153 - Gottfried Wilhelm Leibniz Bibliothek

153 - Gottfried Wilhelm Leibniz Bibliothek 153 - Gottfried Wilhelm Leibniz Bibliothek

06.12.2012 Views

N. 211 ii. allgemeiner und gelehrter briefwechsel 1700 379 multitude of credulous Readers. C’est parler en homme qui ne connoist pas le prix des monumens de la primitive Eglise. Plut à Dieu que nous eussions quantité de pieces semblabes à celles qu’Usserius a données[.] Les hommes qui se piquent de philosophie et de raisonnement, ont coutume de mepriser les recherches de l’antiquité, et les antiquaires à leur tour se moquent de ce qu’ils appellent les reveries de Philosophes. Mais pour bien 5 faire, il faut rendre Justice au merite des uns et des autres. J’en dis autant de ce que nostre Auteur dit contre l’excellent M. Saumaise, dont il menage si peu la memoire qu’il l’appelle Ane sans detour p. 96. et le traite de Grammairien, et qui doit son sçavoir aux dictionnaires. On voit bien par là qu’il connoist peu les écrits de ce grand homme, dont Mons. Grotius luy même admiroit la prodigieuse erudition. Car il avoit mille belles con- 10 noissances, il estoit doué d’une grande penetration et outre cela c’estoit un gentilhomme d’une conversation charmante. Mais la precipitation avec laquelle il écrivoit, faisoit qu’il ne digeroit pas bien ses pensées, il fournissoit mille notices et considerations, mais son abondance le rendoit pauvre et faisoit, qu’il ne prenoit pas la peine de venir à des conclusions reglées et precises[;] c’est encor une injustice, quand on impute à M. Saumaise, 15 qu’il estoit mercenaire, et qu’il auroit écrit pour le Pape, si on luy eût donné de l’argent. Car il est seur que le Cardinal de Richelieu a fait faire à Mons. Saumaise des offres tres avantageuses pour l’attirer à l’Eglise Romaine. Mais il estoit trop genereux pour y donner les mains. Quant à la matiere agitée entre Mons. Milton et luy, je crois que tous deux ont outré les choses touchant le Gouvernement. Et je prefereray tousjours à leur opinions 20 celles de l’incomparable Grotius, qui sont en même temps solides et moderées. Le livre de Mons. Gastrell me paroist plein de raisonnemens fort bons pour mettre les motifs de credibilité de la religion Chrestienne dans un plus grand jour. Cette matiere recevra des nouvelles lumieres lors que nous obtiendrons les remarques de Mons. de Spanheim sur les objections de l’Empereur Julien et sur les reponses de S. Cyrille. 25 Les raisonnemens d’un livre françois imprimé à Londres que j’ay receu avec les autres, en ce qu’il pretend que la France ne sçauroit estre fleurissante, tant que la Religion 20 touchant le gouuernement erg. L 1 26–380,1 il seroit à souhaitter pour le repos de l’Europe qve les raisonnemens d’un livret françois imprimé à Londres fussent justes, en ce . . . regnera. Nous L 1 ändert Lil 2 8 f. Grammairien . . . dictionnaires: J. Toland, a. a. O., S. 96. 16 écrit . . . argent: J. Toland, a. a. O., S. 98 f. 22 livre: F. Gastrell, The Certainty and Necessity of Religion, 1697. 24 f. remarque . . . Cyrille: nicht erschienen. 26 livre . . . Londres: möglicherweise eines der beiden von Burnett in I, 16 N. 372, S. 624 erwähnten Pamphlete.

380 ii. allgemeiner und gelehrter briefwechsel 1700 N. 211 Romaine y regnera, ont peu d’apparence. Nous nous flattons trop par ces sortes de prejugés, que l’experience refute tous les jours. Je n’ay pas encor eu le loisir de lire tout le livre intitulé T w o treatises of gouvernement, contre les principes de M. Filmer. Cependant j’y ay remarqué une grande justesse 5 et solidité de raisonnement. Il y a pourtant quelques endroits peutestre qui demandoient une plus ample discussion, comme entre autres ce qu’on dit de l’Estat de la Nature, et de l’egalité du droit des hommes. Cette egalité seroit certaine si tous les hommes avoient les mêmes avantages[,] mais cela n’estant point[,] il semble qu’Aristote a eu plus de raison icy que Mons. Hobbes. Si plusieurs hommes se trouvoient dans un même vaisseau en pleine 10 mer, il ne seroit point conforme à la raison ny à la nature, que ceux qui n’entendent rien à la marine pretendissent d’estre pilotes, de sorte que suivant la raison naturelle le gouvernement appartient aux plus sages. Mais l’imperfection de la nature humaine fait, qu’on ne veut point écouter raison, ce qui a forcé les plus sages d’employer la force et l’adresse pour établir quelque ordre tolerable, en quoy la providence même s’est mêlée. 15 Mais quand un ordre est etabli, il ne faut point le renverser sans une necessité extreme, et sans estre asseuré d’y reussir pro salute publica d’une maniere qui ne cause pas des plus grands maux. Puisque le Parlement a decidé la Question touchant l’Armée sur pied par une distinction, en conservant une partie des trouppes et licentiant les autres; il ne faut plus que 20 les particuliers se melent d’en juger. Si Dieu conserve longtemps le Roy d’Espagne, il n’y aura point de danger si tost. La question generale de politique si une armée sur pied est contraire à la liberté, et mene à une Monarchie absolue, ne doit pas estre traitée comme les questions Metaphysiques, par des enontiations precises. Les grandes Republiques de Rome et de Carthage avoient continuellement plusieurs armées sur pied, ce ne fut pas 25 cela, mais la corruption des moeurs, qui ruina la liberté Romaine; Et de nostre temps 10 nature, (1 ) qve chacun veuille estre (2 ) qve ceux qvi n’entendent rien (a) a 〈—〉 (b) à la (aa) manoeuvre pretendiss〈ent〉 (bb) marine pretendissent d’estre L 1 16 reussir (1 ) sans causer des grands maux (2 ) d’une maniere, qvi ne cause point de plus grand maux (3 ) pour le bien 〈— 〉 public (4 ) pro salute pu bricht ab (5 ) pro salute publica L 1 25 ruina (1 ) Rome (2 ) la liberté Romaine L 1 3 f. T w o . . . gouvernement: vgl. J. Locke, SV. 4 principes . . . Filmer: R. Filmer, Patriarcha, 1680. 6 ce qu’on dit: vgl. J. Locke, a. a. O., 2, 9, 131. 8 Aristote: vgl. Aristoteles, ��������, 1281b–1282a. 9 Hobbes: vgl. Th. Hobbes, Elementa philosophica de Cive, 1647, 1, 3 (S. 8 f.). 18 f. le Parlement a decidé . . . autres: vgl. T h e a t r u m Europaeum, 15, 1707, S. 479.

