUIRE… INTERPRÉTER<br />

dans les réalité du monde » 1 . Il précise que c’est « l’appartenance à une communauté<br />

distincte, qu’elle soit sexuelle, religieuse, culturelle ou nationale, et la<br />

méconnaissance des normes précises maniées par les autres communautés qui<br />

empêchent l’ironie de fonctionner » 2 , ou, dans le cas de la traduction, d’être<br />

reconnue.<br />

Certaines nations sont plus réputées pour leur ironie que d’autres. Ainsi, chez<br />

les Britanniques l’ironie et l’humour sont un état d’esprit. Cette préférence a été<br />

attribuée à plusieurs facteurs : position géographique (l’isolation des Îles), climat<br />

(humide et terne la plupart du temps), spécificité de la langue anglaise (plasticité,<br />

variété des racines). David Lodge, romancier, ancien universitaire et auteur de<br />

plusieurs ouvrages théoriques sur la littérature, explique qu’il est plus facile de créer<br />

un texte ironique en anglais qu’en français : « […] il est possible de créer des effets<br />

comiques en anglais auxquels il est difficile de parvenir dans d’autres langues. Le<br />

français, par exemple, est beaucoup plus homogène linguistiquement ; il possède<br />

une élégance syntaxique qui en fait un merveilleux véhicule pour les traits d’esprit,<br />

mais dispose de peu de ressources en termes de parodie, d’humour oral, de<br />

calembours. L’anglais offre des possibilités infinies pour les jeux des mots. C’est<br />

aussi une langue très dense, ce qui lui donne une efficacité comique redoutable » 3 .<br />

De plus, parmi les auteurs originaires de Grande Bretagne, certains<br />

manifestent leur goût pour l’ironie plus intensivement que d’autres : ces préférences<br />

personnelles, nécessitent d’être prises en compte par le traducteur.<br />

Selon Lievois, il existe très peu de travaux qui abordent concrètement la<br />

problématique de la traduction de l’ironie. En effet, la majorité des études se<br />

contentent traiter superficiellement le problème de la traduisibilité de l’ironie. Dans<br />

cet article, je propose une analyse comparative du texte source et du texte cible,<br />

réalisée dans le cadre d’un roman précis.<br />

The Finishing School (2004) est l’accord final de la longue carrière de Muriel<br />

Spark, une romancière Britannique qui a fait de l’ironie sa carte de visite. La<br />

traduction française du roman par Claude Demanuelli, A Bonne Ecole, est sortie<br />

chez Gallimard en 2005. Malgré le succès qu’elle a rencontré auprès des<br />

anglophones, Spark reste relativement peu connue en France, à l’exception peut-être<br />

des étudiants en lettres anglaises. On peut se demander si cette obscurité n’est pas<br />

due à une retranscription imparfaite, qui diminuerait l’éclat des textes originaux lors<br />

de la traduction.<br />

L’action du roman se déroule en Suisse, au collège Sunrise, établissement<br />

privé dirigé par Rowland Mahler et son épouse Nina Parker. Des parents fortunés y<br />

placent leurs enfants avant de décider ce qu’ils feront plus tard. Les élèves sont<br />

sensés apprendre les arts de la mondanité et les techniques de l’écriture. Parmi la<br />

poignée d’étudiants badauds, un jeune homme, Chris Wiley, se distingue par ses<br />

cheveux roux et son ambition romanesque. Le but de son séjour au collège est de<br />

terminer l’écriture de son roman d’inspiration libre sur Marie, la reine d’Ecosse, son<br />

mari et son secrétaire-amant, tous deux assassinés. Tandis que l’écriture de Chris<br />

vient facilement, son professeur des techniques de l’écriture, Rowland, qui est<br />

1 Pierre Schoentjes, Poétique de l’ironie, Paris : Seuil, 2001, p. 182.<br />

2 Ibid., p. 183.<br />

3 Sophie Pujas, « David Lodge : L’anglais offre des possibilités infinies pour les jeux de mots », Le<br />

Point : Hors-série Les grands textes de l’esprit anglais, déc. 2009 - jan. 2010, p. 105.<br />

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