153 - Gottfried Wilhelm Leibniz Bibliothek

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N. 142 ii. allgemeiner und gelehrter briefwechsel 1700 209 Monsieur, A Stockholm ce 23. de Dec. 1699. Je ne dois pas vous excuser la lenteur de ma réponse, vous en sçavez desja la raison, Mons r le Baron de Groote m’a assuré de vous l’avoir mandée; et je suis persuadé, que vous aurez assez de bonté à mon egard, pour la trouver legale. J’avois pris congé de la Reine Grande Mere, le 24. d’Octobre dernier, et le Roy me le vouloit donner le lendemain, 5 quand la nuict je fus accablé d’une maladie, qui en peu de jours acquit tant de force, que mon unique soin fût, de me munir de bonne heure de la St e Eucharistie, contre les douleurs de la mort; pour n’en étre pas inhabile, en cas que la raison succombât, à la griefveté du mal. Ma crainte n’en fut pas vaine; Car le 3 me jour de là, je fus hors de raison, meme sans sens, et pendant 10 à 12. jours dans un Continuel sommeil, ou, pour 10 mieux dire, assoupissement. Le Premier Medicin du Roy, dépuis l’an 74 (que nous étions ensemble à l’assemblée de Cologne, où il fut avec feu M r le Comte Tott) mon intime Amy, voyant que tous les remedes, qu’il m’ordonnoit, ne me soulageoient point, avoit (à ce qu’il me dit) desesperé [de] ma vie; mais considerant, que le mal éstoit d’une telle force, qu’une nature épuisée n’y auroit pû resister 2. ou 3. jours au plus, et qu’ainsy elle ne 15 seroit qu’oppressée, s’étoit avisé à la fin, parce-que la seignée, le plus promt soulagement en de tels accidents, avoit été negligé des le commencement, de me faire appliquer des Cantharides; qui avoient produit un assez bon Effect. La raison et les Sens exterieurs, c’est à dire l’Oüie, et le sentiment m’étoient en suite revenus. Mais quoyque sorty du danger le plus considerable, j’ay continué plusieurs semaines, de sentir de la foiblesse, qui 20 m’a mis dans une Inaction, la quelle, jointe à un tremblement de mains (qui cesse, graces à Dieu, maintenant) m’a empeché de rendre mes devoirs à plusieurs Amys, qui m’avoient honoré de leurs lettres. Les Vostres sont des premiers, à qui je reponds, puisqu’elles me sont des plus cheres. Et comme je suis persuadé, que ma Guerison vous causera de la joye, vous le devez étre en echange, que par cella-là, vous est conservé un tres affidé Amy 25 et Serviteur. Ma Maladie est cause, que je n’ay pas pû songer au[x] Commissions dont il vous a plû de m’honorer. Mais aussy tost, que dépuis quelques Jours j’ay été en Estat de revoir la Cour, je n’ay pas oublié de presser Mons r de Sparwenfeld sur le livre mss. de feu M r le 3 Baron de Groote: Th. Grote. 3 mandée: vgl. I, 17 N. 374. 4 f. la Reine Grande Mere: Hedwig Eleonore, Herzogin von Holstein-Gottorp. 5 le Roy: Karl XII. von Schweden. 11 Le Premier Medicin: U. Hiärne. 12 assemblée de Cologne: vgl. N. 218 u. Erl. 29 le livre: vgl. I, 14 N. 16, S. 30; I, 17 N. 281 u. N. 331.

210 ii. allgemeiner und gelehrter briefwechsel 1700 N. 142 Comte de la Gardie. J’ay aussy parlé à Mons r Staude des Traittez, que S. Ex ce M r le Comte Benoist vous avoit fait esperer. Mais comme tout va icy lentement, je n’en ay encore tiré que des promesses. Mons. de Strahlenheim ne m’a pas encore repondu; Je croy, que son départ pour 5 Vienne l’en aura empeché. Le Voyage, que j’ay medité pour Vienne, n’est pas trop assuré; Et ma griefve maladie, n’en a fait naistre, que trop d’obstacles. Je suis bien aise, d’avoir appris par vostre lettre, que c’est une Erreur de nos Genealogistes, que ce Mariage d’Albert Duc de Brounswich, et que son Epouse Alexine a été de Monferrat. J’ay dépuis appris le même d’un livre du Comte Zabarella, d’ont Mons r 10 de Sparfwenfeld m’a fait present. Mons r de Peringskiöld m’a prié de vous assurer de ses Respects. C’est une personne fort sçavante pour ce qui regarde l’histoire de Suede, et son exactitude. Il m’a vû fort souvent, lorsque le plus fort de maladie étoit passé; et m’a fait fort agreablement passer plusieures heures. J’ay eu occasion de luy rendre quelque petit service. Il a fait graver en taille douce, les 512. Agnates ou Ancêtres de sa M té de Suede, 15 et m’y a employé, pour les suppleer où il y entroit des familles Allemandes et françaises. Ce qui a fait une Amitié entre nous, d’ont je ne laisse pas de profiter. Cet homme, qui a été arresté, pour avoir fait des relations injurieuses, quoyqu’assez judicieuses, de la Cour de Suede, s’appelle Menden, et étoit dans quelque engagement de Wolffenbuttel. Je croy, qu’à present il est relaché (car on n’en parle plus) et que l’on 20 a jugé à propos d’assoupir cette affaire, suivant la Regle de Tacite, Spreta exolescunt, si irascaris agnita videntur. Je vous prie, de ne pas oublier mes tres-humbles Respects, auprés de Son Ex ce Mons r le Comte de Platho, et de me croire avec beaucoup de zele et de l’Estime pour vous Monsieur Vostre treshumble et tresobeissant Serviteur C. N. de Greyffencranz. 25 P. S. L’Estat de ma Santé m’arretera encore quelques semaines icy. 1 Traittez: vgl. I, 14 N. 16, S. 32; I, 17 N. 281 u. N. 331. 1 f. le Comte Benoist: Bengt Graf Oxenstiern. 8 Mariage: vgl. I, 17 N. 335, S. 559 mit Leibniz’ Textnote. 9 Zabarella: vgl. J. Zabarella, Merovea sive familiarum Brandeburgicae et Zollenses [!] in Germania origines, 1660. 14 graver . . . douce: Ein Kupferstich wurde nicht ermittelt; vgl. aber die Greiffencrantz’ Angaben entsprechende Ahnentafel im Anhang zu J. Peringskiöld, Ättartal för Swea och Götha Konunga Hus, Stockholm 1725; das Exemplar der Niedersächs. Landesbibl. Hannover (Sign.: Gm-A 7302) stammt aus dem Besitz von J. G. Sparwenfeld. 20 f. Spreta . . . videntur: P. Cornelius Tacitus, Annales, 4, 34.

