31.07.2015 Views

L'éducation nationale face à l'objectif de la réussite de tous les élèves

L'éducation nationale face à l'objectif de la réussite de tous les élèves

L'éducation nationale face à l'objectif de la réussite de tous les élèves

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

Rapport public thématiqueL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif<strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves


TABLE DES MATIERESIpagesIntroduction…………………………………………………. 1I - Les résultats et <strong>les</strong> coûts <strong>de</strong> l’enseignement sco<strong>la</strong>ire…. 9A - Les objectifs fixés à l’enseignement sco<strong>la</strong>ire…………………… 9B - Les indicateurs <strong>de</strong> résultats…………………………………….. 121 - La maîtrise <strong>de</strong>s connaissances et <strong>de</strong>s compétences <strong>de</strong> base………. 122 - Les taux <strong>de</strong> diplômés, <strong>de</strong> non diplômés, et <strong>de</strong> non qualifiés………. 233 - Les inégalités socia<strong>les</strong> dans <strong>la</strong> réussite sco<strong>la</strong>ire…………………… 284 - Les inégalités entre établissements………………………………….. 32C - Les indicateurs <strong>de</strong> coûts…………………………………………. 361 - La dépense intérieure d’éducation…………………………………… 362 - Les comparaisons inter<strong>nationale</strong>s…………………………………….. 39D - Les évaluations du système éducatif et leur utilisation………….. 451 - Les inspections du ministère <strong>de</strong> l’éducation <strong>nationale</strong>…………….. 452 - La direction <strong>de</strong> l’évaluation, <strong>de</strong> <strong>la</strong> performance et <strong>de</strong> <strong>la</strong>prospective…………………………………………………………………… 463 - Une « évaluation <strong>de</strong>s évaluations » supprimée en 2005………….. 46II - La gestion budgétaire <strong>de</strong> l’enseignement sco<strong>la</strong>ire…… 49A - Une déconnexion par rapport à l’objectif <strong>de</strong> gestion par <strong>la</strong>performance………………………………………………………….. 491 - La mission interministérielle <strong>de</strong> l’enseignement sco<strong>la</strong>ire…………. 492 - Les procédures d’allocation <strong>de</strong>s moyens……………………………. 523 - Des marges <strong>de</strong> manœuvre limitées pour <strong>les</strong> établissements……… 584 - Des incohérences dans l’allocation <strong>de</strong>s moyens……………………. 63B – Une connaissance insuffisante du coût <strong>de</strong>s politiques éducatives 641 - La lutte contre l’échec sco<strong>la</strong>ire………………………………………. 652 - L’éducation prioritaire………………………………………………… 66C - Le coût <strong>de</strong> l’éparpillement <strong>de</strong> l’offre <strong>de</strong> formation………………. 68Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


IICOUR DES COMPTESPagesIII - L’affectation et le service <strong>de</strong>s enseignants…………. 71A - Les procédures d’affectation <strong>de</strong>s enseignants…………………… 711 - L’affectation <strong>de</strong>s enseignants dans <strong>les</strong> établissements……………. 712 - La répartition <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>sses entre <strong>les</strong> enseignants……………………. 73B - La définition du service <strong>de</strong>s enseignants dans le premier <strong>de</strong>gré… 751 - Les imprécisions……………………………………………………….. 752 - Les problèmes liés au travail à temps partiel………………………. 76C - La définition du service <strong>de</strong>s enseignants dans le second <strong>de</strong>gré…. 791 - Une définition du service inadaptée aux missions<strong>de</strong>s enseignants…………………………………………………………….. 792 - Les inconvénients pratiques <strong>de</strong> l’inadaptation <strong>de</strong><strong>la</strong> définition du service <strong>de</strong>s enseignants………………………………… 873 - La dualité entre personnel d’enseignement et personneld’éducation…………………………………………………………………. 944 - Les conséquences <strong>de</strong> <strong>la</strong> logique hebdomadaire du service <strong>de</strong>senseignants…………………………………………………………………. 97IV - L’élève dans l’organisation <strong>de</strong> l’enseignementsco<strong>la</strong>ire……………………………………………………… 105A - La définition du temps sco<strong>la</strong>ire………………………………….. 1051 - Le rythme sco<strong>la</strong>ire à l’école primaire………………………………. 1052 - Les emplois du temps au collège et au lycée………………………. 108B - La gestion <strong>de</strong>s parcours sco<strong>la</strong>ires <strong>de</strong>s élèves……………………. 1161 - Les <strong>la</strong>cunes dans <strong>les</strong> étu<strong>de</strong>s et statistiques <strong>nationale</strong>s sur <strong>les</strong>parcours sco<strong>la</strong>ires………………………………………………………… 1162 - Un système sco<strong>la</strong>ire discontinu……………………………………… 1193 - Une composition <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>sses peu contrôlée……………………….. 1254 - Une procédure d’orientation mal maîtrisée……………………….. 1295 - Une offre <strong>de</strong> formation insuffisamment maîtrisée………………… 1376 - Les risques liés à l’assouplissement <strong>de</strong> <strong>la</strong> carte sco<strong>la</strong>ire…………. 139Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


TABLE DES MATIERESIIIPagesC - La prise en compte <strong>de</strong>s élèves en difficulté…………………….. 1441 - Les dispositifs <strong>de</strong> prise en charge <strong>de</strong> <strong>la</strong> difficulté sco<strong>la</strong>ire………. 1442 - Les sanctions <strong>de</strong> l’échec sco<strong>la</strong>ire……………………………………. 160Conclusion………………………………………………… 165Recommandations………………………………………… 173Annexes1 - Liste <strong>de</strong>s sig<strong>les</strong> utilisés dans le rapport ………………………….. 1762 – Principa<strong>les</strong> caractéristiques du système éducatif français…..… 1803 - Apports et limites <strong>de</strong>s enquêtes PISA à l’évaluation <strong>de</strong> l’école.... 1814 - Exemp<strong>les</strong> étrangers d’organisation sco<strong>la</strong>ire……………………... 1855 - Liste <strong>de</strong>s personnes rencontrées lors <strong>de</strong> l’enquête………………. 192Réponse du Ministre <strong>de</strong> l’Education <strong>nationale</strong>………………….. 201Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


IVCOUR DES COMPTESLa préparation du rapport et <strong>la</strong> procédureLes travaux dont ce rapport est issu ont été principalementeffectués par Mmes Marie-Pierre Cordier, conseillère maître, MarieAnge Mattei, conseillère référendaire, Jacqueline Barro, attachée.Le texte du rapport a été établi par Mme Marie-Pierre Cordier,conseillère maître, et Mme Marie Ange Mattei, conseillèreréférendaire, rapporteurs, M. Pascal Ducha<strong>de</strong>uil, conseiller maître,étant contre-rapporteur.La Cour a assuré <strong>la</strong> contradiction et procédé aux auditions <strong>de</strong>sadministrations concernées.Elle a également recueilli, au cours d’une quinzaine d’auditions,l’avis d’une soixantaine <strong>de</strong> personnalités, d’experts et représentants <strong>de</strong>l’administration, ainsi que <strong>de</strong> fédérations <strong>de</strong> parents d’élèves et <strong>de</strong>fédérations syndica<strong>les</strong> d’enseignants et <strong>de</strong> personnels <strong>de</strong> direction <strong>de</strong>l’éducation <strong>nationale</strong>.Le projet <strong>de</strong> rapport a été délibéré par <strong>la</strong> 3 ème chambre <strong>les</strong> 23 et25 février 2010, sous <strong>la</strong> prési<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> M. Jean Picq, en présence <strong>de</strong>M. Guy Mayaud, Mme Anne Froment-Meurice, MM. PascalDucha<strong>de</strong>uil, Francesco Frangialli, Jacques Tournier, Mme JeanneSeyvet, MM. Edouard Couty, Christian Sabbe, Yann Petel, RobertKorb, Bernard Levallois, Jean-Louis Bour<strong>la</strong>nges, Antoine Schwarz, etMichel Clément, conseillers maîtres, et M. Louis Zeller, conseillermaître en service extraordinaire.Ce projet a ensuite été arrêté le 23 mars 2010 par le Comité durapport public et <strong>de</strong>s programmes, présidé par M. Didier Migaud,premier Prési<strong>de</strong>nt, avant d’être communiqué au ministre <strong>de</strong>l’éducation <strong>nationale</strong>.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


DELIBEREVDÉLIBÉRÉLa Cour <strong>de</strong>s comptes publie un rapport thématique intitulé« L’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves ».Conformément aux dispositions légis<strong>la</strong>tives et réglementaires du co<strong>de</strong><strong>de</strong>s juridictions financières, <strong>la</strong> Cour <strong>de</strong>s comptes, délibérant en chambre duconseil, a adopté le présent rapport public.Ce texte a été arrêté au vu du projet qui avait été communiqué aupréa<strong>la</strong>ble au ministre <strong>de</strong> l’éducation <strong>nationale</strong>, afin <strong>de</strong> recueillir seséventuel<strong>les</strong> observations <strong>de</strong>stinées à être insérées en annexe <strong>de</strong> ce présentrapport.Etaient présents : M. Migaud, Premier prési<strong>de</strong>nt, MM. Pichon, Picq,Babusiaux, Mme Ruel<strong>la</strong>n, MM. Hespel, Bayle, prési<strong>de</strong>nts <strong>de</strong> chambre,Mme Bazy Ma<strong>la</strong>urie, prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> chambre, rapporteur général,MM. Sallois, Hernan<strong>de</strong>z, Mme Cornette, prési<strong>de</strong>nts <strong>de</strong> chambre maintenusen activité, MM. <strong>de</strong> Mourgues, Mayaud, Richard, Devaux, Gillette, Troesch,Thérond, Mmes Froment-Meurice, Bellon, MM. Gasse, Moreau,Ducha<strong>de</strong>uil, Lebuy, Lesouhaitier, Lefas, Johanet, Durrleman, Frangialli,Andréani, Dupuy, Mme Morell, MM. Gautier (Louis), Braunstein, Brochier,Mme Dayries, MM. Levy, Bernicot, Vermeulen, Tournier, Mme Seyvet,MM. Bonin, Vachia, Vivet, Mme Moati, MM. Cossin, Diricq,Davy <strong>de</strong> Virville, Sabbe, Pétel, Mme Camby, MM. Valdigué,Martin (Christian), Ténier, Lair, Mme Trupin, MM. Ravier, Rabaté,Doyelle, Ménard, Korb, Metzger, Mme Saliou (Monique), MM. Guibert,Uguen, Guédon, Martin (C<strong>la</strong>u<strong>de</strong>), Bour<strong>la</strong>nges, Le Méné, Dahan, Castex,Schwarz, Baccou, Mme Malgorn, MM. Sépulchre, Mousson,Mmes Bouygard, Vergnet, M. Chouvet, Mme Démier, MM. Clément,Machard, Mme Cordier, MM. Le Mer, Rol<strong>la</strong>nd, conseillers maîtres,MM. Zeller, d’Aboville, Ca<strong>de</strong>t, André, Schott, Cazenave, Hagelsteen,Klinger, Dubois, conseillers maîtres en service extraordinaire.Etait présent et a participé aux débats : M. Bénard, Procureur général,assisté <strong>de</strong> M. Vallernaud, avocat général.Etait présent en qualité <strong>de</strong> rapporteur et n’a pas pris part auxdélibérations : Mme Mattei, conseiller référendaire.Madame Mayenobe, secrétaire général, assurait le secrétariat <strong>de</strong> <strong>la</strong>chambre du conseil.Fait à <strong>la</strong> Cour, le 11 mai 2010.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


IntroductionSco<strong>la</strong>risant 10 millions d’élèves, employant plus <strong>de</strong> 730.000enseignants, doté d’un budget <strong>de</strong> près <strong>de</strong> 53 milliards d’euros en 2010,l’enseignement sco<strong>la</strong>ire public est un enjeu central pour l’avenir <strong>de</strong> notrepays. Le développement <strong>de</strong>s sociétés actuel<strong>les</strong> dépend en effet <strong>de</strong> plus enplus du niveau <strong>de</strong> formation <strong>de</strong> leur popu<strong>la</strong>tion, dans un contexte mondialoù l’accès à <strong>la</strong> connaissance constitue un facteur concurrentieldéterminant. L’école est aussi l’un <strong>de</strong>s fon<strong>de</strong>ments <strong>de</strong> <strong>la</strong> cohésion sociale.C’est à ce titre que lui a été assigné l’objectif d’assurer <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong><strong>les</strong> jeunes, dans <strong>la</strong> perspective <strong>de</strong> leur insertion professionnelle et <strong>de</strong> leur<strong>de</strong>venir citoyen.Plus que jamais, un débat sur <strong>les</strong> résultats <strong>de</strong> l’enseignementsco<strong>la</strong>ire est nécessaire. Par le présent rapport, et tout en restant dans sondomaine <strong>de</strong> compétence, <strong>la</strong> Cour <strong>de</strong>s comptes entend y apporter sacontribution.Les termes du débatLe défi actuel <strong>de</strong> l’enseignement sco<strong>la</strong>ire n’est plus <strong>de</strong> faire <strong>face</strong> àl’accroissement <strong>de</strong>s effectifs d’élèves. Le nombre d’élèves sco<strong>la</strong>risés adoublé entre 1960 et 1985. Cette tendance a pris fin avec <strong>les</strong> années 1990et, <strong>de</strong>puis lors, <strong>les</strong> effectifs fluctuent selon <strong>les</strong> évolutionsdémographiques, sans que soit remis en cause le principe <strong>de</strong> l’accueilsco<strong>la</strong>ire <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong>s jeunes générations.Cette évolution <strong>de</strong> l’enseignement sco<strong>la</strong>ire, souvent désignée par leterme <strong>de</strong> « massification », a permis à l’école <strong>de</strong> remporter d’indéniab<strong>les</strong>succès au cours <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rnières décennies, ainsi qu’en témoigne <strong>la</strong>progression remarquable du niveau <strong>de</strong> formation <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tionfrançaise. Si l’on compare, par exemple, <strong>la</strong> tranche d’âge <strong>de</strong>s 55-64 ans àcelle <strong>de</strong>s 25-34 ans, <strong>les</strong> niveaux <strong>de</strong> diplôme atteints sont respectivement<strong>de</strong> 11% et 24% pour l’enseignement supérieur long 1 , et <strong>de</strong> 5% et 18%pour l’enseignement supérieur court. De même, l’édition 2009 <strong>de</strong>Regards sur l’éducation publiée par l’OCDE montre que, <strong>de</strong> façongénérale, <strong>la</strong> France a atteint un niveau d’éducation analogue à ceux quisont constatés dans <strong>les</strong> pays comparab<strong>les</strong> : 69% <strong>de</strong>s Français âgés <strong>de</strong> 25 à1) Les niveaux d’enseignement sont définis au sein <strong>de</strong> l’OCDE selon <strong>la</strong> c<strong>la</strong>ssificationinter<strong>nationale</strong> type <strong>de</strong> l’éducation (CITE) <strong>de</strong> 1997. Les formations supérieures courtes(CITE 5B) sont d’une durée <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux ans au minimum et débouchent sur une entréedirecte sur le marché du travail (BTS, DUT,…). Les formations supérieures longues(CITE 5A) ont une durée <strong>de</strong> trois ans an minimum (licence, master, doctorat).Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


2 COUR DES COMPTES64 ans ont un niveau <strong>de</strong> formation égal ou supérieur au <strong>de</strong>uxième cycle <strong>de</strong>l’enseignement secondaire, contre 70% en moyenne dans l’OCDE et 71%dans l’Union européenne.Ces résultats favorab<strong>les</strong> ne sauraient toutefois masquer un échecpersistant du système sco<strong>la</strong>ire à conduire à <strong>la</strong> réussite <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves quilui sont confiés. Alors que, selon <strong>les</strong> objectifs fixés par <strong>la</strong> loi,l’enseignement sco<strong>la</strong>ire vise à donner à <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves un « soclecommun <strong>de</strong> connaissances et <strong>de</strong> compétences » à l’issue <strong>de</strong> <strong>la</strong> sco<strong>la</strong>ritéobligatoire, à leur assurer « une qualification reconnue », et à« contribuer à l’égalité <strong>de</strong>s chances» 2 , aucun <strong>de</strong> ces objectifs n’est atteintaujourd’hui.Une proportion considérable d’élèves - <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 20% - nemaîtrise pas <strong>les</strong> compétences <strong>de</strong> base en lecture au terme <strong>de</strong> <strong>la</strong> sco<strong>la</strong>ritéobligatoire. De nombreux jeunes quittent le système sco<strong>la</strong>ire sansdiplôme : en 2007, 18% <strong>de</strong>s jeunes âgés <strong>de</strong> 20 à 24 ans n’avaient nibacca<strong>la</strong>uréat, ni brevet d’étu<strong>de</strong>s professionnel<strong>les</strong>, ni certificat d’aptitu<strong>de</strong>professionnelle. Enfin, <strong>de</strong> fortes inégalités socia<strong>les</strong> subsistent dans <strong>les</strong>ystème éducatif : 18% <strong>de</strong>s élèves issus d’un milieu social défavoriséobtiennent un bacca<strong>la</strong>uréat général contre 78% pour <strong>les</strong> élèves <strong>de</strong> famil<strong>les</strong>favorisées.Les inégalités socia<strong>les</strong> <strong>face</strong> à <strong>la</strong> réussite sco<strong>la</strong>ireUne étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’INSEE 3 souligne le déterminisme très fort <strong>de</strong>s évolutions <strong>de</strong>sélèves entre le cours préparatoire (CP) et <strong>la</strong> sixième, selon leur milieud’origine : « Quand leur niveau <strong>de</strong> compétences à l’entrée au CP <strong>les</strong> situeparmi <strong>les</strong> 10% d’écoliers <strong>les</strong> plus faib<strong>les</strong>, 27% <strong>de</strong>s enfants <strong>de</strong> cadres ou <strong>de</strong>professions intermédiaires, mais seulement 7% <strong>de</strong>s enfants d’ouvriersatteignent aux évaluations <strong>nationale</strong>s <strong>de</strong> sixième <strong>la</strong> médiane en français,c’est-à-dire figurent parmi <strong>la</strong> moitié <strong>de</strong>s élèves qui réussit le mieux.Réciproquement, <strong>les</strong> élèves <strong>de</strong> milieux défavorisés sont plus exposés aurisque d’une régression <strong>de</strong> leurs performances sco<strong>la</strong>ires. Ainsi, quand ilsfaisaient partie <strong>de</strong>s 10% d’élèves aux compétences <strong>les</strong> plus assurées, 18%<strong>de</strong>s élèves <strong>de</strong> famil<strong>les</strong> ouvrières n’atteignent pas <strong>la</strong> médiane aux évaluations<strong>nationale</strong>s <strong>de</strong> français <strong>de</strong> sixième, contre seulement 3% <strong>de</strong>s enfants <strong>de</strong>famil<strong>les</strong> <strong>de</strong> cadres ou <strong>de</strong> professions intermédiaires ».Le Haut conseil <strong>de</strong> l’évaluation <strong>de</strong> l’école (Hcéé) a pu parler <strong>de</strong>sannées 1985-1995 comme <strong>de</strong>s « Dix Glorieuses » pour le systèmesco<strong>la</strong>ire, car le taux d’accès d’une génération au niveau du bacca<strong>la</strong>uréat a2) Artic<strong>les</strong> L111 et L122 du co<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’éducation.3) INSEE - France, portrait social - Les inégalités <strong>de</strong> réussite à l’école élémentaire -2006Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


INTRODUCTION 3doublé pendant cette décennie, en passant <strong>de</strong> 35,0% à 71,2% : <strong>de</strong>puis lors,toutefois, <strong>les</strong> indicateurs stagnent, et parfois même régressent.Face à ces résultats, le regard collectif porté sur l’école a évoluédans le sens d’un moindre optimisme vis-à-vis d’une institution qui, sielle a su relever le défi <strong>de</strong> <strong>la</strong> « massification », n’est pas parvenue àsurmonter celui <strong>de</strong> <strong>la</strong> démocratisation. Cette perception est, au <strong>de</strong>meurant,partagée par <strong>les</strong> acteurs du système sco<strong>la</strong>ire, dont au premier chef <strong>les</strong>enseignants qui, malgré leur investissement dans leur métier, se sententtrop souvent démunis pour lutter efficacement contre <strong>les</strong> difficultés quientravent le parcours sco<strong>la</strong>ire <strong>de</strong> leur élèves.C’est le processus sco<strong>la</strong>ire lui-même qui, <strong>de</strong> ce fait, est mis encause du point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> son impact sur l’égalité <strong>de</strong>s chances : <strong>les</strong> élèves<strong>de</strong>s milieux sociaux <strong>les</strong> plus défavorisés sont beaucoup moins nombreuxà suivre <strong>de</strong>s cursus sco<strong>la</strong>ires sans redoublement, à intégrer <strong>les</strong> filièresd’enseignement général, ou à obtenir <strong>de</strong>s diplômes. D’autres inégalités <strong>de</strong>réussite, selon le sexe et <strong>les</strong> territoires notamment, <strong>de</strong>meurent égalementimportantes. Enfin, <strong>les</strong> enquêtes menées par l’OCDE montrent que <strong>les</strong>élèves français sont parmi ceux qui expriment le plus d’anxiété vis-à-vis<strong>de</strong> l’institution sco<strong>la</strong>ire et éprouvent le moins d’attachement à l’égard <strong>de</strong>leur établissement.En d’autres termes, si, <strong>de</strong>puis <strong>de</strong> nombreuses années, <strong>la</strong> lutte pour<strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves constitue un impératif affirmé par <strong>les</strong>réformes <strong>de</strong>s ministres successifs <strong>de</strong> l’éducation <strong>nationale</strong>, elle n’est pasparvenue à prendre corps dans <strong>la</strong> réalité <strong>de</strong> l’enseignement sco<strong>la</strong>ire.L’ensemble <strong>de</strong> ces éléments a conduit <strong>la</strong> Cour à s’interroger sur <strong>la</strong>pertinence actuelle <strong>de</strong> l’organisation du système sco<strong>la</strong>ire public, quin’atteint pas <strong>les</strong> objectifs que lui fixe <strong>la</strong> loi, qui ne compense pas <strong>de</strong> façonsuffisamment efficace <strong>les</strong> conséquences <strong>de</strong>s inégalités socia<strong>les</strong> etculturel<strong>les</strong>, et qui engendre trop fréquemment un sentimentd’insatisfaction chez ceux qui y étudient et y travaillent.Certes, plusieurs facteurs <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite et <strong>de</strong> l’échec <strong>de</strong>s élèveséchappent dans une <strong>la</strong>rge mesure à l’institution sco<strong>la</strong>ire : originesocioprofessionnelle <strong>de</strong>s famil<strong>les</strong>, rôle éducatif <strong>de</strong>s parents,environnement géographique, social et culturel, ou encore problèmesindividuels <strong>de</strong> toute nature qui peuvent affecter <strong>les</strong> élèves.D’autres facteurs, en revanche, dépen<strong>de</strong>nt directement <strong>de</strong>spolitiques éducatives. Le ministère <strong>de</strong> l’éducation <strong>nationale</strong> dispose <strong>de</strong>leviers d’action essentiels : il répartit <strong>les</strong> moyens d’enseignement entreacadémies et établissements ; il recrute <strong>les</strong> enseignants, organise leurformation et fixe leurs missions et leurs services ; il affecte <strong>les</strong> élèvesdans <strong>les</strong> établissements et <strong>les</strong> oriente dans <strong>les</strong> différentes filières ; ilCour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


4 COUR DES COMPTESdéfinit <strong>les</strong> rythmes sco<strong>la</strong>ires et <strong>les</strong> modalités <strong>de</strong> prise en charge <strong>de</strong>s élèvesen difficulté. Ce sont là autant <strong>de</strong> domaines dans <strong>les</strong>quels <strong>les</strong> décisionsadministratives pèsent, <strong>de</strong> manière parfois décisive, sur l’avenir <strong>de</strong>senfants et <strong>de</strong>s ado<strong>les</strong>cents. D’autres décisions, relevant <strong>de</strong>s établissementsd’enseignement, peuvent être tout aussi essentiel<strong>les</strong> pour <strong>la</strong> réussite oul’échec <strong>de</strong>s élèves : il en va ainsi <strong>de</strong> <strong>la</strong> composition <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>sses, <strong>de</strong> <strong>la</strong>désignation <strong>de</strong>s enseignants qui leur sont affectés, ou <strong>de</strong> l’é<strong>la</strong>boration <strong>de</strong>semplois du temps.La démarche <strong>de</strong> <strong>la</strong> CourLe <strong>de</strong>rnier rapport public <strong>de</strong> <strong>la</strong> Cour consacré à l’enseignementsco<strong>la</strong>ire a été publié en avril 2003 sous le titre La gestion du systèmeéducatif. L’approche alors retenue était d’apprécier, d’un point <strong>de</strong> vuenational, comment le ministère <strong>de</strong> l’éducation <strong>nationale</strong> assumait sesresponsabilités en matière <strong>de</strong> gestion, notamment en ce qui concerne <strong>les</strong>procédures <strong>de</strong> préparation <strong>de</strong> <strong>la</strong> rentrée sco<strong>la</strong>ire, d’affectation <strong>de</strong>senseignants, et d’organisation <strong>de</strong>s formations à l’échelle du territoire.Le présent rapport a une autre visée, puisqu’il entend apprécier sile système éducatif, dans le champ <strong>de</strong> l’enseignement sco<strong>la</strong>ire publical<strong>la</strong>nt <strong>de</strong> <strong>la</strong> maternelle au bacca<strong>la</strong>uréat, est bien « conçu et organisé enfonction <strong>de</strong>s élèves », ainsi que l’affirme le premier article <strong>de</strong> loi du co<strong>de</strong><strong>de</strong> l’éducation, et s’il est <strong>de</strong> nature à favoriser <strong>la</strong> réussite sco<strong>la</strong>ire <strong>de</strong>chaque élève, quelle que soit son origine sociale, culturelle, ougéographique.La métho<strong>de</strong> utilisée par <strong>la</strong> Cour s’est délibérément fondée, <strong>de</strong>puisle début <strong>de</strong> ses travaux menés sur trois années, sur <strong>de</strong>s observationsrecueillies sur le terrain, au sein <strong>de</strong>s établissements d’enseignement etdans <strong>les</strong> services déconcentrés du ministère. Les enquêtes ont étéconduites principalement dans six académies (Paris, Aix-Marseille,Bor<strong>de</strong>aux, Clermont-Ferrand, Montpellier, et Orléans-Tours) et auprèsd’une cinquantaine d’éco<strong>les</strong>, <strong>de</strong> collèges et <strong>de</strong> lycées 4 . La Cour aégalement analysé sur p<strong>la</strong>ce le fonctionnement <strong>de</strong> trois systèmes éducatifsétrangers - l’Espagne, le Royaume-Uni, <strong>la</strong> Suisse -, afin d’établir <strong>de</strong>séléments <strong>de</strong> comparaison fondés sur <strong>de</strong>s observations concrètes.Plusieurs thèmes ont été examinés au cours <strong>de</strong> ces enquêtes,notamment <strong>la</strong> mesure <strong>de</strong> l'efficacité <strong>de</strong>s établissements sco<strong>la</strong>ires par leministère <strong>de</strong> l'éducation <strong>nationale</strong>, <strong>la</strong> mesure <strong>de</strong>s coûts <strong>de</strong> l'enseignementsco<strong>la</strong>ire, le parcours <strong>de</strong>s élèves au sein <strong>de</strong>s éco<strong>les</strong> et <strong>de</strong>s établissementspublics locaux d’enseignement, <strong>les</strong> obligations <strong>de</strong> service <strong>de</strong>s4) Voir l’annexe re<strong>la</strong>tive aux personnes rencontrées et auditionnées.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


INTRODUCTION 5enseignants, <strong>les</strong> affectations <strong>de</strong>s enseignants du premier et du second<strong>de</strong>grés, ou encore le rôle <strong>de</strong>s inspections du ministère <strong>de</strong> l’éducation<strong>nationale</strong>.Au terme <strong>de</strong> ses investigations, et compte tenu <strong>de</strong> <strong>la</strong> nature dusujet, <strong>la</strong> Cour a décidé, par-<strong>de</strong>là <strong>les</strong> mo<strong>de</strong>s habituels <strong>de</strong> contradictionmenés avec <strong>les</strong> responsab<strong>les</strong> du ministère <strong>de</strong> l’éducation <strong>nationale</strong>, à Pariset dans <strong>les</strong> académies, <strong>de</strong> confronter ses principa<strong>les</strong> observations etpropositions, d’une part à <strong>de</strong>s experts dans le domaine <strong>de</strong> l’éducation, etd’autre part à <strong>tous</strong> <strong>les</strong> acteurs <strong>de</strong> l’enseignement sco<strong>la</strong>ire. Elle a ainsiauditionné <strong>de</strong>s enseignants, <strong>de</strong>s chefs d’établissements, <strong>de</strong>s inspecteursd’académie responsab<strong>les</strong> <strong>de</strong> services départementaux, <strong>de</strong>s inspecteurspédagogiques, <strong>de</strong>s recteurs, <strong>de</strong>s responsab<strong>les</strong> <strong>de</strong> l’administration centraledu ministère, <strong>de</strong>s représentants <strong>de</strong> syndicats <strong>de</strong>s personnels <strong>de</strong> l’éducation<strong>nationale</strong> et d’associations <strong>de</strong> parents d’élèves.Le périmètre <strong>de</strong> l’enquêteL’enquête <strong>de</strong> <strong>la</strong> Cour a porté sur l’enseignement sco<strong>la</strong>ire publicp<strong>la</strong>cé sous <strong>la</strong> tutelle du ministère <strong>de</strong> l’éducation <strong>nationale</strong>. Ce champcouvre 80,5% <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion sco<strong>la</strong>risée - soit environ 10 millionsd’élèves sur 12,4 millions –, affectés dans quelque 50.000 éco<strong>les</strong>primaires, 5.300 collèges et 2.600 lycées. Il ne comprend pasl’enseignement sco<strong>la</strong>ire public relevant d’autres ministères (2,3% <strong>de</strong>sélèves) 5 , ni l’enseignement sco<strong>la</strong>ire privé sous tutelle du ministère <strong>de</strong>l’éducation <strong>nationale</strong> ou du ministère <strong>de</strong> l’agriculture (17,2% <strong>de</strong>s élèves).L’enseignement privéUn élève sur cinq fréquente un établissement sco<strong>la</strong>ire privé. Cetteproportion, qui reste stable au fil <strong>de</strong>s années, varie fortement d’une académie àl’autre (5% en Corse, contre 40% en Bretagne et dans <strong>les</strong> Pays-<strong>de</strong>-Loire). Ilexiste <strong>de</strong> nombreux allers-retours d’élèves entre enseignements public et privé,ce qui rend le recours à l’enseignement privé plus fréquent que ne le <strong>la</strong>issentpenser <strong>les</strong> effectifs constatés chaque année : près <strong>de</strong> 40 % <strong>de</strong>s élèves passent aumoins une année dans l’enseignement privé entre le CM2 et <strong>la</strong> fin <strong>de</strong> leursétu<strong>de</strong>s secondaires.La loi Debré du 31 décembre 1959 définit trois types d'établissementsd'enseignement privé : <strong>les</strong> établissements hors contrat, <strong>les</strong> établissements souscontrat simple dont <strong>les</strong> enseignants, sa<strong>la</strong>riés <strong>de</strong> droit privé, sont rémunérés parl’Etat, et <strong>les</strong> établissements sous contrat d’association, dont <strong>les</strong> enseignants,contractuels <strong>de</strong> droit public, sont également rémunérés par l’Etat, tout en étant5) Dont principalement l’enseignement agricole, ainsi que <strong>les</strong> lycées français àl’étranger.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


6 COUR DES COMPTESrecrutés par <strong>de</strong>s concours distincts. Le contrat d’association entraîne <strong>la</strong> prise encharge par l’Etat du financement <strong>de</strong> certaines charges <strong>de</strong> fonctionnement dans lecadre du forfait d’externat.Dans le premier <strong>de</strong>gré privé, on compte, en 2008-2009, 5.377 éco<strong>les</strong> et37.336 c<strong>la</strong>sses, et, dans le second <strong>de</strong>gré, 3.494 établissements et 47.536 c<strong>la</strong>sses.95% <strong>de</strong>s établissements relèvent <strong>de</strong> l’enseignement catholique. En janvier 2009,141.700 enseignants étaient rémunérés au sein <strong>de</strong>s établissements privés souscontrat.L’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’Etat à l’enseignement privé sous contrat représente, en 2010,7,04 milliards d’euros, qui sont inscrits au programme 139 « enseignement privé<strong>de</strong>s premier et second <strong>de</strong>grés ». Ce montant représente 11,6% <strong>de</strong>s crédits <strong>de</strong> <strong>la</strong>mission interministérielle « enseignement sco<strong>la</strong>ire ».Il convient <strong>de</strong> souligner <strong>la</strong> très gran<strong>de</strong> faib<strong>les</strong>se actuelle <strong>de</strong>s donnéeset <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s conduites par le ministère <strong>de</strong> l’éducation <strong>nationale</strong> sur <strong>les</strong>ecteur <strong>de</strong> l’enseignement privé.En effet, dans ses projets et rapports annuels <strong>de</strong> performance, leministère <strong>de</strong> l’éducation <strong>nationale</strong> a retenu, pour l’enseignement privé souscontrat, un ensemble d’indicateurs qui sont le décalque <strong>de</strong> ceux utiliséspour l’enseignement public, au motif que <strong>les</strong> objectifs et programmesd’enseignement sont <strong>les</strong> mêmes dans <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux secteurs d’enseignement. Untel choix aurait dû permettre <strong>la</strong> mise en œuvre d’évaluations comparatives.Pourtant, ce n’est que <strong>de</strong>puis 2008 que <strong>les</strong> indicateurs <strong>de</strong> l’enseignementprivé sont renseignés à un niveau comparable à celui <strong>de</strong> l’enseignementpublic.En outre, <strong>les</strong> étu<strong>de</strong>s disponib<strong>les</strong> au sein du ministère surl’enseignement privé sont en nombre très limité, ne sont pas actualisées 7 etn’ont pas été complétées par <strong>de</strong>s travaux spécifiques <strong>de</strong>s inspectionsgénéra<strong>les</strong>. Lorsqu’el<strong>les</strong> existent, ces étu<strong>de</strong>s ne permettent pas <strong>de</strong> comparer<strong>de</strong> façon pertinente <strong>les</strong> performances <strong>de</strong>s enseignements privé et public. Eneffet, el<strong>les</strong> portent sur <strong>les</strong> compétences et <strong>les</strong> résultats <strong>de</strong>s élèves à unmoment précis <strong>de</strong> leur parcours, mais ne donnent aucune information sur leniveau initial <strong>de</strong>s élèves, ni sur leur progression au cours du cursussco<strong>la</strong>ire, alors même que <strong>les</strong> établissements privés peuvent sélectionnerleurs élèves.Une telle <strong>la</strong>cune - qui interdit toute comparaison - doit êtreimpérativement corrigée. Il appartient au ministère <strong>de</strong> l’éducation <strong>de</strong>mettre en p<strong>la</strong>ce un système d’évaluation régulière <strong>de</strong>s modalités7) Cf. par exemple le numéro 69 <strong>de</strong> <strong>la</strong> revue Education et formations <strong>de</strong> juillet 2004 -Public-Privé : quel<strong>les</strong> différences ?Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


INTRODUCTION 7d’organisation et <strong>de</strong>s résultats <strong>de</strong> l’enseignement privé sous contrat. Pourl’heure, et compte tenu <strong>de</strong> cette absence d’information, il convient <strong>de</strong>souligner que le présent rapport, centré sur l’organisation <strong>de</strong>l’enseignement sco<strong>la</strong>ire public qui sco<strong>la</strong>rise plus <strong>de</strong> 80% <strong>de</strong>s élèves, neporte aucune appréciation sur l’enseignement sco<strong>la</strong>ire privé, puisque ce<strong>de</strong>rnier n’a pas été contrôlé.La Cour précise également que ce rapport, qui examinel’organisation du système sco<strong>la</strong>ire en matière <strong>de</strong> parcours <strong>de</strong>s élèves et <strong>de</strong>service <strong>de</strong>s enseignants, ne peut prétendre à l’exhaustivité. D’autresthèmes, non traités ici mais tout aussi cruciaux, seront au cœur <strong>de</strong> sesprochaines investigations : il en va ainsi <strong>de</strong> <strong>la</strong> formation <strong>de</strong>s enseignants,ou encore <strong>de</strong> l’encadrement territorial <strong>de</strong> l’éducation <strong>nationale</strong>.En outre, <strong>la</strong> démarche <strong>de</strong> cette enquête se fon<strong>de</strong> uniquement surl’analyse <strong>de</strong> l’organisation du système sco<strong>la</strong>ire, évaluée tant du point <strong>de</strong>vue <strong>de</strong> son efficacité - c’est-à-dire sa capacité à atteindre <strong>les</strong> objectifsassignés par <strong>la</strong> Nation - que <strong>de</strong> son efficience - c'est-à-dire son aptitu<strong>de</strong> à lefaire en maîtrisant ses coûts, <strong>la</strong> Cour n’ayant aucune compétence enmatière <strong>de</strong> pédagogie et <strong>de</strong> didactique.Il convient enfin <strong>de</strong> souligner que <strong>les</strong> critères d’appréciation <strong>de</strong> <strong>la</strong>réussite <strong>de</strong> l’enseignement sco<strong>la</strong>ire sont multip<strong>les</strong>. Le rapport <strong>de</strong> <strong>la</strong>commission du Débat sur l’avenir <strong>de</strong> l’école, conduit <strong>de</strong> novembre 2003 àjanvier 2004, répondait ainsi à <strong>la</strong> question « Que faut-il entendrepar réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves ? » : « La réussite d’une école tient d’abordà ce qu’elle arme <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves et <strong>les</strong> futurs citoyens <strong>de</strong> connaissances, <strong>de</strong>compétences et <strong>de</strong> règ<strong>les</strong> <strong>de</strong> comportement jugées aujourd’huiindispensab<strong>les</strong> à une vie sociale et personnelle réussie. (…) La réussite <strong>de</strong>l’école s’apprécie également en termes éducatifs, psychologiques etmoraux. Les critères <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite proprement éducative sont à <strong>la</strong> foisindividuels et collectifs. Au p<strong>la</strong>n individuel, l’école doit ai<strong>de</strong>r <strong>les</strong> élèves àgrandir, à <strong>de</strong>venir <strong>de</strong>s adultes, <strong>de</strong>s personnes autonomes et responsab<strong>les</strong>, àcultiver le respect <strong>de</strong> soi et celui <strong>de</strong>s autres, à développer <strong>la</strong> confiance ensoi et dans <strong>les</strong> autres. Au p<strong>la</strong>n collectif, il importe que <strong>les</strong> élèvesapprennent à reconnaître l’éminence <strong>de</strong>s valeurs partagées, notamment <strong>de</strong><strong>la</strong> <strong>la</strong>ïcité, et <strong>la</strong> nécessité <strong>de</strong>s règ<strong>les</strong> et <strong>de</strong>s usages communs, afin <strong>de</strong> faire <strong>de</strong>l’école le lieu d’intégration <strong>de</strong> toute une génération, et où <strong>la</strong> mixité sociale,ethnique et culturelle <strong>de</strong>meure possible ». Cette énumération <strong>de</strong> critèresmontre que l’appréciation <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> l’école ne saurait se réduire àune seule approche.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


8 COUR DES COMPTESLe présent rapport comporte quatre parties qui examinentsuccessivement :- <strong>les</strong> résultats et <strong>les</strong> coûts <strong>de</strong> l’enseignement sco<strong>la</strong>ire ;- <strong>la</strong> gestion budgétaire <strong>de</strong> l’enseignement sco<strong>la</strong>ire ;- <strong>les</strong> procédures d’affectation et <strong>la</strong> gestion du service <strong>de</strong>senseignants ;- l’élève dans l’organisation <strong>de</strong> l’enseignement sco<strong>la</strong>ire.Il s’achève par une conclusion qui résume le diagnostic <strong>de</strong> <strong>la</strong> Couret formule <strong>de</strong>s recommandations. A ce titre, <strong>les</strong> auditions qu’elle a tenueslui ont permis <strong>de</strong> constater que ses constats sont <strong>la</strong>rgement partagés par <strong>les</strong>acteurs, <strong>les</strong> responsab<strong>les</strong> et <strong>les</strong> experts <strong>de</strong> l’enseignement sco<strong>la</strong>ire, maisrestent en revanche insuffisamment connus <strong>de</strong> l’opinion publique. Auregard <strong>de</strong> l’urgence <strong>de</strong>s modifications à apporter à l’organisation <strong>de</strong>l’enseignement sco<strong>la</strong>ire, <strong>la</strong> Cour s’est également assurée, auprès <strong>de</strong> sesinterlocuteurs, que ses recommandations étaient susceptib<strong>les</strong> d’enclencherun processus favorable d’évolution.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


LES RESULTATS ET LES COUTS DE L’ENSEIGNEMENT SCOLAIRE 9I - Les résultats et <strong>les</strong> coûts <strong>de</strong> l’enseignementsco<strong>la</strong>ireA - Les objectifs fixés à l’enseignement sco<strong>la</strong>ireLe premier article <strong>de</strong> loi du co<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’éducation définit <strong>les</strong>principaux objectifs <strong>de</strong> l’enseignement sco<strong>la</strong>ire sans <strong>les</strong> hiérarchiser :« contribution à l’égalité <strong>de</strong>s chances », « transmission <strong>de</strong>sconnaissances », « partage <strong>de</strong>s valeurs républicaines », « maîtrise <strong>de</strong> <strong>la</strong><strong>la</strong>ngue française », « insertion sociale et professionnelle », « exercice <strong>de</strong><strong>la</strong> citoyenneté », etc.Article L111-1 du co<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’éducation« L'éducation est <strong>la</strong> première priorité <strong>nationale</strong>. Le service public <strong>de</strong>l'éducation est conçu et organisé en fonction <strong>de</strong>s élèves et <strong>de</strong>s étudiants. Ilcontribue à l'égalité <strong>de</strong>s chances.Outre <strong>la</strong> transmission <strong>de</strong>s connaissances, <strong>la</strong> Nation fixe comme missionpremière à l'école <strong>de</strong> faire partager aux élèves <strong>les</strong> valeurs <strong>de</strong> <strong>la</strong> République.L'école garantit à <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves l'apprentissage et <strong>la</strong> maîtrise <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>la</strong>nguefrançaise.(…)Le droit à l'éducation est garanti à chacun afin <strong>de</strong> lui permettre <strong>de</strong>développer sa personnalité, d'élever son niveau <strong>de</strong> formation initiale etcontinue, <strong>de</strong> s'insérer dans <strong>la</strong> vie sociale et professionnelle, d'exercer sacitoyenneté.(…)L'acquisition d'une culture générale et d'une qualification reconnue estassurée à <strong>tous</strong> <strong>les</strong> jeunes, quelle que soit leur origine sociale, culturelle ougéographique. »De nombreux autres objectifs sont fixés par le co<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’éducationou par <strong>de</strong>s textes non codifiés, que ce soit en termes très généraux 8 ou ensens inverse extrêmement précis, par exemple dans le cadre <strong>de</strong>sprogrammes nationaux d’enseignement 9 .8) Les lois <strong>de</strong> finances annuel<strong>les</strong> retiennent par exemple, pour l’enseignementsco<strong>la</strong>ire, l’objectif <strong>de</strong> « favoriser <strong>la</strong> poursuite d’étu<strong>de</strong>s ou l’insertion professionnelle<strong>de</strong>s jeunes à l’issue <strong>de</strong> leur sco<strong>la</strong>rité secondaire ».9) L’arrêté du 24 juillet 2007 sur le programme d’enseignement <strong>de</strong>s <strong>la</strong>nguesanciennes fixe ainsi pour l’enseignement du <strong>la</strong>tin l’objectif <strong>de</strong> donner un « bagage <strong>de</strong>1.600 à 1.800 mots » aux élèves <strong>de</strong> terminale.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


10 COUR DES COMPTESDes objectifs majeurs peuvent être vagues : ainsi l’objectif <strong>de</strong>« l’égalité <strong>de</strong>s chances » est mentionné par le co<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’éducation sansêtre défini 10 .De même, l’objectif essentiel <strong>de</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves estdépourvu <strong>de</strong> base juridique : le texte aux termes duquel « <strong>la</strong> Nation fixeau système éducatif <strong>l'objectif</strong> <strong>de</strong> garantir que 100 % <strong>de</strong>s élèves aientacquis au terme <strong>de</strong> leur formation sco<strong>la</strong>ire un diplôme ou unequalification reconnue, d'assurer que 80 % d'une c<strong>la</strong>sse d'âge accè<strong>de</strong>ntau niveau du bacca<strong>la</strong>uréat, <strong>de</strong> conduire 50 % <strong>de</strong> l'ensemble d'une c<strong>la</strong>ssed'âge à un diplôme <strong>de</strong> l'enseignement supérieur », qui <strong>de</strong>vait initialementêtre inscrit dans <strong>la</strong> loi du 23 avril 2005 d'orientation et <strong>de</strong> programmepour l'avenir <strong>de</strong> l'Ecole, a dû en être retiré à <strong>la</strong> suite d’un vice <strong>de</strong>procédure 11 , et ne figure donc pas dans le co<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’éducation.Un autre objectif majeur, re<strong>la</strong>tif aux connaissances et compétencesque l’élève doit acquérir au terme <strong>de</strong> <strong>la</strong> sco<strong>la</strong>rité obligatoire, est bieninscrit, en revanche, dans le co<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’éducation (article L122-1-1). Pourautant, <strong>la</strong> délimitation <strong>de</strong> cet objectif est imprécise : le co<strong>de</strong> <strong>de</strong>l’éducation définit « l’instruction obligatoire » par l’âge <strong>de</strong>s élèves (<strong>de</strong> 6à 16 ans), alors que <strong>les</strong> textes sur le socle commun visent <strong>de</strong> fait <strong>tous</strong> <strong>les</strong>élèves à leur sortie du collège, indépendamment <strong>de</strong> leur âge.Article L122-1-1 du co<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’éducation« La sco<strong>la</strong>rité obligatoire doit au moins garantir à chaque élèvel’acquisition d’un socle commun », constitué « d’un ensemble <strong>de</strong>connaissances et <strong>de</strong> compétences qu’il est indispensable <strong>de</strong> maîtriser pouraccomplir avec succès sa sco<strong>la</strong>rité, poursuivre sa formation, construire sonavenir personnel et professionnel, et réussir sa vie en société.Ce socle comprend : <strong>la</strong> maîtrise <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue française ; <strong>la</strong> maîtrise<strong>de</strong>s principaux éléments <strong>de</strong> mathématiques ; une culture humaniste etscientifique permettant le libre exercice <strong>de</strong> <strong>la</strong> citoyenneté ; <strong>la</strong> pratique d'aumoins une <strong>la</strong>ngue vivante étrangère ; <strong>la</strong> maîtrise <strong>de</strong>s techniques usuel<strong>les</strong> <strong>de</strong>l'information et <strong>de</strong> <strong>la</strong> communication ». (…) Parallèlement à l'acquisition dusocle commun, d'autres enseignements sont dispensés au cours <strong>de</strong> <strong>la</strong>sco<strong>la</strong>rité obligatoire ».Les compétences du socle commun ont été définies par décret (articleD122 du co<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’éducation) : « 1°) <strong>la</strong> maîtrise <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue française ; 2°)<strong>la</strong> pratique d'une <strong>la</strong>ngue vivante étrangère ; 3°) <strong>les</strong> principaux éléments <strong>de</strong>10) Selon une définition retenue par l’Union européenne, « un système est équitable si<strong>les</strong> résultats <strong>de</strong> l'éducation et <strong>de</strong> <strong>la</strong> formation sont indépendants du milieu socioéconomiqueet d'autres facteurs conduisant à un handicap éducatif et que letraitement reflète <strong>les</strong> besoins spécifiques <strong>de</strong>s individus en matière d'apprentissage ».11) Ces objectifs figuraient dans une annexe au projet <strong>de</strong> loi, qui n’a finalement pasété maintenue, à <strong>la</strong> suite d’une décision du Conseil constitutionnel qui avait relevél’absence <strong>de</strong> consultation du Conseil économique et social.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


LES RESULTATS ET LES COUTS DE L’ENSEIGNEMENT SCOLAIRE 11mathématiques et <strong>la</strong> culture scientifique et technologique ; 4°) <strong>la</strong> maîtrise <strong>de</strong>stechniques usuel<strong>les</strong> <strong>de</strong> l'information et <strong>de</strong> <strong>la</strong> communication ; 5°) <strong>la</strong> culturehumaniste ; 6°) <strong>les</strong> compétences socia<strong>les</strong> et civiques ; 7°) l'autonomie etl'esprit d'initiative ».En définitive, <strong>la</strong> multiplicité <strong>de</strong>s finalités assignées àl’enseignement sco<strong>la</strong>ire traduit l’ampleur <strong>de</strong>s attentes et <strong>de</strong>s <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s quilui sont adressées. Mais leur dispersion dans <strong>de</strong> nombreux textes <strong>de</strong>portée juridique inégale, <strong>la</strong> formu<strong>la</strong>tion imprécise <strong>de</strong>s objectifs essentielset l’absence <strong>de</strong> hiérarchisation conduisent à obscurcir le débat surl’efficacité du système sco<strong>la</strong>ire. En se fondant sur le co<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’éducation,certains mettent en avant l’objectif <strong>de</strong> transmission <strong>de</strong>s connaissances ;d’autres insistent sur celui <strong>de</strong>s compétences nécessaires pour <strong>la</strong> vie ensociété ; d’autres encore assignent le premier rang à l’objectif d’égalité<strong>de</strong>s chances ; certains, en s’appuyant sur <strong>les</strong> engagements européens <strong>de</strong> <strong>la</strong>France 12 , mettent l’accent sur le rôle central <strong>de</strong> l’éducation dans <strong>la</strong>croissance et <strong>la</strong> compétitivité économique du pays, en privilégiant <strong>les</strong>objectifs <strong>de</strong> taux <strong>de</strong> diplômés <strong>de</strong> l’enseignement supérieur ou d’insertionprofessionnelle ; d’autres enfin pondèrent ces différents critères selon <strong>de</strong>sproportions variab<strong>les</strong>.Par ailleurs, aux côtés <strong>de</strong>s objectifs explicites fixés dans <strong>de</strong>s textes,<strong>de</strong>s objectifs implicites, parfois difficilement compatib<strong>les</strong>, imprègnentfortement l’organisation sco<strong>la</strong>ire. Le système éducatif français est ainsitraversé <strong>de</strong> contradictions, dont celle, fondamentale, entre une visionméritocratique <strong>de</strong> l’école, conduisant à une sélection <strong>de</strong>s meilleurs élèves,et une vision plus globale, orientée vers <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong>sélèves. Cette situation crée <strong>de</strong>s tensions non résolues dans <strong>la</strong> gestion dusystème sco<strong>la</strong>ire qui oscille entre le développement <strong>de</strong> filières ou <strong>de</strong>dispositifs spécifiques et le maintien d’une organisation fondéeprincipalement sur <strong>la</strong> transmission <strong>de</strong> connaissances à un ensembleindifférencié d’élèves. Dans ce contexte, le socle commun <strong>de</strong>connaissances et <strong>de</strong> compétences, défini par <strong>la</strong> loi du 23 avril 2005, peineà émerger dans un système qui reste <strong>la</strong>rgement structuré par <strong>de</strong>senseignements disciplinaires cloisonnés. De même, toutes<strong>les</strong> conséquences n’ont pas été tirées <strong>de</strong> l’objectif <strong>de</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong>élèves pour <strong>la</strong> définition <strong>de</strong>s missions <strong>de</strong>s enseignants ou <strong>de</strong>l’organisation <strong>de</strong> leur service. Dès lors, l’article L111-1 du co<strong>de</strong> <strong>de</strong>12) Les chefs d’Etat et <strong>de</strong> gouvernement <strong>de</strong> l’Union européenne, réunis à Lisbonne en2000, ont déc<strong>la</strong>ré vouloir faire <strong>de</strong> l’Europe « l'économie <strong>de</strong> <strong>la</strong> connaissance <strong>la</strong> pluscompétitive et <strong>la</strong> plus dynamique du mon<strong>de</strong> », et ont assigné en ce sens à l’éducation<strong>de</strong>s objectifs précis <strong>de</strong> production <strong>de</strong> qualifications et <strong>de</strong> diplômes. Toutefois, cesobjectifs n’ont pas été repris dans <strong>les</strong> textes nationaux : ils restent en ce sensimplicites, alors même qu’ils orientent désormais fortement <strong>la</strong> politique éducative.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


12 COUR DES COMPTESl’éducation, qui précise à <strong>la</strong> suite <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi d’orientation sur l’éducation <strong>de</strong>1989 que « le service public <strong>de</strong> l'éducation est conçu et organisé enfonction <strong>de</strong>s élèves », n’est pas encore mis en œuvre <strong>de</strong> façonsystématique, alors que plus <strong>de</strong> vingt ans se sont écoulés <strong>de</strong>puis sarédaction.Lors <strong>de</strong> l’enquête menée par <strong>la</strong> Cour, <strong>de</strong> nombreux responsab<strong>les</strong> <strong>de</strong>l’éducation <strong>nationale</strong> ont reconnu que <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves, certessouhaitée par <strong>tous</strong>, n’était pas encore <strong>de</strong>venue un objectif véritablementpartagé : elle ne s’est pas traduite par une organisation adaptée à <strong>la</strong>nécessité, désormais c<strong>la</strong>irement reconnue, <strong>de</strong> conduire chacun à undiplôme ou à une qualification.B - Les indicateurs <strong>de</strong> résultatsLa Cour a examiné <strong>les</strong> résultats <strong>de</strong> l’enseignement sco<strong>la</strong>ire danstrois champs : <strong>la</strong> maîtrise du socle commun <strong>de</strong> connaissances et <strong>de</strong>compétences au terme <strong>de</strong> <strong>la</strong> sco<strong>la</strong>rité obligatoire, <strong>les</strong> proportions d’élèvesdiplômés ou sortant du système sco<strong>la</strong>ire sans diplôme ni qualification, et<strong>la</strong> capacité <strong>de</strong> conduire <strong>les</strong> élèves d’origine sociale défavorisée dans <strong>les</strong>voies <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite sco<strong>la</strong>ire.Comme indiqué en introduction, <strong>les</strong> indicateurs disponib<strong>les</strong>mesurant <strong>les</strong> résultats <strong>de</strong> l’école dans ces domaines essentiels peuventcouvrir l’ensemble du service public <strong>de</strong> l’éducation sans distinguer, selon<strong>les</strong> cas, entre l’enseignement public et l’enseignement privé, ou bien entre<strong>les</strong> différents ministères <strong>de</strong> tutelle (éducation <strong>nationale</strong> ou agriculture).1 - La maîtrise <strong>de</strong>s connaissances et <strong>de</strong>s compétences <strong>de</strong> basePlusieurs dispositifs, nationaux ou internationaux, évaluent <strong>les</strong>connaissances et <strong>les</strong> compétences <strong>de</strong>s élèves. Ils diffèrent selon <strong>les</strong>popu<strong>la</strong>tions testées (un échantillon ou l’ensemble <strong>de</strong>s élèves), <strong>les</strong>méthodologies utilisées (questions à choix multip<strong>les</strong> ou ouvertes,corrections effectuées par <strong>les</strong> enseignants ou par <strong>de</strong>s tiers) et <strong>les</strong> objectifsvisés (évaluations <strong>de</strong>stinées aux professeurs pour adapter l’enseignementau niveau <strong>de</strong>s élèves, ou aux autorités <strong>nationale</strong>s et académiques pourconduire leurs politiques).Les résultats <strong>de</strong> l’enquête inter<strong>nationale</strong> PISA 13 <strong>de</strong> l’OCDE sur <strong>les</strong>compétences <strong>de</strong>s élèves <strong>de</strong> quinze ans en lecture, mathématiques etsciences sont souvent utilisés, car ils permettent <strong>de</strong>s comparaisons entrepays et dans le temps. Par ailleurs, dans le cadre du budget <strong>de</strong> l’Etat, <strong>les</strong>13) Programme international pour le suivi <strong>de</strong>s acquis <strong>de</strong>s élèves (PISA).Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


LES RESULTATS ET LES COUTS DE L’ENSEIGNEMENT SCOLAIRE 13rapports annuels <strong>de</strong> performances <strong>de</strong> <strong>la</strong> « mission interministérielle <strong>de</strong>l’enseignement sco<strong>la</strong>ire », décou<strong>la</strong>nt <strong>de</strong> <strong>la</strong> mise en œuvre <strong>de</strong> <strong>la</strong> loiorganique re<strong>la</strong>tive aux lois <strong>de</strong> finances (LOLF), contiennent <strong>de</strong>s donnéessur <strong>la</strong> maîtrise du socle commun <strong>de</strong> connaissances et <strong>de</strong> compétences par<strong>les</strong> élèves <strong>de</strong> CM2 et <strong>de</strong> 3 ème . Les tests passés par <strong>tous</strong> <strong>les</strong> Français <strong>de</strong> dixseptans lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> journée d’appel <strong>de</strong> préparation à <strong>la</strong> défense (JAPD)constituent une autre source d’évaluation <strong>de</strong>s acquis sco<strong>la</strong>iresfondamentaux.Bien que diverses dans leurs modalités, ces enquêtes livrent <strong>de</strong>srésultats convergents. Ainsi, el<strong>les</strong> montrent toutes qu’au terme <strong>de</strong>l’instruction obligatoire, <strong>la</strong> proportion d’élèves éprouvant <strong>de</strong>s difficultéssérieuses en lecture est <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 21 % :- 21,5 % <strong>de</strong>s élèves <strong>de</strong> 3 ème ne maîtrisent pas <strong>les</strong> compétences <strong>de</strong>base en français, selon un indicateur présenté pour 2008 dans lecadre <strong>de</strong>s lois <strong>de</strong> finances 14 ;- 21,7 % <strong>de</strong>s élèves <strong>de</strong> 15 ans ont d’importantes difficultés <strong>de</strong>lecture, selon l’enquête inter<strong>nationale</strong> PISA menée par l’OCDEen 2006 15 ;- 21,3% <strong>de</strong>s jeunes <strong>de</strong> 17 ans sont <strong>de</strong>s « lecteurs médiocres » ou<strong>de</strong>s lecteurs « à difficultés sévères », selon le test <strong>de</strong> 2007 <strong>de</strong> <strong>la</strong>journée d’appel <strong>de</strong> préparation à <strong>la</strong> défense (JAPD).Ces enquêtes montrent également <strong>de</strong>s évolutions analogues pour<strong>la</strong> part <strong>de</strong> mauvais ou très mauvais lecteurs : mesurée par <strong>les</strong> tests PISA<strong>de</strong> l’OCDE, elle est passée <strong>de</strong> 15% en 2000 à 21,7% en 2006 ; mesuréepar le test <strong>de</strong> <strong>la</strong> JAPD, elle est passée <strong>de</strong> 20,5% en 2005 à 21,3% en 2007.a) La maîtrise du socle commun <strong>de</strong> connaissances et <strong>de</strong> compétencesEn 2007, le ministère <strong>de</strong> l’éducation <strong>nationale</strong> a mis en p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong>sindicateurs <strong>de</strong>stinés à mesurer <strong>la</strong> proportion d’élèves maîtrisant <strong>les</strong>compétences <strong>de</strong> base en français et en mathématiques. Renseignésannuellement dans le cadre <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi <strong>de</strong> finances, ces indicateursexploitent <strong>les</strong> résultats d’une évaluation menée sur un échantillonreprésentatif d’élèves <strong>de</strong> CM2 et <strong>de</strong> 3 ème . Les compétences sont évaluéesà partir <strong>de</strong> tests basés sur <strong>de</strong>s questions à choix multip<strong>les</strong> (QCM) : <strong>de</strong> cefait, en français, <strong>les</strong> compétences liées à l’expression écrite ou orale ne14) Cet indicateur 1.5 du programme n°141 « enseignement sco<strong>la</strong>ire public du second<strong>de</strong>gré » <strong>de</strong> <strong>la</strong> mission interministérielle <strong>de</strong> l’enseignement sco<strong>la</strong>ire (MIES) porte surun échantillon d’élèves <strong>de</strong>s collèges publics.15) Les indicateurs PISA portent sur un échantillon d’élèves <strong>de</strong> l’enseignementsco<strong>la</strong>ire public et privé.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


14 COUR DES COMPTESsont pas prises en compte ; <strong>de</strong> même, en mathématiques, <strong>la</strong> construction<strong>de</strong> figures géométriques ou <strong>la</strong> production <strong>de</strong> démonstrations ont étéécartées.Cette évaluation montre que le pourcentage d’élèves <strong>de</strong> CM2 <strong>de</strong>l’enseignement public ne maîtrisant pas <strong>les</strong> compétences <strong>de</strong> base s’élevaiten 2007 à 14,8% pour le français et à 10,7% pour <strong>les</strong> mathématiques, et,en 2008, à respectivement 12,6% et 9,6%. Le même indicateur, calculépour <strong>les</strong> élèves <strong>de</strong> 3 ème , aboutissait en 2007 à <strong>de</strong>s pourcentages <strong>de</strong> 22,1%en français et 11,6% en mathématiques, puis en 2008 à respectivement21,5% et 11,6%. S’il est difficile d’interpréter <strong>les</strong> variations annuel<strong>les</strong> enraison <strong>de</strong> <strong>la</strong> marge d’incertitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’indicateur, en revanche l’ampleur <strong>de</strong><strong>la</strong> hausse du pourcentage d’élèves en difficulté constatée entre le CM2 et<strong>la</strong> 3 ème ne <strong>la</strong>isse pas <strong>de</strong> p<strong>la</strong>ce au doute.Il convient <strong>de</strong> préciser qu’en 2009 un autre indicateur, visant àmesurer l’ensemble <strong>de</strong>s sept compétences du socle commun acquises par<strong>les</strong> élèves <strong>de</strong> CM2 et <strong>de</strong> 3 ème , a été mis en p<strong>la</strong>ce. Toutefois, <strong>les</strong> résultats,publiés pour <strong>la</strong> première fois dans le projet <strong>de</strong> loi <strong>de</strong> finances pour 2010,ne sont pas fiab<strong>les</strong> en raison du taux élevé <strong>de</strong> réponses incomplètes, <strong>de</strong> <strong>la</strong>faible qualité <strong>de</strong>s données recueillies, et <strong>de</strong> diverses approximationsméthodologiques 16 . Par ailleurs, en 2009 également, l’ensemble <strong>de</strong>sélèves <strong>de</strong> CE1 et <strong>de</strong> CM2 - et non seulement un échantillon - ont passé<strong>de</strong>s tests visant à mesurer l’acquisition <strong>de</strong>s connaissances et compétencesdu socle commun : le bi<strong>la</strong>n <strong>de</strong> ces évaluations n’était pas encoredisponible au moment <strong>de</strong> <strong>la</strong> rédaction du présent rapport.Le ministère dispose également d’autres indicateurs tels que ceuxfournis par l’enquête « Lire, écrire, compter » menée <strong>tous</strong> <strong>les</strong> dix ans surun échantillon d’élèves en fin <strong>de</strong> CM2 dans 150 éco<strong>les</strong> publiques. Lesrésultats montrent un creusement <strong>de</strong> l’écart entre <strong>les</strong> élèves obtenant <strong>de</strong>bons résultats et ceux obtenant <strong>de</strong> moins bons résultats.b) La maîtrise <strong>de</strong>s programmes nationaux d’enseignementDes « évaluations-bi<strong>la</strong>ns » ont été mises en p<strong>la</strong>ce par le ministère<strong>de</strong> l’éducation <strong>nationale</strong> à compter <strong>de</strong> <strong>la</strong> fin <strong>de</strong>s années 1970 17 . Re<strong>la</strong>ncéesen 2003 et réalisées sur un échantillon national <strong>de</strong> quelques milliersd’élèves en CM2 et en 3 ème , dans l’enseignement public et privé souscontrat, el<strong>les</strong> visent à mesurer l’acquisition <strong>de</strong>s connaissances définies par16) Ainsi, l’indicateur est renseigné, selon <strong>les</strong> compétences, par <strong>les</strong> résultats d’unéchantillon d’élèves ou bien par <strong>les</strong> remontées <strong>de</strong>s résultats au brevet. Par ailleurs, <strong>les</strong>années sco<strong>la</strong>ires <strong>de</strong> référence ne sont pas homogènes.17) En 1979 dans <strong>les</strong> éco<strong>les</strong>, en 1980 dans <strong>les</strong> collèges, et en 1984 dans <strong>les</strong> lycées.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


LES RESULTATS ET LES COUTS DE L’ENSEIGNEMENT SCOLAIRE 15<strong>les</strong> programmes nationaux d’enseignement. El<strong>les</strong> couvrent un cycle <strong>de</strong> sixmatières, au rythme d’une discipline évaluée chaque année 18 .Ces évaluations montrent qu’une proportion considérable d’élèvesne maîtrisent pas <strong>les</strong> connaissances <strong>de</strong>s programmes d’enseignement. Lesrésultats <strong>de</strong> ces évaluations révèlent une proportion considérable d’élèvesne maîtrisant pas <strong>les</strong> connaissances <strong>de</strong>s programmes d’enseignement.Ainsi, il ressort <strong>de</strong> l’évaluation <strong>de</strong> 2006 en histoire, géographie etéducation civique que <strong>les</strong> trois-quarts <strong>de</strong>s élèves (72 % en fin d’école,75 % en fin <strong>de</strong> collège) ne maîtrisent pas <strong>les</strong> acquis attendus duprogramme 19 . Pour <strong>les</strong> mathématiques, qui ont fait l’objet d’uneévaluation en 2008, <strong>la</strong> proportion est <strong>de</strong> 72% en fin d’école primairecomme en fin <strong>de</strong> collège 20 . La direction <strong>de</strong> l’évaluation, <strong>de</strong> <strong>la</strong> prospectiveet <strong>de</strong> <strong>la</strong> performance (DEPP) du ministère <strong>de</strong> l’éducation <strong>nationale</strong> estimetoutefois que, s’agissant <strong>de</strong>s écoliers, 31% <strong>de</strong>s élèves peuvent êtreconsidérés comme ayant développé <strong>les</strong> concepts <strong>de</strong> mathématiques leurpermettant <strong>de</strong> suivre une sco<strong>la</strong>rité sans difficultés majeures, <strong>de</strong> sorte que,compte tenu <strong>de</strong> <strong>la</strong> part <strong>de</strong>s élèves dont l’évaluation montre qu’ilsmaîtrisent <strong>les</strong> acquis attendus du programme (28%), ce ne seraient plus« que » 41% <strong>de</strong>s élèves <strong>de</strong> CM2 qui, en mathématiques, n’auraient pas leniveau requis. Selon <strong>la</strong> DEPP, ces pourcentages élevés ne surprendraientpas outre mesure <strong>les</strong> enseignants, ceux-ci considérant le programmedavantage comme une référence idéale que comme un ensemble <strong>de</strong>connaissances obligatoires pour <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves.c) La mesure <strong>de</strong>s compétences <strong>de</strong>s élèves <strong>de</strong> quinze anspar <strong>les</strong> tests PISALes tests internationaux PISA <strong>de</strong> l’OCDE, menés pour <strong>la</strong> premièrefois en 2000, visent à mesurer <strong>les</strong> compétences acquises par <strong>les</strong> élèves <strong>de</strong>quinze ans. Les trois enquêtes PISA réalisées en 2000, 2003 et 2006 ontporté, à titre principal, respectivement sur <strong>la</strong> lecture, <strong>les</strong> mathématiques,et <strong>les</strong> sciences. En 2006, cette enquête a été réalisée dans 56 pays, dont<strong>les</strong> 30 Etats membres <strong>de</strong> l’OCDE. Un nouveau cycle d’évaluation a été<strong>la</strong>ncé en 2009 : à son terme, en 2015, <strong>les</strong> Etats disposeront d’éléments <strong>de</strong>comparaison dans le temps dans chacun <strong>de</strong>s trois domaines étudiés(lecture, mathématiques et sciences).18) Le cycle est le suivant : 2003 pour <strong>la</strong> lecture ; 2004 pour <strong>les</strong> <strong>la</strong>ngues vivantes ;2005 pour <strong>la</strong> vie en société et <strong>les</strong> attitu<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s élèves ; 2006 pour l’histoire, <strong>la</strong>géographie, et l’éducation civique ; 2007 pour <strong>les</strong> sciences expérimenta<strong>les</strong> ; 2008 pour<strong>les</strong> mathématiques ; 2009 pour <strong>la</strong> reprise du cycle d’évaluation avec <strong>la</strong> lecture.19) Repères et références statistiques (RERS) 2007, DEPP, pages 266-269.20) Repères et références statistiques (RERS) 2009, DEPP, pages 270-273.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


16 COUR DES COMPTESLa démarche <strong>de</strong> PISA cherche à évaluer <strong>les</strong> compétencesconsidérées comme « indispensab<strong>les</strong> à 15 ans pour pouvoir vivre dans<strong>de</strong>s sociétés démocratiques et à économie <strong>de</strong> marché » 21 , et non à« vérifier le <strong>de</strong>gré re<strong>la</strong>tif d’atteinte <strong>de</strong>s objectifs affichés par <strong>les</strong>programmes sco<strong>la</strong>ires <strong>de</strong>s pays qui y participent ». Les évaluations PISA,fondées sur <strong>la</strong> mesure <strong>de</strong>s compétences, sont donc complémentaires <strong>de</strong>sévaluations-bi<strong>la</strong>ns <strong>nationale</strong>s mentionnées ci-<strong>de</strong>ssus, qui cherchentd’abord à évaluer <strong>les</strong> connaissances <strong>de</strong>s élèves par rapport aux objectifsdéterminés par <strong>les</strong> programmes d’enseignement. El<strong>les</strong> sont menées enFrance sur un échantillon d’élèves <strong>de</strong> l’enseignement public et privé souscontrat, sans distinction entre <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux secteurs 22 .Comme pour toute comparaison inter<strong>nationale</strong>, <strong>les</strong> résultats <strong>de</strong>PISA doivent être interprétés avec pru<strong>de</strong>nce. Ils n’ont pas pour objetd’établir <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>ssements entre pays, mais <strong>de</strong> donner, conjointement avecd’autres éléments d’analyse, <strong>de</strong>s informations pertinentes sur l’état <strong>de</strong>ssystèmes éducatifs : <strong>les</strong> enquêtes PISA sont révé<strong>la</strong>trices <strong>de</strong> l’organisation<strong>de</strong>s enseignements, et ne doivent pas être hâtivement réduites à unéventuel palmarès entre <strong>de</strong>s systèmes aux histoires sco<strong>la</strong>ires différentes,et qui ne peuvent <strong>de</strong> ce fait être comparés sans précautions.Les comparaisons inter<strong>nationale</strong>s n’ont pas vocation à rendrecompte à el<strong>les</strong> seu<strong>les</strong> <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong>s particu<strong>la</strong>rités, non seulement <strong>de</strong>ssystèmes éducatifs, mais également <strong>de</strong>s systèmes sociaux auxquels ilssont confrontés. En revanche, <strong>les</strong> informations recueillies par PISApermettent d’analyser <strong>les</strong> facteurs <strong>de</strong> contexte associés aux résultats <strong>de</strong>chaque pays, <strong>les</strong> différentes variab<strong>les</strong> liées à l’élève, à son milieu familial,à son établissement, mais également aux choix <strong>de</strong> politique éducative.Ainsi, pour l’épreuve <strong>de</strong> compréhension <strong>de</strong> texte, <strong>les</strong> élèves français <strong>de</strong>quinze ans ont obtenu en 2000 <strong>de</strong>s résultats se situant dans <strong>la</strong> moyenne<strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> l’OCDE. Mais ces élèves se répartissaient en <strong>de</strong>ux pô<strong>les</strong> trèscontrastés : ceux qui étaient au lycée, parce qu’ils n’avaient encore jamaisredoublé, avaient <strong>de</strong>s résultats qui <strong>les</strong> p<strong>la</strong>çaient au-<strong>de</strong>ssus du niveaumoyen <strong>de</strong>s pays <strong>les</strong> plus performants ; en revanche, ceux qui étaienttoujours au collège, parce qu’ils avaient redoublé au moins une fois, sesituaient au niveau <strong>de</strong>s pays <strong>les</strong> moins bien c<strong>la</strong>ssés. Ces différencesamènent à « s’interroger sur <strong>la</strong> signification <strong>de</strong> <strong>la</strong> moyenne globalefrançaise, tant l’écart entre ces sous-groupes d’élèves est important », età constater que « <strong>les</strong> différences selon le retard sco<strong>la</strong>ire sont amplifiées,21) Rapport remis au Haut conseil pour l’évaluation <strong>de</strong> l’école - mai 2005.22) En France, le champ <strong>de</strong> l’enquête PISA porte sur <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves <strong>de</strong> 15 anssco<strong>la</strong>risés dans <strong>les</strong> établissements publics et privés, sous tutelle <strong>de</strong> l’éducation<strong>nationale</strong> ou <strong>de</strong> l’agriculture. L’échantillon <strong>de</strong> PISA 2006 a été constitué par 4.700élèves répartis en 187 établissements.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


LES RESULTATS ET LES COUTS DE L’ENSEIGNEMENT SCOLAIRE 17puisque <strong>les</strong> élèves <strong>de</strong> 3 ème , par exemple, n’ont pas bénéficié duprogramme <strong>de</strong> <strong>la</strong> 2 n<strong>de</strong> générale et technologique » 23 .Les tests PISA révèlent en outre certaines caractéristiques <strong>de</strong>sconceptions <strong>nationale</strong>s <strong>de</strong> l’enseignement, comme le montre l’exemple <strong>de</strong><strong>la</strong> lecture, développé ci-après.PISA et l’enseignement <strong>de</strong> <strong>la</strong> lecture en FranceLa France se positionne au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> <strong>la</strong> moyenne inter<strong>nationale</strong> pour <strong>les</strong>compétences « s’informer » (qui renvoie à <strong>la</strong> capacité <strong>de</strong>s élèves à « prélever<strong>de</strong>s informations dans un texte ») et « interpréter » (qui apprécie leurcapacité à « dégager du sens et à établir <strong>de</strong>s inférences à partir <strong>de</strong> l'écrit »).En revanche, <strong>les</strong> élèves français obtiennent un score inférieur à <strong>la</strong> moyennepour <strong>la</strong> compétence « réagir » (qui mesure leur capacité à « mettre le texte enre<strong>la</strong>tion avec leurs connaissances, leurs idées et leurs expériences »). LaFrance obtient en fait <strong>de</strong>s résultats satisfaisants pour <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux compétencesqui sont le plus travaillées dans l’enseignement <strong>de</strong> <strong>la</strong> lecture et qui sonttraditionnellement soumises aux évaluations <strong>nationale</strong>s. En revanche, <strong>la</strong>compétence « réagir » est peu présente dans <strong>les</strong> pratiques françaises, à <strong>la</strong>différence <strong>de</strong> nombre <strong>de</strong> pays anglo-saxons.Une autre particu<strong>la</strong>rité révélée par <strong>les</strong> enquêtes PISA est que <strong>les</strong> élèvesfrançais sont réticents à prendre le risque d’une réponse fausse et préfèrentdonc parfois ne pas répondre, à <strong>la</strong> différence <strong>de</strong>s élèves d’autres pays. Leschercheurs expliquent ce comportement par <strong>la</strong> crainte <strong>de</strong>s élèves français queleurs erreurs appellent une sanction, ce qui constituerait une caractéristique<strong>de</strong> notre système sco<strong>la</strong>ire.Au total, <strong>les</strong> comparaisons inter<strong>nationale</strong>s effectuées par l’OCDEfont apparaître une efficacité moyenne <strong>de</strong> l’enseignement sco<strong>la</strong>irefrançais. Qu’il s’agisse <strong>de</strong> <strong>la</strong> compréhension <strong>de</strong> l’écrit, <strong>de</strong>s mathématiquesou <strong>de</strong>s sciences, <strong>la</strong> France se situait en 2006 juste au-<strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> <strong>la</strong>moyenne <strong>de</strong> l’OCDE. Ainsi, sur <strong>les</strong> 30 pays figurant sur le tableau ciaprès,<strong>la</strong> France figure au 17 ème rang pour <strong>la</strong> compréhension <strong>de</strong> l’écrit et<strong>les</strong> mathématiques et au 19 ème rang pour <strong>les</strong> sciences.23) O. Cosnefroy - T. Rocher - « Le redoublement au cours <strong>de</strong> <strong>la</strong> sco<strong>la</strong>ritéobligatoire : nouvel<strong>les</strong> analyses, mêmes constats ». Education et formations, n°166 -mai 2005.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


18 COUR DES COMPTESScore moyen en compréhension <strong>de</strong> l’écrit, mathématiques et sciencesmathématiques Compréhension <strong>de</strong> l’écrit sciencesFin<strong>la</strong>n<strong>de</strong> 548 547 563Corée 547 556 522Pays-Bas 531 507 525Suisse 530 499 512Canada 527 527 534Japon 523 498 531Nouvelle-Zé<strong>la</strong>n<strong>de</strong> 522 521 530Australie 520 513 527Belgique 520 501 510Danemark 513 494 496Rép. tchèque 510 483 513Is<strong>la</strong>n<strong>de</strong> 506 484 491Autriche 505 490 511Allemagne 504 495 516Suè<strong>de</strong> 502 507 503Ir<strong>la</strong>n<strong>de</strong> 501 517 508Moyenne OCDE 498 492 500France 496 488 495Pologne 495 508 498Royaume-Uni 495 495 515Rép. slovaque 492 466 488Hongrie 491 482 504Luxembourg 490 479 486Norvège 490 484 487Espagne 480 461 488Etats-Unis 474 - 489Portugal 466 472 474Italie 462 469 475Grèce 459 460 473Turquie 424 447 424Mexique 406 410 410Source : PISA 2006De façon générale, <strong>la</strong> pratique du redoublement en France constitueun <strong>de</strong>s facteurs explicatifs <strong>de</strong> ce résultat moyen, car <strong>les</strong> enquêtes PISA sesituent par rapport à un âge (15 ans), et non par rapport à un niveau (<strong>la</strong> 3 èmeou <strong>la</strong> 2 n<strong>de</strong> , par exemple). Lors <strong>de</strong> l’enquête PISA 2003, près <strong>de</strong> 40 % <strong>de</strong>sélèves français âgés <strong>de</strong> 15 ans avaient ainsi déjà redoublé une fois ou plusau cours <strong>de</strong> leur sco<strong>la</strong>rité : <strong>les</strong> élèves français qui n’avaient aucun retarddans leur sco<strong>la</strong>rité obtenaient en fait d’excellents résultats, supérieurs auxperformances moyennes <strong>de</strong>s pays p<strong>la</strong>cés en tête (Fin<strong>la</strong>n<strong>de</strong>, Corée du Sud,Pays-Bas, Japon) ; à l’inverse, <strong>les</strong> élèves ayant un an <strong>de</strong> retard se situaientjuste <strong>de</strong>vant <strong>les</strong> résultats moyens <strong>de</strong> <strong>la</strong> Grèce, et <strong>les</strong> élèves ayant <strong>de</strong>ux ans<strong>de</strong> retard étaient au niveau moyen du Mexique, pays qui obtenait <strong>les</strong> moinsbons résultats.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


LES RESULTATS ET LES COUTS DE L’ENSEIGNEMENT SCOLAIRE 19Scores en mathématiques - PISA 2003Elèves français « à l’heure » (en 2 n<strong>de</strong> générale et technologique) 564Fin<strong>la</strong>n<strong>de</strong> 544Corée du Sud 542Pays-Bas 538Japon 534Canada 532Belgique 529Australie 524République Tchèque 516Is<strong>la</strong>n<strong>de</strong> 515Danemark 514Moyenne <strong>de</strong>s élèves français (15 ans) 511Suè<strong>de</strong> 509Royaume-Uni 508Autriche 506Allemagne 503Ir<strong>la</strong>n<strong>de</strong> 503Moyenne OCDE 500Norvège 495Pologne 490Hongrie 490Elèves français « à l’heure » (en 2 n<strong>de</strong> professionnelle) 486Espagne 485États-Unis 483Portugal 466Italie 466Elèves français « en retard » d’un an (3 ème ) 454Grèce 445Turquie 423Elèves français « en retard » <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux ans (4 ème ) 401Mexique 385Source : Education et Formation n° 78 – novembre 2008Ce tableau met en lumière l’écart entre <strong>de</strong>ux fractions opposées <strong>de</strong><strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion sco<strong>la</strong>ire : dans l’enquête PISA 2003, environ 60% <strong>de</strong>sélèves <strong>de</strong> 15 ans se situaient dans <strong>les</strong> meilleurs rangs <strong>de</strong> l’OCDE, et 40%dans <strong>les</strong> plus mauvais. C’est en effet l’écart entre <strong>les</strong> résultats extrêmes<strong>de</strong>s élèves - plus que <strong>la</strong> situation moyenne <strong>de</strong> notre pays - qui caractérisele système sco<strong>la</strong>ire français en fin <strong>de</strong> sco<strong>la</strong>rité obligatoire : ainsi, en 2006,l’écart interdécile 24 , représentatif <strong>de</strong> <strong>la</strong> différence entre élèves forts etfaib<strong>les</strong>, était, par rapport à <strong>la</strong> moyenne <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> l’OCDE, supérieur <strong>de</strong>15 points en France pour <strong>la</strong> compréhension <strong>de</strong> l’écrit, <strong>de</strong> 12 points pour<strong>les</strong> mathématiques et <strong>de</strong> 17 points pour <strong>la</strong> culture scientifique.24 Cet écart mesure, sur un échantillon, <strong>la</strong> différence entre <strong>les</strong> résultats obtenus par lepremier décile (10%) et par le neuvième décile (90%).Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


