19.10.2015 Views

Compagnons & Maîtres d'Œuvre 336

Revue de la Fédération des compagnons du tour de France. Ce trimestre, les WorldSkills 2015, les métiers du plâtre, les fêtes patronales des compagnons, l'Institut européen de formation, chantier d'été à Sibiu... http://journalcmo.wordpress.com/

Revue de la Fédération des compagnons du tour de France. Ce trimestre, les WorldSkills 2015, les métiers du plâtre, les fêtes patronales des compagnons, l'Institut européen de formation, chantier d'été à Sibiu...
http://journalcmo.wordpress.com/

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

Numéro <strong>336</strong> – octobre 2015<br />

14<br />

Les métiers du plâtre<br />

16<br />

Fêtes patronales<br />

28<br />

L’Institut des <strong>Compagnons</strong><br />

WorldSkills 2015 :<br />

un compagnon médaillé au Brésil<br />

6<br />

Troisième trimestre 2015 – 69 e année / 5,50 €<br />

photo ©WorldSkills International


h umeur<br />

Quels centres-villes pour demain ? Le livre proposé par notre ami Francis Cortal<br />

(voir page 15) nous éclaire largement sur l'urbanisation en Amérique. La<br />

prospective citée en conclusion, selon laquelle l’administration américaine<br />

réfléchirait à une solution radicale consistant à démolir les quartiers périphériques et les<br />

banlieues fragiles pour ressusciter les centres-villes, doit-elle surprendre ?... Peut-être pas ;<br />

on se complaît à réinventer ce que souvent on a détruit. On peut aussi s'interroger sur les<br />

raisons qui ont motivé cette réflexion : s’agit-il d'un élan social destiné à améliorer la vie<br />

dans nos cités ? Permettez-moi d'en douter, il faut bien reconnaître que loger la population<br />

à la verticale est plus rentable qu'à l'horizontale, les promoteurs l'ont bien compris.<br />

Quoi qu'il en soit, on ne peut nier qu’on assiste à la désertification quasi générale des<br />

centres-villes qui, vidés de leur substance (les commerces), voient la population fuir cette<br />

concentration d'habitat, desservie par des rues étroites où se garer est un calvaire. Le<br />

pittoresque est devenu piteux, plus rien ne retient là le citadin ; il a vu s'étioler les petits<br />

commerces de proximité qui n'ont pu rivaliser avec les prix pratiqués par la grande<br />

distribution, installée en périphérie, avec des parkings gratuits...<br />

Un phénomène qui touche beaucoup de villes, quelle que soit leur taille ; seules résistent<br />

celles à fort potentiel touristique. Pour exemple, cette ville d'à peu près 10 000 habitants,<br />

célèbre pour ses couteaux. J'ai été frappé par deux particularités touchant cette cité rurale<br />

qui s'égrène sur le flan d'un piton jusqu'à la rivière : de loin, depuis l'autoroute, elle a<br />

toujours fière allure ; jolie de loin, car en approchant, on trouve d'abord les anciens sites<br />

industriels, devenus friches, et en grimpant les lacets de cette route nationale, on découvre<br />

les vitrines vides de magasins délaissés.<br />

Sursaut louable et méritoire de je ne sais qui, dans le cœur du bourg on a collé sur ces<br />

surfaces vides des posters géants, vantant des sites régionaux qui le méritent bien, égayant<br />

ainsi la traversée. Mais si l'on pénètre dans le cœur de la cité, le néant nous agresse. Au<br />

premier étage, une « tête blanche » contemple ce vide ; à mon « y a pas grand-chose !»<br />

elle répond : « Plus rien monsieur, plus que moi et l'artisan ébéniste au-dessous... Un<br />

