153 - Gottfried Wilhelm Leibniz Bibliothek

153 - Gottfried Wilhelm Leibniz Bibliothek 153 - Gottfried Wilhelm Leibniz Bibliothek

06.12.2012 Views

N. 206 ii. allgemeiner und gelehrter briefwechsel 1700 351 Monsieur Stockholm ce 31 Janvier 1700 Quoy que je me puisse flatter de sçavoir quelque chose dans les langues Esclavonnes, sur tout puisque j’y suis aussi clairvoyant quasi, qu’eux mesmes, et qu’en certaines parties je me ferois fort de leurs montrer leurs langue comme il m[’]est fort souvant arrivé à Moscow, ce qui ne depend que de la lecture et de la Grammaire; je ne puis pas neantmoins 5 me flatter ny d’y voir tout ce qu’eux ont sçeus, qui dans le vieux temps l’ont cultivé, et inventé les lettres, celles qui ne sont pas du Grec; ny de pouvoir en tout donner de la satisfaction à une curiosité si estandue que la vostre, sur tout quand il se traitteroit de faire une anathomie aussi mathematique que celle que vous venez de faire sur toutes les modificassions de lettres et mouvemans organiques de la Langue; Je ne puis pas nier 10 que je n’aye eu souvant de telles pensées, et qu’en voyageant le long du jour, pendant mes courses, je n’aye travaillé avec la langue sur la maniere d’exprimer organiquement les lettres, pour en pouvoir donner des regles, comme vous medités et Wallis et de ce Medicin Allemand qui montre à parler au[x] sourd[s]. Mais j’ay trouvé l’entreprise difficile, et pour moy quasi impossible parceque certaine connoissence de cette Machine divine, me 15 manque, outre que cette science requiert une clarté sufficiente d’expressions, pour la faire comprendre aux scavans et autres curieux, le reste des hommes ne la goutteroint pas faute de penetrassions, je ne vois pas aussi qu[’]elle soit icy tres necessaire dans nostre Esclavons, où nous n’avons que faire de remonter si haut, et quand même on auroit tout fait, aucun discours ne le pourroit demonstrer evidament, il faudroit aussi bien avoir 20 recours à quelque Teste Parlante, c[’]e[s]t à dire à quelque Machine qui put montrer à l’oeuil ce que la langue devroit apprandre à prononcer. Je receus de M. le B. Groht vos 2 lettres il y a 5 ou 6 jours. Vous demandez Mons r en premier lieux, si je trouve que les Ciruliques s’acordent exactement avec les Glagolitiques, ou s’il n’arrive pas quelques fois que la même lettre Cirullique doit estre exprimée tantot 25 par une Glagholitique tantot par une autre? Je vous respond, qu’autant que les Glagholitiques ne sont faittes que pour exprimer le veritable son et prononciassion de la Langue Esclavonne dont nous avons la perfection dans les Ciruliques, et la vive voix la moins corrompue dans le vaste Empire du Zar où l’on cultive uniquement les Ciruliques, dans les quelles tous les peres orientaux ont esté traduits et escrits en langue Esclavonne, tant 30 bien que le[s] Glagolotique[s] se conforment au[x] Ciruliques, amoins qu’elles ne veullent 13 Medicin: J. C. Amman. 21 Teste Parlante: zum Begriff vgl. III, 2 N. 85, S. 244 Erl. Anders als C. Comiers scheint Sparwenfeld allerdings ein anatomisches Modell im Sinn zu haben.

352 ii. allgemeiner und gelehrter briefwechsel 1700 N. 206 passer pour fausses, d’autant plus que dans ces lettres Harvates on ne void pas beaucoup de livres ni Escrits ni imprimées, et ceux qui se trouvent sentent plutot le germanisme et les lettres latines, du moins selon leur nombre et imperfection, que les Greques, et c’est une marque de leurs imperfection que d’y observer qu’il y en a tant des Ciruliques, aux 5 quelles il n’y a pas moyen de faire repondre les Glagolitiques, qui ne scauront manquer de defaut et de pauverté puisque tous les dialectes Esclavonnes ne sçauront commodement s’exprimer sans toutte l’alphabete Cirullique, que je tiens pour parfait, et l’autre n’en est qu’une mechante Copie, à ce qu’il m’en samble. Je dis donc que si les Glagolites ne s’accordent pas (ou ne suffisent pas) en tout avec les Ciruliques elles le devroint du moins 10 faire pour estre parfaite[s]. Je ne les ay pas adjouté aux Ciruliques dans ma table, par ce que je les croi[s] necessaires, mais seulement par curiosité, puisqu’elles existent encore quelques parts, et se trouvent remplasez du temps de la reformassion per Hen. Dalmata et un autre Lutherien, pour enseigner le Cathechisme aux Cravates. les Glagolites qui manquent aux Nombres 29. 30. 31. 33. 35. 37. 38. 39. 4[0] font une preuve de ce que je viens 15 de dire, c’est à dire de leurs imperfection[s], si les Ciruliques sont quelques fois Greques dans ces nombres susdits, et que ces lettres greques sont amployés pour exprimer non seulement les mos esclavons qui en sont capables, item ces mots Grecs, qui sont introduits avec la religion greque dans l’esclavon ou Moschovites, ces nombres ou lettres ne sont pas necessaires au Glagolitique puisque le Glagolitique n’a pas de mos Grecs en usage, 20 mais plutot melé avec du Latinisme et Germanisme; au Contraire et ViceVersa il ne se trouve aucune lettre, ou maniere de prononcer aupres de l’Esclavon Glagollitique, que le Cirullique ne puisse rendre fidellement et entierement y respondre, puisque ces deux Caracteres ne different que, quoad magis et minus perfectum in numero et potestatibus. Et le Glagolitique sera le premier que je chasseray hors de ma liste, puisqu’il ne sert 25 d’aucune utilité ny plaisir, si ce n’est pour montrer l’inconvenience et une maniere fort ambarassée de former des lettres. Sur l’invention de ces 2 alphabetes il en faudra croire ce que les Esclavons en dizent eux même, pour moy je n’en ay pas pû avoir aucun esclaircissement d’ailleur. S. Hierome 12 f. remplasez . . . Cravates: unklar; möglicherweise denkt Sparwenfeld an die von A. Dalmata und S. Consul 1561 (gleichzeitig mit einer glagolitischen Version) veröffentlichte Übersetzung des Katechismus ins Kroatische unter Zugrundelegung des kyrillischen Alphabets; vgl. das Titelblattfaksimile bei M. Rupel, Primus Truber. Leben und Werk des slowenischen Reformators, München 1965, Anhang, Tafel V. 27–353,2 Sur l’invention . . . defectueux: Zur angeblichen Erfindung des glagolitischen Alphabets durch Hieronymus vgl. I, 17 N. 111 S. 144 Erl.

