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ÉTUDE LEXICALE DE LA TRADUCTION EN ESPAGNOL DU ROMAN LES YEUX BAISSÉS...<br />

La plupart de ces traductions s’inspirent de l’image de l’oriental intériorisée<br />

par la culture occidentale cible. La traduction renforce l’exotisme et offre au lecteur<br />

du texte traduit les éléments qui satisfont l’horizon d’attente. Elle peut aussi effacer<br />

les traits caractéristiques de la culture d’origine dans le texte traduit pour s’adapter à<br />

l’imaginaire de la culture cible. La technique de vernacularisation prétend que<br />

l’œuvre reflète la personnalité et l’intention de l’écrivain étranger ou la signification<br />

fondamentale du texte étranger 1 . Autrement dit, la traduction veut donner<br />

l’impression que « la traducción no es en realidad una traducción, sino ‘el<br />

original’ 2 ». Cet effet illusoire est présent grâce à ce que Venuti appelle le discours<br />

fluide, qui cache les multiples conditions dans lesquelles a eu lieu la traduction,<br />

commençant par l’intervention cruciale du traducteur dans le texte étranger 3 . C’est<br />

ce qui amène Venuti à appeler ces traductions des traductions « invisibles » 4 . Sáenz<br />

n’est pas vraiment d’accord avec cette idée, pour lui « la invisibilidad del traductor<br />

es simplemente una ilusión 5 ».<br />

Dans son article « El traductor visible de literatura postcolonial ante la<br />

tentación del exotismo », Goretti López Heredia décrit cette technique de<br />

traduction :<br />

Aplicar los principios según los cuales una traducción, cualquiera que sea su<br />

lenguaje-cultura de origen, debe estar escrita en un lenguaje moderno, corriente<br />

y estándar equivale a no respetar las particularidades de cada tradición literaria<br />

y, en el caso de la literatura poscolonial, a anular su razón de ser, que es<br />

precisamente la acentuación de la diferencia. Estas normas (…) corresponden al<br />

modelo de lector occidental monolingüe, que lee o interpreta el mundo desde un<br />

punto de vista eurocéntrico, nada receptivo a lo extranjero y exige un producto<br />

literario totalmente pulido y depurado de elementos desconocidos para<br />

consumirlo sin dificultad 6 .<br />

La notion d’exotisation exposée par Venuti s’oppose directement à celle de la<br />

vernacularisation. L’exotisation part du principe que la traduction est une opération<br />

dynamique, en perpétuel changement selon les époques et les cultures. Le traducteur<br />

s’efforce de garder l’étrangeté du texte source sans donner d’importance excessive à<br />

la culture cible. Cette technique a été aussi expliquée et vantée par Antoine Berman<br />

dans son livre L’épreuve de l’étranger : culture et traduction dans l’Allemagne<br />

romantique. Berman ne reconnaît que cette forme de traduction et la lie étroitement<br />

à l’éthique de la traduction. Pour lui, une mauvaise traduction est celle qui ne<br />

respecte pas cette éthique. Il affirme : « J’appelle mauvaise traduction la traduction<br />

qui, généralement sous couvert de transmissibilité, opère une négation systématique<br />

de l’étrangeté de l’œuvre étrangère 7 . » Cette technique de traduction se manifeste à<br />

travers l’imitation de l’organisation textuelle de la langue d’origine, de ses structures<br />

syntaxiques ou dans le calque sémantique de quelques locutions ou expressions. Les<br />

1 Ibid.<br />

2 Ibid.<br />

3 Ibid.<br />

4 Lawrence Venuti, Rethinking translation: discourse, subjectivity, ideology, Londres, Routledge, 1992,<br />

p.7.<br />

5 Miguel Sáenz, « La traducción literaria », El papel del traductor, op. cit., p. 409.<br />

6 Goretti López Heredia, « El traductor visible de literatura postcolonial ante la tentación del exotismo »,<br />

op. cit., p. 165.<br />

7 Antoine Berman, L’épreuve de l’étranger : culture et traduction dans l’Allemagne romantique, Paris,<br />

Gallimard, 1984, p. 17.<br />

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