ET AUX DROITS DE L’HOMME

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09.02.2016 Views

Fiche 3 Démocratie, pouvoirs et contre-pouvoirs « Tout homme qui dispose du pouvoir est tenté d’en abuser. » « Pour qu’on ne puisse abuser du pouvoir, il faut que, par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir. » Montesquieu Le pouvoir, par sa nature, ne peut être exercé sans risque de dépasser ses limites et tomber ainsi dans l’abus de pouvoir. C’est pourquoi il est nécessaire, dans une démocratie, d’avoir un équilibre des pouvoirs, de sorte que les pouvoirs se limitent et se contrôlent mutuellement. L’expérience montre qu’un système qui n’est pas régulé dérive, plus ou moins vite, et que le risque d’une évolution dite catastrophique est loin d’être faible. A/ Éléments de définition et cadre normatif international 1. Éléments de définition • Organes publics, simples mandataires ? La démocratie est un système de représentation dans lequel les élus sont des mandataires investis de charges publiques. Il s’agit de charges parlementaires (comme celles des députés et sénateurs), politiques (comme celle du président de la République) ou municipales (comme celles des maires et conseillers municipaux). Les mandataires exercent le pouvoir par procuration au nom du peuple. Les organes publics non élus sont désignés par les autorités élues. La séparation des pouvoirs permet l’équilibre entre les organes publics qui se contrôlent les uns les autres, engendrant une modération dans l’exercice du pouvoir pour prévenir tout excès ou abus. Cet effet de modération, de prévention des excès, de contrôle et, le cas échéant, de correction s’appelle « équilibre des pouvoirs » ou « jeu de contre-pouvoirs ». On peut donc dire qu’un contre-pouvoir est un pouvoir qui s’organise face à une autorité établie. • Pouvoirs d’autorité ou pouvoirs d’influence ? Les trois pouvoirs d’autorité, ou pouvoirs publics, sont les pouvoirs législatif, judiciaire et exécutif. Chaque pouvoir d’autorité joue, par rapport aux deux autres, un rôle de contre-pouvoir. D’autres entités ont un pouvoir d’influence et une capacité d’initiative. C’est le cas des partis politiques, notamment ceux de l’opposition, des syndicats, des organisations de la société civile, des entreprises, etc. Ces organes ont leur activité propre, y compris dans une société démocratique, la capacité d’œuvrer pour le bien commun (environnement, solidarité sociale, etc.), de collaborer ou de faire des propositions aux pouvoirs 33

publics. En tant que contre-pouvoirs, ils ont une activité importante de contrôle régulier des mandataires pour s’assurer que la volonté des mandants (le peuple) soit bien respectée. Les organes de presse constituent des pouvoirs d’influence et un contre-pouvoir essentiel dans un contexte de liberté d’expression et d’information. C’est à ce titre qu’on appelle la presse « le quatrième pouvoir ». Par ce contrôle, les contre-pouvoirs assurent la continuité de la souveraineté du peuple au-delà des échéances électorales et rappellent aux mandataires que tout abus finira par être puni. 2. Cadre normatif international • La démocratie des contre-pouvoirs, une démocratie équilibrée ? En démocratie, le pouvoir politique est divisé en trois branches, chacune d’elles constituant un contre-pouvoir par rapport aux deux autres : –– le pouvoir exécutif (président(e) de la République, gouvernement, autorités locales), responsable de l’élaboration et de l’application des politiques ; –– le pouvoir législatif (Assemblée nationale, Sénat) chargé d’approuver les lois et les impôts ainsi que du contrôle de l’exécutif ; –– le pouvoir judiciaire (les tribunaux) chargé de faire observer les lois, d’identifier les cas de non-respect et de condamner les auteurs d’infractions. Cette séparation du pouvoir en trois branches distinctes est indispensable pour garantir le bon fonctionnement des contre-pouvoirs. Des tribunaux qui ne seraient pas indépendants par rapport aux pouvoirs législatif et exécutif ne joueraient pas pleinement leur rôle de contre-pouvoir, veillant à ce que les titulaires de charges publiques agissent conformément à la loi, sans crainte de représailles ou espoir de récompense. De même, si le parlement ne disposait pas du pouvoir d’approuver, en toute indépendance, les lois, de voter l’impôt et de contrôler l’exécutif, son rôle de contre-pouvoir serait affaibli et la responsabilité politique et financière du gouvernement à l’égard de l’électorat serait gravement diminuée. • Une démocratie qui équilibre les pouvoirs est-elle plus forte ? En plus des trois pouvoirs publics distincts, il faut mentionner d’autres pouvoirs qui, s’ils s’équilibrent mutuellement dans le respect des lois, contribuent à la vie démocratique : le pouvoir des médias indépendants, celui des entreprises en libre concurrence, celui des autorités religieuses et culturelles. Il y a également les partis politiques, notamment ceux de l’opposition, les syndicats, qui développent leurs propres initiatives, tout en jouant un rôle de surveillance et, le cas échéant, de dénonciation de tout dysfonctionnement au niveau de l’un ou de l’autre des trois pouvoirs précités. Et c’est en cela que ces instances ont un caractère de contre-pouvoirs. Une démocratie forte est une société dans laquelle tous les habitants participent au mieux à la « chose publique » par leurs initiatives, leur souci de chercher et de transmettre les informations les plus authentiques et de développer leur esprit critique. C’est une démocratie où les partis sont bien structurés avec un discours politique clair et relativement influent, rappelant chaque jour aux gouvernants leurs devoirs envers les citoyen(ne)s. Les syndicats sont implantés dans toutes les entreprises et bénéficient de la confiance des travailleurs qu’ils défendent. Les organisations de la société civile agissent avec plus d’indépendance pour développer leurs activités de solidarité, traquer les dysfonctionnements et dénoncer les contrevenants. Les organes de presse, professionnels, objectifs et libres, portent les messages des uns et des autres au peuple, avec force et fidélité, sans partialité ni démagogie. De tels organes de presse sont la condition essentielle de tout fonctionnement normal de l’ensemble des contre-pouvoirs. Les organisations internationales et régionales ont élaboré des instruments juridiques incitant les pays membres à créer les conditions nécessaires pour faciliter la participation des citoyen(ne)s à travers la transparence, la liberté de presse et l’obligation de rendre compte de la gestion des affaires publiques. 34

