ET AUX DROITS DE L’HOMME

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Fiche 14 Démocratie et religion Bien que relevant de deux systèmes normatifs distincts, la démocratie et la religion prônent toutes deux, en principe, le respect du bien commun, de la vie humaine, dans un esprit de justice et de tolérance. Dans une nation de droit où cohabitent démocratie et religion, l’État doit créer les conditions nécessaires pour garantir la tolérance, la modération et l’acceptation de la diversité de conscience et d’opinions. En Mauritanie, le système républicain tire largement profit des valeurs islamiques pour mieux enraciner les normes de dignité humaine, de droit, d’équité, de tolérance et de modération. Les jeunes doivent être impliqués dans l’utilisation du discours religieux et/ou politique pour la promotion de la dignité humaine, de la tolérance, de la modération et de la justice dans une optique favorisant le droit, la paix, la concorde sociale et l’enracinement de la démocratie en Mauritanie. A/ Éléments de définition et cadre normatif international 1. Éléments de définition La foi religieuse s’inscrit dans une histoire et une tradition entretenues par une communauté. Elle porte sur la relation hommes-Dieu-Nature. Elle confère à cette relation un caractère sacré au cœur du sens de la vie. Une telle croyance est à la fois continue, sinon elle se transforme en une autre religion, évolutive dans le temps et selon les situations, sinon elle se sclérose. La communauté est responsable d’une interprétation contextualisée des textes à caractère temporel. • Qu’est-ce que la liberté de pensée et de conscience ? La liberté de pensée et de conscience est le droit d’un individu d’avoir le libre choix de son système de valeurs et des principes qui guident son existence et de pouvoir y adhérer publiquement et d’y conformer ses actes. Elle inclut la liberté de croyance, de religion et la liberté de culte. Dans son principe, le droit à la liberté de pensée et de conscience (liberté du « for intérieur », autonomie morale, autodétermination de la personne) est un droit individuel absolu excluant toute contrainte, restriction ou limitation. À cet égard, la conscience et la liberté qui s’y attache bénéficient d’un positionnement prioritaire et sont dotées d’un statut originaire. La Déclaration universelle des droits de l’homme (DUDH), dès son article premier, affirme que « tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience… ». En ce sens, le droit à la liberté de pensée et de conscience occupe une place originelle et joue un rôle primordial parmi les droits de l’homme puisqu’elle se situe au fondement même de ce qui qualifie la personne humaine, c’est-à-dire son autonomie morale. Dans son exercice, le droit à la liberté de pensée et de conscience est tributaire de celui des libertés d’expression, d’association, de manifestation et d’information. Autant chacun doit être libre de sa pensée, autant il a besoin de se nourrir de la pensée des autres. 129

Ces libertés ne sauraient donc être légitimes que si elles sont respectueuses des libertés des autres, c’est pourquoi le droit à la liberté de pensée et de conscience implique nécessairement la lutte contre l’intolérance, les stéréotypes négatifs, la stigmatisation, la discrimination, l’incitation à la violence, surtout si elle prétend être fondée sur la religion ou la conviction. 2. Cadre normatif international • Que dit la Déclaration universelle des droits de l’homme (DUDH) ? La DUDH du 10 décembre 1948 dispose en son article 18 : « Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion ; ce droit implique la liberté de changer de religion ou de conviction ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction, seule ou en commun, tant en public qu’en privé, par l’enseignement, les pratiques, le culte et l’accomplissement des rites. » • Que stipule le Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP) ? Le PIDCP du 16 décembre 1966 stipule (article 18) que : « – Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion ; ce droit implique la liberté d’avoir ou d’adopter une religion ou une conviction de son choix, ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction, individuellement ou en commun, tant en public qu’en privé, par le culte et l’accomplissement des rites, les pratiques et l’enseignement. – Nul ne subira de contrainte pouvant porter atteinte à sa liberté d’avoir ou d’adopter une religion ou une conviction de son choix. – La liberté de manifester sa religion ou ses convictions ne peut faire l’objet que des seules restrictions prévues par la loi et qui sont nécessaires à la protection de la sécurité, de l’ordre et de la santé publique, ou de la morale ou des libertés et droits fondamentaux d’autrui. – Les États parties au présent Pacte s’engagent à respecter la liberté des parents et, le cas échéant, des tuteurs légaux de faire assurer l’éducation religieuse et morale de leurs enfants conformément à leurs propres convictions. » De même, les instruments spécifiques adoptés par les Nations Unies, comme la Déclaration sur l’élimination de toutes les formes d’intolérance et de discrimination fondée sur la religion ou la conviction (1981) – premier instrument de cette nature exclusivement consacré à la matière – reproduisent dans la continuité la formule de la Déclaration universelle et du Pacte sur les droits civils et politiques : « droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion ». • Que dit la Convention des Nations Unies relative aux droits de l’enfant ? La Convention des Nations Unies relative aux droits de l’enfant (ONU, 1989) dispose aussi que « les États parties respectent le droit de l’enfant à la liberté de pensée, de conscience et de religion » (article 14 § 1). • Qu’en est-il de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples (1981) ? Cette charte s’inscrit dans la même logique en affirmant que « la liberté de conscience, la profession et la pratique libre de la religion sont garanties » (article 8). S’agissant de l’étendue de la liberté de conscience, de conviction et de religion, celle-ci recouvre, en particulier, les éléments suivants : –– le droit d’avoir la religion ou la conviction de son choix ; –– l’interdiction de toute discrimination fondée sur la religion ou la conviction ; –– la liberté de manifester sa religion ou sa conviction, « individuellement ou en commun, tant en public qu’en privé », d’exercer un culte, d’accomplir des rites, des pratiques ou encore de les enseigner ; –– l’interdiction de tout appel à la haine religieuse qui constitue une incitation à la discrimination, à l’hostilité ou à la violence ; 130

