153 - Gottfried Wilhelm Leibniz Bibliothek
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N. 193 ii. allgemeiner und gelehrter briefwechsel 1700 319 que vous m’aviés écrite, ne la pouvant pas trouver d’abord. Mais comme elle s’est retrouvée depuis, j’y reponds maintenant; et je vous aurois déja renvoyé vos Tables Chronologiques, si je n’estois occupé presentement à un travail, où elles me sont fort utiles. Ainsi je vous supplie d’avoir un peu de patience, et je vous les renvoyeray immanquablement. Mons. Poiret ne manque pas d’erudition, mais quant à son livre de eruditione solida, 5 il me semble qu’il auroit pu estre écrit par un homme bien intentionné quoyque destitué d’erudition. Car autant que je m’en souviens ce n’est qu’une Exhortation à la pieté. Il a raison sans doute de la preferer à la doctrine, mais il ne faut pas mepriser la derniere, et l’on doit estimer chaque chose suivant son prix. Quoyqu’on puisse estre sauvé, et vivre aussi en honneste homme, sans sçavoir ny le Rabbinage, ny l’Histoire, ny les Mathe- 10 matiques; il importe neantmoins au public qu’il y ait des hommes qui cultivent chacun celle de ces connoissances pour la quelle il aura le plus de talent. Et comme la profession generale que tous les hommes doivent faire de practiquer la vertu, ne s’oppose point à la profession particuliere qui fait que chacun tient son poste dans l’estat, comme soldat, marchand, peintre, avocat etc. il ne faut pas de meme blamer ceux qui s’appliquent à 15 certaines etudes comme par exemple à celles des medailles antiques, des langues, de la critique, etc. Car l’on sçait que bien loin que ces occupations particulieres empechent de practiquer les vertus Chrestiennes elles donnent plus tost le moyen de subsister honnestement, et de faire du bien. Outre que toutes ces études, servent (quoyque les unes plus directement que les autres) au grand but qu’on se doit proposer. L’Histoire qui comprend 20 les antiquités est utile à la preuve de la religion, elle nous fait apprendre les origines, elle nous instruit par des exemples. Les langues servent pour profiter des pensées d’autruy. Les mathematiques perfectionnent l’esprit, et dirigent les arts. Et ainsi des autres connoissances. Au reste il me semble que Mons. Poiret manque plus tost de moderation (qui 4 f. immanqvablement Absatz (1 ) Effectivement je ne trouue aucune erudition dans le liure de M. Poiret de Eruditione solida et superficiaria; cependant je ne laisse pas de croire qve M. Poiret en a: cela se voit par d’autres ouurages qv’il a faits, qvi marquent qv’il ne manqve ny de connoissance ny de penetration. Mais il me semble qv’il manque de moderation (2 ) Mons. Poiret L 7 Exhortation à (1 ) preferer la pieté à la doctrine en qvoy il a raison sans doute, (a) mais il (b) cependant il me semble qv’il porte (2 ) la pieté L 18 f. subsister (1 ) honnestement, et de vivre avec honneur (2 ) honnestement, et L 24 moderation (1 ) , et par conseqvent de charité (2 ) (qvi fait L 2 f. Tables Chronologiques: F. Tallents, A View of Universal History, [1680].
320 ii. allgemeiner und gelehrter briefwechsel 1700 N. 194 fait partie de la charité), que d’erudition, et qu’en cela il fait tout le contraire de ce qu’il preche. Je n’ay pas l’honneur de connoistre sa personne, mais il paroist un peu trop d’emportement dans ses écrits. C’est le moyen de se faire un parti, mais ce n’est pas le moyen de faire du fruit, et de corriger les hommes, au contraire en les irritant, on fait 5 qu’ils se roidissent. Quant à la Question, si les esprits agissent sur les corps et vice versa, elle est fort agitée parmy les Cartesiens les quels ne pouvant point comprendre comment les esprits agissent[,] s’imaginent ordinairement que c’est Dieu luy même qui pousse les corps selon le desir des esprits, ce qui me paroist peu raisonnable. Les anciens peres de l’Eglise 10 croyoient que les anges avoient une ame et un corps, aussi bien que nous, mais que leur corps estoient incomparablement plus subtils que les nostres; et en ce cas la difficulté touchant l’action des anges cesseroit avec les objections de M. Becker. Mais il est temps que je finisse, et je suis avec zele etc. 194. LEIBNIZ AN DANIEL ERNST JABLONSKI 15 Hannover, 23. Januar (2. Februar) 1700. [181. 231.] Überlieferung: E 1 Erstdruck nach dem nicht gefundenen Konzept: Kapp, Sammlung, 1745, S. 132–136; danach: Guhrauer, Schriften, 2, 1840, S. 138–141. E 2 Erstdruck nach einer nicht gefundenen, verworfenen Abfertigung: Kapp, a. a. O., S. 136 20 bis 139; danach Guhrauer, a. a. O., S. 142–144. 7–9 les qvels . . . raisonnable. unterhalb des Textes erg. L 12 Becker: B. Bekker, De Betorverde Weereld, 1691; vgl. I, 17 N. 411. Zu N. 194: Die nicht gefundene Abfertigung antwortet auf N. 181 und wird möglicherweise beantwortet durch N. 231. Die Vorlage zu E 2 trägt laut Kapp (Vorbem., S. 136) von Leibniz’ Hand den Vermerk ” aufgesetzet im Febr. 1700 aber nicht abgangen‘‘. Wegen der erheblichen inhaltlichen Abweichungen drucken wir beide Fassungen.
