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ÉTUDE DU CHANGEMENT DE SIGNIFICATION DANS LE CADRE DES TRADUCTIONS…<br />

parce que la terre n’est pas visible, il ne dit rien non plus ni de la mer houleuse, ni de<br />

la mer de l’huile, ni du moment insupportable que les marins veulent écourter. Il<br />

nous semble que ces traducteurs se sont éloignés du contexte que Baudelaire avait<br />

créé et ils ont couvert le sens de ce verset par le contexte venu de leur vécu en y<br />

attribuant la signification subjective qui est différente de celle du texte original.<br />

Ainsi, une simple énonciation qui nous parle des marins qui capturent des albatros<br />

est modifiée par le changement de signification de ce vers qui devient plus détaillé et<br />

explicité de manière subjective par les traducteurs. Qu’est-ce qui reste de l’original ?<br />

Ce que les marins capturent des albatros pour s’amuser. Pourtant, vouloir s’amuser<br />

ne veut pas absolument dire qu’on s’ennuie parce que la terre n’est pas visible Dans<br />

ce cas là on peut dire que la traduction géorgienne n’est pas adéquate.<br />

L’éloignement de la signification de l’original est souvent provoqué par le<br />

non respect des néologismes qui figurent dans le texte source. Il faut remarquer que<br />

les traductions géorgiennes des mots empruntés aux autres langues (en cas<br />

de »Fleurs du mal » des anglicismes, latinismes, un mot grec) sont ignorés. Par<br />

exemple, un des traducteurs des « Spleen » (in Anthologie., pp. 42-45.) a changé ce<br />

mot par un équivalent géorgien ce qui nous paraît intolérable, parce que ce mot a été<br />

introduit par Baudelaire qui a dû connaître plein de mots équivalents français. A<br />

notre avis, l’utilisation des emprunts dans des textes poétiques a une fonction<br />

expressive ce qui a été plusieurs fois souligné par Michael Rifaterre. Ainsi, en<br />

ignorant ces néologismes, dans notre cas le mot « spleen », le texte original perd<br />

d’expressivité en traduction. En revenant toujours à Rifaterre, on se rappellera que le<br />

signe distinctif d’un texte poétique est une « agrammaticalité », en d’autres termes<br />

un texte qui n‘est pas ordinaire, et à l’intérieur duquel les mots peuvent acquérir de<br />

nouvelles significations. Nous allons citer comme exemple la traduction géorgienne<br />

du premier tercet du sonnet qui s’appelle « L’ennemi ». (in : Anthologie., pp. 56-<br />

58.)<br />

Et qui sait si les fleurs nouvelles que je rêve<br />

Trouveront dans ce sol lavé comme une grève<br />

Le mystique aliment qui ferait leur vigueur.<br />

Le large contexte de « Les fleurs du mal » nous dit que chez Baudelaire une<br />

fleur acquiert la signification du vers. Donc, Baudelaire rêve de créer des vers<br />

nouveaux c'est-à-dire différents qui seront nourris par un mystique aliment, ou pas<br />

ordinaire, inhabituel, ainsi, notre poète a envie de se différer des autres et de créer<br />

une poésie qui serait extraordinaire. A ce propos on se rappellera aussi, les<br />

mémoires de Baudelaire où il écrit qu’il lui reste « des terres arides » parce que tous<br />

les jardins fleuris de la poésie ont déjà été découverts par les grands poètes des<br />

époques précédentes. A notre avis, dans ce tercet ce sont les mots « fleurs »<br />

et »mystique » qui sont surdéterminés. Voyons maintenant comment les traducteurs<br />

géorgiens ont interprété ce tercet :<br />

I version<br />

Et je ne sais pas où trouvera cette fleur seule et tendre<br />

Le mystique aliment<br />

Sur cette terre qui ressemble à une tombe.<br />

Ici le mystique aliment baudelairien est gardé, mais les nouvelles fleurs sont<br />

ignorées, c'est-à-dire au lieu de souligner la nouvelle signification de fleur, elle est<br />

effacée, étant donné qu’on rappelle au lecteur l’existence d’une fleur tendre et<br />

solitaire ce qui est banal par rapport à une fleur.<br />

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