20 COUR DES COMPTESCes résultats s’accompagnent par ailleurs du constat d’unediminution re<strong>la</strong>tive <strong>de</strong>s performances <strong>de</strong> <strong>la</strong> France. En ce qui concernepar exemple <strong>la</strong> compréhension <strong>de</strong> l’écrit, on constate ainsi <strong>de</strong>puis 2000une tendance à <strong>la</strong> baisse <strong>de</strong>s moyennes dans <strong>de</strong> nombreux pays <strong>de</strong>l’OCDE, mais cette tendance est un peu plus marquée en France : sur <strong>les</strong>23 pays figurant sur le tableau ci-après, <strong>la</strong> France se c<strong>la</strong>sse au 19 ème rangen ce qui concerne <strong>la</strong> variation <strong>de</strong> son score.Évolution <strong>de</strong>s scores en compréhension <strong>de</strong> l’écrit <strong>de</strong>puis PISA 2000Score PISA 2006<strong>de</strong> PISA 2000à PISA 2006Corée 556 31Fin<strong>la</strong>n<strong>de</strong> 547 0Canada 527 -7Nouvelle-Zé<strong>la</strong>n<strong>de</strong> 521 -8Ir<strong>la</strong>n<strong>de</strong> 517 -9Australie 513 -15Pologne 508 29Suè<strong>de</strong> 507 -9Belgique 501 -6Japon 498 -24Allemagne 495 11Danemark 494 -2Moyenne OCDE 492 -6Autriche 490 -2France 488 -17Is<strong>la</strong>n<strong>de</strong> 484 -22Norvège 484 -21République tchèque 483 -9Hongrie 482 2Portugal 472 2Italie 469 -19Espagne 461 -32Grèce 460 -14Mexique 410 -11Source : PISA 2006Cette baisse s’explique essentiellement par l’aggravation <strong>de</strong>srésultats <strong>de</strong>s élèves en difficulté, ce que montre le tableau suivant.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


22 COUR DES COMPTESPourcentage d’élèves à chaque niveau <strong>de</strong> compétence sur l’échelle <strong>de</strong>compréhension <strong>de</strong> l’écrit< ou =niveau 2niveau 3niveaux4 et 5Scores 552,89Corée 18,3 27,2 54,5Fin<strong>la</strong>n<strong>de</strong> 20,3 31,2 48,5Canada 28,9 29,4 41,7Ir<strong>la</strong>n<strong>de</strong> 33,0 30,2 36,8Nouvelle-Zé<strong>la</strong>n<strong>de</strong> 33,2 26,4 40,4Australie 34,4 30,1 35,5Pays-Bas 36,4 28,9 34,7Suè<strong>de</strong> 37,2 28,9 33,9Pologne 37,7 27,5 34,7Belgique 38,3 26,0 35,7Suisse 39,4 30,4 30,3Allemagne 40,3 27,3 32,4Japon 40,4 28,7 30,9Danemark 41,7 31,8 26,5Royaume-Uni 41,8 28,7 29,6Moyenne OCDE 42,9 27,8 29,3France 43,1 27,9 29,1Autriche 43,5 26,2 30,3Is<strong>la</strong>n<strong>de</strong> 45,6 29,6 24,8Norvège 45,7 27,6 26,7Hongrie 45,9 30,6 23,5République tchèque 47,0 24,5 28,5Luxembourg 47,5 27,9 24,6Portugal 50,4 28,2 21,4Italie 50,9 26,4 22,7République slovaque 52,9 25,9 21,1Grèce 54,3 27,9 17,8Espagne 55,8 29,7 14,4Turquie 63,2 24,5 12,4Mexique 75,9 18,2 5,9Source : PISA 2006Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


LES RESULTATS ET LES COUTS DE L’ENSEIGNEMENT SCOLAIRE 23De surcroît, <strong>la</strong> France est un <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> l’OCDE où cettedifférenciation s’est le plus accrue au cours <strong>de</strong> <strong>la</strong> pério<strong>de</strong> récente. L’écartinterdécile était encore inférieur en 2000 à <strong>la</strong> moyenne <strong>de</strong> l’OCDE enmathématiques et en compréhension <strong>de</strong> l’écrit : il est <strong>de</strong>venu supérieur en2006 dans <strong>les</strong> trois domaines analysés par PISA (sciences,mathématiques, et compréhension <strong>de</strong> l’écrit). La DEPP observeégalement qu’en 2006, « <strong>les</strong> élèves <strong>les</strong> moins performants représentaient8,5% <strong>de</strong>s élèves français, alors qu’ils étaient 4,2% en 2000 », tandis que« pour l’ensemble <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> l’OCDE, ce pourcentage est passé <strong>de</strong> 6%en 2000 à 7,4% en 2006 » : il y a donc eu une dégradation re<strong>la</strong>tive <strong>de</strong> <strong>la</strong>situation <strong>de</strong>s élèves en difficulté dans notre pays.En d’autres termes, <strong>les</strong> comparaisons inter<strong>nationale</strong>s <strong>de</strong> l’OCDEentre élèves <strong>de</strong> quinze ans ne révèlent pas un problème global du systèmeéducatif français, mais un problème aigu, spécifique, et croissant <strong>de</strong>traitement <strong>de</strong> <strong>la</strong> difficulté sco<strong>la</strong>ire 25 .2 - Les taux <strong>de</strong> diplômés, <strong>de</strong> non diplômés, et <strong>de</strong> non qualifiésAux termes <strong>de</strong> l’article L331-1 du co<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’éducation, « l’Etatsanctionne par <strong>de</strong>s diplômes nationaux <strong>les</strong> formations secondaires ». Lessix principaux diplômes nationaux sont le diplôme national du brevet(DNB), le certificat d’aptitu<strong>de</strong>s professionnel<strong>les</strong> (CAP), le brevetd’étu<strong>de</strong>s professionnel<strong>les</strong> (BEP), le bacca<strong>la</strong>uréat général, le bacca<strong>la</strong>uréattechnologique, et le bacca<strong>la</strong>uréat professionnel 26 .Trois indicateurs présentés à l’appui <strong>de</strong>s lois <strong>de</strong> finances mesurent :- <strong>la</strong> proportion dans une génération <strong>de</strong> diplômés du brevet,- <strong>la</strong> proportion dans une génération <strong>de</strong> diplômés du bacca<strong>la</strong>uréat,- <strong>la</strong> proportion, au sein <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong>s jeunes <strong>de</strong> 20 à 24ans, <strong>de</strong>s diplômés du second cycle du secondaire (CAP, BEPou bacca<strong>la</strong>uréat).Ces indicateurs portent sur l’ensemble <strong>de</strong>s élèves, sans distinguer<strong>les</strong> résultats selon <strong>la</strong> nature <strong>de</strong>s établissements, publics ou privés. Le25) En sens inverse, <strong>les</strong> enseignements <strong>de</strong> PISA montrent que <strong>les</strong> pays qui obtiennent<strong>les</strong> meilleurs résultats (Canada, Japon, Fin<strong>la</strong>n<strong>de</strong>, Suè<strong>de</strong>…) ont le plus souvent mené<strong>de</strong>s stratégies actives <strong>de</strong> lutte contre <strong>la</strong> difficulté sco<strong>la</strong>ire, passant par un soutienindividualisé systématique, par un tronc commun <strong>de</strong> longue durée, par <strong>de</strong> très faib<strong>les</strong>taux <strong>de</strong> redoublement, et par un financement privilégié <strong>de</strong> l’école primaire, c’est-àdirele niveau où s’acquièrent <strong>les</strong> savoirs fondamentaux.26) Il existe cinq autres diplômes nationaux : le certificat <strong>de</strong> formation générale(CFG), <strong>les</strong> mentions complémentaires (MC), le brevet <strong>de</strong>s métiers d’art (BMA), lebrevet professionnel (BP) et le brevet <strong>de</strong> technicien (BT).Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


24 COUR DES COMPTESministère considère en effet que <strong>la</strong> gran<strong>de</strong> mobilité <strong>de</strong>s élèves au cours <strong>de</strong>leur sco<strong>la</strong>rité ne permet pas d’attribuer leur réussite ou leur échec auxexamens à tel ou tel mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> gestion <strong>de</strong> l’enseignement : <strong>la</strong> DEPPrappelle ainsi qu’« au cours d’une sco<strong>la</strong>rité, 40 % <strong>de</strong>s élèves du secteurpublic sont passés par le secteur privé, et 90 % <strong>de</strong>s élèves du secteurprivé sont passés par le secteur public ». De même, dans une réponse endate du 1 er février 2010, le secrétaire général du ministère <strong>de</strong> l’éducation<strong>nationale</strong> a indiqué qu’« il est délicat <strong>de</strong> comparer l’efficacité <strong>de</strong>l’enseignement public par rapport à l’enseignement privé, car <strong>les</strong>trajectoires sont fréquemment mêlées : c’est ainsi que chaque annéeenviron 5% <strong>de</strong>s élèves changent <strong>de</strong> secteur, passant du public vers leprivé, ou du privé vers le public. »a) Les taux <strong>de</strong> diplômés <strong>de</strong> l’enseignement secondaireLa proportion <strong>de</strong>s élèves ayant obtenu un diplôme <strong>de</strong> second cycledu secondaire (CAP, BEP ou bacca<strong>la</strong>uréat) est en 2008 <strong>de</strong> 83,7% 27 .Si l’on considère le seul diplôme du bacca<strong>la</strong>uréat, le taux <strong>de</strong>bacheliers dans une génération s’élève à 63,8% en 2008. Calculé par type<strong>de</strong> bacca<strong>la</strong>uréat, il est <strong>de</strong> 34,6% pour <strong>la</strong> filière générale, 16,6% pour <strong>la</strong>filière technologique et 12,6% pour <strong>la</strong> filière professionnelle. Ainsi, letiers seulement d’une c<strong>la</strong>sse d’âge obtient un bacca<strong>la</strong>uréat général, et <strong>les</strong>bacca<strong>la</strong>uréats ayant vocation à ouvrir l’accès à l’enseignement supérieur(bacca<strong>la</strong>uréat général et bacca<strong>la</strong>uréat technologique) ne sont obtenus quepar une moitié <strong>de</strong>s élèves.En outre, si le taux <strong>de</strong> bacheliers a vivement progressé entre 1980et 2000 (20,1% en 1970, 25,9% en 1980, 43,5% en 1990, 62,8% en2000), en raison notamment <strong>de</strong> <strong>la</strong> création du bacca<strong>la</strong>uréat professionnelen 1987, il stagne <strong>de</strong>puis lors. La progression du nombre <strong>de</strong> bachelierspendant <strong>les</strong> années récentes - <strong>de</strong> 492.000 en 1995 à 518.000 en 2008 - estessentiellement due à <strong>la</strong> hausse continue du taux <strong>de</strong> réussite (73,1% en1990, 79,5% en 2000, 83,5% en 2008), et non à un plus grand accès <strong>de</strong>sélèves à <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse <strong>de</strong> terminale.Au total, <strong>la</strong> baisse <strong>de</strong> <strong>la</strong> proportion globale <strong>de</strong> bacheliers générauxet technologiques par génération, observée <strong>de</strong> 1995 à 2008 - <strong>de</strong> 54,8% à51,2% -, alors même que celle <strong>de</strong>s bacheliers professionnels augmentait<strong>de</strong> 7,9% à 12,6%, est directement défavorable à l’objectif <strong>de</strong> 50% <strong>de</strong>diplômés <strong>de</strong> l’enseignement supérieur, que s’est assigné <strong>la</strong> Nation dans lecadre <strong>de</strong>s engagements européens <strong>de</strong> Lisbonne. Ce constat n’a cependantentraîné aucune réorientation stratégique <strong>de</strong> <strong>la</strong> part du ministère.27) Cet indicateur mesure <strong>la</strong> part <strong>de</strong>s diplômés chez <strong>les</strong> jeunes âgés <strong>de</strong> 20 à 24 ans.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


LES RESULTATS ET LES COUTS DE L’ENSEIGNEMENT SCOLAIRE 25Évolution <strong>de</strong> <strong>la</strong> proportion <strong>de</strong> bacheliers dans une génération par type <strong>de</strong>bacca<strong>la</strong>uréat (%) (France métropolitaine)bacca<strong>la</strong>uréat 1995 1998 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008Général 37,2 33,8 32,9 32,6 32,6 33,6 32,3 33,7 34,8 34,7 34,6technologique 17,6 18,3 18,5 18,2 17,8 17,9 17,8 17,3 17,2 16,8 16,6professionnel 7,9 10,5 11,4 11,2 11,5 11,3 11,7 11,5 12,3 12,8 12,6Ensemble 62,7 62,6 62,8 62,0 61,8 62,8 61,8 62,5 64,3 64,2 63,8Source : RERS 2009b) Les sorties sans diplôme ni qualificationQuatre indicateurs mesurent, avec une précision re<strong>la</strong>tive, <strong>la</strong>proportion <strong>de</strong>s élèves ayant quitté l’enseignement sco<strong>la</strong>ire sans diplôme etsans qualification 28 .1°) Un premier indicateur, portant sur « <strong>les</strong> jeunes sans diplôme »,est calculé dans le cadre <strong>de</strong>s objectifs <strong>de</strong> l’Union européenne. Il est en effetle symétrique d’un indicateur mesurant au sein <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion âgée <strong>de</strong> 20à 24 ans <strong>la</strong> proportion d’élèves ayant obtenu un diplôme <strong>de</strong> second cycle<strong>de</strong> secondaire (CAP, BEP, bacca<strong>la</strong>uréat), soit en France un taux <strong>de</strong> 83,7%en 2008, pour une cible européenne fixée à 85%. Symétriquement,l’indicateur <strong>de</strong>s « jeunes sans diplôme » était donc <strong>de</strong> 16,3%.Il convient <strong>de</strong> préciser que cet indicateur est établi par le ministère<strong>de</strong> l’éducation <strong>nationale</strong> (DEPP) à partir <strong>de</strong> l’enquête « Emploi » <strong>de</strong>l’INSEE. Un inconvénient <strong>de</strong> cette source est <strong>la</strong> faib<strong>les</strong>se <strong>de</strong>s effectifs <strong>de</strong>sjeunes interrogés : si l’enquête « Emploi » porte en effet sur un échantillon<strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion active et interroge à ce titre environ 72.000 personnes,seuls quelques milliers <strong>de</strong> personnes sont questionnées au titre <strong>de</strong> <strong>la</strong>tranche d’âge <strong>de</strong>s 20-24 ans (environ 5.500 pour l’enquête « Emploi »2007). Par conséquent, <strong>les</strong> indicateurs estimés à partir <strong>de</strong> ces effectifsréduits sont imprécis, et peuvent fluctuer <strong>de</strong> manière significative d’uneannée à l’autre : <strong>la</strong> part <strong>de</strong>s « sans diplôme » est ainsi passée <strong>de</strong> 18% en2007 à 16,3% en 2008. Au total, le nombre <strong>de</strong> sorties « sans diplôme » du28) De même que <strong>les</strong> indicateurs re<strong>la</strong>tifs aux diplômés du secondaire, <strong>les</strong> donnéesportent sur l’ensemble du champ sco<strong>la</strong>ire (enseignement public et privé, relevant <strong>de</strong> <strong>la</strong>tutelle <strong>de</strong> l’éducation <strong>nationale</strong> ou <strong>de</strong> l’agriculture, y compris <strong>les</strong> apprentis).Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


26 COUR DES COMPTESsystème sco<strong>la</strong>ire représente environ 130.000 jeunes par an, mais avec un<strong>de</strong>gré d’imprécision important 29 .Ces données étant essentiel<strong>les</strong> pour l’évaluation du système sco<strong>la</strong>ire,il n’est pas satisfaisant <strong>de</strong> <strong>de</strong>voir se contenter d’estimations résultantd’enquêtes effectuées sur quelques milliers <strong>de</strong> jeunes plusieurs annéesaprès leur sortie du système sco<strong>la</strong>ire, d’autant plus qu’il existe un lien trèsfort entre l’absence <strong>de</strong> diplôme et <strong>les</strong> difficultés d’insertionprofessionnelle. En effet, si, il y a quarante ans, <strong>les</strong> jeunes sortaient <strong>de</strong>l’école sans diplôme ni qualification dans <strong>de</strong>s proportions nettement plusimportantes qu’aujourd’hui, ils trouvaient en règle générale du travail : letaux <strong>de</strong> chômage <strong>de</strong>s jeunes sans diplôme n’était que <strong>de</strong> 5% en 1971. Teln’est plus le cas <strong>de</strong> nos jours : le diplôme est, sinon une conditionsuffisante, du moins une condition nécessaire pour l’insertionprofessionnelle. Ainsi en 2007, parmi <strong>les</strong> jeunes âgés <strong>de</strong> 15 à 24 ans« actifs » - c’est-à-dire recherchant ou occupant un emploi -, le taux <strong>de</strong>chômage <strong>de</strong>s jeunes sans diplôme atteignait 45%, alors qu’il était <strong>de</strong> 12%pour <strong>les</strong> jeunes diplômés <strong>de</strong> l’enseignement supérieur 30 .2°) Un <strong>de</strong>uxième indicateur, également calculé dans le cadre <strong>de</strong>sobjectifs fixés par l’Union européenne, porte sur « <strong>les</strong> sorties précoces ». Ilmesure au sein <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion âgée <strong>de</strong> 18 à 24 ans le taux <strong>de</strong> jeunes quin’ont ni CAP, ni BEP, ni diplôme plus élevé, et qui ne poursuivent niétu<strong>de</strong>s ni formation 31 . Il était en France <strong>de</strong> 12,7% en 2007 pour une cibleeuropéenne fixée à 10%.Les principaux pays européens qui ont réussi à atteindre <strong>les</strong> objectifseuropéens sont <strong>la</strong> Fin<strong>la</strong>n<strong>de</strong>, <strong>la</strong> Suè<strong>de</strong>, ainsi que certains pays récemmententrés dans l’Union européenne (République tchèque, Pologne, Lituanie,République slovaque,…). Les performances <strong>les</strong> plus faib<strong>les</strong> sont réalisées29) La DEPP travaille <strong>de</strong>puis plusieurs années à appréhen<strong>de</strong>r directement <strong>les</strong> flux <strong>de</strong>sortants, mais elle se heurte à plusieurs obstac<strong>les</strong> liés aux systèmes d’information. Lesinformations re<strong>la</strong>tives aux catégories socioprofessionnel<strong>les</strong> figurent ainsi dans <strong>les</strong>fichiers <strong>de</strong>s bases SCOLARITE, mais cel<strong>les</strong>-ci, comme l’i<strong>de</strong>ntifiant <strong>de</strong> l’élèverecensé, sont académiques, et non pas <strong>nationale</strong>s. Les résultats <strong>de</strong>s élèves auxexamens sont pour leur part enregistrés dans une autre base <strong>de</strong> données (OCEAN), quin’utilise pas toujours l’i<strong>de</strong>ntifiant académique <strong>de</strong>s fichiers SCOLARITE. La DEPPdéveloppe actuellement un projet <strong>de</strong>stiné à lui permettre <strong>de</strong> disposer <strong>de</strong>s informationsindividuel<strong>les</strong> contenues dans <strong>les</strong> fichiers SCOLARITE, tout en préservant l’anonymat<strong>de</strong>s élèves : elle pourra alors mieux connaître <strong>les</strong> caractéristiques <strong>de</strong>s sorties « sansdiplôme » du système sco<strong>la</strong>ire.30) Données DEPP et INSEE - L’état <strong>de</strong> l’Ecole, 2009.31) Les <strong>de</strong>ux objectifs européens (85% <strong>de</strong> diplômés, 10% <strong>de</strong> non diplômés) ne sontpas symétriques en raison <strong>de</strong> <strong>la</strong> différence <strong>de</strong> leurs périmètres : dans le premier cas, <strong>la</strong>popu<strong>la</strong>tion concernée est celle <strong>de</strong>s 20-24 ans poursuivant ou non une formation, etdans l’autre celle <strong>de</strong>s 18-24 ans ne poursuivant pas <strong>de</strong> formation.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


LES RESULTATS ET LES COUTS DE L’ENSEIGNEMENT SCOLAIRE 27notamment par l’Allemagne (taux <strong>de</strong> réussite du secondaire <strong>de</strong> 74,1% etsorties précoces <strong>de</strong> 12,7%) et par l’Espagne (60% et 31%).Les objectifs européens <strong>de</strong> Lisbonne (2007)en %Réussite du secondaire(objectif : 85%)Sorties précoces(objectif : 10%)Allemagne 74,1 12,7Autriche 84,5 10,9Belgique 82,2 12,3Bulgarie 83,7 16,6Chypre 85,1 12,6Danemark 71,0 12,4Espagne 60,0 31,0Estonie 82,2 14,3Fin<strong>la</strong>n<strong>de</strong> 86,2 7,9France 83,7 12,7Grèce 82,1 14,7Hongrie 83,6 10,9Ir<strong>la</strong>n<strong>de</strong> 87,4 11,5Italie 76,5 19,3Lettonie 80,0 16,0Lituanie 89,1 8,7Luxembourg 72,8 15,1Malte 54,2 37,3Pays-Bas 76,2 12,0Pologne 91,3 5,0Portugal 54,3 36,3République tchèque 91,6 5,5Roumanie 78,3 19,2Royaume-Uni 78,2 17,0Slovaquie 92,3 7,2Slovénie 90,2 4,3Suè<strong>de</strong> 87,9 8,6Source : RERS 20093°) Un troisième indicateur, national, porte sur <strong>les</strong> « sortants sansqualification ». Il est proche <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux indicateurs européens précités, sanspour autant être i<strong>de</strong>ntique. La notion <strong>de</strong> « qualification », introduite dans<strong>les</strong> statistiques françaises en 1969 32 , se fon<strong>de</strong> en effet sur <strong>la</strong> <strong>de</strong>rnièrec<strong>la</strong>sse fréquentée par l’élève, et non sur le diplôme obtenu : <strong>les</strong> élèvesayant obtenu une « qualification » sont ceux qui sont sortis du systèmeéducatif en c<strong>la</strong>sse <strong>de</strong> terminale ou en <strong>de</strong>rnière année <strong>de</strong> CAP ou BEP,qu’ils aient on non obtenu <strong>les</strong> diplômes correspondants. A l’inverse, <strong>les</strong>élèves « sortant sans qualification » sont ceux qui quittent32) Cette notion a été introduite dans le cadre d’une c<strong>la</strong>ssification <strong>de</strong>s niveaux <strong>de</strong>formation reposant sur <strong>la</strong> nomenc<strong>la</strong>ture <strong>de</strong>s métiers fixée en 1969 par <strong>la</strong> commissionstatistique <strong>nationale</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> formation professionnelle et <strong>de</strong> <strong>la</strong> promotion sociale.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


28 COUR DES COMPTESl’enseignement sco<strong>la</strong>ire en 3 ème ou bien en première année <strong>de</strong> CAP ou <strong>de</strong>BEP 33 .Les jeunes « sortant sans qualification » étaient au nombre <strong>de</strong>44.000 en 2006, ce qui, rapporté à une génération <strong>de</strong> 730.000 jeunes,représentait 6% d’une c<strong>la</strong>sse d’âge. Si l’on ajoute à cet effectif <strong>les</strong> 42.000élèves qui sont sortis en 2 n<strong>de</strong> ou en 1 ère , on obtient un total <strong>de</strong> 86.000élèves sortis en cours <strong>de</strong> cycle - soit 12% d’une génération -.4°) Un <strong>de</strong>rnier indicateur est enfin issu <strong>de</strong>s enquêtes réalisées parle centre d’étu<strong>de</strong>s et <strong>de</strong> recherches sur <strong>les</strong> qualifications (CEREQ), quianalysent <strong>la</strong> situation <strong>de</strong>s jeunes trois ans après leur sortie <strong>de</strong> formationinitiale, quel que soit leur niveau <strong>de</strong> sortie (enseignement sco<strong>la</strong>ire ousupérieur). En 2007, le CEREQ a interrogé un échantillon d’environ33.000 jeunes sortis <strong>de</strong> formation initiale en 2004 (enquête dite« Génération 2004 ») : le taux <strong>de</strong> jeunes sans diplôme est <strong>de</strong> 17%, ce quiest cohérent avec <strong>les</strong> indicateurs européens et nationaux précités.3 - Les inégalités socia<strong>les</strong> dans <strong>la</strong> réussite sco<strong>la</strong>irea) Les indicateurs nationauxSi l’origine sociale <strong>de</strong>s élèves sortant du système éducatif sansdiplôme et sans qualification n’est pas connue, <strong>de</strong> nombreuses donnéesrévèlent <strong>de</strong> fortes inégalités socia<strong>les</strong> <strong>face</strong> à <strong>la</strong> réussite sco<strong>la</strong>ire :- Ainsi, par exemple, l’évaluation-bi<strong>la</strong>n menée en 2008 pour <strong>les</strong>mathématiques montre que, dans le secteur public, <strong>la</strong>proportion <strong>de</strong>s collégiens <strong>de</strong> 3 ème ne maîtrisant pas <strong>les</strong> acquisattendus est <strong>de</strong> 81,4% dans l’éducation prioritaire, contre70,4% en <strong>de</strong>hors ; <strong>la</strong> proportion <strong>de</strong>s élèves en gran<strong>de</strong> difficultéy est par ailleurs <strong>de</strong> 20,6%, contre 14,3%.- De même, l’indicateur <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi <strong>de</strong> finances mesurant lepourcentage <strong>de</strong>s élèves sco<strong>la</strong>risés maîtrisant <strong>les</strong> compétences<strong>de</strong> base en français est, en 2008, inférieur <strong>de</strong> 38% dans <strong>les</strong>33) Un élève peut donc être « sans diplôme » tout en étant « qualifié » au sens <strong>de</strong>l’éducation <strong>nationale</strong> : c’est le cas <strong>de</strong> l’élève qui a quitté le système éducatif en 2n<strong>de</strong>ou après <strong>la</strong> première année <strong>de</strong> CAP ou BEP, sans avoir obtenu le brevet, le CAP, ou leBEP. Un élève peut aussi être « sans qualification » tout en étant « diplômé » au sens<strong>de</strong> l’éducation <strong>nationale</strong> : c’est le cas <strong>de</strong> l’élève qui abandonne l’école en fin <strong>de</strong> 3èmeou en première année <strong>de</strong> CAP ou <strong>de</strong> BEP, après avoir obtenu le brevet. Enfin, unélève peut être « sans diplôme » et « sans qualification » : il quitte l’école en fin <strong>de</strong>collège ou en première année <strong>de</strong> CAP ou <strong>de</strong> BEP, sans avoir obtenu le brevet.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


LES RESULTATS ET LES COUTS DE L’ENSEIGNEMENT SCOLAIRE 29établissements relevant d’un « réseau ambition réussite » aupourcentage atteint dans <strong>les</strong> autres établissements 34 .- En 2008, 78,4% <strong>de</strong>s élèves provenant <strong>de</strong> catégories socia<strong>les</strong>favorisées ont obtenu un bacca<strong>la</strong>uréat général, contreseulement 18% <strong>de</strong>s élèves d’origine sociale défavorisée 35 .La DEPP parle d’une « distil<strong>la</strong>tion ségrégative » 36 pour décrire <strong>les</strong>effets <strong>de</strong> cette influence sociale : « La distil<strong>la</strong>tion ségrégative est continue<strong>de</strong>puis <strong>la</strong> sco<strong>la</strong>rité élémentaire jusqu’à l’accès à un bacca<strong>la</strong>uréat généra<strong>la</strong>vec mention : <strong>les</strong> milieux familiaux influencent <strong>la</strong> qualité <strong>de</strong>s parcoursdans l’enseignement primaire et secondaire, mais aussi <strong>les</strong> choixd’orientation aux différentes étapes <strong>de</strong> <strong>la</strong> sco<strong>la</strong>rité et, en particulier, àl’entrée dans l’enseignement supérieur. 55 % <strong>de</strong>s bacheliers qui entrentdans <strong>les</strong> c<strong>la</strong>sses préparatoires aux gran<strong>de</strong>s éco<strong>les</strong> ont un père cadre, chefd’entreprise, professeur ou membre d’une profession libérale : ils sonttrois fois et <strong>de</strong>mi plus nombreux que dans l’ensemble <strong>de</strong> <strong>la</strong> cohorte <strong>de</strong>sélèves <strong>de</strong> sixième, tandis que <strong>les</strong> enfants d’origine ouvrière le sont quatrefois moins ».Ces constats montrent <strong>la</strong> progression que doit encore accomplirl’institution sco<strong>la</strong>ire pour jouer pleinement son rôle dans le sens d’uneplus gran<strong>de</strong> égalité <strong>de</strong>s chances.b) Les enseignements <strong>de</strong>s indicateurs internationaux PISALes indicateurs PISA cherche à analyser « <strong>les</strong> facteurs qui influentsur <strong>la</strong> performance <strong>de</strong>s élèves et à <strong>les</strong> comparer entre <strong>les</strong> pays ». Danscette perspective, l’OCDE prend en considération <strong>les</strong> informationsre<strong>la</strong>tives au milieu socio-économique <strong>de</strong>s élèves, à leur statutd’autochtone ou d’allochtone, et au patrimoine culturel familial. Cesinformations permettent <strong>de</strong> constituer un indice <strong>de</strong> « statut économique,34) L’indicateur rapporte le pourcentage d’élèves <strong>de</strong>s collèges « réseau ambitionréussite » atteignant le seuil <strong>de</strong> compétences du socle commun au pourcentage <strong>de</strong>sélèves <strong>de</strong>s autres établissements atteignant ce seuil. Cet indicateur serait égal à 1 si <strong>la</strong>proportion d’élèves <strong>de</strong>s collèges « ambition réussite » maîtrisant <strong>les</strong> compétences était<strong>la</strong> même que chez <strong>les</strong> autres élèves : or, sa valeur était en 2008 <strong>de</strong> 0,62 en françaispour <strong>les</strong> élèves <strong>de</strong> 3ème.35) Les catégories défavorisées regroupent <strong>les</strong> ouvriers, <strong>les</strong> retraités ouvriers etemployés, et <strong>les</strong> personnes qui n’ont jamais eu d’activité professionnelle. L’originesociale <strong>de</strong>s bacheliers est établie au niveau <strong>de</strong>s académies qui font remonterl’information à <strong>la</strong> DEPP.36) Note d’information n°8-16 - mars 2008 - Disparités d’accès et parcours enc<strong>la</strong>sses préparatoiresCour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


30 COUR DES COMPTESsocial et culturel » (SESC) 37 . Cet indice n’est pas d’une fiabilité totale enraison <strong>de</strong>s <strong>la</strong>cunes constatées dans <strong>les</strong> déc<strong>la</strong>rations <strong>de</strong>s élèves re<strong>la</strong>tives à<strong>la</strong> profession <strong>de</strong>s parents. Il peut néanmoins donner un ordre <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>ur<strong>de</strong>s inégalités socia<strong>les</strong>, qui est confirmé par <strong>les</strong> résultats obtenus dans cedomaine par <strong>la</strong> DEPP.Le tableau suivant décrit <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion entre <strong>la</strong> performance <strong>de</strong>s élèveset l’indice SESC. Ces données font apparaître que, dans <strong>tous</strong> <strong>les</strong> pays <strong>de</strong>l’OCDE, <strong>les</strong> élèves issus <strong>de</strong> milieux favorisés ten<strong>de</strong>nt à obtenir <strong>de</strong>s scoresplus élevés aux épreuves <strong>de</strong> l’enquête PISA. Trois autres constats doiventtoutefois être soulignés :− Les pays <strong>les</strong> plus performants sont le plus souvent ceux oùl’écart <strong>de</strong> résultats entre <strong>les</strong> élèves <strong>de</strong> statut favorisé et <strong>de</strong> statutdéfavorisé est le plus faible (Fin<strong>la</strong>n<strong>de</strong>, Corée, Canada, Japon) :un <strong>de</strong>s enseignements <strong>de</strong> l’enquête PISA est que <strong>la</strong> performancesco<strong>la</strong>ire va <strong>de</strong> pair avec une plus gran<strong>de</strong> égalité <strong>de</strong>s chances.− La France est, sur <strong>les</strong> 30 pays figurant sur le tableau ci-après,celui où l’écart <strong>de</strong> résultats entre <strong>les</strong> élèves <strong>de</strong> statuts favorisé etdéfavorisé est le plus important - <strong>de</strong> l’ordre du double <strong>de</strong> celuidu Japon, du Canada, ou <strong>de</strong> <strong>la</strong> Fin<strong>la</strong>n<strong>de</strong> : <strong>la</strong> France se trouvedans <strong>la</strong> situation <strong>la</strong> plus défavorable <strong>de</strong> l’OCDE du point <strong>de</strong> vue<strong>de</strong> l’équité sco<strong>la</strong>ire.− La France est enfin au 22 ème rang en ce qui concernel’accentuation entre l’enquête PISA 2000 et l’enquête PISA2006 <strong>de</strong>s écarts <strong>de</strong> résultats entre <strong>les</strong> élèves <strong>de</strong> statuts favoriséet défavorisé. Le caractère inéquitable du système sco<strong>la</strong>irefrançais tend à s’aggraver.37) L’indice SESC est composé <strong>de</strong> plusieurs variab<strong>les</strong> : le statut professionnel le plusélevé du père ou <strong>de</strong> <strong>la</strong> mère, le niveau <strong>de</strong> formation le plus élevé du père ou <strong>de</strong> <strong>la</strong>mère converti en années d’étu<strong>de</strong>s, le patrimoine culturel familial, calculé à partir <strong>de</strong>sindications données par <strong>les</strong> élèves sur <strong>les</strong> équipements dont ils disposent à domicilepour leurs pratiques culturel<strong>les</strong>.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


LES RESULTATS ET LES COUTS DE L’ENSEIGNEMENT SCOLAIRE 31Scores en culture scientifique, compréhension <strong>de</strong> l'écrit, et culturemathématique, selon le statut économique, social et culturelÉlèves dont le statut économique,social et culturel est faible(quartile inférieur <strong>de</strong> l'indice<strong>de</strong> statut économique,social et culturel)CulturescientifiqueCompréhension<strong>de</strong> l'écritCulturemathématiqueÉlèves dont le statut économique,social et culturel est élevé(quartile supérieur <strong>de</strong> l'indice<strong>de</strong> statut économique,social et culturel)CulturescientifiqueCompréhension<strong>de</strong> l'écritCulturemathématiqueEcart <strong>de</strong> score(culturescientifique)PISA2000PISA2006Fin<strong>la</strong>n<strong>de</strong> 535 519 519 598 578 585 61 63Canada 501 490 498 569 566 561 72 68Corée 494 532 513 558 588 590 59 64Japon 493 460 485 562 530 556 69Australie 484 472 482 572 555 561 95 88Nlle-Zé<strong>la</strong>n<strong>de</strong> 480 473 482 589 577 571 108 109Pays-Bas 478 465 490 578 555 579 100Ir<strong>la</strong>n<strong>de</strong> 467 478 465 555 562 545 82 88Royaume-Uni 467 452 456 570 546 543 103Suè<strong>de</strong> 466 470 464 543 542 542 75 77Rép. tchèque 465 436 457 564 535 564 109 99Autriche 462 441 459 559 539 553 93 97Allemagne 460 438 450 572 550 561 126 111Pologne 460 465 456 546 557 540 93 86Is<strong>la</strong>n<strong>de</strong> 458 457 473 522 512 536 52 64Suisse 458 452 481 563 546 576 128 105Belgique 456 446 463 566 555 576 123 110Danemark 453 459 475 543 534 553 108 90Norvège 453 447 458 523 521 525 81 69Hongrie 450 426 435 559 536 552 128 108Espagne 446 423 440 533 498 522 96 87France 437 432 441 559 544 556 113 122Rép. slovaque 437 414 439 540 517 543 103Italie 435 428 424 511 502 496 78 76Etats-Unis 435 m 428 552 529 113 117Portugal 433 421 424 526 529 519 84 93Grèce 427 416 412 520 504 507 83 93Luxembourg 424 416 437 543 535 543 119Turquie 390 409 387 474 494 480 84Mexique 370 365 364 457 461 453 79 87Moyenne <strong>de</strong> 456 448 455 547 537 544 93 92l'OCDESource: PISA 2006Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


32 COUR DES COMPTESLes enquêtes PISA fait donc apparaître que <strong>la</strong> France est un <strong>de</strong>spays où <strong>les</strong> <strong>de</strong>stins sco<strong>la</strong>ires sont le plus fortement corrélés aux originessocia<strong>les</strong> et au statut culturel <strong>de</strong>s famil<strong>les</strong> 38 .4 - Les inégalités entre établissementsa) Effet-établissement, effet-pairs, et effet-c<strong>la</strong>ssePar <strong>de</strong>là l’effet du milieu social ou culturel, le milieu sco<strong>la</strong>ireexerce plusieurs influences sur <strong>les</strong> résultats <strong>de</strong>s élèves. L’ « effetétablissement» caractérise le fait que certains établissements sco<strong>la</strong>iresaboutissent, à publics d’élèves comparab<strong>les</strong>, à <strong>de</strong> meilleurs résultats dansl’acquisition <strong>de</strong> connaissances ou <strong>la</strong> réussite aux examens. « L’effetpairs» traduit l’inci<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> <strong>la</strong> composition sociale <strong>de</strong> l’établissement sur<strong>les</strong> résultats <strong>de</strong>s élèves. « L’effet-c<strong>la</strong>sse » mesure enfin l’inci<strong>de</strong>nce <strong>de</strong>l’enseignant et <strong>de</strong> <strong>la</strong> composition <strong>de</strong> <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse sur <strong>les</strong> résultats <strong>de</strong>s élèves.Les données disponib<strong>les</strong>, issues d’étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> cohortes d’élèves ou<strong>de</strong>s indicateurs <strong>de</strong> « valeur ajoutée » <strong>de</strong>s lycées, montrent qu’en Francel’effet-établissement est d’une ampleur re<strong>la</strong>tivement limitée 39 . L’effetpairs,en revanche, est important. L’effet-c<strong>la</strong>sse, quant à lui, n’est pasmesuré, ce qui est regrettable, car cette carence limite <strong>les</strong> informationsactuellement disponib<strong>les</strong> aux seuls effets <strong>de</strong>s caractéristiques <strong>de</strong>l’établissement et <strong>de</strong> sa popu<strong>la</strong>tion sco<strong>la</strong>ire, mais non <strong>de</strong>s enseignants.b) Les indicateurs <strong>de</strong> valeur ajoutée <strong>de</strong>s lycéesLa DEPP calcule <strong>de</strong>puis 1994 <strong>de</strong>s « indicateurs <strong>de</strong> valeur ajoutée<strong>de</strong>s lycées » dans trois domaines : le taux <strong>de</strong> réussite au bacca<strong>la</strong>uréat, letaux d’élèves <strong>de</strong> 2 n<strong>de</strong> parvenant en terminale dans le même lycée, et <strong>la</strong>proportion <strong>de</strong> bacheliers parmi <strong>les</strong> sortants. Pour <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux premiers38) Ces constats ont pu amener une analyse récente <strong>de</strong>s résultats <strong>de</strong> PISA, effectuéepar MM. Bau<strong>de</strong>lot et Establet, à qualifier <strong>la</strong> France <strong>de</strong> « paradis <strong>de</strong> <strong>la</strong> pré<strong>de</strong>stinationsociale », où « <strong>les</strong> enfants d’origine popu<strong>la</strong>ire sont davantage pénalisés que dansd’autres pays ». Ils précisent <strong>de</strong> même : « Il y a moins d’écart <strong>de</strong> réussite sco<strong>la</strong>ireentre un fils d’ouvrier et un fils <strong>de</strong> cadre japonais ou suédois qu’en France entre unenfant <strong>de</strong> cadre intellectuel et un enfant d’ouvrier. Le poids <strong>de</strong> l’origine sociale <strong>de</strong>sélèves sur leur performance est <strong>de</strong>ux fois plus fort en France qu’en Fin<strong>la</strong>n<strong>de</strong>, ou enCorée du Sud. Pour <strong>la</strong> première fois le caractère élitiste du système sco<strong>la</strong>ire françaisest ainsi objectivé <strong>de</strong> façon comparative». (« L’élitisme républicain, l’école françaiseà l’épreuve <strong>de</strong>s comparaisons inter<strong>nationale</strong>s » - Le Seuil, 2009)39) Un <strong>de</strong>s facteurs explicatifs <strong>de</strong> l’ampleur limitée <strong>de</strong> l’effet-établissement en Franceest le caractère très autonome du fonctionnement <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>sses par rapport à <strong>la</strong> politiqued’établissement (Cf. Pascal Bressoux - « Sociologie du système éducatif », PUF,2009).Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


LES RESULTATS ET LES COUTS DE L’ENSEIGNEMENT SCOLAIRE 33indicateurs, le ministère distingue le taux « brut », qui est le tauxconstaté <strong>de</strong> réussite au bacca<strong>la</strong>uréat ou d’accès <strong>de</strong> 2 n<strong>de</strong> en terminale, et letaux « attendu », qui est le taux théorique qui découlerait <strong>de</strong> l’applicationà l’établissement, en fonction <strong>de</strong> ses caractéristiques (origine sociale, âge,et, <strong>de</strong>puis 2009, niveau sco<strong>la</strong>ire initial 40 et composition du public d’élèves<strong>de</strong> l’établissement), <strong>de</strong>s taux <strong>de</strong> réussite au bacca<strong>la</strong>uréat ou <strong>de</strong>s tauxd’accès moyens nationaux. La différence entre taux constaté et tauxattendu permet <strong>de</strong> mesurer <strong>la</strong> « valeur ajoutée » du lycée, c’est-à-dire sacapacité à obtenir <strong>de</strong>s résultats supérieurs (valeur ajoutée positive) ouinférieurs (valeur ajoutée négative) à ce qui était attendu compte tenu <strong>de</strong>l’origine sociale, <strong>de</strong> l’âge, et du niveau initial <strong>de</strong> ses élèves.Les données publiées en 2009 sur le bacca<strong>la</strong>uréat 2008 montrent<strong>de</strong>s résultats très inégaux entre établissements :− Le taux brut <strong>de</strong> réussite est compris entre 13% et 100% pour <strong>les</strong>lycées professionnels et entre 22% et 100% pour <strong>les</strong> lycéesd’enseignement général et technologique.− Le taux « attendu » <strong>de</strong> réussite au bacca<strong>la</strong>uréat est compris,pour <strong>les</strong> lycées professionnels, entre 43% et 93% dans <strong>la</strong> filièreproduction et entre 53% et 90% dans <strong>la</strong> filière services, et pour<strong>les</strong> lycées d’enseignement général et technologique, entre 35%et 99%.Les résultats <strong>de</strong>s établissements au bacca<strong>la</strong>uréat sont en effet trèssensib<strong>les</strong> aux caractéristiques <strong>de</strong> leurs élèves :− Le taux <strong>de</strong> réussite au bacca<strong>la</strong>uréat varie <strong>de</strong> 79,2% pour <strong>les</strong> enfantsd’ouvriers et d’inactifs à 91,1% pour <strong>les</strong> enfants <strong>de</strong> cadressupérieurs et d’enseignants.− Il est compris entre 72,4% pour <strong>les</strong> élèves ayant <strong>de</strong>ux ans <strong>de</strong> retardou plus et 92,7% pour <strong>les</strong> élèves sans retard dans leur sco<strong>la</strong>rité 41 .− Il varie <strong>de</strong> 73% pour <strong>les</strong> élèves ayant une note moyenne inférieureà 10 au diplôme national du brevet à 92,8% pour <strong>les</strong> élèves ayantobtenu une moyenne supérieure à 14 42 .40) La mesure <strong>de</strong> <strong>la</strong> DEPP du niveau initial <strong>de</strong> l’élève entrant au lycée reste encoretrès approximative. En effet, compte tenu <strong>de</strong> l’insuffisance <strong>de</strong>s données individuel<strong>les</strong>recueillies par <strong>les</strong> systèmes d’information, <strong>la</strong> DEPP attribue à chaque lycéen <strong>la</strong>moyenne <strong>de</strong>s notes à l’écrit du brevet <strong>de</strong>s élèves du même lycée, dont <strong>les</strong> notes ont puêtre i<strong>de</strong>ntifiées lors d’un rapprochement entre <strong>les</strong> fichiers <strong>de</strong> <strong>la</strong> base SCOLARITE etceux <strong>de</strong> <strong>la</strong> base OCEAN concernant <strong>les</strong> résultats aux examens.41) Indicateurs calculés pour <strong>la</strong> session 2008 du bacca<strong>la</strong>uréat, France entière.42) Cette mesure est imparfaite, puisque, pour <strong>les</strong> raisons précitées, le ministère nepeut pas encore appréhen<strong>de</strong>r le niveau initial <strong>de</strong> chaque élève.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


34 COUR DES COMPTES− -La composition du public sco<strong>la</strong>ire <strong>de</strong> l’établissement est aussi unfacteur explicatif important : le taux <strong>de</strong> réussite <strong>de</strong>s enfantsd’ouvriers ou d’inactifs 43 est <strong>de</strong> 72,9% dans le décile <strong>de</strong>s lycéesayant le plus d’enfants d’ouvriers et d’inactifs, mais il est <strong>de</strong> 91,1%dans le décile <strong>de</strong>s lycées ayant le plus d’enfants <strong>de</strong> cadressupérieurs ; <strong>de</strong> même, le taux <strong>de</strong> réussite <strong>de</strong>s enfants <strong>de</strong> cadressupérieurs est <strong>de</strong> 83,0% dans <strong>les</strong> lycées ayant le plus d’enfantsd’ouvriers et d’inactifs, mais il est <strong>de</strong> 96,4% dans <strong>les</strong> lycées ayantle plus d’enfants <strong>de</strong> cadres supérieurs.Le calcul <strong>de</strong> l’écart entre <strong>les</strong> taux bruts et <strong>les</strong> taux attendus montrepar ailleurs que <strong>les</strong> « valeurs ajoutées » varient fortement selon <strong>les</strong>établissements, par exemple entre -61 points et +25 points pour <strong>les</strong> lycéesd’enseignement général et technologique 44 . Toutefois, <strong>la</strong> dispersion <strong>de</strong>s« valeurs ajoutées » par rapport à <strong>la</strong> moyenne est d’une ampleur limitée :par exemple, 95% <strong>de</strong>s lycées d’enseignement général et technologiqueont une valeur ajoutée comprise entre -11 points et +11 points.Le tableau ci-après récapitule <strong>les</strong> principa<strong>les</strong> données <strong>de</strong>l’indicateur <strong>de</strong> taux <strong>de</strong> réussite au bacca<strong>la</strong>uréat pour <strong>la</strong> session 2008.La réussite au bacca<strong>la</strong>uréat - session <strong>de</strong> juin 2008taux <strong>de</strong> réussiteconstatévaleur ajoutéeconstatéeLycées d'enseignement général et technologiqueMaximum 100 25Minimum 22 -61Moyenne 86,8 -0,3écart type 9,2 5,3Lycées professionnels (filière tertiaire)Maximum 100 47Minimum 13 -67Moyenne 78,9 -1,5écart type 13,9 13,4Lycées professionnels (filière production)Maximum 100 42Minimum 18 -58Moyenne 79,1 -1,1écart type 13,1 11,8Source : Cour <strong>de</strong>s comptes à partir <strong>de</strong>s données <strong>de</strong> <strong>la</strong> DEPP43) Le ministère <strong>de</strong> l’éducation <strong>nationale</strong> définit conventionnellement <strong>les</strong> inactifscomme <strong>les</strong> personnes qui ne sont ni en emploi ni au chômage (étudiants, retraités,hommes et femmes au foyer, personnes en incapacité <strong>de</strong> travailler, etc.).44) Une valeur ajoutée positive <strong>de</strong> 25 points signifie qu’un établissement a un taux <strong>de</strong>réussite au bacca<strong>la</strong>uréat 2008 supérieur <strong>de</strong> 25 points à son taux « attendu », comptetenu <strong>de</strong>s caractéristiques <strong>de</strong> ses élèvesCour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


LES RESULTATS ET LES COUTS DE L’ENSEIGNEMENT SCOLAIRE 35Sur <strong>la</strong> base <strong>de</strong> ces informations, publiées chaque année par leministère, diverses publications é<strong>la</strong>borent <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>ssements <strong>de</strong> lycées, enpondérant, selon leurs propres critères, <strong>les</strong> différents indicateurs,privilégiant tantôt le taux brut <strong>de</strong> réussite au bacca<strong>la</strong>uréat obtenu parl’établissement, tantôt sa « valeur ajoutée », tantôt le taux d’accès aubacca<strong>la</strong>uréat, ou en pondérant ces indicateurs avec <strong>de</strong>s coefficientsvariab<strong>les</strong>. Pour sa part, le ministère publie ces données sans procé<strong>de</strong>r à<strong>de</strong>s c<strong>la</strong>ssements, qu’il estime non significatifs.En effet, <strong>les</strong> indicateurs portant sur <strong>les</strong> établissements doivent êtrepris en compte avec pru<strong>de</strong>nce, car ils n’informent pas sur <strong>les</strong> processusqui ont abouti aux résultats observés.Ainsi, dans un exemple observé par <strong>la</strong> Cour, un lycée qui obtient<strong>de</strong>s indicateurs <strong>de</strong> valeur ajoutée élevés pour le taux <strong>de</strong> réussite aubacca<strong>la</strong>uréat et le taux d’accès <strong>de</strong> <strong>la</strong> 2 n<strong>de</strong> au bacca<strong>la</strong>uréat, peut avoirobtenu ces résultats, non par une efficacité particulière, mais en exigeantune moyenne élevée pour entrer en 2 n<strong>de</strong> et en pratiquant un taux <strong>de</strong>redoublement important en 2 n<strong>de</strong> et en 1 ère : ce lycée, apparemment trèsefficace en valeur absolue (100 % <strong>de</strong> succès au bacca<strong>la</strong>uréat), est en faitmédiocre du point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> <strong>la</strong> progression <strong>de</strong>s élèves par rapport à leurniveau <strong>de</strong> départ, compte tenu du caractère très sélectif <strong>de</strong> sonrecrutement.En outre, il faut prendre en compte plusieurs autres facteurs quiinfluent sur <strong>les</strong> résultats, tels que <strong>la</strong> taille <strong>de</strong> l’établissement, <strong>les</strong> effets <strong>de</strong>concurrence avec <strong>les</strong> établissements <strong>les</strong> plus proches, ou encore <strong>la</strong>diversité <strong>de</strong> l’offre <strong>de</strong> formation.Pour autant, en dépit <strong>de</strong> ces limites, <strong>les</strong> enseignements tirés <strong>de</strong>sindicateurs calculés par <strong>la</strong> DEPP sont précieux. Ainsi, parmi <strong>les</strong>établissements qui ont obtenu en 2008 une « valeur ajoutée » supérieure à10 points pour <strong>la</strong> réussite au bacca<strong>la</strong>uréat, on trouve une vingtaine <strong>de</strong>lycées, qui se répartissent <strong>de</strong> façon équilibrée entre lycées publics etprivés. Ces établissements ont <strong>de</strong>s taux <strong>de</strong> réussite bruts très inégaux 45 , etils ne sont pas particulièrement renommés : en sens inverse, <strong>les</strong> lycées <strong>les</strong>plus prestigieux, qui ont généralement un niveau sco<strong>la</strong>ire <strong>de</strong> départ trèsélevé, n’obtiennent le plus souvent qu’une valeur ajoutée re<strong>la</strong>tivementfaible 46 .45) Ils sont compris entre 68% et 100%.46) L’analyse du taux <strong>de</strong> réussite <strong>de</strong>s sortants montre en outre que certains <strong>de</strong> ceslycées prestigieux, tant publics que privés, n’obtiennent leurs résultats que parl’exclusion, en cours <strong>de</strong> sco<strong>la</strong>rité, <strong>de</strong>s moins bons élèves.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


36 COUR DES COMPTESEn fait, <strong>les</strong> lycées dont <strong>la</strong> « valeur ajoutée » est <strong>la</strong> plus importantese situent souvent dans <strong>de</strong>s zones défavorisées ou excentrées : ilsprennent en charge <strong>de</strong>s élèves aux caractéristiques sco<strong>la</strong>ires ou familia<strong>les</strong>nettement défavorab<strong>les</strong> et <strong>les</strong> amènent à <strong>de</strong>s réussites remarquab<strong>les</strong>. Cesétablissements ont en commun <strong>de</strong> renforcer efficacement <strong>la</strong> capacité <strong>de</strong>sélèves à réussir aux examens par un suivi permanent <strong>de</strong>s travauxindividuels, par un entraînement fréquent aux épreuves, par une ai<strong>de</strong> aux<strong>de</strong>voirs systématique, etc.Les famil<strong>les</strong> ignorent généralement que, parmi <strong>les</strong> meilleursétablissements sco<strong>la</strong>ires, on trouve surtout <strong>de</strong>s établissements peurenommés. Si chaque parent d’élève a bien sûr le souci légitime <strong>de</strong>garantir à son enfant <strong>les</strong> meilleures conditions <strong>de</strong> sco<strong>la</strong>rité, <strong>la</strong> faibleconnaissance <strong>de</strong>s résultats <strong>de</strong>s établissements et <strong>de</strong> leur valeur ajoutéeconduit <strong>les</strong> choix <strong>de</strong>s famil<strong>les</strong> à renforcer un système sco<strong>la</strong>ire à <strong>de</strong>uxvitesses, qui constitue un <strong>de</strong>s principaux handicaps <strong>de</strong> <strong>la</strong> France 47 .C - Les indicateurs <strong>de</strong> coûts1 - La dépense intérieure d’éducationLes dépenses <strong>de</strong> l’éducation ne se limitent pas à cel<strong>les</strong> du budget<strong>de</strong> l’Etat, dans <strong>la</strong> mesure où le système éducatif fait appel à d’autresfinanceurs : <strong>les</strong> famil<strong>les</strong> et <strong>les</strong> collectivités territoria<strong>les</strong> principalement.El<strong>les</strong> sont globalement mesurées par <strong>la</strong> « dépense intérieure d’éducation »(DIE), qui est un compte satellite établi dans le cadre <strong>de</strong> <strong>la</strong> comptabilité<strong>nationale</strong>.La DIE comptabilise toutes <strong>les</strong> dépenses en matière d’éducation,<strong>de</strong> l’école maternelle à l’enseignement supérieur, y compris <strong>la</strong> formationcontinue, effectuées par l’ensemble <strong>de</strong>s agents économiques(administrations publiques centra<strong>les</strong> et loca<strong>les</strong>, entreprises, ménages).47) L’OCDE a é<strong>la</strong>boré dans le cadre <strong>de</strong> PISA <strong>de</strong>s indicateurs sur <strong>la</strong> « variation interetintra-établissement <strong>de</strong>s performances <strong>de</strong>s jeunes <strong>de</strong> 15 ans ». Toutefois, leministère <strong>de</strong> l’éducation <strong>nationale</strong> estime que divers biais statistiques faussentl’indicateur intra-établissement, notamment l’absence <strong>de</strong> définition commune dans<strong>tous</strong> <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l’OCDE <strong>de</strong> <strong>la</strong> notion d’établissement (groupe sco<strong>la</strong>ire ou bâtimentunique) et <strong>la</strong> structure hétérogène <strong>de</strong>s systèmes éducatifs (présence <strong>de</strong> plusieurs cyc<strong>les</strong>sco<strong>la</strong>ires - lycées, collèges - ou d’un seul). En conséquence, <strong>les</strong> données <strong>de</strong> <strong>la</strong> Francesur <strong>la</strong> variance inter- et intra-établissements ne figurent pas, à sa <strong>de</strong>man<strong>de</strong>, dans <strong>les</strong>tableaux <strong>de</strong> l’OCDE. La France est le seul pays dans ce cas.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


LES RESULTATS ET LES COUTS DE L’ENSEIGNEMENT SCOLAIRE 37Les financeurs <strong>de</strong> <strong>la</strong> DIEEn 2008, <strong>la</strong> France a consacré 129,4 milliards d’euros à son système éducatif,soit 6,6 % du produit intérieur brut (PIB). Ce montant représente 2.020 € parhabitant, ou encore 7.780 € par élève ou étudiant. La contribution <strong>de</strong>s agentséconomiques est calculée en leur qualité <strong>de</strong> financeur initial, c'est-à-dire cequi est effectivement à leur charge avant <strong>la</strong> prise en compte <strong>de</strong> transfertsfinanciers : ainsi, en 2008, <strong>la</strong> part du financement assurée par <strong>les</strong> ménagess’élevait initialement à 7,9%, alors qu’elle était <strong>de</strong> 10,9% après <strong>les</strong> transfertsdont ils ont bénéficié (bourses, allocation <strong>de</strong> rentrée sco<strong>la</strong>ire).L’Etat est le principal financeur du système éducatif avec 60,0% <strong>de</strong>sdépenses. Ce poids s’explique par <strong>les</strong> charges <strong>de</strong> rémunération <strong>de</strong> personnel,qui lui incombent en gran<strong>de</strong> partie. Au sein <strong>de</strong> l’Etat, le ministère <strong>de</strong>l’éducation <strong>nationale</strong> est <strong>de</strong> loin le premier financeur (54,1 % <strong>de</strong>s dépenses).Tous <strong>les</strong> autres ministères sont cependant concernés, essentiellement au titre<strong>de</strong> l’enseignement supérieur (ministères chargées <strong>de</strong> l’enseignementsupérieur et <strong>de</strong> <strong>la</strong> recherche, <strong>de</strong> l’agriculture, <strong>de</strong> <strong>la</strong> santé, <strong>de</strong> <strong>la</strong> défense, <strong>de</strong> <strong>la</strong>culture...).Les collectivités territoria<strong>les</strong> occupent <strong>la</strong> <strong>de</strong>uxième position avec unecontribution à hauteur <strong>de</strong> 23,8 % <strong>de</strong> <strong>la</strong> DIE. Les ménages sont en troisièmeposition en finançant 7,9 % <strong>de</strong> <strong>la</strong> DIE. Les entreprises, par le biais dufinancement <strong>de</strong> <strong>la</strong> formation continue (hors sa<strong>la</strong>ires <strong>de</strong>s stagiaires) et <strong>de</strong> <strong>la</strong>taxe d’apprentissage, contribuent à <strong>la</strong> DIE à hauteur <strong>de</strong> 6,6 %. Enfin, <strong>les</strong>autres administrations publiques - centre national pour l’aménagement <strong>de</strong>sstructures <strong>de</strong>s exploitations agrico<strong>les</strong> (CNASEA), chambres consu<strong>la</strong>ires,caisses d’allocations familia<strong>les</strong>,…- représentaient 1,7 % <strong>de</strong> <strong>la</strong> DIE en 2008.La part <strong>de</strong> l’Etat dans le financement initial <strong>de</strong> <strong>la</strong> DIE est passée <strong>de</strong> 67% en1985 à 60% en 2008. Cette évolution a été compensée par l’augmentation <strong>de</strong><strong>la</strong> part <strong>de</strong>s collectivités territoria<strong>les</strong>, qui a progressé <strong>de</strong> 15,1 % à 23,8%, à <strong>la</strong>suite <strong>de</strong>s lois <strong>de</strong> décentralisation <strong>de</strong> 1982 et 1983, qui ont attribué auxdépartements et aux régions le financement <strong>de</strong> <strong>la</strong> formation professionnelle,le transport sco<strong>la</strong>ire, et <strong>la</strong> construction, l’équipement et le fonctionnement <strong>de</strong>scollèges et lycées, puis <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi du 13 août 2004, qui leur a transféré, à partir<strong>de</strong> 2008, <strong>les</strong> personnels TOS (techniciens, ouvriers et <strong>de</strong> service) intervenantau sein <strong>de</strong>s établissements publics locaux d’enseignement.Source : DEPP, MENEn 2008, <strong>la</strong> dépense d’éducation pour le premier <strong>de</strong>gré représentait37,8 milliards d’euros, soit 29,2 % <strong>de</strong> <strong>la</strong> DIE. Cette dépense était financéeà hauteur <strong>de</strong> 52,1% par l’Etat et <strong>de</strong> 40,1% par <strong>les</strong> collectivitésterritoria<strong>les</strong> : <strong>les</strong> communes prennent notamment en charge <strong>la</strong>rémunération <strong>de</strong>s personnels non enseignants, ainsi que <strong>les</strong> dépenses <strong>de</strong>fonctionnement et d’investissement <strong>de</strong>s éco<strong>les</strong>. Les 7,8% restants sontfinancés par <strong>les</strong> ménages.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


38 COUR DES COMPTESLa même année, <strong>la</strong> dépense d’éducation pour le second <strong>de</strong>gré s’estélevée à 54,3 milliards d’euros, soit 41,9 % <strong>de</strong> <strong>la</strong> DIE. Elle était financéeà hauteur <strong>de</strong> 67,2 % par l’Etat qui prend en charge <strong>la</strong> très gran<strong>de</strong> majorité<strong>de</strong>s dépenses <strong>de</strong>s personnels enseignants et non enseignants. Laparticipation <strong>de</strong>s collectivités territoria<strong>les</strong> s’élevait à 21,1 %. Les 11,7%restants sont financés par <strong>les</strong> ménages.Si ces données globa<strong>les</strong> permettent d’i<strong>de</strong>ntifier <strong>les</strong> principaux flux<strong>de</strong> financement <strong>de</strong> l’enseignement sco<strong>la</strong>ire, <strong>la</strong> DIE reste toutefois un outiltrès imparfait pour apprécier avec précision l’efficience financière dusystème éducatif :- La DIE appréhen<strong>de</strong> mal <strong>la</strong> contribution <strong>de</strong>s collectivitésterritoria<strong>les</strong> 48 .- De même, elle sous-évalue <strong>la</strong> partie <strong>de</strong> <strong>la</strong> contribution <strong>de</strong>s ménages,par exemple en ce qui concerne <strong>les</strong> dépenses liées aux cours <strong>de</strong>soutien payants 49 . Le ministère <strong>de</strong> l’éducation <strong>nationale</strong> a indiqué à <strong>la</strong>Cour en février 2010 qu’il al<strong>la</strong>it mener une enquête avec une société<strong>de</strong> services afin <strong>de</strong> mieux déterminer <strong>les</strong> dépenses d’éducation <strong>de</strong>sménages.- En outre, en raison <strong>de</strong>s règ<strong>les</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> comptabilité <strong>nationale</strong>, <strong>la</strong> DIE neprend pas en compte <strong>les</strong> ai<strong>de</strong>s fisca<strong>les</strong> (majoration du quotientfamilial pour enfants étudiants rattachés au foyer fiscal <strong>de</strong> leurparents) ou socia<strong>les</strong> (allocation <strong>de</strong> logement social, ai<strong>de</strong>personnalisée au logement, contribution <strong>de</strong>s différents régimes aufinancement <strong>de</strong>s assurances socia<strong>les</strong> <strong>de</strong>s étudiants). Le ministère atoutefois précisé que l’INSEE réfléchissait à <strong>la</strong> prise en compte <strong>de</strong>sai<strong>de</strong>s fisca<strong>les</strong>, qui représentaient en 2008 environ 2,68 milliardsd’euros. La DIE n’intègre pas non plus <strong>la</strong> dépense fiscale et socialeliée à <strong>la</strong> défiscalisation <strong>de</strong>s heures supplémentaires payées aux48) Le mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> calcul se fon<strong>de</strong> sur une clé <strong>de</strong> répartition issue en gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong>l’examen <strong>de</strong>s comptes administratifs établis en 2007 pour <strong>les</strong> départements, en 2000pour <strong>les</strong> communes, et en 2005 pour <strong>les</strong> régions. Les dépenses nouvel<strong>les</strong> incombantaux collectivités territoria<strong>les</strong> à <strong>la</strong> suite <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rniers transferts <strong>de</strong> compétences -formations sanitaires et socia<strong>les</strong> en 2007, personnels techniques et ouvriers <strong>de</strong> serviceen 2008 - ne sont pas connues avec précision, en raison <strong>de</strong>s modalités hétérogènes <strong>de</strong>leur comptabilisation : faute <strong>de</strong> disposer <strong>de</strong>s données réel<strong>les</strong>, <strong>la</strong> DEPP prend encompte le montant <strong>de</strong>s compensations financières octroyées par l’Etat au titre dutransfert <strong>de</strong> compétences. Enfin, <strong>les</strong> interventions volontaires <strong>de</strong>s collectivitésterritoria<strong>les</strong> sont diverses : soutien sco<strong>la</strong>ire, développement <strong>de</strong>s nouvel<strong>les</strong>technologies éducatives, bourses <strong>de</strong> mobilité, ai<strong>de</strong> à <strong>la</strong> cantine, etc, et ces actionsapparaissent souvent dispersées dans <strong>les</strong> comptes.49) Ces données sont établies à partir <strong>de</strong>s déc<strong>la</strong>rations d’un échantillon <strong>de</strong> ménagesinterrogés par sondage.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


LES RESULTATS ET LES COUTS DE L’ENSEIGNEMENT SCOLAIRE 39enseignants, qui a été estimée à environ 320 M€ pour l’année 2009dans une réponse du ministère <strong>de</strong> l’éducation <strong>nationale</strong> à <strong>la</strong> Cour.- Enfin, <strong>les</strong> données <strong>de</strong> <strong>la</strong> DIE restent à un niveau très global : el<strong>les</strong> nepermettent pas pour l’instant <strong>de</strong> connaître <strong>la</strong> répartition <strong>de</strong>s coûts parélève, selon <strong>la</strong> filière ou le niveau d’enseignement, le mo<strong>de</strong> <strong>de</strong>gestion <strong>de</strong> l’établissement, ou bien encore l’imp<strong>la</strong>ntationgéographique.Dans ces conditions, si <strong>la</strong> DIE permet d’appréhen<strong>de</strong>r au niveaunational <strong>les</strong> coûts globaux <strong>de</strong> l’enseignement sco<strong>la</strong>ire, l’efficience <strong>de</strong> <strong>la</strong>politique éducative ne peut être appréhendée que <strong>de</strong> façon approximativepar <strong>les</strong> données disponib<strong>les</strong>.De 2000 à 2008, <strong>la</strong> dépense moyenne par élève a augmenté eneuros constants <strong>de</strong> 3,1% dans le premier <strong>de</strong>gré et <strong>de</strong> 3,0% dans le second<strong>de</strong>gré. Simultanément, <strong>les</strong> sorties du système sco<strong>la</strong>ire sans diplôme ousans qualification n’ont pas baissé. Pour autant, il est difficile d’endéduire une diminution pendant cette pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’efficience du systèmesco<strong>la</strong>ire, car <strong>les</strong> données <strong>de</strong> <strong>la</strong> DIE sont trop fragi<strong>les</strong> pour fon<strong>de</strong>r à el<strong>les</strong>seu<strong>les</strong> une telle appréciation.En définitive, <strong>la</strong> DIE ne peut être en l’état actuel un outil <strong>de</strong>pilotage <strong>de</strong> <strong>la</strong> dépense d’éducation. Une analyse plus détaillée <strong>de</strong>srésultats <strong>de</strong>s politiques mises en œuvre est donc nécessaire.2 - Les comparaisons inter<strong>nationale</strong>sLes statistiques <strong>de</strong> l’OCDE montrent qu’en consacrant environ3,9% <strong>de</strong> son produit intérieur brut (PIB) à ses établissementsd’enseignement au niveau primaire et secondaire 50 , <strong>la</strong> France se situeaujourd’hui globalement dans <strong>la</strong> moyenne <strong>de</strong>s Etats membres : elledépense moins que <strong>les</strong> Etats-Unis, le Royaume-Uni, <strong>la</strong> Suisse, leDanemark, <strong>la</strong> Corée, <strong>la</strong> Suè<strong>de</strong>, ou <strong>la</strong> Belgique.Par ailleurs, <strong>la</strong> part du PIB français affectée aux enseignementsprimaire et secondaire a diminué pendant <strong>la</strong> pério<strong>de</strong> récente, en passant<strong>de</strong> 4,5% en 1995 à 4,3% en 2000, puis à 3,9% en 2006. En 2006, parmi<strong>les</strong> pays produisant <strong>de</strong>s statistiques dans le cadre <strong>de</strong> l’OCDE, <strong>la</strong> Franceétait, en cumu<strong>la</strong>nt <strong>les</strong> dépenses publiques et privées, au 11 ème rang pour lefinancement <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong> l’enseignement sco<strong>la</strong>ire tant public queprivé, alors qu’en 1995, elle occupait le 2 ème rang.50) Les dépenses prises en compte par l’OCDE ne recouvrent pas l’ensemble duchamp <strong>de</strong> <strong>la</strong> dépense intérieure d’éducation, telle qu’elle est définie par <strong>la</strong>comptabilité <strong>nationale</strong> L’OCDE analyse seulement <strong>les</strong> dépenses <strong>de</strong>s établissementsd’enseignement publics et privés, <strong>tous</strong> niveaux confondus, mais non, par exemple, <strong>les</strong>dépenses re<strong>la</strong>tives aux cours particuliers ou à l’achat <strong>de</strong> manuels par <strong>les</strong> famil<strong>les</strong>.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


40 COUR DES COMPTESDépenses au titre <strong>de</strong>s établissements d’enseignementen pourcentage du PIB - niveau primaire et secondaireDépenses publiques et privées2006 2000 1995Australie 4,0 4,0 3,6Autriche 3,7 3,9 4,3Belgique 4,1 4,1 ncCanada 3,7 3,3 4,3République tchèque 3,0 2,8 3,5Danemark 4,4 4,1 4,0Fin<strong>la</strong>n<strong>de</strong> 3,8 3,6 4,0France 3,9 4,3 4,5Allemagne 3,1 3,3 3,4Grèce nc 2,7 2,0Hongrie 3,4 2,9 3,5Is<strong>la</strong>n<strong>de</strong> 5,3 4,8 ncIr<strong>la</strong>n<strong>de</strong> 3,5 2,9 3,8Italie 3,5 3,2 3,5Japon 2,8 3,0 3,1Corée 4,3 3,6 ncLuxembourg 3,3 nc ncMexique 3,8 3,5 3,7Pays-Bas 3,7 3,4 3,4Nouvelle-Zé<strong>la</strong>n<strong>de</strong> 4,3 nc ncNorvège 3,7 3,8 4,3Pologne 3,7 3,9 3,6Portugal 3,6 3,9 3,6République slovaque 2,7 2,7 3,1Espagne 2,9 3,2 3,8Suè<strong>de</strong> 4,1 4,3 4,1Suisse 4,2 4,2 4,6Turquie 1,9 1,8 1,2Royaume-Uni 4,3 3,5 3,6Etats-Unis 4,0 3,9 3,8Source : Regards sur l’éducation (2009) - OCDECour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


LES RESULTATS ET LES COUTS DE L’ENSEIGNEMENT SCOLAIRE 41Plus précisément, si l’on distingue <strong>les</strong> différents niveaux <strong>de</strong>l’enseignement sco<strong>la</strong>ire, <strong>la</strong> France se situe légèrement au <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> <strong>la</strong>moyenne <strong>de</strong> l’OCDE en ce qui concerne le financement <strong>de</strong> l’écolematernelle et du lycée, et à un niveau inférieur pour l’ensemble <strong>de</strong> l’écoleprimaire et du collège, c’est-à-dire <strong>les</strong> années d’apprentissage du soclecommun <strong>de</strong> connaissances et <strong>de</strong> compétences. Sur 27 pays, <strong>la</strong> Franceoccupe, en cumu<strong>la</strong>nt <strong>les</strong> dépenses publiques et privées, le 14 ème rang pourle total du primaire et du collège, mais le 6 ème rang pour le lycée.Au total, <strong>les</strong> données <strong>de</strong> l’OCDE ne montrent donc pas un coûtplus élevé <strong>de</strong> l’enseignement sco<strong>la</strong>ire français par rapport à d’autres payscomparab<strong>les</strong>. En revanche, el<strong>les</strong> mettent en lumière un déséquilibre dansl’allocation <strong>de</strong>s moyens entre le premier et le second <strong>de</strong>grés : <strong>la</strong> Franceest, parmi <strong>les</strong> pays comparab<strong>les</strong>, celui où l’écart <strong>de</strong> coût entrel’enseignement primaire et l’enseignement secondaire est le plus élevé, etoù l’écart <strong>de</strong> coût entre l’enseignement secondaire et l’enseignementsupérieur est le plus faible.Dépenses moyennes annuel<strong>les</strong> par élève en 2006(en équivalents dol<strong>la</strong>rs convertis sur <strong>la</strong> base <strong>de</strong>s PPA 51 pour le PIB)Préprimaireprimaire collège lycée secondaireFrance 4.995 5.482 8.265 10.655 9.303Fin<strong>la</strong>n<strong>de</strong> 4.544 5.899 9.241 6.585 7.533Allemagne 5.683 5.362 6.632 9.163 7.548Italie 7.083 7.716 8.527 8.474 8.495Japon 4.389 6.989 8.004 8.589 8.305Corée 3.393 4.935 5.719 9.060 7.261Pays-Bas 6.006 6.425 9.149 9.918 9.516Norvège 5.625 9.486 10.075 12.559 11.435Suè<strong>de</strong> 5.475 7.699 8.365 8.610 8.496Royaume-Uni 7.335 7.732 8.868 8.693 8.763États-Unis 8.867 9.709 10.369 11.334 10.821Source : Regards sur l’éducation – OCDE - 2009Toutefois, le pourcentage du PIB ne peut servir <strong>de</strong> seul critère <strong>de</strong>comparaison, car il faut également tenir compte du poids re<strong>la</strong>tif <strong>de</strong>sjeunes en âge d’être sco<strong>la</strong>risés par rapport à <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion totale. La DEPPsouligne en effet que, si, en France, 19% <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion est âgée <strong>de</strong> 5 à19 ans, ce qui <strong>la</strong> situe à <strong>la</strong> moyenne européenne, en revanche, cetteproportion est plus faible - <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 15% - dans <strong>de</strong>s pays tels que51) Les comparaisons sont effectuées par l’OCDE en dol<strong>la</strong>rs exprimés en parité <strong>de</strong>pouvoir d’achat (ou PPA). Les PPA sont <strong>de</strong>s taux <strong>de</strong> conversion monétaire quiéliminent <strong>les</strong> différences <strong>de</strong>s niveaux <strong>de</strong> prix entre <strong>les</strong> pays : leur utilisation permet <strong>de</strong>faire porter <strong>les</strong> comparaisons entre pays uniquement sur <strong>les</strong> différences <strong>de</strong> volume.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


42 COUR DES COMPTESl’Allemagne, l’Espagne, l’Italie et le Japon. Le calcul du coût moyen d’unélève est donc nécessaire pour tenir compte <strong>de</strong> cet effet démographique.Selon <strong>les</strong> chiffres <strong>de</strong> 2006, <strong>les</strong> dépenses annuel<strong>les</strong> par élèves’élèvent à 4.995 $ pour l’école maternelle, 5.482 $ pour l’école primaire,8.265 $ pour le collège, et 10.655 $ pour le lycée. La France se situe, parrapport à <strong>la</strong> moyenne <strong>de</strong> l’OCDE, à un niveau <strong>de</strong> dépenses annuel<strong>les</strong> parélève inférieur <strong>de</strong> 5% pour l’école maternelle et <strong>de</strong> 15% pour l’écoleprimaire, mais en revanche supérieur <strong>de</strong> 10% pour le collège, et surtout<strong>de</strong> 26% pour le lycée.Si l’on additionne <strong>les</strong> dépenses par élève sur <strong>la</strong> durée théorique <strong>de</strong>l’enseignement sco<strong>la</strong>ire, <strong>la</strong> France dépense 92.439 $ sur 12 ans, alors que,par exemple, l’Italie dépense 106.531 $ sur 13 ans, le Royaume-Uni103.352 $ sur 12,5 ans, ou l’Allemagne 88.729 $ sur 13 ans : <strong>la</strong> moyenne<strong>de</strong> l’OCDE se situe à 93.755 $ sur 12,4 ans, c’est-à-dire juste au-<strong>de</strong>ssus<strong>de</strong> <strong>la</strong> France. Ces données permettent d’observer que certains pays quiobtiennent <strong>de</strong>s résultats très élevés aux tests internationaux <strong>de</strong>s enquêtesPISA (Fin<strong>la</strong>n<strong>de</strong>, Japon,…) figurent parmi <strong>les</strong> pays <strong>les</strong> moins coûteux,alors que d’autres pays ont <strong>de</strong>s systèmes sco<strong>la</strong>ires coûteux pour <strong>de</strong>srésultats médiocres (Etats-Unis, par exemple).Afin <strong>de</strong> comparer <strong>de</strong> façon plus précise le coût du système sco<strong>la</strong>irefrançais, il est par ailleurs utile <strong>de</strong> distinguer l’effet respectif <strong>de</strong>sdifférents facteurs explicatifs du coût sa<strong>la</strong>rial par élève, c’est-à-dire leniveau <strong>de</strong> sa<strong>la</strong>ire <strong>de</strong>s enseignants, le nombre d’heures <strong>de</strong> cours donnéesaux élèves, <strong>la</strong> charge horaire moyenne pesant sur chaque enseignant, et <strong>la</strong>taille <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>sses.Dans l’enseignement primaire, <strong>la</strong> France se caractérise par un coûtsa<strong>la</strong>rial par élève (1.625 $) nettement plus faible que dans <strong>la</strong> moyenne <strong>de</strong>l’OCDE : elle est en 25 ème position sur 30 pays. L’écart par rapport à cettemoyenne - c’est-à-dire -637 $ - s’explique par <strong>de</strong>s facteurs <strong>de</strong> sensdivergent : un sa<strong>la</strong>ire <strong>de</strong>s enseignants plus faible (-256 $), un tempsd’enseignement assuré par <strong>les</strong> enseignants plus élevé (-257 $), une taille<strong>de</strong>s c<strong>la</strong>sses plus importante (-394 $), et en sens inverse un tempsd’instruction <strong>de</strong>s élèves plus long (+270 $).Au collège, le coût sa<strong>la</strong>rial par élève en France (2.392 $) resteencore inférieur à <strong>la</strong> moyenne <strong>de</strong> l’OCDE : <strong>la</strong> France se situe en 22 èmeposition sur 28 pays. Ici encore, ce coût moins élevé (écart <strong>de</strong> -526 $)s’explique par un sa<strong>la</strong>ire <strong>de</strong>s enseignants plus faible (-347 $) et par unetaille <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>sses plus importante (-803 $) ; en revanche, le tempsd’instruction <strong>de</strong>s élèves est plus élevé que dans <strong>la</strong> moyenne <strong>de</strong> l’OCDE(+315 $), et le temps d’enseignement <strong>de</strong>s enseignants moins élevé(+310 $).Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


