153 - Gottfried Wilhelm Leibniz Bibliothek

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N. 211 ii. allgemeiner und gelehrter briefwechsel 1700 371 qu’elle est accompagnée d’une definition ou analyse, par la quelle cette notion est resolüe dans certains requisits ou ingrediens. Mais celle du bleu est claire seulement, et non pas distincte. Elle est claire par ce que nous pouvons reconnoistre ce qui est bleu ou non, sans nous tromper; mais elle n’est pas distincte, car nous ne sçavons pas distinctement en quoy consiste ce j e n e s ç a y q u o y que nous y sentons, sans l’entendre. Vous voyés donc 5 qu’une chose peut estre claire aux sens, sans estre distincte par rapport à l’entendement. Cette difference n’est pas de mon invention[.] Feu Mons. de Worcester même p. 13. de sa reponse à la seconde lettre de M. Lock rapporte un passage de Mons. des Cartes (princip. libro 1. n. 44) où il y a ces paroles mises en Anglois: But to a certain judgement it is necessary that our perception b e n o t o n l y c l e a r b u t d i s t i n c t. Cependant 10 ny M. de Worcester ny M. Lock n’ont point employé cette difference dans leur dispute, par ce qu’ils croyoient n’en avoir point besoin. Mais je m’imagine que M. Lock s’en sera servi dans ses Essais. S’il n’a pas employé les mêmes termes, il se sera tousjours servi de la chose, car la difference est trop grande pour pouvoir estre negligée par un esprit comme le sien. La connoissance distincte demande qu’on sçache les requisits des requisits 15 de la chose, mais elle ne demande pas les requisits des requisits jusqu’aux premiers, car ce seroit une connoissance adequate. Monsieur Lock a fort bien remarqué luy meme dans sa replique, qu’on peut tirer quelques choses des idées ou connoissances imparfaites, obscures ou confuses, pourveu qu’elles contiennent des parties claires et distinctes. J’ay maintenant toutes les pieces du proces entre M. de Worcester et M. Lock excepté 20 la seconde lettre de celuyci qui me manque encor. Je suis faché que les contestations sur les mesentendus, et qui sont le plus souvent a d h o m i n e m occupent la meilleure partie de ces ouvrages, et empechent l’eclaircissement reel de la matiere; mais je vois bien, que c’est un mal necessaire, lors que l’un et l’autre a besoin de faire des Apologies, pour justifier non seulement ses sentimens et expressions, mais mêmes ses intentions. Je 25 1 f. par la qvelle . . . ingrediens erg. Lil 1 7 invention | elle est deja de M. des Cartes gestr. L 1 l 2 fehlt l 1 | feu l 2 7 Feu erg. L 1 17–19 Monsieur . . . distinctes erg. Lil 1 25 et expressions erg. Lil 2 Lil 1 7 f. Feu Mons. de Worcester . . . Lock: E. Stillingfleet, The Bishop of Worcester’s Answer to Mr. Locke’s second Letter, 1698. 8 seconde lettre de M. Lock: J. Locke, Reply to the Bishop of Worcester’s Answer to his Letter, 1697. 13 Essais: vgl. J. Locke, An Essay Concerning Human Understanding, 1690, 1, 29, 1–15. 17 f. dans sa replique: vgl. J. Locke, Reply, 1699, S. 293. 21 seconde lettre: J. Locke, Reply, 1697.

372 ii. allgemeiner und gelehrter briefwechsel 1700 N. 211 serois bien aise de voir le jugement de Mons. Lock sur ma meditation touchant les idées, mise dans les Actes de Leipzig Novembre 1684. Je trouve que Monsieur l’Evêque de Worcester a eu quelque raison de se defier de la voye des idées, mais il semble qu’il n’a pas assés expliqué cette raison. De l’autre costé ce 5 que M. Lock a écrit pour luy répondre ne contient pas le criterion necessaire pour verifier cette voye: apparemment, par ce que son adversaire ne luy avoit pas donné l’occasion d’aller si loin, mais comme j’ay approfondi autres fois ces matieres, j’ay remarqué, comment on peut manquer en suivant ses idées lors qu’elles sont fausses et chimeriques. Car alors on ne se peut pas fier à leur agrément ou desagrément, par ce que les idées chi- 10 meriques et impossibles enveloppant des contradictions, il y peut avoir de l’agrement et desagrément en meme temps. On voit par là qu’il falloit donner cette marque propre à discerner les idées vrayes des fausses, c’est ce que j’ay fait dans la meditation alleguée cy dessus suivant ce que j’avois appris des Geometres. Voicy comment je m’y estois expliqué: la marque d’une idée vraye et reelle est lorsqu’on en peut demonstrer la possibilité, soit a 15 p r i o r i en donnant ses requisits, soit a p o s t e r i o r i , par l’experience: Car ce qui existe actuellement ne sçauroit manquer d’estre possible. Ainsi ceux qui se rapportent à leur idées sans les pouvoir verifier par la raison ou par l’experience sont à peu pres comme les Enth[o]usiastes, qui n’ecoutent point la raison, par ce qu’ils se fient à leur visions. Supposant donc cette Rectification des idées, je crois que pour le reste M. de Worcester 20 et M. Lock se pouvoient accorder entre eux et avec moy à l’egard de la maniere de s’en servir. Car M. de Worcester vouloit que nos connoissances se devoient acquerir par les Axiomes, et par les consequences qu’on en tire conformement aux regles de la bonne Logique. Et suivant M. Lock ces Axiomes mêmes dependent de l’agrement ou desagrément 2–14 1684. (1 ) je m’imagine qve Mons. de Worcester aura rencontré des personnes qvi se rapporte (2 ) chez moy la marqve L 1 3–14 Je trouue . . . marqve erg. Lil 1 18–21 visions. je crois qve M. de Worcester et M. de Lock s’accordent dans le fonds entre eux et avec moy, dans ce point. Car erg. L 1 23 mêmes (1 ) se voient (2 ) | se versehentl. nicht gestr. | s’apprennent L 1 23 mêmes dependent de (1 ) se voyent (2 ) dependent de Lil 1 1 ma meditation: Leibniz, Meditationes de Cognitione, Veritate, et Ideis, in: A c t a erud., November 1684, S. 537–542.

