22.06.2016 Views

Traduire

traduire...Interpréter

traduire...Interpréter

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

INTRADUISIBILITÉ DE LA POÉSIE DE M. DIB DU FRANÇAIS VERS L'ARABE<br />

n’est pas poète lorsqu’il entreprend de traduire « Sylvie » de G.De Nerval. Il semble<br />

vouloir casser cet interdit en expérimentant la traduction de la poésie.<br />

Si l’on s’en tient à rester sur cette position négative, le rapport ancillaire de la<br />

traduction à la littérature, de surcroît à la poésie, ne lui permettra en aucun cas de se<br />

développer par la créativité et la laissera sous-estimée, écartée, la réduisant presque<br />

au statut d’accessoire.<br />

Après 1960, toutes les sciences humaines se sont libérées de la philosophie et<br />

de la littérature, et ont pris leur envol, sauf la traduction qui, malgré tout, continue<br />

son travail créateur sur le texte poétique en vers, selon des processus de linguistique<br />

structurale, de sémiotique, de Skopos et tant d’autres théories traductives.<br />

1.3. Le traducteur<br />

Le troisième élément qui freine la traduction de la poésie écrite en vers,<br />

semble être le traducteur, car le texte poétique n’est pas par essence intraduisible, ce<br />

sont des facteurs extérieurs à lui qui lui confèrent cet état.<br />

Le traducteur peut en effet rendre la poésie intraduisible, par son<br />

comportement et sa formation, par son bagage cognitif incomplet, ses lacunes quand<br />

à l’appréhension du sens, son ignorance du contexte, sa culture différente de celle du<br />

poète ou de l’interlocuteur, des circonstances historiques…etc. La qualité de ses<br />

relations avec le poète joue également un rôle important car les liens qu’il entretient<br />

avec lui, s’ils sont positifs, peuvent rehausser la qualité de sa traduction. S’il fait<br />

équipe avec le poète, celui-ci peut lire le texte traduit, le corriger, le refuser, cette<br />

relation ne pouvant être qu’une participation active et coopérative.<br />

Tout ce qui a été avancé sur le traducteur, d’une façon générale, est<br />

applicable à mon expérience personnelle. Malgré l’échange épistolaire que j’ai eu<br />

avec M.Dib le destin ne m’a pas permis de le rencontrer alors que je souhaitais<br />

renforcer mes connaissances sur ce qu’était l’homme, son parcours, sa ville natale,<br />

Tlemcen. Ses conseils m’auraient facilité le percement du secret de certaines images<br />

poétiques, de comprendre le pourquoi de la structure fracturée de tel vers…ou bien<br />

de lire en sa présence tout simplement, les poèmes que j’ai traduits en arabe.<br />

Tous ces éléments réunis, tels que bagage cognitif, relations actives entre<br />

traducteur et poète, permettent au traducteur de franchir le mur de l’intraduisibilité<br />

et de surmonter les difficultés traductives qui se présentent à lui, et de rendre,<br />

pourquoi pas, la métaphore qu’a créée le poète.<br />

En ce sens, le traducteur est contraint de prendre en considération, non<br />

seulement le poète mais aussi le lecteur en langue arabe.<br />

1.4. Langue française, lecteur arabophone<br />

Comment se situe la langue française dans la poésie écrite de M. Dib ? Elle<br />

est chez elle durant la colonisation française, par son statut de langue officielle.<br />

C’est la langue du pouvoir en place ; le poète l’utilise comme moyen d’expression,<br />

ciblant un lectorat francophone ; il semble ignorer le lectorat arabophone dont il est<br />

issu. La fracture se fait alors au niveau linguistique, et crée jusqu’à maintenant, le<br />

drame du poète, même après sa mort. La rivalité historique entre français et arabe<br />

fait que la poésie de M. Dib est peu traduite et non reconnue ; elle n’est une<br />

référence ni en France ni en Algérie. Son influence est restreinte, à la limite elle est<br />

153

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!