LES RESULTATS ET LES COUTS DE L’ENSEIGNEMENT SCOLAIRE 43Enfin, en ce qui concerne le lycée, le coût sa<strong>la</strong>rial par élève(3.498 $) est un peu supérieur à <strong>la</strong> moyenne <strong>de</strong> l’OCDE. Si le sa<strong>la</strong>iremoyen par enseignant est à nouveau plus faible (-654 $), le tempsd’instruction par élève est en revanche sensiblement plus élevé (+549 $),alors que <strong>les</strong> effets du temps d’enseignement <strong>de</strong>s enseignants (+194 $) et<strong>de</strong> <strong>la</strong> taille <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>sses (+24 $) sont re<strong>la</strong>tivement limités.Ces comparaisons montrent, au total, que le sa<strong>la</strong>ire <strong>de</strong>s enseignantsn’est pas, par rapport aux pays comparab<strong>les</strong>, un facteur explicatif majeurdu coût re<strong>la</strong>tif <strong>de</strong> l’éducation en France. En revanche, <strong>la</strong> France se situedans <strong>les</strong> premiers rangs <strong>de</strong> l’OCDE pour le total <strong>de</strong>s heuresd’enseignement suivies par <strong>les</strong> élèves, à <strong>tous</strong> <strong>les</strong> sta<strong>de</strong>s <strong>de</strong> <strong>la</strong> sco<strong>la</strong>ritéobligatoire. Si l’on observe le nombre cumulé d’heures d’instruction pour<strong>les</strong> élèves <strong>de</strong> 7 à 14 ans, l’élève français a en effet près <strong>de</strong> 12% d’heures<strong>de</strong> cours <strong>de</strong> plus que <strong>la</strong> moyenne <strong>de</strong> ses homologues étrangers (7.676heures contre 6.863). Il est frappant, à cet égard, d’observer que <strong>tous</strong> <strong>les</strong>pays qui obtiennent <strong>les</strong> meilleurs résultats dans <strong>les</strong> tests <strong>de</strong>s enquêtesPISA ont une durée cumulée d’enseignement plus faible que celle <strong>de</strong> <strong>la</strong>France (Fin<strong>la</strong>n<strong>de</strong> : -33% ; Corée : -29% ; Suè<strong>de</strong> : -29% ; Japon : -21%,…).Les comparaisons inter<strong>nationale</strong>s aboutissent à d’autres constatséc<strong>la</strong>irants :- La taille moyenne <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>sses dans le système sco<strong>la</strong>ire français sesitue un peu au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> <strong>la</strong> moyenne <strong>de</strong> l’OCDE (22,6 élèves parc<strong>la</strong>sse contre 21,4 dans le primaire, 24,1 élèves par c<strong>la</strong>sse contre23,4 dans le collège).- En 2007, le nombre d’heures d’enseignement assurées en moyennepar <strong>les</strong> enseignants français a atteint dans le primaire 914 heures parannée, contre 798 en moyenne dans l’OCDE et 794 en moyennedans l’Union européenne. La situation est inverse pour le premiercycle (respectivement 632, 709, et 665 heures) et le <strong>de</strong>uxième cycledu secondaire (respectivement 618, 653, et 625 heures). Lesenseignants du premier <strong>de</strong>gré ont donc une charge d’enseignementcomparativement plus lour<strong>de</strong> que dans <strong>la</strong> moyenne <strong>de</strong> l’OCDE ; enrevanche, <strong>les</strong> enseignants du second <strong>de</strong>gré ont une charge moinslour<strong>de</strong>. 5252) Ces données ne concernent toutefois que <strong>les</strong> seu<strong>les</strong> heures effectuées <strong>de</strong>vant <strong>de</strong>sélèves et n’intègrent ni <strong>les</strong> autres heures passées sur le lieu d’enseignement, ni cel<strong>les</strong>consacrées au domicile à <strong>la</strong> préparation <strong>de</strong>s cours et à <strong>la</strong> correction <strong>de</strong>s copies, qui nesont généralement pas connues, ce qui rend incertaines <strong>les</strong> comparaisons entre pays.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


44 COUR DES COMPTES- Par rapport à <strong>la</strong> moyenne <strong>de</strong> l’OCDE, <strong>les</strong> enseignants françaisencadrent en moyenne <strong>de</strong>s effectifs nettement plus nombreux enprimaire (+23 % environ), un peu plus élevés au collège (+8%),mais moins nombreux au lycée (-23%).- Enfin, si l’on prend en compte <strong>la</strong> richesse re<strong>la</strong>tive <strong>de</strong>s pays, le ratioobtenu en rapportant le niveau moyen <strong>de</strong> rémunération <strong>de</strong>senseignants au PIB par habitant aboutit, par rapport à <strong>la</strong> moyenne<strong>de</strong> l’OCDE, à un résultat inférieur en France <strong>de</strong> 17% pour leprimaire, 15% pour le collège, et 19% pour le lycée.Même en tenant compte <strong>de</strong>s limites inhérentes à toute comparaisoninter<strong>nationale</strong>, l’ensemble <strong>de</strong> ces données conduit à constater que <strong>les</strong>enseignants se situent en France dans un contexte particulier. Ils exercentleur métier dans un cadre où le temps d’enseignement est plus important :pour <strong>de</strong>s résultats d’acquisition <strong>de</strong>s apprentissages qui se situent dans <strong>la</strong>moyenne <strong>de</strong>s tests <strong>de</strong>s enquêtes PISA, l’élève français suit, surl’ensemble <strong>de</strong> sa sco<strong>la</strong>rité obligatoire, sensiblement plus d’heures <strong>de</strong>cours qu’en moyenne dans l’OCDE. Du point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> l’encadrement<strong>de</strong>s élèves, <strong>les</strong> enseignants ont <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> travail comparativementplus contraignantes que dans <strong>la</strong> moyenne <strong>de</strong> l’OCDE à l’école primaire,et moins contraignantes dans le secondaire. Ils doivent assurer plusd’heures d’enseignement dans le primaire, et moins dans le secondaire.Ces résultats montrent donc dans l’ensemble une situationcomparativement défavorable <strong>de</strong>s enseignants dans le premier <strong>de</strong>gré,alors même que c’est à ce niveau que l’échec sco<strong>la</strong>ire se constitue ets’installe durablement.Par ailleurs, <strong>les</strong> systèmes sco<strong>la</strong>ires se caractérisent par uneefficience très différenciée. Ainsi, <strong>la</strong> Fin<strong>la</strong>n<strong>de</strong>, qui est le pays qui arriveen tête <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> l’OCDE pour <strong>les</strong> performances <strong>de</strong>s élèves <strong>de</strong> 15 ansévaluées par <strong>les</strong> enquêtes PISA, a paradoxalement l’offre sco<strong>la</strong>ire <strong>la</strong> plusréduite, ce qui montre que l’efficacité n’est pas corrélée avec le nombred’heures d’enseignement reçues par <strong>les</strong> élèves. Il est vrai, en revanche,que ce pays se caractérise également par le fait que <strong>les</strong> effectifs <strong>de</strong>sc<strong>la</strong>sses y sont en moyenne moins nombreux ; par ailleurs, <strong>les</strong> obligations<strong>de</strong> service d’enseignement y sont apparemment limitées (20 séquences <strong>de</strong>45 minutes par semaine dans le second <strong>de</strong>gré), mais <strong>les</strong> enseignants sontégalement chargés <strong>de</strong> tâches <strong>de</strong> surveil<strong>la</strong>nce pendant <strong>les</strong> inter-cours etassurent un suivi et un soutien <strong>de</strong>s élèves en plus <strong>de</strong> leurs séquencesd’enseignement. En sens inverse, l’Italie, par exemple, obtient <strong>de</strong>srésultats médiocres dans <strong>les</strong> tests internationaux <strong>de</strong> l’OCDE, tout en étantcaractérisée par une offre sco<strong>la</strong>ire coûteuse, <strong>de</strong>s taux d’encadrementélevés et <strong>de</strong>s obligations <strong>de</strong> service limitées.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


LES RESULTATS ET LES COUTS DE L’ENSEIGNEMENT SCOLAIRE 45La France se situe, quant à elle, dans une position moyenne : sonefficacité est proche <strong>de</strong> celle <strong>de</strong> <strong>la</strong> moyenne <strong>de</strong> l’OCDE et son efficienceest dégradée par l’ampleur <strong>de</strong> son offre sco<strong>la</strong>ire.D - Les évaluations du système éducatif et leurutilisationIl est nécessaire, tant pour <strong>la</strong> conduite <strong>de</strong> <strong>la</strong> politique éducative <strong>de</strong><strong>la</strong> Nation que pour <strong>la</strong> c<strong>la</strong>rté du débat public sur l’enseignement sco<strong>la</strong>ire,que <strong>de</strong>s indicateurs pertinents <strong>de</strong> coûts et <strong>de</strong> résultats soient é<strong>la</strong>borés etdiffusés à l’ensemble <strong>de</strong>s acteurs du système éducatif (enseignants, chefsd’établissement, inspecteurs d’académie, recteurs, administrationcentrale), et au-<strong>de</strong>là aux parents d’élèves et aux citoyens.1 - Les inspections du ministère <strong>de</strong> l’éducation <strong>nationale</strong>Les inspections généra<strong>les</strong> du ministère - l’inspection générale <strong>de</strong>l’éducation <strong>nationale</strong> (IGEN) et l’inspection générale <strong>de</strong> l’administration<strong>de</strong> l’éducation <strong>nationale</strong> et <strong>de</strong> <strong>la</strong> recherche (IGAENR) - ont égalementune mission d’évaluation <strong>de</strong> l’école. L’IGEN évalue « <strong>les</strong> types <strong>de</strong>formation, <strong>les</strong> contenus d'enseignement, <strong>les</strong> programmes, <strong>les</strong> métho<strong>de</strong>spédagogiques, <strong>les</strong> procédures et <strong>les</strong> moyens mis en œuvre » 53 .L’IGAENR, pour sa part, « assure une mission permanente <strong>de</strong> contrôle,d'étu<strong>de</strong>, d'information, <strong>de</strong> conseil et d'évaluation » 54 . Les travaux produitspar ces <strong>de</strong>ux corps d’inspection ont nourri l’information et <strong>la</strong> réflexion <strong>de</strong><strong>la</strong> Cour.L’article L241-1du co<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’éducation précise que <strong>les</strong> inspectionsgénéra<strong>les</strong> « procè<strong>de</strong>nt, en liaison avec <strong>les</strong> services administratifscompétents, à <strong>de</strong>s évaluations départementa<strong>les</strong>, académiques, régiona<strong>les</strong>et <strong>nationale</strong>s qui sont transmises aux prési<strong>de</strong>nts et aux rapporteurs <strong>de</strong>scommissions chargées <strong>de</strong>s affaires culturel<strong>les</strong> du Parlement. Lesévaluations prennent en compte <strong>les</strong> expériences pédagogiques afin <strong>de</strong>faire connaître <strong>les</strong> pratiques innovantes. L'inspection générale <strong>de</strong>l'éducation <strong>nationale</strong> et l'inspection générale <strong>de</strong> l'administration <strong>de</strong>l'éducation <strong>nationale</strong> et <strong>de</strong> <strong>la</strong> recherche établissent un rapport annuel quiest rendu public ». Or, cette obligation légis<strong>la</strong>tive n’est plus respectée<strong>de</strong>puis 2007.53) Décret n°89-833 du 9 novembre 1989.54) Décret n°99-878 du 13 octobre 1999.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


46 COUR DES COMPTES2 - La direction <strong>de</strong> l’évaluation, <strong>de</strong> <strong>la</strong> performance et <strong>de</strong> <strong>la</strong>prospectiveAux termes du décret du 16 mars 2009 fixant l’organisation duministère <strong>de</strong> l’éducation <strong>nationale</strong>, <strong>la</strong> direction <strong>de</strong> l’évaluation, <strong>de</strong> <strong>la</strong>prospective et <strong>de</strong> <strong>la</strong> performance (DEPP) « conçoit et met en œuvre, à <strong>la</strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong>s autres directions du ministère, un programme d'évaluations,d'enquêtes et d'étu<strong>de</strong>s sur <strong>tous</strong> <strong>les</strong> aspects du système éducatif et <strong>de</strong>recherche ». La DEPP é<strong>la</strong>bore <strong>les</strong> principaux indicateurs <strong>de</strong>performance ; elle est l’interlocuteur <strong>de</strong>s enquêtes inter<strong>nationale</strong>s tel<strong>les</strong>que ls enquêtes PISA ; et elle est chargée <strong>de</strong> <strong>la</strong> diffusion <strong>de</strong> l’ensemble<strong>de</strong>s données du ministère <strong>de</strong> l’éducation <strong>nationale</strong> 55 .La DEPP est dotée <strong>de</strong>s compétences scientifiques et <strong>de</strong>s capacitésd’expertise qui lui permettent <strong>de</strong> répondre efficacement aux enjeux <strong>de</strong>l’évaluation <strong>de</strong> l’école. Elle reste cependant une structure interne auministère, et son autonomie n’est pas totale. Le risque que <strong>de</strong>spublications <strong>de</strong> <strong>la</strong> DEPP ne soient pas diffusées pour <strong>de</strong>s raisonsd’opportunité a été observé par <strong>la</strong> Cour. En outre, <strong>la</strong> contrainte budgétairepeut limiter <strong>les</strong> travaux <strong>de</strong> cette direction : l’enquête sur « l’insertiondans <strong>la</strong> vie active », qui est essentielle pour mesurer l’efficacité <strong>de</strong>l’enseignement sco<strong>la</strong>ire pour l’insertion <strong>de</strong>s jeunes sortant <strong>de</strong> terminaleprofessionnelle ou technologique, n’est plus effectuée annuellement<strong>de</strong>puis 2003 que pour <strong>la</strong> moitié <strong>de</strong>s formations, l’autre moitié étantcouverte l’année suivante.Dans une note du 16 juillet 2007 au directeur <strong>de</strong> cabinet duministre, le directeur <strong>de</strong> <strong>la</strong> DEPP évoquait « un débat qui revientpériodiquement : faut-il externaliser <strong>la</strong> fonction <strong>de</strong> l’évaluation ? ». Ilobservait à cet égard que le positionnement <strong>de</strong> cette direction au sein duministère « permet <strong>de</strong> répondre <strong>de</strong> façon rapi<strong>de</strong> et adaptée aux <strong>de</strong>man<strong>de</strong>sdu ministre et <strong>de</strong>s directeurs <strong>de</strong> programmes », mais qu’il est « cependantnécessaire d’affirmer plus c<strong>la</strong>irement l’autonomie scientifique <strong>de</strong>l’instance chargée <strong>de</strong> réaliser l’évaluation <strong>de</strong> notre système éducatif ».3 - Une « évaluation <strong>de</strong>s évaluations » supprimée en 2005Institué par le décret du 27 octobre 2000, puis supprimé par undécret du 22 août 2005, le haut conseil <strong>de</strong> l’évaluation <strong>de</strong> l’école (HCéé)était une instance chargée d’ « évaluer <strong>les</strong> évaluations » du systèmeéducatif. P<strong>la</strong>cé auprès du ministre <strong>de</strong> l’éducation <strong>nationale</strong>, le HCéé était55) Notes d’information, « L’état <strong>de</strong> l’Ecole », « Repères et références statistiques »,etc…Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


LES RESULTATS ET LES COUTS DE L’ENSEIGNEMENT SCOLAIRE 47composé <strong>de</strong> 35 membres nommés par le ministre pour une durée <strong>de</strong> troisans : il comprenait <strong>de</strong>s élus nationaux et territoriaux, <strong>de</strong>s personnels <strong>de</strong>l’éducation <strong>nationale</strong>, <strong>de</strong>s parents d’élèves, <strong>de</strong>s lycéens et <strong>de</strong>s étudiants,<strong>de</strong>s sa<strong>la</strong>riés et <strong>de</strong>s employeurs, et enfin <strong>de</strong>s personnalités françaises ouétrangères reconnues pour leurs compétences dans le domaine <strong>de</strong>l’évaluation du système éducatif.Au cours <strong>de</strong> ses cinq années d’existence, le HCéé a rendu 19 avispublics, étayés par autant <strong>de</strong> rapports rédigés et publiés à sa <strong>de</strong>man<strong>de</strong>. Lessuites données à ses recommandations ont été importantes. L’institutiondu socle commun <strong>de</strong> connaissances et <strong>de</strong> compétences, l’évolution dubrevet <strong>de</strong>s collèges, ou <strong>la</strong> re<strong>la</strong>nce <strong>de</strong>s évaluations-bi<strong>la</strong>ns sont autant <strong>de</strong>réformes qui ont été inspirées par <strong>les</strong> travaux du HCéé. Grâce à sadémarche spécifique, il a pu également i<strong>de</strong>ntifier <strong>de</strong>s <strong>la</strong>cunes majeures dudispositif d’évaluation du système éducatif. Dressant l’état <strong>de</strong>s savoirsdans quelques domaines clés, il a enfin permis d’éc<strong>la</strong>irer utilement ledébat sur l’école en établissant <strong>de</strong>s diagnostics partagés et en formu<strong>la</strong>nt<strong>de</strong>s recommandations en conséquence.Tous ces apports ne peuvent que rendre regrettable sa suppression,qui est paradoxalement intervenue au moment même où <strong>la</strong> nouvelle loiorganique re<strong>la</strong>tive aux lois <strong>de</strong> finance (LOLF) exigeait que soit renforcée<strong>la</strong> mesure <strong>de</strong> l’efficacité <strong>de</strong>s politiques publiques. Le haut conseil <strong>de</strong>l’éducation (HCE), organisme consultatif institué par <strong>la</strong> loi du 23 avril2005 56 , n’a pas remp<strong>la</strong>cé le HCéé dans sa mission « d’évaluation <strong>de</strong>l’évaluation », et, en conséquence, n’a pas pris <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce qu’il pourraitoccuper dans l’évaluation du système éducatif.La lettre <strong>de</strong> mission adressée le 4 juillet 2007 par le Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> <strong>la</strong>République au ministre <strong>de</strong> l’éducation <strong>nationale</strong> <strong>de</strong>mandait <strong>de</strong> mettre enp<strong>la</strong>ce une « évaluation indépendante et régulière du système éducatif ».Cet objectif est loin d’avoir été atteint. Il est même possible d’observer unrecul au cours <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rnières années, compte tenu notamment <strong>de</strong> <strong>la</strong>suppression du HCéé, voire du refus qui a parfois pu être opposé à <strong>la</strong>DEPP et aux inspections généra<strong>les</strong> <strong>de</strong> publier certains résultats.56) Le haut conseil <strong>de</strong> l’éducation (HCE) compte neuf membres, désignés pour sixans par le Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> <strong>la</strong> République, qui nomme trois membres - dont le prési<strong>de</strong>nt duHCE -, et par le prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> l’Assemblée <strong>nationale</strong>, le prési<strong>de</strong>nt du Sénat et leprési<strong>de</strong>nt du Conseil économique et social, qui nomment chacun <strong>de</strong>ux membres. LeHCE « remet chaque année au Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> <strong>la</strong> République un bi<strong>la</strong>n, qui est rendupublic, <strong>de</strong>s résultats obtenus par le système éducatif. Ce bi<strong>la</strong>n est transmis auParlement». A <strong>la</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> du ministre <strong>de</strong> l'éducation <strong>nationale</strong>, il émet également <strong>de</strong>savis et peut formuler <strong>de</strong>s propositions sur <strong>la</strong> pédagogie, <strong>les</strong> programmes,l'organisation, <strong>les</strong> résultats du système éducatif, et <strong>la</strong> formation <strong>de</strong>s enseignants. A cejour, trois rapports ont été établis : l’école primaire (2007), l’orientation (2008) etl’enseignement professionnel (2009).Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


48 COUR DES COMPTESCe qui apparaît enfin dommageable du point <strong>de</strong> vue du pilotage et<strong>de</strong> <strong>la</strong> gestion du système éducatif est le fait constant que <strong>les</strong> donnéesd’évaluation disponib<strong>les</strong> ne sont pas systématiquement utilisées pourmettre en p<strong>la</strong>ce ou infléchir <strong>les</strong> politiques du ministère : celui-ci tire <strong>de</strong>façon très inégale <strong>les</strong> conséquences <strong>de</strong>s évaluations dont il peut disposer.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


LA GESTION BUDGETAIRE DE L’ENSEIGNEMENT SCOLAIRE 49II - La gestion budgétaire <strong>de</strong> l’enseignementsco<strong>la</strong>ireA - Une déconnexion par rapport à l’objectif <strong>de</strong> gestionpar <strong>la</strong> performance1 - La mission interministérielle <strong>de</strong> l’enseignement sco<strong>la</strong>ireAu sein du budget <strong>de</strong> l’Etat, dont <strong>les</strong> moyens sont désormaisalloués à <strong>de</strong>s « missions », <strong>la</strong> « mission interministérielle <strong>de</strong>l’enseignement sco<strong>la</strong>ire » (MIES) regroupe l’ensemble <strong>de</strong>s créditsrelevant du ministère <strong>de</strong> l’éducation <strong>nationale</strong> (59,56 Mds €) 57 et duministère <strong>de</strong> l’agriculture (1,26 Mds €), soit un total <strong>de</strong> 60,82 Mds € <strong>de</strong>crédits <strong>de</strong> paiement 58 .La MIES est organisée en six programmes, qui sont détaillés dansle tableau ci-après. Les dépenses <strong>de</strong> personnel représentent l’essentiel <strong>de</strong>sdépenses (93% du total).Mds €Les six programmes <strong>de</strong> <strong>la</strong> MIESMontant <strong>de</strong>scréditsNombred’objectifsNombred’indicateurs140 -Enseignement sco<strong>la</strong>ire public du premier <strong>de</strong>gré 17,61 4 20141-Enseignement sco<strong>la</strong>ire public du second <strong>de</strong>gré 29,04 7 33230-Vie <strong>de</strong> l’élève 3,76 4 6139-Enseignement privé du 1 er et du 2 nd <strong>de</strong>grés 7,04 5 27214-Soutien <strong>de</strong> <strong>la</strong> politique <strong>de</strong> l’éducation <strong>nationale</strong> 2,11 3 12143-Enseignement technique agricole 1,26 3 6Totaux 60,82 26 104Source : loi <strong>de</strong> finances initiale pour 201057) Loi <strong>de</strong> finances initiale pour 2010.58) La MIES n’intègre pas <strong>les</strong> crédits <strong>de</strong>s ministères <strong>de</strong>s affaires étrangères et <strong>de</strong> <strong>la</strong>défense pour <strong>les</strong> établissements d’enseignement sco<strong>la</strong>ire relevant <strong>de</strong> leur tutelle.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


50 COUR DES COMPTESa) L’architecture <strong>de</strong>s programmes budgétairesLe découpage budgétaire <strong>de</strong> <strong>la</strong> MIES en six programmes présente<strong>de</strong> nombreuses imperfections qui ren<strong>de</strong>nt très ma<strong>la</strong>isée <strong>la</strong> conduite <strong>de</strong> <strong>la</strong>politique éducative, alors même que <strong>la</strong> présentation <strong>de</strong>s budgets utilisée<strong>de</strong>puis <strong>la</strong> loi organique <strong>de</strong> 2001 (LOLF) est normalement conçue pourpermettre <strong>de</strong> piloter <strong>les</strong> politiques publiques en reliant <strong>les</strong> crédits allouésaux objectifs poursuivis, et en y associant <strong>de</strong>s indicateurs permettant <strong>de</strong>mesurer <strong>les</strong> résultats obtenus :- La distinction au sein <strong>de</strong> <strong>la</strong> mission entre enseignement public etenseignement privé ne permet pas d’analyser d’éventuel<strong>les</strong>différences <strong>de</strong> coûts, car aucun indicateur d’efficience pertinentn’est prévu en ce sens. Elle ne permet pas non plus <strong>de</strong> comparer <strong>les</strong>résultats obtenus en matière <strong>de</strong> diplômes et <strong>de</strong> qualifications dans <strong>la</strong>mesure où <strong>les</strong> indicateurs correspondants - le taux <strong>de</strong> bacheliers et<strong>la</strong> proportion <strong>de</strong> sorties sans qualification - couvrent l’ensemble duchamp sco<strong>la</strong>ire sans distinction entre le public et le privé.- Les programmes ne sont pas articulés avec <strong>les</strong> objectifs générauxfixés au système éducatif : le programme n°141 « enseignement dusecond <strong>de</strong>gré public» regroupe <strong>les</strong> moyens alloués aux collèges etaux lycées, alors que le socle commun <strong>de</strong> connaissances et <strong>de</strong>compétences, qui constitue un objectif essentiel, concerne l’écoleprimaire et le collège, c’est-à-dire <strong>de</strong>ux programmes budgétairesdifférents.- Alors que <strong>tous</strong> <strong>les</strong> autres programmes budgétaires ont été déclinésterritorialement sous <strong>la</strong> forme <strong>de</strong> budgets opérationnels <strong>de</strong>programme (BOP) gérés par <strong>les</strong> recteurs, le programme 139 re<strong>la</strong>tif àl’enseignement privé se décompose <strong>de</strong>puis le premier janvier 2010en un BOP central, géré par <strong>la</strong> direction <strong>de</strong>s affaires financières, eten cinq BOP académiques, qui regroupent environ 41% <strong>de</strong>s élèvessco<strong>la</strong>risés dans le privé. Les autres rectorats n’apparaissent quecomme <strong>de</strong>s unités opérationnel<strong>les</strong>. On ne peut que partager l’avis<strong>de</strong>s inspections généra<strong>les</strong> du ministère, pour <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> maintenir unBOP central constitue « un choix paradoxal, puisque <strong>les</strong> objectifs et<strong>les</strong> indicateurs <strong>de</strong> ce programme sont homothétiques à ceux <strong>de</strong>sprogrammes <strong>de</strong> l’enseignement public et que le recteur estresponsable <strong>de</strong> leur réalisation et <strong>de</strong> leur évolution ».- Le programme n° 230 « vie <strong>de</strong> l’élève » a été créé en 2005 à <strong>la</strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong> du Parlement, notamment pour diminuer le poids duprogramme n° 141 « enseignement du second <strong>de</strong>gré public» : ces<strong>de</strong>ux programmes sont donc séparés, alors qu’ils abon<strong>de</strong>nt <strong>tous</strong>Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


LA GESTION BUDGETAIRE DE L’ENSEIGNEMENT SCOLAIRE 51<strong>de</strong>ux <strong>les</strong> moyens <strong>de</strong>s établissements publics locaux d’enseignement(EPLE), qu’il s’agisse <strong>de</strong>s collèges ou <strong>de</strong>s lycées.- Les programmes sont essentiellement bâtis à partir <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>sfonctions (enseignement, apprentissage, formation <strong>de</strong>s enseignants,pilotage et encadrement pédagogique,…), et non à partir <strong>de</strong>spolitiques éducatives mises en œuvre (socle commun <strong>de</strong>connaissances et <strong>de</strong> compétences, éducation prioritaire, lutte contrel’échec sco<strong>la</strong>ire,…). En conséquence, <strong>les</strong> crédits qui concourent àune politique donnée (par exemple, <strong>les</strong> réseaux « ambitionréussite ») sont éc<strong>la</strong>tés entre plusieurs programmes, sans êtreretracés dans <strong>de</strong>s documents <strong>de</strong> nature extra-budgétaire.En définitive, l’architecture retenue pour le découpage <strong>de</strong>sprogrammes <strong>de</strong> <strong>la</strong> MIES ne facilite pas <strong>la</strong> mise en re<strong>la</strong>tion <strong>de</strong>s objectifs <strong>de</strong>l’enseignement sco<strong>la</strong>ire avec le coût <strong>de</strong>s actions mises en œuvre pour <strong>les</strong>atteindre. De même, au niveau <strong>de</strong>s rectorats et <strong>de</strong>s inspectionsd’académie, <strong>la</strong> répartition actuelle <strong>de</strong>s crédits par actions ne permet pas<strong>de</strong> suivre aisément <strong>les</strong> coûts, ce qui empêche <strong>de</strong> procé<strong>de</strong>r à <strong>de</strong>scomparaisons uti<strong>les</strong>, tant du point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> leur évolution dans le tempsque <strong>de</strong>s rapprochements entre <strong>les</strong> académies. Enfin, ce découpagebudgétaire n’est pas lisible au niveau d’un établissement sco<strong>la</strong>ire, dont <strong>les</strong>crédits proviennent <strong>de</strong> plusieurs programmes.Conscient <strong>de</strong> ces difficultés, le ministère travaille à une refonte ducadre budgétaire et comptable <strong>de</strong>s EPLE qui <strong>de</strong>vrait être opérationnelpour le budget 2012, afin <strong>de</strong> le rendre cohérent avec <strong>la</strong> structure <strong>de</strong>sprogrammes créés dans le cadre <strong>de</strong> <strong>la</strong> LOLF. Ce nouveau cadre, quipourra aussi s’appliquer aux actions inscrites dans <strong>les</strong> projetsd’établissement ou <strong>les</strong> contrats d’objectifs conclus avec le recteur, <strong>de</strong>vraitpermettre, selon le ministère, <strong>de</strong> disposer d’une consolidation <strong>de</strong>sinformations budgétaires et comptab<strong>les</strong>. Toutefois, le manque <strong>de</strong> c<strong>la</strong>rté liéau découpage actuel <strong>de</strong>s programmes budgétaires ne sera pas réglé par <strong>la</strong>seule mise en p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong> cette nouvelle nomenc<strong>la</strong>ture locale.b) Les indicateurs <strong>de</strong>s programmesEn 2009, <strong>les</strong> cinq programmes du ministère <strong>de</strong> l’éducation<strong>nationale</strong> comportaient 23 objectifs auxquels étaient associés 98indicateurs. Bien que ces chiffres aient diminué ces <strong>de</strong>rnières années 59 , i<strong>les</strong>t permis <strong>de</strong> s’interroger sur <strong>la</strong> capacité <strong>de</strong> piloter efficacement <strong>les</strong>ystème sco<strong>la</strong>ire à partir d’un nombre aussi élevé d’objectifs etd’indicateurs.59) Il y avait 103 indicateurs pour le même nombre d’objectifs en 2007.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


52 COUR DES COMPTESEn outre, <strong>les</strong> indicateurs d’efficience financière sont nonseulement minoritaires, mais <strong>de</strong> surcroît davantage <strong>de</strong>s indicateurs <strong>de</strong>gestion que <strong>de</strong>s indicateurs <strong>de</strong> performance <strong>de</strong>s politiques éducatives 60 . Ilsne sont guère utilisab<strong>les</strong> au niveau national pour piloter <strong>les</strong> dispositifsd’enseignement 61 . En l’absence d’indicateurs pertinents, <strong>de</strong> nombreusesenquêtes extrabudgétaires restent donc nécessaires.Dans ces conditions, le rapport annuel <strong>de</strong> performance <strong>de</strong> <strong>la</strong>mission interministérielle <strong>de</strong> l’enseignement sco<strong>la</strong>ire 62 ne fournit que <strong>de</strong>sindications très généra<strong>les</strong> sur <strong>les</strong> coûts du système sco<strong>la</strong>ire, tel<strong>les</strong> que, parexemple, le coût <strong>de</strong> l’élève par niveau d’enseignement. Ce rapport précised’ailleurs que <strong>les</strong> données re<strong>la</strong>tives aux « coûts complets par action <strong>de</strong>politique publique » sont encore <strong>la</strong>cunaires 63 , et que certaines <strong>de</strong>s donnéescitées ont un caractère indicatif, voire simplement illustratif.Il serait donc nécessaire <strong>de</strong> simplifier, rationaliser, et hiérarchiser<strong>les</strong> indicateurs, en <strong>les</strong> orientant majoritairement vers le suivi <strong>de</strong>l’efficacité et <strong>de</strong> l’efficience <strong>de</strong>s principa<strong>les</strong> politiques éducatives.2 - Les procédures d’allocation <strong>de</strong>s moyensa) Des mo<strong>de</strong>s d’allocation non monétairesAu sein <strong>de</strong> l’éducation <strong>nationale</strong>, <strong>la</strong> répartition <strong>de</strong>s moyens affectésà l’enseignement sco<strong>la</strong>ire est fondée, non sur <strong>de</strong>s coûts exprimés en euros,mais sur <strong>de</strong>s besoins exprimés en postes d’enseignants et en heuresd’enseignement, qui constituent l’unité <strong>de</strong> compte du ministère, parfoisappelée « euro éducatif ».60) Sur 98 indicateurs, 4 seulement sont exprimés en euros, et 33 autres indicateursdonnent une indication sur l’utilisation <strong>de</strong>s moyens financiers ou humains (parexemple, <strong>les</strong> écarts <strong>de</strong> taux d’encadrement entre <strong>les</strong> réseaux « ambition réussite » et <strong>de</strong>« réussite sco<strong>la</strong>ire » et <strong>les</strong> secteurs hors éducation prioritaire, <strong>la</strong> proportion <strong>de</strong>spersonnels en collège qui enseignent au moins <strong>de</strong>ux matières, <strong>la</strong> part <strong>de</strong>s surnombresdisciplinaires, le nombre <strong>de</strong> postes non pourvus à <strong>la</strong> rentrée sco<strong>la</strong>ire, <strong>les</strong> taux <strong>de</strong>remp<strong>la</strong>cement <strong>de</strong>s enseignants,…).61) Certains indicateurs d’efficience sont <strong>de</strong> surcroît très incomplets : ainsi, <strong>les</strong>indicateurs re<strong>la</strong>tifs à <strong>la</strong> formation <strong>de</strong>s enseignants ne ren<strong>de</strong>nt pas compte <strong>de</strong> l’essentiel<strong>de</strong>s coûts, qui sont constitués par <strong>la</strong> rémunération <strong>de</strong>s personnes en formation.62) Ce rapport est une annexe du projet <strong>de</strong> loi <strong>de</strong> règlement prévu par l’article 54-4 <strong>de</strong><strong>la</strong> loi organique re<strong>la</strong>tive aux lois <strong>de</strong> finances du 1er août 2001 (LOLF). Il rend compte<strong>de</strong> l’exécution <strong>de</strong>s engagements pris dans <strong>les</strong> projets annuels <strong>de</strong> performancesaccompagnant <strong>la</strong> loi <strong>de</strong> finances, tant en termes d’exécution <strong>de</strong>s crédits que <strong>de</strong> compterendu en matière <strong>de</strong> performance, d’activité <strong>de</strong>s opérateurs <strong>de</strong> l’Etat, et d’analyse <strong>de</strong>scoûts et <strong>de</strong>s charges. L’ensemble <strong>de</strong> ces éléments n’est pas nécessairement renseigné<strong>de</strong> manière exhaustive dans <strong>tous</strong> <strong>les</strong> rapports annuels <strong>de</strong> performance.63) Ainsi, <strong>les</strong> coûts <strong>de</strong>s immobilisations ne sont pas pris en compte.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


LA GESTION BUDGETAIRE DE L’ENSEIGNEMENT SCOLAIRE 53Dans le premier <strong>de</strong>gré, le nombre <strong>de</strong> postes est alloué par académieen fonction <strong>de</strong>s effectifs d’élèves. Dans le second <strong>de</strong>gré, <strong>la</strong> répartition <strong>de</strong>smoyens entre académies est effectuée par l’administration centrale sur <strong>la</strong>base <strong>de</strong>s heures d’enseignement déterminées par <strong>les</strong> programmesd’enseignement : ces heures servent à calculer le nombre <strong>de</strong> postesintégrés dans le p<strong>la</strong>fond d’emplois <strong>de</strong> chaque académie. Le rectorattransforme ensuite <strong>les</strong> emplois qui lui ont été attribués en une « dotationglobale horaire » allouée à chaque établissement.La répartition <strong>de</strong>s moyens dans <strong>les</strong> académiesLa répartition <strong>de</strong>s moyens d’enseignement dans le premier <strong>de</strong>gréLe recteur répartit <strong>les</strong> postes budgétaires en fonction <strong>de</strong> critères qu’ilcommunique aux inspecteurs d’académie départementaux, qui sont chargés<strong>de</strong> <strong>la</strong> répartition entre éco<strong>les</strong>. Les critères utilisés par <strong>les</strong> rectorats sontessentiellement <strong>les</strong> prévisions d’effectifs, mais certains ajoutent d’autrescritères liés à leur projet d’académie. Il n’existe pas <strong>de</strong> clé <strong>de</strong> répartitioncommune à toutes <strong>les</strong> académies. Ainsi, pour <strong>la</strong> rentrée 2007, le rectorat <strong>de</strong>Bor<strong>de</strong>aux a réparti <strong>les</strong> moyens d’enseignement entre <strong>les</strong> départements enreprenant une approche simi<strong>la</strong>ire à celle utilisée par le ministère, en tenantcompte <strong>de</strong>s effectifs prévisionnels d’élèves, <strong>de</strong> critères sociaux, etd’indicateurs territoriaux (comme <strong>les</strong> zones rura<strong>les</strong>). Dans l’académied’Orléans-Tours, par exemple, ont été pris en compte le nombre d’éco<strong>les</strong> et lenombre d’élèves.La répartition <strong>de</strong>s moyens d’enseignement dans le second <strong>de</strong>gréLe dispositif est géré, soit directement par <strong>les</strong> rectorats, soit par délégationpar <strong>les</strong> inspecteurs d’académie (à Bor<strong>de</strong>aux, par exemple). La répartition <strong>de</strong>smoyens est effectuée en transformant <strong>les</strong> p<strong>la</strong>fonds d’emplois alloués par leministère en dotation globale horaire, qui est elle-même répartie entre <strong>les</strong>établissements. On opère donc au niveau local l’opération inverse <strong>de</strong> celle quiest faite pour <strong>la</strong> détermination <strong>de</strong>s budgets opérationnels <strong>de</strong> programme <strong>de</strong>sacadémies : <strong>la</strong> base <strong>de</strong>s calculs est constituée par <strong>les</strong> horaires prévus dans <strong>les</strong>programmes <strong>de</strong>s différents niveaux d’enseignement.Les directions statistiques <strong>de</strong>s rectorats établissent <strong>de</strong>s prévisions d’effectifspar établissement qui sont ensuite confrontées avec cel<strong>les</strong> faites par <strong>les</strong>collèges et <strong>les</strong> lycées, compte tenu <strong>de</strong> <strong>la</strong> carte <strong>de</strong>s formations et <strong>de</strong>s options.Ces prévisions d’effectifs par niveau servent à déterminer le nombre d’heuresd’enseignements alloué. Ces heures sont converties en postes, avec uncoefficient <strong>de</strong> conversion dépendant <strong>de</strong> <strong>la</strong> répartition et <strong>de</strong> <strong>la</strong> pyrami<strong>de</strong> <strong>de</strong>sâges <strong>de</strong>s corps d’enseignants dans l’académie.Toutes <strong>les</strong> académies utilisent un outil informatique pour établir <strong>les</strong>répartitions d’heures. Certaines ont développé un outil spécifique, d’autresutilisent G4, un outil national paramétrable par chaque rectorat, qui privilégieune approche par <strong>les</strong> structures d’enseignement (niveau, options, taille <strong>de</strong>sCour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


54 COUR DES COMPTESgroupes), ce qui peut conduire à rigidifier l’établissement <strong>de</strong>s emplois dutemps. Certains logiciels locaux, comme celui développé par l’académied’Aix-Marseille, sont paramétrés <strong>de</strong> façon plus fine pour tenir compte <strong>de</strong>diverses données, tel<strong>les</strong> que <strong>la</strong> ruralité ou <strong>la</strong> présence <strong>de</strong> zones montagneuses.Cette académie a développé en outre une c<strong>la</strong>ssification <strong>de</strong>s établissementsselon <strong>les</strong> difficultés socio-économiques loca<strong>les</strong>, ce qui ne recoupe pasnécessairement le c<strong>la</strong>ssement en éducation prioritaire : ce critère n’est doncpas utilisé pour répartir <strong>les</strong> moyens au niveau <strong>de</strong>s établissements, mais enamont, lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> répartition <strong>de</strong> <strong>la</strong> dotation globale entre <strong>les</strong> différentsdépartements. L’inspecteur d’académie du Cher a développé un dispositifsimi<strong>la</strong>ire pour <strong>les</strong> collèges.Par ailleurs, dans l’académie d’Aix-Marseille, <strong>les</strong> dotations allouées sontcomparées à un calcul <strong>de</strong> dotation théorique, et l’écart avec cette norme estaffiché, avec un objectif <strong>de</strong> réduction progressive.La répartition <strong>de</strong>s moyens en personnel non enseignantsLes moyens en personnel non enseignants (chefs d’établissement, conseillersprincipaux d’éducation, personnel administratif, assistants <strong>de</strong> vie sco<strong>la</strong>ire,personnel <strong>de</strong> <strong>la</strong>boratoire, infirmiers, etc.) sont répartis par <strong>les</strong> rectorats enfonction <strong>de</strong> critères liés essentiellement aux effectifs d’élèves attendus.La répartition <strong>de</strong>s moyens <strong>de</strong> fonctionnementLes crédits pédagogiques sont globalisés et répartis le plus souventdirectement par <strong>les</strong> services du rectorat (sauf à Bor<strong>de</strong>aux et Aix-Marseille).Cette répartition s’effectue sur <strong>la</strong> base <strong>de</strong>s effectifs pour <strong>les</strong> dépensesobligatoires (carnets <strong>de</strong> correspondance, manuels sco<strong>la</strong>ires, droits <strong>de</strong>reprographie, stages en entreprises,…), et, pour <strong>les</strong> autres actions, en fonction<strong>de</strong>s projets d’établissement (Orléans-Tours, Aix-Marseille) ou <strong>de</strong>s prévisionset <strong>de</strong>s réalisations <strong>de</strong> dépenses (Montpellier, Clermont-Ferrand). Bor<strong>de</strong>auxrépartit ces crédits en fonction <strong>de</strong>s effectifs d’élèves et en tenant compte <strong>de</strong>critères territoriaux, <strong>de</strong> critères sociaux et du rattachement éventuel àl’éducation prioritaire : seuls 10 % <strong>de</strong>s crédits peuvent être alloués en <strong>de</strong>hors<strong>de</strong> ces critères, pour « lisser quelques situations particulières et assurer <strong>la</strong>continuité <strong>de</strong> certaines opérations ».Certains crédits non globalisés sont enfin attribués directement par <strong>les</strong>rectorats sur <strong>de</strong>s appels à projet, par exemple à Bor<strong>de</strong>aux pour <strong>les</strong> dispositifs« Ecole ouverte » ou pour <strong>les</strong> technologies <strong>de</strong> l’information.Enfin, <strong>les</strong> critères <strong>de</strong> répartition entre EPLE sont plus ou moins c<strong>la</strong>irementaffichés selon <strong>les</strong> rectorats. Ainsi celui <strong>de</strong> Montpellier n’indique pas <strong>les</strong> seuils<strong>de</strong> dédoublement <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>sses qu’il introduit dans le logiciel G4, ni ses autrescritères <strong>de</strong> répartition, au motif que <strong>les</strong> chefs d’établissement ou <strong>les</strong>enseignants se sentiraient tenus par un schéma prédéfini. A Bor<strong>de</strong>aux, enrevanche, <strong>les</strong> seuils <strong>de</strong> dédoublement retenus pour le calcul <strong>de</strong>s enveloppesCour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


LA GESTION BUDGETAIRE DE L’ENSEIGNEMENT SCOLAIRE 55départementa<strong>les</strong> sont présentés en comité technique paritaire académique(CTPA) : <strong>la</strong> transparence sur <strong>les</strong> critères <strong>de</strong> calcul <strong>de</strong>s allocations <strong>de</strong> moyensest considérée comme un élément fort du dialogue <strong>de</strong> gestion avec <strong>les</strong>établissements.La gestion du système sco<strong>la</strong>ire repose donc, dans le premier <strong>de</strong>gré,sur une répartition <strong>de</strong> postes, et, dans le second <strong>de</strong>gré, sur une unité <strong>de</strong>compte horaire, l’heure d’enseignement, exprimée essentiellement surune base hebdomadaire : l’allocation <strong>de</strong>s moyens d’enseignements’effectue pour l’essentiel selon <strong>de</strong>s critères correspondant à une offresco<strong>la</strong>ire pensée comme <strong>de</strong>vant être uniforme sur tout le territoire.Il n’est dès lors pas étonnant que le coût <strong>de</strong>s politiques éducativessoit exprimé en postes ou en heures, et non en euros. De même, dans <strong>la</strong>gestion quotidienne, <strong>les</strong> services déconcentrés (rectorats et inspectionsd’académie) et <strong>les</strong> chefs d’établissement ne raisonnent pas en euros, maisen postes et en heures.Le ministère <strong>de</strong> l’éducation <strong>nationale</strong> considère que le caractèrenational du service public <strong>de</strong> l’éducation est garanti par l’existence <strong>de</strong>gril<strong>les</strong> horaires uniformes fixées par <strong>les</strong> programmes nationauxd’enseignement sur l’ensemble du territoire, et que sa mission premièreest en conséquence <strong>de</strong> donner aux académies, puis aux établissements, <strong>les</strong>moyens <strong>de</strong> financement <strong>de</strong> ces heures d’enseignement. Dès lors, il estimeque l’heure d’enseignement constitue l’unité <strong>de</strong> gestion <strong>la</strong> plus adaptée etjuge inutile <strong>de</strong> convertir cet « euro éducatif » en données financières.Malgré <strong>la</strong> nécessité, pour assurer l’égalité <strong>de</strong>s chances entre <strong>tous</strong><strong>les</strong> élèves, <strong>de</strong> répartir <strong>les</strong> moyens <strong>de</strong> façon variable entre <strong>les</strong>établissements, et en dépit <strong>de</strong>s réformes récentes <strong>de</strong> <strong>la</strong> voieprofessionnelle ou <strong>de</strong>s lycées d’enseignement général et technologique,qui visent à introduire plus <strong>de</strong> soup<strong>les</strong>se dans l’utilisation <strong>de</strong>s gril<strong>les</strong>horaires, le système d’allocation <strong>de</strong>s moyens reste aujourd’hui encore<strong>la</strong>rgement conçu <strong>de</strong> manière uniforme.Pourtant, l’utilisation <strong>de</strong> l’heure comme unité <strong>de</strong> gestion exclusiveprésente l’inconvénient <strong>de</strong> l’imprécision : ainsi, un établissement relevant<strong>de</strong> l’éducation prioritaire peut bénéficier <strong>de</strong> moyens horairesapparemment plus élevés qu’un autre établissement, mais représenter enfait un coût inférieur, dès lors que <strong>les</strong> enseignants affectés en « réseauambition réussite » ou en « réseau <strong>de</strong> réussite sco<strong>la</strong>ire » ont souventmoins d’ancienneté ou un statut moins rémunérateur.En outre, cette approche se fon<strong>de</strong> sur une conception du budget <strong>de</strong>l’Etat limitée à une allocation <strong>de</strong> moyens visant à assurer une égalitéthéorique, alors que <strong>les</strong> principes <strong>de</strong> gestion par <strong>la</strong> performance posés parCour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


56 COUR DES COMPTES<strong>la</strong> LOLF supposeraient <strong>de</strong> pouvoir comparer <strong>les</strong> politiques publiques, <strong>de</strong>mesurer leurs effets, et d’en rendre compte <strong>de</strong> manière transparente.Enfin, une connaissance plus systématique <strong>de</strong>s coûts exprimés eneuros permettrait <strong>de</strong> mettre en œuvre une autre organisation <strong>de</strong> <strong>la</strong>répartition et <strong>de</strong> <strong>la</strong> gestion <strong>de</strong>s moyens, afin que <strong>les</strong> responsab<strong>les</strong> puissent,à chaque niveau, piloter <strong>les</strong> politiques dont ils ont <strong>la</strong> responsabilité enprocédant à <strong>de</strong>s arbitrages en fonction <strong>de</strong> leur efficience. Cette démarcheimpliquerait <strong>de</strong> pouvoir convertir en euros <strong>les</strong> moyens mis en œuvre à<strong>tous</strong> <strong>les</strong> niveaux, que ce soit en administration centrale, en académie, oudans <strong>les</strong> établissements.b) Un dialogue <strong>de</strong> gestion morcelé et embryonnaireLe « dialogue <strong>de</strong> gestion » noué entre <strong>la</strong> direction générale <strong>de</strong>l’enseignement sco<strong>la</strong>ire (DGESCO) et <strong>les</strong> rectorats parvient difficilementà relier <strong>la</strong> répartition <strong>de</strong>s moyens budgétaires à <strong>de</strong>s choix <strong>de</strong> politiqueéducative évalués du point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> leur efficacité. De façonsignificative, l’essentiel <strong>de</strong>s échanges qui se déroulent entrel’administration centrale et <strong>les</strong> académies sur <strong>la</strong> construction <strong>de</strong> leursbudgets opérationnels <strong>de</strong> programme (BOP) reposent sur <strong>de</strong>s re<strong>la</strong>tionsentre <strong>les</strong> rectorats et <strong>la</strong> direction <strong>de</strong>s affaires financières (DAF), et nonavec <strong>la</strong> DGESCO, alors que celle-ci est pourtant chargée <strong>de</strong> <strong>la</strong> direction<strong>de</strong>s programmes <strong>de</strong> l’enseignement sco<strong>la</strong>ire. En fait, le DGESCO nedispose pas <strong>de</strong> toute <strong>la</strong> plénitu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s moyens d’un véritable responsable<strong>de</strong> programme, au sens <strong>de</strong> <strong>la</strong> LOLF : le secrétaire général du ministèredétient notamment toutes <strong>les</strong> compétences <strong>de</strong> gestion, tant financièresqu’en matière <strong>de</strong> personnel ou d’évaluation 64 ; il prési<strong>de</strong>, comme leministère l’a indiqué dans une réponse adressée à <strong>la</strong> Cour, <strong>les</strong> réunions <strong>de</strong>« dialogue <strong>de</strong> gestion » tenues entre <strong>les</strong> directions du ministère et <strong>les</strong>recteurs.Dans ces conditions, <strong>la</strong> situation actuelle révèle une faib<strong>les</strong>se <strong>de</strong>l’articu<strong>la</strong>tion entre <strong>les</strong> choix budgétaires et <strong>les</strong> options stratégiques etpédagogiques <strong>de</strong>s académies. Si <strong>de</strong>s projets académiques sont présentéslors du « dialogue <strong>de</strong> gestion », aucun lien n’est établi entre leur contenuet <strong>les</strong> moyens alloués aux rectorats.Certes, <strong>de</strong>puis 2008, <strong>la</strong> réunion organisée entre <strong>les</strong> recteurs etl’administration centrale pour <strong>la</strong> préparation <strong>de</strong>s BOP académiques sedéroule en une seule phase, et toutes <strong>les</strong> questions y sont simultanément64) Le secrétaire général est même responsable d’un programme directement relié auxpolitiques éducatives (programme 214 « soutien <strong>de</strong> <strong>la</strong> politique <strong>de</strong> l’éducation<strong>nationale</strong> »).Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


LA GESTION BUDGETAIRE DE L’ENSEIGNEMENT SCOLAIRE 57abordées : stratégie, objectifs, et moyens. Cette nouvelle procédure<strong>de</strong>vrait donc apporter plus <strong>de</strong> cohérence, mais il convient d’observer que<strong>les</strong> conditions <strong>de</strong> préparation <strong>de</strong>s BOP ne sont pas modifiées pour <strong>la</strong> plusgran<strong>de</strong> part <strong>de</strong>s crédits, que le suivi <strong>de</strong>s crédits <strong>de</strong> dépenses <strong>de</strong> personnelreste <strong>de</strong> <strong>la</strong> seule compétence <strong>de</strong> <strong>la</strong> DAF, et que <strong>les</strong> répartitions d’effectifsd’enseignants sont effectuées postérieurement au « dialogue <strong>de</strong> gestion »et sous <strong>la</strong> responsabilité <strong>de</strong> <strong>la</strong> direction générale <strong>de</strong>s ressources humaines,qui dépend du secrétariat général du ministère.La réussite <strong>de</strong> <strong>la</strong> mise en œuvre technique <strong>de</strong> <strong>la</strong> LOLF, notammenten ce qui concerne <strong>la</strong> gestion budgétaire <strong>de</strong>s rémunérations, ne s’est doncpas encore accompagnée d’une progression suffisante du pilotage par <strong>la</strong>performance <strong>de</strong>s politiques éducatives. Le « dialogue <strong>de</strong> gestion » doitmieux prendre en compte <strong>les</strong> notions <strong>de</strong> responsabilisation et <strong>de</strong> marged’autonomie <strong>de</strong>s académies, <strong>les</strong> résultats et <strong>les</strong> coûts <strong>de</strong>s actionséducatives, ainsi que <strong>les</strong> différences <strong>de</strong> situations constatées sur le terrain.Enfin <strong>la</strong> DGESCO doit mieux jouer son rôle <strong>de</strong> directeur <strong>de</strong>programme budgétaire chargé <strong>de</strong>s évolutions du système sco<strong>la</strong>ire, enfonction d’objectifs <strong>de</strong> politiques éducatives c<strong>la</strong>irement définis et <strong>de</strong>l’analyse <strong>de</strong> leurs résultats du point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong>s élèves.L’organisation actuelle <strong>de</strong> l’administration centrale ne favorise pasl’exercice complet <strong>de</strong> cette fonction, même si <strong>les</strong> efforts <strong>de</strong> travail enconcertation sont réels entre <strong>la</strong> DGESCO et le secrétariat général.Deux conceptions du rôle <strong>de</strong> l’administration centrale coexistenttoujours au sein du ministère <strong>de</strong> l’éducation <strong>nationale</strong> :− l’une, dans l’esprit <strong>de</strong> <strong>la</strong> LOLF, suppose que l’administrationcentrale définisse <strong>les</strong> grands objectifs et <strong>la</strong>isse <strong>de</strong>s marges <strong>de</strong>manœuvre aux services déconcentrés dans <strong>la</strong> mise en œuvre <strong>de</strong><strong>la</strong> stratégie sco<strong>la</strong>ire, qu’elle évalue et qu’elle régule ;− l’autre, plus traditionnelle, s’appuie sur <strong>la</strong> définition <strong>de</strong> normesfixant <strong>de</strong> façon détaillée <strong>les</strong> modalités <strong>de</strong> mise en œuvre <strong>de</strong>spolitiques ; elle repose sur un affichage national <strong>de</strong> mesuresnouvel<strong>les</strong>, s’inscrit dans un temps court, et débouche sur <strong>de</strong>senquêtes <strong>de</strong>mandées par l’administration centrale pour tenterd’apprécier le <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> mise en œuvre <strong>de</strong>s mesures, plusrarement pour en évaluer <strong>les</strong> résultats.C’est encore <strong>la</strong> secon<strong>de</strong> conception qui l’emporte dans <strong>les</strong> faits : lecaractère limité du « dialogue <strong>de</strong> gestion », l’absence <strong>de</strong> lettre <strong>de</strong> missionconfiée aux recteurs lors <strong>de</strong> leur prise <strong>de</strong> poste, alors qu’il en existe pour<strong>les</strong> chefs d’établissement, <strong>la</strong> faib<strong>les</strong>se <strong>de</strong>s outils <strong>de</strong> pilotage partagés entrele niveau central et <strong>les</strong> académies, illustrent <strong>la</strong> persistance d’une logiqueCour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


58 COUR DES COMPTEStrès éloignée <strong>de</strong> <strong>la</strong> démarche <strong>de</strong> gestion par <strong>la</strong> performance que <strong>la</strong>issaitespérer <strong>la</strong> mise en œuvre <strong>de</strong> <strong>la</strong> LOLF.3 - Des marges <strong>de</strong> manœuvre limitées pour <strong>les</strong> établissementsLes recteurs répartissent <strong>les</strong> moyens financiers entre <strong>les</strong> actionsselon <strong>les</strong> spécificités <strong>de</strong> leur académie et leurs priorités, explicitées ounon dans un projet académique. Toutefois, <strong>la</strong> prise en compte à leurniveau, dans <strong>les</strong> répartitions <strong>de</strong> moyens, <strong>de</strong>s objectifs et <strong>de</strong>s résultats <strong>de</strong>spolitiques sco<strong>la</strong>ires reste encore limitée, en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> certains contreexemp<strong>les</strong>,tel que celui qui est présenté dans l’encadré ci-après.Le dispositif « Projet d'amélioration <strong>de</strong>s résultats <strong>de</strong>s élèves » (PARE) misen p<strong>la</strong>ce dans <strong>les</strong> Bouches-du-RhôneLe dispositif PARE permet à <strong>de</strong>s équipes volontaires, répondant à un appel àprojet sur <strong>la</strong> base d’un cahier <strong>de</strong>s charges précis, <strong>de</strong> bénéficier d’un emploisupplémentaire pour améliorer <strong>les</strong> résultats <strong>de</strong>s élèves <strong>de</strong>s éco<strong>les</strong> primairesdans <strong>les</strong> champs disciplinaires fondamentaux (mathématiques et maîtrise <strong>de</strong><strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue). Cet emploi se traduit par l’intervention d’un maître expérimentéen c<strong>la</strong>sse, en co-intervention avec le maître habituel. Le maintien <strong>de</strong> ce posteest lié à l’atteinte d’objectifs d’acquisition <strong>de</strong> compétences par <strong>les</strong> élèves. En2005, l’inspection académique a consacré 20 postes à ce dispositif, 30l’année suivante, puis 47 en 2007-2008. En 2008, 305 c<strong>la</strong>sses et 6.231 élèvesétaient concernés, et 30 <strong>de</strong>s postes étaient affectés à <strong>de</strong>s éco<strong>les</strong> relevant <strong>de</strong>l’éducation prioritaire.Les services départementaux ont créé <strong>de</strong>s outils <strong>de</strong> suivi, comme par exemple<strong>de</strong>s évaluations réalisées à <strong>la</strong> moitié et en fin d’année sco<strong>la</strong>ire sur le palier 1du livret <strong>de</strong> compétences. Les évaluations <strong>nationale</strong>s diagnostiques enCP/CE1 sont également utilisées. En <strong>de</strong>ssous d’un score <strong>de</strong> 60 %, l’élève doitbénéficier d’une attention particulière, et éventuellement <strong>de</strong> <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ced’un programme personnalisé <strong>de</strong> réussite éducative (PPRE). Un logiciel ai<strong>de</strong>à i<strong>de</strong>ntifier <strong>les</strong> cas <strong>de</strong> très gran<strong>de</strong> difficulté sco<strong>la</strong>ire (élèves réussissant moins<strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux tiers <strong>de</strong>s items qui sont réussis à plus <strong>de</strong> 80 % par leur c<strong>la</strong>sse).Le bi<strong>la</strong>n <strong>de</strong> ce dispositif apparaît positif sur <strong>les</strong> résultats <strong>de</strong>s élèves auxévaluations. Ainsi, dans une <strong>de</strong>s éco<strong>les</strong>, en 2008, le nombre d’enfants endifficulté a diminué <strong>de</strong> 25% entre le début et <strong>la</strong> fin <strong>de</strong> l’année sco<strong>la</strong>ire, etleur proportion est tombée à 6,2% sur <strong>les</strong> 48 élèves <strong>de</strong> CP. De façon globale,une étu<strong>de</strong> effectuée en 2007 fait apparaître une réduction <strong>de</strong>s écarts avec <strong>les</strong>résultats <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong>s élèves du département. Sur le p<strong>la</strong>n qualitatif,l’inspection académique souligne <strong>les</strong> avancées <strong>de</strong>s élèves sur le p<strong>la</strong>ncomportemental et méthodologique, le renforcement <strong>de</strong> l’implication <strong>de</strong>sfamil<strong>les</strong>, le changement <strong>de</strong> regard sur <strong>les</strong> élèves suivis, l’acquisition d’uneculture <strong>de</strong> l’évaluation par <strong>les</strong> enseignants, le renforcement du travail enCour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


LA GESTION BUDGETAIRE DE L’ENSEIGNEMENT SCOLAIRE 59équipe, et un meilleur ajustement avec le dispositif <strong>de</strong>s réseaux d'ai<strong>de</strong>sspécialisées aux élèves en difficulté (RASED). Mais le dispositif nécessite uninvestissement important en temps, ce qui explique qu’il soit difficile à fairevivre dans <strong>la</strong> durée.Lors <strong>de</strong> leur audition <strong>de</strong>vant <strong>la</strong> Cour, <strong>de</strong> nombreux responsab<strong>les</strong> <strong>de</strong>services académiques ont marqué très fortement <strong>la</strong> nécessité <strong>de</strong> disposer<strong>de</strong> plus <strong>de</strong> marges <strong>de</strong> manœuvre dans l’allocation <strong>de</strong>s moyens. Mais il estimpossible à une académie <strong>de</strong> changer radicalement ses règ<strong>les</strong> en <strong>la</strong>matière, lorsque cel<strong>les</strong> qui sont mises en œuvre par l’administrationcentrale restent el<strong>les</strong>-mêmes inchangées. En définitive, <strong>les</strong> modalités du« dialogue <strong>de</strong> gestion » appliquées entre l’administration centrale et <strong>les</strong>recteurs ne peuvent que se reproduire entre <strong>les</strong> recteurs et <strong>les</strong> inspecteursd’académie, et entre <strong>les</strong> échelons déconcentrés et <strong>les</strong> établissementsd’enseignement.En conséquence, <strong>les</strong> chefs d’établissements du second <strong>de</strong>grésubissent une forte contrainte pour exécuter <strong>les</strong> budgets qui leur sontattribués. En raison <strong>de</strong> <strong>la</strong> lour<strong>de</strong>ur <strong>de</strong>s programmes disciplinairesnationaux, <strong>les</strong> dotations en heures <strong>la</strong>issent très peu <strong>de</strong> marges <strong>de</strong>manœuvre - évaluées selon <strong>les</strong> cas entre 5% et 10% <strong>de</strong>s moyens alloués -.Ce vo<strong>la</strong>nt disponible est souvent utilisé pour dédoubler <strong>les</strong> c<strong>la</strong>sses,l’allègement du nombre d’élèves par c<strong>la</strong>sse étant fréquemment préféré,tant par <strong>les</strong> parents que par <strong>les</strong> enseignants, à <strong>la</strong> mise en œuvre <strong>de</strong>dispositifs <strong>de</strong> soutien aux élèves en difficulté ou bien d’enseignementspluridisciplinaires.Des évolutions vers une plus gran<strong>de</strong> soup<strong>les</strong>se dans l’emploi <strong>de</strong>smoyens sont toutefois récemment intervenues.Ainsi, à <strong>la</strong> rentrée 2009, <strong>de</strong> nouvel<strong>les</strong> gril<strong>les</strong> horaires ont été misesen p<strong>la</strong>ce au lycée pour <strong>la</strong> voie professionnelle. Ces gril<strong>les</strong> découlent <strong>de</strong>plusieurs évolutions notab<strong>les</strong>, dont <strong>la</strong> globalisation <strong>de</strong>s horaires sur <strong>les</strong>trois années <strong>de</strong> formation, l’absence <strong>de</strong> grille hebdomadaire et uneprésentation indicative <strong>de</strong>s gril<strong>les</strong> annuel<strong>les</strong>. De plus, une dotation <strong>de</strong> 210heures, <strong>de</strong>stinée à <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce d’un accompagnement personnalisé,est <strong>la</strong>issée à l’initiative <strong>de</strong> l’établissement pour sa répartition au long ducursus. De même, l’utilisation d’une dotation <strong>de</strong> 142 heures, <strong>de</strong>stinée àl’approfondissement d’enseignements généraux, est <strong>la</strong>issée au choix <strong>de</strong>l’établissement. Enfin une dotation complémentaire calculée sur <strong>la</strong> base<strong>de</strong> 11,5 heures par semaine et par groupe <strong>de</strong> 20 élèves dans <strong>les</strong> formationsindustriel<strong>les</strong> et <strong>de</strong> 24 élèves dans <strong>les</strong> formations tertiaires, vise àpermettre <strong>de</strong>s groupes allégés pour <strong>les</strong> enseignements généraux etprofessionnels. Ainsi cette nouvelle grille horaire amène <strong>les</strong> lycéesd’enseignement professionnel à disposer en principe <strong>de</strong> marges <strong>de</strong>Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


60 COUR DES COMPTESmanœuvre plus gran<strong>de</strong>s dans l’utilisation <strong>de</strong> leur dotation globale horaire.Mais il serait utile que cette possibilité d’adaptation horaire soitrapi<strong>de</strong>ment évaluée, afin <strong>de</strong> vérifier si <strong>les</strong> établissements se saisissentréellement <strong>de</strong> ces opportunités pour s’adapter aux besoins <strong>de</strong>s élèves et si<strong>les</strong> enseignants disposent <strong>de</strong>s outils leur permettant <strong>de</strong> mettreeffectivement en p<strong>la</strong>ce un accompagnement personnalisé.La réforme du lycée général et technologique, qui entrera enapplication à <strong>la</strong> rentrée 2010, prévoit également <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce d’unaccompagnement personnalisé <strong>de</strong> 72 heures par année sco<strong>la</strong>ire pour <strong>tous</strong><strong>les</strong> élèves. Une enveloppe horaire sera <strong>la</strong>issée à <strong>la</strong> disposition <strong>de</strong>sétablissements pour assurer <strong>de</strong>s enseignements en groupes à effectifréduit (son volume sera arrêté par <strong>les</strong> recteurs d'académie sur une baseal<strong>la</strong>nt, selon <strong>les</strong> séries, <strong>de</strong> 6 heures à 10 heures hebdomadaires pardivision). Cette enveloppe pourra être abondée en fonction <strong>de</strong>sspécificités pédagogiques <strong>de</strong> chaque établissement, et son utilisation feral'objet d'une consultation du conseil pédagogique. La capacitéd’expérimentation et d’adaptation <strong>de</strong> chaque lycée sera donc sollicitée,car il <strong>de</strong>viendra possible <strong>de</strong> sortir du cadre purement hebdomadaire <strong>de</strong>senseignements disciplinaires. Toutefois, un suivi précis <strong>de</strong>s différentessolutions mises en œuvre par <strong>les</strong> établissements sera ici encore nécessaire.En effet, toutes <strong>les</strong> tentatives visant à remettre en cause le cadredisciplinaire et hebdomadaire <strong>de</strong>s emplois du temps ont eu jusqu’àprésent une ampleur très limitée, <strong>les</strong> marges <strong>de</strong> manœuvre données auxlycées n’étant parfois utilisées que pour terminer <strong>les</strong> programmes dans <strong>les</strong>matières considérées comme <strong>les</strong> plus importantes.A <strong>la</strong> différence <strong>de</strong>s universités, <strong>les</strong> établissements d’enseignementn’ont pas le statut d’opérateurs <strong>de</strong> l’Etat, ce qui <strong>les</strong> soustrait très<strong>la</strong>rgement à une logique <strong>de</strong> responsabilité vis-à-vis <strong>de</strong>s programmesministériels dont ils dépen<strong>de</strong>nt. La mise en œuvre <strong>de</strong> <strong>la</strong> LOLF n’a donceu qu’un impact limité sur <strong>les</strong> principaux acteurs <strong>de</strong> terrain <strong>de</strong>l’enseignement sco<strong>la</strong>ire, et notamment sur <strong>les</strong> enseignants.Cette situation n’a pas non plus été corrigée par le développement,au cours <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rnières années, <strong>de</strong> <strong>la</strong> démarche contractuelle. Celle-ci s’estessentiellement développée <strong>de</strong> façon <strong>de</strong>scendante, en concernant d’abord<strong>les</strong> re<strong>la</strong>tions entre le ministère et <strong>les</strong> académies puis, <strong>de</strong> façon plusrécente, <strong>les</strong> re<strong>la</strong>tions entre <strong>les</strong> académies et <strong>les</strong> établissements.La première forme <strong>de</strong> contractualisation entre <strong>les</strong> rectorats et <strong>les</strong>établissements d’enseignement du second <strong>de</strong>gré a été <strong>la</strong>ncée dans <strong>les</strong>années 1990 avec <strong>de</strong>ux principaux objectifs : accompagner le processus<strong>de</strong> déconcentration et mettre le fonctionnement <strong>de</strong> l’administration auservice d’objectifs pédagogiques. Elle tirait <strong>les</strong> enseignements <strong>de</strong> <strong>la</strong>décentralisation et <strong>de</strong> <strong>la</strong> déconcentration en postu<strong>la</strong>nt que le niveauCour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


LA GESTION BUDGETAIRE DE L’ENSEIGNEMENT SCOLAIRE 61académique constitue le lieu <strong>de</strong> mise en cohérence <strong>de</strong> l’action éducative.En revanche, <strong>la</strong> contractualisation <strong>de</strong>s établissements avec <strong>les</strong> rectorats 65reste encore balbutiante, comme l’ont souligné <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux inspectionsgénéra<strong>les</strong> du ministère dans leur rapport d’activité pour 2007 : « Le défi<strong>de</strong> <strong>la</strong> contractualisation rési<strong>de</strong> avant tout dans l’aptitu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s agents - etnotamment <strong>de</strong>s enseignants - à acquérir une « culture <strong>de</strong> <strong>la</strong> performance» et à ajuster leurs mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> travail ou leurs comportements en fonction<strong>de</strong> nouvel<strong>les</strong> orientations. La fixation d’objectifs et <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ced’indicateurs <strong>de</strong> performance ne suffiront pas, en eux-mêmes, à <strong>les</strong>modifier. Cette crainte est d’autant plus forte que le dispositif <strong>de</strong>contractualisation n’est pas juridiquement contraignant. Il gar<strong>de</strong> uncaractère incitatif <strong>de</strong> « contrat moral ». De fait, dans le cas où le contratn’est pas rempli, l’établissement (ou le chef d’établissement) n’est pasappelé à en subir une quelconque conséquence. On peut dès lorss’interroger : s’agit-il d’un véritable contrat ? Et pourquoicontractualiser, disent certains enseignants, sur <strong>de</strong>s objectifs qui tombentsous le sens et qui sont <strong>de</strong> toute façon <strong>de</strong>s objectifs <strong>de</strong> l’éducation<strong>nationale</strong> tout entière ? Enfin, <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux parties signataires sont-el<strong>les</strong>également engagées ? Les communautés éducatives n’ont généralementpas d’hésitation sur ce sujet : le contrat d’objectifs n’est pas un véritable« contrat », car seul l’EPLE s’engage et non le rectorat ».La Cour a pu constater, dans <strong>les</strong> auditions qu’elle a tenues à l’issue<strong>de</strong> son enquête, que <strong>la</strong> notion d’établissement, en tant que communautééducative, n’est toujours pas une réalité pour <strong>de</strong> nombreux enseignants :ainsi que le montrent <strong>les</strong> exemp<strong>les</strong> suivants, le projet d’établissementn’est pas toujours connu, et il n’est pas encore partagé par <strong>tous</strong>.Des perceptions contrastées du projet d’établissementSelon un enseignant <strong>de</strong> mathématiques exerçant en collège, le projetd’établissement est « une idée qui fait son chemin ». Cet enseignant sedéc<strong>la</strong>re toutefois opposé à <strong>la</strong> généralisation <strong>de</strong> cet outil : <strong>les</strong> établissements<strong>de</strong>vraient librement s’en saisir selon leurs besoins, car <strong>les</strong> obliger à établir unprojet aboutirait à leur imposer <strong>de</strong> l’extérieur une démarche qui n’aurait pas<strong>de</strong> vie au sein <strong>de</strong> l’EPLE.Une enseignante <strong>de</strong> lettres affectée dans un lycée estime que le projetd’établissement reste une « coquille vi<strong>de</strong> », que le chef d’établissement estcontraint <strong>de</strong> remettre au rectorat et qui n’est pas suivie d’effets. Elle n’a65) Conformément à <strong>la</strong> loi du 3 avril 2005 d’orientation et <strong>de</strong> programme pourl’avenir <strong>de</strong> l’école, <strong>de</strong>s contrats d’objectifs doivent être signés par chaque EPLE et <strong>les</strong>autorités académiques. En novembre 2008, six académies avaient signé <strong>de</strong>s contratsavec l’ensemble <strong>de</strong> leurs établissements. En sens inverse, trois académies n’avaientsigné aucun contrat. Treize académies avaient signé <strong>de</strong>s contrats avec plus <strong>de</strong> <strong>la</strong>moitié <strong>de</strong>s EPLE.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


62 COUR DES COMPTESjamais vu un projet d’établissement suivi, évalué, mis à jour, et adapté enfonction <strong>de</strong>s constats et <strong>de</strong>s appréciations du terrain. Elle observe quel’autonomie <strong>de</strong>s établissements est associée par <strong>les</strong> enseignants à <strong>la</strong> crainted’un pouvoir grandissant du chef d’établissement, et elle considère enconséquence qu’il faut donner une dynamique à l’établissement lui-même, etdonc au conseil pédagogique, et non au seul chef d’établissement. En outre,elle estime contradictoire que le projet d’établissement soit soumis auxpriorités du rectorat. Elle a vécu <strong>de</strong>s expériences où <strong>les</strong> enseignants étaienttrès enthousiastes pour initier une démarche nouvelle et avaient envied’établir un projet qui leur soit vraiment personnel, mais où <strong>la</strong> mise en œuvreavait été très décevante, car <strong>les</strong> objectifs fixés avaient été imposés par lerectorat en fonction <strong>de</strong> ses propres priorités. Le projet d’établissement a alorsperdu toute originalité et est <strong>de</strong>venu stéréotypé : <strong>les</strong> enseignants n’ont doncpas voulu s’en saisir car ils ne reconnaissaient plus <strong>les</strong> spécificités <strong>de</strong> leurEPLE.Une autre enseignante souligne que le projet d’établissement est certes unepréoccupation <strong>de</strong>s enseignants <strong>de</strong> son collège, mais qu’au sein <strong>de</strong> <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse, iln’est pas <strong>la</strong> priorité : <strong>les</strong> enseignants ne modifient pas leur enseignement enfonction <strong>de</strong>s objectifs du projet d’établissement. Celui-ci ne passe donc pas <strong>la</strong>porte <strong>de</strong> <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse, même si <strong>tous</strong> <strong>les</strong> enseignants le connaissent.Un principal <strong>de</strong> collège précise que le véritable problème est <strong>la</strong> coexistence<strong>de</strong>s objectifs à long terme inscrits dans <strong>les</strong> projets d’établissement et <strong>de</strong>sactions que <strong>les</strong> chefs d’établissement doivent mettre en p<strong>la</strong>ce, du jour aulen<strong>de</strong>main, à <strong>la</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’administration centrale.Un inspecteur territorial estime que <strong>les</strong> EPLE n’existent pas dans « <strong>la</strong> tête »<strong>de</strong>s enseignants : ceux-ci sont <strong>de</strong>s cadres A <strong>de</strong> <strong>la</strong> fonction publique et il faut,à ce titre, leur donner plus <strong>de</strong> responsabilités dans le pilotage <strong>de</strong> leurétablissement pour qu’ils aient conscience d’appartenir à un collectifd’enseignement et d’éducation. Une proviseure <strong>de</strong> lycée estime en outre quele terme d’autonomie peut engendrer <strong>de</strong> graves confusions : certains chefsd’établissement pensent en effet que l’autonomie donnée aux établissementsest synonyme <strong>de</strong> pouvoir pour eux, ce qui est générateur <strong>de</strong> crispations <strong>de</strong>senseignants.Une opinion divergente a enfin été exprimée par un professeur <strong>de</strong> sciences <strong>de</strong><strong>la</strong> vie et <strong>de</strong> <strong>la</strong> terre (SVT) : <strong>les</strong> enseignants <strong>de</strong> son collège ont travaillé <strong>tous</strong>ensemble sur le projet d’établissement et sont allés le présenter <strong>de</strong> manièrecollégiale au rectorat. Dans cet établissement, tout se base sur le projet : <strong>les</strong>moyens alloués, <strong>les</strong> emplois du temps, <strong>la</strong> dotation globale horaire.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


LA GESTION BUDGETAIRE DE L’ENSEIGNEMENT SCOLAIRE 63L’école, le collège et le lycée ne disposent pas d’une autonomiesuffisante pour allouer <strong>les</strong> moyens en fonction d’un projet é<strong>la</strong>borécollectivement et correspondant aux besoins <strong>de</strong>s élèves. La gestion par <strong>la</strong>performance voulue par <strong>la</strong> LOLF n’est guère <strong>de</strong>venue un outil <strong>de</strong>management à part entière au sein du ministère <strong>de</strong> l’éducation <strong>nationale</strong> :elle ne pourrait l’être que si <strong>de</strong>s marges <strong>de</strong> manœuvre plus importantesétaient déléguées aux établissements. Tant que cette évolution ne sera pasintervenue, <strong>la</strong> recherche d’une meilleure adéquation <strong>de</strong>s dépenses auxobjectifs et aux résultats restera inévitablement limitée.Cette limite est d’autant plus forte que <strong>les</strong> académies, en raison <strong>de</strong>l’annualité budgétaire, peuvent difficilement s’engager au-<strong>de</strong>là d’uneannée sur <strong>les</strong> dotations allouées aux établissements. Ceux-ci ont en outreune <strong>la</strong>titu<strong>de</strong> d’action singulièrement restreinte 66 , puisque l’essentiel <strong>de</strong> <strong>la</strong>dotation globale horaire doit servir à assurer <strong>de</strong>s enseignementsobligatoires décou<strong>la</strong>nt <strong>de</strong> l’application <strong>de</strong>s programmes : <strong>de</strong> fait, <strong>les</strong> chefsd’établissement et <strong>les</strong> conseils d’administration sont p<strong>la</strong>cés dans uneposition difficile pour inscrire leur action et celle <strong>de</strong>s enseignants dansune logique <strong>de</strong> gestion par <strong>la</strong> performance.4 - Des incohérences dans l’allocation <strong>de</strong>s moyensDe surcroît, certains objectifs <strong>de</strong> <strong>la</strong> politique éducative trouventdifficilement une traduction dans le mo<strong>de</strong> actuel d’allocation <strong>de</strong>s moyens.Ainsi, à titre d’exemple, le taux <strong>de</strong> sco<strong>la</strong>risation <strong>de</strong>s enfants à <strong>de</strong>uxans, qui atteignait 35% au cours <strong>de</strong>s décennies 1980 et 1990, n’a cessé <strong>de</strong>décroître <strong>de</strong>puis 2001-2002 pour atteindre 20,9% en 2007-2008. Or, <strong>les</strong>départements présentant <strong>les</strong> difficultés socia<strong>les</strong> <strong>les</strong> plus aigues ne sont pasceux qui présentent <strong>les</strong> taux <strong>les</strong> plus élevés <strong>de</strong> sco<strong>la</strong>risation à <strong>de</strong>ux ans, cequi est contradictoire avec <strong>la</strong> priorité officiellement donnée à <strong>la</strong> mise enœuvre <strong>de</strong> ce dispositif dans <strong>les</strong> zones <strong>les</strong> plus diffici<strong>les</strong> : le taux <strong>de</strong>sco<strong>la</strong>risation <strong>de</strong>s enfants <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux ans du département <strong>de</strong> Seine-Saint-Denis n’est ainsi que <strong>de</strong> 5%.Plus caractéristique encore est le traitement <strong>de</strong>s redoublementsdans <strong>la</strong> procédure d’allocation <strong>de</strong>s moyens. Alors que le coût duredoublement a été estimé par le ministère en 2009 à environ <strong>de</strong>uxmilliards d’euros par an, du fait <strong>de</strong> l’allongement <strong>de</strong> <strong>la</strong> durée <strong>de</strong> présencequ’il entraîne pour <strong>les</strong> élèves au sein du système sco<strong>la</strong>ire, cette pratiquereste très importante en France. Lors <strong>la</strong> rentrée sco<strong>la</strong>ire 2008 67 , 15,3% <strong>de</strong>s66) Les chefs d’établissements du second <strong>de</strong>gré subissent en effet une forte contraintepour exécuter <strong>les</strong> budgets qui leur sont attribués (cf page 59 du rapport).67) RERS 2009.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


64 COUR DES COMPTESélèves sont entrés en sixième avec au moins un an <strong>de</strong> retard ; environ17% <strong>de</strong>s collégiens ont redoublé au moins une c<strong>la</strong>sse ; 12,2% <strong>de</strong>s lycéensredoublent leur secon<strong>de</strong> générale et technologique. Au total, à l’âge <strong>de</strong> 14ans, près <strong>de</strong> 250.000 élèves 68 ont redoublé au moins une fois. Ces chiffressont d’autant plus préoccupants que l’inefficacité globale duredoublement, tel qu’il est pratiqué en France, est reconnue par <strong>les</strong>organismes d’évaluation, <strong>les</strong> institutions inter<strong>nationale</strong>s, et surtout par leministère lui-même. Parmi <strong>les</strong> objectifs du projet annuel <strong>de</strong> performance<strong>de</strong> <strong>la</strong> mission interministérielle <strong>de</strong> l’enseignement sco<strong>la</strong>ire, figure ainsicelui <strong>de</strong> <strong>la</strong> réduction du pourcentage <strong>de</strong>s redoublements : <strong>la</strong> cible fixéepar ce document est d’atteindre en 2011 un taux maximum <strong>de</strong> 1% <strong>de</strong>redoublement pour chacun <strong>de</strong>s cinq niveaux du premier <strong>de</strong>gré, <strong>de</strong> 9% aucollège, et <strong>de</strong> 8% en secon<strong>de</strong> générale et technologique.Il serait donc logique que <strong>la</strong> DGESCO et <strong>les</strong> recteurs cherchent àtraduire cet objectif dans <strong>les</strong> procédures d’allocation <strong>de</strong>s moyens. Or, teln’est pas le cas, puisque leurs modalités actuel<strong>les</strong> n’incitent nullement <strong>les</strong>établissements à réduire <strong>les</strong> taux <strong>de</strong> redoublement. Un <strong>de</strong>s critèresmajeurs d’attribution <strong>de</strong>s moyens est en effet le nombre d’élèves parniveau : plus ce nombre est élevé, plus <strong>les</strong> élèves prolongent leur présencedans <strong>les</strong> cyc<strong>les</strong> sco<strong>la</strong>ires du fait <strong>de</strong>s redoublements, plus <strong>la</strong> dotation d’unétablissement est importante. Comme l’a reconnu le ministère dans uneréponse produite lors <strong>de</strong> l’enquête <strong>de</strong> <strong>la</strong> Cour, « l’allocation <strong>de</strong>s moyensaux éco<strong>les</strong> et aux collèges en fonction - pour l’essentiel - <strong>de</strong> leur nombred’élèves, quel que soit l’âge <strong>de</strong> ceux-ci, revient à favoriser re<strong>la</strong>tivement -ou pour le moins à ne pas pénaliser - <strong>les</strong> établissements qui font le plusredoubler ».B - Une connaissance insuffisante du coût <strong>de</strong>s politiqueséducativesQuand el<strong>les</strong> sont diffusées, <strong>les</strong> données disponib<strong>les</strong> sur le coût <strong>de</strong>spolitiques éducatives mises en œuvre par le ministère <strong>de</strong> l’éducation<strong>nationale</strong> sont partiel<strong>les</strong> et approximatives.Ces données sont partiel<strong>les</strong>, car el<strong>les</strong> sont issues <strong>de</strong>s seuls systèmesd’information budgétaires et comptab<strong>les</strong> du ministère <strong>de</strong> l’éducation<strong>nationale</strong>, en excluant <strong>les</strong> autres financeurs publics, et notamment <strong>les</strong>collectivités territoria<strong>les</strong>. Aucun niveau <strong>de</strong> décision - ministère, académieou établissement - ne dispose <strong>de</strong>s éléments permettant <strong>de</strong> calculersystématiquement <strong>de</strong>s coûts complets, si ce n’est a posteriori par <strong>de</strong>senquêtes spécifiques.68) La DGESCO cite le chiffre précis <strong>de</strong> 246.614 élèves.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


