153 - Gottfried Wilhelm Leibniz Bibliothek

388 ii. allgemeiner und gelehrter briefwechsel 1700 N. 211
Je voudrois bien sçavoir si on trouve beaucoup de rapport entre la langue d’Irlande
et la langue du pays de Wales. L’auteur du voyage de S. Kilda dit que les habitans de ces
isles parlent l’irlandois pur. C’est pourquoy je suis faché qu’il n’en a pas donné plusieurs
échantillons pour raisonner là dessus. Je suis surpris que L a v e K e i l e , c’est à dire,
5 m a n u s l i g n e a (c u b i t u s , aune) semble avoir rapport au Grec, supposé que Lave
signifie m a n u s ; et que Keile signifie l i g n u m. Car l a v e , manus, a du rapport
avec ������ sumere[,] ���� ansa etc. Et K e i l e , Lignum, a du rapport avec �����
l i g n u m. Mais si par malheur Keile signifioit m a n u s , et Labe lignum (car l’auteur
ne s’explique pas bien) ma conjecture tomberoit par terre.
10 A l’egard des t r e a t i s e s o f g o v e r n m e n t , je suis quasi plus du sentiment
d’Aristote, que de Mons. [Ho]bbes, et je crois que naturellement le gouvernement appartient
aux meilleurs, comme il seroit injuste que ceux qui n’entendent pas la marine
voulussent estre pilotes. Mais la corruption et la violence ont fait qu’on s’est ecarté de
l’estat de la nature prise dans sa perfection, et qu’on a esté obligé de s’accommoder à la
15 nature dereglée. Aussi faut il avouer que les hommes ne travaillent presque qu’à se rendre
malheureux. Il n’y a que deux choses où l’on devroit songer principalement[,] à la vertu,
et à la santé, et caetera adjicerentur nobis. Je souhaitte d’apprendre bientost, Monsieur,
des nouvelles de vostre estat, esperant que vostre santé aura esté rétablie comme il faut:
Après quoy il faudra prendre des bonnes mesures pour la conserver. Je seray tousjours
20 avec beaucoup de passion
Monsieur vostre tres humble et tres obeissant serviteur Leibniz
Hanover 2/13 Fevrier 1700.
Mons. Grabe merite d’estre estimé, mais il me semble qu’il est trop prevenu contre
la Reforme pour tout ce qui est 〈amnistie〉. Le livre posthume de M. Pufendorf ne me
25 satisfait pas entierement, je le trouve trop rigoureux contre le decret absolu. Ce que
M. Gasterel fait est tousjours excellent. Je n’ay point lû ce qu’on a fait sur l’inspiration.
Les livres italiens nous viennent mieux par mer que par terre.
2 f. L’auteur . . . pur: vgl. M. Martin, A late Voyage to St. Kilda, 1698, S. 108 f. 4 L a v e
K e i l e : vgl. ebd., S. 93 f., ” Elle‘‘ (Längenmaß), zu gälisch lav ” Hand‘‘ und coill(e) ” Holz‘‘. 10 t r e a -
t i s e s o f g o v e r n m e n t : J. Locke, Two Treatises of Government, 1690. 10 f. je suis . . .
[Ho]bbes: vgl. S. 380 Z. 8 f. u. Erl. 17 caetera . . . nobis: Matthäus 6, 33 u. Lukas 3, 31. 24 livre
posthume: S. von Pufendorf, De rebus gestis Frederici Wilhelmi, 1695. 26 M. Gasterel: vgl. I, 16
N. 413, S. 682. 26 sur l’inspiration: J. Le Clerc, Five letters, 1690; W. Lowth, A vindication, 1692;
Cl. G. de La Mothe, The inspiration, 1694.