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Traduire

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TRADUIRE… INTERPRÉTER<br />

maudite. La traduction détermine alors cette situation comme celle d’une langue<br />

étrangère, avec « son étrangeté et sa différence » 2 .<br />

La langue arabe, considérée comme une langue étrangère durant la<br />

colonisation, prendra sa place comme langue officielle après l’indépendance, et ce<br />

sera au tour du français de devenir langue étrangère. Le statut change en même<br />

temps que le lectorat qui devient arabophone. Dédaigné avant l’indépendance, ce<br />

lectorat, ne lira pas, après l’indépendance, la poésie de M.Dib. C’est à la traduction<br />

de transmettre le texte poétique aux arabophones pour leur faire découvrir la vision<br />

du poète, leur livrer l’être intime du poète qu’ils méconnaissent. La traduction des<br />

deux recueils contient pour ainsi dire in-nucléo, la vision du poète.<br />

1.5. La vision du monde du poète<br />

Quelle que soit la culture du traducteur, celui-ci ne peut atteindre la vision du<br />

monde du poète, elle est spécifique au poète et à son contexte historique.<br />

2. PROCÉDÉ DE TRADUCTION DE LA POÉSIE ÉCRITE DE M. DIB<br />

Le traducteur utilise un procédé de traduction, tout en respectant la<br />

disposition des strophes, des rimes et les mètres en mouvement. Il utilise la<br />

traduction linguistique quand il s’agit de pronoms démonstratifs, des universaux et<br />

des lieux. Son but n’est pas de supplanter le poète dans l’acte créatif, mais de<br />

toucher ce lectorat arabophone revêche, pour réactiver la lecture du texte, mais, cette<br />

fois-ci en langue arabe.<br />

En prenant compte de l’histoire et du contexte, le traducteur liera les sens<br />

implicites du titre « Ombre gardienne ». Il fait une équation qui établit une égalité<br />

entre Ombre gardienne et la terre, la femme, la liberté.<br />

Grammaticalement le sens correspond au genre donné en français :<br />

« ombre », genre féminin en français, devient masculin en arabe. Il y a un glissement<br />

sémantique et fonctionnel : si le genre change obligatoirement la fonction change<br />

aussi. Pour flatter l’orgueil du lecteur arabophone, le traducteur peut laisser le<br />

masculin, mais le titre va changer de sens et deviendra écart sémantique par rapport<br />

au contenu du poème. « Le titre perd manifestement en rigueur…l’article défini<br />

postule l’essence avant le phénomène ». 1<br />

En effet, la sonorité est intraduisible, par le calcul de la répétition des<br />

voyelles françaises, on dénombre 7 O pour 8 R et 3 F dont un « F » non prononcé<br />

dans le mot « nerfs ». On peut considérer cette première strophe comme un refrain<br />

qui trouve un écho après la 2 e strophe qui perd 4 vers pour ne plus laisser place qu’à<br />

un seul « F » à 5 « R » et 2 « O ». Les éléments récurrents ont disparus tels que<br />

l’eau, le sable, la trace et les pas, et seulement le chiffre 7 persiste 5 R + 2 O = 7<br />

contre un seul F. Comment traduire cet agencement, ces suppressions, ce chiffre<br />

récurrent « 7 » pour ne pas trahir le sens donné aux portes qui se ferment sur des<br />

universaux ? Certes, la traduction littérale n’est pas une solution ; elle efface le sens<br />

et en même temps l’image poétique. En essayant de sauvegarder le nombre « 8 » du<br />

R, la traduction cherche à reproduire 7 « N » (noun) en arabe.<br />

Bien évidement, par ce procédé, le texte perd sa rime initiale mais garde une<br />

certaine musicalité par la répétition de certaines consonnes ou voyelles. Nous avons<br />

procédé ainsi en suivant, Effim EtKind qui encourage tout traducteur à compenser<br />

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