LA GESTION BUDGETAIRE DE L’ENSEIGNEMENT SCOLAIRE 65Ces données sont approximatives, car du fait <strong>de</strong> l’unité <strong>de</strong> comptehoraire utilisée par le ministère <strong>de</strong> l’éducation <strong>nationale</strong>, seuls <strong>les</strong> coûtsmoyens sont connus. Le ministère <strong>de</strong> l’éducation <strong>nationale</strong> rapporte en effetl’ensemble <strong>de</strong>s dépenses sa<strong>la</strong>ria<strong>les</strong> <strong>de</strong>s enseignants au nombre d’heuresprévues pour assurer <strong>les</strong> enseignements et en tire un coût moyen. Celui-cine tient donc pas compte <strong>de</strong>s différences <strong>de</strong> statuts entre enseignants, ni <strong>de</strong>leur ancienneté, ni <strong>de</strong> <strong>la</strong> pyrami<strong>de</strong> <strong>de</strong>s âges dans telle ou telle discipline, parexemple. Il ne présente dès lors qu’un faible intérêt pour déci<strong>de</strong>r et piloter<strong>les</strong> politiques éducatives, et un plus faible intérêt encore pour établir <strong>de</strong>scomparaisons sur leur efficience re<strong>la</strong>tive, puisqu’il ne tient pas compte <strong>de</strong>ssommes réellement payées pour <strong>les</strong> heures dédiées à tel ou tel dispositif.Enfin, dans <strong>les</strong> rares cas où <strong>les</strong> coûts sont connus, ils ne sont pasencore rapprochés par le ministère <strong>de</strong> l’éducation <strong>nationale</strong> <strong>de</strong>s objectifs <strong>de</strong>spolitiques mises en œuvre, ni <strong>de</strong>s résultats obtenus. La DGESCO travaille à<strong>la</strong> création, inscrite comme priorité dans le schéma stratégique <strong>de</strong>l’information décisionnelle du ministère, d’un espace <strong>de</strong> mise en commun<strong>de</strong>s données re<strong>la</strong>tives aux résultats du système sco<strong>la</strong>ire (DEPP) et <strong>de</strong>sdonnées re<strong>la</strong>tives aux allocations <strong>de</strong> moyens (DAF et DGRH). Les <strong>de</strong>uxexemp<strong>les</strong> qui suivent montrent que <strong>de</strong>s progrès importants restent àaccomplir.1 - La lutte contre l’échec sco<strong>la</strong>ireLe coût global <strong>de</strong>s multip<strong>les</strong> dispositifs mis en œuvre pour luttercontre l’échec sco<strong>la</strong>ire n’est pas connu. Le ministère n’a communiquéaucune donnée d’ensemble, précisant à <strong>la</strong> Cour que « le coût <strong>de</strong> <strong>la</strong> luttecontre l’échec sco<strong>la</strong>ire est indéfinissable » et que « le fait <strong>de</strong> ne pas isolerle traitement <strong>de</strong> <strong>la</strong> politique <strong>de</strong> lutte contre l’échec sco<strong>la</strong>ire dans <strong>les</strong>programmes <strong>de</strong> <strong>la</strong> mission enseignement sco<strong>la</strong>ire du budget <strong>de</strong> l’Etatprocè<strong>de</strong> d’un choix délibéré », dans <strong>la</strong> mesure où « <strong>la</strong> politique éducativedans son ensemble vise à prévenir l’échec sco<strong>la</strong>ire tout au long <strong>de</strong> <strong>la</strong>sco<strong>la</strong>rité ».Le ministère invoque également l’impossibilité d’imputer <strong>la</strong>rémunération <strong>de</strong>s enseignants sur <strong>de</strong>s interventions distinctes, et notamment<strong>de</strong> mesurer le coût du temps consacré, sous <strong>la</strong> forme d’actions <strong>de</strong>différenciation pédagogique, aux élèves en difficulté. S’il a bien vouluconvenir qu’il était nécessaire <strong>de</strong> disposer <strong>de</strong> données précises, le ministèrea dans le même temps affirmé que <strong>la</strong> nature même du service rendu seprêtait mal à une décomposition comptable. Il considère enfin qu’il n’estpas pertinent <strong>de</strong> distinguer <strong>les</strong> dispositifs spécifiques <strong>de</strong> lutte contre <strong>la</strong>difficulté sco<strong>la</strong>ire, à vocation préventive ou curative, <strong>de</strong>s efforts accomplispar chaque enseignant au sein <strong>de</strong> sa c<strong>la</strong>sse pour ai<strong>de</strong>r <strong>les</strong> élèves endifficulté.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


66 COUR DES COMPTESDe tels arguments reviennent à renoncer à toute perspectived’é<strong>la</strong>boration d’une comptabilité analytique au niveau national,permettant d’i<strong>de</strong>ntifier <strong>les</strong> coûts <strong>de</strong>s politiques éducatives conduites par leministère.2 - L’éducation prioritaireLa politique d’éducation prioritaire mise en œuvre à partir <strong>de</strong>sannées 1980 vise à doter <strong>de</strong> moyens supplémentaires <strong>de</strong>s établissementsconsidérés comme rencontrant <strong>de</strong>s difficultés particulières, notamment dufait <strong>de</strong> <strong>la</strong> situation défavorisée <strong>de</strong>s famil<strong>les</strong> <strong>de</strong>s élèves.Or, le coût réel <strong>de</strong> cette politique, qui s’applique à environ 18 %<strong>de</strong>s écoliers et à 21 % <strong>de</strong>s collégiens, soit près <strong>de</strong> 1,7 million d’élèves, estencore mal connu, trente ans après sa mise en œuvre. En effet, le niveau<strong>de</strong>s moyens supplémentaires dont bénéficient <strong>les</strong> établissements c<strong>la</strong>ssésen éducation prioritaire dépend <strong>de</strong>s modalités <strong>de</strong> répartition, parl’administration centrale, puis par <strong>les</strong> échelons déconcentrés, <strong>de</strong>s créditsattribués à l’ensemble <strong>de</strong>s établissements. Le ministère répartit <strong>les</strong> créditsdu budget <strong>de</strong> l’Etat entre <strong>les</strong> académies à partir <strong>de</strong> calculs intégrant diverscritères, dont le principal est l’évolution démographique : toutefois, lelien entre le critère du pourcentage d’élèves relevant <strong>de</strong> l’éducationprioritaire et <strong>les</strong> dotations réel<strong>les</strong> accordées aux académies n’est niexplicite, ni constant. Au niveau académique, <strong>les</strong> métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> répartition<strong>de</strong>s moyens entre <strong>les</strong> éco<strong>les</strong> et <strong>les</strong> établissements tiennent par ailleursinégalement compte <strong>de</strong> leur rattachement à l’éducation prioritaire.La faib<strong>les</strong>se <strong>de</strong> <strong>la</strong> prise en compte <strong>de</strong> l’éducation prioritaire dans <strong>la</strong>répartition <strong>de</strong>s crédits entre <strong>les</strong> académies peut aboutir à <strong>de</strong>s paradoxes.Ainsi, dans le second <strong>de</strong>gré, l’avantage comparatif accordé auxétablissements relevant <strong>de</strong> l’éducation prioritaire peut être inégal : si, ausein <strong>de</strong> chaque académie, <strong>la</strong> dotation horaire moyenne par élève estglobalement supérieure dans l’éducation prioritaire à celle qui estaccordée hors éducation prioritaire, l’examen <strong>de</strong>s dotationsindividualisées par établissement peut révéler <strong>de</strong>s situations contraires.Enfin, <strong>les</strong> académies, qui ne disposent que <strong>de</strong>puis peu et à titreexpérimental d’une comptabilité analytique, ne peuvent déterminer quetrès approximativement le coût <strong>de</strong> <strong>la</strong> politique d’éducation prioritaire.Dans le cadre du débat national sur l’avenir <strong>de</strong> l’école qui avait étéorganisé avant l’adoption <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi d’orientation et <strong>de</strong> programme du 23avril 2005, <strong>la</strong> DEPP avait évalué <strong>les</strong> surcoûts <strong>de</strong> l’enseignement enéducation prioritaire pour <strong>les</strong> collèges publics à <strong>la</strong> rentrée 2002. Cesurcoût global - essentiellement constitué <strong>de</strong>s moyens supplémentairesaccordés en personnels enseignants et non enseignants - avait été estimé àCour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


LA GESTION BUDGETAIRE DE L’ENSEIGNEMENT SCOLAIRE 6713 % pour un collège rural et à 17 % pour un collège urbain sur <strong>la</strong> base<strong>de</strong>s heures effectuées (et non pas <strong>de</strong>s sa<strong>la</strong>ires réels versés) : il ne s’agissaitdonc pas d’un chiffrage en euros, mais d’une estimation en moyenshoraires. Une autre estimation produite par le Haut conseil d’évaluation<strong>de</strong> l’école (HCéé) en avril 2004 a évalué le surcoût en moyens <strong>de</strong>l’éducation prioritaire « entre 10% et 20% », tout en précisant qu’unepartie <strong>de</strong> ce surcoût était compensée par le fait que <strong>les</strong> personnels affectésen éducation prioritaire étaient un peu plus jeunes (41,4 ans en moyennecontre 43,5 ans). Enfin, plus récemment, <strong>la</strong> DGESCO a évalué à 922 M€le surcoût <strong>de</strong> l’éducation prioritaire en tenant compte <strong>de</strong>s tauxd’encadrement plus importants, <strong>de</strong>s dispositifs in<strong>de</strong>mnitaires, et <strong>de</strong>scrédits pédagogiques et sociaux : toutefois, <strong>la</strong> DGESCO s’est fondée pourle second <strong>de</strong>gré en partie sur <strong>de</strong>s coûts réels 69 et en partie sur <strong>de</strong>s coûtsmoyens 70 , et pour le premier <strong>de</strong>gré uniquement sur <strong>de</strong>s coûts moyens 71 .Il est peu satisfaisant <strong>de</strong> constater que le coût <strong>de</strong> l’éducationprioritaire soit à ce point incertain. Alors même que cette politiqueconcerne près d’un élève sur cinq, disposer d’une évaluation <strong>de</strong>s coûtsréels du dispositif <strong>de</strong>s « réseaux ambition réussite » permettrait d’éc<strong>la</strong>irer<strong>les</strong> responsab<strong>les</strong> <strong>de</strong> l’éducation <strong>nationale</strong>, tant sur le p<strong>la</strong>n national quelocal, sur le poids budgétaire réel <strong>de</strong> ce dispositif essentiel <strong>de</strong> lutte contrel’échec sco<strong>la</strong>ire.* **L’absence <strong>de</strong> connaissance <strong>de</strong>s coûts <strong>de</strong>s politiques éducatives, etau-<strong>de</strong>là du coût réel <strong>de</strong>s établissements sco<strong>la</strong>ires, découlefondamentalement <strong>de</strong> <strong>la</strong> conception que le ministère <strong>de</strong> l’éducation<strong>nationale</strong> se fait <strong>de</strong> <strong>la</strong> gestion <strong>de</strong> ses moyens. La DGESCO a indiqué à <strong>la</strong>Cour que le système sco<strong>la</strong>ire ne <strong>de</strong>vait pas être appréhendé comme <strong>la</strong>simple juxtaposition <strong>de</strong>s politiques éducatives <strong>nationale</strong>s. Pour autant,cette appréciation ne <strong>de</strong>vrait pas conduire à renoncer à déterminer leurcoût.69) Pour le surcoût lié aux dispositifs in<strong>de</strong>mnitaires spécifiques à l’éducationprioritaire : données issues <strong>de</strong>s bulletins <strong>de</strong> sa<strong>la</strong>ire ; pour <strong>les</strong> crédits pédagogiques etéducatifs : enquête sur <strong>les</strong> crédits d’Etat dans <strong>les</strong> EPLE.70) Données calculées par <strong>la</strong> DEPP en ramenant <strong>les</strong> dépenses constatées aux effectifspar niveau pour établir un coût d’emploi moyen rapporté aux taux d’encadrementeffectivement constatés.71) Coûts moyens rapportés à une enquête <strong>de</strong> 2002 re<strong>la</strong>tive au taux d’encadrement <strong>de</strong>sécoliers.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


68 COUR DES COMPTESA cet égard, <strong>de</strong>s progrès seraient réalisab<strong>les</strong> rapi<strong>de</strong>ment. Ainsi, àpartir <strong>de</strong> <strong>la</strong> remontée annuelle <strong>de</strong>s comptes financiers <strong>de</strong>s EPLE, ainsi que<strong>de</strong>s données <strong>de</strong>s « bases re<strong>la</strong>is » qui recensent notamment <strong>les</strong>informations re<strong>la</strong>tives au personnel enseignant <strong>de</strong> chaqueétablissement (gra<strong>de</strong>, échelon, indice brut, heures supplémentairespayées), il serait possible, après avoir pris en compte divers élémentstechniques 72 , <strong>de</strong> calculer <strong>les</strong> coûts complets <strong>de</strong> chaque établissement oud’isoler <strong>les</strong> dépenses liées à certains enseignements.Si <strong>les</strong> compétences et <strong>les</strong> bonnes volontés ne manquent pas auministère <strong>de</strong> l’éducation <strong>nationale</strong>, <strong>la</strong> décision <strong>de</strong> calculersystématiquement <strong>les</strong> coûts réels en euros <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong>s politiques et<strong>de</strong>s actions éducatives n’a pour l’instant pas été prise, ni a fortiori miseen œuvre.C - Le coût <strong>de</strong> l’éparpillement <strong>de</strong> l’offre <strong>de</strong> formationDans l’enseignement primaire, le ratio d’élèves par enseignant, quiest <strong>de</strong> 19,7, est plus élevé que dans <strong>la</strong> moyenne <strong>de</strong> l’OCDE (16) et <strong>de</strong>l’Union européenne (14,4). En revanche, dans l’enseignement secondaire,<strong>la</strong> France présente un ratio <strong>de</strong> 11,9 élèves par enseignant, inférieur à <strong>la</strong>moyenne <strong>de</strong> l’OCDE (13), et dans <strong>la</strong> moyenne <strong>de</strong> l’Union européenne(11,7) 73 .Les conditions d’accueil <strong>de</strong>s élèves doivent être égalementévaluées, dans le second <strong>de</strong>gré, par le nombre moyen d’élèves pardivision (E/D), c’est-à-dire par « c<strong>la</strong>sse ». L’évolution <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rnièresdécennies a été marquée par une nette diminution <strong>de</strong> cet indicateur. En1990, <strong>les</strong> c<strong>la</strong>sses <strong>de</strong>s lycées généraux et technologiques comptaient près<strong>de</strong> 30 élèves en moyenne, contre un peu plus <strong>de</strong> 24 pour <strong>les</strong> collèges, etun peu moins <strong>de</strong> 23 pour <strong>les</strong> lycées professionnels publics et privés.Compte tenu <strong>de</strong>s évolutions démographiques, ces moyennes sontdésormais en <strong>de</strong>çà <strong>de</strong> 28 élèves par c<strong>la</strong>sse au lycée général ettechnologique, <strong>de</strong> 19 dans <strong>les</strong> lycées professionnels publics et privés etrestent stab<strong>les</strong> au collège.Cependant, <strong>la</strong> taille moyenne <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>sses ne renseignequ’imparfaitement sur <strong>les</strong> conditions réel<strong>les</strong> d’enseignement, dans <strong>la</strong>72) Prise en compte du passage <strong>de</strong>s indices bruts aux indices majorés, intégration <strong>de</strong>sin<strong>de</strong>mnités versées, incorporation <strong>de</strong>s coûts mutualisés (certains agents comptab<strong>les</strong>travaillent pour plusieurs établissements, mais sont payés par un seul ; <strong>de</strong> même,certains EPLE sont « mutualisateurs » pour <strong>les</strong> agents payés sur contrats aidés, etc.).73) Ce ratio est <strong>de</strong> 14,9 en Allemagne, <strong>de</strong> 15,1 aux Etats-Unis, <strong>de</strong> 15,7 aux Pays-Bas,et <strong>de</strong> 18,2 en Corée, alors qu’il est <strong>de</strong> 9,8 en Belgique, <strong>de</strong> 10 en Espagne et 10,2 enItalie.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


LA GESTION BUDGETAIRE DE L’ENSEIGNEMENT SCOLAIRE 69mesure où environ un tiers <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong>s heures d’enseignement sontaujourd’hui effectuées en « groupes », et non en « divisions » entières(c’est-à-dire en « c<strong>la</strong>sses ») : cette proportion représente 18,6 % <strong>de</strong>sheures dans <strong>les</strong> collèges, et 49 % dans <strong>les</strong> lycées. Pour rendre compte <strong>de</strong>cette réalité, un autre indicateur mesure le « nombre moyen d’élèves dontun enseignant a <strong>la</strong> charge en moyenne pendant une heure », enregroupant toutes <strong>les</strong> modalités d’enseignement par structure (E/S), quece soit en « division » ou en « groupe ». En 2008, cet indicateur E/S étaitégal à 21,1 élèves en moyenne pour l’ensemble du second <strong>de</strong>gré public :il s’élevait à 23 au collège, à 22,9 au lycée général ou technologique, et à15,8 au lycée professionnel. La taille moyenne <strong>de</strong>s structures diffèresensiblement selon <strong>la</strong> discipline enseignée : 10 % <strong>de</strong>s heuresd'enseignement effectuées par un enseignant d'histoire-géographie ou <strong>de</strong>lettres mo<strong>de</strong>rnes le sont en groupe, contre plus <strong>de</strong> 40 % pour <strong>les</strong>enseignants <strong>de</strong> sciences physiques ou <strong>de</strong> sciences <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie et <strong>de</strong> <strong>la</strong> terre.Ces données révèlent l’éparpillement <strong>de</strong> l’enseignement secondaireprofessionnel, où presque 20% <strong>de</strong>s heures sont assurées <strong>de</strong>vant <strong>de</strong>sgroupes <strong>de</strong> 10 élèves ou moins, ce qui entraîne un coût important, justifiéseulement pour partie par l’existence <strong>de</strong> cours professionnels dispensés enateliers : comparativement, ce pourcentage atteint 6 % dans <strong>les</strong> lycéesgénéraux et technologiques, essentiellement en raison du nombred’options à faible effectifs, qui constitue, compte tenu du nombred’élèves concernés, un facteur d’accroissement notable <strong>de</strong>s coûts.Taille <strong>de</strong>s structures par type <strong>de</strong> formation à <strong>la</strong> rentrée 2008(métropole + DOM, enseignement public)Type <strong>de</strong> formationnombred’élèvespardivision(E/D)taillemoyenne<strong>de</strong>sstructures(E/S)% heuresdans <strong>les</strong>structures25élèves%heuresengroupesCollège 24,1 23,0 3,2 0,5 18,8SEGPA 13,3 12,6 30,8 0,1 25,0Lycée professionnel 19,0 15,8 19,6 0,3 47,0Lycée général ettechnologique pré bac.28,4 22,9 6,0 2,1 49,2Source : Etat <strong>de</strong> l’école – novembre 2009 - Sco<strong>la</strong>rité et bases re<strong>la</strong>isPar ailleurs, <strong>les</strong> réformes successives ont multiplié dans <strong>les</strong> lycéesgénéraux et technologiques <strong>les</strong> matières, <strong>les</strong> options, et <strong>les</strong> modu<strong>les</strong> : <strong>les</strong>gril<strong>les</strong> horaires sont en moyenne supérieures <strong>de</strong> 10 à 20 % à cel<strong>les</strong> quisont pratiquées dans <strong>la</strong> plupart <strong>de</strong>s pays européens, cet écart pouvant allerjusqu’à 20 à 30 % si l’on compare <strong>les</strong> horaires maxima.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


70 COUR DES COMPTESLa lour<strong>de</strong>ur <strong>de</strong>s horaires <strong>de</strong>s enseignements au lycée est nonseulement inefficiente, mais elle rend en outre le système inéquitable :insuffisamment contrôlée, l’offre d’options contribue à creuser <strong>les</strong> écartsentre <strong>les</strong> établissements, d’une part, et entre <strong>les</strong> usagers, d’autre part. Unenote <strong>de</strong> <strong>la</strong> DEPP <strong>de</strong> 2005 rappelle ainsi que « l’offre <strong>de</strong> formation (ausens examen et diplôme préparé et filière) et l’offre d’options déterminentle <strong>de</strong>gré d’attractivité et <strong>de</strong> sélectivité <strong>de</strong>s lycées ». C’est souvent <strong>la</strong>variété et le nombre d’options que propose un lycée qui fait sa plus oumoins gran<strong>de</strong> réputation : pour <strong>les</strong> lycées <strong>les</strong> plus prestigieux, <strong>les</strong> optionssemblent davantage faire partie d’un acquis patrimonial que constituer <strong>les</strong>vecteurs d’un véritable projet.Non seulement <strong>les</strong> options constituent, pour <strong>les</strong> mieux informés, unoutil pour s’écarter <strong>de</strong>s établissements moins réputés, mais <strong>la</strong> lour<strong>de</strong>ur <strong>de</strong>shoraires ampute <strong>les</strong> moyens d’ai<strong>de</strong> pédagogique dont pourraient disposer<strong>les</strong> élèves en difficulté. Le rapport précité <strong>de</strong>s inspections généra<strong>les</strong> duministère concluait que « l’histoire <strong>de</strong>s lycées, au cours <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rnièresdécennies, est celle <strong>de</strong> <strong>la</strong> juxtaposition et <strong>de</strong> l’addition <strong>de</strong>s séries et <strong>de</strong>leurs enseignements sans allègement <strong>de</strong> l’ensemble. Chaque discipline ases représentants qui en défen<strong>de</strong>nt l’horaire, le coefficient au bac faisantobstacle à toute organisation pluridisciplinaire et à toute innovation ».En définitive, <strong>la</strong> multiplication <strong>de</strong>s options facultatives aboutit à unrenchérissement <strong>de</strong>s coûts du système sco<strong>la</strong>ire et à une limitation <strong>de</strong>spossibilités d’arbitrage entre <strong>les</strong> différentes politiques éducatives quipourraient être mises en œuvre.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


L’AFFECTATION ET LE SERVICE DES ENSEIGNANTS 71III - L’affectation et le service <strong>de</strong>s enseignantsA - Les procédures d’affectation <strong>de</strong>s enseignants1 - L’affectation <strong>de</strong>s enseignants dans <strong>les</strong> établissementsChaque année, dans l’enseignement secondaire, près <strong>de</strong> 10% <strong>de</strong>senseignants souhaitent changer d’académie, et 20% d’affectation au sein<strong>de</strong> leur académie ; <strong>de</strong> même, dans l’enseignement primaire, 9% <strong>de</strong>senseignants souhaitent changer <strong>de</strong> département, et 25% d’affectation ausein <strong>de</strong> leur département. En outre, <strong>tous</strong> <strong>les</strong> enseignants nouvellementtitu<strong>la</strong>risés doivent recevoir une première affectation. Ainsi, dans unsystème sco<strong>la</strong>ire public comptant environ 730.000 professeurs, ce sontplusieurs dizaines <strong>de</strong> milliers <strong>de</strong> personnes qui, chaque année, changentd’affectation ou sont affectés pour <strong>la</strong> première fois dans un établissementd’enseignement au sein d’une <strong>de</strong>s 30 académies.Dans le premier <strong>de</strong>gré, le concours <strong>de</strong> recrutement <strong>de</strong>s professeurs<strong>de</strong>s éco<strong>les</strong> est déconcentré au niveau académique : le professeur quidébute sa carrière est nommé dans une école <strong>de</strong> l’académie dans <strong>la</strong>quelleil a réussi le concours. S’il souhaite ensuite changer d’affectation, àl’intérieur ou en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> son académie, <strong>la</strong> procédure reste gérée par <strong>les</strong>services déconcentrés <strong>de</strong> l’éducation <strong>nationale</strong>. En revanche, dans <strong>les</strong>econd <strong>de</strong>gré, le concours <strong>de</strong> recrutement <strong>de</strong>s enseignants est national : unenseignant nouvellement titu<strong>la</strong>risé doit d’abord être affecté par le ministredans une académie, puis, dans un second temps, par le recteur <strong>de</strong> cetteacadémie dans un établissement. Cette procédure d’affectation, lour<strong>de</strong> etcomplexe, est dite « <strong>nationale</strong> à gestion déconcentrée ».Dans le premier <strong>de</strong>gré comme dans le second <strong>de</strong>gré, <strong>la</strong> politiqued’affectation est fondée sur un « barème » qui vise à établir une égalité <strong>de</strong>traitement <strong>de</strong>s <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s <strong>de</strong> mutation formulées par <strong>les</strong> enseignants. Cebarème donne un poids prépondérant à l’ancienneté dans <strong>la</strong> carrière et à <strong>la</strong>situation familiale. Dans le premier <strong>de</strong>gré, <strong>la</strong> gestion déconcentrée durecrutement et du mouvement permet d’éviter <strong>les</strong> affectations dans <strong>de</strong>sacadémies non <strong>de</strong>mandées, favorisant ainsi une plus gran<strong>de</strong> stabilité <strong>de</strong>senseignants. En revanche, dans le second <strong>de</strong>gré, <strong>la</strong> gestion <strong>nationale</strong> durecrutement aboutit à une rotation <strong>de</strong>s personnels importante dans <strong>les</strong>académies non <strong>de</strong>mandées.Par ailleurs, chaque année, un nombre important d’enseignants nereçoivent pas d’affectation fixe dans un établissement : près <strong>de</strong> 11% <strong>de</strong>senseignants du second <strong>de</strong>gré et 9% <strong>de</strong> ceux du premier <strong>de</strong>gré se trouventCour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


72 COUR DES COMPTESdans cette situation, en raison notamment <strong>de</strong>s désajustements entre l’offreet <strong>la</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>, eux-mêmes liés aux carences <strong>de</strong> <strong>la</strong> gestion prévisionnelle<strong>de</strong>s effectifs, lorsque le nombre <strong>de</strong> postes offerts aux concours estsupérieur aux besoins du système sco<strong>la</strong>ire. Ces enseignants sont alorsaffectés sur une « zone <strong>de</strong> remp<strong>la</strong>cement ». Ils sont sollicités en coursd’année pour effectuer <strong>de</strong>s remp<strong>la</strong>cements d’enseignants absents, ou, àdéfaut, d’autres tâches dans <strong>les</strong> établissements. Un néo-titu<strong>la</strong>ire nommésur une zone <strong>de</strong> remp<strong>la</strong>cement en première affectation peut y resterplusieurs années avant d’être nommé sur un poste fixe dans unétablissement.Au total, <strong>les</strong> enseignants qui débutent dans <strong>la</strong> carrière ne sont, enrègle générale, pas favorisés par <strong>les</strong> procédures d’affectation. Ils sont entrès grand nombre nommés sur <strong>de</strong>s fonctions instab<strong>les</strong> <strong>de</strong> remp<strong>la</strong>cementou sur <strong>de</strong>s postes figurant parmi <strong>les</strong> plus diffici<strong>les</strong>, et dont le plus souvent<strong>les</strong> enseignants confirmés ne veulent pas. En 2007, 48% <strong>de</strong>s enseignantsnéo-titu<strong>la</strong>ires ont ainsi été affectés sur <strong>de</strong>s zones <strong>de</strong> remp<strong>la</strong>cement, et18% sur <strong>de</strong>s postes qui relevaient <strong>de</strong> l’éducation prioritaire. Dans cecontexte, <strong>les</strong> jeunes enseignants qui ont été nommés contre leur gré dans<strong>de</strong>s académies ou établissements jugés peu attractifs, souhaitent en partirau plus vite, alors même que <strong>les</strong> élèves <strong>de</strong> ces établissements ontprécisément le plus besoin d’équipes pédagogiques stab<strong>les</strong> et motivées.Ce paradoxe a été souligné dans le rapport <strong>de</strong> 2008 <strong>de</strong> <strong>la</strong> commissionprésidée par M. Marcel Pochard sur le métier d’enseignant : « Là où l’ona besoin <strong>de</strong> <strong>la</strong> ressource humaine <strong>la</strong> plus attentivement choisie, au savoirfaire pédagogique éprouvé pour répondre à <strong>de</strong>s besoins particuliersavérés, on envoie <strong>de</strong> façon purement impersonnelle <strong>les</strong> recrues <strong>les</strong> moinsexpérimentées ». Même si, en pratique, l’adaptabilité, l’adhésion au projetcollectif, et <strong>la</strong> qualité <strong>de</strong> <strong>la</strong> formation initiale et continue sont plusdéterminants que <strong>la</strong> seule ancienneté pour tenir une c<strong>la</strong>sse en milieudifficile, il est anormal que <strong>de</strong> tel<strong>les</strong> affectations soient prononcées sansavoir i<strong>de</strong>ntifié chez <strong>les</strong> enseignants <strong>les</strong> qualités personnel<strong>les</strong> et <strong>les</strong>compétences nécessaires.Seuls quelques postes spécifiques échappent à <strong>la</strong> règle du barème.La Cour a noté un développement, timi<strong>de</strong>, <strong>de</strong> politiques d’affectation surprofil, notamment <strong>les</strong> postes d’enseignants coordonnateurs dans <strong>les</strong>réseaux ambition réussite. Mais cette démarche reste minoritaire, àl’opposé <strong>de</strong> ce qui existe dans <strong>les</strong> c<strong>la</strong>sses préparatoires aux gran<strong>de</strong>s éco<strong>les</strong>où est généralisée une procédure d’affectation hors barème qui vise àrépondre au mieux aux besoins <strong>de</strong>s élèves, en recherchant une adéquationentre <strong>les</strong> compétences <strong>de</strong>s enseignants et <strong>les</strong> exigences <strong>de</strong>s postes : <strong>les</strong>élèves ont ainsi <strong>la</strong> garantie d’avoir un professeur présentant <strong>les</strong> qualitésrequises pour enseigner en c<strong>la</strong>sse préparatoire. A l’inverse, à l’autreextrême du système sco<strong>la</strong>ire, <strong>les</strong> élèves rencontrant <strong>les</strong> plus gran<strong>de</strong>sCour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


L’AFFECTATION ET LE SERVICE DES ENSEIGNANTS 73difficultés et qui sont affectés dans <strong>de</strong>s établissements peu favorisés ontsouvent en <strong>face</strong> d’eux <strong>de</strong>s enseignants non volontaires et peu préparés àexercer leur métier dans un environnement difficile.2 - La répartition <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>sses entre <strong>les</strong> enseignantsDans <strong>les</strong> éco<strong>les</strong> primaires, <strong>les</strong> enseignants se répartissent <strong>les</strong>c<strong>la</strong>sses entre eux. De manière générale, le nouvel arrivant prend souventle niveau dont <strong>les</strong> autres ne veulent pas : il peut s’agir <strong>de</strong> c<strong>la</strong>ssesconsidérées comme plus diffici<strong>les</strong> (CP 74 , CM2, c<strong>la</strong>sses à plusieursniveaux). En outre, aucune règle n’impose à un enseignant <strong>de</strong> changer <strong>de</strong>niveau au bout <strong>de</strong> quelques années : tout dépend <strong>de</strong> l’entente qui règne ausein du conseil d’école et <strong>de</strong> <strong>la</strong> capacité du directeur d’école à faireévoluer <strong>les</strong> situations.Certains inspecteurs <strong>de</strong> l’éducation <strong>nationale</strong> (IEN) tentent <strong>de</strong>réguler ces phénomènes et d’éviter que <strong>les</strong> c<strong>la</strong>sses <strong>de</strong> CP soient confiées à<strong>de</strong>s débutants. Ainsi, par exemple, un IEN <strong>de</strong> l’académie <strong>de</strong> Clermont-Ferrand examine lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> rentrée <strong>les</strong> répartitions <strong>de</strong> c<strong>la</strong>sses entreenseignants et il intervient en cas <strong>de</strong> situation jugée aberrante, ce qui seproduit trois ou quatre fois par année (sur un total <strong>de</strong> 64 éco<strong>les</strong>). Un IEN<strong>de</strong> l’académie d’Aix-Marseille a rédigé une instruction visant à ce que <strong>les</strong>débutants ne soient affectés ni en CP, ni en CM2. Néanmoins, ce sontsouvent <strong>les</strong> enseignants ayant terminé leur stage <strong>de</strong> formation initiale quiarrivent sur ces postes. A chaque rentrée, dans sa circonscription (soit 32éco<strong>les</strong> et plus <strong>de</strong> 300 enseignants), il <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à être <strong>de</strong>stinataire <strong>de</strong>sstructures <strong>de</strong> c<strong>la</strong>sses et <strong>de</strong>s affectations d’enseignants : il n’a cependantprocédé qu’à <strong>de</strong>ux modifications d’affectation en septembre 2007. Demême, un IEN <strong>de</strong> l’académie d’Orléans-Tours précise dans une note du 7mai 2008 que « l’attribution d’un niveau <strong>de</strong> c<strong>la</strong>sse au regard <strong>de</strong>l’ancienneté d’un enseignant dans l’école ne s’appuie sur aucun texteréglementaire, en <strong>de</strong>hors d’une rumeur communément répandue chez <strong>les</strong>enseignants. Il convient donc d’attribuer <strong>les</strong> c<strong>la</strong>sses en fonction <strong>de</strong>scompétences <strong>de</strong> chacun, mais aussi <strong>de</strong>s souhaits émis, qui doivent êtrediscutés en bonne intelligence au sein <strong>de</strong> l’équipe pédagogique. C’estpourquoi il faudra éviter d’attribuer systématiquement un double niveausur <strong>de</strong>ux cyc<strong>les</strong> (CE1/CE2) à un enseignant débutant, ou encore un CP siun enseignant <strong>de</strong> l’école possè<strong>de</strong> déjà une expérience soli<strong>de</strong> pour ceniveau. En tout état <strong>de</strong> cause, c’est l’intérêt <strong>de</strong>s élèves qui prime pouropérer <strong>les</strong> choix afférents à l’organisation pédagogique <strong>de</strong> l’école ».74) Les experts entendus par <strong>la</strong> Cour ont souligné le caractère déterminant du courspréparatoire pour <strong>la</strong> réussite ultérieure <strong>de</strong>s élèves.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


74 COUR DES COMPTESLes rô<strong>les</strong> du directeur d’école, qui n’a aucun pouvoir hiérarchique,et <strong>de</strong> l’IEN, qui peut en théorie intervenir, mais ne le fait quemarginalement, apparaissent donc limités au regard <strong>de</strong>s souhaits expriméspar <strong>les</strong> enseignants. Ce sont eux, et tout particulièrement <strong>les</strong> plus anciens,qui le plus souvent choisissent <strong>les</strong> niveaux dans <strong>les</strong>quels ils enseigneront.De même, au collège et au lycée, le choix <strong>de</strong>s équipesd’enseignants affectés à une c<strong>la</strong>sse donnée relève d’une politique propre àchaque chef d’établissement, dont l’administration académique ne sepréoccupe jamais. Cette situation répond sans doute à <strong>la</strong> nécessité d’uneconnaissance concrète <strong>de</strong>s individus, tant professeurs qu’élèves. Maiscette absence <strong>de</strong> règ<strong>les</strong> n’est pas sans conséquences : dans <strong>la</strong> mesure où<strong>les</strong> mo<strong>de</strong>s d’affectation <strong>de</strong>s enseignants ne dépen<strong>de</strong>nt pas, pourl’essentiel, <strong>de</strong>s besoins <strong>de</strong>s élèves tels qu’ils sont constatés sur le terrain,<strong>les</strong> chefs d’établissement n’ont pas <strong>la</strong> garantie <strong>de</strong> pouvoir disposer <strong>de</strong>senseignants <strong>les</strong> plus adaptés. En outre, leur répartition entre <strong>les</strong> c<strong>la</strong>sses nefait pas l’objet d’autres analyses que cel<strong>les</strong> <strong>de</strong>s enseignants eux-mêmes, etéventuellement <strong>de</strong>s parents d’élèves. Une telle démarche trouveraitpourtant tout son sens dans le cadre d’une évaluation du projetd’établissement.En pratique, <strong>les</strong> enseignants peuvent <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r au chefd’établissement, dans le cadre <strong>de</strong> leurs vœux annuels d’emploi du temps,à être affectés à un niveau ou à un autre. Les décisions correspondantessont très diverses, en fonction <strong>de</strong>s conceptions <strong>de</strong>s chefs d’établissementset <strong>de</strong> leur capacité à <strong>les</strong> faire partager à leur équipe pédagogique : certainssouhaitent qu’un enseignant suive ses élèves pendant plusieurs années,estimant qu’il sera d’autant plus efficace qu’il <strong>les</strong> connaîtra mieux ;d’autres s’y refusent au motif que ce serait contraindre certains élèves àsubir dans <strong>la</strong> durée un style d’enseignement qui peut-être ne leur convientpas, ou pour éviter à <strong>de</strong>s enseignants <strong>de</strong> retrouver <strong>de</strong>s élèves avec <strong>les</strong>quelsl’année sco<strong>la</strong>ire s’est mal déroulée. De même, certains proviseursaffectent ceux qu’ils jugent être leurs meilleurs enseignants en c<strong>la</strong>sse <strong>de</strong>2 n<strong>de</strong> , pour permettre une bonne intégration <strong>de</strong>s élèves dans le secondcycle, ou au contraire choisissent <strong>de</strong> <strong>les</strong> affecter dans <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>ssestermina<strong>les</strong>, pour assurer <strong>de</strong> bons résultats au bacca<strong>la</strong>uréat. Ces choix nesont jamais explicités, ni à plus forte raison c<strong>la</strong>irement évalués.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


76 COUR DES COMPTES2 - Les problèmes liés au travail à temps partielAu début <strong>de</strong>s années 2000, <strong>la</strong> légis<strong>la</strong>tion a donné aux enseignants<strong>la</strong> possibilité <strong>de</strong> travailler à temps partiel sur une base annuelle : parexemple, pour le premier <strong>de</strong>gré, six quotités sont ouvertes pour <strong>les</strong> tempspartiels <strong>de</strong> droit (50%, 60%, 62,5%, 70%, 75%, et 80%), et trois pour letemps partiel sur autorisation (70%, 75%, et 80%). La mise en œuvre <strong>de</strong>ces droits est récente. Dans le premier <strong>de</strong>gré, le temps partiel à 80 % n’aété mis en p<strong>la</strong>ce que <strong>de</strong>puis 2006, voire <strong>de</strong>puis 2007 dans certainsdépartements, mais sa croissance est particulièrement soutenue.Aujourd’hui, environ 11% <strong>de</strong>s enseignants <strong>de</strong>s premier et second <strong>de</strong>gréspublics travaillent à temps partiel.Cet essor rapi<strong>de</strong> du temps partiel soulève <strong>de</strong>s problèmesd’organisation, en particulier dans le premier <strong>de</strong>gré.Les difficultés d’organisation du travail en cas <strong>de</strong> temps partielEn premier lieu, le temps partiel peut être annualisé, alors que <strong>les</strong> obligationsréglementaires <strong>de</strong> service, fondées sur un décompte hebdomadaire, ne le sontpas. Dans ses notes <strong>de</strong> service, le ministère <strong>de</strong> l’éducation <strong>nationale</strong> rappelleque l’intérêt <strong>de</strong>s élèves implique une continuité pédagogique. Il recomman<strong>de</strong>en conséquence « <strong>de</strong> s’en tenir à une seule alternance dans l’année, soit unepério<strong>de</strong> travaillée et une pério<strong>de</strong> non travaillée, soit <strong>la</strong> formule inverse ». Ilsouligne aussi que « pour <strong>les</strong> mêmes motifs, il serait très opportun quependant <strong>la</strong> pério<strong>de</strong> travaillée, le service soit accompli à temps complet. »Dans ce cadre, <strong>les</strong> personnels ont <strong>la</strong> possibilité, dans le respect <strong>de</strong>s nécessitésdu service, <strong>de</strong> choisir <strong>de</strong> commencer l’année sco<strong>la</strong>ire par une pério<strong>de</strong>travaillée. Ils peuvent également organiser leur temps partiel en débutant parune pério<strong>de</strong> non travaillée. Il s’agit là <strong>de</strong> recommandations, mais chaquerecteur met ensuite en œuvre sa politique : ainsi, dans l’académie d’Aix-Marseille, <strong>les</strong> enseignants du second <strong>de</strong>gré doivent respecter <strong>de</strong>s pério<strong>de</strong>s <strong>de</strong>travail fixées par circu<strong>la</strong>ire du recteur.En second lieu, l’application <strong>de</strong>s quotités <strong>de</strong> temps partiel aux obligationsréglementaires <strong>de</strong> service exprimées en heures (pour le second <strong>de</strong>gré) ou en<strong>de</strong>mi-journées (pour le premier <strong>de</strong>gré) 77 ne donne pas, sauf exception, unnombre entier d’heures ou <strong>de</strong> <strong>de</strong>mi-journées.77) On peut observer que <strong>la</strong> « <strong>de</strong>mi-journée entière » est l’unité <strong>de</strong> décompte dutravail à temps partiel <strong>de</strong>s enseignants du premier <strong>de</strong>gré. Or, <strong>les</strong> obligationsréglementaires <strong>de</strong> service sont fixées en heures hebdomadaires et aucun texte nedéfinit le contenu horaire <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>mi-journée, qui peut varier d’une école à l’autre, enfonction <strong>de</strong>s horaires retenus, <strong>la</strong> seule contrainte réglementaire étant que <strong>la</strong> journéesco<strong>la</strong>ire ne doit pas dépasser 6 heures.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


L’AFFECTATION ET LE SERVICE DES ENSEIGNANTS 77Ainsi, <strong>la</strong> quotité <strong>de</strong> 60 % appliquée à une obligation réglementaire <strong>de</strong> serviced’un professeur <strong>de</strong>s éco<strong>les</strong> <strong>de</strong> 8 <strong>de</strong>mi-journées se traduit par un temps <strong>de</strong>travail <strong>de</strong> 4,8 <strong>de</strong>mi-journées. Certes <strong>les</strong> quotités <strong>de</strong> travail peuvent êtreaménagées <strong>de</strong> façon à obtenir un service hebdomadaire constitué d’unnombre entier <strong>de</strong> <strong>de</strong>mi-journées ou un nombre entier d’heures. Mais dans lecas du temps partiel « <strong>de</strong> droit », <strong>la</strong> note <strong>de</strong> service du ministère <strong>de</strong>l’éducation <strong>nationale</strong> du 29 mars 2005 indique que l’intérêt du service nepeut être invoqué pour imposer à l’intéressé un nombre entier d’heures ou <strong>de</strong><strong>de</strong>mi-journées différent <strong>de</strong> celui correspondant à <strong>la</strong> quotité qu’il a choisie. Iln’est possible d’opposer l’intérêt du service que pour proposer l’organisationdu temps partiel dans un cadre annualisé, cet aménagement permettant auxenseignants <strong>de</strong> bénéficier d’un temps partiel correspondant exactement auxquotités choisies 78 .Dans une note du 20 mai 2008, l’inspecteur d’académie <strong>de</strong>l’Hérault a souligné « <strong>la</strong> complexification <strong>de</strong> <strong>la</strong> gestion du temps partielet notamment <strong>de</strong> l’organisation <strong>de</strong>s emplois du temps, <strong>la</strong> multiplication<strong>de</strong>s postes fractionnés, et l’augmentation du nombre d’enseignants ausein d’une même c<strong>la</strong>sse » : cette analyse a été partagée par <strong>les</strong>interlocuteurs interrogés par <strong>la</strong> Cour au sein <strong>de</strong>s services déconcentrés et<strong>de</strong>s établissements, qui ont <strong>tous</strong> souligné <strong>la</strong> complexité introduite par letemps partiel dans le système sco<strong>la</strong>ire, notamment en ce qui concerne <strong>la</strong>gestion <strong>de</strong>s postes fractionnés.En outre, l’expansion du temps partiel dans le premier <strong>de</strong>gréconduit un nombre élevé d’enseignants à se partager entre plusieurséco<strong>les</strong> : ils étaient 27.480 dans ce cas, en février 2008, sur <strong>les</strong> 335.800enseignants titu<strong>la</strong>ires en situation d’activité, soit 8 % <strong>de</strong>s effectifs 79 .Symétriquement, cette évolution entraîne, pour <strong>les</strong> élèves, un nombreélevé <strong>de</strong> c<strong>la</strong>sses ayant plus d’un professeur. Les avis recueillis dans <strong>les</strong>éco<strong>les</strong> sont partagés sur <strong>les</strong> conséquences <strong>de</strong> cette situation pour <strong>les</strong>élèves : certains soulignent <strong>les</strong> avantages <strong>de</strong> <strong>la</strong> pluralité d’enseignantspour une même c<strong>la</strong>sse, d’autres attirent l’attention sur ses inconvénients.78) Le temps partiel géré dans un cadre annuel permet d’obtenir <strong>la</strong> quotité exacteprévue dans <strong>la</strong> réglementation (50 %, 60 %, 70 %, 80 % et 90 %), mais au prix d’uneconstruction problématique. Ainsi, un enseignant choisissant le temps partiel à 80 %dans une école à 9 <strong>de</strong>mi-journées travaillera 7 <strong>de</strong>mi-journées par semaine toutes <strong>les</strong>semaines <strong>de</strong> c<strong>la</strong>sse et <strong>de</strong>vra, pour compléter le compte, 8 <strong>de</strong>mi-journées réparties surl’année sco<strong>la</strong>ire. Dans une école à 8 <strong>de</strong>mi-journées, il travaillera 6 <strong>de</strong>mi-journées parsemaine et 16 <strong>de</strong>mi-journées réparties sur l’année sco<strong>la</strong>ire.79) Source : AGAPE février 2008 - réponse <strong>de</strong> <strong>la</strong> DGRH <strong>de</strong> mai 2008.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


78 COUR DES COMPTESObservations sur l’affectation <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux enseignants à une c<strong>la</strong>sseUne directrice d’école considère que <strong>la</strong> présence successive <strong>de</strong> <strong>de</strong>uxenseignants dans <strong>la</strong> même c<strong>la</strong>sse oblige chacun d’entre eux à une plus gran<strong>de</strong>rigueur dans le respect <strong>de</strong> l’emploi du temps. Elle souligne aussi que,s’agissant <strong>de</strong>s CM2, cette coexistence peut faciliter <strong>la</strong> transition entre l’écoleet le collège.Un IEN ne note pas <strong>de</strong> difficulté particulière en termes pédagogiques, dèslors que <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux enseignants coopèrent dans l’intérêt <strong>de</strong> leurs élèves. Mais cen’est pas toujours le cas : cet IEN observe en effet, à l’occasion <strong>de</strong> sesinspections, <strong>de</strong>s cas d’absence <strong>de</strong> concertation entre <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux enseignants separtageant <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse, avec par exemple <strong>de</strong>s outils pédagogiques différents(cahiers du jour, par exemple), voire <strong>de</strong>s manuels <strong>de</strong> lecture différents. Cettediscontinuité dans l’enseignement peut pénaliser <strong>les</strong> enfants <strong>les</strong> plus fragi<strong>les</strong>.Enfin, <strong>la</strong> répartition <strong>de</strong>s matières entre <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux enseignants peut soulever <strong>de</strong>sdifficultés d’organisation : ainsi, l’histoire ne peut être séparée <strong>de</strong> <strong>la</strong>géographie, car temps et espace sont liés dans <strong>les</strong> apprentissagesfondamentaux.Un directeur d’école et l’IEN <strong>de</strong> sa circonscription ont également souligné leproblème <strong>de</strong> <strong>la</strong> répartition <strong>de</strong>s domaines disciplinaires. Ils ont par ailleursobservé qu’il est important que certains enfants aient un seul maître,notamment en cas d’insuffisance <strong>de</strong> l’appui familial.En définitive, <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce du temps partiel - aussicompréhensib<strong>les</strong> qu’en soient <strong>les</strong> raisons - soulève <strong>de</strong>s difficultésd’application, dont <strong>les</strong> répercussions, tant sur <strong>la</strong> gestion du systèmeéducatif que sur <strong>les</strong> apprentissages <strong>de</strong>s élèves, n’ont pas été suffisammentmesurées par le ministère.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


L’AFFECTATION ET LE SERVICE DES ENSEIGNANTS 79C - La définition du service <strong>de</strong>s enseignants dans <strong>les</strong>econd <strong>de</strong>gré1 - Une définition du service inadaptée aux missions <strong>de</strong>senseignantsLes obligations réglementaires <strong>de</strong> service <strong>de</strong>s enseignants dusecond <strong>de</strong>gré sont fixées par <strong>de</strong>s décrets du 25 mai 1950 80 et, pour <strong>les</strong>professeurs <strong>de</strong> lycée professionnel (PLP), corps créé en 1992, par undécret du 6 novembre 1992. El<strong>les</strong> sont définies par un nombrehebdomadaire d’heures d’enseignement. Ce nombre varie selon le statut<strong>de</strong> l’enseignant : il est <strong>de</strong> 18 heures pour <strong>les</strong> professeurs certifiés et <strong>les</strong>professeurs <strong>de</strong> lycée professionnel et <strong>de</strong> 15 heures pour <strong>les</strong> professeursagrégés, ces trois corps représentant l’essentiel <strong>de</strong>s effectifs enseignants.Le service réglementaire <strong>de</strong> l’enseignant du second <strong>de</strong>gré est ainsifondé en France sur une logique disciplinaire (le service est constitué par<strong>de</strong>s heures d’enseignement qui doivent être dispensées dans une ou <strong>de</strong>uxdisciplines données) et sur le principe d’une obligation horaire fixée surune base hebdomadaire (le service est défini par un nombre d’heures <strong>de</strong>cours à assurer chaque semaine).Cette logique horaire et disciplinaire du service <strong>de</strong>s enseignants,définie en 1950, est restée <strong>la</strong> même en dépit <strong>de</strong>s bouleversementsintervenus au cours <strong>de</strong>s soixante <strong>de</strong>rnières années. Etablie à une époqueoù seule une élite parvenait au bacca<strong>la</strong>uréat (en 1970 encore, seuls 20%d’une c<strong>la</strong>sse d’âge étaient bacheliers), et où <strong>les</strong> sorties massives d’élèvessans diplôme ni qualification n’étaient pas considérées comme soulevant<strong>de</strong>s difficultés, elle est aujourd’hui inadaptée à l’objectif, fixé par <strong>la</strong> loi,<strong>de</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves.En effet, le travail en équipe pédagogique, l’accompagnementpersonnalisé <strong>de</strong>s élèves, le conseil en orientation, et plus généralementtoutes <strong>les</strong> activités qui ren<strong>de</strong>nt possible <strong>la</strong> transmission <strong>de</strong>s connaissancesà un public hétérogène d’élèves, sont actuellement exclues <strong>de</strong> <strong>la</strong>définition réglementaire du service <strong>de</strong>s enseignants du second <strong>de</strong>gré.80) Décret modifié n° 50-581 du 25 mai 1950 « portant règlement d’administrationpublique pour <strong>la</strong> fixation <strong>de</strong>s maximums <strong>de</strong> service hebdomadaire du personnelenseignant <strong>de</strong>s établissements d’enseignement du second <strong>de</strong>gré » ; décret modifién° 50-582 du 25 mai 1950 « portant règlement d'administration publique pour <strong>la</strong>fixation <strong>de</strong>s maximums <strong>de</strong> service hebdomadaire du personnel <strong>de</strong>s établissementspublics d'enseignement technique » ; décret modifié n° 50-583 du 25 mai 1950 portant« règlement d'administration publique pour <strong>la</strong> fixation <strong>de</strong>s maximums <strong>de</strong> service <strong>de</strong>sprofesseurs et <strong>de</strong>s maîtres d’éducation physique et sportive, titu<strong>la</strong>ires et délégués ».Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


80 COUR DES COMPTESEl<strong>les</strong> sont en revanche explicitement prévues par <strong>la</strong> loi : l’article L912-1du co<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’éducation précise c<strong>la</strong>irement que <strong>la</strong> responsabilité <strong>de</strong>l’enseignant couvre « l'ensemble <strong>de</strong>s activités sco<strong>la</strong>ires <strong>de</strong>s élèves » etque leur travail est effectué « au sein d'équipes pédagogiques ».L’article L912-1 du co<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’éducation« Les enseignants sont responsab<strong>les</strong> <strong>de</strong> l'ensemble <strong>de</strong>s activités sco<strong>la</strong>ires <strong>de</strong>sélèves.Ils travaillent au sein d'équipes pédagogiques ; cel<strong>les</strong>-ci sont constituées <strong>de</strong>senseignants ayant en charge <strong>les</strong> mêmes c<strong>la</strong>sses ou groupes d'élèves ouexerçant dans le même champ disciplinaire et <strong>de</strong>s personnels spécialisés,notamment <strong>les</strong> psychologues sco<strong>la</strong>ires dans <strong>les</strong> éco<strong>les</strong>. Les personnelsd'éducation y sont associés.Les enseignants apportent une ai<strong>de</strong> au travail personnel <strong>de</strong>s élèves et enassurent le suivi. Ils procè<strong>de</strong>nt à leur évaluation. Ils <strong>les</strong> conseillent dans lechoix <strong>de</strong> leur projet d'orientation en col<strong>la</strong>boration avec <strong>les</strong> personnelsd'éducation et d'orientation. Ils participent aux actions <strong>de</strong> formation continue<strong>de</strong>s adultes et aux formations par apprentissage. Ils contribuent à <strong>la</strong>continuité <strong>de</strong> l'enseignement sous l'autorité du chef d'établissement enassurant <strong>de</strong>s enseignements complémentaires».Une circu<strong>la</strong>ire du ministère <strong>de</strong> l’éducation <strong>nationale</strong> du 23 mai1997 a également précisé que l’enseignant <strong>de</strong>vait instruire <strong>les</strong> élèves, <strong>les</strong>éduquer, et <strong>les</strong> former en vue <strong>de</strong> leur insertion sociale et professionnelle 81 .La circu<strong>la</strong>ire du 23 mai 1997 sur <strong>les</strong> missions <strong>de</strong>s enseignants du second<strong>de</strong>gré« La mission <strong>de</strong> l’enseignant du second <strong>de</strong>gré est tout à <strong>la</strong> foisd'instruire <strong>les</strong> jeunes qui lui sont confiés, <strong>de</strong> contribuer à leur éducation et <strong>de</strong><strong>les</strong> former en vue <strong>de</strong> leur insertion sociale et professionnelle.Il leur fait acquérir <strong>les</strong> connaissances et savoir-faire, selon <strong>les</strong> niveauxfixés par <strong>les</strong> programmes et référentiels <strong>de</strong> diplômes et concourt audéveloppement <strong>de</strong> leurs aptitu<strong>de</strong>s et capacités. Il <strong>les</strong> ai<strong>de</strong> à développer leuresprit critique, à construire leur autonomie et à é<strong>la</strong>borer un projet personnel.Il se préoccupe également <strong>de</strong> faire comprendre aux élèves le sens et <strong>la</strong> portée<strong>de</strong>s valeurs qui sont à <strong>la</strong> base <strong>de</strong> nos institutions, et <strong>de</strong> <strong>les</strong> préparer au pleinexercice <strong>de</strong> <strong>la</strong> citoyenneté.81) Cette circu<strong>la</strong>ire, re<strong>la</strong>tive à « <strong>la</strong> mission du professeur exerçant en collège, en lycéed'enseignement général et technologique ou en lycée professionnel », précise « <strong>les</strong>compétences professionnel<strong>les</strong> généra<strong>les</strong> du professeur exerçant en collège, en lycéed'enseignement général et technologique ou en lycée professionnel, que <strong>la</strong> formationinitiale doit s'attacher à construire. »Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


L’AFFECTATION ET LE SERVICE DES ENSEIGNANTS 81Au sein <strong>de</strong> <strong>la</strong> communauté éducative, le professeur exerce son métieren liaison avec d'autres, dans le cadre d'équipes variées (…). Il a le soucid'établir <strong>de</strong>s col<strong>la</strong>borations avec ses collègues <strong>de</strong> <strong>la</strong> même discipline etd'autres disciplines ainsi qu'avec le professeur documentaliste. Il évite ainsique ne se développe chez <strong>les</strong> élèves le sentiment d'un éc<strong>la</strong>tement <strong>de</strong>s savoirset d'une juxtaposition <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s (…).Le professeur doit pouvoir établir un dialogue constructif avec <strong>les</strong>famil<strong>les</strong> et <strong>les</strong> informer sur <strong>les</strong> objectifs <strong>de</strong> son enseignement, examiner avecel<strong>les</strong> <strong>les</strong> résultats, <strong>les</strong> aptitu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> leurs enfants, <strong>les</strong> difficultés constatées et<strong>les</strong> possibilités <strong>de</strong> remédiation, conseiller, ai<strong>de</strong>r l'élève et sa famille dansl'é<strong>la</strong>boration du projet d'orientation.Il participe au suivi, à l'orientation et à l'insertion <strong>de</strong>s élèves encol<strong>la</strong>boration avec <strong>les</strong> autres personnels, d'enseignement, d'éducation etd'orientation. Au sein <strong>de</strong>s conseils <strong>de</strong> c<strong>la</strong>sse, il prend une part active dans leprocessus d'orientation <strong>de</strong> l'élève. Il connaît <strong>les</strong> responsabilités dévolues auxprofesseurs principaux ».Plusieurs pistes <strong>de</strong> réflexion ont été ouvertes pour accor<strong>de</strong>r <strong>la</strong>définition réglementaire du service <strong>de</strong>s enseignants du second <strong>de</strong>gré àleurs missions définies par <strong>la</strong> loi, et notamment pour l’adapter à l’objectif<strong>de</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves. El<strong>les</strong> sont restées à ce jour sans résultats :- En 2006, <strong>la</strong> mission d’audit <strong>de</strong> mo<strong>de</strong>rnisation, composée <strong>de</strong>sinspections généra<strong>les</strong> ministériel<strong>les</strong>, sur <strong>la</strong> grille horaire <strong>de</strong>senseignements au collège et au lycée a montré <strong>les</strong> limites d’uneorganisation reposant uniquement sur un nombre d’heureshebdomadaires d’enseignement assurées dans une disciplinedonnée. Elle a proposé <strong>de</strong> définir un horaire <strong>de</strong> référence annuelpar discipline, <strong>de</strong> développer <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong>s travauxpluridisciplinaires dans <strong>les</strong> emplois du temps, et <strong>de</strong> prévoir <strong>de</strong>sp<strong>la</strong>ges horaires suffisantes pour permettre un travail personne<strong>la</strong>pprofondi <strong>de</strong>s élèves. Le ministère <strong>de</strong> l’éducation <strong>nationale</strong> a alorsobjecté que « <strong>la</strong> remise en cause du caractère hebdomadaire <strong>de</strong>l’obligation réglementaire <strong>de</strong> service <strong>de</strong>s professeurs constitueraitun véritable bouleversement à <strong>la</strong> fois pédagogique et structurel ».La mission d’audit a indiqué en réponse que l’organisation horairedu travail <strong>de</strong>s enseignants, après avoir peu varié <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>uxsièc<strong>les</strong>, était aujourd’hui « un obstacle pour <strong>les</strong> élèves comme pour<strong>les</strong> enseignants à un fonctionnement efficace ».- Un décret du 12 février 2007 a pris acte, partiellement, <strong>de</strong>sévolutions intervenues <strong>de</strong>puis 1950. Il intégrait dans le service <strong>de</strong>senseignants <strong>les</strong> fonctions éducatives <strong>de</strong> leur métier, ne <strong>les</strong> faisantplus dépendre du volontariat <strong>de</strong>s personnes. Ainsi que l’indiquait leministère <strong>de</strong> l’éducation <strong>nationale</strong> (DGRH) dans une réponse à <strong>la</strong>Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


82 COUR DES COMPTESCour sur <strong>la</strong> réforme du décret du 12 février 2007, « <strong>les</strong> textes <strong>de</strong>1950 ne correspondant plus aux réalités <strong>de</strong> l’enseignement,<strong>de</strong>vaient ainsi être adaptés, en particulier en reconnaissant etvalorisant mieux <strong>la</strong> diversité <strong>de</strong>s missions <strong>de</strong>s enseignants -enseignement bien sûr, mais aussi actions d'éducation et <strong>de</strong>formation qui viennent le conforter - et en actualisant <strong>les</strong> critèresqui <strong>de</strong>vraient fon<strong>de</strong>r l'organisation et l’aménagement <strong>de</strong>s services<strong>de</strong>s professeurs ». Toutefois, ce décret a été abrogé le 31 août2007, à <strong>la</strong> veille <strong>de</strong> son entrée en vigueur qui était prévue pour le1 er septembre 2007.- A l’automne 2007, le gouvernement a mis en p<strong>la</strong>ce unecommission, présidée par M. Marcel Pochard, en <strong>de</strong>mandant <strong>de</strong>spropositions <strong>de</strong> réforme du métier d’enseignant, qui se sonttraduites par un livre vert remis en janvier 2008 après une <strong>la</strong>rgeconsultation <strong>de</strong>s parties intéressées. Plusieurs pistes étaientouvertes sur <strong>la</strong> définition du service <strong>de</strong>s enseignants. Aucune suitene leur a été donnée.- Quelques mois plus tard, en mai 2008, le gouvernement a confiéune mission <strong>de</strong> réforme du lycée au recteur d’Aix-Marseille. Dansce cadre, il a été envisagé une redéfinition du service <strong>de</strong>senseignants, avec notamment l’intégration du soutien éducatif auxélèves et une modu<strong>la</strong>tion du service sur l’année sco<strong>la</strong>ire. Cesréflexions ont été abandonnées en décembre 2008.Dès lors, <strong>la</strong> situation actuelle est caractérisée par un écart croissantentre, d’une part, <strong>de</strong>s textes réglementaires ne définissant le service <strong>de</strong>l’enseignant que sous <strong>la</strong> forme d’heures <strong>de</strong> cours <strong>de</strong>vant <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse et,d’autre part, <strong>de</strong>s missions confiées aux enseignants, qui englobentd’autres activités avec <strong>les</strong> élèves (accompagnement personnalisé, suivi,orientation, etc.). Les réformes récentes mettant en p<strong>la</strong>cel’accompagnement éducatif au collège, ainsi que <strong>la</strong> réforme du lycée quientrera en vigueur à <strong>la</strong> rentrée 2010 ren<strong>de</strong>nt désormais encore plus visiblece déca<strong>la</strong>ge. Cette ambiguïté a <strong>de</strong> même été relevée par <strong>de</strong> nombreuxacteurs <strong>de</strong> terrain, qui se sont exprimés sur ce point - en en tirant <strong>de</strong>sconclusions parfois opposées - dans <strong>les</strong> auditions tenues à l’issue <strong>de</strong>l’enquête <strong>de</strong> <strong>la</strong> Cour.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


L’AFFECTATION ET LE SERVICE DES ENSEIGNANTS 83Observations recueillies sur l’évolution <strong>de</strong>s missions <strong>de</strong>s enseignantsDes professeurs ont indiqué qu’ils considéraient avoir été formés pourenseigner leur discipline, mais que l’exercice du métier leur démontrait <strong>de</strong>façon quotidienne qu’il fal<strong>la</strong>it aussi ai<strong>de</strong>r <strong>les</strong> élèves, alors qu’ils n’y avaientpas été préparés. Ils ont indiqué que leur service ne <strong>de</strong>vrait pas comprendreseulement <strong>de</strong>s heures <strong>de</strong> cours, et ont déploré l’absence <strong>de</strong> vue globale dumétier d’enseignant, qui réunit <strong>de</strong>s activités d’enseignement etd’accompagnement <strong>de</strong>s élèves.Certains professeurs ont considéré qu’il convenait <strong>de</strong> faire évoluer <strong>les</strong>pratiques, en insistant sur <strong>la</strong> nécessité <strong>de</strong> coordonner <strong>les</strong> enseignants etd’intégrer dans leur service l’ai<strong>de</strong> aux élèves. D’autres, en revanche, ontestimé que leur mission <strong>de</strong>vait rester centrée sur l’enseignement disciplinaire,et qu’il revenait à d’autres personnels d’accomplir <strong>les</strong> missions d’ai<strong>de</strong>, <strong>de</strong>conseil ou d’orientation.L’importance du travail en équipe pédagogique a été soulignée par<strong>tous</strong> <strong>les</strong> acteurs <strong>de</strong> terrain, qui ont cependant également observé que cetteactivité n’entrait pas dans le service réglementaire <strong>de</strong>s enseignants, et qu’ellen’était pas souvent prise en compte lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> construction <strong>de</strong> leurs emploisdu temps. Ils ont également souligné <strong>la</strong> nécessité d’évaluer <strong>les</strong> enseignantssur <strong>de</strong>s critères rendant compte <strong>de</strong> <strong>la</strong> multiplicité <strong>de</strong> leurs missions, tels que <strong>la</strong>capacité à faire progresser le plus grand nombre d’élèves.Un proviseur s’est <strong>de</strong>mandé si le système éducatif aidait suffisamment<strong>les</strong> enseignants dans l’adaptation <strong>de</strong> leurs enseignements aux nouveauxpublics d’élèves. Il a estimé que certains professeurs étaient aujourd’huidésemparés <strong>face</strong> aux évolutions récentes : le métier qui reposait auparavant à90% sur <strong>la</strong> transmission <strong>de</strong> connaissances, consiste aujourd’hui aussi àaccompagner l’élève ; dans certains contextes, <strong>la</strong> transmission <strong>de</strong>sconnaissances peut représenter seulement 30 % du métier. Un inspecteurd’académie a indiqué qu’il était nécessaire, lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> formation initiale,d’apprendre aux enseignants à enseigner : s’il existe par exemple plusieursfaçons <strong>de</strong> présenter <strong>la</strong> résolution d’un problème en mathématiques,l’enseignant doit connaître celle qui permet le mieux <strong>de</strong> favoriser <strong>les</strong>apprentissages <strong>de</strong> certains élèves. De nombreux acteurs ont enfin souligné <strong>les</strong>carences <strong>de</strong> <strong>la</strong> formation <strong>de</strong>s enseignants en matière <strong>de</strong> pédagogie, qui estpourtant au cœur du métier : ils ont montré une vive préoccupation au sujet<strong>de</strong>s projets <strong>de</strong> réforme en cours sur <strong>la</strong> formation <strong>de</strong>s enseignants, ensoulignant qu’ils risquaient <strong>de</strong> renforcer <strong>les</strong> carences du système actuel.Un chef d’établissement a mis en avant <strong>les</strong> limitations liées auxdécrets <strong>de</strong> 1950 : il a indiqué que <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce d’activités autres quel’enseignement disciplinaire reposait souvent sur <strong>la</strong> capacité du chefd’établissement à convaincre <strong>les</strong> équipes <strong>de</strong> se mobiliser pour <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong><strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


84 COUR DES COMPTESUn inspecteur d’académie a souligné l’importance <strong>de</strong>s changementsen cours dans <strong>la</strong> politique éducative, qui a évolué d’un traitement global,illustré par exemple par <strong>les</strong> « zones d’éducation prioritaire », à un traitementindividualisé au niveau <strong>de</strong>s élèves, par exemple sous <strong>la</strong> forme <strong>de</strong>s« programmes personnalisés <strong>de</strong> réussite éducative » (PPRE) : à ses yeux cetteévolution implique inévitablement <strong>de</strong>s changements dans <strong>la</strong> définition duservice <strong>de</strong>s enseignants. De même, un secrétaire général <strong>de</strong> rectorat aconsidéré que le contenu actuel <strong>de</strong> <strong>la</strong> définition réglementaire du service étaitdifficilement conciliable avec <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves : <strong>les</strong> enseignantstransmettent <strong>de</strong>s connaissances, que certains élèves peuvent assimiler enl’état, et d’autres non. Le « cours » provient <strong>de</strong> <strong>la</strong> tradition universitaire, qui aété étendue au second <strong>de</strong>gré. A contrario, <strong>la</strong> tradition <strong>de</strong> l’école élémentaireprivilégie une logique d’apprentissage, et non <strong>de</strong> seule transmission <strong>de</strong>sconnaissances : toutefois, cette logique s’arrête à l’entrée au collège.Un responsable national du système sco<strong>la</strong>ire a enfin constaté quel’approche exclusivement disciplinaire, qui était une <strong>de</strong>s forces initia<strong>les</strong> dusystème français, s’est transformée aujourd’hui en faib<strong>les</strong>se. Il a mis toutefoisen gar<strong>de</strong> contre une approche inverse, qui prévaut dans certains pays, et quipeut conduire, selon lui, à <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>sses « gar<strong>de</strong>ries ». De même, certainsresponsab<strong>les</strong> ont rappelé que <strong>la</strong> valorisation <strong>de</strong> l’accompagnementindividualisé ne <strong>de</strong>vait pas faire oublier l’enseignement disciplinaire, ni lerespect <strong>de</strong>s règ<strong>les</strong> à inculquer aux élèves.Une enquête menée en 2008 par <strong>la</strong> DEPP auprès d’un échantillonreprésentatif dans <strong>les</strong> collèges et lycées publics 82 montre que <strong>les</strong>enseignants estiment en majorité que leur métier inclut <strong>de</strong>s fonctionsdépassant le seul cadre <strong>de</strong> l’enseignement, dont notamment <strong>la</strong> formation<strong>de</strong>s élèves à une méthodologie <strong>de</strong> travail et le développement <strong>de</strong> leurautonomie dans <strong>les</strong> apprentissages. Ils ne sont en revanche qu’uneminorité à penser que leur rôle est aussi <strong>de</strong> former <strong>les</strong> futurs citoyens(30%), <strong>de</strong> préparer <strong>les</strong> élèves à l’insertion professionnelle (20%), ou <strong>de</strong>participer à l’évaluation et l’orientation <strong>de</strong>s élèves (10%). Interrogés sur<strong>les</strong> fonctions constituant « le cœur du métier », ils estiment à 47% quecelui-ci est constitué par <strong>la</strong> transmission <strong>de</strong>s savoirs, à 41% parl’acquisition <strong>de</strong> compétences, et à 10% seulement par l’accompagnement<strong>de</strong>s élèves.Le ministère <strong>de</strong> l’éducation <strong>nationale</strong> porte une responsabilitéparticulière dans cette perception réduite <strong>de</strong>s missions <strong>de</strong>s enseignants. Leministère <strong>de</strong> l’instruction publique est en effet <strong>de</strong>venu en 1932 ministère<strong>de</strong> « l’éducation <strong>nationale</strong> », montrant par là-même que ses missionss’étendaient au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> <strong>la</strong> seule instruction. Cette évolution a été82) « Enseigner en collège et lycée en 2008 », ministère <strong>de</strong> l’éducation <strong>nationale</strong>(DEPP) - octobre 2009.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


L’AFFECTATION ET LE SERVICE DES ENSEIGNANTS 85c<strong>la</strong>irement reprise, en <strong>de</strong>rnier lieu, par <strong>la</strong> loi du 23 avril 2005d'orientation et <strong>de</strong> programme pour l'avenir <strong>de</strong> l'école. Pourtant, cechangement ne s’est pas répercuté sur <strong>la</strong> définition du service <strong>de</strong>senseignants, <strong>la</strong> seule réforme récemment intervenue en ce domaine,opérée par le décret <strong>de</strong> février 2007, ayant été annulée avant d’avoir étéappliquée. En l’état actuel, le système éducatif <strong>de</strong>man<strong>de</strong> aux enseignantsd’atteindre <strong>de</strong>s objectifs précis et <strong>de</strong> remplir <strong>de</strong>s missions explicitementdéfinies par <strong>la</strong> loi, sans vouloir <strong>les</strong> traduire <strong>de</strong> façon cohérente dansl’organisation <strong>de</strong> leur service. Ainsi, le ministère a indiqué, en réponse à<strong>la</strong> Cour, qu’il ne souhaitait pas modifier cette organisation, et qu’ilenvisageait seulement d’accor<strong>de</strong>r <strong>de</strong>s « in<strong>de</strong>mnités spécifiques etencadrées juridiquement dès lors qu’ils exercent <strong>de</strong>s missionsparticulières au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> leur service hebdomadaire », ou bien <strong>de</strong> payer<strong>de</strong>s heures supplémentaires, dont il a souligné « l’attractivitéforte qu’el<strong>les</strong> revêtent, <strong>de</strong>puis qu’el<strong>les</strong> sont défiscalisées et majorées. ». Acet égard, <strong>la</strong> situation française diffère singulièrement <strong>de</strong> certainsexemp<strong>les</strong> étrangers, ainsi que le montre, entre autres, l’exemple <strong>de</strong>l’Espagne.Les missions <strong>de</strong>s enseignants espagnols (Castil<strong>la</strong>-La Mancha)Dès leur formation initiale, <strong>les</strong> professeurs sont formés à un suivipersonnalisé <strong>de</strong>s élèves et à <strong>la</strong> perception <strong>de</strong>s risques d’abandon sco<strong>la</strong>ireprécoce.A l’école primaire, l’enseignement est assuré par plusieursprofesseurs. Un maître tuteur est désigné pour l’ensemble d’une c<strong>la</strong>sse maisd’autres enseignants assurent également ponctuellement l’enseignement <strong>de</strong>matières spécifiques.Les obligations <strong>de</strong> service <strong>de</strong>s enseignants du secondaire sont <strong>de</strong> 18heures <strong>de</strong> cours, auxquel<strong>les</strong> s’ajoutent 8 heures <strong>de</strong> présence dansl’établissement et 3 heures hors établissement, soit 29 heures au total. Desprofesseurs tuteurs suivent une c<strong>la</strong>sse pendant un cycle <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux ans, avecune heure <strong>de</strong> décharge <strong>de</strong> cours. Pour l’établissement <strong>de</strong> leur emploi dutemps, <strong>les</strong> professeurs ont <strong>de</strong>s normes à respecter : par exemple, ils doiventêtre présents au moins quatre heures par jour au sein <strong>de</strong> l’établissement. Deplus, <strong>les</strong> professeurs doivent assurer <strong>de</strong>s permanences trois heures parsemaine : el<strong>les</strong> permettent d’assurer <strong>les</strong> heures <strong>de</strong> surveil<strong>la</strong>nce <strong>de</strong>s élèves,mais également <strong>les</strong> fonctions dévolues en France au personnel d’éducation.En effet, il n’y a pas <strong>de</strong> conseiller principal d’éducation ou <strong>de</strong> surveil<strong>la</strong>nts, etun tour <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> est établi entre enseignants pour assurer leurs fonctions : <strong>les</strong>trois heures <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> dues par chaque enseignant sont comptabilisées dansses huit heures <strong>de</strong> présence. Durant ces heures, il peut aussi remp<strong>la</strong>cer <strong>les</strong>absences ponctuel<strong>les</strong> <strong>de</strong> ses collègues.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


86 COUR DES COMPTESEn outre, pour faire évoluer <strong>les</strong> pratiques <strong>de</strong>s enseignantsconformément à leurs missions, le ministère utilise insuffisamment <strong>les</strong>procédures d’évaluation, notamment l’inspection individuelle <strong>de</strong>sprofesseurs, qui fait l’objet <strong>de</strong> nombreuses critiques évoquées par <strong>les</strong>témoignages recueillis en audition par <strong>la</strong> Cour.Points <strong>de</strong> vue sur l’évaluation actuelle <strong>de</strong>s enseignants du second <strong>de</strong>gréUn professeur <strong>de</strong> lycée d’enseignement général critique un systèmequi n’évalue que partiellement <strong>les</strong> compétences et l’implication <strong>de</strong>senseignants, et qui ne permet pas un suivi régulier. Il regrette que <strong>les</strong>inspecteurs n’inspectent un enseignant qu’en moyenne <strong>tous</strong> <strong>les</strong> trois à cinqans au minimum, ce qui ne permet pas d’apporter du crédit à <strong>la</strong> notation.Un enseignant <strong>de</strong> collège indique que <strong>les</strong> notes attribuées dépen<strong>de</strong>ntau départ du rang <strong>de</strong> c<strong>la</strong>ssement obtenu au concours, puis <strong>de</strong> l’anciennetédans <strong>la</strong> carrière. Il pense que l’évaluation <strong>de</strong>vrait être le moyen d’inciter <strong>les</strong>enseignants <strong>les</strong> moins bons à s’améliorer : or, selon lui, tel n’est pas le casaujourd’hui.Un enseignant <strong>de</strong> lycée professionnel considère <strong>de</strong> même qu’unsystème dans lequel le mérite n’a aucun impact sur <strong>la</strong> note, et dans lequel unenseignant qui s’investit dans son travail et dans son établissement a <strong>les</strong>mêmes perspectives <strong>de</strong> carrière que celui qui ne fait que ses cours, n’est niutile, ni motivant.Un responsable syndical estime que l’acte d’inspection estparticulièrement infantilisant : il se déroule dans <strong>de</strong>s conditions qui ne sont enrien le reflet <strong>de</strong> <strong>la</strong> réalité <strong>de</strong> ce qui se passe en temps normal dans <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse.Un autre responsable syndical considère que <strong>les</strong> inspecteurs ne sont pas asseznombreux, qu’ils n’inspectent pas assez souvent, et qu’ils ne tiennent pasassez compte dans leurs évaluations <strong>de</strong> l’importance du travail collectif <strong>de</strong>senseignants. Il estime que l’inspecteur et le chef d’établissement doiventparticiper <strong>de</strong> manière complémentaire à l’évaluation d’un enseignant. Ildéplore le manque d’outils permettant <strong>de</strong> mesurer <strong>la</strong> valeur ajoutée d’unenseignant et l’impact <strong>de</strong> sa manière d’enseigner sur <strong>les</strong> résultats <strong>de</strong>s élèves.Un chef d’établissement se déc<strong>la</strong>re enfin très insatisfait du dispositifactuel dans lequel <strong>les</strong> enseignants ne se retrouvent pas, et qui ne leur permetni <strong>de</strong> s’auto-évaluer, ni <strong>de</strong> se remettre en question, ni d’avoir une véritableévolution <strong>de</strong> carrière.La Cour a également observé, à cet égard, que le systèmed’inspection mis en p<strong>la</strong>ce ne développe pas suffisamment l’évaluation <strong>de</strong>sétablissements d’enseignement, qui est aujourd’hui nettement moinspratiquée en France que dans <strong>les</strong> pays comparab<strong>les</strong>, <strong>de</strong> même qu’il nesystématise pas une évaluation <strong>de</strong>s acquisitions <strong>de</strong> compétences par <strong>les</strong>élèves, lors <strong>de</strong>s inspections individuel<strong>les</strong> <strong>de</strong>s enseignants.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


