153 - Gottfried Wilhelm Leibniz Bibliothek

N. 204 ii. allgemeiner und gelehrter briefwechsel 1700 347
de vous en remercier tres-humblement, et de marquer la joye que j’ay d’ailleurs de voir
que mes foibles essais n’ont pas deplû à de si grands hommes, et à des juges si exacts.
J’espere même que cela me produira l’avantage de pouvoir jouir quelquesfois avant le
public des nouvelles lumieres que Vous découvrés tous les jours dans les sciences, et
que Vos avis et Vostre concours pourront m’aider et me redresser, lorsqu’il s’agira de 5
perfectionner et d’executer quelques pensées, que j’ay encor, et qui me paroissent de
quelque usage.
Cependant ne voulant pas Vous écrire une simple lettre de compliment, j’ay jugé
convenable de me servir de l’occasion, pour recourir à vostre jugement, Messieurs, sur une
matiere où le public s’interesse, qui nous exerce maintenant en Allemagne, sur laquelle 10
ceux qui y prennent part, me font l’honneur de me consulter, et où Vous estes des juges
tres competans. Voicy ce que c’est:
Les Etats protestans de l’Empire, reconnoissant que l’année Julienne qui avoit esté
en usage autresfois dans toute l’Eglise, et qu’ils ont gardée jusqu’icy s’éloignoit trop
du ciel, ont resolu depuis peu de la corriger avant la fin du siecle, et de se regler à 15
l’avenir sur la verité Astronomique. Et pour executer cette Resolution ils ont voulu que
le mois de Fevrier de cette année ne soit que de 18 jours, qu’on comptera le premier
de Mars avec le Calendaire Gregorien, et qu’on continuera durant tout le siecle suivant
de s’accorder avec eux à l’egard du stile des Dates, et à l’egard des Festes immobiles.
Et quant aux Festes Mobiles, qui dependent de la Feste de Pâques, leur intention est, 20
qu’on determine selon l’Astronomie l’Equinoxe du printemps et la premiere pleine lune
d’apres, à fin qu’ensuite le dimanche prochain soit le jour de Paque[s]. Ce qui leur donnera
moyen aussi, de lever bien des inconveniens causés par la difference des calendriers, et de
s’accorder ordinairement avec le Gregorien.
Or comme autresfois l’Eglise pour executer les canons du Grand Concile de Nicée, 25
et pour avoir le veritable temps pascal recourut aux Mathematiciens d’Alexandrie, il sera
convenable encor presentement de suivre les Avis des Astronomes excellens. Et puisque les
lettres patentes du Roy viennent d’établir pour tousjours l’Academie Royale des sciences
par une fondation magnifique, qui n’avoit point d’exemple encor dans la Chrestienté:
il paroist que Sa Majesté a donné en cela encor à l’Eglise un secours qui vient tout à 30
propos, et dont il eût esté à souhaitter qu’on se fût avisé plustost, en établissant des
15 resolu: Conclusum vom 27. September (7. Oktober) 1699; vgl. T h e a t r u m Europaeum 15,
1707, S. 696 f. 28 lettres patentes: Gemeint ist die Billigung der neuen Statuten der Académie des
sciences durch Ludwig XIV. vom 24. Januar.