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depuis, j’y reponds maintenant; et je vous aurois déja renvoyé vos Tables Chronologiques,<br />
si je n’estois occupé presentement à un travail, où elles me sont fort utiles. Ainsi<br />
je vous supplie d’avoir un peu de patience, et je vous les renvoyeray immanquablement.<br />
Mons. Poiret ne manque pas d’erudition, mais quant à son livre de eruditione solida, 5<br />
il me semble qu’il auroit pu estre écrit par un homme bien intentionné quoyque destitué<br />
d’erudition. Car autant que je m’en souviens ce n’est qu’une Exhortation à la pieté. Il a<br />
raison sans doute de la preferer à la doctrine, mais il ne faut pas mepriser la derniere, et<br />
l’on doit estimer chaque chose suivant son prix. Quoyqu’on puisse estre sauvé, et vivre<br />
aussi en honneste homme, sans sçavoir ny le Rabbinage, ny l’Histoire, ny les Mathe- 10<br />
matiques; il importe neantmoins au public qu’il y ait des hommes qui cultivent chacun<br />
celle de ces connoissances pour la quelle il aura le plus de talent. Et comme la profession<br />
generale que tous les hommes doivent faire de practiquer la vertu, ne s’oppose point à<br />
la profession particuliere qui fait que chacun tient son poste dans l’estat, comme soldat,<br />
marchand, peintre, avocat etc. il ne faut pas de meme blamer ceux qui s’appliquent à 15<br />
certaines etudes comme par exemple à celles des medailles antiques, des langues, de la<br />
critique, etc. Car l’on sçait que bien loin que ces occupations particulieres empechent de<br />
practiquer les vertus Chrestiennes elles donnent plus tost le moyen de subsister honnestement,<br />
et de faire du bien. Outre que toutes ces études, servent (quoyque les unes plus<br />
directement que les autres) au grand but qu’on se doit proposer. L’Histoire qui comprend 20<br />
les antiquités est utile à la preuve de la religion, elle nous fait apprendre les origines, elle<br />
nous instruit par des exemples. Les langues servent pour profiter des pensées d’autruy.<br />
Les mathematiques perfectionnent l’esprit, et dirigent les arts. Et ainsi des autres connoissances.<br />
Au reste il me semble que Mons. Poiret manque plus tost de moderation (qui<br />
4 f. immanqvablement Absatz (1 ) Effectivement je ne trouue aucune erudition dans le liure de<br />
M. Poiret de Eruditione solida et superficiaria; cependant je ne laisse pas de croire qve M. Poiret en a:<br />
cela se voit par d’autres ouurages qv’il a faits, qvi marquent qv’il ne manqve ny de connoissance ny de<br />
penetration. Mais il me semble qv’il manque de moderation (2 ) Mons. Poiret L 7 Exhortation à<br />
(1 ) preferer la pieté à la doctrine en qvoy il a raison sans doute, (a) mais il (b) cependant il me semble<br />
qv’il porte (2 ) la pieté L 18 f. subsister (1 ) honnestement, et de vivre avec honneur (2 ) honnestement,<br />
et L 24 moderation (1 ) , et par conseqvent de charité (2 ) (qvi fait L<br />
2 f. Tables Chronologiques: F. Tallents, A View of Universal History, [1680].