380 ii. allgemeiner und gelehrter briefwechsel 1700 N. 211<br />

Romaine y regnera, ont peu d’apparence. Nous nous flattons trop par ces sortes de<br />

prejugés, que l’experience refute tous les jours.<br />

Je n’ay pas encor eu le loisir de lire tout le livre intitulé T w o treatises of gouvernement,<br />

contre les principes de M. Filmer. Cependant j’y ay remarqué une grande justesse<br />

5 et solidité de raisonnement. Il y a pourtant quelques endroits peutestre qui demandoient<br />

une plus ample discussion, comme entre autres ce qu’on dit de l’Estat de la Nature, et de<br />

l’egalité du droit des hommes. Cette egalité seroit certaine si tous les hommes avoient les<br />

mêmes avantages[,] mais cela n’estant point[,] il semble qu’Aristote a eu plus de raison icy<br />

que Mons. Hobbes. Si plusieurs hommes se trouvoient dans un même vaisseau en pleine<br />

10 mer, il ne seroit point conforme à la raison ny à la nature, que ceux qui n’entendent<br />

rien à la marine pretendissent d’estre pilotes, de sorte que suivant la raison naturelle le<br />

gouvernement appartient aux plus sages. Mais l’imperfection de la nature humaine fait,<br />

qu’on ne veut point écouter raison, ce qui a forcé les plus sages d’employer la force et<br />

l’adresse pour établir quelque ordre tolerable, en quoy la providence même s’est mêlée.<br />

15 Mais quand un ordre est etabli, il ne faut point le renverser sans une necessité extreme,<br />

et sans estre asseuré d’y reussir pro salute publica d’une maniere qui ne cause pas des<br />

plus grands maux.<br />

Puisque le Parlement a decidé la Question touchant l’Armée sur pied par une distinction,<br />

en conservant une partie des trouppes et licentiant les autres; il ne faut plus que<br />

20 les particuliers se melent d’en juger. Si Dieu conserve longtemps le Roy d’Espagne, il n’y<br />

aura point de danger si tost. La question generale de politique si une armée sur pied est<br />

contraire à la liberté, et mene à une Monarchie absolue, ne doit pas estre traitée comme<br />

les questions Metaphysiques, par des enontiations precises. Les grandes Republiques de<br />

Rome et de Carthage avoient continuellement plusieurs armées sur pied, ce ne fut pas<br />

25 cela, mais la corruption des moeurs, qui ruina la liberté Romaine; Et de nostre temps<br />

10 nature, (1 ) qve chacun veuille estre (2 ) qve ceux qvi n’entendent rien (a) a 〈—〉 (b) à la<br />

(aa) manoeuvre pretendiss〈ent〉 (bb) marine pretendissent d’estre L 1 16 reussir (1 ) sans causer des<br />

grands maux (2 ) d’une maniere, qvi ne cause point de plus grand maux (3 ) pour le bien 〈— 〉 public<br />

(4 ) pro salute pu bricht ab (5 ) pro salute publica L 1 25 ruina (1 ) Rome (2 ) la liberté Romaine L 1<br />

3 f. T w o . . . gouvernement: vgl. J. Locke, SV. 4 principes . . . Filmer: R. Filmer, Patriarcha,<br />

1680. 6 ce qu’on dit: vgl. J. Locke, a. a. O., 2, 9, 131. 8 Aristote: vgl. Aristoteles, ��������,<br />

1281b–1282a. 9 Hobbes: vgl. Th. Hobbes, Elementa philosophica de Cive, 1647, 1, 3 (S. 8 f.).<br />

18 f. le Parlement a decidé . . . autres: vgl. T h e a t r u m Europaeum, 15, 1707, S. 479.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!