Anglais, précise-t-elle ! Plus de commerces, je dois maintenant descendre dans la plaine, et<br />

l'hiver, dans ces rues en pente, ce n'est pas facile... »<br />

Le second exemple concerne une ville de 140 000 habitants, spécialisée dans la vaisselle de<br />

qualité. Au fil des ans, ses rues se sont vidées de leurs commerces, seules quelques-unes<br />

survivent encore, mais pour combien de temps ? La municipalité tente aujourd'hui de<br />

redynamiser le centre-ville, c'est aussi méritoire qu'aléatoire. Alors, quid de ces centresvilles<br />

dans l'avenir, vidés des commerces et des emplois qui polarisent l'activité ? Pourquoi<br />

ne pas penser qu'un jour ils pourraient être réinvestis comme le propose la prospective<br />

américaine ?<br />

Dans cette mouvance, quelle sera l'influence des grandes régions sur la vie des cités ? On<br />

peut craindre une plus grande agglomération de la population autour des capitales<br />

régionales, au détriment des zones rurales. Lors d'une table ronde cet été, Axel Khan,<br />

scientifique, médecin généticien, essayiste... et marcheur, a effleuré le sujet, citant le Pays<br />

basque, si dynamique et la Creuse, Guéret et Nohant qui auront la chance de faire partie<br />

de la même région... Je lui ai posé cette question très terre à terre de charpentier :<br />

« Pensez-vous, monsieur Kahn, que le dynamisme du Pays basque puisse éclabousser<br />

Guéret ?»La question a fait rire le public, sa réponse n'a pas levé mes doutes...<br />

Quoi qu'on en pense, une part de l'avenir de l'humanité est contenu dans ces<br />

problématiques : loger et nourrir les hommes, ce qui sous-entend « avoir les moyens ». On<br />

nous effraie avec les risques de manque d'eau, d'énergie, on parle peu de cette<br />

démographie galopante qui verra la population mondiale passer de 7,2 milliards<br />

d'individus à 10,9 milliards en 2100.<br />

Cette prospective des Américains est à prendre en compte, car nous avons tous remarqué<br />

que « la vieille Europe » fonctionne de façon semblable à l'Amérique, mais avec 10 à 15<br />

