Leibniz, Akademie-Ausgabe, Bd. I, 22 - Gottfried Wilhelm Leibniz ...

N. 442 ii. allgemeiner und gelehrter briefwechsel 1703 763
laisser sauver du precipice. Tous les Rois du Nord y sont plus interessés qu’ils ne paroist
à bien des gens chez eux, et feu M. le Chancelier Puffendorf en estoit persuadé il y a
long temps quand les Bourbons estoient encor bien eloignés d’absorber la Monarchie
d’Espagne. Mais il paroist que le Roy de Suede encor ne profite pas comme il seroit à
souhaiter pour luy et pour les autres, des graces que le Ciel luy fait. On croit souvent 5
s’attacher au solide, quand on neglige ce qui est plus eloigné, mais il y aura un temps que
les Bourbons commanderont le Nord la baguette à la main, et feront restituer ce qui bon
leur semblera quand ils auront mis une creature sur le trône d’Angleterre, et quand ils
auront forcé la Hollande à quitter le soin des affaires publiques. Je ne dis rien de l’Italie,
où les maisons de Florence, Parme, Mantoue semblent estre sur le point d’expirer au 10
profit des Bourbons ou de leur creatures. Je ne doute point aussi qu’apres une mechante
paix la Maison de Bourbon ne soit le maistre des elections des Evechés entre le Rhin et le
Weser, et meme au delà, et que les Eveques (simples gentilshommes ordinairement) ne se
soumettent entierement à la protection de cette Maison tant pour procurer du bien à leur
familles que par haine contre les protestans, et que le pretexte de la restitution du bien 15
des Eglises secularisées ne revienne plus que jamais sur le tapis. Enfin il n’y aura que trop
tost un temps que ceux qui tranchent tant du souverain aujourdhuy auront à craindre la
bastille ou la messe, ou plustost et la bastille et la messe. Si quelcun croit de s’en exemter,
et de profiter dans les troubles, on luy fera peutestre la grace de Polypheme, mais c’est
une miserable consolation; et negliger sa posterité, pour quelque avantage present n’est 20
ny genereux ny excusable. Je ne vois que le Roy qui puisse prevenir ces maux, et je
m’imagine qu’on sera assez sage par tout pour entrer dans les mesures que Sa M té seule
peut prendre assez efficacement dans l’Empire. Si ce grand Prince en use (comme je
n’en doute point), d’une maniere cordiale et capable de persuader tout le monde non
seulement de son zele et desinteressement, mais encor d’une certaine condescendance qui 25
est necessaire au chef d’un grand parti.
3 long temps (1 ) et il croyoit qv’il y auroit un temps qv’ils (2 ) qvand L 9–11 Je ne . . . creatures
erg. L 15 contre les | princes gestr. | protestans L
1 Rois: Friedrich IV. von Dänemark und Norwegen und Karl XII. von Schweden. 2 Chancelier:
E. von Pufendorff, gest. 1689, zeitweilig Kanzler des seit 1648 unter schwedischer Herrschaft stehenden
Herzogtums Bremen. 8 creature: Frankreich unterstützte den Anspruch Jakob Eduard Stuarts auf
die englische Krone. 19 grace de Polypheme: vgl. Homeros, �������� 9, 369 f.