352 ii. allgemeiner und gelehrter briefwechsel 1700 N. 206<br />

passer pour fausses, d’autant plus que dans ces lettres Harvates on ne void pas beaucoup<br />

de livres ni Escrits ni imprimées, et ceux qui se trouvent sentent plutot le germanisme et<br />

les lettres latines, du moins selon leur nombre et imperfection, que les Greques, et c’est<br />

une marque de leurs imperfection que d’y observer qu’il y en a tant des Ciruliques, aux<br />

5 quelles il n’y a pas moyen de faire repondre les Glagolitiques, qui ne scauront manquer de<br />

defaut et de pauverté puisque tous les dialectes Esclavonnes ne sçauront commodement<br />

s’exprimer sans toutte l’alphabete Cirullique, que je tiens pour parfait, et l’autre n’en<br />

est qu’une mechante Copie, à ce qu’il m’en samble. Je dis donc que si les Glagolites ne<br />

s’accordent pas (ou ne suffisent pas) en tout avec les Ciruliques elles le devroint du moins<br />

10 faire pour estre parfaite[s]. Je ne les ay pas adjouté aux Ciruliques dans ma table, par<br />

ce que je les croi[s] necessaires, mais seulement par curiosité, puisqu’elles existent encore<br />

quelques parts, et se trouvent remplasez du temps de la reformassion per Hen. Dalmata<br />

et un autre Lutherien, pour enseigner le Cathechisme aux Cravates. les Glagolites qui<br />

manquent aux Nombres 29. 30. 31. 33. 35. 37. 38. 39. 4[0] font une preuve de ce que je viens<br />

15 de dire, c’est à dire de leurs imperfection[s], si les Ciruliques sont quelques fois Greques<br />

dans ces nombres susdits, et que ces lettres greques sont amployés pour exprimer non<br />

seulement les mos esclavons qui en sont capables, item ces mots Grecs, qui sont introduits<br />

avec la religion greque dans l’esclavon ou Moschovites, ces nombres ou lettres ne sont<br />

pas necessaires au Glagolitique puisque le Glagolitique n’a pas de mos Grecs en usage,<br />

20 mais plutot melé avec du Latinisme et Germanisme; au Contraire et ViceVersa il ne se<br />

trouve aucune lettre, ou maniere de prononcer aupres de l’Esclavon Glagollitique, que<br />

le Cirullique ne puisse rendre fidellement et entierement y respondre, puisque ces deux<br />

Caracteres ne different que, quoad magis et minus perfectum in numero et potestatibus.<br />

Et le Glagolitique sera le premier que je chasseray hors de ma liste, puisqu’il ne sert<br />

25 d’aucune utilité ny plaisir, si ce n’est pour montrer l’inconvenience et une maniere fort<br />

ambarassée de former des lettres.<br />

Sur l’invention de ces 2 alphabetes il en faudra croire ce que les Esclavons en dizent<br />

eux même, pour moy je n’en ay pas pû avoir aucun esclaircissement d’ailleur. S. Hierome<br />

12 f. remplasez . . . Cravates: unklar; möglicherweise denkt Sparwenfeld an die von A. Dalmata<br />

und S. Consul 1561 (gleichzeitig mit einer glagolitischen Version) veröffentlichte Übersetzung des Katechismus<br />

ins Kroatische unter Zugrundelegung des kyrillischen Alphabets; vgl. das Titelblattfaksimile<br />

bei M. Rupel, Primus Truber. Leben und Werk des slowenischen Reformators, München 1965, Anhang,<br />

Tafel V. 27–353,2 Sur l’invention . . . defectueux: Zur angeblichen Erfindung des glagolitischen<br />

Alphabets durch Hieronymus vgl. I, 17 N. 111 S. 144 Erl.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!