ans de décalage... Et ce, quitte à faire les mêmes erreurs.<br />

JPC<br />

SOMMAIRE<br />

Humeur...............................................................2<br />

Le mot du président.....................................3<br />

CULTURE & DÉCOUVERTES<br />

Visite des égouts de Paris..........................4<br />

MÉTIERS & APPRENTISSAGE<br />

WorldSkills 2015 au Brésil..........................6<br />

Arras, les travaux c’est parti !.................10<br />

La Fédération Compagnonnique Nord-<br />

Pas-de-Calais-Picardie ...............................12<br />

Les métiers du plâtre .................................14<br />

L’Outil en main de Limoges ...................24<br />

Mouchard, remise des prix 2015 ..........28<br />

EUROPE & COMPAGNONNAGE<br />

Voyage à Sibiu.................................................8<br />

LA VIE DU TOUR DE FRANCE<br />

La Saint Pierre des serruriers ..................16<br />

La Sainte Anne...............................................17<br />

L’Ascension des couvreurs zingueurs<br />

plombiers et plâtriers...............................20<br />

La Saint Pierre à Limoges.........................22<br />

De Tours à Mouchard................................22<br />

L’Ascension des maçons tailleurs de<br />

pierre à Anglet..............................................23<br />

Anglet, un demi-siècle déjà ...................25<br />

Le secret du compagnonnage ?...........30<br />

Les compagnons à Saint-Girons ..........34<br />

CHRONIQUES HABITUELLES<br />

L’œil fureteur...................................................3<br />

Le coin du trimardeur..................................5<br />

Notes de lecture ..........................................15<br />

Échos muscadiens ......................................30<br />

Jeux géométriques......................................32<br />

Travaux<br />

à Arras<br />

10


LE MOT DU<br />

PRÉSIDENT<br />

Pour nous compagnons, la rentrée, c’est d’abord le<br />

temps des changements de ville, l’arrivée des<br />

jeunes itinérants sur les lieux de leur nouvelle<br />

étape. Les accueillir, les accompagner dans leur<br />

installation est une mission essentielle pour nos<br />

compagnons sédentaires. Pour les loger, nos structures<br />

proposent un véritable patchwork de sites et de types de<br />

structures : des appartements à 6 ou 7, des petites<br />

maisons aménagées spécifiquement ou des sièges plus<br />

élaborés, plus adaptés à l’hébergement de groupes plus<br />

nombreux et plus variés (itinérants, mais aussi élèves de<br />

l’IEF, apprentis & stagiaires, etc.). Cette diversité des<br />

conditions de la vie collective offre à tous l’occasion de<br />

vivre et de porter un regard sur le lien social et les efforts<br />

nécessaires à la vie collective. C’est le terreau de la<br />

fraternité, quintessence de nos sociétés.<br />

Pour que ces itinérants gagnent leur vie, les compagnons<br />

se chargent de leur trouver un emploi, le plus possible<br />

adapté à la progression de chacun. La rencontre de la<br />

diversité des situations et des compétences qui font à<br />

terme le professionnel accompli est recherchée. Pour<br />

qu’ils avancent sur la voie des « hommes de métier », au<br />

côté des traditionnels « cours du soir » qui forment la<br />

colonne vertébrale du parcours pédagogique de chacun,<br />

ils trouvent dans nos structures la possibilité d’acquérir<br />

les savoirs fondamentaux que viendront soutenir<br />

l’expérience et la pratique de leur activité salariée. La<br />

préparation au BP, BMA, BTS, licence arts et métiers, etc.<br />

leur est permise par l’inscription aux formations dans le<br />

cadre de contrats de professionnalisation, de plans de<br />

formation, CPF, etc. Ces formations deviennent l’élément<br />

moteur, véritable accélérateur de la progression de<br />

chacun. Les équipes de nos centres de formation<br />

viennent assister les compagnons sédentaires pour<br />

mettre en œuvre ces dispositifs.<br />

Je ne fais que vous décrire un processus des plus<br />

traditionnels, mais dans cette époque où toutes les lignes<br />

bougent à une vitesse étourdissante il n’en reste pas<br />

moins que nous devons aussi faire le nécessaire travail<br />

d’interrogation et d’évolution de notre système. Depuis<br />

mon élection à la présidence de la Fédération nationale,<br />

j'ai visité quelques Fédérations régionales, certaines<br />

étaient en difficulté, d'autres non. Toutes étaient<br />

satisfaites des conseils ou du soutien que leur offrait la<br />

Fédération nationale. Mais nous arrivons maintenant à un<br />

moment crucial, où les carences, les insuffisances, les<br />

approximations dans la gestion de nos Fédérations<br />

régionales, deviennent préjudiciables pour notre avenir.<br />

Nous lançons cet automne une grande réflexion sur le<br />

projet associatif, déjà en question en 2005, cet objectif<br />

commun qui doit permettre à notre compagnonnage de<br />

trouver, au-delà des simples conditions de la pérennité,<br />

les outils pour avancer de façon pragmatique vers<br />

l’avenir. Il nous faut répondre aux attentes des jeunes<br />

d’aujourd’hui tout en transmettant l’héritage de nos<br />

aînés. Nous l'avons donc repris, rénové et mis au goût du<br />

jour, et nous nous sommes rapprochés d’un cabinet<br />

d’expertise pour nous aider à valider le socle Vision-<br />

Mission-Valeurs de notre mouvement. Nous en tirerons le<br />

plan d’action pour les années à venir. Nous avons besoin<br />

aujourd'hui de retrouver avec certitude les valeurs de<br />

notre état de Compagnon à travers les actions de la<br />

Fédération compagnonnique. L’engagement des<br />

compagnons est-il à la hauteur des enjeux ? Les forces<br />

sont-elles bien réparties sur les axes essentiels ?<br />

Sommes-nous bien formés pour assumer ces<br />

responsabilités d’élus ou les fonctions de salariés,<br />

formateurs, gestionnaires ? La logistique du tour de<br />

France doit-elle être dévolue à ce point aux Fédérations ?<br />

etc.<br />

Nous avons choisi de prendre notre temps, sans toutefois<br />

trop tarder. Trois réunions inter régionales se tiendront à<br />

Lyon / Paris et Toulouse, du 10 octobre au 7 novembre.<br />

Sociétaires, proches, salariés de nos structures, vous<br />

pouvez y être associés, rapprochez-vous des élus de votre<br />

Fédération régionale.<br />

J’espère vous retrouver nombreux, apportant vos<br />

analyses et contributions personnelles, avec votre aide,<br />

votre soutien et votre engagement, tout est possible.<br />

Jean-Michel Dutrey<br />

L’œil fureteur<br />

Vu pour nous par les<br />

compagnons<br />

menuisiers et<br />

serruriers, la magnifique<br />

charpente du XV e siècle de la<br />

Grange de Meslay, à Parçay-<br />

Meslay (37).<br />

Ce vaste domaine agricole<br />

était un prieuré dépendant de<br />

l’abbaye bénédictine voisine<br />

de Marmoutier depuis le IX e<br />

siècle. Il accueille aujourd’hui<br />

des évènements ponctuels,<br />

comme la dernière fête de la<br />

Sainte Anne.