N. 142 ii. allgemeiner und gelehrter briefwechsel 1700 209<br />

Monsieur, A Stockholm ce 23. de Dec. 1699.<br />

Je ne dois pas vous excuser la lenteur de ma réponse, vous en sçavez desja la raison,<br />

Mons r le Baron de Groote m’a assuré de vous l’avoir mandée; et je suis persuadé, que<br />

vous aurez assez de bonté à mon egard, pour la trouver legale. J’avois pris congé de la<br />

Reine Grande Mere, le 24. d’Octobre dernier, et le Roy me le vouloit donner le lendemain, 5<br />

quand la nuict je fus accablé d’une maladie, qui en peu de jours acquit tant de force,<br />

que mon unique soin fût, de me munir de bonne heure de la St e Eucharistie, contre les<br />

douleurs de la mort; pour n’en étre pas inhabile, en cas que la raison succombât, à la<br />

griefveté du mal. Ma crainte n’en fut pas vaine; Car le 3 me jour de là, je fus hors de<br />

raison, meme sans sens, et pendant 10 à 12. jours dans un Continuel sommeil, ou, pour 10<br />

mieux dire, assoupissement. Le Premier Medicin du Roy, dépuis l’an 74 (que nous étions<br />

ensemble à l’assemblée de Cologne, où il fut avec feu M r le Comte Tott) mon intime<br />

Amy, voyant que tous les remedes, qu’il m’ordonnoit, ne me soulageoient point, avoit (à<br />

ce qu’il me dit) desesperé [de] ma vie; mais considerant, que le mal éstoit d’une telle force,<br />

qu’une nature épuisée n’y auroit pû resister 2. ou 3. jours au plus, et qu’ainsy elle ne 15<br />

seroit qu’oppressée, s’étoit avisé à la fin, parce-que la seignée, le plus promt soulagement<br />

en de tels accidents, avoit été negligé des le commencement, de me faire appliquer des<br />

Cantharides; qui avoient produit un assez bon Effect. La raison et les Sens exterieurs,<br />

c’est à dire l’Oüie, et le sentiment m’étoient en suite revenus. Mais quoyque sorty du<br />

danger le plus considerable, j’ay continué plusieurs semaines, de sentir de la foiblesse, qui 20<br />

m’a mis dans une Inaction, la quelle, jointe à un tremblement de mains (qui cesse, graces<br />

à Dieu, maintenant) m’a empeché de rendre mes devoirs à plusieurs Amys, qui m’avoient<br />

honoré de leurs lettres. Les Vostres sont des premiers, à qui je reponds, puisqu’elles me<br />

sont des plus cheres. Et comme je suis persuadé, que ma Guerison vous causera de la<br />

joye, vous le devez étre en echange, que par cella-là, vous est conservé un tres affidé Amy 25<br />

et Serviteur.<br />

Ma Maladie est cause, que je n’ay pas pû songer au[x] Commissions dont il vous a<br />

plû de m’honorer. Mais aussy tost, que dépuis quelques Jours j’ay été en Estat de revoir<br />

la Cour, je n’ay pas oublié de presser Mons r de Sparwenfeld sur le livre mss. de feu M r le<br />

3 Baron de Groote: Th. Grote. 3 mandée: vgl. I, 17 N. 374. 4 f. la Reine Grande Mere:<br />

Hedwig Eleonore, Herzogin von Holstein-Gottorp. 5 le Roy: Karl XII. von Schweden. 11 Le<br />

Premier Medicin: U. Hiärne. 12 assemblée de Cologne: vgl. N. 218 u. Erl. 29 le livre: vgl. I, 14<br />

N. 16, S. 30; I, 17 N. 281 u. N. 331.

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