N. 211 ii. allgemeiner und gelehrter briefwechsel 1700 371<br />

qu’elle est accompagnée d’une definition ou analyse, par la quelle cette notion est resolüe<br />

dans certains requisits ou ingrediens. Mais celle du bleu est claire seulement, et non pas<br />

distincte. Elle est claire par ce que nous pouvons reconnoistre ce qui est bleu ou non, sans<br />

nous tromper; mais elle n’est pas distincte, car nous ne sçavons pas distinctement en quoy<br />

consiste ce j e n e s ç a y q u o y que nous y sentons, sans l’entendre. Vous voyés donc 5<br />

qu’une chose peut estre claire aux sens, sans estre distincte par rapport à l’entendement.<br />

Cette difference n’est pas de mon invention[.] Feu Mons. de Worcester même p. 13. de sa<br />

reponse à la seconde lettre de M. Lock rapporte un passage de Mons. des Cartes (princip.<br />

libro 1. n. 44) où il y a ces paroles mises en Anglois: But to a certain judgement it is<br />

necessary that our perception b e n o t o n l y c l e a r b u t d i s t i n c t. Cependant 10<br />

ny M. de Worcester ny M. Lock n’ont point employé cette difference dans leur dispute,<br />

par ce qu’ils croyoient n’en avoir point besoin. Mais je m’imagine que M. Lock s’en sera<br />

servi dans ses Essais. S’il n’a pas employé les mêmes termes, il se sera tousjours servi<br />

de la chose, car la difference est trop grande pour pouvoir estre negligée par un esprit<br />

comme le sien. La connoissance distincte demande qu’on sçache les requisits des requisits 15<br />

de la chose, mais elle ne demande pas les requisits des requisits jusqu’aux premiers, car<br />

ce seroit une connoissance adequate. Monsieur Lock a fort bien remarqué luy meme dans<br />

sa replique, qu’on peut tirer quelques choses des idées ou connoissances imparfaites,<br />

obscures ou confuses, pourveu qu’elles contiennent des parties claires et distinctes.<br />

J’ay maintenant toutes les pieces du proces entre M. de Worcester et M. Lock excepté 20<br />

la seconde lettre de celuyci qui me manque encor. Je suis faché que les contestations sur<br />

les mesentendus, et qui sont le plus souvent a d h o m i n e m occupent la meilleure<br />

partie de ces ouvrages, et empechent l’eclaircissement reel de la matiere; mais je vois<br />

bien, que c’est un mal necessaire, lors que l’un et l’autre a besoin de faire des Apologies,<br />

pour justifier non seulement ses sentimens et expressions, mais mêmes ses intentions. Je 25<br />

1 f. par la qvelle . . . ingrediens erg. Lil 1 7 invention | elle est deja de M. des Cartes gestr. L 1 l 2<br />

fehlt l 1 | feu l 2 7 Feu erg. L 1 17–19 Monsieur . . . distinctes erg. Lil 1 25 et expressions erg.<br />

Lil 2 Lil 1<br />

7 f. Feu Mons. de Worcester . . . Lock: E. Stillingfleet, The Bishop of Worcester’s Answer to<br />

Mr. Locke’s second Letter, 1698. 8 seconde lettre de M. Lock: J. Locke, Reply to the Bishop of<br />

Worcester’s Answer to his Letter, 1697. 13 Essais: vgl. J. Locke, An Essay Concerning Human<br />

Understanding, 1690, 1, 29, 1–15. 17 f. dans sa replique: vgl. J. Locke, Reply, 1699, S. 293.<br />

21 seconde lettre: J. Locke, Reply, 1697.

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