SIBIU<br />

Le projet « Casa Calfelor » à Sibiu en Roumanie continue de permettre<br />

chaque été rencontres et échanges entre itinérants allemands et français<br />

et population roumaine.<br />

Cette année, le départ pour Sibiu a<br />

eu lieu à Limoges. Deux<br />

compagnons allemands se sont<br />

joints à moi, seul Français à partir : Alban,<br />

un forgeron « cravate grise » ou « freier<br />

begegnungsschacht (fbs) » et Wesley, un<br />

voyageur libre ou « frei reisender ».<br />

Le voyage vers Sibiu<br />

Quelques itinérants sont venus pour<br />

l’occasion, nous avons visité Limoges, sa<br />

cathédrale, le musée des compagnons et<br />

sommes allés à la mairie pour inscrire le<br />

tampon de la ville dans nos carnets de<br />

voyage ; nous avons aussi profité des<br />

festivités qui avaient lieu sur la place de la<br />

cathédrale ; ce même week-end,<br />

beaucoup de peintres et de couvreurs se<br />

trouvaient au siège de Limoges à<br />

l’occasion de la Saint Pierre.<br />

Nous avons donc quitté Limoges le mardi<br />

30 juin. L’auto-stop a plutôt bien marché<br />

bien que nous soyons trois. Notre objectif<br />

était Roanne, mais nous avons pu<br />

dépasser Dijon ! Le lendemain soir, nous<br />

étions arrivés à Neuestadt an der<br />

weinstrasse, que l'on peut traduire en<br />

français par « Villeneuve sur la route des<br />

vins », près de Karlsruhe où nous avons<br />

dormi dans un siège allemand : une petite<br />

maison, au milieu d’un parking en plein<br />

centre-ville ; ce fut l’occasion de prendre<br />

une bonne douche et de faire une lessive.<br />

Nous sommes repartis le lendemain,<br />

Alban et moi en direction de Hambourg.<br />

Ce fut très rapide, car l’autoroute est<br />

directe de Karlsruhe à Hambourg. Nous<br />

avons pu poser nos baluchons dans un<br />

appartement des compagnons « fbs ».<br />

Hambourg est une grande ville portuaire<br />

très animée.<br />

Le jeudi, nous sommes passés par la mairie<br />

(qui est immense et très belle), toujours<br />

pour les tampons sur nos carnets de<br />

voyage. Nous sommes partis dans l’aprèsmidi<br />

vers Dümmer* pour l’ouverture<br />

officielle de « l’Europa Haus » réalisée en<br />

partie par les compagnons. Là se<br />

trouvaient environ soixante compagnons,<br />

toutes sociétés confondues, dont certains<br />

que j’avais déjà rencontrés à Bad Kissingen<br />

pour le congrès de la CCEG. Le bâtiment,<br />

construit en bois, est très grand et<br />

comprend deux parties : l’une pour des<br />

associations de la municipalité et l’autre<br />

servant d’auberge à la CCEG.<br />

Le lendemain, nous sommes partis vers<br />

Kerkau pour le week-end, afin de nous<br />

reposer dans un siège des « fbs » plutôt<br />

atypique : c’est un wagon complètement<br />

aménagé dans la propriété d’un ancien<br />

« frei reisender », un lieu où il fait bon<br />

vivre, au beau milieu de la campagne.<br />

Après deux jours dans le wagon, nous<br />

sommes allés à Berlin où nous avons passé<br />

la nuit dans la maison de la sœur d’un<br />

compagnon allemand, qui ouvre<br />

naturellement sa porte à tous les<br />

compagnons qui passent par là.<br />

Notre voyage nous a ensuite conduits en<br />

direction de Vienne où nous devions<br />

retrouver un compagnon « cravate bleue »<br />

pour aller à Sibiu ensemble : mission<br />

réussie, nous avons trouvé un message<br />

avec l’inscription « §11 » pour nous<br />

retrouver dans la ville.<br />

Deux jours plus tard, nous étions à Sibiu,<br />

après avoir voyagé à bord de seulement 6<br />

voitures différentes pour parcourir les<br />

1000 kilomètres restants.<br />