Fiche 14<br />

Démocratie et religion<br />

Bien que relevant de deux systèmes normatifs distincts, la démocratie et la religion prônent toutes deux, en<br />

principe, le respect du bien commun, de la vie humaine, dans un esprit de justice et de tolérance. Dans une<br />

nation de droit où cohabitent démocratie et religion, l’État doit créer les conditions nécessaires pour garantir<br />

la tolérance, la modération et l’acceptation de la diversité de conscience et d’opinions.<br />

En Mauritanie, le système républicain tire largement profit des valeurs islamiques pour mieux enraciner les<br />

normes de dignité humaine, de droit, d’équité, de tolérance et de modération.<br />

Les jeunes doivent être impliqués dans l’utilisation du discours religieux et/ou politique pour la promotion de<br />

la dignité humaine, de la tolérance, de la modération et de la justice dans une optique favorisant le droit, la<br />

paix, la concorde sociale et l’enracinement de la démocratie en Mauritanie.<br />

A/ Éléments de définition<br />

et cadre normatif international<br />

1. Éléments de définition<br />

La foi religieuse s’inscrit dans une histoire et une tradition entretenues par une communauté. Elle porte sur la<br />

relation hommes-Dieu-Nature. Elle confère à cette relation un caractère sacré au cœur du sens de la vie. Une<br />

telle croyance est à la fois continue, sinon elle se transforme en une autre religion, évolutive dans le temps et<br />

selon les situations, sinon elle se sclérose. La communauté est responsable d’une interprétation contextualisée<br />

des textes à caractère temporel.<br />

• Qu’est-ce que la liberté de pensée et de conscience ?<br />

La liberté de pensée et de conscience est le droit d’un individu d’avoir le libre choix de son système de valeurs<br />

et des principes qui guident son existence et de pouvoir y adhérer publiquement et d’y conformer ses actes.<br />

Elle inclut la liberté de croyance, de religion et la liberté de culte.<br />

Dans son principe, le droit à la liberté de pensée et de conscience (liberté du « for intérieur », autonomie<br />

morale, autodétermination de la personne) est un droit individuel absolu excluant toute contrainte, restriction<br />

ou limitation. À cet égard, la conscience et la liberté qui s’y attache bénéficient d’un positionnement prioritaire<br />

et sont dotées d’un statut originaire. La Déclaration universelle des droits de l’homme (DUDH), dès son article<br />

premier, affirme que « tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de<br />

raison et de conscience… ». En ce sens, le droit à la liberté de pensée et de conscience occupe une place<br />

originelle et joue un rôle primordial parmi les droits de l’homme puisqu’elle se situe au fondement même de<br />

ce qui qualifie la personne humaine, c’est-à-dire son autonomie morale.<br />

Dans son exercice, le droit à la liberté de pensée et de conscience est tributaire de celui des libertés d’expression,<br />

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