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TRADUIRE… INTERPRÉTER<br />

acoustiques différentes selon les langues. Cette prise de position est évidente dans la<br />

linguistique moderne, tandis que dans la sémiotique elle est complètement<br />

axiomatique, c'est-à-dire indémontrable. Pourtant, il est à peine possible de trouver<br />

des arguments justifiant la suppression du signe de l'effet de la conformité commune<br />

à la réciprocité univoque de la forme et du contenu (Jouravlev, 1974: 11-16). Il est<br />

évident que dans l’évolution du signe, le contenu ne se détache pas de la forme, mais<br />

tente plutôt de s'y adapter le mieux possible, ce que confirme le rôle important que<br />

jouent dans ce processus d'évolution le caractère arbitraire du signe, et aussi celui de<br />

la motivation phonétique (arbitraire phonétique).<br />

Si nous essayons d’appliquer cette vision du signe aux unités sonores de la<br />

langue (phonèmes et prosodie), nous arrivons à l’idée du symbolisme phonique. Le<br />

symbolisme des phonèmes et de la prosodie, leur portée, leur signification, sont<br />

d'origine soit naturelle, soit humaine (articulés). D’après le Dictionnaire de<br />

linguistique, «on appelle le symbolisme phonique la tendance à supposer qu'il existe<br />

une relation nécessaire entre le mot et l'objet signifié et à attribuer aux sons une<br />

valeur sémantique dénotative ou connotative.» (Dictionnaire de linguistique, 1973:<br />

473). Bien que dans cette définition ne concerne que les sons, compte tenu de ce que<br />

la prosodie est une partie intégrante de la matière sonore de la langue, on pourrait<br />

bien considérer qu'elle la concerne également. Soutenir l'existence d'un symbolisme<br />

phonétique, c'est affirmer une correspondance directe entre le sens des mots, le<br />

discours dans son entier, et la nature des sons qui le composent. Les phonèmes et la<br />

prosodie en tant que symboles, sont alors interprétés comme porteurs de sens et de<br />

valeurs (en plus de l'aspect pratique ou matériel). On entre ainsi dans l'étude des<br />

sons et de la prosodie en tant que symboles (symbologie) ou en tant que systèmes<br />

symboliques : leur analyse doit alors montrer leur capacité à désigner, à signifier, à<br />

exercer une influence (symbolisme).<br />

Enfin, pour placer notre étude dans le cadre de la communication réelle,<br />

puisque chaque signe est réalisé dans la parole qui est à la base de communication, il<br />

est nécessaire de se référer aux paramètres fondamentaux de la sociolinguistique,<br />

établissant ainsi un lien de causalité entre les données obtenues lors de l'étude pilote,<br />

et les processus sociaux qui sont reflétés dans les structures linguistiques (dans le<br />

cas présent – dans l'organisation prosodique de la parole). Traditionnellement,<br />

suivant W. Bright (Bright, 1964: 1107-1113), il existe trois paramètres principaux de<br />

la sociolinguistique, en tenant compte des facteurs socialement déterminées telles<br />

que le destinateur, le destinataire et la situation de communication :<br />

l'identité sociale du destinateur qui est plus prononcée dans le cas des<br />

dialectes de classe, lorsque les différences dans le discours correspondent<br />

à des différences dans la stratification sociale (par exemple, les dialectes<br />

des castes en Inde);<br />

le statut social du destinataire (ou du récepteur), qui se manifeste, par<br />

exemple, dans les cas où, en se référant à quelqu’un qui a un statut<br />

supérieur à celui de son interlocuteur, ce dernier utilise le vocabulaire<br />

spécial, honorifique (Votre Majesté, Votre Altesse, sire, monseigneur);<br />

la situation de la communication – qui se manifeste dans la différence<br />

entre les niveaux du langage, qui dans la plupart des langues est due au<br />

milieu où la communication se réalise (manger = prétentieux : je me<br />

restaure, grossier : je bouffe et argotique : je boulotte).

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