Nous sommes arrivés à Sibiu le 11 juillet,<br />

quel périple ! Quand on regarde la carte,<br />

nous avons fait ce voyage en si peu de<br />

temps, en auto-stop, plus de 3000<br />

kilomètres, il y a de quoi surprendre un<br />

itinérant français !<br />

Ma vie à Sibiu<br />

Le principe du projet de la « Casa<br />

Calfelor » à Sibiu est de travailler<br />

bénévolement pour l'association, la<br />

plupart du temps en réalisant, à la main,<br />

dans une rue piétonne médiévale,<br />

différents travaux qui seront ensuite posés<br />

dans des locaux appartenant à des<br />

partenaires de la « Casa Calfelor ». Tout


Les différents ateliers dans la cité médiévale de Sibiu<br />

l’argent que l’on gagne permet de payer le<br />

gîte et le couvert et d’investir dans de<br />

nouveaux matériaux pour les futurs<br />

chantiers. Quelques sponsors et la CCEG<br />

financent les autres frais.<br />

Cette année, la plupart des chantiers<br />

réalisés à Sibiu l'ont été pour l’église<br />

évangélique, car la « Casa Calfelor » lui<br />

appartient (un bail est signé jusqu'en 2016).<br />

Pour ma part, j’ai fait une petite charpente<br />

au-dessus d’un puits, mis une couche<br />

d’huile de lin sur un chantier réalisé<br />

l’année dernière (deux étages de balcons<br />

intérieurs). J'ai réparé un jeu de force avec<br />

une masse en bois et fait le parement en<br />

bois d’une petite porte insérée dans une<br />

grande double porte. Enfin, j'ai réalisé la<br />

couverture d’un kiosque qui a été refait à<br />

neuf dans un parc de Sibiu.<br />

Nous sommes en moyenne une vingtaine<br />

à la « Casa Calfelor ». Toutes les semaines,<br />

il y a des départs et des arrivées de<br />

« geselle » (compagnons allemands).<br />

Nous avons fait la réunion de projet pour<br />

l’année prochaine et élu les futurs chefs<br />

de projets, trésorier, représentant CCEG,<br />

représentant français, etc.<br />

Pour des raisons pratiques, pour les<br />

itinérants français la décision a été prise<br />

d'effectuer leur départ de France le 17<br />

juillet, afin de ne pas mettre les patrons<br />

en difficulté. Jean-Baptiste Ferrari est venu<br />

spécialement de France pour participer à<br />

cette réunion.<br />

Il y a toujours beaucoup d’animation à<br />

Sibiu, surtout le week-end : concerts sur la<br />

grand-place, défilés de modes, concours<br />

sportifs, conventions en tout genre, rallyes<br />

et moto-cross, etc.<br />

J’ai eu aussi l’occasion de quitter Sibiu le<br />

temps d’un week-end pour aller avec<br />

d’autres compagnons allemands à<br />

Sighisoara*, une ville avec une ancienne<br />

citadelle où se tenait un festival médiéval.<br />

Raphaël Zanutto<br />

* Dümmer, en raison d'un manque<br />

d'espace, nous vous proposons de<br />

découvrir « La maison Europa » dans le<br />

prochain numéro.<br />

* Sighisoara<br />

Cette ville a été fondée par des artisans et des marchands<br />

allemands, rapidement surnommés les « Saxons de<br />

Transylvanie ». La situation politique de cette région fut assez<br />

complexe, mais sans entrer dans les détails, disons que cette<br />

population d'origine germanique venait de la Saxe allemande<br />

d'où le surnom. Ces Saxons ont eu une influence dans toute<br />

cette région, un passé historique qui explique l'engagement de<br />

l'Allemagne dans des programmes d'aide à cette région de<br />

Roumanie, dont ont parfois bénéficié les projets de Sibiu.<br />

Aujourd'hui, la Saxe est l'un des seize länder (régions) composant<br />

l'Allemagne. Cet ex territoire de RDA a pour grandes villes<br />

Dresde, Leipzig et Chemitz.<br />

Les jeunes qui vont en Transylvanie en garderont un souvenir<br />

