Virgile Livre premier

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Le frère de Junon reconnaît les artifices Et les fureurs de sa sœur Il appelle à lui L'Eurus et le Zéphyr : "Est-ce votre origine, Leur dit-il, qui vous aura donné une telle Audace ? Vous bouleversez le ciel et la terre Sans ma permission, vous osez, vents insolents Soulever ces énormes masses ? Je devrais vous... Il vaut mieux apaiser l'agitation des flots. Désormais, je vous ferai payer votre faute. Hâtez-vous de vous enfuir et dites ceci A votre roi : "Ce n'est pas à lui, mais à moi Que le sort a donné l'empire de la mer et Le terrible trident ! Les énormes rochers, Votre demeure, Eurus, il les possède avec Sa cour. Qu'Eole se pavane dans ce beau palais Et qu'il règne dans la prison des vents captifs." Il dit et en moins de temps encore qu'il n'en faut, Il apaise les flots gonflés et met en fuite Tout 1'amoncellement de nuages et ramène Le soleil. Tous deux, Cymothoé et Triton Dégagent les navires de la pointe des rocs. Et lui-même les soulève de son trident, 12

Ouvre les vastes syrtes et aplanit les eaux, Il effleure la surface des ondes, de ses roues Légères. Souvent il arrive qu'une sédition S'élève dans un grand peuple, et la plèbe ignoble Est en proie à la colère. Les brandons, les pierres Déjà volent ; la fureur arme tous les bras. Mais Si un homme apparaît, et que par sa pitié, Ses services rendus, il soit recommandable, La foule s’arrête, se tait et attentive Prête l'oreille : il parle, sa parole maîtrise Les esprits et adoucit les cœurs. Ainsi est Tombé tout d'un seul coup le fracas de la mer Dès que le père des Dieux, surveillant du regard La plaine liquide, sous un ciel redevenu Serein, lance ses chevaux, il lâche les rênes Et son char vole sur les eaux. (Et) harassés, Les compagnons Énée se hâtent de gagner Les rivages les plus proches, et ils se dirigent Vers les côtes de la Libye. Là, dans une baie Profonde est une île, et ses flancs disposés Forment un port, les flots venus du large s’y brisent 13

Le frère de Junon reconnaît les artifices<br />

Et les fureurs de sa sœur Il appelle à lui<br />

L'Eurus et le Zéphyr : "Est-ce votre origine,<br />

Leur dit-il, qui vous aura donné une telle<br />

Audace ? Vous bouleversez le ciel et la terre<br />

Sans ma permission, vous osez, vents insolents<br />

Soulever ces énormes masses ? Je devrais vous...<br />

Il vaut mieux apaiser l'agitation des flots.<br />

Désormais, je vous ferai payer votre faute.<br />

Hâtez-vous de vous enfuir et dites ceci<br />

A votre roi : "Ce n'est pas à lui, mais à moi<br />

Que le sort a donné l'empire de la mer et<br />

Le terrible trident ! Les énormes rochers,<br />

Votre demeure, Eurus, il les possède avec<br />

Sa cour. Qu'Eole se pavane dans ce beau palais<br />

Et qu'il règne dans la prison des vents captifs."<br />

Il dit et en moins de temps encore qu'il n'en faut,<br />

Il apaise les flots gonflés et met en fuite<br />

Tout 1'amoncellement de nuages et ramène<br />

Le soleil. Tous deux, Cymothoé et Triton<br />

Dégagent les navires de la pointe des rocs.<br />

Et lui-même les soulève de son trident,<br />

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