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TRADUIRE… INTERPRÉTER<br />

Pour que la traduction puisse être possible il fallait supprimer « je porte »<br />

en calquant les vers de Derwich où ce verbe est inexistant.<br />

2.2. La métaphore<br />

La métaphore est un autre procédé littéraire qui permet la transposition de<br />

l’objet verbal dans des expressions figées. Le feu est un leitmotiv chez M. Dib. Les<br />

deux mots « feu » et « Foyer » sont des universaux qui forment une métaphore<br />

répétée jusqu'à l’obsession dans les deux recueils traduits, ainsi que dans son roman<br />

« l’incendie ».<br />

La signification du terme foyer est multiple en physique, mathématique, dans<br />

la vie familiale, la guerre…En français « foyer » signifie la chaleur humaine qui se<br />

répand entre les membres d’une famille unie. Le poète joue sur le thème « foyer »<br />

pour créer une image poétique qui va du feu à la famille.<br />

Le feu signifie la guerre, le foyer la famille révolutionnaire. Le texte traduit<br />

en arabe, va perdre les connotations de la révolution, des humbles et des démunis.<br />

La traduction linguistique va effacer en arabe la métaphore flamboyante, et gommer<br />

les sens implicites voulus par le poète. Que reste-t-il du texte premier ? Ni mètre, ni<br />

rythme, ni image. L’intraduisibilité a détruit l’acte du traducteur qui a entre les<br />

mains un texte final au goût de cendres.<br />

Dans une certaine mesure, comme le dit G. Mounin « la traduction n’est pas<br />

toujours possible » 1 surtout celle du texte poétique ; elle n’est pas non plus<br />

définitive car elle dépend des faits, du contexte, de la situation et de l’effet à<br />

produire.<br />

En conclusion, si on constate un échec dans la traduction des 2 recueils de M.<br />

Dib du français vers l’arabe, par la littéralité ou l’équivalence, on a essayé de « dire<br />

presque la même chose » pour dévoiler le programme poétique de M. Dib par la<br />

répétition, la contradiction, l’oxymore, et l’intertextualité.<br />

On peut considérer, en toute modestie, que cette traduction remplit un vide,<br />

un oubli injuste. Bonne ou mauvaise, elle est un préliminaire, un point de départ à<br />

d’autres tentatives de traduction. Elle essaie de secouer un lectorat, francophone ou<br />

arabophone, un peu frileux quant à cette poésie précieuse presque mystique.<br />

Finalement, le texte poétique « dibien » se trouve dans une situation<br />

« d’intraduction » et non d’intraduisibilité ; il n’a pas été traduit à l’époque de sa<br />

parution ; et aujourd’hui encore, l’ensemble de son œuvre poétique n’est pas traduit.<br />

HAFIZ Nadia<br />

Université d’Alger<br />

hanadia19@yahoo.fr<br />

Bibliographie<br />

Fawzia Sari Mostefa Kara : M.Dib et la révolution algérienne, Kalim, O.P.U, Alger, 1985,<br />

p136.<br />

Antoine Berman, L’épreuve de l’étranger, Gallimard, 1984.<br />

G. Mounin, les problèmes théoriques de la traduction, Gallimard, 1963<br />

Inès Oseki- Dépré, Théories et pratiques de la traduction littéraire, Armand Colin. Paris, p.55<br />

5EFFIM, Etkind, "Un art en crise, essai de poétique de la traduction de la traduction poétique,<br />

Lausanne", l’Âge d’homme, 1982, p.239.<br />

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