Leibniz, Akademie-Ausgabe, Bd. I, 22 - Gottfried Wilhelm Leibniz ...

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05.12.2012 Views

656 ii. allgemeiner und gelehrter briefwechsel 1703 N. 384 car je me persuade Le Roy même n’êt aucunement informé des milliones des desordres et abus dans ces prisons. On a voulu bien cachér et faire mistère des raisones de mon imprisonement, mais moy même remarquant qu’ils insisterent plus sur ces deux points 7 ou 8 fois dans leur examinations viz mon parenté avec l’êvêque de Salisbury et l’honneur 5 d’une si bonne receptione aux cours d’Hanover et Berline, Je ne doubtois plus qu’i[ls] me portassent haine et envie à cause de ces deux: peutêtre si j’eusse allé à S t Germain ils m’auroient êté plus favorable aussi. Je n’ay pas baucoup de vous ecrire de ce lieu où je suis, al egard des affaires des sciences ou des letres. Il y a ici plus des savans della seconde ou troisieme classe qu’à 10 aucun endroit où j’ay êté de si peu d’etendu. Il y a ici aussi 3 ou 4 qui meritent bien être considérés au dessus bien des autres. Mais il n’y passet rien si considerable ou si nouveau pour meritér l’attentione de vôtre curiosité. Je ne sais pas pourtant, si vous sachiez, que c’êt ici que s’imprime par la Soc. de[s] Libraires Les Critiques de fameux Pere Pagy sur toutes les Annales de Baronius. Ce Manuscript êt reveu des mains de 15 Pere Pagi Le Cordelier d’aujourdhoui (son Frere ou Nepheu) qui fait foy della verité del origenal, et qui a ajouté quelques endroits de sa propre fasson. Il y aura 4 grand volumes en folio ce qu’agrandira l’ouvrage de baucoup en compairison de premiere editione come vous savez bien. J’en ay veu quelques cayérs chez l’imprimeur qui furent parfaitement bien imprimés et sur de bon papier. les caracteres pour l’impressione sont nouvelles et 20 faites exprés (à ce qu’on dit) ce que les fait bien paroitre dans cet ouvrage. Il y a assez de citationes mais fort peu de quotationes des autheurs greques par tout le livre. Monsieur Turetin le professeur ici (dont on ne sauroit pas assez rehaussér le merit) a un soin particulier de cette impressione et en revoye et examine chaque foile qui s’imprimet, affin qu’aussi peu d’erreures d’impressione y entrent que soit possible. Monsieur L’Abbé 25 Longrue (Je me souviens bien) m’a parlé toujours de cet manuscript posthume del Autheur, non seulement come d’un ouvrage complet, mais d’un critique plus exacte. Al egard de Mons r Turetin je le regarde come une de plus grand genies de ce siecle, et une des plus grandes rarité[s] de cet vaste continent hors d’Engleterre; come vous en êt[es] une autre. Il n’a pas une science si universelle, mais ce qu’i[l] connoit il connoit bien, 4 êvêque: G. Burnet. 6 à S t Germain: Gemeint ist wohl der Hof des exilierten, von Seiten Frankreichs anerkannten englischen Kronprätendenten Jakob Eduard Stuart ( ” the Old Pretender‘‘). 13 Critiques: A. Pagi, Critica historico-chronologica in Annales ecclesiasticos Caesaris Cardinalis Baroni, 1705. 15 Pere . . . d’aujourdhoui: der Neffe F. Pagi. 17 premiere editione: der von A. Pagi (vgl. SV.) selbst hrsg. Bd 1 von 1689. 22 Turetin: J. A. Turrettini. 24 f. L’Abbé Longrue: L. Du Four de Longuerue.

N. 384 ii. allgemeiner und gelehrter briefwechsel 1703 657 et dans la matiere theologique pour l’excellence et l’elevatione de pensé, la solidité du raisonement, la neteté del expressione, et la bonne, claire, et distincte maniere de dire les choses il semble possedér l’esprit de notre Tillitson à une mesure baucoup au dessus son age. Il entends fort bien la philosophie, il semble avoir une exa[c]titude aussi bien qu’inclinatione naturelle pour les antiquités, pour les medailes, la chronologie, mais prin- 5 cepalement pour l’histoire Ecclesiastique dont on l’a qualifié du titre de professeur il y a long temps. Il preche bien, dit on, en fransois, Italien et Anglois, et je puis dire d’avoir entendu prechér, et haranguer en perfectione en fransois et en latin. Il a eu plusieures lessons publiques al egard des Albigeois et l’histoire del Eglise de ce temp là, apres il a eu 2 ou 3 della transubstation, et della creance de presence réelle: et je puis dire de n’avoir 10 jamais entendu des discours si claires, distinctes, et si bien suivis. Il êt en verité dans un trop petit sphere pour faire agir son esprit. Il meriteroît bien deja un chair de professur à Leide, et si je êtoit sûr qu’il avoit toute la connoissance de feu Monsieur Spanheim, je ne hesiterois point de dire qu’il s’expliqueroit baucoup mieux distinctement, et d’une stile baucoup plus latine au moins par raport toujours à son sujet. Je voudrois que vous vissiez 15 son harangue de l u d i s s e c u l a r i b u s qu’il a dedié aux fameux Doctor Floyd le present evêque de Woster. Il a montré en cet harangue sa connoissance en chronologie, et l’antiquité prophane; et dans ces lessons sur la presence réelle la connoissance del antiquité ecclesiastique, aussi bien que del’histoire ecclesiast. et civille moderne, et dans son harangue funebre de Guilliaume III d’Engleterre il a montré (à ce me semble) son 20 art oratoire, et la belle latinité à même temps. Il vit encore bien en grande exemple par sa conduite chretienne en maniere eminente. Notre grande moraliste ou Seneque Anglois Jeremie Taylor, avoit pris pour lui même par humilité une sentence d’un des peres (je suppose de S t Bernard) Non magna loquimur sed vivimus! Et Monsieur Turetin le jeun fait l’un et l’autre: Je vous demanderois pardon pour vous avoir tant dit sur ce point si 25 je n’êtois point persuadé que vous jugerez facilement que c’êtoit le melieur sujêt de cette ville ici. Je me souviens bien de vôtre maxime quand vous m’avez dit que v o u s n e m e p r i t h i e z p a s l e s p e t i t e s c h o s e s m ê m e s. C’êt le caractere propre de vôtre merit singulier de prendre plaisir d’entendre dire quelque chose des merits des 3 Tillitson: J. Tillotson, Erzbischof von Canterbury. 6 qualifié: 1697. 13 feu . . . Spanheim: der 1701 verstorbene Professor für Theologie an der Universität Leiden, F. Spanheim, dessen Schüler Turretini war. 16 l u d i s s e c u l a r i b u s : vgl. SV. 16 Floyd: Gemeint ist W. Lloyd, seit 1699 Bischof von Worcester. 20 harangue funebre: J. A. Turretini, In obitum Guilielmi III Magnae Britannicae Regis, oratio panegyrica, 1702. 24 Non . . . vivimus: Cyprian, De bono patientiae, 3. 27 dit: nicht identifiziert.