merveilleux ; Sibiu est une très belle ville, mais parlons aussi de<br />

Sighisoara que nous cite Raphaël :<br />

Le centre historique de cette petite ville médiévale fortifiée est<br />

remarquable, les couleurs crient la joie, finie la grisaille d'une<br />

époque difficile !<br />

Regardez la photo, en fond, « la tour de l'horloge », n'y a-t-il pas<br />

là de quoi retenir l'attention des spécialistes de nos métiers ?<br />

Ce n'est pas la Costa Brava, c'est sans doute mieux : là, nous<br />

avons des choses à découvrir et sans doute à apprendre. Ne<br />

pensez pas que ce soit une exception, l'ensemble de<br />

l'architecture de cette région de Transylvanie vaut le détour.<br />

JPC


PLÂTRIER<br />

Un métier qui ne s'improvise pas !<br />

Transmettre est le devoir de tout compagnon. Sur le Tour<br />

de France, de ville en ville, régulièrement s'offre<br />

l'opportunité d'un chantier-école, comme cet exemple du<br />

remplacement d'un plafond à l'ancienne, en briques plâtrières<br />

suspendues et la pose d'une corniche moulurée en staff.<br />

Un jeune aspirant en itinérance à Paris, Alexandre Brunet,<br />

détaché, et le compagnon Claude Lafont de Rennes, se sont mis<br />

à la tâche de bonne heure chez un compagnon à Dinard, en<br />

Bretagne. En premier, il fallait disposer les règles pour assurer<br />

la pose des briques suspendues par des crochets fixés contre<br />

les solives, puis réaliser un enduit sur ces briques, opération<br />

qui paraît toujours délicate au profane !<br />

Le soir, le chantier était terminé, vérifiant le vieil adage :<br />

« Chantier bien organisé, chantier à moitié fait »... La preuve !<br />

Pour la pose de la corniche moulurée en staff, nous avons fait<br />

appel à Marc Chauveau de Nantes et à Thibault Mirade, jeune<br />

sur le Tour de France. Le travail présentait de nombreuses<br />

difficultés, réalisé sur un plafond ancien, dont la planéité était<br />

variable, tout comme celle des murs ! Autant de difficultés qui<br />

ne facilitaient pas la tâche, mais présentaient un intérêt<br />

pédagogique certain pour Thibaud.<br />

Bien encadré par Marc, le résultat du travail a été sans appel !<br />

J'invite tous les compagnons amoureux du beau travail à faire<br />

partager, dès que les possibilités sont réunies, ces chantiers<br />

qui sont formateurs pour nos jeunes.<br />

Une belle leçon du « savoir transmettre ».<br />

M:.L:.P:.<br />

Quelques exemples de travaux en staff


DEVENIR PLÂTRIER<br />

Avec la section plâtrerie<br />

de l'IEF-CTF<br />

2, rue Léopold Alixant<br />

39330 Mouchard<br />

Àpropos du métier de plâtrier, il<br />

est sans doute l'un des plus<br />

spectaculaires quant à la<br />

pratique ; sans conteste, il nécessite un<br />

coup de main !<br />

Les bricoleurs, dont je suis, ne me<br />

démentiront pas ! Tous, nous avons<br />

« tâté » du plâtre, pour un scellement<br />

ou pour boucher un trou dans la<br />

rénovation de nos logements. Tous,<br />

nous avons remarqué que cela tire vite<br />

et que l'on en colle un peu partout.<br />

Alors, imaginer que l'on puisse arriver à<br />

en coller au-dessus de nos têtes, de<br />

quoi réaliser un plafond parfait, nous<br />

impressionne quand même un peu !<br />

Une question de technique, nous disent<br />

les plâtriers, où savoir préparer le<br />

plâtre et réaliser les gestes précis pour<br />

l'appliquer sont deux choses<br />

prépondérantes.<br />

Si de nos jours le placoplâtre est très<br />

présent, il ne résout pas tout, et il est<br />

dommage que des pratiques souvent<br />

teintées de mercantilisme aient pu<br />

laisser penser le contraire !<br />

