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TRADUIRE… INTERPRÉTER<br />

première version est erronée, parce que vu le cadre de ce poème, il serait impossible<br />

d’admettre que l’énoncé suivant « Maîtresse des maîtresses » dans un poème lyrique<br />

pourrait être attribuée à une bonne ménagère. En plus, tout traducteur avant<br />

d’aborder l’œuvre à traduire, étudie la biographie de l’écrivain et son époque que<br />

nous appelons un large contexte pour réduire au minimum la possibilité des<br />

ambiguïtés de signification. Dans ce sens, la version critiquée nous paraît absurde<br />

parce que ce poème nous renvoie à Jeanne Duval, la femme qu’aimait Baudelaire.<br />

Là, la cause de l’interprétation erronée est la polysémie du mot « maîtresse » mais<br />

qui est facile à éviter si on se rappelle à qui le poète s’adresse dans ce poème.<br />

<strong>Traduire</strong> un texte poétique en pensant au rythme, aux rimes et à la forme du<br />

poème n’est pas une tâche facile. C’est souvent cette obligation qui oblige le<br />

traducteur de modifier un peu la signification d’un vers. Si on revient aux<br />

traductions géorgiennes de textes poétiques on verra que souvent le contenu est<br />

sacrifié à la sonorité poétique en géorgien. Prenons comme exemple « Albatros » de<br />

Charles Baudelaire (Anthologie, pp.24-27) et ses cinq traductions géorgiennes.<br />

Prenons comme exemple le premier verset du poème :<br />

« Souvent, pour s’amuser, les hommes d’équipage<br />

Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,<br />

Qui suivent, indolents compagnons de voyage,<br />

Le navire glissant sur les gouffres amers ».<br />

Ce premier quatrain du poème est interprété de manière suivante par les<br />

traducteurs géorgiens :<br />

I version<br />

Quand l’angoisse de journées longues tue les marins,<br />

Et la terre n’est pas visible, pour s’arrêter,<br />

Pour écourter un temps désagréable –<br />

Les marins capturent des albatros.<br />

II version<br />

Quand les marins indolents sont ennuyés<br />

Ils attrapent les albatros – oiseaux des mers,<br />

Pour tuer le temps ils s’amusent avec des passagers,<br />

Et le bateau avance sur les champs espacés de la mer.<br />

III version<br />

Les marins, très souvent, pour s’amuser<br />

Attrapent en mer des albatros, oiseaux énormes,<br />

Ces oiseaux indolents suivent normalement<br />

Les bateaux voyageurs sur les gouffres salés.<br />

IV version<br />

Sur la poitrine houleuse de la mer<br />

Les marins pris par l’angoisse veulent s’amuser<br />

Et ils capturent les albatros, grands oiseaux des mers,<br />

Qui suivent tristes en groupe le bateau.<br />

V version<br />

Les marins pour s’amuser,<br />

Prennent souvent les albatros les oiseaux glorieux des mers,<br />

Qui suivent indolents les bateaux<br />

Et les marins qui peuplent ce bateau.<br />

A notre avis, la plus proche de l’original est la version III. Baudelaire décrit<br />

une situation simple, il y a un navire en pleine mer et les marins attrapent les<br />

albatros qui suivent le navire, pour s’amuser. Il ne dit pas que les marins s’ennuient

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