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TRADUIRE… INTERPRÉTER<br />

traduction : « Le traducteur part du sens et effectue toutes ses opérations de transfert<br />

à l’intérieur du domaine sémantique. » (Vinay J.P. et Darbelnet, op. cit., p.37.).<br />

Garnier distingue cinq niveaux d’étude de la signification, ce sont : le sens<br />

référentiel, relationnel, contextuel, situationnel, émotionnel. (Garnier G.,<br />

Linguistique et traduction, Éléments de systématique verbale comparée du français<br />

et de l’anglais, Caen : Paradigme, 1985, p. 40) A l’opposé de cette conception,<br />

Mounin fait remarquer à juste titre que le sens n’existe pas en dehors du sujet dont la<br />

compréhension peut être variable. Pour lui, le plus important dans le processus de<br />

traduction ne réside pas dans le »sens » (du texte) mais dans la « compréhension »<br />

(du sujet). Par conséquent, il faut distinguer non pas des types de sens mais plusieurs<br />

niveaux de compréhension : « une compréhension totale (énoncé de tous les<br />

caractères inhérents au concept), une compréhension décisoire (énoncé d’un petit<br />

nombre de caractères suffisants à le distinguer sans ambiguïté,) une compréhension<br />

implicite (avec les caractères qu’on peut déduire des explicites), une compréhension<br />

subjective enfin : l’ensemble des caractères qu’évoque un terme dans un esprit ou<br />

chez la plupart des membres d’un groupe ». (Mounin, G., Les problèmes théoriques<br />

de la traduction, Paris, Gallimard, 1963, p.144) Mais tous ces types de<br />

compréhension s’avèrent des fois inefficaces, à ce propos on peut se rappeler le<br />

fameux exemple cité par Jean Michel Adam. (La linguistique textuelle, 2008, p.27)<br />

Il s’agit du poème de Paul Eluard, Pourquoi suis-je si belle ? Parce que mon maître<br />

me lave. Le poème appartient à la section de « Capital de la douleur », puis il a été<br />

inséré dans « Les justes », puis il a été repris en 1941, dans « Choix de poèmes ».<br />

Eluard, lui-même a fini par calligraphier un jour ces vers sur une assiette. Selon<br />

J. M. Adam, « Ces textualisations successives qui sont autant de changement de<br />

régime de matérialité discursive, font bouger le sens. » (op. cit., p.27). Composée<br />

des mêmes mots, chargée exactement du même sens, maintenue dans son identité<br />

syntaxique et sémantique, une phrase ne constitue pas le même énoncé, si elle est<br />

articulée par quelqu’un au cours d’une conversation, ou imprimée dans un roman ; si<br />

elle a été écrite un jour, il y a des siècles, et si elle réapparaît maintenant dans une<br />

formulation orale. (M. Foucault, Archéologie du savoir, Paris, Gallimard, 1969,<br />

p.132). Nous sommes tout à fait d’accord avec Foucault en partageant l’avis de J. M.<br />

Adam, qui dit que le changement de matérialité discursive fait bouger le sens. (Là on<br />

peut penser aux facteurs extralinguistiques, aux contextes et aux cotextes.)<br />

Il y a des années nous étions intéressée par le changement de structure<br />

prosodique d’une même phrase, qui était composée de mêmes mots, avait la même<br />

structure syntaxique et sémantique mais qui changeait de sens chaque fois que sa<br />

matérialité discursive changeait. Notre recherche se situait dans le domaine de la<br />

phonétique expérimentale. Des Français natifs avaient enregistré des phrases dans<br />

des contextes différents que nous avions préparés par avance. La même phrase était<br />

lue avec des nuances émotionnelles qui venaient du contexte et qui changeaient la<br />

structure prosodique de la phrase initiale. Par conséquent nous avons eu des phrases<br />

qui exprimaient en même temps une information référentielle et de la peur, de la<br />

joie, de la colère, de l’irritation etc. Par exemple, la phrase suivante « J’essaie<br />

seulement d’être objectif » apparaissait sous des formes prosodiques différentes qui<br />

découlaient uniquement de la matérialité discursive qui changeait. Ces changements<br />

provoquaient souvent le changement total de la structure prosodique de la phrase<br />

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