ET AUX DROITS DE L’HOMME
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Dans de nombreux pays, malgré l’injonction de ces textes, les inégalités frappant les femmes se manifestent<br />
encore à travers les différences entre filles et garçons dans l’accès à l’éducation ; on y constate une faible<br />
proportion des femmes dans les sphères de décision politique et économique (parlement, gouvernement,<br />
patronat, syndicat), des violences basées sur le genre sont toujours déplorées, des violations des droits et<br />
libertés des femmes sont régulièrement signalées.<br />
• Quelles sont les principales violations des droits et libertés des femmes ?<br />
Les discriminations à l’égard des femmes ne se réduisent pas à des restrictions d’accès aux activités<br />
publiques ; elles touchent aussi l’intime du développement de la jeune fille, de l’épouse et de la mère. Il s’agit,<br />
entre autres, de mutilations génitales féminines, de gavage des filles, d’esclavage domestique, de mariage<br />
précoce, de mariage forcé, de viol, de restriction de la liberté de circuler. Ces violations sont toutes graves<br />
pour les femmes concernées et pour la société dans son ensemble qu’elle installe dans un esprit de clivage<br />
et de mépris. Lorsque des raisons culturelles sont invoquées, il convient d’analyser les valeurs culturelles en<br />
jeu afin de les séparer de ce que ces pratiques ont de « néfaste ».<br />
• Comment expliquer la marginalisation généralisée des femmes ?<br />
Le mépris courant des femmes est une grande question dont les origines restent à interpréter. Concrètement,<br />
on constate que l’abandon de scolarité est plus important chez les filles que chez les garçons, notamment<br />
dans les régions rurales, essentiellement pour deux raisons : tout d’abord, lorsque de grandes distances à<br />
pied doivent être parcourues entre la maison et l’école, les filles sont retirées de l’école par leurs parents dès<br />
la préadolescence car ces derniers craignent pour leur sécurité. Ensuite, dans les familles nécessiteuses,<br />
lorsque la scolarisation commence à devenir coûteuse, les filles sont sacrifiées les premières et retirées de<br />
l’école.<br />
Au niveau politique, les femmes ont du mal à intégrer les sphères de décision. La proportion des femmes<br />
parmi les représentants parlementaires reste en général très faible comparée à la place des femmes dans<br />
l’électorat (l’ensemble des électeurs). Même dans les pays aux traditions démocratiques bien établies, la<br />
moyenne reste faible, généralement inférieure à 18 %. Cette situation s’explique par des raisons à la fois<br />
historiques, domestiques et politiques. Jusqu’à une période récente, les femmes ont été considérées comme<br />
inaptes, par nature, à l’exercice d’activités politiques et on les a tenues formellement à l’écart de ce type<br />
d’activités, renforçant l’idée selon laquelle elles n’étaient pas faites pour la politique. Les séquelles de cet état<br />
d’esprit, renforcées par l’inégalité de la répartition des tâches au sein du foyer, où la femme continue à assurer<br />
la charge principale des enfants et de la maison en plus de son travail, sont autant d’obstacles aux projets de<br />
carrière économique ou politique que pourraient nourrir les femmes.<br />
• La marginalisation de la femme est-elle grave ?<br />
Oui. Du point de vue du principe d’égalité. De façon générale, c’est tout l’équilibre de la société qui est en<br />
cause. Lorsque la vie sociale est entachée par les discriminations fondées sur les sexes, c’est la paix sociale<br />
qui s’en trouve menacé. En effet, il est très préoccupant qu’une partie de la société soit nettement désavantagée<br />
en ce qui concerne l’accès aux fonctions publiques. On est également fondé à penser que les hommes,<br />
en l’absence des femmes, n’accordent pas la même attention aux problèmes qui concernent ces dernières,<br />
ni qu’ils reconnaissent un niveau de priorité suffisamment élevé pour qu’on leur consacre les financements<br />
publics nécessaires, par exemple.<br />
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