153 - Gottfried Wilhelm Leibniz Bibliothek

N. 70 i. haus braunschweig-lüneburg 1700 93
2. Si entre le Corps, et l’Ame raisonnable, il y a une distinction reelle ou non?
3. De quelle maniere l’Ame exerce ses operations?
J’entends par le mot de C o r p s , tout ce qui a une extension selon sa longeur,
largeur et profondeur.
Personne ne doute de la verité de cette definition, parce que non seulement on peut 5
comprendre l’Extension de son corps mesme, mais aussy quant au parties exterieurs la
voir et la taster.
J’entends par le mot de l ’ A m e , une chose ou un Estre qui pense. Personne ne
pourroit sçavoir exactement ce que c’est qu’une Ame, si nous n’en eussions pas nous
mesmes: Mais quand nous nous appercevons par une experience manifeste, que dans 10
nostre machine, outre l’extension, se trouve quelque chose qui pense, c’est à dire, qui a
de l’entendement, qui veut une chose, et ne veut pas l’autre, qui desire, qui affirme ou
nie, qui juge et decide, qui doute d’une chose et croit sçavoir de science certaine l’autre.
Quand nous nous appercevons de cela, dis-je, nous pouvons estre asseuré que l’Ame est
un Estre qui pense, ou du moins, qui est capable de penser, à moins qu’il n’en soit 15
empeché par des raisons accidentelles.
2. Pour s’eclaircir, si l’Ame est un Estre qui a une distinction reelle d’avec l’Extension,
il faut sçavoir qu’il faille, ou que la philosophie et la raison naturelle nous fournisse
une marque certaine et infaillible, par laquelle une chose se distingue reellement de l’autre,
ou que toutes les sciences et la conversation mesme cessent, car si tout estoit la meme 20
chose et il n’y eut de distinction reelle entre quoy que ce soit, on ne pourroit rien prouver,
ne raisonner de rien, et ne parler de rien, car si nous voulions, par exemple, parler d’une
arbre, ce seroit autant, que de parler d’une montagne, de l’eau, de l’air, du Ciel, de la
terre, d’un chateau, d’un clocher, ou de tout ce qui nous plaira.
Je pose donc, selon les regles de la Philosophie, pour marque veritable et unique 25
d’une Distinction Reelle, qu’une chose est reellement distinguée de l’autre, quand on
peut comprendre clairement et distinctement l’une, sans avoir besoin de songer, en meme
3 ce qu’il K, korr. Hrsg. 13 l’autres K, korr. Hrsg. 21 quoy ce ce K, korr. Hrsg.
3 J’entends . . . C o r p s : Molanus bezieht sich im folgenden auf die speziellen Begriffe bei R.
Descartes; vgl. dessen Meditationes de prima philosophia, 1641: Meditatio secunda (Ch. Adam et
P. Tannery, Œuvres, 2. Aufl., 7, Paris 1964, S. 26 Z. 14–18). 8 J’entends . . . l ’ A m e : vgl. ebd.
(a. a. O., S. 28 Z. 20).