publics. En tant que contre-pouvoirs, ils ont une activité importante de contrôle régulier des mandataires pour<br />

s’assurer que la volonté des mandants (le peuple) soit bien respectée.<br />

Les organes de presse constituent des pouvoirs d’influence et un contre-pouvoir essentiel dans un contexte<br />

de liberté d’expression et d’information. C’est à ce titre qu’on appelle la presse « le quatrième pouvoir ».<br />

Par ce contrôle, les contre-pouvoirs assurent la continuité de la souveraineté du peuple au-delà des échéances<br />

électorales et rappellent aux mandataires que tout abus finira par être puni.<br />

2. Cadre normatif international<br />

• La démocratie des contre-pouvoirs, une démocratie équilibrée ?<br />

En démocratie, le pouvoir politique est divisé en trois branches, chacune d’elles constituant un contre-pouvoir<br />

par rapport aux deux autres :<br />

––<br />

le pouvoir exécutif (président(e) de la République, gouvernement, autorités locales), responsable de l’élaboration<br />

et de l’application des politiques ;<br />

––<br />

le pouvoir législatif (Assemblée nationale, Sénat) chargé d’approuver les lois et les impôts ainsi que du<br />

contrôle de l’exécutif ;<br />

––<br />

le pouvoir judiciaire (les tribunaux) chargé de faire observer les lois, d’identifier les cas de non-respect et de<br />

condamner les auteurs d’infractions.<br />

Cette séparation du pouvoir en trois branches distinctes est indispensable pour garantir le bon fonctionnement<br />

des contre-pouvoirs. Des tribunaux qui ne seraient pas indépendants par rapport aux pouvoirs législatif<br />

et exécutif ne joueraient pas pleinement leur rôle de contre-pouvoir, veillant à ce que les titulaires de charges<br />

publiques agissent conformément à la loi, sans crainte de représailles ou espoir de récompense.<br />

De même, si le parlement ne disposait pas du pouvoir d’approuver, en toute indépendance, les lois, de voter<br />

l’impôt et de contrôler l’exécutif, son rôle de contre-pouvoir serait affaibli et la responsabilité politique et financière<br />

du gouvernement à l’égard de l’électorat serait gravement diminuée.<br />

• Une démocratie qui équilibre les pouvoirs est-elle plus forte ?<br />

En plus des trois pouvoirs publics distincts, il faut mentionner d’autres pouvoirs qui, s’ils s’équilibrent mutuellement<br />

dans le respect des lois, contribuent à la vie démocratique : le pouvoir des médias indépendants, celui<br />

des entreprises en libre concurrence, celui des autorités religieuses et culturelles. Il y a également les partis<br />

politiques, notamment ceux de l’opposition, les syndicats, qui développent leurs propres initiatives, tout en<br />

jouant un rôle de surveillance et, le cas échéant, de dénonciation de tout dysfonctionnement au niveau de l’un<br />

ou de l’autre des trois pouvoirs précités. Et c’est en cela que ces instances ont un caractère de<br />

contre-pouvoirs.<br />

Une démocratie forte est une société dans laquelle tous les habitants participent au mieux à la « chose<br />

publique » par leurs initiatives, leur souci de chercher et de transmettre les informations les plus authentiques<br />

et de développer leur esprit critique. C’est une démocratie où les partis sont bien structurés avec un discours<br />

politique clair et relativement influent, rappelant chaque jour aux gouvernants leurs devoirs envers les<br />

citoyen(ne)s. Les syndicats sont implantés dans toutes les entreprises et bénéficient de la confiance des travailleurs<br />

qu’ils défendent. Les organisations de la société civile agissent avec plus d’indépendance pour<br />

développer leurs activités de solidarité, traquer les dysfonctionnements et dénoncer les contrevenants. Les<br />

organes de presse, professionnels, objectifs et libres, portent les messages des uns et des autres au peuple,<br />

avec force et fidélité, sans partialité ni démagogie. De tels organes de presse sont la condition essentielle de<br />

tout fonctionnement normal de l’ensemble des contre-pouvoirs.<br />

Les organisations internationales et régionales ont élaboré des instruments juridiques incitant les pays<br />

membres à créer les conditions nécessaires pour faciliter la participation des citoyen(ne)s à travers la transparence,<br />

la liberté de presse et l’obligation de rendre compte de la gestion des affaires publiques.<br />

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