L’AFFECTATION ET LE SERVICE DES ENSEIGNANTS 87Dans ces conditions, <strong>la</strong> prise en compte <strong>de</strong> toutes <strong>les</strong> dimensions<strong>de</strong>s missions éducatives <strong>de</strong>s enseignants, qui comprennent non seulement<strong>la</strong> capacité à délivrer un cours, mais aussi à accompagner <strong>les</strong> élèves, àai<strong>de</strong>r ceux qui sont en difficulté, à participer à <strong>de</strong>s temps <strong>de</strong> coordinationentre équipes pédagogiques, à travailler sur <strong>de</strong>s projets éducatifs,apparaît encore difficile.2 - Les inconvénients pratiques <strong>de</strong> l’inadaptation <strong>de</strong> <strong>la</strong> définitiondu service <strong>de</strong>s enseignantsL’écart existant entre <strong>les</strong> textes re<strong>la</strong>tifs aux missions <strong>de</strong>senseignants et ceux qui définissent l’organisation <strong>de</strong> leurs activités aconduit au fil <strong>de</strong>s décennies à un développement désordonné, et parfoisirrégulier, <strong>de</strong> mesures diverses visant à reconnaître et rémunérer <strong>les</strong>activités <strong>de</strong>s enseignants dans <strong>les</strong> domaines du soutien et du suivi <strong>de</strong>sélèves, <strong>de</strong> l’accompagnement personnalisé, ou <strong>de</strong> <strong>la</strong> concertation <strong>de</strong>séquipes pédagogiques. Les principaux dispositifs mis en p<strong>la</strong>ce à ce titrepar le ministère <strong>de</strong> l’éducation <strong>nationale</strong> sont <strong>les</strong> décharges <strong>de</strong> service, leversement d’in<strong>de</strong>mnités spécifiques, et le paiement d’heuressupplémentaires.a) Les décharges <strong>de</strong> service accordées aux enseignantsLes décrets <strong>de</strong> 1950 prévoient, dans un certain nombre <strong>de</strong> cas, uneréduction du service <strong>de</strong>s enseignants, communément appelée « décharge<strong>de</strong> service », d’une à trois heures par semaine, sans diminution <strong>de</strong> <strong>la</strong>rémunération. Cette réduction du nombre d’heures d’enseignement<strong>de</strong>vant <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse vise à compenser le temps passé par <strong>les</strong> professeurs dans<strong>de</strong>s activités diverses. Or, certains motifs, qui justifiaient en 1950 unedécharge <strong>de</strong> service, n’existent plus aujourd’hui.Ainsi, en application <strong>de</strong>s décrets <strong>de</strong> 1950, une réduction <strong>de</strong> serviced’une heure par semaine (heure dite <strong>de</strong> « première chaire ») est accordéeà <strong>tous</strong> <strong>les</strong> enseignants exerçant en c<strong>la</strong>sse <strong>de</strong> 1 ère , afin <strong>de</strong> tenir compte dusurcroît <strong>de</strong> travail impliqué par <strong>la</strong> préparation <strong>de</strong>s élèves au bacca<strong>la</strong>uréat :cet examen se dérou<strong>la</strong>it en effet en 1950 en fin <strong>de</strong> 1 ère et <strong>de</strong> terminale.Toutefois, <strong>de</strong>puis 1964, seul un nombre limité d’épreuves sont passées enfin <strong>de</strong> 1 ère . Les pouvoirs publics en ont tiré tardivement <strong>les</strong> conséquences :le décret du 12 février 2007 limitait ainsi <strong>les</strong> bénéficiaires <strong>de</strong> <strong>la</strong> réduction<strong>de</strong> service aux professeurs assurant au moins six heures <strong>de</strong> cours dans unediscipline obligatoire au bacca<strong>la</strong>uréat ou faisant l’objet d’une épreuveobligatoire subie par anticipation à <strong>la</strong> fin <strong>de</strong> <strong>la</strong> 1 ère . Selon <strong>les</strong> calculs duCour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


88 COUR DES COMPTESministère, cette mesure conduisait pour l’année sco<strong>la</strong>ire 2005-2006 83 àune économie <strong>de</strong> 20.873 heures, soit l’équivalent <strong>de</strong> 1.160 emplois 84 .Toutefois, cette initiative a tourné court, puisque le décret du 12 février2007 a été abrogé le 31 août 2007, avant même d’avoir pu entrer enapplication.Ce même décret <strong>de</strong> février 2007 supprimait également <strong>les</strong>réductions <strong>de</strong> service accordées en 1950 aux professeurs d’histoire etgéographie au titre <strong>de</strong> l’entretien <strong>de</strong>s « cabinets <strong>de</strong> matériel historique etgéographique ».Une autre réduction <strong>de</strong> service, <strong>de</strong> trois heures par semaine, estaccordée aux professeurs d’éducation physique et sportive, au titre <strong>de</strong>sheures dites « UNSS » (union <strong>nationale</strong> du sport sco<strong>la</strong>ire), dans le cadre<strong>de</strong> leurs missions statutaires <strong>de</strong> participation à « <strong>la</strong> formation,l'entraînement et l'animation sportifs » 85 . Le décret précité <strong>de</strong> 2007 nesupprimait pas cette décharge <strong>de</strong> service, mais il posait <strong>la</strong> condition quel’activité d’entraînement sportif <strong>la</strong> justifiant soit effective. Il lui donnaitégalement une assise réglementaire 86 .Au total, <strong>les</strong> réductions <strong>de</strong> service, qui ne se justifiaient plus etavaient été supprimées pour cette raison par le décret du 12 février 2007,représentaient environ 3.000 emplois pour l'enseignement secondairepublic et privé. Un retrait d’emplois <strong>de</strong> même niveau avait donc été prévupar <strong>la</strong> loi <strong>de</strong> finances initiale pour 2007, sans entraîner une diminution <strong>de</strong>smoyens d’enseignement consacrés aux élèves, puisqu’il ne traduisaitqu’une réduction <strong>de</strong>s décharges horaires. Ultérieurement, à <strong>la</strong> suite àl’abrogation du décret du 12 février 2007, ces heures ont été restituéesaux académies, non sous <strong>la</strong> forme d’emplois, mais d’heuressupplémentaires.Par ailleurs, à l’inverse <strong>de</strong>s réductions <strong>de</strong> service accordées en1950, mais qui ne se justifient plus, <strong>les</strong> enseignants peuvent s’impliquerdans <strong>de</strong>s activités étroitement liées à leurs missions, mais qui ne sont pas83) Source : Base-re<strong>la</strong>is 2005-2006, champ : France métropolitaine+DOM.84) Le MEN raisonne toujours en heures hebdomadaires et convertit ainsi <strong>les</strong> heuresen emplois en <strong>les</strong> divisant par 18 (18 heures étant le service effectué par une majoritéd’enseignants).85) Article 4 du décret n° 80-627 du 4 août 1980 re<strong>la</strong>tif au statut particulier <strong>de</strong>sprofesseurs d'éducation physique et sportive.86) Une simple note <strong>de</strong> service du 7 août 1984 a en effet précisé, en se référant àd’autres notes <strong>de</strong> service du 6 juillet 1981 et du 14 janvier 1982, que <strong>les</strong> enseignants«participent à l’animation <strong>de</strong>s activités organisées dans le cadre <strong>de</strong> l’UNSS à raison<strong>de</strong> trois heures forfaitaires comprises dans leur service hebdomadaire, cette missionfaisant partie intégrante <strong>de</strong> l’action éducative au sein <strong>de</strong>s collèges, <strong>de</strong>s lycées et <strong>de</strong>slycées d’enseignement professionnel ».Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


L’AFFECTATION ET LE SERVICE DES ENSEIGNANTS 89prévues par <strong>les</strong> décrets <strong>de</strong> 1950. Il en va ainsi, par exemple, <strong>de</strong> l’activité<strong>de</strong>s enseignants qui, dans un établissement, concourent au développement<strong>de</strong>s technologies d’information et <strong>de</strong> communication dans l’éducation(TICE) : afin <strong>de</strong> rémunérer cette activité, le ministère est conduit à leuraccor<strong>de</strong>r <strong>de</strong>s décharges <strong>de</strong> service qui ne peuvent qu’être irrégulières,puisqu’el<strong>les</strong> ne figurent dans aucun texte réglementaire. Ainsi que l’areconnu le ministère <strong>de</strong> l’éducation <strong>nationale</strong> en réponse à l’enquête <strong>de</strong> <strong>la</strong>Cour, « certaines décharges sont explicitement prévues par <strong>la</strong>réglementation (décrets du 25 mai 1950), d’autres relèvent <strong>de</strong> besoinssouvent en rapport avec le développement <strong>de</strong> technologies ou <strong>de</strong>pédagogies nouvel<strong>les</strong>, ainsi que <strong>de</strong> formes <strong>de</strong> coordination du travailenseignant dans <strong>les</strong> établissements sco<strong>la</strong>ires » 87 .En définitive, le dispositif <strong>de</strong>s réductions <strong>de</strong> service représente uncoût substantiel puisqu’au total <strong>les</strong> heures <strong>de</strong> cours <strong>de</strong>vant élèvessupprimées au titre <strong>de</strong>s différentes décharges <strong>de</strong> service, qu’el<strong>les</strong> soientrégulières ou irrégulières, représentaient, à <strong>la</strong> rentrée 2009, 369.633heures hebdomadaires, soit l’équivalent d’environ 20.535 emplois 88.De surcroît, <strong>les</strong> rectorats n’exercent pas, en pratique, un contrôle<strong>de</strong>s décharges horaires accordées aux enseignants par une exploitation <strong>de</strong>s« états <strong>de</strong> service », qui sont centralisés dans <strong>les</strong> bases <strong>de</strong> gestion <strong>de</strong>srectorats 89 . Ainsi, dans l’académie d’Orléans-Tours, ces états <strong>de</strong> servicene sont pas exploités, sauf à <strong>la</strong> marge dans quelques cas contentieux <strong>de</strong>paiement d’heures supplémentaires année (HSA). A Aix-Marseille, ils nesont pas non plus contrôlés <strong>de</strong>puis une dizaine d’années et ne sontutilisés, comme dans le cas précé<strong>de</strong>nt, que dans <strong>les</strong> cas <strong>de</strong> litiges re<strong>la</strong>tifsau paiement d’heures supplémentaires. A Montpellier, au début <strong>de</strong>sannées 2000, le rectorat contrô<strong>la</strong>it <strong>les</strong> états <strong>de</strong> service individuels pourvérifier <strong>les</strong> règ<strong>les</strong> <strong>de</strong> décharge et essayer <strong>de</strong> maîtriser une partie <strong>de</strong> <strong>la</strong>dépense horaire hors présence <strong>de</strong>s élèves : requérant environ un mois <strong>de</strong>travail à <strong>la</strong> rentrée, ce contrôle conduisait à i<strong>de</strong>ntifier <strong>de</strong>s décharges <strong>de</strong>service non réglementaires qui pouvaient aller jusqu’à 10 heures parétablissement, soit plus d’un emploi à mi-temps. Toutefois, à compter <strong>de</strong>2003, ces contrô<strong>les</strong> ont été sensiblement allégés, car, selon le rectorat, « il87) Réponse <strong>de</strong> juin 2008 du ministère <strong>de</strong> l’éducation <strong>nationale</strong> (DGRH) à l’enquête<strong>de</strong> <strong>la</strong> Cour sur <strong>les</strong> obligations réglementaires <strong>de</strong> service <strong>de</strong>s enseignants.88) Source : DEPP (base Re<strong>la</strong>is). Il s’agit <strong>de</strong>s décharges accordées à <strong>de</strong>s enseignantsexerçant <strong>de</strong>vant <strong>les</strong> élèves (<strong>les</strong> décharges <strong>de</strong> service tota<strong>les</strong> ne sont pas prises encompte).89) Les « états <strong>de</strong> service » donnent <strong>les</strong> différentes composantes du service <strong>de</strong>l’enseignant : heures <strong>de</strong> cours comprises dans <strong>les</strong> obligations réglementaires <strong>de</strong>service, heures supplémentaires année ou HSA (heures <strong>de</strong> cours données au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>l’horaire hebdomadaire correspondant à l’obligation réglementaire), déchargeshoraires accordées.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


90 COUR DES COMPTESa été conseillé au service d’exercer un contrôle moins administratif,moins strictement réglementaire et <strong>de</strong> <strong>la</strong>isser davantage d’initiative auxétablissements dans le domaine <strong>de</strong>s heures hors élèves. Il était question<strong>de</strong> plus <strong>de</strong> pilotage et d’évaluation et <strong>de</strong> moins d’administration et <strong>de</strong>réglementation ». Certes, le rectorat contrôle toujours <strong>les</strong> états <strong>de</strong> servicepour s’assurer que <strong>les</strong> décharges accordées correspon<strong>de</strong>nt bien au statut<strong>de</strong>s enseignants concernés, mais, précise-t-il, « avec une lecture moinsrigoureuse qu’auparavant et avec un simple contact téléphonique avec lechef d’établissement pour explication, rarement suivi d’un redressement,et encore moins <strong>de</strong> récupération <strong>de</strong> moyens ».Cette carence <strong>de</strong>s contrô<strong>les</strong> peut s’expliquer par le fait que <strong>les</strong>décharges <strong>de</strong> service - même irrégulières - sont indispensab<strong>les</strong> aufonctionnement du système éducatif : ce paradoxe illustre l’insuffisance<strong>de</strong> <strong>la</strong> définition réglementaire du service <strong>de</strong>s enseignants.b) L’in<strong>de</strong>mnité pour le suivi et l’orientation <strong>de</strong>s élèves («l’ISOE »)Une prime spécifique a été instituée par le décret du 6 juillet 1989pour rémunérer l’activité <strong>de</strong> suivi et d’orientation <strong>de</strong>s élèves : il s’agit <strong>de</strong>l’in<strong>de</strong>mnité <strong>de</strong> suivi et d’orientation <strong>de</strong>s élèves (ISOE), versée à <strong>tous</strong> <strong>les</strong>enseignants du second <strong>de</strong>gré. Les crédits budgétaires alloués par <strong>la</strong> loi <strong>de</strong>finances à cet effet s’élèvent à 650 millions d’euros en 2010.L’ISOE comporte une part fixe allouée à <strong>tous</strong> <strong>les</strong> enseignants etune part modu<strong>la</strong>ble réservée aux professeurs principaux. La part fixerémunère <strong>les</strong> tâches <strong>de</strong> suivi <strong>de</strong>s élèves, leur évaluation et <strong>la</strong> participationaux conseils <strong>de</strong> c<strong>la</strong>sse : bien qu’habituel<strong>les</strong> dans le travail <strong>de</strong>senseignants, ces tâches ne figurent pas dans <strong>les</strong> obligations réglementaires<strong>de</strong> service, car el<strong>les</strong> sont effectuées en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong>s heures <strong>de</strong> cours. La partmodu<strong>la</strong>ble, quant à elle, rémunère <strong>les</strong> tâches du professeur principal, dont<strong>la</strong> coordination <strong>de</strong>s professeurs <strong>de</strong> <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse et <strong>la</strong> concertation avec <strong>les</strong>parents d’élèves.Si le décret précité du 6 juillet 1989 dispose que le versement <strong>de</strong>l’ISOE est subordonné à l’exercice effectif <strong>de</strong> suivi et d’orientation <strong>de</strong>l’élève, en pratique, cette in<strong>de</strong>mnité est versée à <strong>tous</strong> <strong>les</strong> enseignants,quelle que soit leur implication réelle dans le suivi <strong>de</strong>s élèves. Le livrevert publié en février 2008 par <strong>la</strong> commission sur l’évolution du métierd’enseignant a considéré que l’exercice effectif <strong>de</strong>s fonctions justifiantcette prime n’était pas suffisamment vérifié : « Part fixe et part mobi<strong>les</strong>ont versées automatiquement, et sans que <strong>les</strong> enseignants n’aient àrendre compte <strong>de</strong> <strong>la</strong> façon dont ils assument leur mission. »Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


L’AFFECTATION ET LE SERVICE DES ENSEIGNANTS 91Le ministère <strong>de</strong> l’éducation <strong>nationale</strong> a pour sa part indiqué à <strong>la</strong>Cour que « le versement <strong>de</strong> <strong>la</strong> part fixe <strong>de</strong> l’ISOE suit <strong>les</strong> mêmes règ<strong>les</strong>que cel<strong>les</strong> qui sont applicab<strong>les</strong> au traitement principal. Cette règle <strong>de</strong>gestion conduit effectivement, dans certains cas, à verser l’ISOE à <strong>de</strong>spersonnels qui ne participent pas effectivement à l’orientation et au suivi<strong>de</strong>s élèves : bénéficiaires <strong>de</strong>s congés <strong>de</strong> ma<strong>la</strong>die, maternité, déchargessyndica<strong>les</strong> ». Le ministère a également précisé que <strong>les</strong> enseignants encongé <strong>de</strong> longue ma<strong>la</strong>die ou <strong>de</strong> longue durée ne <strong>de</strong>vraient plus à termepercevoir cette prime. Il a ajouté que l’in<strong>de</strong>mnité n’était pas versée« lorsque <strong>les</strong> enseignants assurent à temps plein <strong>de</strong>s fonctionsadministratives, <strong>de</strong> documentaliste ou <strong>de</strong> conseiller en formationcontinue », et qu’« elle est versée au prorata <strong>de</strong> <strong>la</strong> quotité <strong>de</strong> serviceaccomplie au titre <strong>de</strong>s fonctions d’enseignant en cas <strong>de</strong> service mixte ».Cette réponse confirme en fait que, conformément d’ailleurs aux textes, <strong>la</strong>part fixe <strong>de</strong> l’ISOE est versée à <strong>tous</strong> <strong>les</strong> enseignants en fonction duservice d’enseignement accompli, quelle que soit leur implicationeffective dans le suivi et l’orientation <strong>de</strong>s élèves.En ce qui concerne par ailleurs <strong>la</strong> part modu<strong>la</strong>ble <strong>de</strong> l’ISOE, leministère a précisé que « cette part est attribuée aux enseignants quijustifient <strong>de</strong> l’exercice d’un service à temps plein dans <strong>la</strong> division pour<strong>la</strong>quelle ils ont été nommés professeurs principaux. La part modu<strong>la</strong>blecesse d’être allouée à son attributaire dès lors que celui-ci, absent, a étéremp<strong>la</strong>cé dans ses fonctions. Elle est alors versée au remp<strong>la</strong>çant auprorata <strong>de</strong> <strong>la</strong> durée du remp<strong>la</strong>cement ». Le ministère précise qu’« unevérification <strong>de</strong> l’effectivité <strong>de</strong> l’exercice <strong>de</strong>s fonctions afférentes à cettein<strong>de</strong>mnité est possible <strong>de</strong> <strong>la</strong> part <strong>de</strong>s chefs d’établissement ». Il serait eneffet pour le moins souhaitable que <strong>les</strong> chefs d’établissement s’assurentque <strong>la</strong> part modu<strong>la</strong>ble <strong>de</strong> l’ISOE est versée à juste titre.Il convient enfin d’observer que, dans un autre domaine, un décretet un arrêté du 30 juin 2009 ont récemment institué une in<strong>de</strong>mnitéanalogue au bénéfice <strong>de</strong>s enseignants du premier <strong>de</strong>gré procédant auxévaluations <strong>de</strong>s élèves <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>sses <strong>de</strong> CE1 et <strong>de</strong> CM2, dansl’enseignement public et privé : à ce titre, 25 millions d’euros <strong>de</strong> créditsont été ouverts par <strong>la</strong> loi <strong>de</strong> finances pour 2010 90 .c) Le paiement d’heures supplémentaires effectives (HSE)Les heures supplémentaires dites « effectives » (<strong>les</strong> « HSE »)constituent un autre instrument pour rémunérer <strong>les</strong> enseignantss’impliquant dans <strong>les</strong> activités éducatives au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> leurs horaireshebdomadaires d’enseignement : il est fréquent par exemple que <strong>les</strong>90) Source : annexe au PLF 2010, MIES, programme n°140, page 55.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


92 COUR DES COMPTESheures d’accompagnement personnalisé <strong>de</strong>s élèves soient rémunérées parce moyen.Ainsi que l’a précisé le ministère <strong>de</strong> l’éducation <strong>nationale</strong> dans uneréponse à l’enquête <strong>de</strong> <strong>la</strong> Cour, le décret du 12 février 2007 « avaitredéfini <strong>les</strong> obligations <strong>de</strong> service <strong>de</strong>s enseignants du second <strong>de</strong>gré, afinnotamment, <strong>de</strong> mieux prendre en compte <strong>les</strong> actions d’éducation et <strong>de</strong>formation autres que d’enseignement. Etait expressément citél’encadrement d’activités pédagogiques au bénéfice <strong>de</strong>s élèves, tel<strong>les</strong> quele soutien et l’accompagnement d’élèves en difficulté sco<strong>la</strong>ire ou ensituation <strong>de</strong> handicap ». Mais il poursuit, pour expliquer le recours auxHSE : « Cependant, ce décret ayant été abrogé, ces missions ne sontactuellement pas reconnues dans le service <strong>de</strong>s personnels. Hors dutemps sco<strong>la</strong>ire, un dispositif <strong>de</strong> paiement d’heures supplémentaires dansle cadre <strong>de</strong> l’accompagnement éducatif permet néanmoins, dans l’attented’une réforme éventuelle <strong>de</strong>s obligations <strong>de</strong> service <strong>de</strong>s enseignants, <strong>de</strong>valoriser leur implication dans le soutien éducatif <strong>de</strong>s élèves ».Pour autant, le volume <strong>de</strong>s HSE est mal appréhendé, car ces heuressupplémentaires, effectuées à un rythme variable au cours <strong>de</strong> l’annéesco<strong>la</strong>ire et non à un rythme hebdomadaire comme <strong>les</strong> heuresd’enseignement, ne sont pas inscrites dans <strong>les</strong> « états <strong>de</strong> service » <strong>de</strong>senseignants et ne sont pas intégrées dans <strong>les</strong> bases <strong>de</strong> gestionacadémiques et <strong>nationale</strong>s. L’administration centrale procè<strong>de</strong> simplementà une estimation <strong>de</strong> leur nombre en appliquant un taux horaire moyen <strong>de</strong>rémunération. Ainsi, sur <strong>la</strong> base du montant <strong>de</strong>s dépenses constatées en2008-2009, soit 263 millions d’euros, le nombre d’HSE effectuées a étéestimé à 6,7 millions, dont 1,6 million pour rémunérer <strong>les</strong> 85.000enseignants qui avaient assuré un accompagnement éducatif, généralisé à<strong>la</strong> rentrée 2008 à <strong>tous</strong> <strong>les</strong> collèges.* **Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


L’AFFECTATION ET LE SERVICE DES ENSEIGNANTS 93Au total, faute d’une définition réglementaire du service adaptée àl’ensemble <strong>de</strong>s missions <strong>de</strong>s enseignants et aux objectifs du systèmeéducatif, <strong>de</strong> multip<strong>les</strong> aménagements se sont développés <strong>de</strong> façonerratique au fil <strong>de</strong>s décennies. Ainsi, <strong>les</strong> décharges <strong>de</strong> service constituentaujourd’hui une modalité substantielle d’ajustement <strong>de</strong>s activités <strong>de</strong>senseignants par rapport aux contraintes du système 91 . De même, unemesure in<strong>de</strong>mnitaire telle que l’ISOE est <strong>de</strong>venue, dans <strong>les</strong> faits, unélément <strong>de</strong> <strong>la</strong> politique sa<strong>la</strong>riale globale du ministère <strong>de</strong> l’éducation<strong>nationale</strong>, ainsi que l’atteste le versement <strong>de</strong> <strong>la</strong> part fixe à <strong>tous</strong> <strong>les</strong>enseignants, y compris par exemple à ceux qui sont en congé pour longuema<strong>la</strong>die. Il est enfin surprenant que, faute d’être intégrées dans <strong>la</strong>définition réglementaire du service, certaines activités essentiel<strong>les</strong> pourle fonctionnement du système sco<strong>la</strong>ire restent accomplies par <strong>les</strong>enseignants sur le fon<strong>de</strong>ment du volontariat : il en va ainsi <strong>de</strong> <strong>la</strong> fonction<strong>de</strong> coordination <strong>de</strong>s enseignants d’une même discipline ou <strong>de</strong>senseignants d’une même c<strong>la</strong>sse, dont <strong>la</strong> mise en œuvre dépend <strong>de</strong> <strong>la</strong>bonne volonté <strong>de</strong>s enseignants, ainsi que <strong>de</strong> <strong>la</strong> capacité d’impulsion etd’animation <strong>de</strong>s chefs d’établissement, et <strong>de</strong>s moyens alloués àl’établissement. Ce recours au volontariat a pour contrepartie uneinégalité entre élèves, puisque ceux-ci ne peuvent pas <strong>tous</strong> bénéficier <strong>de</strong>seffets positifs induits par <strong>la</strong> coordination <strong>de</strong>s équipes enseignantes.Le recours au volontariat pour <strong>la</strong> fonction <strong>de</strong> coordination <strong>de</strong>senseignants d’une disciplineLes décrets <strong>de</strong> 1950 ne prévoient qu’une coordination entre <strong>les</strong> professeursd’éducation physique et sportive. Dans certaines disciplines (histoire,technologie, sciences et vie <strong>de</strong> <strong>la</strong> terre), <strong>les</strong> heures <strong>de</strong> décharge <strong>de</strong> serviceautorisées par <strong>les</strong> décrets <strong>de</strong> 1950 pour l’entretien du matériel sontfréquemment utilisées pour <strong>la</strong> coordination <strong>de</strong>s enseignants : ces heures <strong>de</strong>coordination sont donc intégrées dans le service <strong>de</strong>s enseignants.En revanche, pour toutes <strong>les</strong> autres disciplines, <strong>les</strong> solutions varient : certainschefs d’établissement accor<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s réductions <strong>de</strong> service ; d’autres fontappel au volontariat en rémunérant <strong>les</strong> enseignants par <strong>de</strong>s HSE ; d’autresenfin font appel à un volontariat bénévole. Il en est ainsi dans un collège duLoiret, où le principal nomme en début d’année un coordonnateur pardiscipline, ou bien encore dans un lycée parisien, où <strong>de</strong>s enseignantscoordonnateurs <strong>de</strong> discipline sont désignés par leurs pairs.91) Sur <strong>la</strong> base <strong>de</strong>s données <strong>de</strong> 2005, une mission d’audit <strong>de</strong> mo<strong>de</strong>rnisation a chiffré à28.000 ETP, soit environ 1,65 milliard €, le coût <strong>de</strong>s décharges <strong>de</strong> service accordéesaux enseignants du second <strong>de</strong>gré.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


94 COUR DES COMPTESLe ministère <strong>de</strong> l’éducation <strong>nationale</strong> a indiqué en réponse àl’enquête <strong>de</strong> <strong>la</strong> Cour qu’il comptait poursuivre dans <strong>la</strong> voie consistant àrémunérer sous forme <strong>de</strong> primes spécifiques <strong>les</strong> activités autres quel’enseignement <strong>de</strong>vant <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse. Il a ainsi mentionné, dans une réponse du1 er février 2010, que « <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce du tutorat dans <strong>les</strong> lycéesimplique une coordination efficace entre <strong>les</strong> enseignants », qui « feral’objet d’une rémunération spécifique ».Dans ce contexte, <strong>les</strong> divers aménagements apportés au service <strong>de</strong>senseignants amènent en définitive le système éducatif à prendre encompte, <strong>de</strong> façon très hétérogène et avec parfois <strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong>rémunération différents selon <strong>les</strong> établissements, <strong>les</strong> activités autres quel’enseignement d’une discipline <strong>de</strong>vant <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse.3 - La dualité entre personnel d’enseignement et personneld’éducationLa définition réglementaire du service <strong>de</strong>s enseignants du second<strong>de</strong>gré, délimitée par <strong>les</strong> heures <strong>de</strong> cours disciplinaire, implique quel’élève doit être pris en charge par d’autres agents dès lors qu’il se trouveen <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> <strong>la</strong> salle <strong>de</strong> c<strong>la</strong>sse : cette situation explique <strong>la</strong> coexistence <strong>de</strong>personnels enseignants et <strong>de</strong> personnels dits « d’éducation ».Les personnels d’éducation financés par le budget <strong>de</strong> l’Education<strong>nationale</strong> sont au nombre <strong>de</strong> 81.000 environ 92 , pour <strong>de</strong>s crédits <strong>de</strong>rémunération s’élevant à 980 M€ 93 . Au sein <strong>de</strong> <strong>la</strong> MIES, ils relèvent duprogramme budgétaire n°230 « Vie <strong>de</strong> l’élève » et <strong>de</strong> l’action dénommée« Vie sco<strong>la</strong>ire et éducation à <strong>la</strong> responsabilité ». Ce programme rappelleque « l’Ecole constitue aussi un espace <strong>de</strong> socialisation, d’apprentissaged’exercice <strong>de</strong> <strong>la</strong> responsabilité et <strong>de</strong> <strong>la</strong> pratique <strong>de</strong> <strong>la</strong> citoyenneté » et que« ces différentes dimensions font partie intégrante <strong>de</strong> <strong>la</strong> politiqueéducative dont l’objectif principal est <strong>de</strong> contribuer à <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong><strong>les</strong> élèves et à l’égalité <strong>de</strong>s chances ». Dans ce cadre, <strong>les</strong> personnelsd’éducation sont chargés notamment <strong>de</strong> suivre <strong>les</strong> absences <strong>de</strong>s élèves, <strong>de</strong><strong>les</strong> surveiller en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong>s heures <strong>de</strong> cours, d’animer <strong>les</strong> instances <strong>de</strong>participation <strong>de</strong>s élèves à <strong>la</strong> vie <strong>de</strong> l’établissement (conseil <strong>de</strong>s délégués<strong>de</strong> <strong>la</strong> vie lycéenne, foyer socio-éducatif, etc.) ; ils peuvent aussi assurer<strong>de</strong>s heures d’accompagnement éducatif.92) 12.000 conseillers principaux d’éducation, 67.000 assistants d’éducation et 1.900maîtres d’internat-surveil<strong>la</strong>nts d’externat (PLF 2010, annexe MIES, page 163).93) Projet <strong>de</strong> loi <strong>de</strong> finances 2010.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


L’AFFECTATION ET LE SERVICE DES ENSEIGNANTS 95En d’autres termes, l’organisation du second <strong>de</strong>gré en Francedissocie fondamentalement <strong>la</strong> fonction <strong>de</strong> transmission <strong>de</strong>s savoirs,confiée aux enseignants, et <strong>la</strong> fonction <strong>de</strong> surveil<strong>la</strong>nce et d’éducation,confiée au personnel d’éducation. Les élèves sont donc confrontés à <strong>de</strong>spersonnes aux missions et aux responsabilités différentes en fonction <strong>de</strong><strong>la</strong> question abordée : règ<strong>les</strong> <strong>de</strong> discipline, difficultés sco<strong>la</strong>ires, questionsd’orientation...La répartition duale <strong>de</strong>s tâches dans le système françaisPlusieurs responsab<strong>les</strong> académiques ont estimé lors <strong>de</strong> l’enquête <strong>de</strong> <strong>la</strong>Cour que l’enseignant est aujourd’hui coupé <strong>de</strong> façon excessive <strong>de</strong>nombreuses fonctions <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie sco<strong>la</strong>ire : il ne participe pas au contrôle <strong>de</strong>l’organisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie collective en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong>s heures <strong>de</strong> c<strong>la</strong>sse, car c’est letravail du conseiller principal d’éducation (CPE) ; il n’oriente pas <strong>les</strong> élèves,car cette tâche relève <strong>de</strong>s compétences du conseiller d’orientation–psychologue (COP) ; il n’assure pas <strong>de</strong> fonction documentaire, car il revientau documentaliste <strong>de</strong> le faire, etc.Selon ces responsab<strong>les</strong> académiques, il est nécessaire <strong>de</strong> revenir surcette division « taylorienne » <strong>de</strong>s tâches, car <strong>les</strong> systèmes éducatifs <strong>les</strong> plusefficaces sont ceux où elle n’est pas pratiquée. Il leur paraît nécessaired’é<strong>la</strong>rgir le champ <strong>de</strong> compétences <strong>de</strong>s enseignants et <strong>de</strong> définir leur métiercomme un ensemble <strong>de</strong> fonctions <strong>la</strong>rges et transversa<strong>les</strong>. Pour autant, ilsobservent également que cette redéfinition doit s’accompagner <strong>de</strong> celle <strong>de</strong>sautres métiers associés à l’enseignement, ce qui n’apparaît guère aisé.Cette dualité est une spécificité française que l’on ne retrouve pasdans <strong>les</strong> pays comparab<strong>les</strong>. Ainsi, dans <strong>les</strong> établissements espagnols,britanniques, et suisses qui ont été analysés par <strong>la</strong> Cour lors <strong>de</strong> sonenquête, <strong>les</strong> enseignants exercent, à partir d’un tour <strong>de</strong> rôle organisé parle chef d’établissement, <strong>les</strong> fonctions qui sont assignées en France auxpersonnels d’éducation, tel<strong>les</strong> que le suivi <strong>de</strong>s absences ou <strong>la</strong> surveil<strong>la</strong>nce<strong>de</strong>s élèves, en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong>s heures <strong>de</strong> cours et durant <strong>les</strong> heures <strong>de</strong> retenue.Les enseignants <strong>de</strong> ces établissements - parfois situés au cœur <strong>de</strong>quartiers sensib<strong>les</strong> - ont indiqué qu’ils considéraient que ces missionsal<strong>la</strong>ient dans le sens d’un renforcement simultané <strong>de</strong> leur autoritéd’enseignant durant l’heure <strong>de</strong> cours. Ils ont en outre précisé qu’ilséprouvaient <strong>de</strong>s difficultés à percevoir <strong>la</strong> distinction entre enseignementet éducation, et donc à comprendre l’organisation française qui repose surcette séparation <strong>de</strong>s fonctions.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


96 COUR DES COMPTESLes fonctions <strong>de</strong>s enseignants suisses (canton <strong>de</strong> Genève)S’ils le souhaitent, <strong>les</strong> enseignants peuvent tout d’abord <strong>de</strong>venir professeursprincipaux. Le « maitre <strong>de</strong> c<strong>la</strong>sse » est le responsable administratif d’unec<strong>la</strong>sse, et reçoit à ce titre une in<strong>de</strong>mnité spécifique : il s’occupe aussi bien <strong>de</strong>sélèves en difficulté, que du contact avec <strong>les</strong> parents, <strong>de</strong>s heures d’orientation,ou du tutorat <strong>de</strong>s élèves.Les enseignants peuvent également être nommés « doyens ». Les doyens sontdéchargés à mi-temps <strong>de</strong> leur activité d’enseignement pour exercer <strong>de</strong>sresponsabilités re<strong>la</strong>tionnel<strong>les</strong> (suivi <strong>de</strong>s maîtres <strong>de</strong> groupe, <strong>de</strong>s professeursprincipaux, etc.) et pédagogiques. Ils sont choisis par le directeur pour unmandat <strong>de</strong> quatre ans renouve<strong>la</strong>ble. Ils perçoivent une in<strong>de</strong>mnité spécifique.Le doyen a une double responsabilité : il s’occupe d’un ou <strong>de</strong> plusieursgroupes <strong>de</strong> disciplines et du suivi <strong>de</strong>s élèves. Il exerce une supervision sur <strong>les</strong>évaluations <strong>de</strong>s élèves, tranche en cas <strong>de</strong> contestation <strong>de</strong> note, et s’assure que<strong>les</strong> barèmes retenus par <strong>les</strong> enseignants sont adéquats. Le doyen s’appuie pource faire sur un « prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> groupe », élu pour une discipline donnée par sespairs. Le prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> groupe a également une décharge pour cette tâche <strong>de</strong>coordination d’une discipline.Le doyen est un pair et n'a pas <strong>de</strong> responsabilité hiérarchique. Lorsqu’unproblème qui concerne un enseignant apparaît, il revient au seul directeur, quiest le supérieur hiérarchique, <strong>de</strong> le régler. Les doyens et <strong>les</strong> maîtres adjointsforment avec le directeur le conseil <strong>de</strong> direction, qui se réunit une fois parsemaine et qui traite <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie <strong>de</strong> l’établissement (organisation,gestion <strong>de</strong>s remp<strong>la</strong>cements, traitement <strong>de</strong>s cas individuels d’élèves ou <strong>de</strong>maîtres, animations diverses, etc.).Au total, ce partage <strong>de</strong>s responsabilités - maître <strong>de</strong> discipline, maître <strong>de</strong> c<strong>la</strong>sse,prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> groupe, doyen, directeur - permet un contrôle interne du bondéroulement <strong>de</strong> <strong>la</strong> formation et <strong>de</strong> l’harmonisation <strong>de</strong>s enseignements et <strong>de</strong>sbarèmes <strong>de</strong> notation.Par ailleurs, <strong>les</strong> « RF-Dir » (responsab<strong>les</strong> <strong>de</strong> formation au niveau <strong>de</strong> <strong>la</strong>direction), sont <strong>de</strong>s enseignants membres du conseil <strong>de</strong> direction, ayant suiviune formation ad hoc, qui peuvent aller dans n’importe quelle c<strong>la</strong>sse à <strong>la</strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong> du directeur pour évaluer <strong>les</strong> aspects pédagogiques <strong>de</strong>s cours, faireun rapport, et jouer le rôle <strong>de</strong> conseil. Les RF-Dir, qui sont <strong>de</strong>s personnesressources, bénéficient d’une décharge <strong>de</strong> service <strong>de</strong> 6 heures. Des maîtresformateurs sont également prévus pour <strong>les</strong> maîtres nouvellement nommés.Cette organisation explique que <strong>les</strong> inspecteurs et <strong>les</strong> personnels d’éducation,au sens français <strong>de</strong> ces fonctions, n’existent pas en Suisse, puisque <strong>les</strong>professeurs sont directement supervisés dans l’établissement et que <strong>les</strong>professeurs exercent eux-mêmes un rôle <strong>de</strong> surveil<strong>la</strong>nce <strong>de</strong>s élèves (parexemple, en enregistrant eux-mêmes <strong>les</strong> absences).Cette organisation permet une mutualisation <strong>de</strong>s pratiques entre maîtres, quipeuvent ainsi se sentir moins isolés. Les responsabilités pédagogiques,administratives, <strong>de</strong> re<strong>la</strong>tions avec <strong>les</strong> parents sont détaillées dans un « cahier<strong>de</strong>s charges <strong>de</strong>s maîtres <strong>de</strong> c<strong>la</strong>sse ou <strong>de</strong> groupe », qui est approuvé par leConseil d’Etat : un nouveau cahier <strong>de</strong>s charges est actuellement en cours <strong>de</strong>réalisation.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


L’AFFECTATION ET LE SERVICE DES ENSEIGNANTS 974 - Les conséquences <strong>de</strong> <strong>la</strong> logique hebdomadaire du service <strong>de</strong>senseignantsa) Le volume horaire hebdomadaire <strong>de</strong>s heures d’enseignementLes décrets du 25 mai 1950 fixent <strong>de</strong>s obligations réglementaires<strong>de</strong> service variant, selon le gra<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’enseignant, entre 15 heures et 38heures hebdomadaires d’enseignement. Cet écart s’est considérablementréduit au cours <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rnières décennies, avec un alignement surl’obligation réglementaire <strong>de</strong> service <strong>de</strong>s certifiés, soit 18 heures, <strong>les</strong>agrégés conservant pour leur part une obligation <strong>de</strong> service <strong>de</strong> 15 heures :- le service <strong>de</strong>s professeurs <strong>de</strong> lycée professionnel est passé <strong>de</strong> 23heures à 18 heures en 2000,- le service <strong>de</strong>s professeurs d’enseignement général en collège estpassé <strong>de</strong> 21 heures à 18 heures,- le service <strong>de</strong>s enseignants du premier <strong>de</strong>gré affectés dans <strong>les</strong>econd <strong>de</strong>gré 94 est passé <strong>de</strong> 24 heures en 1974 à 21 heures en2002 95 .En pratique, <strong>tous</strong> statuts confondus, le volume horairehebdomadaire du service <strong>de</strong>s enseignants a diminué <strong>de</strong> 9% en vingt ans :il est passé <strong>de</strong> 20,1 heures en 1985 à 18,3 heures en 2006. Une foisdéduites <strong>les</strong> différentes décharges <strong>de</strong> service, le nombre d’heuresd’enseignement effectives est passé <strong>de</strong> 18,9 heures à 17,3 heures, soit unebaisse <strong>de</strong> 8,4% 96 .b) Le temps <strong>de</strong> travail hebdomadaire <strong>de</strong>s enseignantsLe service hebdomadaire d’enseignement ne représente pas tout letemps <strong>de</strong> travail <strong>de</strong>s enseignants, qui englobe <strong>les</strong> activités exercées en<strong>de</strong>hors <strong>de</strong> <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse (préparation <strong>de</strong>s cours, correction <strong>de</strong> copies, etc.). Orce temps global <strong>de</strong> travail n’a été appréhendé à ce jour que par <strong>de</strong>senquêtes limitées : le rapport Roché <strong>de</strong> 1999 sur le temps <strong>de</strong> travail dans<strong>la</strong> fonction publique, une enquête du syndicat SGEN-CFDT en 2002,<strong>de</strong>ux enquêtes réalisées par <strong>la</strong> DEPP en 2000 et en 2002 sur quelquescentaines d’enseignants, et enfin une enquête plus récente et plus <strong>la</strong>rge94) Selon <strong>les</strong> données <strong>de</strong> <strong>la</strong> DGRH, ils étaient en 2008 environ 10.830, dont 6.700affectés en SEGPA, 1.670 en EREA et 2.460 dans <strong>les</strong> collèges et lycées.95) Cette réduction a été progressivement opérée par <strong>de</strong> simp<strong>les</strong> circu<strong>la</strong>ires.96) Ces données, provenant <strong>de</strong> <strong>la</strong> DEPP (MEN), portent sur <strong>les</strong> enseignants à tempscomplet (<strong>les</strong> enseignants à temps partiel ont été exclus afin <strong>de</strong> ne pas biaiser <strong>les</strong>résultats).Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


98 COUR DES COMPTESmenée en 2008 par <strong>la</strong> DEPP sur un échantillon représentatif <strong>de</strong> 1.200enseignants du second <strong>de</strong>gré en collège et lycée 97 . Ces données évoquentun temps <strong>de</strong> travail hebdomadaire variant entre 38h (rapport Roché) et44h (enquête SGEN-CFDT). Dans l’enquête menée par <strong>la</strong> DEPP en 2008,<strong>les</strong> enseignants du second <strong>de</strong>gré déc<strong>la</strong>rent avoir enseigné 18h30 lors <strong>de</strong> <strong>la</strong>semaine précédant l’enquête, et consacrer par ailleurs 21 heures parsemaine à l’exercice <strong>de</strong> leur métier, dont 9 heures pour <strong>la</strong> préparation <strong>de</strong>scours : ainsi, selon cette enquête, le temps <strong>de</strong> travail hebdomadairedéc<strong>la</strong>ré par <strong>les</strong> enseignants est <strong>de</strong> 39h30, dont 47% d’enseignement<strong>de</strong>vant <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse 98 .c) Le volume annuel du service <strong>de</strong>s enseignants et <strong>la</strong> question <strong>de</strong>s 36semaines <strong>de</strong> l’année sco<strong>la</strong>ireLes décrets du 25 mai 1950 et du 6 novembre 1992 précisent que<strong>les</strong> enseignants du second <strong>de</strong>gré sont tenus <strong>de</strong> fournir leurs serviceshebdomadaires d’enseignement pendant <strong>la</strong> durée <strong>de</strong> l’année sco<strong>la</strong>ire 99 .L’année sco<strong>la</strong>ire, définie par le co<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’éducation, comprend 36semaines 100 . Or, en pratique, le nombre <strong>de</strong> semaines durant <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> <strong>les</strong>enseignants effectuent leurs obligations réglementaires <strong>de</strong> service peutêtre inférieur à cette durée légale, soit parce que l’établissement est fermé,notamment au mois <strong>de</strong> juin pour cause <strong>de</strong> déroulement d’examens, soitparce que l’enseignant est tenu <strong>de</strong> participer lui-même à l’organisation<strong>de</strong>s examens (participation à <strong>de</strong>s jurys, corrections <strong>de</strong> copies).Dans <strong>les</strong> lycées professionnels, l’année sco<strong>la</strong>ire comporte <strong>de</strong>ssemaines pendant <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> <strong>les</strong> enseignants ne font pas cours en raison <strong>de</strong><strong>la</strong> participation <strong>de</strong>s élèves à <strong>de</strong>s « projets pluridisciplinaires à caractèreprofessionnel » ou à <strong>de</strong>s stages en entreprise (dénommés « pério<strong>de</strong>s <strong>de</strong>formation professionnelle en entreprise »). Le décret du 6 novembre 1992régissant le service <strong>de</strong>s professeurs <strong>de</strong> lycée professionnel prévoit, dans le97) « Enseigner en collège et lycée en 2008 », DEPP (MEN), octobre 2009.98) Les enquêtes antérieures faisaient apparaître que <strong>les</strong> heures <strong>de</strong>vant élèvesreprésentaient 50% du temps <strong>de</strong> travail dans le second <strong>de</strong>gré et 60 % dans le premier<strong>de</strong>gré.99) « Dans l’ensemble <strong>de</strong> l’année sco<strong>la</strong>ire » selon le décret n° 50-581 re<strong>la</strong>tif àl’enseignement du second <strong>de</strong>gré, « dans l’ensemble <strong>de</strong> l’année » selon le décret n° 50-582 re<strong>la</strong>tif à l’enseignement technique, et « dans le courant <strong>de</strong> l’année sco<strong>la</strong>ire »selon le décret n° 50-583 re<strong>la</strong>tif aux professeurs d’éducation physique.100) Article L. 521-1 : « L'année sco<strong>la</strong>ire comporte trente-six semaines au moinsréparties en cinq pério<strong>de</strong>s <strong>de</strong> travail, <strong>de</strong> durée comparable, séparées par quatrepério<strong>de</strong>s <strong>de</strong> vacance <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>sses. Un calendrier sco<strong>la</strong>ire national est arrêté par leministre chargé <strong>de</strong> l'éducation pour une pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> trois années. Il peut être adapté,dans <strong>de</strong>s conditions fixées par décret, pour tenir compte <strong>de</strong>s situations loca<strong>les</strong> ».Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


L’AFFECTATION ET LE SERVICE DES ENSEIGNANTS 99cas <strong>de</strong>s « projets pluridisciplinaires », une possibilité <strong>de</strong> reporter troisheures <strong>de</strong> service sur une autre semaine 101 . Il précise par ailleurs quedurant <strong>les</strong> semaines <strong>de</strong> stage <strong>de</strong>s élèves, l’enseignant doit remplir sesobligations réglementaires <strong>de</strong> service par <strong>de</strong>s heures dédiées à« l’encadrement pédagogique » <strong>de</strong>s élèves 102 . Lorsque ces heures nepermettent pas à l’enseignant <strong>de</strong> fournir <strong>la</strong> totalité <strong>de</strong> ses obligationsréglementaires <strong>de</strong> service, l’article 31 précise que « son service estcomplété, dans <strong>la</strong> même semaine, par une participation aux actions <strong>de</strong>soutien et d'ai<strong>de</strong> aux élèves en difficulté ou, à sa <strong>de</strong>man<strong>de</strong>, par unenseignement en formation continue <strong>de</strong>s adultes ».En 2000, il avait été projeté <strong>de</strong> modifier le décret du 6 novembre1992 en y introduisant le principe <strong>de</strong> l’annualisation du service, enprécisant que <strong>la</strong> durée <strong>de</strong> service <strong>de</strong> 18 heures s’entendait comme unemoyenne hebdomadaire mesurée sur l’année, et qu’elle pouvait varierselon <strong>les</strong> pério<strong>de</strong>s <strong>de</strong> 15 heures à 21 heures. Cette modification n’afinalement pas été retenue.La compensation <strong>de</strong>s semaines <strong>de</strong> stage dans un lycée professionnel <strong>de</strong>l’académie <strong>de</strong> Bor<strong>de</strong>auxPendant <strong>les</strong> quatre à dix semaines <strong>de</strong> stage <strong>de</strong>s élèves, <strong>les</strong> enseignantsaccomplissent un service dans le cadre <strong>de</strong>s dispositions <strong>de</strong> l’article 31 du décretdu 6 novembre 1992. Le lycée tient un cahier <strong>de</strong> bord recensant <strong>les</strong> modalités <strong>de</strong>calcul <strong>de</strong>s heures d’encadrement pédagogique allouées à chaque enseignant. Cesheures sont notamment utilisées par <strong>les</strong> enseignants pour effectuer <strong>de</strong>s visitesdans <strong>les</strong> entreprises où <strong>les</strong> élèves se trouvent en formation. Toutefois, <strong>la</strong> duréeeffective <strong>de</strong> ces visites n’est ni suivie, ni comptabilisée.Il n’est guère facile <strong>de</strong> prendre <strong>la</strong> mesure <strong>de</strong>s semaines <strong>de</strong> c<strong>la</strong>ssenon assurées en raison <strong>de</strong>s examens (établissements fermés ouenseignants participant à l’organisation d’examens), car cel<strong>les</strong>-ci ne sontpas comptabilisées par le ministère. Les seu<strong>les</strong> données disponib<strong>les</strong>proviennent d’une enquête annuelle menée par <strong>la</strong> DEPP <strong>de</strong>puis 1995 dans101) Article 31 : « Lorsqu'en raison du déroulement d'un projet pluridisciplinaire àcaractère professionnel auquel participent <strong>les</strong> élèves d'une division dans <strong>la</strong>quelle ilenseigne, le professeur <strong>de</strong> lycée professionnel n'est pas en mesure d'assurer <strong>la</strong> totalité<strong>de</strong> ses obligations hebdomadaires <strong>de</strong> service, <strong>les</strong> heures dues peuvent, dans <strong>la</strong> limite<strong>de</strong> trois heures, être reportées sur une autre semaine <strong>de</strong> l'année sco<strong>la</strong>ire en courspour être consacrées au projet pluridisciplinaire d'une division dans <strong>la</strong>quelle ceprofesseur enseigne ».102) I<strong>de</strong>m : « Pendant <strong>les</strong> pério<strong>de</strong>s <strong>de</strong> formation en entreprise <strong>de</strong>s élèves d'unedivision, chaque professeur <strong>de</strong> lycée professionnel enseignant dans cette divisionparticipe à l'encadrement pédagogique <strong>de</strong> ces élèves (…) L'encadrement pédagogiqued'un élève est comptabilisé dans le service du professeur pour <strong>de</strong>ux heures parsemaine, dans <strong>la</strong> limite <strong>de</strong> trois semaines par séquence <strong>de</strong> stage ».Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


100 COUR DES COMPTESenviron 1.000 établissements d’enseignement publics sur « <strong>les</strong> heuresd'enseignement non assurées » pour indisponibilité <strong>de</strong>s locaux ou bien <strong>de</strong>sélèves, lorsque ceux-ci sont par exemple en stage.Les heures d’enseignement non assurées en 2006-2007 dans <strong>les</strong>établissements publicsDans <strong>les</strong> établissements <strong>de</strong> l’échantillon analysé par <strong>la</strong> DEPP, <strong>la</strong> proportiond’heures non assurées atteint 6,2 % en moyenne. Elle est <strong>de</strong> 9,1 % dans <strong>les</strong>lycées généraux et technologiques, 6,5 % dans <strong>les</strong> lycées professionnels, et 4,7% dans <strong>les</strong> collèges.L’importance <strong>de</strong> <strong>la</strong> proportion d’heures non assurées dans <strong>les</strong> lycées s’expliquepar <strong>la</strong> fermeture <strong>de</strong>s établissements pour l’organisation <strong>de</strong>s examens : cettefermeture dure en moyenne 2,4 semaines pour <strong>les</strong> lycées d’enseignementgénéral et technologique (soit 6,9 % du temps sco<strong>la</strong>ire), contre 0,5 semaine pour<strong>les</strong> collèges (soit 1,4 %).Dans <strong>les</strong> établissements analysés par <strong>la</strong> Cour, le nombre <strong>de</strong>semaines où l’enseignement n’avait pas été assuré variait en 2008 d’unesemaine et <strong>de</strong>mie dans un collège à trois semaines dans un lycée général.Le service non effectué durant ces semaines ne peut pas être rattrapé,puisque <strong>les</strong> obligations réglementaires <strong>de</strong> service ne sont pas annualisées.Dans son rapport <strong>de</strong> 2006 portant sur <strong>la</strong> grille horaire <strong>de</strong>senseignements au lycée général et technologique, <strong>la</strong> mission d’audit <strong>de</strong>mo<strong>de</strong>rnisation a recommandé <strong>de</strong>s mesures d’organisation <strong>de</strong>s examensvisant à <strong>la</strong> « reconquête <strong>de</strong>s 36 semaines d’enseignement effectif ». Leministère <strong>de</strong> l’éducation <strong>nationale</strong> a indiqué à <strong>la</strong> Cour que, selon unpremier bi<strong>la</strong>n, cet objectif avait été atteint avec un gain effectif <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux àtrois semaines <strong>de</strong> cours selon <strong>les</strong> lieux et <strong>les</strong> niveaux : cette premièreévaluation <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à être confirmée et précisée.d) Les « heures supplémentaires année »Les « heures supplémentaires années » (HSA) sont <strong>de</strong>s heureseffectuées par <strong>les</strong> enseignants durant l’année sco<strong>la</strong>ire à un rythmehebdomadaire, à l’instar <strong>de</strong>s autres heures d’enseignement. El<strong>les</strong> sedifférencient <strong>de</strong>s « heures supplémentaires effectives » (HSE), qui sontutilisées à <strong>de</strong>s rythmes variab<strong>les</strong> pour <strong>de</strong>s actions tel<strong>les</strong> que leremp<strong>la</strong>cement d’enseignants absents ou l’accompagnement personnalisé<strong>de</strong>s élèves. Les HSA servent essentiellement à rémunérer <strong>de</strong>s heuresd’enseignement <strong>de</strong>vant <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse : ainsi un professeur certifié, dont <strong>les</strong>ervice réglementaire est <strong>de</strong> 18 heures <strong>de</strong> cours par semaine, se verraattribuer une HSA par semaine si son service effectif est fixé à 19 heuresd’enseignement.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


L’AFFECTATION ET LE SERVICE DES ENSEIGNANTS 101La part re<strong>la</strong>tive <strong>de</strong>s HSA dans le total <strong>de</strong>s heures d’enseignementtend à augmenter sous <strong>la</strong> conjugaison <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux facteurs : d’une part, unvolume important d’HSA a été ajouté aux moyens alloués aux académiesà <strong>la</strong> rentrée 2007, car <strong>les</strong> emplois qui avaient été supprimés à <strong>la</strong> suite dudécret du 12 février 2007 ont été restitués sous <strong>la</strong> forme d’HSA lorsque cedécret a été abrogé fin août 2007 ; d’autre part, <strong>de</strong>puis 2007, <strong>les</strong>suppressions annuel<strong>les</strong> d’emplois ont été en partie compensées par unehausse <strong>de</strong>s HSA. Parallèlement, le ministère a mis en p<strong>la</strong>ce une politiqueincitant <strong>les</strong> enseignants à effectuer <strong>de</strong>s HSA, avec <strong>de</strong>s mesures généra<strong>les</strong>(défiscalisation <strong>de</strong>s heures supplémentaires instituée par <strong>la</strong> loi du 21 août2007) ou spécifiques à l’éducation <strong>nationale</strong> (création d’une prime <strong>de</strong>500 € au bénéfice <strong>de</strong>s enseignants qui assurent au moins trois HSAd’enseignement 103 ).Au total, on observe <strong>de</strong>puis 2007 une progression importante <strong>de</strong>sHSA. Ainsi, selon <strong>les</strong> données <strong>de</strong> <strong>la</strong> DEPP qui incluent <strong>les</strong> sections <strong>de</strong>techniciens supérieurs et <strong>les</strong> c<strong>la</strong>sses préparatoires aux gran<strong>de</strong>s éco<strong>les</strong>, <strong>les</strong>enseignants du second <strong>de</strong>gré public ont effectué 452.948 HSA durantl’année sco<strong>la</strong>ire 2008-2009, soit en moyenne 1,3 HSA par enseignantcontre 1,0 HSA l’année précé<strong>de</strong>nte.La dépense correspondante au paiement <strong>de</strong>s HSA s’est élevée en2008-2009 à 626 millions d’euros 104 , en hausse <strong>de</strong> 13% par rapport àl’année précé<strong>de</strong>nte. Il convient d’ajouter à cette dépense budgétaire lecoût <strong>de</strong> l’exonération fiscale et sociale <strong>de</strong>s heures supplémentaires, miseen p<strong>la</strong>ce par <strong>la</strong> loi du 21 août 2007 et le décret du 4 octobre 2007 : cecoût est évalué à 320 millions d’euros pour l’ensemble <strong>de</strong>s heuressupplémentaires payées en 2009 aux enseignants du second <strong>de</strong>gré 105 .Ces rémunérations sont réparties très inégalement entre <strong>les</strong>enseignants dans <strong>la</strong> mesure où le nombre d’HSA varie fortement selon letype d’établissement et le niveau d’enseignement :− 46 % <strong>de</strong>s enseignants n’effectuent aucune heure supplémentaire ;ce pourcentage est <strong>de</strong> 52 % en collège et <strong>de</strong> 12 % en CPGE−<strong>les</strong> professeurs certifiés assurent en moyenne 0,9 HSA parsemaine ; <strong>les</strong> professeurs agrégés enseignant dans <strong>les</strong> c<strong>la</strong>ssespréparatoires aux gran<strong>de</strong>s éco<strong>les</strong> ont en moyenne 4 HSA.103) Les crédits <strong>de</strong>mandés dans le projet <strong>de</strong> loi <strong>de</strong> finances pour 2010 pour financercette nouvelle prime s’élèvent à 22 millions d’euros.104) Source : DAF.105) Source : DAFCour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


102 COUR DES COMPTESLes HSA sont payées aux enseignants pour <strong>les</strong> mois al<strong>la</strong>nt <strong>de</strong>septembre à juin, y compris lorsqu’el<strong>les</strong> ne sont pas effectuées pour <strong>de</strong>sraisons liées au fonctionnement du système sco<strong>la</strong>ire, qu’il s’agisse parexemple <strong>de</strong>s huit semaines <strong>de</strong> vacances sco<strong>la</strong>ires intervenant au cours <strong>de</strong>l’année sco<strong>la</strong>ire, entre septembre et juin, ou bien d’une absence <strong>de</strong>s élèvespour cause d’examen ou <strong>de</strong> concours. Cette situation soulève en l’état unproblème <strong>de</strong> régu<strong>la</strong>rité, car, aux termes <strong>de</strong>s textes régissant <strong>la</strong>défiscalisation <strong>de</strong>s heures supplémentaires instituée par <strong>la</strong> loi du 21 août2007, le bénéfice <strong>de</strong> l’exonération fiscale et sociale est réservé à <strong>de</strong>sheures supplémentaires réellement effectuées, et l’employeur doit« s’assurer <strong>de</strong> l’effectivité <strong>de</strong>s heures supplémentaires réalisées » 106 . Lesecrétaire général du ministère a mis en avant <strong>les</strong> modalités <strong>de</strong> liquidation<strong>de</strong>s HSA, qui sont calculées sur une base <strong>de</strong> 36 semaines, pour affirmerque ces heures ne sont pas payées pendant <strong>les</strong> vacances sco<strong>la</strong>iresintervenant en cours d’année. Cette réponse ne résout pas <strong>la</strong> question <strong>de</strong><strong>la</strong> défiscalisation <strong>de</strong>s heures supplémentaires payées pendant <strong>de</strong>s pério<strong>de</strong>sd’absence <strong>de</strong>s élèves pour <strong>de</strong>s raisons d’examen ou <strong>de</strong> concours. LeProcureur général près <strong>la</strong> Cour <strong>de</strong>s comptes a attiré l’attention <strong>de</strong>sministères <strong>de</strong> l’éducation <strong>nationale</strong> et du budget sur ce problèmed’inadaptation <strong>de</strong>s textes aux pratiques <strong>de</strong> l’éducation <strong>nationale</strong>.Au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> ce problème juridique, <strong>la</strong> Cour observe quel’augmentation du nombre d’HSA par enseignant conduit à renforcer lecadre principalement disciplinaire <strong>de</strong> <strong>la</strong> définition <strong>de</strong> leur service : unenseignant effectuant <strong>de</strong>s heures supplémentaires d’enseignement tout aulong <strong>de</strong> l’année est inévitablement moins disponible pour remplir d’autresmissions.* **106) Circu<strong>la</strong>ire du 20 décembre 2007 du ministre du budget.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


L’ELEVE DANS L’ORGANISATION DE L’ENSEIGNEMENTSCOLAIRE 107La France pénalise ainsi fortement ses écoliers avec une journéesurchargée, une semaine concentrée sur quatre jours, et une annéesco<strong>la</strong>ire réduite à 144 jours. Le temps sco<strong>la</strong>ire défini par le ministère <strong>de</strong>l’éducation <strong>nationale</strong> est <strong>de</strong> surcroît contraire à l’égalité <strong>de</strong>s chances,puisque l’école <strong>la</strong>isse souvent à leur sort, durant <strong>la</strong> plus gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong>l’année, <strong>les</strong> élèves appartenant à <strong>de</strong>s milieux sociaux défavorisés. Cettesituation ne peut qu’appeler <strong>les</strong> critiques <strong>les</strong> plus vives, dans <strong>la</strong> mesure oùil contribue à aggraver <strong>les</strong> inégalités tout en mettant <strong>les</strong> élèves <strong>les</strong> plusfragi<strong>les</strong> en situation d’échec dès le début <strong>de</strong> leur sco<strong>la</strong>rité.Le ministère a entamé à cet égard une évolution, puisque <strong>la</strong>circu<strong>la</strong>ire <strong>de</strong> rentrée 2010 110 indique que « en visant avant tout l’intérêt <strong>de</strong>l’enfant… l’organisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> semaine en neuf <strong>de</strong>mi-journées (du lundiau vendredi en incluant le mercredi matin) est encouragée chaque foisqu’elle rencontre l’adhésion ». La DGESCO a indiqué en outre dans uneréponse à <strong>la</strong> Cour qu’un observatoire national du temps sco<strong>la</strong>ire pourraitêtre mis en p<strong>la</strong>ce pour rassembler <strong>de</strong>s expertises complémentaires : pilotépar le ministère, il permettrait d’associer <strong>les</strong> partenaires et <strong>les</strong> usagers à <strong>la</strong>réflexion. La Cour considère toutefois que <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong> cetobservatoire ne saurait retar<strong>de</strong>r une redéfinition du temps sco<strong>la</strong>ire quis’impose dans l’intérêt <strong>de</strong>s élèves.b) La gestion <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux heures d’ai<strong>de</strong> personnaliséeLa généralisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> semaine <strong>de</strong> quatre jours ne facilite pas, parailleurs, l’organisation <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux heures d’ai<strong>de</strong> personnalisée qui sontdésormais prévues pour <strong>les</strong> élèves qui éprouvent <strong>de</strong>s difficultés. Elle peutmême être défavorable à l’objectif recherché. Il faut en effet parvenir àp<strong>la</strong>cer ces <strong>de</strong>ux heures dans une semaine <strong>de</strong> 24 heures sur quatre jours,alors que <strong>les</strong> horaires d’enseignement ne peuvent dépasser six heures parjour 111 . Le ministère <strong>de</strong> l’éducation <strong>nationale</strong> a rappelé à cet égard que« <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux heures <strong>de</strong> soutien aux élèves en difficulté ne sont pascomptabilisés dans <strong>les</strong> 24 heures hebdomadaires, mais sont en sus », etque « pour <strong>les</strong> élèves qui ont <strong>de</strong>s difficultés d’apprentissage, <strong>les</strong> 6 heuresquotidiennes peuvent être dépassées ».Ainsi, le rythme <strong>de</strong> six heures <strong>de</strong> cours par jour, déjà biensupérieur au regard <strong>de</strong>s autres pays, est encore alourdi pour <strong>les</strong> élèves endifficulté, alors que, comme l’a souligné l’IGEN, il s’agit précisément <strong>de</strong>sélèves <strong>les</strong> plus pénalisés dans leurs apprentissages par <strong>de</strong>s journéessurchargées.110) Circu<strong>la</strong>ire n°2010-38 du 16 mars 2010 « Préparation <strong>de</strong> <strong>la</strong> rentrée 2010 », signéepour le ministre et par délégation par le DGESCO.111) Décret du 15 mai 2008.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


108 COUR DES COMPTESIl faut enfin relever que <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux heures d’ai<strong>de</strong>personnalisée soulève parfois <strong>de</strong> sérieuses difficultés d’organisation enraison <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong>s contraintes loca<strong>les</strong> : heures d’ouverture et <strong>de</strong>fermeture <strong>de</strong> l’école, ramassage sco<strong>la</strong>ire, activités péri-éducativesd’accompagnement, etc.2 - Les emplois du temps au collège et au lycéea) Les contraintes <strong>de</strong>s programmes nationaux et <strong>de</strong>s optionsLes emplois du temps sont établis par <strong>les</strong> chefs d’établissement entenant compte <strong>de</strong>s normes <strong>nationale</strong>s qui déterminent un volume horaireannuel pour chacune <strong>de</strong>s disciplines enseignées. Ce cadre national annuel<strong>la</strong>isse en théorie une marge <strong>de</strong> manœuvre dans <strong>la</strong> répartition <strong>de</strong>senseignements tout au long <strong>de</strong> l’année. Mais, en pratique, c’est <strong>la</strong> logiquehebdomadaire qui prévaut, sans véritable modu<strong>la</strong>tion en cours d’année,avec parfois une variation d’une heure une semaine sur <strong>de</strong>ux, maisrépartie <strong>de</strong> manière i<strong>de</strong>ntique tout au long <strong>de</strong>s trimestres.Dans ce contexte, le volume horaire annuel d’enseignementdispensé aux élèves du collège, resté quasiment stable <strong>de</strong>puis 1970, sesitue au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> <strong>la</strong> moyenne <strong>de</strong>s pays européens.Pays ayant le moinsd’heuresNombre d’heures d’enseignement dans <strong>les</strong> collègesEnseignements obligatoiresEnseignementsobligatoireset optionsfacultatives9 à 11 ans 12 à 14 ans 12 à 14 ans640 (Fin<strong>la</strong>n<strong>de</strong>730 (Norvège)741 (Suè<strong>de</strong>)777 (Fin<strong>la</strong>n<strong>de</strong>))741 (Suè<strong>de</strong>)826 (Norvège)Pays ayant le plus d’heures 1000 (Pays-Bas) 1027 (Pays-Bas) 1089 (Italie)France 890 966 1060Angleterre 893 925 925Espagne 794 956 956Italie 913 1001 1089Allemagne 784 883 883Moyenne OCDE 810 892 926Moyenne <strong>de</strong> l’UE (19 pays) 822 888 928Source : OCDE, Regards sur l’Education, 2009Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


L’ELEVE DANS L’ORGANISATION DE L’ENSEIGNEMENTSCOLAIRE 109En outre, le poids <strong>de</strong>s heures obligatoires, imposé par <strong>les</strong> arrêtésministériels fixant <strong>les</strong> programmes nationaux dans chaque discipline, et <strong>la</strong>définition hebdomadaire du service <strong>de</strong>s enseignants limitent fortement <strong>les</strong>possibilités d’adaptation locale en fonction <strong>de</strong>s besoins <strong>de</strong>s élèves.La contrainte <strong>de</strong> <strong>la</strong> logique horaire disciplinaire est encoreaccentuée au lycée. L’horaire annuel du lycéen français est supérieur <strong>de</strong>10 à 20 % à celui <strong>de</strong>s élèves européens qui obtiennent <strong>les</strong> meilleursrésultats dans <strong>les</strong> évaluations inter<strong>nationale</strong>s : sa charge <strong>de</strong> travailhebdomadaire est souvent excessive 112 . Ce constat avait déjà été formulédans le rapport annexé à <strong>la</strong> loi d’orientation <strong>de</strong> 1989 sur l’éducation :« L’utilisation du temps sco<strong>la</strong>ire est mal adaptée aux objectifs actuels <strong>de</strong><strong>la</strong> formation, parce que <strong>les</strong> journées <strong>de</strong> c<strong>la</strong>sse sont trop lour<strong>de</strong>s, <strong>les</strong> tempsmorts trop nombreux, et <strong>la</strong> rigidité et l’uniformité dans <strong>la</strong> gestionpédagogique du temps trop gran<strong>de</strong>s ». Ce jugement a été encorerécemment réitéré par <strong>la</strong> mission d’audit <strong>de</strong> mo<strong>de</strong>rnisation composée <strong>de</strong>sinspections généra<strong>les</strong> ministériel<strong>les</strong>.Pourtant, <strong>la</strong> réforme <strong>de</strong>s lycées professionnels introduite à <strong>la</strong>rentrée 2008 montre qu’une plus gran<strong>de</strong> soup<strong>les</strong>se dans <strong>la</strong> répartition <strong>de</strong>shoraires est réalisable :- le nombre d’heures d’enseignements est fixé globalementpour <strong>les</strong> trois années menant au bacca<strong>la</strong>uréat, et chaque lycéeprofessionnel le répartit selon <strong>les</strong> modalités qu’il choisit, cequi <strong>de</strong>ssine c<strong>la</strong>irement, selon le ministère, une évolution dansle sens <strong>de</strong> l’annualisation <strong>de</strong>s horaires ;- <strong>de</strong>ux heures trente d’accompagnement sont mises en p<strong>la</strong>cechaque semaine pour <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves : ils peuvent donner lieuà un travail interdisciplinaire ou à <strong>de</strong>s actions <strong>de</strong> soutien,selon <strong>les</strong> besoins <strong>de</strong>s élèves. Intégrés dans <strong>les</strong> horairesobligatoires, ils sont organisés par groupes d’élèves.Il est encore trop tôt pour évaluer <strong>tous</strong> <strong>les</strong> effets <strong>de</strong> cette réforme :<strong>les</strong> acteurs <strong>de</strong> terrain et <strong>les</strong> recteurs rencontrés au cours <strong>de</strong> l’enquête ontsignalé que <strong>les</strong> équipes éducatives au sein <strong>de</strong>s EPLE éprouvaient encorebeaucoup <strong>de</strong> difficultés pour tirer pleinement partie <strong>de</strong> ces possibilitésdans l’organisation du temps <strong>de</strong>s élèves. Il sera donc nécessaire <strong>de</strong>disposer rapi<strong>de</strong>ment d’un premier bi<strong>la</strong>n.112) Ainsi, dans un lycée <strong>de</strong> l’académie <strong>de</strong> Clermont-Ferrand, <strong>les</strong> élèves <strong>de</strong> secon<strong>de</strong>ne prenant pas d’option facultative ont un horaire hebdomadaire moyen <strong>de</strong> 31 heures ;<strong>les</strong> autres ont un horaire hebdomadaire <strong>de</strong> 34 heures (voire 36 pour ceux qui fontpartie <strong>de</strong> <strong>la</strong> chorale et <strong>de</strong> l’orchestre <strong>de</strong> l’établissement).Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


110 COUR DES COMPTESLa réforme <strong>de</strong>s lycées généraux et technologiques prévue pour <strong>la</strong>rentrée 2010 a également instauré une certaine soup<strong>les</strong>se pour organiserle temps <strong>de</strong>s élèves : un accompagnement personnalisé <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux heurespar semaine est prévu pour <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves, et <strong>les</strong> heures consacrées àl’enseignement en petits groupes sont i<strong>de</strong>ntifiées dans une enveloppehoraire annuelle spécifique que chaque établissement pourra utiliser selon<strong>les</strong> modalités qui lui paraissent <strong>les</strong> plus uti<strong>les</strong> pour <strong>les</strong> élèves. Il restera,ici encore, à évaluer <strong>la</strong> mise en œuvre concrète <strong>de</strong> cette réforme, et àvérifier en particulier que l’utilisation <strong>de</strong> ces heures ne conduit pas enpratique à un simple dédoublement <strong>de</strong>s enseignements disciplinaires.Outre <strong>la</strong> lour<strong>de</strong>ur horaire, le système d’enseignement au lycée esttrès complexe, car il prévoit une offre importante d’options. La faiblemaîtrise <strong>de</strong> <strong>la</strong> carte <strong>de</strong>s formations généra<strong>les</strong> par <strong>les</strong> services académiquesentraîne en effet un foisonnement d’options dans <strong>de</strong> nombreuxétablissements : par <strong>de</strong>là <strong>les</strong> options obligatoires, le quart <strong>de</strong>s élèves <strong>de</strong>1 ère et <strong>de</strong> terminale suivent ainsi <strong>de</strong>s options facultatives. En 2008, <strong>les</strong>combinaisons d’options que pouvait suivre un élève - options obligatoireset options facultatives - couvraient un panel <strong>de</strong> 36 possibilités en c<strong>la</strong>sse<strong>de</strong> 2 n<strong>de</strong> générale et technologique, 56 en 1 ère , et 64 en terminale. Lenombre d’élèves suivant ces combinaisons d’options était très variable.Ainsi, dans l’académie <strong>de</strong> Clermont-Ferrand, en c<strong>la</strong>sse <strong>de</strong> 1 ère , 208 élèvessuivaient un enseignement <strong>de</strong> LV2 (2 ème <strong>la</strong>ngue vivante), mais celui-cifigurait dans <strong>de</strong> très nombreuses combinaisons limitées à un seulélève pour toute l’académie (par exemple, arts p<strong>la</strong>stiques, grec, et LV2).En 2 n<strong>de</strong> , sur un total <strong>de</strong> 488 élèves, 19 combinaisons sur 36 regroupaientau plus cinq élèves et 12 un seul élève. Le nombre <strong>de</strong> combinaisonsconcernant moins <strong>de</strong> cinq élèves était également très élevé en c<strong>la</strong>sse <strong>de</strong>terminale. La diversité <strong>de</strong> l’offre sco<strong>la</strong>ire au sein d’un mêmeétablissement est donc difficile à gérer, alors même que rien n’indiquequ’elle permet une meilleure prise en charge <strong>de</strong>s élèves.Plusieurs réformes ont tenté <strong>de</strong> remettre en cause <strong>la</strong> lour<strong>de</strong>ur <strong>de</strong>semplois du temps <strong>de</strong>s élèves, avec une efficacité très limitée. La loi du 23avril 2005 d'orientation et <strong>de</strong> programme pour l'avenir <strong>de</strong> l'école a ainsiouvert aux établissements <strong>la</strong> possibilité d’expérimenter <strong>de</strong>s organisationsdifférentes. Mais cette démarche, comme cel<strong>les</strong> qui l’ont précédée, n’estpas parvenue à assouplir l’organisation actuelle.b) La faib<strong>les</strong>se <strong>de</strong> l’approche pluridisciplinaireLes emplois du temps <strong>de</strong>s élèves juxtaposent <strong>de</strong>s enseignementsqui s’enchaînent sans lien entre eux tout au long <strong>de</strong> <strong>la</strong> semaine : c’est àl’élève qu’il revient en définitive d’opérer <strong>la</strong> synthèse entre <strong>de</strong>sdisciplines cloisonnées et d’assurer une mise en cohérence <strong>de</strong>s savoirs.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


L’ELEVE DANS L’ORGANISATION DE L’ENSEIGNEMENTSCOLAIRE 111Les exceptions au caractère disciplinaire <strong>de</strong>s horairesd’enseignement au collège sont limitées à quelques dispositifs : <strong>les</strong> <strong>de</strong>uxheures hebdomadaires d’« itinéraires <strong>de</strong> découverte », qui permettent en4 ème et 3 ème un apprentissage reposant sur <strong>de</strong>ux disciplines, <strong>les</strong> dix heuresannuel<strong>les</strong> <strong>de</strong> « vie <strong>de</strong> c<strong>la</strong>sse » pour <strong>tous</strong> <strong>les</strong> niveaux du collège, assuréespar le professeur principal et consacrées aux problèmes <strong>de</strong> <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse et àl’orientation, et <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux heures hebdomadaires d’ai<strong>de</strong> aux élèves etd’accompagnement <strong>de</strong> leur travail personnel en 6 ème . Au lycée général ettechnologique, <strong>la</strong> principale exception au caractère mono-disciplinaire <strong>de</strong>l’enseignement a été l’introduction <strong>de</strong>s travaux personnels encadrés(TPE). Au lycée professionnel, ont été instaurées <strong>de</strong>puis 2000 <strong>de</strong>s heuresconsacrées aux projets pluridisciplinaires à caractère professionnel(PPCP) 113 .Les itinéraires <strong>de</strong> découverte (IDD)Les itinéraires <strong>de</strong> découverte ont été introduits en c<strong>la</strong>sse <strong>de</strong> 5 ème à <strong>la</strong> rentrée2002 et en 4 ème à <strong>la</strong> rentrée 2003. Des heures spécifiques sont accordées à cetitre dans <strong>la</strong> dotation globale horaire <strong>de</strong>s établissements : ils visent à fairetravailler <strong>les</strong> élèves sur <strong>de</strong>s projets développés <strong>de</strong> manière transdisciplinairepar <strong>de</strong>ux ou plusieurs enseignants.Dès <strong>la</strong> première année <strong>de</strong> généralisation, <strong>la</strong> circu<strong>la</strong>ire <strong>de</strong> préparation <strong>de</strong> <strong>la</strong>rentrée 2003 a accordé aux établissements une certaine soup<strong>les</strong>se dansl’utilisation <strong>de</strong>s moyens dévolus aux IDD : « Dans certaines situations etpour <strong>de</strong>s élèves en gran<strong>de</strong> difficulté, <strong>les</strong> moyens dévolus aux itinéraires <strong>de</strong>découverte pourront être utilisés pour une ai<strong>de</strong> individualisée ». Lesconsignes données pour <strong>la</strong> rentrée 2004 sont allées dans le même sens, enindiquant qu’il était possible « <strong>de</strong> substituer aux IDD d’autres modalitésd’ai<strong>de</strong> aux élèves ». Cette orientation n’a fait que se renforcer <strong>de</strong>puis lors. Enconséquence, <strong>les</strong> IDD ne sont pas mis en p<strong>la</strong>ce dans <strong>tous</strong> <strong>les</strong> collèges 114 :ainsi, dans <strong>les</strong> collèges analysés lors <strong>de</strong> l’enquête <strong>de</strong> <strong>la</strong> Cour, un seul avaitmis en p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong>s IDD. Les inspecteurs d’académie interrogés ont estiméqu’ils ne <strong>de</strong>meuraient plus que <strong>de</strong> manière marginale dans quelques EPLEqui <strong>les</strong> avaient inscrits dans leur projet d’établissement.Les contraintes pesant sur <strong>les</strong> moyens <strong>de</strong>s établissements font que beaucouputilisent <strong>les</strong> heures d’IDD pour dédoubler certains enseignements, alorsmême que l’efficacité <strong>de</strong> cette pratique n’a jamais fait l’objet d’une113) Le PPCP consiste en <strong>la</strong> réalisation totale ou partielle par <strong>les</strong> élèves d'un objectif<strong>de</strong> production ou d'une séquence <strong>de</strong> service, tenant compte <strong>de</strong>s caractéristiques dusecteur professionnel concerné et du niveau du diplôme considéré. Il est par naturel'objet et le produit d'un travail en équipe, tant pour <strong>les</strong> élèves que pour <strong>les</strong>enseignants. Cette démarche recouvre toutes <strong>les</strong> formes <strong>de</strong> coopération entre <strong>les</strong>disciplines.114) Aucun bi<strong>la</strong>n quantitatif <strong>de</strong> ce dispositif n’est établi au niveau national par <strong>la</strong>DGESCO, ni au niveau académique par <strong>les</strong> rectorats.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


112 COUR DES COMPTESévaluation. Dans l’Hérault, par exemple, certains établissements utilisent cesheures pour maintenir un enseignement d’allemand, alors que le nombred’élèves ne justifierait pas l’ouverture d’une option.La réforme du lycée général et technologique qui sera appliquée à<strong>la</strong> rentrée 2010 aux c<strong>la</strong>sses <strong>de</strong> secon<strong>de</strong> vise à faire évoluer à <strong>la</strong> marge lecaractère cloisonné <strong>de</strong>s enseignements : elle prévoit <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ced’enseignements d’exploration et d’un accompagnement personnalisé <strong>de</strong><strong>de</strong>ux heures hebdomadaires comprenant <strong>de</strong>s activités coordonnées <strong>de</strong>soutien, d’approfondissement, d’ai<strong>de</strong> méthodologique, et d’ai<strong>de</strong> àl’orientation, prenant notamment <strong>la</strong> forme, selon le ministère, <strong>de</strong> travauxinterdisciplinaires. Selon <strong>la</strong> manière dont el<strong>les</strong> seront mises en œuvre, cesactivités pourraient donc avoir pour conséquence un développement dutravail entre enseignants <strong>de</strong> disciplines différentes.Par ailleurs, certaines expérimentations interdisciplinaires sontmenées dans <strong>les</strong> collèges 115 : el<strong>les</strong> sont cependant mal connues, peusuivies au niveau académique, et rarement évaluées sur le p<strong>la</strong>n <strong>de</strong>l’organisation pédagogique ou <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong>s élèves qui en bénéficient.El<strong>les</strong> restent margina<strong>les</strong>, car l’organisation du système éducatif ne leur estguère favorable : le temps <strong>de</strong> concertation nécessaire au travailtransdisciplinaire n’est pas prévu dans le service <strong>de</strong>s enseignants, et cesdispositifs sont coûteux en moyens horaires 116 .D’une manière générale, <strong>les</strong> mesures visant à organiser <strong>de</strong>senseignements pluridisciplinaires peinent à s’imposer durablement dansle temps sco<strong>la</strong>ire. Dans ces conditions, seule une partie <strong>de</strong>s élèvess’adapte sans difficultés, d’eux-mêmes ou avec le soutien <strong>de</strong> leur famille,au modèle sco<strong>la</strong>ire actuel, fondé sur un fort cloisonnement disciplinaire<strong>de</strong>s enseignements.c) Une priorité donnée aux souhaits <strong>de</strong>s enseignants dans <strong>les</strong> emploisdu tempsLe chef d’établissement détermine <strong>les</strong> emplois du temps sur <strong>la</strong> base<strong>de</strong> l’article 8 du décret du 30 août 1985 : « En qualité <strong>de</strong> représentant <strong>de</strong>l'Etat au sein <strong>de</strong> l'établissement, le chef d'établissement (…) fixe <strong>les</strong>ervice <strong>de</strong>s personnels dans le respect du statut <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rniers ». Enpratique, <strong>les</strong> emplois du temps <strong>de</strong>s élèves sont é<strong>la</strong>borés à partir, d’unepart, <strong>de</strong>s obligations <strong>de</strong> service <strong>de</strong>s enseignants, qui peuvent varier selonleur corps entre 15 heures et 21 heures <strong>de</strong> cours par semaine, et, d’autre115) Les horaires obligatoires au lycée, qui sont très lourds, ren<strong>de</strong>nt pour l’instantdiffici<strong>les</strong> <strong>de</strong>s innovations <strong>de</strong> cette nature.116) Deux enseignants assurent souvent ensemble l’heure <strong>de</strong> cours.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


