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LE RETOUR DU TEXTE TRADUIT<br />

OU LE RETOUR DU ROMAN<br />

Le roman est l’œuvre de l’Europe ; ses découvertes,<br />

quoique effectuées dans des langues différentes,<br />

appartiennent à l’Europe tout entière. La succession<br />

des découvertes (et non pas l’addition de ce qui a été<br />

écrit) fait l’histoire du roman européen. Ce n’est que<br />

dans ce contexte supranational que la valeur d’une<br />

œuvre (c’est-à-dire la portée de sa découverte) peutêtre<br />

pleinement vue et comprise. Milan Kundera 1<br />

Nous pensons communément que l’œuvre produite est destinée aux lecteurs<br />

du pays où elle est née. S’il y a traduction de cette œuvre c’est qu’elle peut aussi être<br />

lue par des lecteurs étrangers mais ses destinataires initiaux restent les lecteurs du<br />

pays d’origine. Cette traduction n’est, en quelque sorte, qu’une deuxième<br />

reconnaissance de l’œuvre.<br />

Or l’œuvre littéraire peut aussi être pensée (structure narrative, thématiques,<br />

tournures langagières et syntaxiques, etc.) et produite (samizdat, manuscrit non<br />

édité, manuscrit circulant dans les cercles littéraires, édition en nombre très limité,<br />

pour ne pas dire confidentielle ou à compte d’auteur, etc.) pour des lecteurs<br />

étrangers ou des lecteurs qui sont marginalisés dans le pays, c’est-à-dire qu'elle est<br />

d’emblée destinée à la traduction. La traduction n’est alors que l’objectif escompté<br />

atteint.<br />

La traduction circule de façon plus ou moins contrôlée dans différents pays,<br />

elle peut être retraduite à son tour dans diverses langues mais finit toujours par<br />

revenir dans le pays d’origine de l’écrivain soit à partir du texte traduit soit sous la<br />

forme du texte original.<br />

L’auteur, quant à lui, ne quitte pas nécessairement son pays d’origine. C’est<br />

son œuvre qui traverse les frontières car, pensons-nous, elle recèle en elle une<br />

structure narrative et des thématiques universelles qui transcendent la catégorie du<br />

national.<br />

L’auteur national qui voit son œuvre être reconnue par une traduction en une<br />

ou plusieurs grandes langues de communication gagnera en notoriété dans son pays.<br />

Cette traduction représentera pour le pays d’origine une reconnaissance<br />

internationale d’une production nationale, et par là de la littérature nationale (même<br />

si, bien souvent, ces traductions ne sont pas vraiment remarquées dans les pays des<br />

traductions, en d’autres mots n’ont pas de véritable réception). Toutefois pour garder<br />

1 Milan Kundera, L’art du roman, Folio, 1995, p.16.<br />

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