La France peut s'enorgueillir d'un riche<br />

patrimoine bâti, qui d'ailleurs ne<br />

concerne pas seulement les<br />

monuments historiques, mais aussi de<br />

nombreuses habitations individuelles ;<br />

et de nos jours, il reste des clients qui<br />

souhaitent encore des maisons bâties<br />

de façon traditionnelle, mais<br />

malheureusement, les plâtriers se font<br />

rares !<br />

C'est pour cette raison que les<br />

compagnons ont souhaité ouvrir une<br />

section plâtrerie à l'Institut Européen de<br />

Formation des <strong>Compagnons</strong> du Tour de<br />

France (IEF-CTF) de Mouchard.<br />

C'est le compagnon plâtrier Frank<br />

Proust qui enseigne le métier aux<br />

apprentis. Formés en alternance, école<br />

et entreprise, les apprentis bénéficient<br />

d'un encadrement de haut niveau avec<br />

ce professionnel au talent reconnu qui<br />

obtient chaque année des résultats<br />

remarquables avec ses élèves qu’il<br />

prépare au CAP staffeur ornemaniste.<br />

JPC<br />

Àl’opposé d’une thèse, fut-elle<br />

établie à l’encontre d’ouvrages<br />

de spécialistes, chantres d’un<br />

urbanisme orthodoxe basé sur des<br />

principes de fonctionnement<br />

constamment à la recherche d’une<br />

« ville idéale », vœu pieux d’une cité de<br />

rêve déconnecté des réalités, c’est ici le<br />

fruit d’une enquête de terrain. Jane<br />

Jacobs, journaliste, « pasionaria » de la<br />

cause urbaine, tire ses arguments<br />

d’une pratique journalière, habitante le<br />

plus souvent avec sa famille des<br />

quartiers qu’elle décrit : « Les villes<br />

forment un immense laboratoire pour<br />

faire des expériences, commettre des<br />

erreurs, échouer ou réussir en matière<br />

d’architecture et d’aménagement<br />

urbain ».<br />

Apologie de la « Mégalopolis » au<br />

travers d’une vision de la ville seule<br />

adaptée à la société industrielle, plus<br />

compacte, plus densifiée par le retour<br />

au « downtown » (centre-ville) en<br />

développant une authentique vie<br />

citadine : « Sous un désordre apparent, là<br />

où la ville ancienne fonctionne<br />

correctement, il existe un ordre<br />

merveilleux, complexe certes, mais c’est<br />

un spectacle de ballet aux figures<br />

compliquées, suivant les heures de la<br />

journée ».<br />

Dynamisme, vitalité, diversité,<br />

animation, brassage, mélange de<br />

fonctions différentes sont le leitmotiv<br />

de cette argumentation, prenant le<br />

contre-pied de l’urbanisme des<br />

planificateurs prônant le vide, l’ordre, le<br />

calme et encombré de conceptions<br />

utopiques sur le comportement de<br />

l’usager, d’où rejet du zoning que ces<br />

mêmes planificateurs présentent<br />

comme la panacée (séparation des<br />

fonctions : logement, travail, loisirs),<br />

autant que charges sévères contre les<br />

idées de Cité-jardin d’Howard et de<br />

Cité radieuse de Le Corbusier,<br />

présentées comme des formes<br />

d’embrigadement collectif. Participant<br />

de ces refus, le parti pris contre le<br />

jardin public vu comme un foyer<br />

d’insécurité. Et surtout, ressenti comme<br />

un idéal détaché du réel, la ségrégation<br />

des piétons par rapport à la voiture,<br />

opinion propre à faire hurler<br />

l’écologiste européen adepte du<br />

bornage tout autant que fanatique du<br />

transport en commun.<br />

La rue, dont Jane Jacobs fait un vibrant<br />

plaidoyer, apparaît alors comme le<br />

NOTES DE LECTURE<br />

Déclin et survie<br />

des grandes villes américaines<br />

Jane Jacobs, éditions Parenthèses<br />

marqueur de la ville de par son rôle<br />

social et économique. Résidences, lieux<br />

