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153 - Gottfried Wilhelm Leibniz Bibliothek

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94 i. haus braunschweig-lüneburg 1700 N. 70<br />

tems, à l’autre. De cette maniere un triangle est reellement distingué d’un Cercle, l’eau<br />

du feu, le bois des pierres, un Vaisseau d’une Grotte, un homme d’une pyramide, parce<br />

qu’on peut comprendre clairement un triangle, et en faire une definition exacte, sans<br />

avoir besoin de songer à un Cercle, et ainsi du reste.<br />

5 De toutes choses donc, qui sont reellement distinguées, on peut dire avec verité, que<br />

l’une n’est pas l’autre, mais que ce sont deux choses differentes, par exemple, si l’on peut<br />

se former une Idée claire et distincte d’une assiette, sans penser à une bouteille, il s’en<br />

suit, qu’une assiette n’est pas une bouteille, et qu’une bouteille n’est pas une assiette.<br />

Pour faire application de ces maximes incontestables, au cas, dont il s’agit, je dis,<br />

10 que parce qu’on peut concevoir le Corps de l’homme en general, et toutes ses parties en<br />

particulier, et en faire la definition sans faire la moindre reflexion, si, par exemple le doigt,<br />

le bras, l’estomac pense actuellement, ou s’il est au moins capable de penser, on peut<br />

conclure demonstrativement de là, que nostre c o r p s , et ce que j’appelle P e n s e r ,<br />

sont des choses reellement distinguées, et que l’on puisse dire avec verité que nostre Corps<br />

15 n’est pas nostre Ame, et que nostre Ame n’est pas nostre Corps.<br />

Voyons à cette heure quelles objections ou scrupules on pourroit former contre cette<br />

demonstration.<br />

La premiere est: Si les pensées de l’Homme sont quelques choses de reellement distingué<br />

d’avec le Corps de l’homme [elles] seront un pur et simple Rien.<br />

20 Je responds à cela. Chacun scait par sa propre experience, que c’est une action que<br />

de penser. Cecy est si constant, qu’on peut se fatiguer autant à force de penser, qu’à<br />

force de labourer la terre, ou de battre le bled: Ergo: Penser n’est pas un simple Rien,<br />

mais un veritable Estre.<br />

La deuxieme objection est, si ce par lequel l’homme pense estoit quelque chose de<br />

25 reellement distingué d’avec le Corps; il faudroit que l’object du penser fut quelque chose<br />

aussi de reellement distingué d’avec l’extension, ce qui n’est pourtant pas; parce qu’on<br />

ne peut penser qu’à des choses, qui ont quelque figure.<br />

Je responds: L’object d’une pensée peut estre non seulement une extension ou chose<br />

corporelle, mais aussy une chose, qui soit un esprit, ou du moins abstractiv de l’extension.<br />

30 Par exemple, quand on pense à Dieu, ou aux Anges, si l’on pense, ce que c’est que le<br />

temps, ce que c’est que la Necessité ou la Liberté en General, en quoy consiste l’essence<br />

14 f. dire . . . nostre Corps: vgl. ebd., Meditatio Sexta (a. a. O., S. 85 Z. 28 – S. 86 Z. 1).

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