153 - Gottfried Wilhelm Leibniz Bibliothek

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06.12.2012 Views

N. 70 i. haus braunschweig-lüneburg 1700 95 ou la definition d’un Estre en General, ce que c’est qu’une contradiction, Affirmation, Negation, Souverain bien, la prosperité, le Contentement, un syllogisme etc. La troisieme objection est: Qu’[il] est impossible de penser à quelque chose, sans s’en former une idée corporelle. Par exemple, si on pense à un ange, on se figure un garçon, qui a des ailes, si l’on pense à Dieu, on se figure un veillard avec une barbe longe et grise. Je 5 responds[:] Que si la plus grande partie des hommes, se forme de semblables idées, c’est parce que nous sommes accoustumés, des nostre jeunesse, de n’avoir representé à nostre imagination, que des choses corporelles. Neantmoins quand je pense à Dieu, je laisse là les images, par lesquelles on a coutume de le representer, comme des Idées, non seulement fausses mais aussi contredictoires, et je considere Dieu, comme un Estre spirituel qui n’a 10 point de dependence d’aucun autre, ou comme un Estre ayant touts les perfections. On peut tout de mesme concevoir fort bien les attribues de Dieu, comme sa toutepuissance, sa toutescience, sans aucune figure. Cela est si vray que je trouve possible aussy de concevoir de certaines choses corporelles clairement et distinctement, de[s] quelles il est impossible de former une idée, c’est 15 à dire, de representer à nostre phantasie ou l’imagination une telle figure. Par exemple, je puis contempler parfaitement un Millange regulier et meme en faire une definition exacte, à scavoir, que c’est une figure, qui a mille lignes egales, d’une certaine longeur chacune, et mille angles egaux, d’un certain nombre de degrés chacun, mais il est impossible de representer à mon imagination la figure d’un Millange. Il n’y a meme homme du monde, 20 pour vive que soit son imagination, qui soit seulement capable, de se representer au juste un ving[t]-angle regulier. 3. Il reste encore la question de quelle maniere l’ame exerce ses operations, quand elle considere des choses corporelles. A quoy je responds ingenuement, avec Des-Cartes, grand Philosophe, que parce qu’il 25 n’y a la moindre proportion entre l’Esprit et une chose corporelle, il est aussy impossible à la raison humaine de comprendre l’union de l’Ame avec le Corps, qu’il est impossible de dire la raison, pourquoy et par quel moyen nostre ame puisse se former une Idée des choses corporelles, non seulement de celles que nous voyons, mais aussy de celles que l’on marque par de simples figures, et bien moins encore pouvons nous comprendre de quelle 30 maniere nous puissions nous souvenir qu’il y a un Dieu, un Ange, un Monstre, quand nos yeux voyent et lisent ces characteres[:] DIEU. ANGE. MONSTRE. 17–20 Millange . . . Millange: vgl. ebd., Meditatio Sexta (a. a. O., S. 72). 25 responds: vgl. ebd. (a. a. O., S. 81 Z. 1–14).