L’ELEVE DANS L’ORGANISATION DE L’ENSEIGNEMENTSCOLAIRE 113part, <strong>de</strong>s vœux qu’ils expriment, qui portent souvent sur <strong>les</strong> jours et <strong>les</strong>horaires souhaités, ainsi que sur <strong>les</strong> niveaux dans <strong>les</strong>quels ils désirent ounon enseigner.La prise en compte dans <strong>la</strong> confection <strong>de</strong>s emplois du temps <strong>de</strong>critères favorab<strong>les</strong> aux élèves, notamment par une recherche <strong>de</strong> <strong>la</strong> plusgran<strong>de</strong> continuité possible <strong>de</strong>s cours, afin d’empêcher <strong>de</strong>s sorties troptardives le soir, diminuerait inévitablement <strong>les</strong> marges <strong>de</strong> manœuvreutilisab<strong>les</strong> pour l’é<strong>la</strong>boration <strong>de</strong>s emplois du temps <strong>de</strong>s enseignants. Or<strong>les</strong> chefs d’établissement ont souvent tendance à privilégier ces <strong>de</strong>rniers.Un rapport <strong>de</strong> novembre 2001 <strong>de</strong> l’IGEN a ainsi relevé le poids majeur <strong>de</strong>leurs souhaits dans l’aménagement <strong>de</strong>s emplois du temps, ce queconfirme l’examen par <strong>la</strong> Cour <strong>de</strong>s conditions d’utilisation <strong>de</strong>s outilsinformatiques d’é<strong>la</strong>boration <strong>de</strong>s emplois du temps <strong>les</strong> plus répandus dans<strong>les</strong> établissements, 1.2.Temps et EdT.Les modalités <strong>de</strong> confection informatisée <strong>de</strong>s emplois du temps :l’exemple du logiciel EdTLe chef d’établissement intègre tout d’abord <strong>de</strong>s contraintes extérieures dansle logiciel. Ainsi, <strong>les</strong> heures d’éducation physique et sportive sont souventpositionnées en premier lieu, lorsque <strong>les</strong> locaux sportifs sont partagés et leurshoraires imposés <strong>de</strong> ce fait aux établissements. Une autre contrainteextérieure majeure est celle <strong>de</strong>s horaires <strong>de</strong>s transports sco<strong>la</strong>ires.Les contraintes liées aux disciplines : le chef d’établissement indique parailleurs s’il souhaite que <strong>la</strong> même matière puisse être enseignée plus d’uneheure dans <strong>la</strong> même journée (par défaut le logiciel met une heure aumaximum), ce qui est nécessaire pour certains niveaux (le français en 6 ème,par exemple). Il indique également sur une échelle <strong>de</strong> 1 à 10 <strong>la</strong> prioritéaccordée aux disciplines enseignées : en fonction <strong>de</strong> cette pondération, cesdisciplines seront par exemple positionnées plutôt le matin. Certains collègesattribuent à toutes <strong>les</strong> disciplines le même coefficient <strong>de</strong> priorité.Les contraintes liées aux enseignants : le logiciel peut intégrer, au titre <strong>de</strong>svœux exprimés par <strong>les</strong> enseignants, un nombre d’heures maximumd’enseignement par jour, <strong>de</strong>s p<strong>la</strong>ges horaires à préserver (certains enseignantsne veulent pas travailler tôt, ou bien tard, pour s’occuper <strong>de</strong> leurs enfants parexemple), <strong>de</strong>s p<strong>la</strong>ges libres garanties (un jour entier ou <strong>de</strong>s <strong>de</strong>mi-journées,souvent cel<strong>les</strong> du lundi matin et du vendredi après midi), et <strong>de</strong>s p<strong>la</strong>geshoraires obligatoirement travaillées. Ces contraintes peuvent être fermes ouoptionnel<strong>les</strong> (dans ce <strong>de</strong>rnier cas, l’algorithme <strong>de</strong> calcul ne <strong>les</strong> prendra encompte que si c’est possible). Le chef d’établissement peut enfin déci<strong>de</strong>r <strong>de</strong>prévoir une « barrette », c’est-à-dire une heure commune dans l’emploi dutemps <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> enseignants d’une même matière, pour leur permettre <strong>de</strong>travailler en concertation.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


114 COUR DES COMPTESLes contraintes liées aux c<strong>la</strong>sses : le logiciel peut prendre en compte <strong>de</strong>sp<strong>la</strong>ges d’indisponibilité absolue ou optionnelle (par exemple, pour faireentrer à 9 heures <strong>les</strong> jeunes élèves <strong>de</strong> 6 ème , pour garantir à <strong>tous</strong> une sortie levendredi à 16h30, pour permettre <strong>la</strong> réalisation d’un projet pédagogique enbloquant une ou <strong>de</strong>ux heures par semaine, etc.), ou bien un nombre maximald’heures <strong>de</strong> cours par jour, certaines <strong>de</strong>mi-journées libres,….Les contraintes liées aux sal<strong>les</strong> : certaines sal<strong>les</strong> ne peuvent n’être utiliséesque pour certaines matières (<strong>la</strong>boratoires par exemple).Les contraintes liées aux cours : ces contraintes peuvent être formulées parenseignant ou par c<strong>la</strong>sse (Mme X en français pour <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse <strong>de</strong> 6 ème II, parexemple). Cette étape permet <strong>de</strong> vérifier que le nombre d’heures du tableau<strong>de</strong> répartition <strong>de</strong>s moyens (TRM) est bien atteint pour chaque professeur etque <strong>les</strong> heures d’enseignement réglementaires sont bien attribuées pourchaque niveau.L’introduction <strong>de</strong> critères <strong>de</strong> calcul : le chef d’établissement indique enfinsur une échelle entre 0 et 1000 le poids donné à certains critères : <strong>les</strong> <strong>de</strong>mijournéeslibres (qui ne concernent que <strong>les</strong> enseignants dans l’immensemajorité <strong>de</strong>s situations <strong>de</strong> confection d’emploi du temps), <strong>les</strong> « trous » dansl’emploi du temps <strong>de</strong>s professeurs et dans ceux <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>sses, <strong>les</strong> journéeslibérées (pour <strong>les</strong> enseignants exclusivement), <strong>les</strong> vœux positionnés sur <strong>les</strong>ressources (sal<strong>les</strong>, professeurs, c<strong>la</strong>sses), <strong>les</strong> vœux liés aux cours (ilsconcernent <strong>les</strong> élèves, par exemple pour positionner le français ou <strong>les</strong>mathématiques le matin), <strong>les</strong> cours en <strong>de</strong>mi-heure (qui sont généralementrefusés). Ces critères permettent <strong>de</strong> prendre en compte lors <strong>de</strong>s itérations <strong>de</strong>calcul certaines contraintes plutôt que d’autres : en pratique, il s’agit souventplutôt <strong>de</strong> cel<strong>les</strong> <strong>de</strong>s enseignants, qui sont <strong>les</strong> plus nombreuses (en raison dunombre d’heures d’enseignement qu’ils doivent suivre, notamment au lycée,<strong>les</strong> élèves ont moins <strong>de</strong> p<strong>la</strong>ges horaires disponib<strong>les</strong> que <strong>les</strong> enseignants).L’optimisation : après l’établissement d’un premier emploi du temps par lelogiciel en fonction <strong>de</strong>s contraintes ainsi définies, le chef d’établissementpeut optimiser <strong>la</strong> manière dont <strong>les</strong> cours sont positionnés, en fonction <strong>de</strong> <strong>la</strong>priorité donnée à trois critères : <strong>la</strong> suppression <strong>de</strong>s cours isolés, <strong>les</strong> <strong>de</strong>mijournéeslibres à maintenir et <strong>la</strong> durée cumulée <strong>de</strong>s « trous ». L’optimisationest alors calculée, soit pour <strong>les</strong> professeurs, soit pour <strong>les</strong> c<strong>la</strong>sses, selon ce quesouhaite l’utilisateur. Celui-ci peut en outre accepter ou non <strong>de</strong> dégra<strong>de</strong>r <strong>la</strong>qualité <strong>de</strong>s emplois du temps <strong>de</strong> <strong>la</strong> catégorie pour <strong>la</strong>quelle l’optimisationn’est pas faite. A cette étape, le chef d’établissement peut donc encore unefois privilégier <strong>les</strong> enseignants ou <strong>les</strong> élèves : ainsi, il peut accepter ou refuserque <strong>les</strong> emplois du temps <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>sses aient <strong>de</strong>s « trous », qui rallongent <strong>la</strong>journée sco<strong>la</strong>ire <strong>de</strong>s élèves, <strong>de</strong> même que pour <strong>les</strong> professeurs, qui, dans leursvœux, réc<strong>la</strong>ment <strong>la</strong> plupart du temps <strong>de</strong>s emplois du temps resserrés pour nepas être contraints à une présence sans enseignement dans l’établissement.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


L’ELEVE DANS L’ORGANISATION DE L’ENSEIGNEMENTSCOLAIRE 115La confection <strong>de</strong>s emplois du temps : en fonction du nombre <strong>de</strong> contraintesainsi posées, le logiciel peut aboutir à <strong>de</strong>s taux d’échec importants. Lescontraintes sont alors levées progressivement selon <strong>les</strong> priorités du chefd’établissement. Lorsque le taux d’échec atteint 3 à 5 %, <strong>les</strong> ajustementsultimes sont faits manuellement. Les exemp<strong>les</strong> constatés sur le terrainmontrent <strong>la</strong> difficulté <strong>de</strong> trouver un équilibre satisfaisant entre <strong>les</strong> souhaits<strong>de</strong>s enseignants et <strong>les</strong> besoins <strong>de</strong>s élèves.Cet acte majeur d’organisation qu’est <strong>la</strong> confection <strong>de</strong> l’emploi dutemps <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>sses est <strong>la</strong>issé à l’initiative <strong>de</strong>s chefs d’établissement, sansdiscussion en conseil d’administration ou en conseil pédagogique, nimême information <strong>de</strong>s services académiques : <strong>les</strong> emplois du temps <strong>de</strong>sc<strong>la</strong>sses ne sont plus envoyés au rectorat <strong>de</strong>puis plusieurs années 117 . Cetteabsence <strong>de</strong> regard extérieur est regrettable, car une comparaison <strong>de</strong>semplois du temps <strong>de</strong>s enseignants et <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>sses pourrait permettre <strong>de</strong>vérifier si <strong>les</strong> multip<strong>les</strong> contraintes à prendre en compte ont été conciliéesharmonieusement ou non au bénéfice <strong>de</strong>s élèves. L’emploi du temps <strong>de</strong>sc<strong>la</strong>sses est certes un « compromis », mais il fait parfois apparaître que« l’élève peut être perdu <strong>de</strong> vue », pour reprendre <strong>les</strong> termes d’unproviseur entendu par <strong>la</strong> Cour.Interrogés sur l’absence <strong>de</strong> remontée d’informations sur <strong>les</strong>emplois du temps, <strong>les</strong> rectorats mettent souvent en avant l’autonomie <strong>de</strong>sétablissements. Certains indiquent qu’en l’absence <strong>de</strong> normes et <strong>de</strong>critères définissant un « bon » emploi du temps <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>sses, il serait entout état <strong>de</strong> cause délicat ou vain <strong>de</strong> chercher à apprécier leur qualité,d’autant que <strong>les</strong> critères varient selon <strong>les</strong> élèves : un élève sans difficultéset ayant <strong>de</strong>s activités extérieures peut préférer un emploi du tempscompact, tandis qu’un autre élève aura besoin <strong>de</strong> « trous » dans sonemploi du temps pour étudier.Pour leur part, <strong>les</strong> chefs d’établissement interrogés lors <strong>de</strong>l’enquête ne se sont pas montrés hosti<strong>les</strong> à <strong>la</strong> transmission <strong>de</strong>s emplois dutemps au rectorat. Un proviseur a indiqué que cette procédure montreraitque le ministère, par l’intermédiaire <strong>de</strong> ses échelons déconcentrés,s’intéresse vraiment au « cœur du métier ». Il a également souligné que<strong>les</strong> lettres <strong>de</strong> mission et <strong>les</strong> contrats d’objectifs adressés par <strong>les</strong> recteurspourraient constituer une référence pour évaluer <strong>la</strong> politique menée en <strong>la</strong>matière par le chef d’établissement. Il a enfin estimé que <strong>les</strong> principes quiprési<strong>de</strong>nt à <strong>la</strong> construction <strong>de</strong>s emplois du temps <strong>de</strong>vraient être discutés<strong>de</strong>vant le conseil d’administration <strong>de</strong>s établissements. D’autres chefsd’établissement ont fait valoir que <strong>la</strong> question <strong>de</strong>s priorités à donner dans117) Seuls remontent <strong>les</strong> « états <strong>de</strong> service » détail<strong>la</strong>nt le nombre d’heures effectuéespar <strong>les</strong> enseignants, y compris <strong>les</strong> heures supplémentaires, à <strong>de</strong>s fins <strong>de</strong> paiement.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


116 COUR DES COMPTES<strong>la</strong> confection <strong>de</strong>s emplois du temps se posait principalement au collège,car au lycée, le nombre important d’heures enlève tout <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> liberté.D’autres ont mis l’accent sur <strong>la</strong> possibilité d’utiliser le samedi matincomme une variable permettant d’équilibrer davantage <strong>les</strong> journées : dansun <strong>de</strong>s lycées analysés par <strong>la</strong> Cour, seuls 10 % <strong>de</strong>s enseignants travaillentle samedi matin, alors que le proviseur visait une proportion <strong>de</strong> 30 % à <strong>la</strong>rentrée 2009.En définitive, l’emploi du temps d’une c<strong>la</strong>sse, qui <strong>de</strong>vrait découlerd’un projet pédagogique, résulte avant tout <strong>de</strong> <strong>la</strong> prise en compte d’unensemble <strong>de</strong> contraintes, au premier rang <strong>de</strong>squel<strong>les</strong> figurent cel<strong>les</strong> quidécoulent <strong>de</strong>s vœux <strong>de</strong>s enseignants et du rythme hebdomadaire <strong>de</strong>l’enseignement disciplinaire. Si <strong>la</strong> définition du service <strong>de</strong>s enseignantsétait mise en cohérence avec leurs missions fixées par <strong>la</strong> loi, et si elleprévoyait en conséquence un temps <strong>de</strong> présence dans l’établissement en<strong>de</strong>hors <strong>de</strong>s tâches d’enseignement - par exemple avec <strong>de</strong>s horairesconsacrés à <strong>la</strong> coordination <strong>de</strong>s équipes pédagogiques -, <strong>les</strong> emplois dutemps pourraient être alors établis sur <strong>de</strong>s bases plus compatib<strong>les</strong> avec unrythme favorisant en priorité <strong>les</strong> apprentissages <strong>de</strong>s élèves.A <strong>la</strong> lumière <strong>de</strong> ces constats, <strong>la</strong> Cour estime enfin que <strong>les</strong> conseilspédagogiques et <strong>les</strong> conseils d’administration <strong>de</strong>vraient se saisir chaqueannée <strong>de</strong> <strong>la</strong> question <strong>de</strong>s emplois du temps <strong>de</strong>s élèves : ce seraitl’occasion pour l’équipe pédagogique, mais aussi pour <strong>les</strong> représentants<strong>de</strong>s parents d’élèves, <strong>de</strong> déterminer dans quelle mesure <strong>les</strong> emplois dutemps contribuent à <strong>la</strong> réalisation du projet pédagogique <strong>de</strong>l’établissement et, <strong>de</strong> manière plus générale, à <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong>élèves.B - La gestion <strong>de</strong>s parcours sco<strong>la</strong>ires <strong>de</strong>s élèves1 - Les <strong>la</strong>cunes dans <strong>les</strong> étu<strong>de</strong>s et statistiques <strong>nationale</strong>s sur <strong>les</strong>parcours sco<strong>la</strong>iresLe ministère <strong>de</strong> l’éducation <strong>nationale</strong> ne dispose pas <strong>de</strong> répertoire<strong>de</strong>s élèves permettant <strong>de</strong> <strong>les</strong> recenser par un i<strong>de</strong>ntifiant national et <strong>de</strong> <strong>les</strong>suivre <strong>de</strong> manière anonyme, tout au long <strong>de</strong> leur itinéraire dans le systèmeéducatif. Il ne peut en conséquence mener <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s sur <strong>de</strong>s cohortesd’élèves à <strong>de</strong>s fins d’évaluation <strong>de</strong>s politiques éducatives. Il en résulte <strong>de</strong>fortes limitations en termes <strong>de</strong> statistiques et <strong>de</strong> recherche sur l’efficacité<strong>de</strong> l’enseignement sco<strong>la</strong>ire : <strong>les</strong> données disponib<strong>les</strong> sur <strong>les</strong> parcourssco<strong>la</strong>ires <strong>de</strong>s élèves, sur l’impact <strong>de</strong>s divers facteurs <strong>de</strong> réussite oud’échec (influence <strong>de</strong> l’origine sociale <strong>de</strong>s élèves, du redoublement, <strong>de</strong>sdispositifs <strong>de</strong> soutien et <strong>de</strong> remédiation,…), ou sur <strong>la</strong> mesure duCour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


L’ELEVE DANS L’ORGANISATION DE L’ENSEIGNEMENTSCOLAIRE 117décrochage sco<strong>la</strong>ire, reposent sur quelques rares étu<strong>de</strong>s réalisées par leministère ou <strong>de</strong>s équipes <strong>de</strong> chercheurs. Ainsi, le ministère <strong>de</strong> l’éducation<strong>nationale</strong> n’est pas en mesure d’appréhen<strong>de</strong>r <strong>les</strong> flux <strong>de</strong>s jeunes sortant dusystème sco<strong>la</strong>ire sans qualification : cet indicateur est é<strong>la</strong>boré à partir <strong>de</strong>l’enquête Emploi <strong>de</strong> l’INSEE à partir d’un échantillon <strong>de</strong> jeunes <strong>de</strong> 20 à24 ans qui s’avère trop restreint pour être suffisamment précis.Afin <strong>de</strong> combler cette <strong>la</strong>cune majeure, le projet d’un répertoire <strong>de</strong>sélèves dénommé « base <strong>nationale</strong> <strong>de</strong>s i<strong>de</strong>ntifiants élèves » (BNIE) a été<strong>la</strong>ncé par le ministère <strong>de</strong> l’éducation <strong>nationale</strong> en 2006. Il est prévud’attribuer à chaque élève entrant dans le système sco<strong>la</strong>ire un i<strong>de</strong>ntifiantnational élève (INE), distinct <strong>de</strong> l’i<strong>de</strong>ntifiant national <strong>de</strong>s personnesphysiques (dit NIR) 118 .Le projet <strong>de</strong> <strong>la</strong> BNIE a été déc<strong>la</strong>ré à <strong>la</strong> commission <strong>nationale</strong>informatique et libertés (CNIL) le 15 février 2006 comme « un traitementautomatisé d’informations nominatives dont <strong>la</strong> finalité principale estl’attribution d’un i<strong>de</strong>ntifiant unique pour permettre le suivi <strong>de</strong> <strong>la</strong> sco<strong>la</strong>rité<strong>de</strong> l’élève ». Après <strong>la</strong> transmission <strong>de</strong> certaines précisionscomplémentaires, le directeur <strong>de</strong>s affaires juridiques du ministère <strong>de</strong>l’éducation <strong>nationale</strong> a informé le directeur <strong>de</strong> <strong>la</strong> DEPP, par une note du28 février 2007, que le traitement pouvait être mis en œuvre. Toutefois,l’arrêté ministériel requis pour <strong>la</strong> création <strong>de</strong> ce répertoire national n’a pasencore été pris.Il était prévu initialement <strong>de</strong> recenser <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves dupremier <strong>de</strong>gré avant <strong>la</strong> fin 2009, puis, à une échéance non précisée, <strong>les</strong>élèves du second <strong>de</strong>gré. Le <strong>de</strong>venir du répertoire national <strong>de</strong>s élèvesapparaît cependant incertain et sa mise en œuvre a pris d’ores et déjà duretard : <strong>les</strong> élèves du primaire n’étaient pas <strong>tous</strong> répertoriés à <strong>la</strong> fin 2009.Surtout, <strong>la</strong> décision d’un INE attribué à l’élève durant tout son parcoursdans le système éducatif pourrait être remise en cause : l’élève aurait unnouvel i<strong>de</strong>ntifiant en entrant au collège, ce qui rendrait difficile l’étu<strong>de</strong><strong>de</strong>s parcours sco<strong>la</strong>ires.Parallèlement au projet du répertoire national BNIE, le ministère<strong>de</strong> l’éducation <strong>nationale</strong> a <strong>la</strong>ncé en 2006 un autre projet, spécifique aupremier <strong>de</strong>gré, <strong>de</strong> bases <strong>de</strong> données sur <strong>les</strong> élèves et sur <strong>les</strong> éco<strong>les</strong>. Lesdonnées <strong>de</strong> <strong>la</strong> base élèves, c’est-à-dire l’outil <strong>de</strong> gestion retraçant leurscaractéristiques socio-démographiques et sco<strong>la</strong>ires, permettraient <strong>de</strong>disposer <strong>de</strong> données individuel<strong>les</strong> sur <strong>les</strong> élèves. A partir <strong>de</strong> cette sourcefiabilisée grâce à l’i<strong>de</strong>ntifiant INE, il serait possible <strong>de</strong> constituer <strong>de</strong>sparcours d’élèves et <strong>de</strong> <strong>les</strong> analyser en fonction <strong>de</strong>s caractéristiques <strong>de</strong>s118) L’INE se compose d’un numéro, <strong>de</strong> l’état civil <strong>de</strong> l’élève, et <strong>de</strong>s trois <strong>de</strong>rnièreséco<strong>les</strong> fréquentées.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


118 COUR DES COMPTESélèves et <strong>de</strong> l’école. Par ailleurs, <strong>la</strong> base école <strong>de</strong>vrait permettre <strong>de</strong> fairele lien entre élèves et enseignants et <strong>de</strong> calculer <strong>de</strong>s indicateurs, tels quele nombre d’élèves moyen par c<strong>la</strong>sse ou le pourcentage d’heures <strong>de</strong><strong>la</strong>ngues enseignés par <strong>de</strong>s professeurs d’éco<strong>les</strong> ou <strong>de</strong>s intervenantsextérieurs. Mais là encore le <strong>de</strong>venir du projet est incertain en raison <strong>de</strong>soppositions qu’il a suscitées 119 . Le ministère <strong>de</strong> l’éducation <strong>nationale</strong> adécidé <strong>de</strong> retirer <strong>de</strong> <strong>la</strong> base élèves du premier <strong>de</strong>gré certaines donnéescomme <strong>la</strong> nationalité, <strong>la</strong> catégorie socio-professionnelle <strong>de</strong>s parents ou <strong>la</strong><strong>la</strong>ngue parlée à <strong>la</strong> maison. Les données disponib<strong>les</strong> seront en définitivelimitées 120 et <strong>les</strong> exploitations statistiques éventuel<strong>les</strong> en tout état <strong>de</strong> causeréduites : en particulier, le ministère <strong>de</strong> l’éducation <strong>nationale</strong> ne pourrapas mieux qu’aujourd’hui analyser l’inci<strong>de</strong>nce du milieu social sur <strong>les</strong>parcours <strong>de</strong>s élèves.Les élèves du second <strong>de</strong>gré sont en revanche mieux connus par leministère <strong>de</strong> l’éducation <strong>nationale</strong>. Ils sont recensés par un i<strong>de</strong>ntifiantdans <strong>de</strong>s bases <strong>de</strong> gestion contenant plusieurs données, dont <strong>la</strong> catégoriesocioprofessionnelle <strong>de</strong>s parents. Mais cet i<strong>de</strong>ntifiant est académique :dès lors que l’élève quitte l’académie, le ministère <strong>de</strong> l’éducation<strong>nationale</strong> perd sa trace. Le projet précité <strong>de</strong> <strong>la</strong> BNIE prévoit précisément<strong>de</strong> remp<strong>la</strong>cer ces i<strong>de</strong>ntifiants académiques par l’INE, i<strong>de</strong>ntifiant nationalqui permettrait <strong>de</strong> suivre le parcours <strong>de</strong> l’élève, quel qu’il soit. Toutefois,le développement <strong>de</strong> ce projet reste incertain.Au total, dans le premier <strong>de</strong>gré, l’élève commence à être recensé,mais sans toutes <strong>les</strong> données uti<strong>les</strong> à l’évaluation du système éducatif.Dans le second <strong>de</strong>gré, l’élève est répertorié avec <strong>de</strong>s données socia<strong>les</strong>,mais sa trace est perdue dès qu’il franchit <strong>les</strong> frontières <strong>de</strong> l’académie.L’impossibilité <strong>de</strong> suivre systématiquement <strong>de</strong>s cohortes d’élèves tout aulong <strong>de</strong> leurs parcours sco<strong>la</strong>ires est, comme l’ont indiqué l’IGAEN etl’IGEN, « lour<strong>de</strong> <strong>de</strong> conséquences à <strong>la</strong> fois pour <strong>les</strong> autoritésacadémiques, <strong>les</strong> chefs d’établissement et <strong>les</strong> enseignants, qui, privés <strong>de</strong>119) Le Conseil d’État <strong>de</strong>vrait se prononcer sur un recours. L’affaire a également étéportée <strong>de</strong>vant le comité <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> l’enfant <strong>de</strong> l’ONU : l’avis rendu le 22 juin 2009par ce comité est défavorable au projet du ministère <strong>de</strong> l’éducation <strong>nationale</strong>.120) L’arrêté du 20 octobre 2008 « portant création d’un traitement automatisé <strong>de</strong>données à caractère personnel re<strong>la</strong>tif au pilotage et à <strong>la</strong> gestion <strong>de</strong>s élèves <strong>de</strong>l’enseignement du premier <strong>de</strong>gré » limite étroitement ces données : i<strong>de</strong>ntification etcoordonnées <strong>de</strong> l’élève (nom, prénoms, sexe, date et lieu <strong>de</strong> naissance, adresse <strong>de</strong>rési<strong>de</strong>nce, i<strong>de</strong>ntifiant national élève) ; i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong>s responsab<strong>les</strong> légaux <strong>de</strong>l’élève (nom, prénoms, lien avec l’élève, coordonnées, autorisations, assurancessco<strong>la</strong>ires) ; autres personnes à contacter en cas d’urgence ou autorisées à prendre encharge l’élève à <strong>la</strong> sortie <strong>de</strong> l’école (i<strong>de</strong>ntité, lien avec l’élève, coordonnées) ;sco<strong>la</strong>rité <strong>de</strong> l’élève (dates d’inscription, d’admission et <strong>de</strong> radiation, c<strong>la</strong>sse, niveau,cycle) ; activités périsco<strong>la</strong>ires (gar<strong>de</strong>rie, étu<strong>de</strong>s surveillées, restaurant et transportsco<strong>la</strong>ires).Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


L’ELEVE DANS L’ORGANISATION DE L’ENSEIGNEMENTSCOLAIRE 119cette vision du <strong>de</strong>venir <strong>de</strong> leurs élèves, sont condamnés au pilotage à vue,dans un système discontinu et, volontairement ou non, oublieux. Cetteabsence d’un suivi individuel systématique, qui nécessite unei<strong>de</strong>ntification unique <strong>de</strong> chaque élève tout au long <strong>de</strong> son parcours, estsensible en particulier pour <strong>les</strong> élèves «décrocheurs» qui sortentprématurément du système sco<strong>la</strong>ire public. »Faute <strong>de</strong> pouvoir suivre <strong>de</strong>s cohortes d’élèves, le ministère <strong>de</strong>l’éducation <strong>nationale</strong> a recours à <strong>de</strong>s outils <strong>de</strong> substitution : <strong>les</strong> « panels »d’élèves, comprenant un échantillon <strong>de</strong> quelques milliers d’élèves. A cejour, sept panels ont été suivis : cinq panels d’élèves entrés au collège en1973, 1980, 1989, 1995 et 2007, et <strong>de</strong>ux panels d’élèves entrés au courspréparatoire en 1978 et 1997. Ils constituent à ce jour <strong>la</strong> seule source <strong>de</strong>l’information statistique <strong>nationale</strong> sur le parcours <strong>de</strong>s élèves en France.2 - Un système sco<strong>la</strong>ire discontinua) Une organisation peu cohérenteLe découpage du système sco<strong>la</strong>ire, avec <strong>de</strong>s césures marquéesentre l’école primaire, le collège et le lycée, en gran<strong>de</strong> partie hérité du19 ème siècle, n’est pas cohérent avec l’objectif <strong>de</strong> donner à <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèvesparvenant au terme <strong>de</strong> <strong>la</strong> sco<strong>la</strong>rité obligatoire un socle commun <strong>de</strong>connaissances et <strong>de</strong> compétences et <strong>de</strong> conduire 80% d’une c<strong>la</strong>sse d’âgeau niveau du bacca<strong>la</strong>uréat.L’objectif du socle commun implique <strong>de</strong> réduire <strong>la</strong> rupture entreécole primaire et collège, qui se traduit par <strong>de</strong>s différences, bruta<strong>les</strong> pour<strong>les</strong> élèves <strong>les</strong> plus fragi<strong>les</strong>, entre <strong>les</strong> métho<strong>de</strong>s d’enseignement - unenseignant unique au CM2, une dizaine dès l’entrée au collège -, entre <strong>les</strong>outils <strong>de</strong> suivi mis en œuvre, et entre <strong>les</strong> pratiques d’évaluation <strong>de</strong>srésultats 121 . En outre, dès l’entrée en 6 ème , <strong>tous</strong> <strong>les</strong> enfants, qu’ils en aientou non déjà <strong>les</strong> capacités, doivent mettre en cohérence <strong>de</strong>s savoirsdispensés par plusieurs adultes que rien n’oblige à travailler en équipe.Dans l’ensemble du système sco<strong>la</strong>ire, <strong>la</strong> seule dimensionorganisationnelle qui introduit théoriquement une continuité pédagogiqueentre <strong>les</strong> niveaux est celle du « cycle ». Cette notion est en principecentrale, puisqu’aux termes du co<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’éducation, « <strong>la</strong> sco<strong>la</strong>rité estorganisée en cyc<strong>les</strong> pour <strong>les</strong>quels sont définis <strong>de</strong>s objectifs et <strong>de</strong>sprogrammes nationaux <strong>de</strong> formation comportant une progression121) Ainsi, <strong>les</strong> évaluations diagnostiques pratiquées dans le primaire sontabandonnées dans le second <strong>de</strong>gré.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


120 COUR DES COMPTESannuelle ainsi que <strong>de</strong>s critères d’évaluation » 122 . Or, elle est en réalité peuprésente : ainsi, <strong>la</strong> règle selon <strong>la</strong>quelle on ne redouble pas au sein d’uncycle - par exemple « le cycle <strong>de</strong>s approfondissements » à l’écoleprimaire en CE2, CM1, et CM2, ou « le cycle central » du collège en5 ème -4 ème - n’est en pratique pas appliquée.b) Un suivi <strong>de</strong> <strong>la</strong> sco<strong>la</strong>rité mal assuréLa régu<strong>la</strong>tion du cursus <strong>de</strong>s élèves se déroule essentiellement sur lerythme <strong>de</strong> l’année sco<strong>la</strong>ire. A contrario, une approche pluriannuelle,permettant <strong>de</strong> suivre <strong>les</strong> progressions <strong>de</strong>s élèves sur <strong>la</strong> durée totale <strong>de</strong> leursco<strong>la</strong>rité, reste encore limitée. Cette situation aboutit à gérer <strong>les</strong> parcourssco<strong>la</strong>ires à partir d’appréciations ponctuel<strong>les</strong> et isolées d’une année surl’autre : le parcours sco<strong>la</strong>ire apparaît ainsi, non comme un processusconstruit, mais comme l’addition d’appréciations <strong>de</strong> c<strong>la</strong>sses et d’annéesindépendantes et dépourvues <strong>de</strong> visées cohérentes sur le parcours d’unélève. Le conseil <strong>de</strong> l’emploi, <strong>de</strong>s revenus et <strong>de</strong> <strong>la</strong> cohésion sociale(CERC) a ainsi souligné ( 123 ) <strong>les</strong> incohérences <strong>de</strong> gestion <strong>de</strong>s parcours quirésultent <strong>de</strong> ces pratiques : « Une <strong>de</strong>s particu<strong>la</strong>rités du système sco<strong>la</strong>irefrançais est, jusqu’à présent, <strong>de</strong> pratiquer le tout ou rien. D’un côté, unélève passe d’une c<strong>la</strong>sse à <strong>la</strong> suivante au vu d’une moyenne ; si <strong>la</strong> nonmaîtrised’un domaine n’affecte pas le passage à l’étape suivante, l’élèverisque <strong>de</strong> décrocher encore plus ; si l’élève redouble, il va <strong>de</strong>voirretravailler, et <strong>de</strong> manière i<strong>de</strong>ntique, <strong>les</strong> matières déjà maîtrisées avec <strong>les</strong>entiment <strong>de</strong> perdre son temps. D’un autre côté, un élève qui n’atteint pasun diplôme ne peut attester <strong>de</strong>s connaissances/compétences cependantacquises dans certains domaines ».Le fractionnement du système sco<strong>la</strong>ire est aggravé par l’absence <strong>de</strong>suivi <strong>de</strong>s élèves par <strong>les</strong> équipes pédagogiques successives. Lors <strong>de</strong> sonenquête, <strong>la</strong> Cour a constaté que <strong>les</strong> différents établissements dans <strong>les</strong>quelsl’élève effectue sa sco<strong>la</strong>rité communiquaient peu ou pas entre eux, audétriment <strong>de</strong>s élèves en difficulté : <strong>les</strong> parcours sco<strong>la</strong>ires individuels <strong>de</strong>sélèves et leurs caractéristiques personnel<strong>les</strong> ne sont pas suffisammentconnus. Même si <strong>les</strong> livrets du premier <strong>de</strong>gré sont en principe envoyés aucollège et <strong>les</strong> livrets <strong>de</strong> 3 ème au lycée, ils ne sont souvent au mieuxconsultés qu’au moment <strong>de</strong> <strong>la</strong> composition <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>sses <strong>de</strong> 6 ème et <strong>de</strong> 2 n<strong>de</strong> .De même, en sens inverse, <strong>les</strong> établissements d’accueil envoient <strong>les</strong> troispremiers bulletins trimestriels <strong>de</strong> 6 ème et <strong>de</strong> 2 n<strong>de</strong> à l’école ou au collèged’origine <strong>de</strong> l’élève, mais ces données sont très inégalement exploitées etn’ont aucune conséquence pour l’établissement d’origine.122) Article L. 311-1 du co<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’éducation.123) CERC, mai 2008 : « L’insertion <strong>de</strong>s jeunes sans diplôme : un <strong>de</strong>voir national »Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


L’ELEVE DANS L’ORGANISATION DE L’ENSEIGNEMENTSCOLAIRE 121La situation est différente dans d’autres systèmes éducatifs, où <strong>les</strong>uivi <strong>de</strong> l’élève est assuré <strong>de</strong> manière organisée par <strong>les</strong> équipes éducativessuccessives, ainsi que le montre l’exemple <strong>de</strong> l’Ecosse.Le suivi <strong>de</strong>s élèves en EcosseLe parcours <strong>de</strong>s élèves est retracé dans un ensemble <strong>de</strong> documents,disponib<strong>les</strong> pour <strong>les</strong> équipes enseignantes : chaque élève a un dossiersco<strong>la</strong>ire individuel, comprenant ses résultats aux différentes évaluations dupremier comme du second <strong>de</strong>gré, et le détail <strong>de</strong>s p<strong>la</strong>ns <strong>de</strong> soutienindividualisé qu’il a suivis.Dans le premier <strong>de</strong>gré, <strong>les</strong> questions liées aux règ<strong>les</strong> <strong>de</strong> discipline sonttraitées par le chef d’établissement, qui est par ailleurs le responsablehiérarchique <strong>de</strong>s enseignants et qui est totalement déchargé <strong>de</strong> cours.Dans le second <strong>de</strong>gré, <strong>les</strong> élèves sont regroupés par c<strong>la</strong>sse, ce qui nesignifie pas qu’ils suivent tout au long <strong>de</strong> l’année <strong>les</strong> mêmes cours queleurs camara<strong>de</strong>s : ils assistent à tel ou tel cours en fonction <strong>de</strong> leur niveau,qui a été évalué (<strong>les</strong> élèves peuvent donc changer <strong>de</strong> niveau en coursd’année), ainsi que <strong>de</strong>s options qu’ils choisissent <strong>de</strong> suivre.Très souvent <strong>les</strong> enseignants ont à gérer pendant <strong>la</strong> même heure <strong>de</strong>sélèves venant <strong>de</strong> c<strong>la</strong>sses différentes et ayant <strong>de</strong>s niveaux différents.Chaque c<strong>la</strong>sse est suivie par un professeur principal qui voit <strong>les</strong> élèves <strong>tous</strong><strong>les</strong> jours pendant dix minutes avant le début <strong>de</strong>s cours et est chargé dusuivi quotidien <strong>de</strong>s absences et <strong>de</strong>s difficultés que peuvent rencontrer <strong>les</strong>élèves, en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong>s questions relevant strictement d’un enseignementdisciplinaire. Ils sont <strong>les</strong> premiers interlocuteurs <strong>de</strong>s élèves.Il existe également dans <strong>les</strong> établissements du second <strong>de</strong>gré <strong>de</strong>senseignants plus particulièrement chargés du suivi <strong>de</strong>s élèves, <strong>les</strong>« guidance teachers ». Il y en a ainsi six dans un établissement <strong>de</strong> 1.000élèves. Ils sont responsab<strong>les</strong> du suivi <strong>de</strong> l’élève sur plusieurs années.Les effectifs <strong>de</strong>s établissements sont regroupés dans <strong>de</strong>s « maisons » (ou« nations » à <strong>la</strong> Royal High School d’Edimbourgh), auxquel<strong>les</strong> ils sontrattachés pendant tout le temps <strong>de</strong> leur présence dans l’établissement etdont est responsable un « guidance teacher » c<strong>la</strong>irement i<strong>de</strong>ntifié. Cesenseignants sont chargés <strong>de</strong> cours disciplinaires (12 heures par semaine)pour ne pas perdre leur compétence pédagogique. Ils sont responsab<strong>les</strong> <strong>de</strong>l’enseignement <strong>de</strong> <strong>la</strong> matière « PSE » (personal and social education),série <strong>de</strong> cours abordant <strong>les</strong> problèmes <strong>de</strong> santé et <strong>de</strong> société (éducationroutière, lutte contre <strong>les</strong> addictions, p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong>s femmes dans <strong>la</strong> société parexemple).Les « guidance teachers » sont aussi responsab<strong>les</strong> <strong>de</strong> c<strong>la</strong>sses (environhuit), en lien avec <strong>les</strong> professeurs principaux, dans le cadre <strong>de</strong> rencontrescollectives régulières (au moins une par trimestre et par c<strong>la</strong>sse). Ilss’occupent <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong> <strong>la</strong> « vie sco<strong>la</strong>ire » <strong>de</strong> l’élève, au sens français<strong>de</strong> ce terme, et coordonnent <strong>les</strong> actions éventuellement nécessaires avec<strong>de</strong>s intervenants extérieurs (services sociaux, par exemple).Les « <strong>de</strong>puty head teachers » sont <strong>de</strong>s enseignants déchargés <strong>de</strong> <strong>la</strong> plupart<strong>de</strong> leurs cours et qui sont le re<strong>la</strong>is <strong>de</strong>s « guidance teachers » : ils règlentCour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


122 COUR DES COMPTESavec ceux-ci <strong>les</strong> problèmes <strong>de</strong> discipline au sein <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>sses dont ils ontplus particulièrement <strong>la</strong> responsabilité au sein <strong>de</strong> l’établissement. Ilsassistent le chef d’établissement dans sa mission d’organisationpédagogique et sont <strong>les</strong> interlocuteurs <strong>de</strong>s responsab<strong>les</strong> <strong>de</strong> disciplines.Dans un établissement <strong>de</strong> 1.000 élèves, on compte trois « <strong>de</strong>puty headteachers ».Les « guidance teachers » bénéficient <strong>de</strong> l’appui d’un personne<strong>la</strong>dministratif. Il en va <strong>de</strong> même pour <strong>les</strong> chefs d’établissement, qui ontauprès d’eux, en particulier, une personne chargée d’organiser <strong>les</strong> emploisdu temps <strong>de</strong>s élèves et <strong>de</strong>s enseignants, qui varient au cours <strong>de</strong> l’année. Ilsorganisent notamment <strong>la</strong> prise en charge <strong>de</strong>s élèves par un enseignantquand un professeur est absent.De nombreux enseignants sont donc chargés <strong>de</strong> suivre <strong>les</strong> élèves pendantleurs années <strong>de</strong> présence dans l’établissement. Ils viennent en appui <strong>de</strong>sprofesseurs chargés au quotidien <strong>de</strong>s élèves.En France, à <strong>tous</strong> <strong>les</strong> niveaux d’enseignement, <strong>les</strong> informations sur<strong>les</strong> dispositifs <strong>de</strong> soutien auxquels l’élève a pu participer dans sonparcours antérieur ne sont pas facilement accessib<strong>les</strong> en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong>l’établissement dans lequel il est affecté. A cet égard, toutefois, unedistinction doit être opérée entre le premier et le second <strong>de</strong>grés.Le premier <strong>de</strong>gré, confronté <strong>de</strong>puis plus d’un siècle à <strong>la</strong> gestiond’un enseignement <strong>de</strong> masse, réussit globalement mieux à maîtriser <strong>les</strong>conditions nécessaires au suivi individuel <strong>de</strong>s élèves : un temps <strong>de</strong>concertation entre <strong>les</strong> enseignants et avec <strong>les</strong> famil<strong>les</strong> est intégré dans <strong>la</strong>définition du service <strong>de</strong>s enseignants, <strong>de</strong>s outils évaluent <strong>les</strong> résultats <strong>de</strong>sélèves pour mettre en p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong>s dispositifs <strong>de</strong> remédiation, <strong>la</strong> notion <strong>de</strong>compétence est plus fréquemment utilisée pour mesurer <strong>les</strong> progrès <strong>de</strong>sélèves, etc. De fait, <strong>de</strong>s outils <strong>de</strong> suivi et d’évaluation, <strong>de</strong> nature diverse,sont souvent disponib<strong>les</strong>, même s’ils ne sont pas utiliséssystématiquement dans le cadre d’un suivi pluriannuel du parcours <strong>de</strong>sélèves, comme le montrent <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux exemp<strong>les</strong> exposés ci-après.Les outils <strong>de</strong> suivi <strong>de</strong>s élèves dans le premier <strong>de</strong>gréUne école <strong>de</strong> l’académie <strong>de</strong> Clermont-Ferrand :Un livret sco<strong>la</strong>ire est constitué par cycle (CE1-CE2, puis CM1-CM2),selon un modèle propre à l’école. Il énumère <strong>les</strong> compétences par niveauet par trimestre, et est accompagné d’un bi<strong>la</strong>n annuel. Ce livret est signé enfin <strong>de</strong> cycle par <strong>les</strong> parents, tout comme <strong>les</strong> bi<strong>la</strong>ns annuels. Il recense pargrands items (« maîtrise <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue française », « vivre ensemble », EPS,mathématiques, « découvrir le mon<strong>de</strong> ») <strong>les</strong> différentes compétencesrequises (par exemple, pour un élève <strong>de</strong> cycle 2 « participer à un échangeen respectant <strong>les</strong> règ<strong>les</strong> d’écoute », « comparer <strong>de</strong>s longueurs »,« distinguer le passé récent du passé plus éloigné », etc.). Pour chacune<strong>de</strong>s compétences, il indique ce qui est acquis, en cours d’acquisition, ounon acquis. Un livret analogue existe également dans le cycle « gran<strong>de</strong>Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


L’ELEVE DANS L’ORGANISATION DE L’ENSEIGNEMENTSCOLAIRE 123section-CP » pour <strong>les</strong> mathématiques et <strong>la</strong> maîtrise <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue. Dans ledossier <strong>de</strong>s élèves, figurent également <strong>de</strong>s attestations <strong>de</strong> premièreéducation à <strong>la</strong> route, <strong>de</strong> maîtrise <strong>de</strong> <strong>la</strong> plupart <strong>de</strong>s compétences prévues parle BII « école » (brevet informatique et internet), ou encore le suivi <strong>de</strong>l’enseignement <strong>de</strong> <strong>la</strong> natation.Un groupe sco<strong>la</strong>ire <strong>de</strong> l’académie <strong>de</strong> Bor<strong>de</strong>aux :Le dossier individuel élève comporte <strong>de</strong>s fiches d’évaluation <strong>de</strong> fin <strong>de</strong>cycle, avec <strong>de</strong>s observations <strong>de</strong> l’enseignant et d’éventuels commentaires<strong>de</strong>s parents. Les années sco<strong>la</strong>ires sont organisées sur cinq pério<strong>de</strong>s avec, à<strong>la</strong> fin <strong>de</strong> chacune d’entre el<strong>les</strong>, une évaluation <strong>de</strong>s compétences.Dans le second <strong>de</strong>gré, en revanche, <strong>la</strong> situation est moins favorableau suivi <strong>de</strong>s élèves. En effet, <strong>les</strong> notions d’historique <strong>de</strong>s parcours et <strong>de</strong>capitalisation <strong>de</strong>s acquis y sont <strong>la</strong>rgement étrangères. Ainsi, aujourd’hui,un enseignant <strong>de</strong> mathématiques ne sait pas dans quelle mesure leprogramme <strong>de</strong>s années antérieures a été exécuté, et un enseignant <strong>de</strong>français ne sait pas forcément quel<strong>les</strong> œuvres littéraires ont étéprécé<strong>de</strong>mment étudiées. Des outils <strong>de</strong> suivi <strong>de</strong>s parcours <strong>de</strong>s élèvesexistent pourtant. Mais ils sont le plus souvent surtout utilisés par <strong>les</strong>conseillers principaux d’éducation dans le cadre <strong>de</strong> <strong>la</strong> « vie sco<strong>la</strong>ire », en<strong>de</strong>hors <strong>de</strong>s phases d’apprentissage. En outre, ils sont très divers selon <strong>les</strong>académies, <strong>les</strong> départements, et <strong>les</strong> établissements, comme le montrent <strong>les</strong>exemp<strong>les</strong> suivants.Les outils <strong>de</strong> suivi <strong>de</strong>s élèves dans le second <strong>de</strong>gréUn collège <strong>de</strong> l’académie <strong>de</strong> Clermont-Ferrand :Le collège, c<strong>la</strong>ssé en éducation prioritaire, a mis en p<strong>la</strong>ce un outil pour <strong>les</strong>6 ème qui ont <strong>de</strong>s difficultés à s’adapter, appelé B2A ou « brevetd’autonomie et d’application », qui recense <strong>les</strong> informations transmisesdans le cahier <strong>de</strong> textes <strong>de</strong> <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse. Les professeurs se répartissent <strong>les</strong>missions, au cours <strong>de</strong> l’année, consistant à apprendre aux élèves à utiliserleur matériel sco<strong>la</strong>ire, à organiser leur travail personnel, ou à êtreautonomes, à partir <strong>de</strong> l’énoncé <strong>de</strong> compétences précises (« remplircorrectement son cahier <strong>de</strong> texte personnel », « copier sans faute <strong>la</strong> leçonécrite au tableau », « savoir se servir d’un dictionnaire », « savoirapprendre une leçon », « utiliser le CDI en respectant <strong>les</strong> règ<strong>les</strong> <strong>de</strong>fonctionnement », etc.). A <strong>la</strong> fin <strong>de</strong> l’année un « diplôme » est délivré, et<strong>les</strong> parents sont informés à travers <strong>de</strong>s fiches méthodologiques.Il existe aussi une fiche <strong>de</strong> suivi du comportement en cas d’avertissement,remplie chaque semaine par <strong>les</strong> enseignants (« a ses affaires », « a fait sontravail », « est attentif », « comportement correct »), et que <strong>les</strong> parentssignent chaque semaine.Toutefois, il n’existe pas <strong>de</strong> fiche <strong>de</strong> suivi systématique pour <strong>tous</strong> <strong>les</strong>élèves, sauf pour <strong>les</strong> données administratives, et donc pas <strong>de</strong> véritabledossier retraçant leur parcours sco<strong>la</strong>ire.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


124 COUR DES COMPTESUne cité sco<strong>la</strong>ire <strong>de</strong> l’académie d’Aix-Marseille :Une fiche d’une page récapitule pour chaque élève <strong>les</strong> appréciations <strong>de</strong><strong>tous</strong> ses conseils <strong>de</strong> c<strong>la</strong>sse par trimestre et par niveau. Cette fiche estconservée au service <strong>de</strong> vie sco<strong>la</strong>ire. Il existe en outre une commission <strong>de</strong>suivi <strong>de</strong>s élèves ayant <strong>de</strong>s difficultés sco<strong>la</strong>ires ou personnel<strong>les</strong>, au collègeou au lycée. Cette commission se réunit <strong>tous</strong> <strong>les</strong> 15 jours : elle comprendl’adjoint au proviseur, le professeur principal, l’assistante sociale, leconseiller principal d’éducation, et parfois le mé<strong>de</strong>cin sco<strong>la</strong>ire et leconseiller d’orientation psychologue.Au total, au collège et au lycée, il n’y a pas, sauf exception, <strong>de</strong>dossier <strong>de</strong> l’élève reprenant toutes <strong>les</strong> données re<strong>la</strong>tives à son parcours surl’ensemble <strong>de</strong> sa sco<strong>la</strong>rité. L’initiative est <strong>la</strong>issée en <strong>la</strong> matière aux chefsd’établissement qui ne disposent pas encore d’outils couvrant tout <strong>les</strong>econd <strong>de</strong>gré.Le « livret personnel <strong>de</strong> compétences », qui suit <strong>les</strong> acquis <strong>de</strong>sélèves dans le cadre du socle commun, a été expérimenté <strong>de</strong>puis 2007-2008 dans certaines éco<strong>les</strong> et collèges 124 . A <strong>la</strong> rentrée 2009, il <strong>de</strong>vait êtregénéralisé à <strong>tous</strong> <strong>les</strong> collèges, ce que <strong>la</strong> Cour n’a pu vérifier, compte tenu<strong>de</strong> <strong>la</strong> date récente <strong>de</strong> sa mise en œuvre. Ce document regroupe <strong>de</strong>sattestations sur l’acquisition par <strong>les</strong> élèves <strong>de</strong>s compétences etconnaissances du socle commun au palier 3, qui est le palier final <strong>de</strong> <strong>la</strong>sco<strong>la</strong>rité obligatoire. Il fait suite aux attestations <strong>de</strong> maîtrise <strong>de</strong>scompétences <strong>de</strong>s paliers précé<strong>de</strong>nts, qui figurent désormais dans le livretsco<strong>la</strong>ire transmis au collège lors du passage du CM2 à <strong>la</strong> 6 ème , et qui estutilisé dans <strong>les</strong> éco<strong>les</strong> primaires <strong>de</strong>puis 2008.Le ministère annonce également <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce d’un livret <strong>de</strong>compétences dématérialisé dans le premier <strong>de</strong>gré, premier outil unifié auniveau national <strong>de</strong> liaison entre l’école et le collège. Il permettra <strong>de</strong>collecter <strong>les</strong> résultats individuels <strong>de</strong>s élèves et d’en assurer un suivirégulier, tout en respectant <strong>les</strong> principes posés par <strong>la</strong> CNIL. En outre, aucollège, un livret <strong>de</strong> compétences informatisé, permettant <strong>de</strong> vali<strong>de</strong>rprogressivement l’acquisition <strong>de</strong>s connaissances et <strong>de</strong>s compétences du124) En application <strong>de</strong> l’article D311-6 du co<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’éducation, le livret personnel <strong>de</strong>compétences est rempli « à l'école élémentaire publique par <strong>les</strong> enseignants du cycleréunis en conseil <strong>de</strong>s maîtres <strong>de</strong> cycle, au collège et au lycée par le professeurprincipal ». Par ailleurs, « si, au terme <strong>de</strong> <strong>la</strong> sco<strong>la</strong>rité obligatoire, un élève ne maîtrisepas le socle commun <strong>de</strong> connaissances et <strong>de</strong> compétences permettant <strong>la</strong> poursuite <strong>de</strong><strong>la</strong> sco<strong>la</strong>rité, un bi<strong>la</strong>n personnalisé lui est proposé. Il précise <strong>les</strong> éléments <strong>de</strong> réussitedu parcours <strong>de</strong> l'élève ». Chaque enseignant responsable est chargé <strong>de</strong> situer <strong>les</strong>progressions annuel<strong>les</strong> dans le parcours <strong>de</strong> l’élève, en cohérence avec <strong>les</strong>appréciations précé<strong>de</strong>ntes. De même, chaque établissement est solidaire <strong>de</strong>s suivantsdans <strong>la</strong> gestion du parcours, puisque « le livret personnel <strong>de</strong> compétences est transmisaux éco<strong>les</strong> et établissements dans <strong>les</strong>quels est inscrit l'élève ou l'apprenti jusqu'à <strong>la</strong>fin <strong>de</strong> <strong>la</strong> sco<strong>la</strong>rité obligatoire ».Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


L’ELEVE DANS L’ORGANISATION DE L’ENSEIGNEMENTSCOLAIRE 125socle commun, est également expérimenté. Ce dispositif <strong>de</strong>vrait êtregénéralisé en 2011. Des gril<strong>les</strong> <strong>de</strong> référence précisant <strong>les</strong> niveauxd’exigence attendus seront par ailleurs mises à <strong>la</strong> disposition <strong>de</strong>senseignants 125 .Il est nécessaire que le ministère poursuive <strong>les</strong> efforts engagés afin<strong>de</strong> doter <strong>les</strong> enseignants et <strong>les</strong> équipes pédagogiques <strong>de</strong>s outils permettantun meilleur suivi <strong>de</strong> leurs élèves tout au long <strong>de</strong> leur sco<strong>la</strong>rité, ce quisuppose une définition rigoureuse <strong>de</strong>s éléments à col<strong>la</strong>tionner sur <strong>les</strong>résultats <strong>de</strong>s élèves, <strong>de</strong> <strong>la</strong> durée <strong>de</strong> conservation <strong>de</strong>s données, et <strong>de</strong>sconditions d’accès à ces informations.3 - Une composition <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>sses peu contrôléeLa politique <strong>de</strong> constitution <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>sses est un acte d’organisationmajeur : elle est réalisée <strong>de</strong> manière tout à fait autonome au sein <strong>de</strong>séco<strong>les</strong> et <strong>de</strong>s établissements ; elle est par ailleurs un outil fondamental <strong>de</strong><strong>la</strong> mixité sociale et sco<strong>la</strong>ire.Il convient d’observer, à cet égard, que <strong>la</strong> recherche <strong>de</strong>l’hétérogénéité <strong>de</strong>s niveaux sco<strong>la</strong>ires au sein <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>sses est davantageperçue par <strong>de</strong> nombreux acteurs comme une contrainte que comme unobjectif souhaitable. Le refus <strong>de</strong> cette hétérogénéité est fort chez certainsprofesseurs comme chez certains parents, qui estiment qu’il vaut mieuxorganiser <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>sses <strong>de</strong> niveau, où <strong>les</strong> élèves sont censés pouvoirprogresser collectivement à un rythme plus soutenu. De même, certainsétablissements constituent officieusement <strong>de</strong> tel<strong>les</strong> c<strong>la</strong>sses, à partir <strong>de</strong>certains choix d’options ou <strong>de</strong> sections, afin <strong>de</strong> pouvoir y conserver leursmeilleurs élèves.Le ministère <strong>de</strong> l’éducation <strong>nationale</strong> recomman<strong>de</strong> fortement <strong>la</strong>constitution <strong>de</strong> c<strong>la</strong>sses hétérogènes, tant dans le premier que dans <strong>les</strong>econd <strong>de</strong>gré, c’est-à-dire le regroupement au sein <strong>de</strong> <strong>la</strong> même c<strong>la</strong>ssed’élèves <strong>de</strong> niveaux sco<strong>la</strong>ires différents. En effet, il observe que, dans <strong>de</strong>sc<strong>la</strong>sses hétérogènes, <strong>les</strong> élèves faib<strong>les</strong> progressent nettement plus que s’ilsétaient restés entre eux. Le constat effectué au niveau <strong>de</strong>s établissementsest sans ambiguïté : ceux qui pratiquent une politique <strong>de</strong> c<strong>la</strong>sses <strong>de</strong> niveauenregistrent <strong>de</strong>s résultats globaux moindres que <strong>les</strong> autres, car, même si<strong>les</strong> élèves <strong>les</strong> plus forts progressent, cet effet ne permet pas <strong>de</strong> compenserle recul <strong>de</strong> <strong>la</strong> performance moyenne entraîné par le regroupement <strong>de</strong>sélèves <strong>les</strong> plus faib<strong>les</strong>.125) Ces outils existent actuellement pour <strong>la</strong> compétence 2 (maîtrise d’une <strong>la</strong>nguevivante étrangère), <strong>la</strong> compétence 3 (mathématiques et culture scientifique) et <strong>la</strong>compétence 4 (maîtrise <strong>de</strong>s techniques <strong>de</strong> l’information).Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


126 COUR DES COMPTESLes résultats <strong>de</strong>s enquêtes PISA confirment ces effets. Lesétablissements qui ne pratiquent pas le regroupement par aptitu<strong>de</strong>s ou quile réservent à certaines matières seulement obtiennent <strong>de</strong> meilleursrésultats que ceux où le regroupement par aptitu<strong>de</strong>s est généralisé danstoutes <strong>les</strong> matières. L’hétérogénéité <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>sses fait progresser <strong>la</strong>moyenne <strong>de</strong>s élèves et tire le niveau d’ensemble vers le haut.En outre, pour pallier l’inconvénient que pourrait représenter pourcertains élèves le fait <strong>de</strong> se trouver systématiquement dans <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>ssesd’un niveau moyen inférieur au leur, certains systèmes sco<strong>la</strong>ires, commepar exemple celui <strong>de</strong> l’Ecosse, ont mis en p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong>s dispositifsd’accompagnement visant à leur donner dans quelques matières <strong>de</strong>senseignements plus poussés, mais toujours en restant dans le cadrecommun <strong>de</strong> <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse.Le ministère <strong>de</strong> l’éducation <strong>nationale</strong> affirme que l’hétérogénéitésco<strong>la</strong>ire au sein <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>sses est un facteur important pour <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong><strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves. Pourtant on constate, notamment au collège et au lycée,l’existence <strong>de</strong> regroupements d’élèves forts ou faib<strong>les</strong>, parfois dissimuléesous <strong>la</strong> forme <strong>de</strong> c<strong>la</strong>sses à projet pédagogique particulier.Dans le premier <strong>de</strong>gré, <strong>la</strong> possibilité <strong>de</strong> procé<strong>de</strong>r à <strong>de</strong>sregroupements d’élèves selon leurs résultats suppose d’avoir <strong>de</strong>s éco<strong>les</strong>avec au moins <strong>de</strong>ux c<strong>la</strong>sses par niveau d’enseignement, ce qui estre<strong>la</strong>tivement rare : un tiers <strong>de</strong>s éco<strong>les</strong> a entre une et trois c<strong>la</strong>sses, alorsqu’il y a cinq niveaux d’enseignement au primaire, du CP au CM2. Lataille <strong>de</strong>s éco<strong>les</strong> est donc, <strong>de</strong> fait, un facteur qui favorise l’hétérogénéité<strong>de</strong>s c<strong>la</strong>sses. Il n’existe ainsi que 439 éco<strong>les</strong> publiques <strong>de</strong> 15 c<strong>la</strong>sses etplus sur <strong>les</strong> 50.000 éco<strong>les</strong> que compte le pays. C’est donc dans une trèsfaible proportion <strong>de</strong>s éco<strong>les</strong> que <strong>la</strong> vigi<strong>la</strong>nce <strong>de</strong> l’administration <strong>de</strong>l’éducation <strong>nationale</strong> est appelée à s’exercer pour vérifier que sesrecommandations sont bien suivies d’effets.Dans le second <strong>de</strong>gré, en revanche, <strong>la</strong> composition <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>ssesrelève du chef d’établissement, qui a toute <strong>la</strong>titu<strong>de</strong> pour organiser <strong>de</strong>sc<strong>la</strong>sses hétérogènes ou au contraire homogènes : or, selon <strong>les</strong> étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong>l’institut <strong>de</strong> recherche sur l’éducation (IREDU) <strong>de</strong> l’université <strong>de</strong>Bourgogne, <strong>la</strong> moitié <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>sses se situerait dans le <strong>de</strong>uxième cas.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


L’ELEVE DANS L’ORGANISATION DE L’ENSEIGNEMENTSCOLAIRE 127La composition <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>sses dans le second <strong>de</strong>gréUn collège <strong>de</strong> l’académie d’Orléans-Tours :Avant 2007, l’établissement avait <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>sses <strong>de</strong> niveau homogène : onregroupait <strong>les</strong> élèves en gran<strong>de</strong> difficulté dans <strong>de</strong>s 6 ème , 5 ème , et 4 ème « àprojet », et dans une c<strong>la</strong>sse <strong>de</strong> 3 ème d’accompagnement, organisée enalternance (14 semaines <strong>de</strong> stage en entreprise et 22 semaines <strong>de</strong> cours).En sens inverse, <strong>les</strong> élèves bi<strong>la</strong>ngues étaient regroupés dans une c<strong>la</strong>sse àchaque niveau d’enseignement, <strong>les</strong> élèves germanistes dans une c<strong>la</strong>sse en4 ème et 3 ème , et <strong>les</strong> élèves <strong>la</strong>tinistes dans <strong>de</strong>ux c<strong>la</strong>sses en 5 ème , trois en 4 ème,et quatre en 3 ème .En 2007, <strong>la</strong> nouvelle principale a décidé une autre organisationpédagogique, tout en maintenant une structuration <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>sses à partir <strong>de</strong>soptions <strong>de</strong> <strong>la</strong>ngue choisies. Elle constitue désormais <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>sseshétérogènes, tout en attribuant 7,5 heures hebdomadaires à un enseignantchargé <strong>de</strong> suivre <strong>les</strong> élèves en difficulté en 4 ème et 3 ème : sa mission est <strong>de</strong>chercher <strong>de</strong>s stages, d’établir un re<strong>la</strong>is avec <strong>les</strong> lycées professionnels,d’assurer le rattrapage <strong>de</strong>s cours quand <strong>les</strong> élèves reviennent en c<strong>la</strong>sseaprès leur stage, et d’assurer une ai<strong>de</strong> aux <strong>de</strong>voirs. Une 3 èmed’accompagnement, <strong>de</strong>stinée à <strong>de</strong>s élèves en difficulté ou en décrochagesco<strong>la</strong>ire, a été maintenue : l’enseignement <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>uxième <strong>la</strong>ngue vivante ya été supprimé au profit d’heures <strong>de</strong> stages et <strong>de</strong> soutien au projet.En juillet, <strong>les</strong> équipes <strong>de</strong> professeurs principaux sont réunies par niveaud’enseignement, avec, pour <strong>la</strong> 6 ème , <strong>les</strong> professeurs qui ont participé à <strong>la</strong>réunion d’harmonisation avec <strong>les</strong> maîtres <strong>de</strong> CM2 : ces réunionspermettent <strong>de</strong> connaître le profil <strong>de</strong>s élèves qui arrivent. Les élèves <strong>de</strong>différents niveaux sco<strong>la</strong>ires sont mé<strong>la</strong>ngés au sein <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>sses.Un collège <strong>de</strong> l’académie <strong>de</strong> Montpellier :Le principal constitue <strong>les</strong> c<strong>la</strong>sses en partant <strong>de</strong>s options <strong>de</strong> <strong>la</strong>nguesretenues en 6 ème , puis en répartissant <strong>les</strong> autres élèves <strong>de</strong> manièrehétérogène, en fonction <strong>de</strong>s dossiers <strong>de</strong>s enfants. En 3 ème , il établit <strong>de</strong>sregroupements en fonction <strong>de</strong>s options <strong>la</strong>tin, grec, et LV2, mais il évite <strong>de</strong>regrouper <strong>les</strong> germanistes qui ont en général un bon niveau sco<strong>la</strong>ire.Le principal a abandonné une expérience <strong>de</strong> c<strong>la</strong>sse <strong>de</strong> niveau conduite en5 ème en 2005-2006, au cours <strong>de</strong> <strong>la</strong>quelle <strong>les</strong> mauvais élèves avaient étéregroupés avec <strong>de</strong>s heures <strong>de</strong> cours dédoublées et <strong>de</strong>s professeursvolontaires, car <strong>les</strong> résultats, en fin d’année, n’étaient pas meilleurs quedans <strong>les</strong> c<strong>la</strong>sses hétérogènes.Un lycée <strong>de</strong> l’académie <strong>de</strong> Montpellier :Les élèves sont répartis dans <strong>les</strong> différentes c<strong>la</strong>sses <strong>de</strong> 2 n<strong>de</strong> en fonction <strong>de</strong>senseignements <strong>de</strong> détermination : par exemple, une c<strong>la</strong>sse est constituéepour moitié d’élèves suivant l’enseignement <strong>de</strong> détermination MPI(mesures physiques et informatiques) et pour l’autre moitié celui <strong>de</strong> SES(sciences économiques et socia<strong>les</strong>). Au total il y a seulement trois c<strong>la</strong>ssesoù <strong>les</strong> élèves suivent <strong>les</strong> mêmes enseignements <strong>de</strong> détermination.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


128 COUR DES COMPTESDans <strong>les</strong> c<strong>la</strong>sses hétérogènes, il existe un risque, selon <strong>la</strong> proviseure, <strong>de</strong>créer <strong>de</strong>s conflits <strong>de</strong> groupes ou d’image, que <strong>les</strong> professeurs savent malgérer : ainsi seulement 7 % <strong>de</strong>s fil<strong>les</strong> <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>sses hétérogènes vont enpremière MPI, alors qu’el<strong>les</strong> ont suivi l’option SES en 2 n<strong>de</strong> , contre 20 %<strong>de</strong>s fil<strong>les</strong> <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>sses « monocolores ».Un lycée <strong>de</strong> l’académie <strong>de</strong> Clermont-Ferrand :Les c<strong>la</strong>sses sont composées en essayant <strong>de</strong> regrouper <strong>les</strong> options et/ou <strong>les</strong><strong>la</strong>ngues vivantes. El<strong>les</strong> ont donc un profil spécifique au sein d’une mêmesérie : c<strong>la</strong>sse européenne, germaniste, cinéaste… et peuvent donc présenter<strong>de</strong>s niveaux sco<strong>la</strong>ires très homogènes.En fonction <strong>de</strong> leurs projets pédagogiques ou <strong>de</strong>s souhaits plus oumoins formalisés <strong>de</strong>s équipes enseignantes, <strong>les</strong> chefs d’établissement,sont donc maîtres <strong>de</strong> <strong>la</strong> composition <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>sses. En pratique, rienn’empêche <strong>les</strong> établissements <strong>de</strong> constituer <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>sses <strong>de</strong> niveau, puisque<strong>la</strong> composition <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>sses n’est pas contrôlée : <strong>les</strong> inspecteurspédagogiques régionaux n’ont vocation à évaluer que <strong>les</strong> enseignementsd’une discipline, et non à se prononcer sur <strong>les</strong> choix d’organisationpédagogique d’un établissement, sauf <strong>de</strong>man<strong>de</strong> particulière du recteurd’académie.Dans ces conditions, <strong>les</strong> différentes formes <strong>de</strong> regroupement <strong>de</strong>sélèves mises en p<strong>la</strong>ce par <strong>les</strong> chefs d’établissement ne sont pas évaluées<strong>de</strong> manière systématique : <strong>de</strong>s expériences sont <strong>la</strong>ncées, puis arrêtées enfonction <strong>de</strong>s choix <strong>de</strong>s chefs d’établissement successifs et <strong>de</strong>s enseignantsconcernés.Pourtant, pour un élève, être ou non dans une c<strong>la</strong>sse <strong>de</strong> niveau, êtreconfronté à d’autres profils sco<strong>la</strong>ires que le sien, ou bien avoir <strong>les</strong>entiment d’être relégué avec <strong>les</strong> « mauvais élèves » - et d’être ainsisoumis à un effet <strong>de</strong> stigmatisation -, n’est pas neutre dans sonapprentissage. Or cet aspect <strong>de</strong> <strong>la</strong> sco<strong>la</strong>rité donne rarement lieu à un débatcollectif et à un suivi régulier.La Cour considère qu’il est nécessaire que, <strong>de</strong> manière plussystématique, <strong>les</strong> conseils <strong>de</strong>s maîtres du primaire et <strong>les</strong> conseilspédagogiques du secondaire, tout comme <strong>les</strong> conseils d’école et <strong>les</strong>conseils d’administration, soient saisis annuellement <strong>de</strong>s principesgénéraux qui prési<strong>de</strong>nt à <strong>la</strong> constitution <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>sses. La question <strong>de</strong>l’hétérogénéité <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>sses <strong>de</strong>vrait également être examinée au moment<strong>de</strong> l’é<strong>la</strong>boration <strong>de</strong>s contrats d’objectifs, puisqu’elle influe sur <strong>la</strong> réussite<strong>de</strong>s élèves.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


L’ELEVE DANS L’ORGANISATION DE L’ENSEIGNEMENTSCOLAIRE 1294 - Une procédure d’orientation mal maîtriséea) Une pluralité d’objectifs globaux mal coordonnésAlors qu’un objectif essentiel, énoncé dans le rapport annexé à <strong>la</strong>loi d’orientation et <strong>de</strong> programme pour l’avenir <strong>de</strong> l’école du 23 avril2005, est <strong>de</strong> « conduire 50 % <strong>de</strong> l'ensemble d'une c<strong>la</strong>sse d'âge à undiplôme <strong>de</strong> l'enseignement supérieur », on observe que ce taux n’atteint,tout en intégrant <strong>les</strong> diplômes inférieurs à <strong>la</strong> licence, que 41 % 126 .Ce résultat insuffisant est dû, tout d’abord, à un accès trop limité<strong>de</strong>s jeunes à l’enseignement supérieur. Les analyses <strong>de</strong> <strong>la</strong> DEPP montrenten effet que, si 63,8 % <strong>de</strong>s élèves obtiennent un bacca<strong>la</strong>uréat, seulement78% d’entre eux - soit environ <strong>la</strong> moitié <strong>de</strong>s jeunes Français – s’inscriventdans une formation <strong>de</strong> l’enseignement supérieur 127 . Cette situations’explique par <strong>les</strong> spécificités <strong>de</strong>s différents bacca<strong>la</strong>uréats : un peu plus <strong>de</strong><strong>la</strong> moitié <strong>de</strong>s bacheliers (54%) provient <strong>de</strong> <strong>la</strong> voie générale et est appeléeà poursuivre ses étu<strong>de</strong>s à près <strong>de</strong> 100% ; environ un quart (26%) est envoie technologique et continue dans l’enseignement supérieur à hauteur<strong>de</strong>s trois-quarts environ (76%) ; un cinquième (20%) est enfin en voieprofessionnelle et n’engage <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s supérieures qu’à hauteur d’environ23 %. Au niveau <strong>de</strong> l’entrée dans l’enseignement supérieur, le systèmeéducatif perd ainsi chaque année environ 110.000 bacheliers en raison <strong>de</strong>cette différenciation <strong>de</strong>s taux <strong>de</strong> poursuite selon <strong>les</strong> voies du bacca<strong>la</strong>uréat.Dans ces conditions, il est impossible que 50% d’une génération puisseêtre diplômée <strong>de</strong> l’enseignement supérieur, dès lors qu’un pourcentage àpeine plus élevé entame <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s supérieures.Par ailleurs, l’insuffisance du taux <strong>de</strong> diplômés <strong>de</strong> l’enseignementsupérieur tient à <strong>la</strong> faib<strong>les</strong>se du taux <strong>de</strong> réussite <strong>de</strong>s bacheliers qui ne sontpas passés par <strong>la</strong> voie générale : le taux <strong>de</strong> réussite à <strong>la</strong> licence en trois ouquatre ans est <strong>de</strong> 61% pour <strong>les</strong> bacheliers généraux, <strong>de</strong> 22% pour <strong>les</strong>bacheliers technologiques, et <strong>de</strong> 7% pour <strong>les</strong> bacheliers professionnels 128 .126) 25% seulement au niveau <strong>de</strong> <strong>la</strong> licence, du master, et du doctorat, et 16% auniveau bacca<strong>la</strong>uréat + 2 années (DUT, BTS, enseignement paramédical et social)(RERS 2009, données 2006).127) Source : RERS 2009.128) Source : RERS 2008.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


130 COUR DES COMPTESDès lors, le fait que <strong>la</strong> proportion <strong>de</strong> bacca<strong>la</strong>uréats généraux aitbaissé <strong>de</strong>puis 1995, alors que celle <strong>de</strong>s bacca<strong>la</strong>uréats professionnels aaugmenté 129 , ne peut qu’être défavorable à l’objectif <strong>de</strong> 50% <strong>de</strong> diplômés<strong>de</strong> l’enseignement supérieur.Une <strong>de</strong>s conséquences <strong>de</strong> cette situation est que <strong>la</strong> position <strong>de</strong> <strong>la</strong>France, par rapport aux principaux pays comparab<strong>les</strong>, est nettementinférieure en ce qui concerne <strong>la</strong> production <strong>de</strong> diplômés <strong>de</strong>l’enseignement supérieur long, c’est-à-dire au niveau <strong>de</strong> <strong>la</strong> licence et au<strong>de</strong>là.Selon <strong>la</strong> publication <strong>de</strong> l’OCDE Regards sur l’éducation (2009), <strong>la</strong>France obtient sur ce p<strong>la</strong>n au sein <strong>de</strong> <strong>la</strong> tranche d’âge <strong>de</strong>s 25 ans-34 ansun taux <strong>de</strong> 24% <strong>de</strong> diplômés seulement, contre 41% en Norvège, 35% auxPays-Bas, 34% en Corée du Sud, 32% au Danemark et en Fin<strong>la</strong>n<strong>de</strong>, 31%en Australie et en Suè<strong>de</strong>, 30% en Ir<strong>la</strong>n<strong>de</strong> et en Pologne, 29% au Canadaet au Japon, 26% en Espagne et en Suisse : elle ne <strong>de</strong>vance que l’Italie(18%), <strong>la</strong> Belgique (18%), et l’Allemagne (16%). En revanche, en ce quiconcerne <strong>la</strong> proportion <strong>de</strong> diplômés <strong>de</strong> l’enseignement supérieur court, <strong>la</strong>France se situe, avec un taux <strong>de</strong> 18%, bien au <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> <strong>la</strong> moyenne <strong>de</strong>l’OCDE (10%).La DGESCO a indiqué, dans une réponse à l’enquête <strong>de</strong> <strong>la</strong> Cour,que <strong>les</strong> objectifs <strong>de</strong> réussite énoncés par le rapport annexé à <strong>la</strong> loi du 23mars 2005 - dont fait partie l’objectif <strong>de</strong> 50% <strong>de</strong> diplômés <strong>de</strong>l’enseignement supérieur - doivent être recherchés en améliorant <strong>la</strong>réussite <strong>de</strong> chaque voie du lycée, grâce à une évolution <strong>de</strong> l’organisationet du contenu <strong>de</strong>s enseignements. Toutefois, l’écart entre <strong>les</strong> différentesvoies en ce qui concerne <strong>les</strong> taux d’accès et <strong>de</strong> réussite dansl’enseignement supérieur apparaît trop important pour pouvoir êtrecomblé dans le cadre <strong>de</strong> l’organisation actuelle <strong>de</strong> l’enseignementsecondaire : <strong>la</strong> voie professionnelle n’a pas aujourd’hui vocation àdéboucher sur une poursuite d’étu<strong>de</strong>s, et <strong>la</strong> voie technologique obtient <strong>de</strong>staux <strong>de</strong> réussite encore trop faib<strong>les</strong> dans l’enseignement supérieur.129) Le nombre annuel <strong>de</strong> diplômés du bacca<strong>la</strong>uréat a doublé <strong>de</strong>puis 1985, en raison<strong>de</strong> <strong>la</strong> croissance du nombre <strong>de</strong> bacheliers généraux et <strong>de</strong> l’essor du bacca<strong>la</strong>uréatprofessionnel, mis en p<strong>la</strong>ce à partir <strong>de</strong> 1987. Toutefois, cette progression a atteint unpalier à partir <strong>de</strong> 2006, avec une baisse du pourcentage <strong>de</strong> bacheliers généraux et <strong>de</strong>bacheliers technologiques. Au total, <strong>de</strong> 1995 à 2008, le pourcentage <strong>de</strong> bacheliers pargénération a progressé <strong>de</strong> 1,1 point, mais il a baissé <strong>de</strong> 3,1 points pour <strong>les</strong> bacheliersgénéraux et <strong>de</strong> 1 point pour <strong>les</strong> bacheliers technologiques, alors qu’il augmentait <strong>de</strong>4,7 points pour <strong>les</strong> bacheliers professionnels. Ces évolutions recouvrent notammentune diminution notable <strong>de</strong> <strong>la</strong> série générale L (- 5 points <strong>de</strong> 1995 à 2007) et <strong>de</strong> <strong>la</strong> sérietechnologique STG (ex-STT) (- 2,9 points), alors que <strong>les</strong> séries du bacca<strong>la</strong>uréatprofessionnel progressaient, tant pour <strong>les</strong> formations <strong>de</strong> production (+ 3,7 points) quepour <strong>les</strong> formations tertiaires (+ 2,7 points).Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


L’ELEVE DANS L’ORGANISATION DE L’ENSEIGNEMENTSCOLAIRE 131En fait, <strong>la</strong> DGESCO estime que <strong>la</strong> forme actuelle <strong>de</strong> <strong>la</strong>diversification <strong>de</strong>s parcours sco<strong>la</strong>ires est une <strong>de</strong>s conditionsindispensab<strong>les</strong> <strong>de</strong> l’accès <strong>de</strong> 80% d’une c<strong>la</strong>sse d’âge au niveau dubacca<strong>la</strong>uréat. Elle a même précisé que, « si certains parcours produisentstatistiquement plus d’échec sco<strong>la</strong>ire, ils n’en sont pas moins essentielsafin <strong>de</strong> permettre à un nombre conséquent d’élèves <strong>de</strong> se hisser au niveauIV <strong>de</strong> formation », c’est-à-dire le bacca<strong>la</strong>uréat. Cette position revient àprivilégier l’objectif <strong>de</strong> 80% au niveau du bacca<strong>la</strong>uréat par rapport àl’objectif <strong>de</strong> 50% <strong>de</strong> diplômés <strong>de</strong> l’enseignement supérieur ; elle soulèveune question politique <strong>de</strong> fond qui appelle une réflexion et un débat sur<strong>les</strong> objectifs globaux <strong>de</strong> l’orientation au sein <strong>de</strong> l’enseignement sco<strong>la</strong>ire,afin <strong>de</strong> progresser dans le sens d’une plus forte cohérence.b) Des élèves orientés sans stratégie <strong>de</strong> réussiteL’enseignement sco<strong>la</strong>ire reste conçu sur un modèle amenant <strong>les</strong>élèves à traverser un parcours d’obstac<strong>les</strong> sanctionné par <strong>de</strong>s décisionsd’orientation : au terme <strong>de</strong> <strong>la</strong> troisième, 57,6% <strong>de</strong>s élèves s’engagent dansune formation au sein d’un lycée général et technologique, 35,9% dansune formation professionnelle, et le reste, soit 2,9%, interrompt ses étu<strong>de</strong>set rejoint <strong>les</strong> jeunes qui ont déjà quitté le système sco<strong>la</strong>ire, soit 3,6%.Les mécanismes <strong>de</strong> l’orientation sco<strong>la</strong>ire font l’objet <strong>de</strong> constatscritiques convergents 130 :− L’orientation au collège et au lycée se fon<strong>de</strong> essentiellement sur<strong>les</strong> résultats sco<strong>la</strong>ires obtenus par <strong>les</strong> élèves dans <strong>les</strong> savoirsabstraits. Dans un système sco<strong>la</strong>ire très hiérarchisé où <strong>la</strong> voiegénérale est privilégiée, l’orientation tend à procé<strong>de</strong>r parexclusions successives vers <strong>de</strong>s voies ou <strong>de</strong>s filières moinsvalorisées. En d’autres termes, l’orientation se fait par l’échec,et non en vue d’une réussite. Ce mo<strong>de</strong> d’orientation estd’autant plus mal ressenti que beaucoup <strong>de</strong> jeunes qui sontorientés en voie professionnelle n’obtiennent pas forcément aumoment <strong>de</strong> leur affectation dans un établissement <strong>la</strong> filière qui<strong>les</strong> intéresse : alors qu’ils souhaitaient une spécialitéprofessionnelle précise, leur affectation dans une autreformation <strong>les</strong> conforte dans une perception d’échec. En outre,<strong>la</strong> plus gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong>s élèves orientés dans <strong>les</strong> filièresprofessionnel<strong>les</strong> le sont vers <strong>de</strong>s formations tertiaires, pour<strong>les</strong>quel<strong>les</strong> l’accès à l’emploi est plus difficile que pour <strong>les</strong>filières industriel<strong>les</strong>. Enfin, <strong>la</strong> pratique récurrente <strong>de</strong>l’orientation par l’échec n’est pas sans lien avec le fait que,130) Cf. par exemple l’avis rendu en 2008 par le haut conseil <strong>de</strong> l’éducation.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