N. 384 ii. allgemeiner und gelehrter briefwechsel 1703 657<br />

et dans la matiere theologique pour l’excellence et l’elevatione de pensé, la solidité du<br />

raisonement, la neteté del expressione, et la bonne, claire, et distincte maniere de dire<br />

les choses il semble possedér l’esprit de notre Tillitson à une mesure baucoup au dessus<br />

son age. Il entends fort bien la philosophie, il semble avoir une exa[c]titude aussi bien<br />

qu’inclinatione naturelle pour les antiquités, pour les medailes, la chronologie, mais prin- 5<br />

cepalement pour l’histoire Ecclesiastique dont on l’a qualifié du titre de professeur il y a<br />

long temps. Il preche bien, dit on, en fransois, Italien et Anglois, et je puis dire d’avoir<br />

entendu prechér, et haranguer en perfectione en fransois et en latin. Il a eu plusieures<br />

lessons publiques al egard des Albigeois et l’histoire del Eglise de ce temp là, apres il a eu<br />

2 ou 3 della transubstation, et della creance de presence réelle: et je puis dire de n’avoir 10<br />

jamais entendu des discours si claires, distinctes, et si bien suivis. Il êt en verité dans un<br />

trop petit sphere pour faire agir son esprit. Il meriteroît bien deja un chair de professur à<br />

Leide, et si je êtoit sûr qu’il avoit toute la connoissance de feu Monsieur Spanheim, je ne<br />

hesiterois point de dire qu’il s’expliqueroit baucoup mieux distinctement, et d’une stile<br />

baucoup plus latine au moins par raport toujours à son sujet. Je voudrois que vous vissiez 15<br />

son harangue de l u d i s s e c u l a r i b u s qu’il a dedié aux fameux Doctor Floyd le<br />

present evêque de Woster. Il a montré en cet harangue sa connoissance en chronologie,<br />

et l’antiquité prophane; et dans ces lessons sur la presence réelle la connoissance del<br />

antiquité ecclesiastique, aussi bien que del’histoire ecclesiast. et civille moderne, et dans<br />

son harangue funebre de Guilliaume III d’Engleterre il a montré (à ce me semble) son 20<br />

art oratoire, et la belle latinité à même temps. Il vit encore bien en grande exemple par<br />

sa conduite chretienne en maniere eminente. Notre grande moraliste ou Seneque Anglois<br />

Jeremie Taylor, avoit pris pour lui même par humilité une sentence d’un des peres (je<br />

suppose de S t Bernard) Non magna loquimur sed vivimus! Et Monsieur Turetin le jeun<br />

fait l’un et l’autre: Je vous demanderois pardon pour vous avoir tant dit sur ce point si 25<br />

je n’êtois point persuadé que vous jugerez facilement que c’êtoit le melieur sujêt de cette<br />

ville ici. Je me souviens bien de vôtre maxime quand vous m’avez dit que v o u s n e<br />

m e p r i t h i e z p a s l e s p e t i t e s c h o s e s m ê m e s. C’êt le caractere propre<br />

de vôtre merit singulier de prendre plaisir d’entendre dire quelque chose des merits des<br />

3 Tillitson: J. Tillotson, Erzbischof von Canterbury. 6 qualifié: 1697. 13 feu . . . Spanheim:<br />

der 1701 verstorbene Professor für Theologie an der Universität Leiden, F. Spanheim, dessen Schüler<br />

Turretini war. 16 l u d i s s e c u l a r i b u s : vgl. SV. 16 Floyd: Gemeint ist W. Lloyd, seit<br />

1699 Bischof von Worcester. 20 harangue funebre: J. A. Turretini, In obitum Guilielmi III Magnae<br />

Britannicae Regis, oratio panegyrica, 1702. 24 Non . . . vivimus: Cyprian, De bono patientiae, 3.<br />

27 dit: nicht identifiziert.

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