96 i. haus braunschweig-lüneburg 1700 N. 71 Il ne s’en suit pourtant nullement: Nous ne scaurions expliquer l’operation de l’ame, au regard des representations corporelles, Ergo, il n’y a point de distinction reelle entre l’Esprit et le Corps en general, ou entre l’Ame et le Corps humain en particulier: Ergo, ce n’est rien que l’Esprit, que l’Ame. Nous ne scavons pas de quelle maniere un petit 5 gland puisse produire un grandissime chesne, nous ne scavons non plus le Magnetisme, la cause du fluxe et refluxe de mer, et quand nous allons dans le detail des choses naturelles, nous n’en scavons presque rien, mais pour cela nous ne pouvons pas revoquer en doute et encore moins nier les operations de la nature. A touts ces raisonnements de philosophie, j’ajoute en fin l’autorité de la sainte 10 Escriture. Jesus Christ, la verité meme, dit expressement Matth. X. v. 28.: N e c r a i g n e z p o i n t c e u x , q u i t u e n t l e C o r p s , e t n e p e u v e n t t u e r l ’ a m e , m a i s p l u s t o s t c r a i g n e z c e l u y q u i p e u t d e s t r u i r e l ’ a m e e t l e c o r p s e n l a G e h e n n e. Ergo: L’Ame est un veritable Estre, reellement dis- 15 tingué du Corps de l’homme, dont l’un peut estre tué, l’autre Non. Dans la sapience de Salomon III v. 1. L e s a m e s d e s J u s t e s s o n t e n l a m a i n d e D i e u , e t n u l t o r m a n t n e l e s t o u c h e r a. Ergo, il y a de difference entre l’Ame et le Corps, dont l’un se trouve dans le tombeau, l’autre en la main de Dieu. 20 Je fini avec nostre Seigneur Johan. XVII v. 17: M o n P e r e s a n c t i f i e - l e s p a r t a v e r i t é , t a p a r o l e e s t v e - r i t é. 71. JOHANN GEORG ECKHART AN LEIBNIZ Hannover, 3. Juni 1700. [67. 73.] 25 Überlieferung: K Abfertigung: LBr. 228 Bl. 71–72. 1 Bog. 4 o . 1 S. Eigh. Aufschrift. Siegel. Postverm. Proximas tuas die 29 Maji datas recte accepi. Miror autem in iis nullam antecedentium mearum literarum mentionem fieri, atque ideo dubito an omnes acceperis. Antiqui- Zu N. 71: K antwortet auf N. 67. 27 Proximas: N. 67.

96 i. haus braunschweig-lüneburg 1700 N. 71<br />

Il ne s’en suit pourtant nullement: Nous ne scaurions expliquer l’operation de l’ame,<br />

au regard des representations corporelles, Ergo, il n’y a point de distinction reelle entre<br />

l’Esprit et le Corps en general, ou entre l’Ame et le Corps humain en particulier: Ergo,<br />

ce n’est rien que l’Esprit, que l’Ame. Nous ne scavons pas de quelle maniere un petit<br />

5 gland puisse produire un grandissime chesne, nous ne scavons non plus le Magnetisme, la<br />

cause du fluxe et refluxe de mer, et quand nous allons dans le detail des choses naturelles,<br />

nous n’en scavons presque rien, mais pour cela nous ne pouvons pas revoquer en doute<br />

et encore moins nier les operations de la nature.<br />

A touts ces raisonnements de philosophie, j’ajoute en fin l’autorité de la sainte<br />

10 Escriture.<br />

Jesus Christ, la verité meme, dit expressement Matth. X. v. 28.: N e c r a i g n e z<br />

p o i n t c e u x , q u i t u e n t l e C o r p s , e t n e p e u v e n t t u e r l ’ a m e ,<br />

m a i s p l u s t o s t c r a i g n e z c e l u y q u i p e u t d e s t r u i r e l ’ a m e e t<br />

l e c o r p s e n l a G e h e n n e. Ergo: L’Ame est un veritable Estre, reellement dis-<br />

15 tingué du Corps de l’homme, dont l’un peut estre tué, l’autre Non.<br />

Dans la sapience de Salomon III v. 1. L e s a m e s d e s J u s t e s s o n t e n<br />

l a m a i n d e D i e u , e t n u l t o r m a n t n e l e s t o u c h e r a. Ergo, il y a<br />

de difference entre l’Ame et le Corps, dont l’un se trouve dans le tombeau, l’autre en la<br />

main de Dieu.<br />

20 Je fini avec nostre Seigneur Johan. XVII v. 17:<br />

M o n P e r e s a n c t i f i e - l e s p a r t a v e r i t é , t a p a r o l e e s t v e -<br />

r i t é.<br />

71. JOHANN GEORG ECKHART AN LEIBNIZ<br />

Hannover, 3. Juni 1700. [67. 73.]<br />

25 Überlieferung: K Abfertigung: LBr. 228 Bl. 71–72. 1 Bog. 4 o . 1 S. Eigh. Aufschrift. Siegel.<br />

Postverm.<br />

Proximas tuas die 29 Maji datas recte accepi. Miror autem in iis nullam antecedentium<br />

mearum literarum mentionem fieri, atque ideo dubito an omnes acceperis. Antiqui-<br />

Zu N. 71: K antwortet auf N. 67. 27 Proximas: N. 67.

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