132 COUR DES COMPTESfaute <strong>de</strong> motivation, une partie <strong>de</strong> ces élèves quitte le systèmesco<strong>la</strong>ire avant d’avoir obtenu un diplôme ou une qualificationreconnue.− Une mauvaise orientation subie est difficile à rattraper, car il yexiste peu <strong>de</strong> passerel<strong>les</strong> entre <strong>les</strong> filières. Les passages entreenseignements généraux et technologiques et enseignementprofessionnel restent très minoritaires : seulement 7,9% <strong>de</strong>sélèves changent d’orientation au cours du second cycle.− L’origine sociale et <strong>les</strong> diplômes <strong>de</strong>s parents sont <strong>de</strong>s facteursimportants dans le mécanisme <strong>de</strong> l’orientation. Ainsi, <strong>les</strong>enfants d’ouvriers qualifiés ont sept fois plus <strong>de</strong> probabilitésque <strong>les</strong> enfants <strong>de</strong> cadres supérieurs d’effectuer tout leur<strong>de</strong>uxième cycle dans l’enseignement professionnel. De même,alors que <strong>les</strong> enfants d’ouvriers se répartissent à peu prèségalement entre <strong>les</strong> trois types <strong>de</strong> bacca<strong>la</strong>uréat, <strong>les</strong> enfants <strong>de</strong>cadres et plus particulièrement ceux d’enseignants privilégientmassivement <strong>la</strong> voie générale, <strong>la</strong> plus favorable à <strong>la</strong> poursuited’étu<strong>de</strong>s supérieures longues : en définitive, un enfantd’ouvrier non qualifié a cinq fois moins <strong>de</strong> probabilitésd’obtenir un bacca<strong>la</strong>uréat général qu’un enfant <strong>de</strong> cadre, maisen revanche trois fois plus d’obtenir un bacca<strong>la</strong>uréatprofessionnel, six fois plus d’obtenir un CAP ou un BEP, etneuf fois plus <strong>de</strong> n’avoir aucun diplôme. La différenciationsociale se manifeste non seulement entre <strong>les</strong> principa<strong>les</strong>filières, mais même entre <strong>les</strong> séries d’un même bacca<strong>la</strong>uréat :ainsi, si un bachelier général sur <strong>de</strong>ux passe son bacca<strong>la</strong>uréatdans <strong>la</strong> série S (scientifique), cette proportion est <strong>de</strong> 58% pour<strong>les</strong> enfants <strong>de</strong> cadres supérieurs, mais <strong>de</strong> 35% seulement pour<strong>les</strong> enfants d’ouvriers non qualifiés.Plusieurs réformes ont été entreprises pour mettre un terme à cessituations et mieux inscrire l’orientation dans une stratégie <strong>de</strong> réussite.Le ministère <strong>de</strong> l’éducation <strong>nationale</strong> a tout d’abord souhaité que<strong>les</strong> choix d’orientation résultent d’une construction progressive et propreà chaque élève. L’option <strong>de</strong> « découverte professionnelle en 3 ème »(« DP3 »), d’une durée <strong>de</strong> trois heures par semaine et ayant pour finalité<strong>la</strong> connaissance et l’approche culturelle <strong>de</strong>s métiers et <strong>de</strong>s professions, aété mise en p<strong>la</strong>ce à cet effet en 2006.Cette volonté <strong>de</strong> mieux construire <strong>les</strong> choix d’orientation s’estégalement traduite par l’instauration à partir <strong>de</strong> <strong>la</strong> rentrée 2008 <strong>de</strong>sparcours <strong>de</strong> découverte <strong>de</strong>s métiers et <strong>de</strong>s formations, <strong>de</strong> <strong>la</strong> 5 ème jusqu’enc<strong>la</strong>sse <strong>de</strong> terminale <strong>de</strong>s lycées, et par l’é<strong>la</strong>rgissement <strong>de</strong>s entretienspersonnalisés d’orientation, déjà conduits par <strong>les</strong> professeurs principauxCour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


L’ELEVE DANS L’ORGANISATION DE L’ENSEIGNEMENTSCOLAIRE 133en 3 ème et 1 ère , aux élèves <strong>de</strong> terminale 131 . A terme, tout élève <strong>de</strong>vraitdisposer d’un livret personnel <strong>de</strong> suivi - le « passeport orientationformation » -, reprenant l’historique <strong>de</strong> ses activités, <strong>de</strong> ses expériences,et <strong>de</strong> ses réflexions personnel<strong>les</strong> en matière d’orientation à l’occasion <strong>de</strong>sétapes qui lui ont été proposées au cours <strong>de</strong> sa sco<strong>la</strong>rité (visitesd’entreprises, journée passée en 4 ème dans un lycée général, un lycéeprofessionnel, ou un centre <strong>de</strong> formation d’apprentis, séquenced’observation en milieu professionnel en 3 ème ,…).Toutefois, ces initiatives récentes ne changent guère encore lecontexte général <strong>de</strong> l’orientation.D’une part, en effet, <strong>la</strong> « DP3 » est, sauf vigi<strong>la</strong>nce particulière <strong>de</strong>certains services académiques, tels que ceux d’Aix-Marseille ou <strong>de</strong>Montpellier, souvent réservée aux élèves ayant <strong>les</strong> résultats <strong>les</strong> plusfaib<strong>les</strong>, qui sont <strong>de</strong>stinés à être orientés vers <strong>la</strong> voie professionnelle. Ils’agit donc souvent plus d’une voie <strong>de</strong> pré-orientation que d’une« éducation à l’orientation » organisée pour <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves. En outre, endépit <strong>de</strong>s recommandations <strong>nationale</strong>s, cette option n’est passystématiquement séparée <strong>de</strong>s autres enseignements optionnels dans <strong>les</strong>emplois du temps <strong>de</strong>s collégiens : en conséquence, <strong>les</strong> élèves qui <strong>la</strong>suivent sont souvent regroupés dans <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>sses <strong>de</strong> niveau plus faible.D’autre part, si <strong>de</strong>s entretiens d’orientation ont bien étégénéralisés, ils ne peuvent avoir toute leur utilité que s’ils font partied’une stratégie d’ensemble : sans outils d’information efficaces mis à <strong>la</strong>disposition <strong>de</strong>s enseignants, ces entretiens risquent d’avoir un impactlimité. La prise en charge <strong>de</strong> l’orientation par <strong>les</strong> enseignants, avecl’appui <strong>de</strong>s conseillers d’orientation-psychologues (COP), constituepourtant un enjeu majeur pour l’institution sco<strong>la</strong>ire : à défaut,« l’éducation à l’orientation » risque en pratique <strong>de</strong> <strong>de</strong>meurer encorelongtemps une option réservée aux élèves <strong>de</strong>stinés aux filièresprofessionnel<strong>les</strong>.c) Une orientation fondée sur <strong>de</strong>s critères hétérogènesLa gestion informatique <strong>de</strong>s affectations <strong>de</strong>s élèves est assurée parun logiciel dénommé PAM (pré-affectation automatisée multicritères),installé au début <strong>de</strong>s années 2000, puis généralisé à <strong>la</strong> rentrée 2008-2009dans une version sous environnement web appelée AFFELNET. Cet outilgère <strong>les</strong> affectations à l’issue <strong>de</strong> <strong>la</strong> 3 ème , tant dans <strong>la</strong> filière générale et131) A <strong>la</strong> rentrée sco<strong>la</strong>ire 2009, ces entretiens personnalisés d’orientation conduits parle professeur principal en 3ème, 1ère, et terminale - en coopération avec <strong>les</strong>conseillers d’orientation-psychologues, et auxquels <strong>les</strong> parents peuvent participer - ontété généralisés.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


134 COUR DES COMPTEStechnologique que dans <strong>la</strong> filière professionnelle, en fonction <strong>de</strong>s vœux<strong>de</strong>s élèves et selon <strong>de</strong>s critères déterminés par <strong>les</strong> académies. Chaqueacadémie établit également <strong>de</strong>s re<strong>la</strong>tions avec <strong>les</strong> enseignements privéssous contrat et agrico<strong>les</strong> pour <strong>les</strong> intégrer au dispositif globald’affectation, soit en leur faisant saisir <strong>les</strong> vœux <strong>de</strong> leurs élèves, soit enoffrant aux élèves du public <strong>la</strong> possibilité <strong>de</strong> faire <strong>de</strong>s vœux pour cesenseignements.La liberté <strong>la</strong>issée aux recteurs dans <strong>la</strong> définition <strong>de</strong>s champscouverts par le logiciel, ainsi que <strong>de</strong>s critères d’orientation et <strong>de</strong> leurpondération, permet à chaque académie <strong>de</strong> développer une stratégiepropre. Les barèmes et <strong>les</strong> paramétrages choisis traduisent en effet unevéritable politique d’orientation, souvent inconnue <strong>de</strong>s élèves et <strong>de</strong> leursfamil<strong>les</strong> : <strong>les</strong> politiques académiques gagneraient pourtant, pour <strong>de</strong>sraisons <strong>de</strong> transparence, à être c<strong>la</strong>irement explicitées auprès <strong>de</strong>sprincipaux intéressés.Dans toutes <strong>les</strong> académies, <strong>les</strong> notes obtenues lors <strong>de</strong>s <strong>de</strong>uxpremiers trimestres <strong>de</strong> 3 ème comptent toujours pour plus d’un tiers du total<strong>de</strong>s points possib<strong>les</strong> dans le barème AFFELNET : s’y ajoute <strong>la</strong> note <strong>de</strong>compétence, rubrique obligatoire pour toutes <strong>les</strong> formationsprofessionnel<strong>les</strong>, qui est elle aussi fondée sur l’appréciation portée surl’élève sur quelques mois <strong>de</strong> sco<strong>la</strong>rité.Ce qui détermine l’orientation d’un élève, autant, sinon plus queson projet personnel, ce sont donc ses résultats en c<strong>la</strong>sse <strong>de</strong> 3 ème , et <strong>la</strong>manière dont ses enseignants <strong>les</strong> perçoivent. Pourtant l’appréciation <strong>de</strong>sconseils <strong>de</strong> c<strong>la</strong>sse comporte une part <strong>de</strong> subjectivité : ainsi, avec <strong>de</strong>s notesi<strong>de</strong>ntiques, un redoub<strong>la</strong>nt est plus souvent orienté en filièreprofessionnelle qu’un élève sans retard dans son cursus sco<strong>la</strong>ire. En outre,en l’absence d’outils partagés d’évaluation dans le second <strong>de</strong>gré, c’est sur<strong>la</strong> base <strong>de</strong> ce que <strong>les</strong> enseignants estiment être <strong>les</strong> attendus <strong>de</strong> telle outelle filière qu’un élève est orienté : or, ces appréciations diffèrent d’unlieu à l’autre, même si l’utilisation <strong>de</strong> pondérations dans l’outild’affectation AFFELNET permet <strong>de</strong> pallier en partie cette sourced’inégalité <strong>de</strong> traitement.d) Une orientation qui dépend <strong>de</strong>s structures <strong>de</strong> formation existantesPar ailleurs, <strong>la</strong> répartition <strong>de</strong>s élèves entre <strong>les</strong> différents types <strong>de</strong>parcours sco<strong>la</strong>ires est caractérisée par <strong>de</strong> nettes disparités entre <strong>les</strong>académies. En effet, <strong>les</strong> trajets et <strong>les</strong> décisions d’orientation ne dépen<strong>de</strong>ntpas seulement <strong>de</strong>s souhaits <strong>de</strong>s famil<strong>les</strong>, tels qu’ils sont émis lors <strong>de</strong>l’orientation, et du niveau <strong>de</strong>s élèves, tel qu’il est évalué par <strong>les</strong>enseignants, mais également <strong>de</strong> l’offre locale <strong>de</strong> formation.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


L’ELEVE DANS L’ORGANISATION DE L’ENSEIGNEMENTSCOLAIRE 135Les différences <strong>de</strong> parcours observées entre <strong>les</strong> académies sont à <strong>la</strong>fois très nettes et très stab<strong>les</strong> : <strong>la</strong> proportion <strong>de</strong>s élèves qui part dansl’enseignement professionnel à Lille n’est pas <strong>la</strong> même qu’à Bor<strong>de</strong>aux, etl’écart entre <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux taux reste étonnamment constant au fil <strong>de</strong>s années.Ainsi, par exemple, à l’issue <strong>de</strong> <strong>la</strong> 3 ème , le taux d’orientation en secon<strong>de</strong>générale et technologique <strong>de</strong> détermination était en 2008 <strong>de</strong> 60,7% dansl’académie <strong>de</strong> Grenoble et <strong>de</strong> 59,3% dans l’académie <strong>de</strong> Créteil, alorsqu’il était <strong>de</strong> 53,6% dans l’académie <strong>de</strong> Caen ; <strong>de</strong> même, l’orientationvers un second cycle professionnel correspond, selon <strong>les</strong> situationsextrêmes, à un élève sur trois ou à un élève sur cinq.Principa<strong>les</strong> orientations en fin <strong>de</strong> 3 ème générale (%)vers un 2 èmecycleprofessionnelvers un 2 ème cyclegénéral outechnologiqueTaux académique le plus faible 21,4 53,6Taux académique le plus élevé 33,2 78,0Moyenne <strong>de</strong>s académies <strong>de</strong> métropole 25,7 57,9Source : DEPPPrincipa<strong>les</strong> orientations en fin <strong>de</strong> 2 n<strong>de</strong> générale et technologique (%)vers une1 ère généralevers une1 èretechnologiqueTaux académique le plus faible 50,66 13,95Taux académique le plus élevé 72,42 24,94Moyenne <strong>de</strong>s académies <strong>de</strong> métropole 58,94 22,40Source : DEPPCette hétérogénéité <strong>de</strong>s <strong>de</strong>stins sco<strong>la</strong>ires, selon que l’on se trouvedans telle ou telle académie, doit en outre être reliée au constat que <strong>les</strong>ystème sco<strong>la</strong>ire n’adapte pas son offre <strong>de</strong> formation en fonctiond’objectifs nationaux <strong>de</strong> formation ou <strong>de</strong> production <strong>de</strong> diplômes, et doncd’une typologie jugée souhaitable <strong>de</strong>s parcours sco<strong>la</strong>ires.De manière significative, l’examen <strong>de</strong>s documents budgétairesmontre que <strong>les</strong> indicateurs figurant dans <strong>les</strong> « projets annuels <strong>de</strong>performance », qui analysent <strong>les</strong> résultats du ministère, se réfèrent auxrésultats finaux attendus du système éducatif (par exemple le taux d’accèsau bacca<strong>la</strong>uréat, le taux <strong>de</strong> redoublement en c<strong>la</strong>sse <strong>de</strong> secon<strong>de</strong> générale ettechnologique, <strong>les</strong> résultats obtenus pour <strong>les</strong> compétences <strong>de</strong> base, <strong>la</strong>proportion d’élèves en c<strong>la</strong>sses termina<strong>les</strong> <strong>de</strong>s filières scientifique ettechnologique, …), mais ne renseignent nullement sur <strong>les</strong> processus qui<strong>de</strong>vraient y conduire (par exemple, <strong>la</strong> répartition <strong>de</strong>s principaux trajetsd’orientation sco<strong>la</strong>ire, <strong>la</strong> durée moyenne <strong>de</strong> passage dans <strong>les</strong> différentsCour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


136 COUR DES COMPTEScyc<strong>les</strong>, <strong>les</strong> variations territoria<strong>les</strong> <strong>de</strong>s parcours sco<strong>la</strong>ires,…). Cetteapproche a pour conséquence <strong>de</strong> ne pas amener le ministère à expliciter<strong>de</strong> façon suffisamment c<strong>la</strong>ire l’évolution jugée souhaitable <strong>de</strong> l’offrelocale <strong>de</strong> formation, et d’introduire <strong>de</strong> ce fait une inégalité entre <strong>les</strong>élèves selon l’offre sco<strong>la</strong>ire disponible, qui influe directement tant sur <strong>les</strong>vœux <strong>de</strong>s famil<strong>les</strong> que sur <strong>les</strong> décisions d’orientation <strong>de</strong>s enseignants.En outre, <strong>les</strong> modalités actuel<strong>les</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> contractualisation entre leministère et <strong>les</strong> recteurs ne permettent pas <strong>de</strong> garantir l’adéquation <strong>de</strong>l’offre <strong>de</strong> formation locale à <strong>de</strong>s préconisations <strong>nationale</strong>s, par exempleen matière <strong>de</strong> renforcement <strong>de</strong> l’enseignement <strong>de</strong> telle ou telle option.Enfin, <strong>les</strong> enquêtes PISA montrent que <strong>les</strong> pays qui atteignent <strong>les</strong>plus gran<strong>de</strong>s performances dans <strong>les</strong> comparaisons inter<strong>nationale</strong>s sontceux qui différencient le plus tardivement <strong>les</strong> parcours sco<strong>la</strong>ires(Fin<strong>la</strong>n<strong>de</strong>, Japon,…), alors que ceux qui pratiquent une différenciationprécoce <strong>de</strong>s parcours obtiennent <strong>les</strong> plus mauvais résultats. C’estnotamment pour cette raison que certains Län<strong>de</strong>r allemands ont mis enœuvre une profon<strong>de</strong> réforme <strong>de</strong> leur système éducatif, afin <strong>de</strong> mettre enp<strong>la</strong>ce un tronc commun <strong>de</strong> formation beaucoup plus long qu’aujourd’hui.La Pologne s’est également récemment engagée sur une voie i<strong>de</strong>ntique,ce qui lui a permis <strong>de</strong> progresser très notablement entre <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>rnièresenquêtes PISA.Or, <strong>la</strong> France se caractérise dès <strong>la</strong> 3 ème par une diversificationpoussée <strong>de</strong>s parcours, qui est présentée par le système éducatif comme unoutil <strong>de</strong> lutte contre l’échec sco<strong>la</strong>ire : tout se passe en définitive commes’il existait, d’une part, un parcours privilégié pour une moitié <strong>de</strong>s élèves,permettant d’accé<strong>de</strong>r aux étu<strong>de</strong>s supérieures, et d’autre part, <strong>de</strong> multip<strong>les</strong>parcours empruntés par l’autre moitié <strong>de</strong>s élèves à partir <strong>de</strong> critèresrelevant généralement d’une sanction <strong>de</strong> <strong>la</strong> difficulté sco<strong>la</strong>ire. Cettedifférenciation forte <strong>de</strong>s trajets paraît peu cohérente avec <strong>la</strong> stratégie quele ministère met désormais lui-même en avant, selon <strong>la</strong>quelle <strong>la</strong> luttecontre <strong>la</strong> difficulté sco<strong>la</strong>ire doit être le plus possible intégrée dans le cadred’une sco<strong>la</strong>rité normale, quitte à apporter un soutien spécifique aux élèvesen difficulté. La DGESCO a indiqué en réponse à <strong>la</strong> Cour que <strong>la</strong>perspective d’une diversification plus tardive <strong>de</strong>s parcours était à ses yeuxdifficilement réalisable, compte tenu <strong>de</strong> <strong>la</strong> structure actuelle <strong>de</strong>sformations et <strong>de</strong>s établissements : rien ne justifie cependant que cettestructure reste intangible.* * *En l’absence d’un suivi pluriannuel effectif <strong>de</strong> l’élève, l’orientationse fon<strong>de</strong> essentiellement sur <strong>les</strong> résultats sco<strong>la</strong>ires <strong>de</strong>s élèves pendant <strong>les</strong>quelques mois précédant <strong>les</strong> <strong>de</strong>rniers conseils <strong>de</strong> c<strong>la</strong>sse <strong>de</strong> 3 ème , elle est enCour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


L’ELEVE DANS L’ORGANISATION DE L’ENSEIGNEMENTSCOLAIRE 137partie déterminée par l’offre <strong>de</strong> formation existante, et elle se traduit parl’affectation dans diverses filières à partir <strong>de</strong> critères relevant <strong>de</strong> façonprédominante <strong>de</strong> <strong>la</strong> sanction <strong>de</strong> l’échec sco<strong>la</strong>ire. En définitive, dans <strong>la</strong>plupart <strong>de</strong>s cas, l’orientation constitue un processus qui aboutit à fairerentrer <strong>les</strong> élèves dans une offre sco<strong>la</strong>ire fortement segmentée. Dans cetteconception, l’orientation peut être ressentie par certains comme uneélimination et parfois même une relégation : l’« éducation àl’orientation » reste <strong>la</strong>rgement inappliquée, et l’expression « être orienté »signifie le plus souvent, selon sa perception habituelle par <strong>la</strong> plupart <strong>de</strong>sfamil<strong>les</strong> et <strong>de</strong>s élèves, être affecté dans <strong>de</strong>s filières ne permettant pasd’accé<strong>de</strong>r à <strong>de</strong>s formations supérieures, et qui sont susceptib<strong>les</strong> d’êtreconsidérées par <strong>les</strong> intéressés eux-mêmes comme un moyen <strong>de</strong> canaliser,mais non <strong>de</strong> corriger l’échec. Dans ces conditions, <strong>les</strong> <strong>la</strong>cunes duprocessus d’orientation génèrent souvent un sentiment d’exclusion.5 - Une offre <strong>de</strong> formation insuffisamment maîtriséeLa carte <strong>de</strong>s formations, qui fixe annuellement et par académie lenombre et <strong>la</strong> localisation <strong>de</strong>s p<strong>la</strong>ces ouvertes par type <strong>de</strong> filière ou <strong>de</strong>voie, <strong>de</strong>vrait permettre <strong>la</strong> régu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong>s flux d’orientation et uneutilisation optimale <strong>de</strong> l’investissement éducatif. Or, <strong>la</strong> carte <strong>de</strong>sformations ne s’inscrit pas dans le cadre d’une p<strong>la</strong>nification à moyenterme <strong>de</strong> l’imp<strong>la</strong>ntation <strong>de</strong>s formations, définie sur le fon<strong>de</strong>mentd’orientations ministériel<strong>les</strong>.Ainsi, dans <strong>la</strong> filière générale, <strong>la</strong> carte <strong>de</strong>s formations évoluelentement, tant au collège qu’au lycée, à l’exception <strong>de</strong>s phases <strong>de</strong><strong>la</strong>ncement <strong>de</strong> nouvel<strong>les</strong> options, comme par exemple l’option <strong>de</strong>« découverte professionnelle » en 3 ème . Dans ce contexte, il est trèsdifficile <strong>de</strong> supprimer <strong>de</strong>s options, comme le montre l’exemple <strong>de</strong>sétablissements <strong>de</strong> centre ville, qui proposent pour <strong>la</strong> plupart une offreaussi diversifiée que possible, en accord avec <strong>la</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong>s famil<strong>les</strong> quisouhaitent une offre <strong>de</strong> proximité très <strong>la</strong>rge. Dans ce cadre, ainsi que lemontre l’exemple <strong>de</strong> <strong>la</strong> carte <strong>de</strong>s <strong>la</strong>ngues, l’offre <strong>de</strong>s formations secaractérise par un grand éparpillement et par une forte inertie.Néanmoins, quelques recteurs et inspecteurs d’académie souhaitentmener une politique <strong>de</strong> rationalisation. Ainsi, dans l’Allier, <strong>les</strong> servicesacadémiques ont refusé une option « danse » dans un collège, enconsidérant que celui-ci a déjà une offre suffisamment attractive.L’académie d’Aix-Marseille a pour sa part mis en p<strong>la</strong>ce un dispositiforiginal pour mieux maîtriser l’évolution <strong>de</strong> son offre <strong>de</strong> formation, ainsique le montre l’encadré suivant.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


138 COUR DES COMPTESL’é<strong>la</strong>boration <strong>de</strong> <strong>la</strong> carte <strong>de</strong>s formations généra<strong>les</strong> <strong>de</strong>s lycéesdans l’académie d’Aix-MarseilleLes notes <strong>de</strong> service du recteur diffusées à l’occasion <strong>de</strong> <strong>la</strong> rentrée sco<strong>la</strong>ireindiquent que <strong>les</strong> propositions <strong>de</strong> formations ne doivent pas entraîner <strong>de</strong>surcoût d’heures d’enseignement par rapport à l’année sco<strong>la</strong>ire précé<strong>de</strong>nte.En outre, une note du 23 mai 2007 adressée aux proviseurs précise quel’évolution <strong>de</strong> <strong>la</strong> carte <strong>de</strong>s formations doit répondre à plusieurs critères :<strong>les</strong> variations d’effectifs, <strong>les</strong> p<strong>la</strong>ces vacantes dans certaines filières, <strong>les</strong>conditions d’insertion économique et sociale, <strong>la</strong> complémentarité <strong>de</strong>s voies<strong>de</strong> formation initiale entre l’enseignement sco<strong>la</strong>ire et l’apprentissage.Pour <strong>les</strong> lycées, <strong>la</strong> carte évolue chaque année pour toutes <strong>les</strong> formationsouvertes, y compris <strong>les</strong> options <strong>de</strong> détermination ou <strong>de</strong> <strong>la</strong>ngues, à <strong>la</strong> suite<strong>de</strong> réunions <strong>de</strong> bassin présidées par le recteur, au cours <strong>de</strong>squel<strong>les</strong> chaqueétablissement présente son projet : c’est <strong>la</strong> seule <strong>de</strong>s académies analyséespar <strong>la</strong> Cour lors <strong>de</strong> son enquête, où cette organisation a été retenue. Desréunions analogues sont organisées séparément pour l’enseignement privé.L’obligation d’une compensation <strong>de</strong> l’ouverture d’une formation ou d’uneoption par une fermeture simultanée s’applique systématiquement àl’enseignement professionnel, mais est également très souvent rappelée etimposée aux lycées généraux et technologiques, même si <strong>de</strong>s décisionsministériel<strong>les</strong> viennent parfois modifier <strong>la</strong> position <strong>de</strong>s servicesacadémiques : en 2007, une <strong>de</strong>uxième année <strong>de</strong> khâgne avec optioncinéma audiovisuel a ainsi été ouverte dans un lycée, sans avoir été gagéepar <strong>la</strong> fermeture d’une autre option, et alors qu’elle avait étéprécé<strong>de</strong>mment refusée par le recteur.Par ailleurs, <strong>les</strong> réunions par bassin permettent <strong>de</strong> vérifier <strong>la</strong> cohérence <strong>de</strong>sformations sur le territoire : par exemple, on ouvre l’enseignement duchinois au lycée, car il est déjà proposé au collège, ou bien on crée <strong>de</strong>ssections européennes dans <strong>les</strong> collèges pour assurer un vivier aux mêmessections <strong>de</strong>s lycées, etc.Les risques <strong>de</strong> concurrence entre établissements sont enfinparticulièrement pris en considération. Ainsi, l’ouverture en 2007 d’unautre lycée, bien que situé dans une autre académie limitrophe, a étéanticipée dès 2005. Au cours d’une réunion <strong>de</strong> bassin du 14 novembre2006, il a ainsi été indiqué qu’un <strong>de</strong>s lycées <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville <strong>de</strong>vrait « sepositionner sur <strong>de</strong>s options rares (projet d’expérimentation <strong>de</strong> l’optionculture générale humanités) dans <strong>la</strong> perspective <strong>de</strong> cette ouverture ».La lenteur <strong>de</strong>s évolutions s’explique par le fait que <strong>les</strong> options sontun outil essentiel <strong>de</strong> <strong>la</strong> politique <strong>de</strong>s chefs d’établissement. Les choix <strong>de</strong>sacteurs locaux traduisent parfois une forte concurrence interne àl’éducation <strong>nationale</strong> : <strong>les</strong> collèges et <strong>les</strong> lycées utilisent <strong>les</strong>enseignements qu’ils proposent pour attirer ou gar<strong>de</strong>r <strong>de</strong>s élèves, commel’illustrent <strong>les</strong> exemp<strong>les</strong> retracés dans l’encadré ci-après.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


L’ELEVE DANS L’ORGANISATION DE L’ENSEIGNEMENTSCOLAIRE 139L’utilisation <strong>de</strong>s choix d’enseignements <strong>de</strong> détermination ou d’optionsdans <strong>la</strong> politique <strong>de</strong>s chefs d’établissementUn collège dans l’académie <strong>de</strong> Clermont Ferrand :Ce collège présente pour <strong>les</strong> c<strong>la</strong>sses <strong>de</strong> CM2 et <strong>de</strong> 5 ème sa politiqued’options dans <strong>de</strong>s courriers adressés aux parents, en soulignant leurintérêt et le nombre d’heures <strong>de</strong> travail supplémentaires correspondant,afin d’attirer un public d’élèves <strong>de</strong> bon niveau.Un lycée d’enseignement général et technologique dans l’académie <strong>de</strong>Clermont Ferrand :L’équipe <strong>de</strong> direction ne souhaite pas perdre sa filière S au profit <strong>de</strong> l’autregrand lycée <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville : l’établissement présente donc beaucoup d’options(théâtre, musique, cinéma, <strong>la</strong>tin, grec) pour gar<strong>de</strong>r son attractivité dans unbassin qui perd <strong>de</strong>s élèves et qui <strong>de</strong>vra à terme être restructuré.Un établissement dans l’académie d’Aix-MarseilleLa zone <strong>de</strong> recrutement <strong>de</strong> l’établissement est traditionnellement le centreville, auquel s’ajoutent <strong>de</strong>puis <strong>la</strong> <strong>de</strong>rnière sectorisation quelques banlieuesplus popu<strong>la</strong>ires. Du fait <strong>de</strong>s évolutions démographiques et <strong>de</strong> l’ouverturerécente d’un lycée dans une commune limitrophe <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville, <strong>de</strong>ux collègeset à terme sans doute un lycée apparaissent excé<strong>de</strong>ntaires dans <strong>la</strong> ville. Lapolitique <strong>de</strong> l’établissement est donc d’offrir <strong>de</strong> très nombreuses options :danse, histoire <strong>de</strong>s arts, cinéma et théâtre, chinois, russe et arabe. Ladirection a choisi <strong>de</strong> maintenir l’enseignement du grec et du <strong>la</strong>tin pour <strong>les</strong>élèves se <strong>de</strong>stinant aux c<strong>la</strong>sses préparatoires.Cette politique est menée également au collège où <strong>de</strong>s options rares sontproposées, tel<strong>les</strong> que <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>sses à horaires aménagés <strong>de</strong> danse <strong>de</strong>puis2007 : cette option est proposée en partenariat avec le conservatoire <strong>de</strong>danse <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville, et est suivie par 90 élèves sur quatre niveaux au collège.Il existe également <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>sses bi<strong>la</strong>ngues en 6 ème et 5 ème (allemandang<strong>la</strong>is),ainsi qu’une c<strong>la</strong>sse d’italien en première <strong>la</strong>ngue. Une c<strong>la</strong>ssearabe-ang<strong>la</strong>is a enfin été ouverte à <strong>la</strong> rentrée 2008. Cette politiqued’options n’est pas gagée par <strong>de</strong>s fermetures, sauf dans <strong>de</strong> rares cas aulycée. Elle a pour conséquence directe <strong>la</strong> fermeture <strong>de</strong> divisions dans unautre lycée <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville, situé dans un secteur moins favorisé et qui, du fait<strong>de</strong> <strong>la</strong> réduction <strong>de</strong> sa dotation globale horaire, peut moins offrir <strong>de</strong> choix àses élèves.6 - Les risques liés à l’assouplissement <strong>de</strong> <strong>la</strong> carte sco<strong>la</strong>ireLa carte sco<strong>la</strong>ire organise <strong>la</strong> répartition <strong>de</strong>s élèves entre <strong>les</strong> éco<strong>les</strong>et <strong>les</strong> établissements en fonction <strong>de</strong> leur domicile. C’est une constructionqui dépend donc très fortement <strong>de</strong> <strong>la</strong> situation socio-économique <strong>de</strong>sterritoires : elle subit en gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong>s phénomènes qui sont extérieursà l’éducation <strong>nationale</strong>, comme <strong>la</strong> po<strong>la</strong>risation sociale <strong>de</strong> certaines zonesCour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


140 COUR DES COMPTESdu territoire national, aggravée ces <strong>de</strong>rnières années par l’évolution <strong>de</strong>sprix <strong>de</strong>s logements.Dans le premier <strong>de</strong>gré, <strong>la</strong> carte sco<strong>la</strong>ire est déterminée par <strong>les</strong>communes, qui ont également <strong>la</strong> responsabilité <strong>de</strong> l’affectation <strong>de</strong>s élèves.Dans le second <strong>de</strong>gré, cette détermination est faite par <strong>les</strong> départementspour <strong>les</strong> collèges et par <strong>les</strong> services académiques pour <strong>les</strong> lycées.Au collège et au lycée, <strong>les</strong> affectations sont prononcées parl’inspecteur d’académie. Pour l’affectation en collège, l’élève est inscrit<strong>de</strong> droit dans le collège <strong>de</strong> son domicile : ce n’est que pour suivre <strong>de</strong>senseignements particuliers qu’il peut être affecté dans un autreétablissement. Au lycée, l’affectation dans le lycée <strong>de</strong> rattachement - oudans un <strong>de</strong>s lycées du district <strong>de</strong> rattachement pour l’académie <strong>de</strong> Paris –est également <strong>de</strong> droit : <strong>de</strong>s dérogations sont possib<strong>les</strong>, dans <strong>la</strong> limite <strong>de</strong>sp<strong>la</strong>ces disponib<strong>les</strong>, pour <strong>de</strong>s élèves issus d’autres zones.Depuis <strong>la</strong> rentrée 2007, a été mis en œuvre un « assouplissement<strong>de</strong> <strong>la</strong> carte sco<strong>la</strong>ire », qui vise à augmenter <strong>la</strong> liberté <strong>la</strong>issée aux famil<strong>les</strong>dans le choix <strong>de</strong> l’établissement <strong>de</strong> leur enfant. Des dérogations à <strong>la</strong> règle<strong>de</strong> l’inscription dans l’établissement du secteur géographique dontrelèvent <strong>les</strong> élèves sont désormais possib<strong>les</strong> dans <strong>la</strong> limite <strong>de</strong>s p<strong>la</strong>cesdisponib<strong>les</strong>, et en appliquant certains critères <strong>de</strong> dérogation <strong>de</strong> <strong>la</strong> 6 ème à <strong>la</strong>1 ère : par ordre indicatif décroissant, l’existence d’un handicap, une priseen charge médicale importante à proximité <strong>de</strong> l’établissement <strong>de</strong>mandé,l’octroi d’une bourse, un parcours sco<strong>la</strong>ire particulier, un frère ou unesœur déjà sco<strong>la</strong>risés dans l’établissement, un domicile en limite <strong>de</strong>secteur. Les notes obtenues aux contrô<strong>les</strong> continus du diplôme national dubrevet peuvent également être prises en compte.Cette politique s’est traduite par un nombre important <strong>de</strong>dérogations accordées, dès <strong>la</strong> première année <strong>de</strong> ce dispositif.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


L’ELEVE DANS L’ORGANISATION DE L’ENSEIGNEMENTSCOLAIRE 141Conséquences <strong>de</strong> l’assouplissement <strong>de</strong> <strong>la</strong> carte sco<strong>la</strong>ire sur <strong>les</strong>affectations en EPLE pour l’année sco<strong>la</strong>ire 2008-2009Des <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s en hausse :115.003 <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s <strong>de</strong> dérogations ont été formulées en 2008, soit unehausse <strong>de</strong> 20,7% par rapport à l’année précé<strong>de</strong>nte. Pour le collège, <strong>les</strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong>s <strong>de</strong> dérogation (75.536) ont augmenté <strong>de</strong> 29%, principalementpour le choix du collège d’entrée en c<strong>la</strong>sse <strong>de</strong> 6 ème (58.676 <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s).Pour le lycée, le même constat peut être fait, mais à une moindre échelle,avec une hausse <strong>de</strong> 7,8% <strong>de</strong>s <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s <strong>de</strong> dérogations, surtout pourl’entrée en 2 n<strong>de</strong> (4.170 <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s supplémentaires par rapport à cel<strong>les</strong> <strong>de</strong>2007-2008, qui s’élevaient à 37.141).Un taux <strong>de</strong> satisfaction important :75% <strong>de</strong>s <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s <strong>de</strong> dérogation ont été satisfaites (dont 11.104supplémentaires pour le collège et 1.157 pour le lycée). 78,5% <strong>de</strong>s<strong>de</strong>man<strong>de</strong>s ont été satisfaites à l’entrée en 6 ème et 75,5% à l’entrée en 2 n<strong>de</strong> .Le nombre <strong>de</strong> dérogations accordées aux élèves boursiers a augmenté <strong>de</strong>33% à l’entrée en 6 ème par rapport à l’année précé<strong>de</strong>nte, pour un taux <strong>de</strong>satisfaction <strong>de</strong> 92%. Au lycée, le nombre <strong>de</strong> dérogations accordées auxboursiers est resté stable.Pour <strong>les</strong> entrées en 6 ème dans <strong>les</strong> 254 collèges « ambition réussite », 69%<strong>de</strong>s <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s d’évitement - c’est-à-dire ayant pour objet <strong>de</strong> ne pas êtreinscrit dans le collège <strong>de</strong> secteur -, et 80% <strong>de</strong>s <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s d’entrée ont étésatisfaites. Alors que 10% <strong>de</strong>s élèves entrant en 6 ème ont fait une <strong>de</strong>man<strong>de</strong><strong>de</strong> dérogation au niveau national, ce taux monte à 20% pour <strong>les</strong> élèveshabitant dans <strong>les</strong> secteurs <strong>de</strong>s collèges « ambition réussite ».Source : DGESCOLes conséquences <strong>de</strong> l’assouplissement <strong>de</strong> <strong>la</strong> carte sco<strong>la</strong>ire sontdifférentes selon <strong>les</strong> zones géographiques : en zone rurale, il a peu d’effetdu fait <strong>de</strong> l’éloignement <strong>de</strong>s établissements ; dans <strong>les</strong> petites vil<strong>les</strong> oùcoexistent <strong>de</strong>ux lycées, le fait que ceux-ci soient le plus souvent déjàspécialisés limite <strong>les</strong> mouvements d’élèves, qui ont donc lieu surtout entrecollèges ; c’est en définitive dans <strong>les</strong> moyennes et gran<strong>de</strong>s vil<strong>les</strong> que cetteréforme peut avoir le plus grand effet.Ainsi, si l’on prend l’exemple d’une ville <strong>de</strong> l’académie d’Aix-Marseille, on constate un cumul <strong>de</strong> difficultés que l’assouplissement <strong>de</strong> <strong>la</strong>carte sco<strong>la</strong>ire ne fait qu’aggraver : <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion sco<strong>la</strong>ire est en baisse surle bassin ; l’ouverture d’un nouveau lycée dans une commune limitrophe,décidée par une autre académie quand <strong>la</strong> démographie sco<strong>la</strong>ire était plusfavorable, attire <strong>de</strong>s élèves issues <strong>de</strong> catégories socia<strong>les</strong> favorisées ; lelycée <strong>de</strong> centre ville, plus attractif, propose un grand nombre d’optionsqui constituaient déjà <strong>de</strong>s motifs <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s <strong>de</strong> dérogation ; au total, unCour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


142 COUR DES COMPTESautre lycée, à <strong>la</strong> réputation moins établie, a enregistré à <strong>la</strong> rentrée 2008 <strong>la</strong>fermeture <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux divisions en 2 n<strong>de</strong> .Par ailleurs, pour <strong>les</strong> collèges, le risque existe, tant dans <strong>les</strong> vil<strong>les</strong>moyennes que dans <strong>les</strong> gran<strong>de</strong>s vil<strong>les</strong>, que se produisent <strong>de</strong>s départs plusimportants d’élèves <strong>de</strong>s établissements réputés diffici<strong>les</strong>, non seulementdu point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite sco<strong>la</strong>ire, mais également en matière <strong>de</strong>sécurité <strong>de</strong>s élèves, et donc <strong>de</strong>s phénomènes <strong>de</strong> « ghettoïsation », selon unterme employé par <strong>les</strong> services <strong>de</strong> l’éducation <strong>nationale</strong>. L’encadré ci<strong>de</strong>ssousdonne un exemple <strong>de</strong> <strong>la</strong> difficulté à bien maîtriser « l’aired’attraction » <strong>de</strong>s établissements.L’aire d’attraction d’un collège <strong>de</strong> Marseille-NordCe collège accueille <strong>de</strong>s élèves en difficulté, dont <strong>les</strong> résultats au diplômenational du brevet se situent à un niveau très bas. Ce collège <strong>de</strong>ssert enparticulier <strong>les</strong> publics sco<strong>la</strong>ires d’une cité, jugés particulièrement diffici<strong>les</strong>par <strong>les</strong> acteurs locaux.Or ce collège est situé à bonne distance <strong>de</strong> cette cité, alors que d’autrescollèges sont en revanche plus proches. En fait, <strong>les</strong> collèges <strong>de</strong> cette zonegéographique ne se sont pas concertés pour aboutir à une répartition pluséquilibrée <strong>de</strong>s publics accueillis, si bien qu’un seul collège porte <strong>la</strong> chargeprincipale <strong>de</strong> <strong>la</strong> concentration <strong>de</strong> publics en forte difficulté sco<strong>la</strong>ire.Une approche plus coordonnée <strong>de</strong>s offres <strong>de</strong> formation <strong>de</strong> chacun <strong>de</strong>sétablissements ou <strong>de</strong> l’affectation <strong>de</strong>s élèves, sous l’autorité <strong>de</strong>s responsab<strong>les</strong>académiques, afin <strong>de</strong> faire évoluer <strong>les</strong> « aires d’attraction » <strong>de</strong> ces différentscollèges, aurait permis <strong>de</strong> mieux lutter contre ce phénomène d’intensification<strong>de</strong>s difficultés <strong>les</strong> plus lour<strong>de</strong>s sur un seul établissement.Le rapport 2008 <strong>de</strong> l’observatoire national <strong>de</strong>s zones urbainessensib<strong>les</strong> (ONZUS) montre que <strong>la</strong> baisse générale <strong>de</strong>s effectifs dusecondaire récemment constatée au p<strong>la</strong>n national a été plus nettementmarquée dans <strong>les</strong> établissements situés dans <strong>les</strong> zones urbaines sensib<strong>les</strong>.Entre 2002 et 2006, ces <strong>de</strong>rniers ont perdu 6,5% <strong>de</strong> leurs effectifs, contre3,4% au niveau <strong>de</strong> <strong>la</strong> France entière : cette diminution a affectéprincipalement <strong>les</strong> collèges, où a été observée <strong>de</strong>puis 2002 une baisse <strong>de</strong>10% <strong>de</strong>s effectifs.En outre, un rapport <strong>de</strong>s inspections généra<strong>les</strong> du ministère <strong>de</strong>l’éducation <strong>nationale</strong> sur « <strong>les</strong> nouvel<strong>les</strong> dispositions <strong>de</strong> <strong>la</strong> cartesco<strong>la</strong>ire », remis en octobre 2007 ( 132 ), a rappelé que « <strong>les</strong> famil<strong>les</strong>renseignées et intéressées par l’assouplissement <strong>de</strong> <strong>la</strong> carte sco<strong>la</strong>ireagissent aussi pour échapper à <strong>la</strong> mixité sociale ». Ce rapport132) Rapport IGAENR-IGEN n°2007-094, octobre 2007 : « Les nouvel<strong>les</strong>dispositions <strong>de</strong> <strong>la</strong> carte sco<strong>la</strong>ire ».Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


L’ELEVE DANS L’ORGANISATION DE L’ENSEIGNEMENTSCOLAIRE 143soulignait que « ce sont moins <strong>les</strong> performances du collège et son offred’enseignement qui sont dissuasives, que son imp<strong>la</strong>ntation ». Ces risques<strong>de</strong> dérive ont alerté le conseil national <strong>de</strong>s vil<strong>les</strong>, qui, dans un avis du 10février 2009 re<strong>la</strong>tif à « <strong>la</strong> mise en œuvre <strong>de</strong>s mesures <strong>de</strong> <strong>la</strong> dynamiqueEspoir Banlieues re<strong>la</strong>tives à l’éducation », a exprimé <strong>de</strong>s réserves sur <strong>les</strong>récentes mesures d’assouplissement <strong>de</strong> <strong>la</strong> carte sco<strong>la</strong>ire ( 133 ).Les réponses fournies aux questions du Parlement, à l’occasion <strong>de</strong><strong>la</strong> préparation <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi <strong>de</strong> finances pour 2009 ( 134 ), montrent en effetl’impact déterminant <strong>de</strong> ces mesures. Compte tenu d’une augmentation<strong>de</strong>s <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s <strong>de</strong> dérogation <strong>de</strong> 29% en 2008, <strong>les</strong> effectifs <strong>de</strong>s collègesont évolué <strong>de</strong> façon fortement différenciée selon <strong>les</strong> établissements :certains ont pu enregistrer <strong>de</strong>s pertes d’effectifs pouvant aller jusqu’à10%, alors que d’autres connaissaient <strong>de</strong>s progressions al<strong>la</strong>nt jusqu’à23%. Plus particulièrement, sur <strong>les</strong> 254 collèges « ambition réussite »,186 établissements ont perdu <strong>de</strong>s élèves, ce qui s’est traduit par une plusgran<strong>de</strong> concentration dans ces collèges <strong>de</strong>s facteurs d’inégalités contre<strong>les</strong>quels doit lutter <strong>la</strong> politique d’éducation prioritaire.Cette observation, qui a été confirmée par <strong>tous</strong> <strong>les</strong> responsab<strong>les</strong>d’établissements interrogés lors <strong>de</strong> l’enquête, gagnerait à être étayéed’étu<strong>de</strong>s complémentaires permettant d’apprécier le caractère durable etgénéralisé <strong>de</strong> ce phénomène : elle démontre <strong>la</strong> nécessité d’unecoordination plus précise entre <strong>les</strong> établissements relevant d’un mêmebassin <strong>de</strong> formation pour déterminer <strong>les</strong> éléments qui peuvent influer <strong>de</strong>façon optimale sur leur « aire d’attraction », qu’il s’agisse <strong>de</strong> <strong>la</strong>différenciation <strong>de</strong> l’offre <strong>de</strong> formation ou <strong>de</strong>s modalités d’affectation <strong>de</strong>sélèves. Cette approche doit avoir pour objectif <strong>de</strong> lutter contre l’existenceou <strong>la</strong> constitution <strong>de</strong> « ghettos sco<strong>la</strong>ires », en corrigeant <strong>les</strong> effetséventuellement négatifs <strong>de</strong>s modalités <strong>de</strong> sectorisation sco<strong>la</strong>ire.A défaut, en effet, <strong>les</strong> effets <strong>de</strong> concurrence aboutiraient à un écartexcessif entre <strong>les</strong> établissements, ce qui, comme l’enquête PISA <strong>de</strong>l’OCDE le montre, constitue une <strong>de</strong>s caractéristiques <strong>les</strong> plusdéfavorab<strong>les</strong> à <strong>la</strong> performance <strong>de</strong>s systèmes éducatifs.133) « Le Conseil exprime ses réserves sur <strong>de</strong>s mesures d'assouplissement <strong>de</strong> <strong>la</strong> cartesco<strong>la</strong>ire qui ne seraient pas fortement encadrées par <strong>de</strong>s dispositions volontaristespermettant d'accroître <strong>la</strong> mixité sociale ».134) Questionnaire sur le projet <strong>de</strong> loi <strong>de</strong> finances pour 2009 - Sénat - Commission<strong>de</strong>s Affaires culturel<strong>les</strong>, pp.180-181. Rapporteur pour avis : M. P.Richert.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


144 COUR DES COMPTESC - La prise en compte <strong>de</strong>s élèves en difficulté1 - Les dispositifs <strong>de</strong> prise en charge <strong>de</strong> <strong>la</strong> difficulté sco<strong>la</strong>ireC’est au sein <strong>de</strong> <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse, pendant <strong>les</strong> cours habituels, que sontd’abord et avant tout mis en œuvre par <strong>les</strong> enseignants eux-mêmes <strong>les</strong>moyens permettant <strong>de</strong> remédier aux difficultés sco<strong>la</strong>ires. C’est doncprincipalement au dispositif éducatif commun qu’il revient <strong>de</strong> répondrependant <strong>les</strong> temps d’enseignement aux besoins, nécessairement différents,<strong>de</strong>s élèves.Certains systèmes sco<strong>la</strong>ires, à <strong>la</strong> différence du système français,poussent très loin <strong>la</strong> logique <strong>de</strong> <strong>la</strong> prise en charge <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves dansle dispositif d’enseignement commun. Il en est ainsi <strong>de</strong>s paysscandinaves, mais également <strong>de</strong> l’Ecosse, dont <strong>la</strong> Cour a pu analyserdirectement l’organisation sco<strong>la</strong>ire au cours <strong>de</strong> son enquête.L’accompagnement <strong>de</strong>s élèves en EcosseLe soutien aux élèves concerne potentiellement <strong>tous</strong> <strong>les</strong> enfantssco<strong>la</strong>risés, à un sta<strong>de</strong> ou un autre <strong>de</strong> leur apprentissage, qu’ils aient <strong>de</strong>sdifficultés d’apprentissage sco<strong>la</strong>ire ou <strong>de</strong> comportement, ou qu’ils se révèlentsurdoués en matière d’enseignement.Le programme mis en p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong>puis quatre ans s’intitule « additionalsupport needs » (besoins <strong>de</strong> soutien complémentaire) et est présent dans <strong>tous</strong><strong>les</strong> établissements primaires et secondaires. Il est lié à <strong>la</strong> mise en œuvre d’unepolitique visant à affecter <strong>tous</strong> <strong>les</strong> enfants dans <strong>les</strong> mêmes établissements, àl’exception <strong>de</strong> ceux souffrant <strong>de</strong> handicaps très lourds (« inclusionagenda ») : 99% <strong>de</strong>s élèves écossais sont sco<strong>la</strong>risés dans le système normal.Ce programme a fait <strong>les</strong> premières années l’objet d’un financementspécifique (14 millions <strong>de</strong> livres en 2004, 12 millions l’année suivante, puis<strong>de</strong> manière dégressive jusqu’à un million). Désormais, il est inclus dansl’enveloppe financière globale distribuée par le gouvernement écossais auxautorités loca<strong>les</strong>.Actuellement, 70.000 élèves bénéficient <strong>de</strong> cet appui dans le premier<strong>de</strong>gré et autant dans le secondaire. Une <strong>la</strong>rge information <strong>de</strong>s famil<strong>les</strong> sur cedroit au soutien sco<strong>la</strong>ire est diffusée par <strong>les</strong> établissements, mais aussi parl’envoi <strong>de</strong> lettres aux parents <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> enfants sco<strong>la</strong>risés. Des commissionsindépendantes reçoivent <strong>les</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s ou p<strong>la</strong>intes <strong>de</strong>s parents surl’organisation <strong>de</strong>s actions d’appui.Ce programme est p<strong>la</strong>cé sous <strong>la</strong> responsabilité <strong>de</strong>s 32 autorités loca<strong>les</strong>,qui doivent permettre à <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves d’en bénéficier en tant que <strong>de</strong> besoin :chaque action doit être mise en p<strong>la</strong>ce dans un dé<strong>la</strong>i précis (au maximum 16Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


L’ELEVE DANS L’ORGANISATION DE L’ENSEIGNEMENTSCOLAIRE 145semaines pour <strong>les</strong> actions <strong>les</strong> plus lour<strong>de</strong>s) et fait l’objet d’un p<strong>la</strong>n individueld’appui très détaillé, indiquant par exemple, pour un élève ayant <strong>de</strong>sdifficultés d’apprentissage, quel<strong>les</strong> sont ses difficultés, quel<strong>les</strong> sont ses forceset faib<strong>les</strong>ses, sur quels points on peut s’appuyer pour le faire progresser,quels sont <strong>les</strong> objectifs à atteindre, quel<strong>les</strong> sont <strong>les</strong> métho<strong>de</strong>s et <strong>les</strong> personnesà mobiliser, le tout en fonction d’un calendrier précis énumérant <strong>les</strong>séquences <strong>de</strong> soutien nécessaires. Ce document, qui est rempli <strong>de</strong> manièrehebdomadaire, est conservé dans le dossier individuel <strong>de</strong> l’élève, et le suitdurant toute sa sco<strong>la</strong>rité obligatoire.Les besoins <strong>de</strong>s élèves sont i<strong>de</strong>ntifiés par leurs enseignants habituels,à partir notamment <strong>de</strong>s attendus spécifiés dans <strong>les</strong> évaluations. C’est avec leresponsable <strong>de</strong> l’établissement et <strong>les</strong> équipes spécialisées relevant <strong>de</strong>l’autorité locale qu’est mis en p<strong>la</strong>ce le p<strong>la</strong>n individuel d’appui. Celui-ciprévoit le plus souvent <strong>de</strong>s actions <strong>de</strong> soutien ou <strong>de</strong> remédiation menées par<strong>les</strong> enseignants eux-mêmes au sein <strong>de</strong> leur cours ; cette pratique estsystématique lorsque <strong>les</strong> difficultés d’apprentissage ne concernent qu’unematière.Les actions <strong>de</strong> soutien sont réalisées si nécessaire par <strong>de</strong>s assistantsd’éducation, employés par <strong>les</strong> autorités loca<strong>les</strong> et présents à temps plein dans<strong>les</strong> établissements. Ce travail est effectué sous <strong>la</strong> coordination d’unenseignant spécialisé (« learning support teacher ») : il en existe un parétablissement ou pour plusieurs établissements, en fonction du nombred’élèves. Ils ont une fonction d’enseignement auprès <strong>de</strong>s élèves, <strong>de</strong> formation<strong>de</strong>s professeurs, et <strong>de</strong> coordination <strong>de</strong>s p<strong>la</strong>ns individuels.L’appui se fait au sein <strong>de</strong> <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse, l’assistant intervenant en soutien àl’enseignant pour s’occuper spécifiquement d’un ou plusieurs élèves, ouparfois, pour <strong>de</strong>s temps limités, en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse, en fonction <strong>de</strong>sbesoins <strong>de</strong> l’élève.Les moyens en assistants d’éducation sont définis chaque année parétablissement. Ainsi, à <strong>la</strong> Leith Primary school d’Edimbourg, une « learningsupport teacher » est présente trois jours sur cinq, avec sept assistants àtemps plein pour 220 élèves. Ces assistants interviennent en fonction <strong>de</strong>sp<strong>la</strong>ns individuels <strong>de</strong> formation établis par le « learning support teacher » etl’enseignant en charge <strong>de</strong> l’enfant. Dans cette école, qui n’est pas i<strong>de</strong>ntifiéecomme ayant <strong>de</strong>s difficultés particulières, environ 25% <strong>de</strong>s élèves font l’objetd’un suivi, plus ou moins prolongé, par le « learning support teacher ». Demême, au sein <strong>de</strong> <strong>la</strong> Royal High School d’Édimbourg, il y a trois « learningsupport teachers » à temps plein pour 1.000 élèves du second <strong>de</strong>gré.Ce programme d’appui aux élèves doit désormais être financé par <strong>les</strong>autorités loca<strong>les</strong> alors que se met en p<strong>la</strong>ce une nouvelle politique à partir <strong>de</strong><strong>la</strong> rentrée sco<strong>la</strong>ire 2009-2010, le « curriculum for excellence », fondé sur ledéploiement <strong>de</strong> nouveaux programmes qui ne fixent plus <strong>de</strong>s contenus ou <strong>de</strong>sdurées <strong>de</strong> cours disciplinaires obligatoires, sauf pour le sport, mais qui sontCour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


146 COUR DES COMPTESrédigés en termes <strong>de</strong> recommandations <strong>de</strong> compétences à atteindre. Cettepolitique prévoit le renforcement du contrôle continu, à <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce d’unedélivrance <strong>de</strong> diplômes à un moment i<strong>de</strong>ntique pour toute une c<strong>la</strong>sse d’âge. I<strong>les</strong>t complété <strong>de</strong>puis 2008 par l’engagement du gouvernement écossais <strong>de</strong>diminuer fortement le nombre d’élèves par c<strong>la</strong>sse (il <strong>de</strong>vrait être aumaximum <strong>de</strong> 18 pendant <strong>les</strong> trois premières années <strong>de</strong> l’école primaire alorsque certaines c<strong>la</strong>sses comptent aujourd’hui encore 30 enfants).En France, le nombre important <strong>de</strong> jeunes rencontrant <strong>de</strong>sdifficultés sco<strong>la</strong>ires moyennes ou importantes montre que le systèmesco<strong>la</strong>ire, tel qu’il est aujourd’hui conçu, n’est pas capable <strong>de</strong> répondre àleurs besoins.a) Une évolution vers une prise en charge individualiséeLe mo<strong>de</strong> d’enseignement traditionnel, dispensé <strong>de</strong> façon uniformepar un enseignant délivrant un cours <strong>de</strong>vant un groupe considéré commesco<strong>la</strong>irement homogène, n’est pas adapté à un système qui fixe <strong>de</strong>sobjectifs <strong>de</strong> réussite pour <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves, quelle que soit l’hétérogénéité<strong>de</strong> leurs profils individuels. Le ministère <strong>de</strong> l’éducation <strong>nationale</strong> a doncentrepris <strong>de</strong>s réformes successives pour mieux prendre en compte cesdifférences.Une première forme <strong>de</strong> réponse a consisté à traiter <strong>de</strong> façonglobale cette question : l’administration a ainsi i<strong>de</strong>ntifié, sous le <strong>la</strong>bel <strong>de</strong>l’éducation prioritaire, <strong>de</strong>s éco<strong>les</strong> et collèges regroupant une majoritéd’élèves en difficulté, et leur a donné plus <strong>de</strong> moyens d’encadrement.Cette approche présentait <strong>de</strong>ux limites : d’une part, <strong>les</strong> élèves en difficulténe sont pas <strong>tous</strong> concentrés dans ces établissements ; d’autre part, àsupposer qu’ils soient suffisants, <strong>les</strong> moyens supplémentaires octroyés negarantissent pas nécessairement une personnalisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> prise en charge<strong>de</strong> <strong>la</strong> difficulté sco<strong>la</strong>ire.Une secon<strong>de</strong> forme <strong>de</strong> réponse, apparue <strong>de</strong>puis une dizained’années, vise désormais à prendre en compte ce besoind’individualisation <strong>de</strong>s apprentissages ou <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong> apportée aux élèves :itinéraires <strong>de</strong> découverte au collège, travaux personnels encadrés aulycée, programmes personnalisés <strong>de</strong> réussite éducative (PPRE),accompagnement éducatif, etc. Toutes ces mesures rejoignent <strong>la</strong>préconisation centrale du rapport <strong>de</strong> <strong>la</strong> commission préparatoire au débatnational sur l’avenir <strong>de</strong> l’école <strong>de</strong> 2004, qui soulignait <strong>la</strong> nécessité <strong>de</strong>personnaliser <strong>les</strong> apprentissages afin <strong>de</strong> garantir <strong>la</strong> réussite du plus grandnombre possible d’élèves.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


L’ELEVE DANS L’ORGANISATION DE L’ENSEIGNEMENTSCOLAIRE 147Dans <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux cas, <strong>la</strong> difficulté sco<strong>la</strong>ire tend à être traitée en <strong>de</strong>hors<strong>de</strong> <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse par <strong>de</strong>s dispositifs conçus comme spécifiques. Parfois il s’agit<strong>de</strong> dispositifs situés en <strong>de</strong>hors du temps sco<strong>la</strong>ire ; parfois, notammentdans le cas <strong>de</strong>s plus récentes réformes liées à l’accompagnementindividualisé <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves, ces dispositifs sont intégrés dans le cadre<strong>de</strong>s horaires annuels nationaux. Pour autant, l’existence <strong>de</strong> ces dispositifsne doit pas conduire à oublier que c’est pendant <strong>les</strong> heures <strong>de</strong> c<strong>la</strong>ssenorma<strong>les</strong>, qui constituent <strong>la</strong> plus gran<strong>de</strong> partie du temps d’enseignement,que se traitent <strong>les</strong> difficultés sco<strong>la</strong>ires. L’enquête <strong>de</strong> <strong>la</strong> Cour a ainsimontré que <strong>de</strong> nombreux enseignants considéraient qu’ils ne disposaientpas d’outils suffisants pour gérer au mieux <strong>la</strong> difficulté sco<strong>la</strong>ire pendantleur temps traditionnel d’enseignement : cette question reste encore tropsouvent négligée par <strong>les</strong> réformes en cours.b) Une multiplicité croissante <strong>de</strong> dispositifsLe système éducatif français a mis en p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong> nombreuxdispositifs <strong>de</strong> prise en charge <strong>de</strong>s difficultés sco<strong>la</strong>ires <strong>de</strong>s élèves, dontquelques-uns seulement sont retracés dans le tableau suivant.Quelques dispositifs d’accompagnement et <strong>de</strong> soutien aux élèvesDispositif Nature Moyens mis en œuvreProgrammespersonnalisés<strong>de</strong> réussiteéducative(PPRE)Réseaux d’ai<strong>de</strong>sspécialisées auxélèves endifficulté(RASED)Ai<strong>de</strong>personnaliséeLes PPRE visent à l’amélioration<strong>de</strong> compétences <strong>de</strong> base ciblées àpartir d’un diagnostic <strong>de</strong>sdifficultés <strong>de</strong> l’élève. Ils sont misen p<strong>la</strong>ce aussi bien dans <strong>la</strong> c<strong>la</strong>ssepar <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong>différenciation pédagogique quelors d’actions spécifiques d’ai<strong>de</strong>.Les RASED ont pour mission <strong>de</strong>fournir <strong>de</strong>s ai<strong>de</strong>s spécialisées à <strong>de</strong>sélèves en difficulté à l’écoleprimaire, à <strong>la</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong>senseignants, dans <strong>les</strong> c<strong>la</strong>sses ou en<strong>de</strong>hors <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>sses.Deux heures d’ai<strong>de</strong> personnaliséepar semaine sont proposées auxélèves du premier <strong>de</strong>gré qui ont<strong>de</strong>s difficultés en français et enmathématiques.En 2007-2008, 6,6% <strong>de</strong>s élèves dupremier <strong>de</strong>gré et 7,3% <strong>de</strong>s élèves dusecond <strong>de</strong>gré ont bénéficié d’un PPRE.Dans le second <strong>de</strong>gré, 65% <strong>de</strong>smoyens en heures (480.000 au total)sont consacrés aux élèves <strong>de</strong> 6 ème , 25%aux élèves <strong>de</strong> 5 ème , et 10% aux élèves<strong>de</strong> 4 ème . La 3 ème est exclue dudispositif. 30.000 enseignants <strong>de</strong> toutes<strong>les</strong> disciplines ont été associés à cedispositif en 2007-2008.Ils comprennent <strong>de</strong>s « maîtres E »(difficultés d’apprentissage) et <strong>de</strong>s« maîtres G » (difficultés d’adaptationà l’école). On compte 8.300 maîtres Eet G, plus 1.500 maîtres sé<strong>de</strong>ntarisésdans <strong>les</strong> éco<strong>les</strong> où se concentrent <strong>les</strong>difficultés.En 2008-2009, l’ai<strong>de</strong> personnalisée aconcerné 1.090.000 élèves pourenviron 2.181.000 heures.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


148 COUR DES COMPTESSectionsd'enseignementgénéral etprofessionne<strong>la</strong>dapté (SEGPA)Dispositifs re<strong>la</strong>isDispositifexpérimental <strong>de</strong>réussite sco<strong>la</strong>ire aulycée (DERSL)AccompagnementéducatifOpération « Ecoleouverte »EducationprioritaireStages <strong>de</strong> remise àniveauLes SEGPA accueillent au collège <strong>de</strong>s élèvesprésentant <strong>de</strong>s difficultés sco<strong>la</strong>ires graves etdurab<strong>les</strong> et ne maîtrisant pas <strong>les</strong> connaissanceset compétences attendues à <strong>la</strong> fin <strong>de</strong> l'écoleprimaire, en particulier au regard du soclecommun.Les c<strong>la</strong>sses re<strong>la</strong>is et <strong>les</strong> ateliers re<strong>la</strong>is, rattachésmajoritairement à <strong>de</strong>s collèges, accueillenttemporairement <strong>de</strong>s élèves entrés dans unprocessus <strong>de</strong> désco<strong>la</strong>risation ou <strong>de</strong>désocialisation, afin <strong>de</strong> <strong>les</strong> réinsérer durablementdans <strong>les</strong> parcours sco<strong>la</strong>ires.Cette action comprend notamment unaccompagnement tout au long <strong>de</strong> l’année et <strong>de</strong>sstages pendant <strong>les</strong> vacances dans 200 lycéesi<strong>de</strong>ntifiés comme accueil<strong>la</strong>nt un publicrencontrant <strong>de</strong>s difficultés sco<strong>la</strong>ires (ai<strong>de</strong>méthodologique, entraînement aux examens,…).Ce dispositif propose à <strong>de</strong>s élèves et collégiensvolontaires, <strong>de</strong>ux heures par jour et quatre jourspar semaine, une ai<strong>de</strong> aux <strong>de</strong>voirs, <strong>de</strong>s activitésartistiques, culturel<strong>les</strong> ou sportives, ou encore <strong>la</strong>pratique <strong>de</strong>s <strong>la</strong>nguesCette action comprend <strong>de</strong>s activités sco<strong>la</strong>ires,culturel<strong>les</strong>, sportives et <strong>de</strong> loisirs pendant <strong>les</strong>vacances et <strong>les</strong> mercredis et samedis, permettantd’améliorer l’image <strong>de</strong> l’école auprès <strong>de</strong>s jeunes.L’éducation prioritaire regroupe <strong>les</strong> réseaux «ambition réussite » (RAR), qui concentrent <strong>les</strong>plus gran<strong>de</strong>s difficultés socia<strong>les</strong> et sco<strong>la</strong>ires, et<strong>les</strong> réseaux <strong>de</strong> réussite sco<strong>la</strong>ire (RRS), quiaccueillent un public socialement plushétérogène. Chaque réseau est constitué d’uncollège et <strong>de</strong>s éco<strong>les</strong> rattachées. En 2009,l’éducation prioritaire regroupe 254 RAR et 851RRS.Ces stages sont <strong>de</strong>stinés, pendant <strong>les</strong> vacancessco<strong>la</strong>ires, aux élèves <strong>de</strong> cycle 3 (CE2, CM1,CM2) éprouvant <strong>de</strong>s difficultés en français et enmathématiques.11.000 emploisd’enseignants enéquivalent temps pleinsont mobilisés par cedispositif.En 2008, 439 dispositifsre<strong>la</strong>is (296 c<strong>la</strong>sses et 143ateliers) ont accueillienviron 7.000 élèves pourun coût global <strong>de</strong> 6,4 M€.23,3 M€ sont consacrés àce dispositif.La dotation affectée à cedispositif s’élève à 323 M€en 2009.En 2009, <strong>la</strong> dotation est <strong>de</strong>9,9 M€.Les élèves relevant <strong>de</strong>l’éducation prioritairereprésentent environ 18%<strong>de</strong>s écoliers et 21% <strong>de</strong>scollégiens, soit 1,7 milliond’élèves. A <strong>la</strong> rentrée2008, 118.000 élèvesétaient affectés dans <strong>de</strong>sréseaux ambition réussite.Le surcoût <strong>de</strong> l’éducationprioritaire est estimé àenviron 1.192 M€ (tauxd’encadrement accru,in<strong>de</strong>mnités spécifiques,dépenses pédagogiques…).Ce dispositif est financépar une dotation d’environ990.000 heures supplémentaires.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


L’ELEVE DANS L’ORGANISATION DE L’ENSEIGNEMENTSCOLAIRE 149La DGESCO distingue principalement, dans ce domaine, <strong>les</strong>dispositifs d’accompagnement <strong>de</strong>s dispositifs <strong>de</strong> soutien :- Les « dispositifs d’accompagnement », mis en p<strong>la</strong>ce en <strong>de</strong>hors dutemps sco<strong>la</strong>ire, reposent sur une prise en charge d’élèvesvolontaires. Les élèves repérés en difficulté peuvent toutefoisêtre fortement sollicités pour participer aux activités proposées,avec l’accord <strong>de</strong> leur famille (accompagnement éducatif,dispositif expérimental <strong>de</strong> réussite sco<strong>la</strong>ire au lycée,…).- Les « dispositifs <strong>de</strong> soutien » bénéficient à <strong>de</strong>s élèves repérés endifficulté, afin <strong>de</strong> leur donner un temps d’apprentissagesupplémentaire, fondé sur <strong>les</strong> contenus disciplinaires. La plupart<strong>de</strong> ces dispositifs sont proposés pendant le temps sco<strong>la</strong>ire et sontencadrés par <strong>de</strong>s enseignants (stages <strong>de</strong> remise à niveau pour <strong>les</strong>élèves <strong>de</strong> CM1 et <strong>de</strong> CM2 durant <strong>les</strong> vacances sco<strong>la</strong>ires, ai<strong>de</strong>personnalisée, programmes personnalisés <strong>de</strong> réussiteéducative,…).Cette distinction est néanmoins brouillée par <strong>la</strong> récente réforme dulycée d’enseignement général et technologique, qui prévoit unaccompagnement personnalisé pour <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves, quels que soient leursbesoins. Une c<strong>la</strong>rification <strong>de</strong>s termes utilisés, que <strong>la</strong> DGESCO elle-mêmeappelle <strong>de</strong> ses vœux, apparaît dès lors souhaitable : elle ai<strong>de</strong>rait sur leterrain <strong>les</strong> enseignants comme <strong>les</strong> famil<strong>les</strong> et <strong>les</strong> élèves à se retrouverdans le foisonnement croissant <strong>de</strong>s dispositifs.c) Une réduction peu efficace <strong>de</strong> <strong>la</strong> taille <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>ssesL’ensemble <strong>de</strong>s dispositifs mis en p<strong>la</strong>ce complètent un mo<strong>de</strong>d’action traditionnellement utilisé pour gérer <strong>la</strong> difficulté sco<strong>la</strong>ire, qui estcelui <strong>de</strong> <strong>la</strong> réduction <strong>de</strong> <strong>la</strong> taille <strong>de</strong>s groupes d’élèvesAu cours <strong>de</strong> l’année sco<strong>la</strong>ire 2008-2009, l’enseignement publiccomptait en moyenne 25,8 élèves par c<strong>la</strong>sse en maternelle, 22,6 à l’écoleélémentaire, 24,1 au collège, 19 au lycée professionnel, et 28,4 au lycéed’enseignement général et technologique 135 .Cependant ces chiffres ne reflètent pas exactement <strong>les</strong> conditionsréel<strong>les</strong> d’encadrement <strong>de</strong>s élèves. En effet, le tiers en moyenne <strong>de</strong>s heuresd’enseignement dans le second <strong>de</strong>gré (18,6 % au collège, 47,1 % au lycéeprofessionnel, 49,0 % dans le second cycle général et technologique) sontdispensées en groupes sous <strong>de</strong>s formes diverses : travaux pratiques,135) Source : Repères et références statistiques 2009, ministère <strong>de</strong> l’éducation<strong>nationale</strong>.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


150 COUR DES COMPTEStravaux dirigés, groupes ateliers, modu<strong>les</strong>, groupes <strong>de</strong> niveau en<strong>la</strong>ngues,.... Le pourcentage d’heures <strong>de</strong> cours accomplies dans <strong>de</strong>sstructures pédagogiques <strong>de</strong> dix élèves ou moins est en moyenne <strong>de</strong> 8,5 %.Les étu<strong>de</strong>s re<strong>la</strong>tives à l’impact <strong>de</strong> <strong>la</strong> réduction <strong>de</strong> <strong>la</strong> taille <strong>de</strong>sgroupes d’enseignement sur <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong>s élèves montrent qu’il variefortement selon l’origine sociale <strong>de</strong>s élèves et le niveau d’enseignement.Ainsi, une enquête <strong>de</strong> <strong>la</strong> DEPP, publiée en avril 2005 et portant sur unecomparaison entre 100 c<strong>la</strong>sses expérimenta<strong>les</strong> <strong>de</strong> CP d’un effectifcompris entre 8 et 12 élèves et 100 autres c<strong>la</strong>sses <strong>de</strong> CP d’environ 20élèves, indique que <strong>la</strong> réduction <strong>de</strong> <strong>la</strong> taille <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>sses est efficace pour<strong>les</strong> élèves issus <strong>de</strong> catégories socia<strong>les</strong> défavorisées dans <strong>les</strong> petites c<strong>la</strong>ssesdu primaire, au moment <strong>de</strong> l’apprentissage <strong>de</strong> <strong>la</strong> lecture, mais seulementsi elle aboutit à <strong>la</strong> constitution <strong>de</strong> groupes à faib<strong>les</strong> effectifs. Une autreétu<strong>de</strong> 136 montre que cet effet peut jouer même si le nombre d’élèves nediminue que <strong>de</strong> quelques unités : elle indique par ailleurs que l’effet <strong>de</strong> <strong>la</strong>réduction <strong>de</strong> <strong>la</strong> taille <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>sses est plus faible aux autres niveauxd’enseignement (collège et lycée) et qu’il a moins d’impact sur <strong>la</strong> réussite<strong>de</strong>s bons élèves que sur celle <strong>de</strong>s élèves en difficulté. Or <strong>la</strong> politiquesuivie <strong>de</strong>puis plusieurs années par l’éducation <strong>nationale</strong> tend à diminuer<strong>de</strong> manière re<strong>la</strong>tivement i<strong>de</strong>ntique <strong>la</strong> taille <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>sses dans <strong>tous</strong> <strong>les</strong>établissements, quels que soient le niveau d’étu<strong>de</strong>s suivies et l’originesociale <strong>de</strong>s élèves.En outre, lorsque le dédoublement <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>sses ne s’accompagnepas <strong>de</strong> <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce d’une pédagogie différenciée, ses effets nepeuvent qu’être limités sur <strong>de</strong>s élèves aux profils hétérogènes. Une étu<strong>de</strong>publiée dans <strong>la</strong> revue « Education et formations » 137 observe ainsi qu’« aucollège, <strong>les</strong> enseignants ont tendance à reproduire leurs métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong>travail habituel<strong>les</strong> dans un groupe plus restreint ».Les mesures <strong>de</strong> dédoublement <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>sses, coûteuses en moyensd’enseignement, ne sont donc pas systématiquement efficaces pour <strong>la</strong>réussite <strong>de</strong>s élèves ; <strong>les</strong> services <strong>de</strong>s rectorats tentent <strong>de</strong> dissua<strong>de</strong>r <strong>les</strong>chefs d’établissement d’y recourir <strong>de</strong> manière massive. Toutefois cesmesures sont souvent bien perçues par <strong>les</strong> enseignants, <strong>de</strong> même que par<strong>les</strong> famil<strong>les</strong> qui y voient le gage <strong>de</strong> meilleures conditions d’apprentissage.Le fait qu’el<strong>les</strong> soient le plus souvent remises en question en raison <strong>de</strong>leur coût, et non <strong>de</strong> leur pertinence inégale au regard <strong>de</strong> l’objectif <strong>de</strong>réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves, ne facilite guère <strong>la</strong> communication <strong>de</strong>l’éducation <strong>nationale</strong> en <strong>la</strong> matière.136) « L’impact <strong>de</strong> <strong>la</strong> taille <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>sses sur <strong>la</strong> réussite sco<strong>la</strong>ire dans <strong>les</strong> éco<strong>les</strong>,collèges et lycées français », Thomas Piketty et Mathieu Vallenaire, dossiersEvaluation et statistiques, n°173, mars 2006.137) Education et formations - n° 66, juillet-décembre 2003.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


L’ELEVE DANS L’ORGANISATION DE L’ENSEIGNEMENTSCOLAIRE 151d) Les programmes personnalisés <strong>de</strong> réussite éducative (PPRE)La loi d’orientation et <strong>de</strong> programme pour l’avenir <strong>de</strong> l’école du 23avril 2005 précise qu’«à tout moment <strong>de</strong> <strong>la</strong> sco<strong>la</strong>rité obligatoire, lorsqu'i<strong>la</strong>pparaît qu'un élève risque <strong>de</strong> ne pas maîtriser <strong>les</strong> connaissances et <strong>les</strong>compétences indispensab<strong>les</strong> à <strong>la</strong> fin d'un cycle, le directeur d'école ou lechef d'établissement propose aux parents ou au responsable légal <strong>de</strong>l'élève <strong>de</strong> mettre en p<strong>la</strong>ce un programme personnalisé <strong>de</strong> réussiteéducative ». Le PPRE se définit comme un p<strong>la</strong>n coordonné d’actions quise déroulent pendant <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse ou hors <strong>de</strong> <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse, <strong>de</strong>stiné à répondre auxdifficultés rencontrées par un élève dans l’acquisition du socle <strong>de</strong>compétences. Il est formalisé dans un document qui en précise <strong>les</strong>objectifs, <strong>les</strong> modalités, <strong>les</strong> échéances et <strong>les</strong> mo<strong>de</strong>s d’évaluation. E<strong>la</strong>borépar l’équipe pédagogique, il est discuté avec <strong>les</strong> parents et présenté àl’élève. Il a pour objectif <strong>de</strong> prévenir et d’accompagner le redoublement :<strong>les</strong> élèves concernés doivent avoir <strong>de</strong>s difficultés importantes oumoyennes, et non passagères.Ce dispositif vise donc à faire prendre en charge <strong>la</strong> difficultésco<strong>la</strong>ire dès son apparition, et essentiellement par un enseignanthabituellement en charge <strong>de</strong> l’élève.Or <strong>les</strong> exemp<strong>les</strong> <strong>de</strong> terrain montrent que ce n’est pas toujours lecas. Parfois, <strong>les</strong> PPRE sont <strong>de</strong> simp<strong>les</strong> habil<strong>la</strong>ges d’un recours c<strong>la</strong>ssiqueaux interventions <strong>de</strong>s réseaux d’ai<strong>de</strong>s spécialisées aux élèves en difficulté(RASED), dans le premier <strong>de</strong>gré, ou à <strong>de</strong>s processus d’accompagnementet <strong>de</strong> soutien sco<strong>la</strong>ire réalisés en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong>s cours par <strong>de</strong>s associations,dans le second <strong>de</strong>gré. L’exemple d’un collège <strong>de</strong>s Yvelines illustre ainsi<strong>les</strong> limites <strong>de</strong> ce dispositif : créé il y a trois ans, le PPRE y apparaîtd’ores et déjà concurrencé par <strong>de</strong>ux autres dispositifs qui relèvent, l’un <strong>de</strong>l’éducation <strong>nationale</strong> (accompagnement éducatif), et l’autre <strong>de</strong> <strong>la</strong>politique <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville (tutorat renforcé).PPRE, accompagnement éducatif, et tutorat renforcé : l’exemple d’uncollège <strong>de</strong>s YvelinesUn PPRE est proposé par <strong>les</strong> équipes après le premier trimestre et lors<strong>de</strong>s conseils <strong>de</strong> c<strong>la</strong>sse. En 2006-2007, une vingtaine d’élèves, principalement <strong>de</strong>6 ème et 5 ème , ont bénéficié <strong>de</strong> ce dispositif. Ces PPRE portaient sur <strong>de</strong>s durées <strong>de</strong>6 à 12 semaines, et plus <strong>de</strong> 75% concernaient <strong>de</strong>s difficultés en français. Lebi<strong>la</strong>n <strong>de</strong> ce dispositif, réalisé par le collège à l’issue <strong>de</strong> <strong>la</strong> première année <strong>de</strong>mise en p<strong>la</strong>ce, a permis <strong>de</strong> constater <strong>de</strong>s progrès sensib<strong>les</strong> pour <strong>les</strong> élèves ne<strong>de</strong>vant remédier qu’à une difficulté spécifique, et dont le PPRE pouvait doncs’inscrire sur une courte durée. En revanche, ce dispositif s’est avéré insuffisantpour <strong>les</strong> élèves confrontés à <strong>de</strong>s difficultés multip<strong>les</strong>.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