de travail, commerces intégrés les uns<br />

aux autres, en font des lieux de<br />

conscience collective, de solidarité, futelle<br />

inconsciente, et de sécurité (les<br />

yeux de la rue). La suppression des rues<br />

est présentée comme « l’idée la plus<br />

funeste et la plus destructive de<br />

l’urbanisme orthodoxe ».<br />

Ce livre date de 1961. Il continue de<br />

susciter un engouement exceptionnel,<br />

car il repose sur le bon sens d’un vécu,<br />

à contrario des ouvrages de<br />

spécialistes basés sur des théories. Et<br />

bien qu’il s’agisse de villes américaines,<br />

l’adaptation aux villes européennes est<br />

tout aussi probante.<br />

Un exemple de prospective ?<br />

L’administration américaine réfléchit à<br />

une solution radicale : démolir les<br />

quartiers périphériques et de banlieue<br />

fragile pour ressusciter le centre-ville.<br />

Utopie encore ici ? Pas si sûr. Supprimer<br />

la banlieue pavillonnaire (et son<br />

mitage désastreux) c’est supprimer le<br />

long transport automobile qui est son<br />

corollaire, d’où moins d’épuisement<br />

pour le nomade et surtout plus d’air<br />

pur pour le sédentaire (moins<br />

d’émission de CO 2 ). Plaidoyer encore<br />

pour la densité urbaine répondant à<br />

l’explosion démographique.<br />

Francis Cortal


Dès 15 ans, une formation sous statut<br />

scolaire en lycée professionnel.<br />

CAP, Brevet des Métiers d’Art et<br />

Baccalauréat Professionnel par<br />

alternance.<br />

Dès 16 ans, une formation en apprentissage,<br />

Et tout au long de la vie professionnelle en<br />

formation continue.<br />

CAP, BP, BTS, DEUST et Licence Professionnelle.<br />

INSTITUT EUROPÉEN DE FORMATION<br />

2, rue Léopold Alixant<br />

39330 MOUCHARD<br />

Tél. 03 84 73 82 46<br />

AGEN<br />

6, rue J-B Pérès<br />

47000 AGEN<br />

Tél. 05 53 66 66 34<br />

ANGLET<br />

3, allée de Bellevue<br />

64600 ANGLET<br />

Tél. 05 59 63 87 57<br />

ANNECY<br />

29, rue des Sports<br />

74600 SEYNOD<br />

Tél. 04 50 57 92 21<br />

ARRAS<br />

23, Av. Paul Michonneau<br />

62000 ARRAS<br />

Tél. 03 21 48 23 88<br />

BORDEAUX<br />

6, av. J. Alfonséa - B.P. 90<br />

33271 FLOIRAC CEDEX<br />

Tél. 05 57 54 23 80<br />

GRENOBLE<br />

15, avenue Grugliasco<br />

38130 ÉCHIROLLES<br />

Tél. 04 76 23 06 19<br />

JEUMONT<br />

91, rue des Usines<br />

59460 JEUMONT<br />

Tél. 03 27 67 01 52<br />

LIMOGES<br />

5, rue de la Règle CS30357<br />

87009 LIMOGES Cedex 1<br />

Tél. 05 55 33 55 60<br />

LYON<br />

49, rue Feuillat<br />

NOUVELLES<br />

69003 LYON<br />

ADRESSES<br />

Tél. 04 78 53 22 00<br />

MARSEILLE<br />

5-7, boulevard Pons<br />

13014 MARSEILLE<br />

Tél. 04 91 02 57 20<br />

NANTES<br />

238, rue de la Pyramide<br />

44230 SAINT-SÉBASTIEN/LOIRE<br />

Tél. 02 51 79 13 20<br />

ORLÉANS<br />

Rue Gustave Eiffel ZAC des 4 Cheminées<br />

45380 LA CHAPELLE- ST MESMIN<br />

Tél. 02 38 70 53 00<br />

PARIS Île-de-France<br />

2 rue de Guermantes<br />

77400 ST-THIBAULT-DES-VIGNES<br />

Tél. 01 60 35 02 98<br />

PAU<br />

Mail de Coubertin<br />

64140 LONS<br />

Tél. 05 59 92 81 77<br />

TOULOUSE<br />

10-12, rue Agricol Perdiguier<br />

31830 PLAISANCE DU TOUCH<br />

Tél. 05 62 47 41 77<br />

TOURS<br />

34, rue de Suède BP 47560<br />

37075 TOURS CEDEX 2<br />

Tél. 02 47 78 72 15<br />

Le compagnonnage, réseau de transmission<br />

des savoirs et des identités par le métier.<br />

Pour plus d’information sur notre organisme :<br />

www.compagnonsdutourdefrance.org<br />

E-mail : ville + @compagnonsdutourdefrance.org

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!