152 COUR DES COMPTESCe constat a conduit le chef d’établissement à solliciter pour ces élèves<strong>de</strong>s mesures <strong>de</strong> « tutorat renforcé » 138 , qui étaient mises en p<strong>la</strong>ce dans le cadred’un dispositif <strong>de</strong> réussite éducative par <strong>la</strong> municipalité. Au cours <strong>de</strong> cettepremière année, 27 élèves ont bénéficié <strong>de</strong> ce tutorat renforcé pour un budgethoraire <strong>de</strong> 669 heures. Selon une enquête menée auprès <strong>de</strong>s tuteurs et <strong>de</strong>sélèves, <strong>de</strong>s progrès auraient été obtenus dans <strong>les</strong> résultats sco<strong>la</strong>ires dans plus <strong>de</strong>60% <strong>de</strong>s cas, et ce dispositif aurait également permis dans près <strong>de</strong> 90% <strong>de</strong>s cas<strong>de</strong> redonner confiance aux élèves, d’éviter le décrochage, d’organiser unmeilleur suivi <strong>de</strong>s <strong>de</strong>voirs et d’apporter une ai<strong>de</strong> méthodologique.Cependant, <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux tiers <strong>de</strong>s élèves inscrits au tutorat renforcébénéficiaient également du dispositif d’«accompagnement éducatif» qui avaitégalement été mis en p<strong>la</strong>ce récemment au collège dans le cadre <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong> aux<strong>de</strong>voirs et leçons, ce qui représentait entre trois à cinq heures supplémentairespour <strong>les</strong> élèves <strong>de</strong> 6 ème et 5 ème .Certains élèves étaient même présents au collège jusqu’à huit heures <strong>de</strong>plus par semaine. Chez certains enfants, <strong>de</strong>s problèmes d’absentéisme ont étésignalés, ainsi que <strong>de</strong>s progressions sco<strong>la</strong>ires plus limitées.De plus, une bonne communication s’est révélée difficile à mettre enœuvre entre « tuteurs renforcés » et intervenants <strong>de</strong> l’accompagnement éducatif.Compte tenu <strong>de</strong> cette situation, <strong>les</strong> équipes pédagogiques ont décidé que <strong>les</strong>élèves en difficulté lour<strong>de</strong> (moyenne inférieure à 7 sur 20 dans <strong>les</strong> disciplinesfondamenta<strong>les</strong>, décrochage sco<strong>la</strong>ire caractérisé par <strong>de</strong>s copies rendues b<strong>la</strong>nches…) seraient proposés pour le tutorat renforcé, et qu’en revanche, ils nebénéficieraient <strong>de</strong> l’accompagnement éducatif que dans <strong>les</strong> domaines artistique,culturel et sportif. Sur ce fon<strong>de</strong>ment, une vingtaine d’enfants ont suivi un tutoratrenforcé au cours <strong>de</strong> l’année 2008-2009. Professeurs et tuteurs se rencontrentselon <strong>de</strong>s fréquences variab<strong>les</strong>, et <strong>les</strong> tuteurs sont invités au conseil <strong>de</strong> c<strong>la</strong>sse.Cette situation appelle <strong>de</strong>ux observations. Alors même que, <strong>face</strong> auconstat <strong>de</strong> difficultés sco<strong>la</strong>ires lour<strong>de</strong>s, l’accompagnement éducatif, dont <strong>la</strong>responsabilité incombe au collège, <strong>de</strong>vrait logiquement avoir un contenuprioritairement orienté vers une ai<strong>de</strong> aux <strong>de</strong>voirs assurée par <strong>les</strong> enseignants quiconstatent directement ces difficultés, il peut apparaître surprenant que <strong>les</strong>équipes pédagogiques aient préféré réserver ce dispositif pouvant aller jusqu’à 8heures par semaine à <strong>de</strong>s activités sportives ou culturel<strong>les</strong>, et <strong>la</strong>isser <strong>la</strong> charged’un tutorat renforcé <strong>de</strong> 3 heures à <strong>de</strong>s intervenants extérieurs. D’autre part, <strong>les</strong>PPRE ne concernent plus désormais que 10 élèves, ce qui remet en cause cedispositif qui avait été p<strong>la</strong>cé au cœur <strong>de</strong> l’obligation d’accès <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèvesau socle commun <strong>de</strong> compétences et <strong>de</strong> connaissances défini par <strong>la</strong> loi <strong>de</strong>programme pour l’avenir <strong>de</strong> l’école. La cohérence <strong>de</strong> ces orientations n’estdonc pas manifeste.138) Le tutorat renforcé regroupe un à trois élèves maximum sur trois heures parsemaine (trois fois une heure ou plus généralement <strong>de</strong>ux fois une heure et <strong>de</strong>mie).Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


L’ELEVE DANS L’ORGANISATION DE L’ENSEIGNEMENTSCOLAIRE 153La diffusion du PPRE <strong>de</strong>meure limitée : en 2007-2008, ilbénéficiait à 6,6% <strong>de</strong>s élèves, à 7,3% <strong>de</strong>s collégiens en général, et à10,7% <strong>de</strong>s collégiens relevant <strong>de</strong>s dispositifs <strong>de</strong> l’éducation prioritaire.Pour l’année sco<strong>la</strong>ire 2009-2010, le ministère a précisé qu’il concerne8,5% <strong>de</strong>s collégiens, dont 14% <strong>de</strong>s élèves <strong>de</strong> sixième. L’échec sco<strong>la</strong>iretouchant environ un élève sur cinq, et près d’un élève sur <strong>de</strong>ux étantconfronté à <strong>la</strong> difficulté sco<strong>la</strong>ire, ce dispositif apparaît donc d’un usagere<strong>la</strong>tivement faible.De fait, le PPRE a du mal à s’imp<strong>la</strong>nter, car son articu<strong>la</strong>tion avec<strong>les</strong> autres mesures mises récemment en œuvre n’apparaît pas c<strong>la</strong>ire auxéquipes sur le terrain. Dans une note <strong>de</strong> juillet 2009, <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux inspectionsgénéra<strong>les</strong> du ministère soulignent ainsi que <strong>la</strong> mise en œuvre <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong>personnalisée a « brouillé le message » sur ces programmes, etpréconisent <strong>de</strong> faire <strong>de</strong>s PPRE <strong>la</strong> référence d’un unique programme <strong>de</strong>réussite individualisé intégrant <strong>tous</strong> <strong>les</strong> dispositifs.Les PPRE ne peuvent en effet <strong>de</strong>venir un outil réellement efficacedans le dispositif <strong>de</strong> lutte contre <strong>la</strong> difficulté sco<strong>la</strong>ire qu’à <strong>la</strong> conditiond’une redéfinition c<strong>la</strong>ire précisant leur articu<strong>la</strong>tion avec <strong>les</strong> autresdispositifs mis en œuvre, un pilotage académique et local fort, <strong>la</strong> mise àdisposition d’outils efficaces <strong>de</strong> repérage <strong>de</strong> <strong>la</strong> difficulté sco<strong>la</strong>ire, uneimplication importante <strong>de</strong>s corps d’inspection pour faire comprendrel’intérêt <strong>de</strong> ces programmes, notamment aux enseignants du second<strong>de</strong>gré, ainsi que l’instauration d’habitu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> travail différentes entreenseignants. Ce <strong>de</strong>rnier point est essentiel : <strong>les</strong> PPRE supposent en effetun diagnostic et un travail communs <strong>de</strong> l’équipe pédagogique responsable<strong>de</strong> l’élève.Toutes ces conditions <strong>de</strong> réussite font que <strong>les</strong> PPRE sont pluséloignés <strong>de</strong>s habitu<strong>de</strong>s professionnel<strong>les</strong> <strong>de</strong>s enseignants du second <strong>de</strong>gréque <strong>de</strong> cel<strong>les</strong> <strong>de</strong>s professeurs <strong>de</strong>s éco<strong>les</strong>. En effet, leur réussite requiert,ainsi que l’indique le rapport <strong>de</strong> <strong>la</strong> mission d’audit sur <strong>les</strong> gril<strong>les</strong> horairesau lycée, « le dépassement d’une pratique individuelle du métierd’enseignant, obstacle majeur à <strong>la</strong> gestion <strong>de</strong> l’hétérogénéité <strong>de</strong>s élèveset à <strong>la</strong> réduction <strong>de</strong> <strong>la</strong> difficulté sco<strong>la</strong>ire ».L’ensemble <strong>de</strong> ces observations justifie que le ministère procè<strong>de</strong> àune évaluation <strong>de</strong> l’efficacité réelle du dispositif <strong>de</strong>s PPRE sur <strong>la</strong> réussite<strong>de</strong>s élèves qui en bénéficient.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


154 COUR DES COMPTESe) L’accompagnement éducatifDifférents textes ont prévu <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce d’un« accompagnement éducatif » dans <strong>les</strong> collèges <strong>de</strong> l’éducation prioritaireà <strong>la</strong> rentrée 2007, puis sa généralisation à l’ensemble <strong>de</strong>s collèges publicset privés sous contrat à <strong>la</strong> rentrée 2008, ainsi qu’aux éco<strong>les</strong> élémentairesrelevant <strong>de</strong> l’éducation prioritaire 139 . L’accompagnement éducatif peutégalement être organisé dans <strong>les</strong> éco<strong>les</strong> élémentaires qui ne relèvent pas<strong>de</strong> l’éducation prioritaire, après concertation entre l’inspectionacadémique et <strong>la</strong> commune. Au total, le dispositif <strong>de</strong> l’accompagnementéducatif a vocation à être progressivement é<strong>la</strong>rgi d’ici 2011 à l’ensemble<strong>de</strong>s éco<strong>les</strong> et <strong>de</strong>s établissements sco<strong>la</strong>ires 140 .A l’école et au collège, <strong>les</strong> dispositifs d’accompagnement éducatif,gratuits pour <strong>les</strong> famil<strong>les</strong>, sont organisés sur une base indicative <strong>de</strong> <strong>de</strong>uxheures par jour pendant quatre jours par semaine. Ils s’adressent à unpublic d’élèves qui s’engagent sur <strong>la</strong> base du volontariat.L’accompagnement recouvre quatre domaines, selon <strong>de</strong>s formu<strong>les</strong>retenues par l’équipe éducative en fonction <strong>de</strong>s besoins <strong>de</strong>s élèves : l’ai<strong>de</strong>aux <strong>de</strong>voirs, <strong>les</strong> activités culturel<strong>les</strong>, <strong>les</strong> activités sportives, et <strong>les</strong> <strong>la</strong>nguesvivantes <strong>de</strong>puis <strong>la</strong> rentrée 2008 pour <strong>les</strong> collégiens. Les activités sontencadrées principalement par <strong>de</strong>s enseignants volontaires, <strong>de</strong>s assistantsd’éducation, et <strong>de</strong>s intervenants extérieurs (associations, structuresculturel<strong>les</strong> et sportives...).139) Parallèlement à ce dispositif, un soutien et un accompagnement sont égalementproposés aux élèves en difficulté sco<strong>la</strong>ire dans 200 lycées généraux et technologiquesdans le cadre d’une expérimentation engagée au mois d’août 2008 : ce dispositif prend<strong>la</strong> forme d’un accompagnement sco<strong>la</strong>ire <strong>de</strong>s lycéens tout au long <strong>de</strong> l’année, avecl’organisation <strong>de</strong> stages durant <strong>les</strong> vacances sco<strong>la</strong>ires, ainsi que <strong>de</strong>s sessionsd’entraînement aux examens.140) Au lycée, le dispositif intitulé « accompagnement personnalisé » repose sur unelogique totalement différente car il s’adresse à <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves. Les élèves <strong>de</strong> lycéeprofessionnel bénéficient ainsi <strong>de</strong> 2 heures 30 d’accompagnement en groupe <strong>de</strong>puis <strong>la</strong>rentrée 2009. Les élèves <strong>de</strong> lycée général et technologique disposeront dans leurhoraire d’enseignement <strong>de</strong> 72 heures annuel<strong>les</strong> d’accompagnement (soit <strong>de</strong>ux heurespar semaine en moyenne) à compter <strong>de</strong> <strong>la</strong> rentrée 2010. Ce dispositif sera d’abord misen œuvre en c<strong>la</strong>sse <strong>de</strong> secon<strong>de</strong>.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


L’ELEVE DANS L’ORGANISATION DE L’ENSEIGNEMENTSCOLAIRE 155Des personnels non enseignants, <strong>de</strong>s étudiants, <strong>de</strong>s parents d’élèvesou <strong>de</strong>s bénévo<strong>les</strong> (membres d’associations, enseignants à <strong>la</strong> retraite...)peuvent également intervenir. Leur rémunération est assurée sous <strong>la</strong>forme d’heures supplémentaires effectives non fiscalisées ou <strong>de</strong>vacations, selon <strong>les</strong> statuts <strong>de</strong>s intervenants 141 .Bi<strong>la</strong>n <strong>de</strong> l’accompagnement éducatif 2008-20092.640 éco<strong>les</strong> élémentaires <strong>de</strong> l’éducation prioritaire ont mis enp<strong>la</strong>ce un accompagnement éducatif <strong>de</strong>puis <strong>la</strong> rentrée 2008. El<strong>les</strong>représentent 84% <strong>de</strong>s éco<strong>les</strong> RAR (réseau ambition réussite) et 75% <strong>de</strong>séco<strong>les</strong> RRS (réseau réussite sco<strong>la</strong>ire). 147.014 élèves bénéficient <strong>de</strong> cedispositif, soit 26,9% <strong>de</strong>s élèves <strong>de</strong>s éco<strong>les</strong> RAR et 24% <strong>de</strong>s élèves <strong>de</strong>séco<strong>les</strong> RRS.22.944 intervenants ont participé à ce programme, dont 73,1%d’enseignants : le taux d’encadrement moyen est d’un intervenant pour sixécoliers.Les 698.767 heures d’accompagnement éducatif se répartissent àhauteur <strong>de</strong> 62% pour le travail sco<strong>la</strong>ire, 26,1% pour <strong>la</strong> pratique artistiqueet culturelle, et 11,9% pour <strong>la</strong> pratique sportive.En 2008-2009, 5.104 collèges ont organisé un accompagnementéducatif, qui a concerné 725.434 collégiens du public soit 30,7% <strong>de</strong>seffectifs. Ce programme a concerné 113.057 intervenants, dont 60%d’enseignants : le taux d’encadrement est d’un intervenant pour 6collégiens. L’ai<strong>de</strong> aux <strong>de</strong>voirs représente 65,1% <strong>de</strong> ces activités, <strong>la</strong>pratique culturelle et artistique 20,7%, <strong>la</strong> pratique sportive 10,4% et <strong>les</strong><strong>la</strong>ngues vivantes 3,8%.Source : DGESCOLa DGESCO met l’accent sur <strong>la</strong> proportion importante <strong>de</strong>s éco<strong>les</strong>relevant <strong>de</strong> l’éducation prioritaire (RAR et RRS), où ce dispositif est misen p<strong>la</strong>ce. Cependant, l’examen <strong>de</strong> <strong>la</strong> mise en œuvre <strong>de</strong> l’accompagnementéducatif met en évi<strong>de</strong>nce le pourcentage re<strong>la</strong>tivement faible d’écoliersbénéficiant effectivement <strong>de</strong> cette mesure : ce sont au total 73% <strong>de</strong>sélèves <strong>de</strong>s éco<strong>les</strong> RAR et 76% <strong>de</strong>s élèves <strong>de</strong>s éco<strong>les</strong> RRS qui échappent àce dispositif <strong>de</strong> lutte contre <strong>la</strong> difficulté sco<strong>la</strong>ire, même s’il faut prendreen compte, ce que souligne <strong>la</strong> DGESCO, le fait que ce dispositif estcomplémentaire d’ai<strong>de</strong>s déjà existantes, et donc que <strong>de</strong>s élèves peuvent141) Au total, selon <strong>la</strong> DGESCO, 323 M€ sont consacrés à ce dispositif pour 2009,dont 115 M€ pour <strong>la</strong> rémunération <strong>de</strong> 3 millions d’heures supplémentaires effectivesaccomplies par <strong>les</strong> enseignants volontaires qui s’engagent dans le dispositif, 134 M€pour rémunérer 6.000 assistants d’éducation dont le recrutement a été engagé en 2008,54 M€ affectés à <strong>de</strong>s subventions aux collectivités territoria<strong>les</strong>, aux établissementsprivés sous contrat ou à <strong>de</strong>s associations, et 20 M€ en provenance du centre nationalpour le développement du sport (CNDS).Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


156 COUR DES COMPTESdéjà être pris en charge par d’autres dispositifs. Le pourcentage <strong>de</strong>participation observé est en outre d’autant plus limité que, sur <strong>les</strong> 26,9%d’écoliers RAR volontaires, seuls 62% ont fait le choix <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong> aux<strong>de</strong>voirs.Ce dispositif soulève plusieurs interrogations.Tout d’abord, <strong>la</strong> DGESCO considère que « l’objectif <strong>de</strong>l’accompagnement éducatif, qui n’est pas un dispositif <strong>de</strong> lutte contrel’échec sco<strong>la</strong>ire, est <strong>de</strong> permettre à chaque volontaire <strong>de</strong> bénéficier d’uncomplément éducatif quel que soit son lieu <strong>de</strong> sco<strong>la</strong>risation et <strong>de</strong>domiciliation ». Cette position introduit une ambiguïté qu’il seraitnécessaire <strong>de</strong> lever : l’ai<strong>de</strong> aux <strong>de</strong>voirs (ou, selon <strong>la</strong> formu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> <strong>la</strong>DGESCO, « l’ai<strong>de</strong> au travail sco<strong>la</strong>ire ») ne <strong>de</strong>vrait pas, si elle estnécessaire pour <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> l’élève, reposer sur le principe duvolontariat ; en outre, elle <strong>de</strong>vrait, pour être efficace, être assurée ou bienétroitement coordonnée par <strong>les</strong> enseignants <strong>de</strong> l’élève.Par ailleurs, l’accompagnement éducatif doit être articulé avec <strong>les</strong>autres dispositifs publics existants, sous peine <strong>de</strong> contribuer à unempilement <strong>de</strong> mesures et <strong>de</strong>s dépenses inuti<strong>les</strong>. Il doit être égalementévalué, du point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> son efficacité pour <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong>s élèves. Enoutre, <strong>les</strong> enseignants ne sont pas nécessairement formés pour prendre encharge <strong>les</strong> élèves dans ces temps différents <strong>de</strong>s cours habituels.Enfin, le fait que l’accompagnement éducatif soit facultatif negarantit en aucune manière qu’il bénéficie aux élèves qui en ont le plusbesoin, ainsi que l’ont montré <strong>de</strong>s exemp<strong>les</strong> analysés par <strong>la</strong> Cour.Exemple <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux collèges <strong>de</strong>s YvelinesEn 2008, dans un collège c<strong>la</strong>ssé en RRS et imp<strong>la</strong>nté au sein d’unezone urbaine sensible, un accompagnement éducatif a été mis en œuvre pour60% en moyenne <strong>de</strong> l’effectif (74% en 6 ème , 27% en 3 ème, et 0% pour <strong>les</strong>élèves affectés en section d'enseignement général et professionnel adapté(SEGPA).Un autre collège, c<strong>la</strong>ssé en RAR et soumis aux mêmescaractéristiques, n’assure pour sa part un accompagnement éducatif que pour37% <strong>de</strong> l’effectif, avec <strong>de</strong>s variations al<strong>la</strong>nt <strong>de</strong> 62% en 6 ème à 15% en 3 ème .L’accompagnement éducatif est donc plus important dans le premiercollège. Or l’examen <strong>de</strong>s performances sco<strong>la</strong>ires <strong>de</strong>s élèves à l’occasion <strong>de</strong>l’évaluation diagnostique <strong>de</strong> 6 ème menée en 2007-2008 montre qu’enfrançais, le taux <strong>de</strong> réussite dans le <strong>de</strong>uxième collège n’est que <strong>de</strong> 34,4%alors qu’il atteint 43,2% dans le premier. De même, <strong>les</strong> résultats au diplômenational du brevet sont respectivement <strong>de</strong> 53,1% et <strong>de</strong> 75,4%.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


L’ELEVE DANS L’ORGANISATION DE L’ENSEIGNEMENTSCOLAIRE 157L’exemple <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux collèges souligne <strong>les</strong> limites <strong>de</strong>s modalitésretenues pour <strong>la</strong> mise en œuvre <strong>de</strong> l’accompagnement éducatif. Fondé surle volontariat tant <strong>de</strong>s élèves que <strong>de</strong>s enseignants et <strong>de</strong>s autresintervenants, ce dispositif peut être mis en œuvre <strong>de</strong> façoncomparativement moins importante dans <strong>les</strong> établissements où le besoind’une ai<strong>de</strong> aux <strong>de</strong>voirs est pourtant le plus manifeste. Si <strong>les</strong> équipespédagogiques ne font pas preuve <strong>de</strong> vigi<strong>la</strong>nce, il est même possible que,dans certains cas, l’accompagnement éducatif puisse accroître <strong>les</strong> écarts<strong>de</strong> réussite en bénéficiant essentiellement aux bons élèves 142 .Au total, l’accompagnement éducatif marque heureusement uneimplication <strong>de</strong> l’éducation <strong>nationale</strong> dans <strong>de</strong>s activitésd’accompagnement sco<strong>la</strong>ire, qui, dans certains pays, font déjà partie <strong>de</strong>smissions habituel<strong>les</strong> <strong>de</strong>s enseignants, mais que <strong>la</strong> définition réglementaireactuelle <strong>de</strong> leur service ne prévoit pas encore en France. Il convientcependant d’observer qu’une préoccupation d’efficacité et d’équité<strong>de</strong>vrait normalement conduire à sortir l’ai<strong>de</strong> aux <strong>de</strong>voirs <strong>de</strong>s modalitésactuellement retenues pour l’accompagnement éducatif, et à <strong>la</strong> faireprendre obligatoirement en charge, pendant le temps sco<strong>la</strong>ire, par <strong>les</strong>propres enseignants <strong>de</strong> l’élève. En règle générale, en effet, <strong>les</strong> dispositifsspécifiques mis en p<strong>la</strong>ce ne <strong>de</strong>vraient pas prendre <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce du soutiensco<strong>la</strong>ire qui doit, à titre principal, être assuré pendant <strong>les</strong> heures <strong>de</strong> coursnorma<strong>les</strong>.142) Par comparaison, il est intéressant <strong>de</strong> noter que, dans le second cycled’enseignement général et technologique, <strong>les</strong> lycées sont invités « à faire preuved’imagination » dans l’organisation du futur temps d’accompagnement personnalisé<strong>de</strong>stiné à <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves. Ce dispositif prévu pour <strong>la</strong> rentrée 2010 couvre en effet unchamp très <strong>la</strong>rge (soutien, approfondissement, ai<strong>de</strong> méthodologique, ai<strong>de</strong> àl’orientation), et <strong>de</strong>vrait normalement être assuré par <strong>les</strong> enseignants, puisque <strong>les</strong>dotations globa<strong>les</strong> horaires <strong>de</strong>s établissements comporteront une enveloppe spécifiqueregroupant l’accompagnement personnalisé et <strong>les</strong> enseignements en petits effectifs. Ilsera nécessaire que le ministère suive et évalue, au regard <strong>de</strong> leur efficacité sur <strong>la</strong>réussite <strong>de</strong>s élèves, <strong>les</strong> mo<strong>de</strong>s d’organisation choisis par <strong>les</strong> lycées généraux ettechnologiques. L’exemple <strong>de</strong> l’enseignement professionnel, au sein duquel, selon <strong>les</strong>interlocuteurs <strong>de</strong> <strong>la</strong> Cour, <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong> l’accompagnement s’est faite <strong>de</strong>manière variable, avec <strong>de</strong>s difficultés dues au manque d’outils mis à <strong>la</strong> disposition <strong>de</strong>senseignants, invite en effet à un examen attentif. En particulier, si <strong>les</strong> heuresd’accompagnement n’étaient finalement utilisées, comme <strong>les</strong> heures d’IDD au collègeou <strong>les</strong> heures <strong>de</strong> vie <strong>de</strong> c<strong>la</strong>sse, que pour dédoubler <strong>les</strong> c<strong>la</strong>sses dans <strong>les</strong> matières jugéesessentiel<strong>les</strong>, ce dispositif n’aurait servi qu’à conforter un système s’écartant d’unepersonnalisation effective <strong>de</strong> <strong>la</strong> prise en charge <strong>de</strong>s difficultés <strong>de</strong>s élèves.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


158 COUR DES COMPTESf) L’ai<strong>de</strong> personnalisée dans le premier <strong>de</strong>gréL’objectif <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong> personnalisée, qui a été mise en œuvre àl’école primaire à hauteur <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux heures par semaine à <strong>la</strong> rentrée 2008,est d’apporter une ai<strong>de</strong> aux élèves en difficulté en <strong>de</strong>hors du tempssco<strong>la</strong>ire normal.Une note <strong>de</strong>s inspections généra<strong>les</strong> <strong>de</strong> juillet 2009 a souligné quece dispositif, mis en p<strong>la</strong>ce par <strong>la</strong> très gran<strong>de</strong> majorité <strong>de</strong>s professeurs <strong>de</strong>séco<strong>les</strong>, mais selon <strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s d’organisation et avec <strong>de</strong>s outils très variés,n’a pas été à <strong>la</strong> hauteur <strong>de</strong>s attentes <strong>de</strong>s enseignants 143 . La plupart d’entreeux ont concentré <strong>les</strong> actions d’appui sur le français, <strong>les</strong> mathématiques,et <strong>la</strong> méthodologie <strong>de</strong> l’apprentissage : toutefois, si <strong>les</strong> effets <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong>personnalisée sont, selon cette note, visib<strong>les</strong> sur le p<strong>la</strong>n du comportementen c<strong>la</strong>sse, <strong>les</strong> enseignants remarquent que <strong>les</strong> progrès constatéss’atténuent au fil du temps. En définitive, le dispositif « permet <strong>de</strong>sajustements rapi<strong>de</strong>s et sur <strong>de</strong>s durées courtes pour <strong>de</strong>s difficultésponctuel<strong>les</strong> », mais n’a pas réellement d’effet sur le parcours <strong>de</strong>s élèves :selon <strong>les</strong> enseignants, il ne permet pas <strong>de</strong> compenser <strong>les</strong> difficultés <strong>les</strong>plus lour<strong>de</strong>s qui pèsent sur le cursus <strong>de</strong>s élèves, du fait <strong>de</strong> <strong>la</strong> diversité <strong>de</strong>leurs besoins.Par ailleurs, l’ai<strong>de</strong> personnalisée augmente <strong>la</strong> durée <strong>de</strong> <strong>la</strong> journée<strong>de</strong> travail <strong>de</strong>s élèves <strong>les</strong> plus en difficulté en moyenne d’une <strong>de</strong>mi-heure,ou bien d’une heure selon <strong>les</strong> modalités choisies par l’école : si ces élèvessont en outre inscrits au dispositif <strong>de</strong> l’accompagnement sco<strong>la</strong>ire, <strong>les</strong>temps <strong>de</strong> présence dans <strong>les</strong> établissements peuvent s’accroître <strong>de</strong> façonimportante, alors que <strong>de</strong> longues journées ne sont pas adaptées auxcapacités d’apprentissage <strong>de</strong>s jeunes enfants.Enfin, dans ce cas également, l’articu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong> personnaliséeavec <strong>les</strong> autres dispositifs d’accompagnement ou d’ai<strong>de</strong> sco<strong>la</strong>ire <strong>de</strong>vraitêtre mieux pilotée et coordonnée au niveau local, afin d’éviterl’accumu<strong>la</strong>tion d’actions redondantes et <strong>de</strong>s différences d’approches entreenseignants. De même, une évaluation <strong>de</strong>s effets <strong>de</strong> ce dispositif coûteuxen moyens humains - 60 heures <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> enseignants du premier <strong>de</strong>gréy sont consacrées par année - <strong>de</strong>vrait être prévue, afin <strong>de</strong> mesurer seseffets sur <strong>les</strong> résultats <strong>de</strong>s élèves. Il n’est en effet pas certain qu’undispositif uniforme dans sa durée et généralisé sur tout le territoire soit lemieux adapté à <strong>la</strong> diversité <strong>de</strong>s besoins <strong>de</strong>s élèves.143) La mise en p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong> ce dispositif soulève par ailleurs <strong>de</strong>s problèmesd’organisation, en raison <strong>de</strong>s horaires <strong>de</strong> l’école et <strong>de</strong> <strong>la</strong> définition <strong>de</strong>s obligations <strong>de</strong>service <strong>de</strong>s enseignants du premier <strong>de</strong>gré.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


L’ELEVE DANS L’ORGANISATION DE L’ENSEIGNEMENTSCOLAIRE 159* **En définitive, alors même que le co<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’éducation lui assigneexplicitement <strong>la</strong> mission d’être « conçu et organisé » en fonction <strong>de</strong>sélèves, le fonctionnement du système éducatif français ne permet pas <strong>de</strong>recourir pleinement à l’ensemble <strong>de</strong>s moyens qui permettraient d’aboutirà un suivi plus effectif <strong>de</strong>s parcours sco<strong>la</strong>ires et à une prise en charge pluspersonnalisée, qui constituent <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux conditions nécessaires pourassurer <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves.L’enseignement sco<strong>la</strong>ire a heureusement repoussé, ces <strong>de</strong>rnièresannées, <strong>la</strong> tentation <strong>de</strong> reporter sur <strong>de</strong>s structures externes <strong>la</strong> mission qu’ils’est désormais assignée à lui-même, tant dans le premier que dans <strong>les</strong>econd <strong>de</strong>gré, <strong>de</strong> prendre en charge directement, au sein <strong>de</strong> <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse, <strong>la</strong>difficulté sco<strong>la</strong>ire 144 . L’ai<strong>de</strong> aux <strong>de</strong>voirs ou le soutien méthodologique etdisciplinaire doivent en effet faire partie intégrante <strong>de</strong> l’enseignement, etn’ont pas à être transférés, en <strong>de</strong>hors du temps sco<strong>la</strong>ire, à <strong>de</strong>s intervenantsqui, en dépit <strong>de</strong> leur bonne volonté, ne connaissent pas <strong>les</strong> élèves : à plusforte raison, ils n’ont pas à être assurés par défaut par <strong>de</strong>s entreprises àbut lucratif.Pour autant, le fait que, ces <strong>de</strong>rnières années, <strong>de</strong> nombreuxdispositifs d’ai<strong>de</strong> et d’accompagnement aient été mis en p<strong>la</strong>ce, sans quesoient suffisamment précisées leur cohérence et leurs finalités propres, arendu encore plus complexe le travail <strong>de</strong>s enseignants. L’organisationpédagogique reste en effet essentiellement fondée sur l’assemb<strong>la</strong>ge strictentre un enseignant, une discipline et une c<strong>la</strong>sse, alors même que ce mo<strong>de</strong>rigi<strong>de</strong> <strong>de</strong> structuration rend particulièrement difficile <strong>la</strong> prise en charge <strong>de</strong><strong>la</strong> difficulté sco<strong>la</strong>ire.144) Cette tentation est en effet récurrente : le fonds d’expérimentation annoncé par lehaut commissaire à <strong>la</strong> jeunesse en juillet 2009 doit ainsi financer <strong>de</strong>s mesures en<strong>de</strong>hors du système éducatif pour remédier au décrochage sco<strong>la</strong>ire.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


160 COUR DES COMPTES2 - Les sanctions <strong>de</strong> l’échec sco<strong>la</strong>irea) Le redoublement : une spécificité françaiseLes métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> gestion <strong>de</strong> l’échec sco<strong>la</strong>ire reposent toujours enFrance <strong>de</strong> façon prédominante sur le redoublement. Il a une doub<strong>les</strong>ignification : il est un <strong>de</strong>s signes <strong>de</strong> <strong>la</strong> perception par l’institutionsco<strong>la</strong>ire <strong>de</strong> l’échec sco<strong>la</strong>ire, mais il est aussi un <strong>de</strong>s moyens avec lequelelle tente <strong>de</strong> répondre à cet échec. Le redoublement est vécu par l’élève etsa famille comme une sanction, mais il est présenté par le systèmesco<strong>la</strong>ire comme un outil <strong>de</strong> remédiation.Alors même que le ministère considère que le redoublement estinefficace et coûteux, il <strong>de</strong>meure pourtant une spécificité française.• Le taux <strong>de</strong> redoublement le plus élevé <strong>de</strong>s paysdéveloppésLa proportion d’élèves en retard à <strong>la</strong> fin <strong>de</strong> l’école primaire a certesété ramenée entre 1960 et 1980 <strong>de</strong> 52% à 37%. Elle a encore diminué <strong>de</strong>moitié <strong>de</strong>puis lors : en 2000, le pourcentage d’élèves en retard en CM2est passé à 19%. De même, si <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi du 11 juillet 1975re<strong>la</strong>tive à l’éducation s’est accompagnée jusqu’en 1985 d’une forteaugmentation <strong>de</strong>s redoublements, cette tendance s’est inversée par <strong>la</strong>suite, bien que le taux <strong>de</strong> redoublement reste proche <strong>de</strong> 6 % en 6 ème .Mais, en dépit <strong>de</strong> cette baisse très nette, l’importance du recours auredoublement caractérise toujours <strong>la</strong> France, qui se p<strong>la</strong>ce en tête, <strong>de</strong> cepoint <strong>de</strong> vue, dans <strong>les</strong> comparaisons inter<strong>nationale</strong>s. Ainsi, lors <strong>de</strong>l’enquête PISA 2003, 40% <strong>de</strong>s élèves français âgés <strong>de</strong> 15 ans étaient enretard dans leur sco<strong>la</strong>rité 145 . Si ce pourcentage a sans doute encorediminué <strong>de</strong>puis lors, <strong>la</strong> pratique du redoublement reste encore trèssupérieure à celle <strong>de</strong> <strong>la</strong> plupart <strong>de</strong>s autres pays. En effet, le taux <strong>de</strong>redoublement était déjà en 2003 nul ou quasi-nul dans <strong>les</strong> pays nordiques,au Japon, et au Royaume-Uni ; <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux tiers <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> l’OCDE avaientun taux <strong>de</strong> retard à 15 ans inférieur à 20%, soit <strong>de</strong>ux fois moins que celui<strong>de</strong> <strong>la</strong> France.145) 34% avaient un an <strong>de</strong> retard et étaient toujours en 3ème à l’âge <strong>de</strong> 15 ans, et 6%se trouvaient en 4ème ou dans un autre dispositif.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


L’ELEVE DANS L’ORGANISATION DE L’ENSEIGNEMENTSCOLAIRE 161• Un système coûteux, inefficace, et inéquitableAlors même qu’il coûte <strong>de</strong>ux milliards d’euros par an, selon <strong>les</strong>évaluations du ministère <strong>de</strong> l’éducation <strong>nationale</strong>, le redoublement nepermet pas <strong>de</strong> rattraper <strong>les</strong> retards en matière d’acquisition <strong>de</strong>connaissances ou <strong>de</strong> compétences.Ainsi, <strong>les</strong> étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> <strong>la</strong> DEPP indiquent que 61 % <strong>de</strong>s élèves qui ontredoublé au cours <strong>de</strong> l’école primaire figurent dans le quartile qui obtient<strong>les</strong> résultats <strong>les</strong> plus faib<strong>les</strong> lors <strong>de</strong> l’évaluation <strong>de</strong> français <strong>de</strong> 6 ème :l’année supplémentaire <strong>de</strong> sco<strong>la</strong>rité <strong>de</strong> ces élèves ne leur a donc paspermis <strong>de</strong> rattraper leur retard sur leurs camara<strong>de</strong>s, contrairement à l’effetcorrectif qui est attendu du redoublement. Plus généralement, <strong>les</strong> résultats<strong>de</strong>s élèves qui redoublent sont globalement inférieurs, dans <strong>la</strong> suite <strong>de</strong>leur sco<strong>la</strong>rité, à ceux <strong>de</strong>s élèves qui avaient le même niveau et que l’on afait passer dans <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse supérieure. Le redoublement n’est donc pas unepratique permettant par elle-même <strong>de</strong> résoudre <strong>les</strong> difficultés sco<strong>la</strong>ires <strong>de</strong>sélèves <strong>les</strong> plus faib<strong>les</strong>. Au <strong>de</strong>meurant, <strong>les</strong> pays qui interdisent ou limitenttrès strictement le redoublement (Fin<strong>la</strong>n<strong>de</strong>, Suè<strong>de</strong>, Japon,…) ont <strong>les</strong>meilleurs résultats au sein <strong>de</strong> l’OCDE.Le redoublement est fortement corrélé avec l’orientation, dans <strong>la</strong>mesure où, dans le système sco<strong>la</strong>ire français, ils traduisent <strong>tous</strong> <strong>de</strong>ux unesanction <strong>de</strong> <strong>la</strong> difficulté sco<strong>la</strong>ire. A <strong>la</strong> rentrée 2008, environ 70% <strong>de</strong>sélèves <strong>de</strong> secon<strong>de</strong> générale et technologique n’étaient pas en retard dansleur sco<strong>la</strong>rité ; en revanche, ce taux n’atteignait que 30,7% pour <strong>les</strong> élèves<strong>de</strong> secon<strong>de</strong> professionnelle et 14,1% seulement pour <strong>les</strong> élèves <strong>de</strong>première année <strong>de</strong> CAP. Le redoublement est par ailleurs révé<strong>la</strong>teur d’uneinégalité sociale marquée. Ainsi, en 2008, <strong>les</strong> enfants <strong>de</strong> personnes sansactivité sont beaucoup plus souvent en retard dans leur sco<strong>la</strong>rité à l’écoleprimaire (34,1%) que <strong>les</strong> enfants <strong>de</strong> cadres (4,4%).Ces limites sont désormais bien connues <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong>sresponsab<strong>les</strong> du système sco<strong>la</strong>ire. Ainsi, <strong>la</strong> DGESCO a indiqué <strong>de</strong>manière tout à fait explicite, en réponse à <strong>la</strong> Cour, que « le redoublementa longtemps été considéré comme un moyen <strong>de</strong> lutte contre l’échecsco<strong>la</strong>ire », mais que « <strong>les</strong> étu<strong>de</strong>s montrent qu’il est plutôt un facteuraggravant ». Pourtant, le redoublement reste encore souvent perçu enFrance, par <strong>les</strong> enseignants comme par <strong>les</strong> famil<strong>les</strong>, comme un outil <strong>de</strong>remédiation nécessaire pour faire <strong>face</strong> aux difficultés sco<strong>la</strong>ires : il esttoujours considéré comme un outil pédagogique, ce qui contribue àl’insuffisance <strong>de</strong> <strong>la</strong> prise en charge personnalisée au sein <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>sses <strong>de</strong>sélèves <strong>les</strong> plus en difficulté.Compte tenu du caractère inefficace et très coûteux duredoublement, le ministère a indiqué à <strong>la</strong> Cour qu’il entendait continuer àCour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


162 COUR DES COMPTESfixer aux académies <strong>de</strong>s objectifs ambitieux <strong>de</strong> baisse. Certains rectoratsformalisent au <strong>de</strong>meurant déjà dans <strong>les</strong> contrats signés avec <strong>les</strong> EPLE <strong>de</strong>sobjectifs <strong>de</strong> niveau <strong>de</strong> redoublement. Un tel système <strong>de</strong>vrait êtregénéralisé dans le second <strong>de</strong>gré, en garantissant en contrepartie <strong>de</strong> <strong>la</strong>diminution observée <strong>de</strong>s redoublements un niveau <strong>de</strong> moyens constantpendant quelques années. Certes, un tel abon<strong>de</strong>ment est contesté par leministère, dans ses réponses à l’enquête <strong>de</strong> <strong>la</strong> Cour, au motif que « <strong>la</strong>rationalité <strong>de</strong> cette métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> réallocation <strong>de</strong> moyens dans un contexte<strong>de</strong> forte tension budgétaire n’est pas complètement démontrée ». Ilpermettrait pourtant aux établissements <strong>de</strong> remp<strong>la</strong>cer systématiquement lerecours au redoublement par <strong>de</strong>s dispositifs spécifiques <strong>de</strong> soutien auxélèves <strong>les</strong> plus fragi<strong>les</strong> : il ne s’agit pas, en effet, <strong>de</strong> supprimer leredoublement sans instaurer simultanément <strong>de</strong>s moyens <strong>de</strong> soutien etd’ai<strong>de</strong> personnalisée efficaces. Un système simi<strong>la</strong>ire <strong>de</strong>vrait égalementêtre prévu pour <strong>les</strong> circonscriptions du premier <strong>de</strong>gré qui s’engagent dansune forte baisse <strong>de</strong>s taux <strong>de</strong> redoublement.b) L’orientation <strong>de</strong>s élèves vers certaines voies spécifiquesLe système éducatif a mis en p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong>s filières particulières pour<strong>les</strong> élèves présentant <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s difficultés <strong>de</strong> sco<strong>la</strong>risation :- Les sections d’enseignement général et professionnel adapté(SEGPA), mises en p<strong>la</strong>ce dans certains collèges, regroupent <strong>de</strong>sélèves en gran<strong>de</strong> difficulté sco<strong>la</strong>ire ou sociale. 1.510 collègesdisposent d’une section SEGPA : ils ont accueilli à ce titre96.144 élèves en 2008-2009. Cet effectif est en baisse <strong>de</strong>puis2000, puisqu’il était alors <strong>de</strong> 111.017 élèves. La DGESCO aindiqué à <strong>la</strong> Cour que, dans certaines académies, le nombre <strong>de</strong>p<strong>la</strong>ces apparaissait insuffisant.- Un enseignement adapté peut en outre être dispensé dans <strong>de</strong>sstructures hors collèges, <strong>les</strong> établissements régionauxd’enseignement adapté (EREA). Les 80 EREA ont sco<strong>la</strong>risé en2008-2009 10.482 élèves. Ce chiffre est stable <strong>de</strong>puis 1980.D’autres dispositifs, comme <strong>les</strong> c<strong>la</strong>sses et ateliers re<strong>la</strong>is, sont<strong>de</strong>stinés à <strong>de</strong>s collégiens ayant <strong>de</strong>s problèmes <strong>de</strong> comportement, mais pasnécessairement <strong>de</strong>s difficultés d’apprentissage lour<strong>de</strong>s. Les c<strong>la</strong>sses etateliers re<strong>la</strong>is ont vocation à accueillir <strong>de</strong>s ado<strong>les</strong>cents en voie <strong>de</strong>désco<strong>la</strong>risation ou <strong>de</strong> marginalisation, afin <strong>de</strong> <strong>les</strong> ai<strong>de</strong>r à trouver unesolution sco<strong>la</strong>ire ou préprofessionnelle. L’accord <strong>de</strong> l’élève et <strong>de</strong> safamille est obligatoire.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


L’ELEVE DANS L’ORGANISATION DE L’ENSEIGNEMENTSCOLAIRE 163Les ateliers re<strong>la</strong>is sont organisés en partenariat avec <strong>de</strong>sassociations d’éducation popu<strong>la</strong>ire. Ils sont normalement situés en <strong>de</strong>hors<strong>de</strong>s établissements sco<strong>la</strong>ires. Les c<strong>la</strong>sses re<strong>la</strong>is sont organisées le plussouvent avec <strong>de</strong>s partenaires extérieurs à l’éducation <strong>nationale</strong>. En 2007-2008, on recensait 424 dispositifs, qui accueil<strong>la</strong>ient 7.910 élèves répartisentre 285 c<strong>la</strong>sses re<strong>la</strong>is (5.130 élèves) et 139 ateliers re<strong>la</strong>is (2.780 élèves).Certaines académies ont également créé <strong>de</strong>s « modu<strong>les</strong> re<strong>la</strong>is » plus légers,tournés vers <strong>la</strong> prévention et moins onéreux : ces 129 « modu<strong>les</strong> re<strong>la</strong>is »sont situés dans <strong>les</strong> établissements, et visent à prévenir l’entrée <strong>de</strong>s élèvesen difficulté dans <strong>les</strong> dispositifs re<strong>la</strong>is.Une note d’évaluation sur le suivi et le <strong>de</strong>venir <strong>de</strong>s élèves <strong>de</strong>sdispositifs re<strong>la</strong>is a été publiée par <strong>la</strong> DEPP 146 . Parmi <strong>les</strong> élèves accueillis,78 % sont <strong>de</strong>s garçons. L’âge moyen est <strong>de</strong> 14 ans et 3 mois. Ils ont enmoyenne un an et sept mois <strong>de</strong> retard dans leur sco<strong>la</strong>rité. La duréemoyenne du séjour en dispositif re<strong>la</strong>is est <strong>de</strong> 10,5 semaines. A <strong>la</strong> sortie dudispositif, 77 % <strong>de</strong>s élèves sont orientés vers un collège, 10 % vers unCFA, 9 % vers un lycée professionnel, et 3 % vers une autre structure.Seulement 1 % <strong>de</strong>s élèves reste sans solution. Le bi<strong>la</strong>n, à <strong>la</strong> sortie dudispositif, semble donc positif à <strong>la</strong> DGESCO, compte tenu du fait que cesélèves sont en voie <strong>de</strong> décrochage sco<strong>la</strong>ire et en risque <strong>de</strong> marginalisationsociale. Les résultats peuvent cependant être moins bons s’ils sont évaluéssur une plus longue durée, ainsi que le montre l’exemple <strong>de</strong>s dispositifsre<strong>la</strong>is dans <strong>les</strong> Bouches-du-Rhône.Le fonctionnement <strong>de</strong>s dispositifs re<strong>la</strong>isdans <strong>les</strong> Bouches-du-RhôneDans ce département, il y a six c<strong>la</strong>sses re<strong>la</strong>is, cinq ateliers re<strong>la</strong>is, et une c<strong>la</strong>ssepasserelle, gérée avec <strong>les</strong> services <strong>de</strong> <strong>la</strong> protection judiciaire <strong>de</strong> <strong>la</strong> jeunesse (PJJ)pour <strong>de</strong>s élèves ayant quitté le système sco<strong>la</strong>ire. Les critères d’affectationretenus pour ces dispositifs sont <strong>la</strong> perturbation sco<strong>la</strong>ire et un comportementdifficile. Le critère <strong>de</strong> <strong>la</strong> difficulté sco<strong>la</strong>ire n’est donc pas pris en compte. Lesgrands absentéistes ne sont pas non plus concernés.Un bi<strong>la</strong>n qualitatif réalisé dans le département sur <strong>les</strong> élèves sortis un anauparavant <strong>de</strong>s dispositifs re<strong>la</strong>is montre que 82 % d’entre eux sont toujourssco<strong>la</strong>risés, mais que 18 % sont sortis <strong>de</strong> <strong>la</strong> base élève (alors que, parmi ceux-ci,62 % ont pourtant moins <strong>de</strong> 16 ans). 80 % <strong>de</strong> ceux qui restent sco<strong>la</strong>risés passenten c<strong>la</strong>sse supérieure, 5 % redoublent, 3 % vont en filière professionnelle, 3 %sont réorientés en SEGPA, et 7 % dans d’autres voies (apprentissage, CAP« nouvelle chance »). Le taux <strong>de</strong> sco<strong>la</strong>risation est plus élevé en c<strong>la</strong>sse re<strong>la</strong>is(88 %) que dans <strong>les</strong> ateliers et <strong>les</strong> c<strong>la</strong>sses passerel<strong>les</strong> (69 %), ce qui correspondau fait que ces dispositifs sont davantage tournés vers <strong>la</strong> préparation à <strong>la</strong> vieactive.146) Cette note concerne l’année sco<strong>la</strong>ire 2005-2006.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


164 COUR DES COMPTESLes dispositifs re<strong>la</strong>is ont en fait pour objectif <strong>de</strong> prendre en charge,non <strong>les</strong> élèves en difficulté sco<strong>la</strong>ire, mais <strong>les</strong> élèves mettant en difficultél’institution par leur comportement en c<strong>la</strong>sse. Ils constituent un moyen <strong>de</strong>traiter par une mise à l’écart une situation très perturbante pour <strong>les</strong>enseignants comme pour <strong>les</strong> autres élèves et sont le plus souvent vécuspar <strong>les</strong> élèves concernés comme une voie <strong>de</strong> relégation. L’intervention <strong>de</strong>ces dispositifs est souvent tardive, quand <strong>les</strong> élèves sont déjà en ruptureforte avec le système sco<strong>la</strong>ire, et faite le plus souvent sans col<strong>la</strong>borationrégulière avec l’équipe éducative <strong>de</strong> l’établissement d’origine, alorsmême que, le plus souvent, <strong>les</strong> élèves retournent dans leur collège <strong>de</strong>départ. Ces dispositifs permettent rarement <strong>de</strong> resco<strong>la</strong>riser durablement<strong>les</strong> élèves. Ils ne constituent donc pas une réponse adéquate à <strong>la</strong> difficultésco<strong>la</strong>ire, qui doit être traitée en amont et dans le cadre <strong>de</strong> <strong>la</strong> sco<strong>la</strong>riténormale.Leur existence traduit cependant une véritable difficulté querencontre l’institution sco<strong>la</strong>ire : celle <strong>de</strong> <strong>la</strong> gestion d’une c<strong>la</strong>sse ou d’unétablissement quand certains élèves ont un comportement incompatibleavec <strong>les</strong> modalités habituel<strong>les</strong> d’enseignement. Ces difficultés sont trèsmal vécues, tant par <strong>les</strong> personnels <strong>de</strong> l’éducation <strong>nationale</strong> que par <strong>les</strong>élèves eux-mêmes. El<strong>les</strong> appellent notamment, ainsi que le montrent <strong>les</strong>exemp<strong>les</strong> étrangers précités, un renforcement <strong>de</strong> l’encadrementenseignant dans <strong>les</strong> cas <strong>les</strong> plus problématiques.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


ConclusionUn enjeu décisif pour <strong>la</strong> NationAu terme <strong>de</strong> son enquête, <strong>la</strong> Cour observe tout d’abord quel’enseignement sco<strong>la</strong>ire est un <strong>de</strong>s domaines <strong>de</strong> l’action publique où <strong>les</strong>comparaisons inter<strong>nationale</strong>s se sont le plus imposées <strong>de</strong>puis dix ans,avec une force telle qu’el<strong>les</strong> ont modifié <strong>de</strong> façon radicale l’approche <strong>de</strong>l’évaluation <strong>de</strong>s résultats du système sco<strong>la</strong>ire. Celui-ci ne peut plus secontenter d’une approche isolée et est désormais contraint à une mesurecomparative <strong>de</strong>s compétences acquises par <strong>les</strong> élèves au terme <strong>de</strong> leursco<strong>la</strong>rité. A cet égard, <strong>la</strong> France se situe dans une position moyenne, tantsur le p<strong>la</strong>n <strong>de</strong>s résultats que <strong>de</strong>s coûts <strong>de</strong> son système sco<strong>la</strong>ire. Mais elle asurtout pour caractéristique d’être hors d’état d’atteindre simultanément<strong>les</strong> trois objectifs qui lui sont assignés par <strong>la</strong> Nation : <strong>la</strong> France est le pays<strong>de</strong> l’OCDE où le retard sco<strong>la</strong>ire à 15 ans est le plus important - dix foisplus que <strong>les</strong> pays qui obtiennent <strong>les</strong> meilleurs résultats -, un <strong>de</strong> ceux où<strong>les</strong> écarts <strong>de</strong> résultats entre élèves se sont le plus accrus entre <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux<strong>de</strong>rnières enquêtes <strong>de</strong> l’OCDE, et celui où l’impact <strong>de</strong> l’origine socia<strong>les</strong>ur <strong>les</strong> résultats <strong>de</strong>s élèves est le plus élevé. La France ne peut pas <strong>la</strong>isserperdurer une situation qui entraîne inévitablement une plus faible aptitu<strong>de</strong>à produire <strong>de</strong>s qualifications et à délivrer <strong>de</strong>s diplômes, sans compter lecoût social induit par l’échec sco<strong>la</strong>ire, qui pèse lour<strong>de</strong>ment sur <strong>la</strong> sociétéfrançaise tout entière.Une question essentielle pour <strong>les</strong> finances publiquesL’enseignement sco<strong>la</strong>ire soulève, d’autre part, une questionessentielle <strong>de</strong> finances publiques, c'est-à-dire d’appréciation <strong>de</strong>l’efficacité et <strong>de</strong> l’efficience <strong>de</strong> ce qui apparaît comme <strong>la</strong> plus coûteuse<strong>de</strong>s politiques publiques. En effet, l’enseignement sco<strong>la</strong>ire est un <strong>de</strong>sdomaines <strong>de</strong> l’action publique où l’on peut disposer avec certitu<strong>de</strong> <strong>de</strong>sbases d’une démarche évaluative, puisque cette politique publiques’appuie prioritairement sur <strong>de</strong>s objectifs précis et chiffrés, qui sont aunombre <strong>de</strong> trois : 100% <strong>de</strong> qualification ou <strong>de</strong> diplôme au niveau <strong>de</strong>l’enseignement secondaire, 80% d’accès au niveau du bacca<strong>la</strong>uréat, 50%<strong>de</strong> diplômés <strong>de</strong> l’enseignement supérieur. C’est par rapport à ces objectifsque doivent s’apprécier <strong>les</strong> résultats <strong>de</strong> cette politique, <strong>de</strong> même que c’està l’aune <strong>de</strong> ces indicateurs que doit être évalué son impact du point <strong>de</strong>vue <strong>de</strong> l’objectif d’égalité <strong>de</strong>s chances, qui est énoncé par le premierarticle du co<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’éducation.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


166 COUR DES COMPTESDes constats en gran<strong>de</strong> partie partagésL’enquête <strong>de</strong> <strong>la</strong> Cour a abouti à <strong>de</strong>s constats qui sont en gran<strong>de</strong>partie partagés par l’ensemble <strong>de</strong>s acteurs ou experts du système éducatif.Ceux-ci s’accor<strong>de</strong>nt en effet à observer que le système éducatif français asu faire <strong>face</strong> à l’accroissement massif <strong>de</strong>s effectifs d’élèves entre 1960 et1990, dès lors que le niveau moyen <strong>de</strong> formation <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion s’estconsidérablement amélioré pour se situer désormais dans <strong>la</strong> moyenne <strong>de</strong>l’OCDE ou <strong>de</strong> l’Union Européenne. Mais ces acteurs et expertsobservent simultanément que l’enseignement sco<strong>la</strong>ire français a pourspécificité, au sein <strong>de</strong>s pays développés, une très forte inégalité dans <strong>les</strong>résultats <strong>de</strong>s élèves : par <strong>de</strong>là <strong>les</strong> contraintes socia<strong>les</strong> ou urbaines quifrappent inégalement <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l’OCDE, <strong>la</strong> France fait partie <strong>de</strong> ceuxqui arrivent le moins bien à traiter efficacement <strong>la</strong> difficulté sco<strong>la</strong>ire.Certes, l’objectif <strong>de</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves est désormais <strong>la</strong> prioritéreconnue <strong>de</strong> l’éducation <strong>nationale</strong>, et celle-ci s’est dorénavant assignée <strong>la</strong>mission <strong>de</strong> traiter <strong>la</strong> difficulté sco<strong>la</strong>ire dans le cadre normal <strong>de</strong>l’enseignement et en se fondant sur une généralisation <strong>de</strong>l’accompagnement personnalisé <strong>de</strong>s élèves en difficulté. Toutefois, <strong>les</strong>ystème éducatif n’est toujours pas parvenu à s’organiser à partir <strong>de</strong> cesbesoins, qui sont mal connus, qui sont peu suivis, et qui influent <strong>de</strong> façoninsuffisante sur <strong>les</strong> décisions <strong>de</strong> gestion du temps sco<strong>la</strong>ire ou d’affectation<strong>de</strong>s enseignants. De surcroît, le système sco<strong>la</strong>ire n’utilise pas <strong>les</strong>évaluations dont il dispose, et, au <strong>de</strong>meurant, n’évalue pas, dans <strong>la</strong> plupart<strong>de</strong>s cas, <strong>les</strong> résultats <strong>de</strong>s politiques qu’il met en œuvre. Au total, <strong>tous</strong> <strong>les</strong>acteurs et <strong>les</strong> experts auditionnés par <strong>la</strong> Cour ont estimé que, par <strong>de</strong>là <strong>la</strong>forte implication individuelle <strong>de</strong>s enseignants, l’enseignement sco<strong>la</strong>ireétait caractérisé par un déca<strong>la</strong>ge entre ses objectifs et son organisation. Endéfinitive, ce modèle d’enseignement ne permet pas d’atteindre <strong>les</strong>objectifs <strong>de</strong> réussite fixés par <strong>la</strong> Nation, et génère <strong>de</strong> l’insatisfaction pour<strong>tous</strong> : élèves, enseignants, parents.Un modèle inadaptéAlors que le co<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’éducation, dès son premier article, affirmeque « le service public d'éducation est conçu et organisé en fonction <strong>de</strong>sélèves», ce postu<strong>la</strong>t ne se vérifie pas dans <strong>les</strong> faits. Dans son organisationactuelle, l’enseignement sco<strong>la</strong>ire reste encore principalement fondé sur unmodèle qui était adapté à une pério<strong>de</strong> où seule une minorité d’une c<strong>la</strong>ssed’âge - 20% en 1970 - suivait tout le parcours <strong>de</strong> l’enseignement sco<strong>la</strong>ireet obtenait le bacca<strong>la</strong>uréat. Il tend, <strong>de</strong> ce fait, à privilégier <strong>les</strong> élèves sansdifficultés particulières, c’est-à-dire ceux qui seront bacheliers à <strong>la</strong> sortiedu système sco<strong>la</strong>ire et poursuivront <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s supérieures, soit seulementun peu plus <strong>de</strong> <strong>la</strong> moitié <strong>de</strong> chaque c<strong>la</strong>sse d’âge.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


CONCLUSION 167Tant que <strong>la</strong> « massification » <strong>de</strong> l’enseignement n’était pas uneréalité, <strong>la</strong> prise en charge <strong>de</strong> <strong>la</strong> difficulté sco<strong>la</strong>ire ne constituait pas unimpératif du système sco<strong>la</strong>ire : si <strong>de</strong>s enfants échouaient, c’était « <strong>de</strong> leurfait et <strong>de</strong> leur faute ». L’arrivée <strong>de</strong> c<strong>la</strong>sses d’âge entières au niveau ducollège, puis du lycée, a amené à considérer que <strong>la</strong> généralisation <strong>de</strong>l’enseignement sco<strong>la</strong>ire <strong>de</strong>vait désormais s’accompagner <strong>de</strong> celle <strong>de</strong> <strong>la</strong>réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves. Ceux qui sont en difficulté doivent être pris encharge par l’institution, afin <strong>de</strong> donner à <strong>tous</strong> un socle commun <strong>de</strong>connaissances et <strong>de</strong> compétences et <strong>de</strong> mener quatre élèves sur cinq auniveau du bacca<strong>la</strong>uréat. Certes, ce <strong>de</strong>rnier objectif peut éventuellementêtre atteint à moyen ou long terme par une généralisation progressive <strong>de</strong>sbacca<strong>la</strong>uréats professionnels. Mais, compte tenu <strong>de</strong> leur faible tauxd’accès et <strong>de</strong> réussite dans l’enseignement supérieur, cette orientation nesuffira pas pour atteindre simultanément l’objectif assigné par le sommet<strong>de</strong> Lisbonne aux pays <strong>de</strong> l’Union européenne, c’est-à-dire porter à 50%d’une génération <strong>la</strong> proportion <strong>de</strong> diplômés <strong>de</strong> l’enseignement supérieur.Or si, en France, 41% d’une c<strong>la</strong>sse d’âge 147 est à ce jour diplômée <strong>de</strong>l’enseignement supérieur, 27% seulement atteint un niveau au moins égalà <strong>la</strong> licence, contre par exemple 48% au Canada, 41% au Japon, 40% auxEtats-Unis, ou 35% en Corée du Sud 148 .Le système éducatif français doit en conséquence impérativementé<strong>la</strong>rgir le vivier <strong>de</strong>s élèves accédant à <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s supérieures dans <strong>de</strong>sconditions norma<strong>les</strong> <strong>de</strong> succès. Une telle orientation passe par untraitement urgent et efficace <strong>de</strong> <strong>la</strong> difficulté sco<strong>la</strong>ire.Les limites <strong>de</strong>s réformes successivesTributaire d’une organisation inadaptée aux nouveaux enjeuxéducatifs, l’enseignement sco<strong>la</strong>ire n’a pas su réellement intégrer <strong>les</strong>missions <strong>de</strong> suivi et d’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong>s élèves. Ceci explique que, malgré <strong>de</strong>sréformes multip<strong>les</strong>, une part importante d’entre eux, souvent issus <strong>de</strong>milieux sociaux défavorisés, reste exclue <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite. Certes, il ne peutêtre fait reproche au ministère <strong>de</strong> l’éducation <strong>nationale</strong> <strong>de</strong> n’avoir pascherché à engager <strong>de</strong>s politiques <strong>de</strong> lutte contre l’échec sco<strong>la</strong>ire, mais cesdispositifs successifs ont vite montré leurs limites, parce qu’ilss’inscrivaient dans une organisation sco<strong>la</strong>ire inchangée.147) RERS 2009 - calculs DEPP à partir <strong>de</strong>s enquêtes emploi 2006 à 2008 <strong>de</strong>l'INSEE.148) Regards sur l’éducation 2009 - OCDECour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


168 COUR DES COMPTESAinsi, dans le cadre <strong>de</strong> l’éducation prioritaire, le ministère a mis enœuvre, dans <strong>les</strong> années 1980, <strong>de</strong>s politiques territoria<strong>les</strong> qui ont visé àdonner plus <strong>de</strong> moyens aux établissements situés dans <strong>de</strong>s zonesconcentrant <strong>les</strong> difficultés : <strong>les</strong> étu<strong>de</strong>s menées sur ce dispositif ont révélé<strong>de</strong>s résultats mitigés. Plus récemment, <strong>la</strong> nécessité <strong>de</strong> prendre en charge <strong>la</strong>difficulté sco<strong>la</strong>ire au sein du temps sco<strong>la</strong>ire et ce, quel que soitl’établissement fréquenté par <strong>les</strong> élèves a été reconnue et s’est traduite par<strong>la</strong> multiplication <strong>de</strong> dispositifs d’accompagnement personnalisé (PPRE,ai<strong>de</strong> personnalisée, accompagnement éducatif,…), le plus souvent fondéssur le volontariat <strong>de</strong>s élèves ou <strong>de</strong>s enseignants. Ces dispositifs se sontprogressivement étendus aux différents niveaux d’enseignement.Faute <strong>de</strong> recul suffisant, mais aussi en l’absence d’évaluationsdisponib<strong>les</strong>, il s’avère difficile <strong>de</strong> se prononcer sur l’efficacité <strong>de</strong> cesréformes très récentes. Néanmoins, pour le ministère <strong>de</strong> l’éducation<strong>nationale</strong>, <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong> l’accompagnement personnalisé permettraitd’introduire dans le système éducatif <strong>de</strong>s « ferments » qui, à terme,<strong>de</strong>vraient favoriser <strong>les</strong> changements exigés par l’objectif <strong>de</strong> réussite <strong>de</strong><strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves. Il estime ainsi que <strong>les</strong> réformes en cours « mettentfortement en évi<strong>de</strong>nce l’impératif <strong>de</strong> personnalisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tionpédagogique qui apparaît comme un puissant vecteur d’égalité <strong>de</strong>schances » 149 . Il entend également favoriser <strong>la</strong> coordination entreenseignants et donner vie aux conseils pédagogiques qui, bienqu’institués en 2005 dans <strong>les</strong> établissements, <strong>de</strong>meurent bien souvent,pour reprendre un terme employé par un enseignant lors d’une auditionorganisée par <strong>la</strong> Cour, « une coquille vi<strong>de</strong> ».En réalité, <strong>les</strong> réformes engagées par le ministère, pourvolontaristes qu’el<strong>les</strong> soient, ont pour défaut <strong>de</strong> ne pas affronter ce quitient à l’inadaptation <strong>de</strong> <strong>la</strong> structure du système sco<strong>la</strong>ire. Les plus récentess’appliquent en effet sans distinction à <strong>tous</strong> <strong>les</strong> établissementsd’enseignement, comme s’ils avaient <strong>les</strong> mêmes besoins, nécessitaient <strong>les</strong>mêmes moyens et appe<strong>la</strong>ient <strong>les</strong> mêmes procédures. Les enquêtes <strong>de</strong> <strong>la</strong>Cour montrent ainsi à quel point <strong>les</strong> dispositifs d’accompagnement <strong>de</strong>sélèves peuvent être déviés <strong>de</strong> leur objectif initial, par exemple lorsqu’ilsse transforment en dédoublement <strong>de</strong> cours ou en heures d’enseignementsdisciplinaires qui permettent aux enseignants <strong>de</strong> terminer <strong>les</strong> programmes,<strong>de</strong> telle sorte que l’accompagnement <strong>de</strong>s élèves ne fait alors que s’ajouter,sous <strong>les</strong> mêmes formes, au temps d’enseignement habituel.149) Réponse datée du 1er février 2010 du secrétaire général du ministère <strong>de</strong>l’éducation <strong>nationale</strong>.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


CONCLUSION 169En définitive, c’est moins en raison <strong>de</strong>s réformes ministériel<strong>les</strong> quegrâce à l’implication personnelle <strong>de</strong>s enseignants et <strong>de</strong>s autres agents <strong>de</strong>l’éducation <strong>nationale</strong> que <strong>les</strong> politiques éducatives peuvent aujourd’hui seconcrétiser au plus près <strong>de</strong>s besoins <strong>de</strong>s élèves. C’est le recours àl’imagination et aux bonnes volontés, ainsi qu’éventuellement à unaménagement parfois peu réglementaire du service <strong>de</strong>s enseignants, quipermet au système sco<strong>la</strong>ire <strong>de</strong> fonctionner en dépit <strong>de</strong> ses contraintes et<strong>de</strong> ses rigidités. Cet état <strong>de</strong> fait démontre le dévouement remarquable <strong>de</strong>sacteurs <strong>de</strong> l’enseignement sco<strong>la</strong>ire, mais il révèle également une faib<strong>les</strong>semajeure du système éducatif : <strong>la</strong> réussite d’un élève dépend en partie <strong>de</strong>l’établissement où il est affecté et <strong>de</strong>s enseignants qui le prennent encharge, ce qui constitue un puissant facteur d’inégalité.En fait, <strong>la</strong> France n’a pas su redéfinir <strong>les</strong> structures et <strong>les</strong>procédures <strong>de</strong> son système éducatif pour que <strong>la</strong> « massification » <strong>de</strong>l’enseignement aboutisse à une réelle démocratisation. Une telle ambitionn’a pu réellement prendre corps, faute d’une révision d’ensemble <strong>de</strong>l’organisation <strong>de</strong> l’enseignement sco<strong>la</strong>ire. En témoigne ainsi uneconception rigi<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’enseignement qui ignore <strong>la</strong>rgement <strong>les</strong> missionséducatives autres que celle <strong>de</strong> <strong>la</strong> transmission <strong>de</strong> connaissancesdisciplinaires. En témoignent tout autant <strong>les</strong> <strong>la</strong>cunes qui affectent le suivi<strong>de</strong>s élèves durant leur parcours sco<strong>la</strong>ire.Enfin, si l’impact <strong>de</strong> <strong>la</strong> concentration <strong>de</strong>s difficultés socia<strong>les</strong> eturbaines est particulièrement élevé en France, <strong>les</strong> systèmes sco<strong>la</strong>iresd’autres pays confrontés aux mêmes problèmes ont su, <strong>de</strong>puis le début<strong>de</strong>s comparaisons inter<strong>nationale</strong>s, rattraper, puis dépasser le nôtre. End’autres termes, l’organisation <strong>de</strong> l’enseignement sco<strong>la</strong>ire apparaît biencomme un facteur explicatif important <strong>de</strong>s résultats décevants <strong>de</strong> notresystème éducatif.Des arbitrages nécessairesDans ce contexte, <strong>les</strong> constats effectués par <strong>la</strong> Cour n’appellent pasà une augmentation uniforme <strong>de</strong>s moyens, dont <strong>les</strong> comparaisonsinter<strong>nationale</strong>s ne montrent pas qu’elle serait à elle seule gage d’efficacitéet d’efficience, mais à <strong>de</strong>s arbitrages nécessaires entre <strong>les</strong> différentesdépenses du système sco<strong>la</strong>ire. Il est ainsi incohérent que celui-ci puissecontinuer à consacrer environ <strong>de</strong>ux fois moins <strong>de</strong> moyens à l’éducationprioritaire qu’à une pratique du redoublement dont le ministère lui-mêmeestime, à travers <strong>les</strong> objectifs et indicateurs <strong>de</strong> ses programmesbudgétaires, qu’il doit diminuer radicalement 150 . De même, il est150) Il suffit à cet égard <strong>de</strong> rappeler que, si un élève redouble son cours préparatoire,il n’a qu’une chance résiduelle d’avoir le bacca<strong>la</strong>uréat, mais en revanche près d’unrisque sur <strong>de</strong>ux <strong>de</strong> sortir du système sco<strong>la</strong>ire sans diplôme ni qualification.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


170 COUR DES COMPTESinexplicable que <strong>la</strong> France soit un <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> l’OCDE où l’écoleprimaire reçoit le moins <strong>de</strong> financements publics par rapport au lycée,alors que c’est précisément à ce niveau qu’il convient <strong>de</strong> commencer àlutter contre <strong>les</strong> carences sco<strong>la</strong>ires <strong>les</strong> plus graves. Il n’est pas davantageexplicable que le ministère <strong>de</strong> l’éducation <strong>nationale</strong> n’ait pas tiré <strong>la</strong>conclusion du constat selon lequel <strong>les</strong> pays qui obtiennent <strong>les</strong> meilleursrésultats au sein <strong>de</strong> l’OCDE sont aussi ceux où il y a le moins d’heures <strong>de</strong>cours : le système sco<strong>la</strong>ire ne cesse <strong>de</strong> multiplier <strong>les</strong> options, au lieud’organiser prioritairement le traitement <strong>de</strong> <strong>la</strong> difficulté sco<strong>la</strong>ire, ce quefont <strong>les</strong> pays <strong>les</strong> plus performants. Enfin, il n’est guère cohérent <strong>de</strong>disperser sur tout le territoire <strong>de</strong> multip<strong>les</strong> dispositifs d’accompagnementpersonnalisé, sans évaluation préa<strong>la</strong>ble <strong>de</strong>s besoins, au lieu <strong>de</strong> concentrer<strong>les</strong> moyens financiers sur <strong>les</strong> établissements <strong>les</strong> plus en difficulté, commepar exemple <strong>les</strong> 254 collèges ambition réussite, qui ne représententenviron que 4% <strong>de</strong>s collèges français.La nécessité d’un arbitrage entre <strong>les</strong> différentes dépenses dusystème sco<strong>la</strong>ire est en outre illustrée par le déca<strong>la</strong>ge entre certains effetsd’affichage et <strong>la</strong> réalité effective <strong>de</strong>s mesures : ainsi, <strong>la</strong> proportion <strong>de</strong>collégiens bénéficiant <strong>de</strong> PPRE est trois fois inférieure à <strong>la</strong> proportion <strong>de</strong>sorties du système sco<strong>la</strong>ire sans diplôme, ni qualification ; <strong>de</strong> même,l’éducation prioritaire ne se traduit que par une diminution moyenne <strong>de</strong><strong>de</strong>ux élèves par c<strong>la</strong>sse au collège, ce qui ne permet pas un traitementindividualisé systématique <strong>de</strong> <strong>la</strong> difficulté sco<strong>la</strong>ire ; enfin, seul un élèvesur quatre relevant <strong>de</strong> l’éducation prioritaire peut bénéficier <strong>de</strong> mesuresd’accompagnement éducatif, alors que ce dispositif <strong>de</strong>vrait êtreprioritairement développé dans ce secteur. Ce déca<strong>la</strong>ge entre <strong>les</strong> objectifsinitiaux et <strong>les</strong> résultats obtenus s’explique par le fait que le systèmesco<strong>la</strong>ire reste toujours fondé sur une logique d’offre, qui l’épuise, alorsqu’il est désormais impératif <strong>de</strong> <strong>la</strong> remp<strong>la</strong>cer par une logique <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>,c’est-à-dire une approche précise <strong>de</strong>s besoins <strong>de</strong>s élèves. Ainsi, parmi <strong>de</strong>nombreux exemp<strong>les</strong> comparab<strong>les</strong>, <strong>la</strong> réforme du lycée annoncée pour <strong>la</strong>prochaine rentrée prévoit <strong>de</strong>ux heures d’accompagnement personnalisé,mais cette mesure est <strong>de</strong>stinée à s’appliquer également sur tout leterritoire, aussi bien dans <strong>les</strong> lycées <strong>les</strong> plus prestigieux que dans <strong>les</strong>lycées confrontés aux difficultés <strong>les</strong> plus graves. La DGESCO ne peutsavoir si ce dispositif sera systématiquement efficace du point <strong>de</strong> vue dusoutien individualisé <strong>de</strong>s élèves, ou s’il se traduira dans certainsétablissements par un prolongement <strong>de</strong>s enseignements disciplinaires,voire dans le pire <strong>de</strong>s cas par <strong>de</strong> simp<strong>les</strong> heures <strong>de</strong> permanence.Pour cette raison, une <strong>de</strong>s premières recommandations <strong>de</strong> <strong>la</strong> Courest que l’éducation <strong>nationale</strong> s’attache avant tout à mesurer dans chaqueétablissement d’enseignement <strong>les</strong> besoins d’accompagnementpersonnalisé, alors qu’elle <strong>les</strong> ignore aujourd’hui.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


CONCLUSION 171De même, <strong>la</strong> Cour estime qu’il est anormal que l’éducation<strong>nationale</strong> ignore dans <strong>la</strong> plupart <strong>de</strong>s cas le coût <strong>de</strong>s politiques éducativesqu’elle mène, parce qu’elle ne raisonne pas en euros et à partir <strong>de</strong> critères<strong>de</strong> performance, mais en heures d’enseignement et en termes <strong>de</strong>répartition <strong>de</strong> moyens. Le système sco<strong>la</strong>ire ne doit pas continuer, <strong>de</strong> façonprédominante, à allouer <strong>de</strong>s moyens <strong>de</strong> façon indifférenciée, au risque dusaupoudrage, <strong>de</strong> l’inefficacité et <strong>de</strong> l’inefficience, au lieu <strong>de</strong> concentrerplus nettement ses efforts là où ils sont nécessaires et d’évaluerprioritairement <strong>les</strong> résultats <strong>de</strong> son action.Les leviers <strong>de</strong> changementSi <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves est bien l’objectif que le paysentend assigner à son système sco<strong>la</strong>ire, il est nécessaire d’organiser, <strong>de</strong>financer, et d’évaluer celui-ci en conséquence. Pour enclencher ceprocessus, plusieurs leviers <strong>de</strong> changement peuvent être i<strong>de</strong>ntifiés.La prise <strong>de</strong> conscience du caractère obsolète <strong>de</strong> l’organisationactuelle <strong>de</strong> l’enseignement sco<strong>la</strong>ire et <strong>de</strong> <strong>la</strong> nécessité d’adopter unnouveau modèle <strong>de</strong> fonctionnement, doit tout d’abord être opérée bien au<strong>de</strong>là<strong>de</strong> <strong>la</strong> seule sphère éducative. La question <strong>de</strong> l’amélioration dusystème sco<strong>la</strong>ire doit être posée dans <strong>de</strong>s termes collectifs, à <strong>la</strong> lumière <strong>de</strong>l’intérêt général : c’est pourquoi le changement culturel nécessaire exigeque l’ensemble <strong>de</strong>s responsab<strong>les</strong> politiques et <strong>les</strong> acteurs du système(enseignants, parents d’élèves, chefs d’établissement, cadres <strong>de</strong>l’éducation <strong>nationale</strong>) se saisissent <strong>de</strong> cette question pour mieux expliquer<strong>les</strong> défail<strong>la</strong>nces du modèle sco<strong>la</strong>ire actuel et justifier <strong>les</strong> changements àlui apporter.Par ailleurs, le nouveau modèle d’école à mettre en p<strong>la</strong>ce doitconduire à repenser l’organisation d’ensemble du système sco<strong>la</strong>ire, <strong>de</strong>l’administration centrale aux équipes pédagogiques. Dans ce cadre, i<strong>la</strong>pparaît à <strong>la</strong> Cour qu’une approche locale <strong>de</strong>s questions à résoudre etqu’une expérimentation <strong>de</strong>s projets adaptés aux besoins diversifiés <strong>de</strong>sélèves doivent absolument être privilégiées par rapport à une réformedécrétée d’en haut. De même, <strong>la</strong> diversité <strong>de</strong>s situations doit êtreréellement prise en compte dans le pilotage du système sco<strong>la</strong>ire, carl’uniformité <strong>de</strong>s procédures <strong>nationale</strong>s ne ferait, à défaut, que <strong>la</strong>miner <strong>les</strong>initiatives <strong>de</strong> terrain. Cette refonte <strong>de</strong>s responsabilités requiertd’importantes évolutions, que ce soit sous <strong>la</strong> forme d’une allocation <strong>de</strong>smoyens d’enseignement nettement plus différenciée selon <strong>les</strong>établissements, d’une réforme profon<strong>de</strong> du dispositif d’évaluation, ou <strong>de</strong><strong>la</strong> mise à disposition <strong>de</strong> <strong>la</strong> DGESCO et <strong>de</strong>s échelons déconcentrés <strong>de</strong> <strong>tous</strong><strong>les</strong> outils nécessaires pour que <strong>les</strong> politiques publiques s’adaptentefficacement à <strong>la</strong> diversité <strong>de</strong>s territoires et <strong>de</strong>s élèves.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


172 COUR DES COMPTESEnfin, le système sco<strong>la</strong>ire ne pourra progresser qu’avec <strong>les</strong>enseignants, d’autant plus qu’ils en subissent aujourd’hui directement <strong>les</strong>contraintes. S’ils veulent en effet intensifier, dans le cadre actuel,l’accompagnement individualisé <strong>de</strong>s élèves en difficulté, ils ne peuvent lefaire, dans <strong>la</strong> majorité <strong>de</strong>s cas, qu’en passant par <strong>de</strong>s procédures quiprésentent <strong>la</strong> particu<strong>la</strong>rité d’être le plus souvent extérieures à <strong>la</strong> gestionhabituelle <strong>de</strong> leur service, inégalement organisées et fortementhétérogènes selon <strong>les</strong> établissements d’enseignement. Aux changements àapporter pour supprimer tout ce qui entraîne une différenciationanormalement marquée ou précoce <strong>de</strong>s parcours <strong>de</strong>s élèves, doit doncrépondre l’intégration dans le service <strong>de</strong>s enseignants <strong>de</strong>s missions quisont fixées par <strong>la</strong> loi en matière d’accompagnement personnalisé <strong>de</strong>sélèves et <strong>de</strong> travail en équipe. En l’état actuel, le système sco<strong>la</strong>ire ne metpas à <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce centrale qui <strong>de</strong>vrait être <strong>la</strong> sienne l’équipe <strong>de</strong>s enseignants,qu’il s’agisse du conseil <strong>de</strong>s maîtres à l’école ou du conseil pédagogiquedans <strong>les</strong> collèges et <strong>les</strong> lycées. Ce n’est que sous cette condition quepourra se mettre en p<strong>la</strong>ce une régu<strong>la</strong>tion par <strong>la</strong> performance du systèmesco<strong>la</strong>ire.C’est à <strong>la</strong> lumière <strong>de</strong> ces exigences que <strong>la</strong> Cour formule - aprèsavoir recueilli lors <strong>de</strong>s auditions le point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> acteursconcernés - <strong>les</strong> recommandations suivantes.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


RECOMMANDATIONS 173RecommandationsTransformer <strong>la</strong> gestion du système éducatif1. Pour répondre aux besoins <strong>de</strong>s élèves, prendre prioritairement encompte dans le pilotage du système sco<strong>la</strong>ire <strong>la</strong> diversité <strong>de</strong>ssituations sco<strong>la</strong>ires, en privilégiant une allocation fortementdifférenciée <strong>de</strong>s moyens d’enseignement.2. Evaluer régulièrement toutes <strong>les</strong> politiques et actions éducativesmises en œuvre (projets personnalisés <strong>de</strong> réussite éducative, stages<strong>de</strong> remise à niveau, ai<strong>de</strong> personnalisée, carte sco<strong>la</strong>ire,…), afin <strong>de</strong>déterminer quels dispositifs doivent être maintenus, modifiés ousupprimés.3. Accroître <strong>la</strong> part <strong>de</strong>s financements allouée à l’école primaire, enprivilégiant le traitement <strong>de</strong> <strong>la</strong> difficulté sco<strong>la</strong>ire.4. Pour effectuer <strong>les</strong> arbitrages nécessaires, refondre <strong>les</strong> systèmesd’information du ministère <strong>de</strong> l’éducation <strong>nationale</strong>, afin <strong>de</strong>connaître <strong>les</strong> coûts détaillés <strong>de</strong>s politiques éducatives et le montantprécis <strong>de</strong>s financements alloués aux établissements d’enseignement.Adapter l’organisation sco<strong>la</strong>ire aux besoins <strong>de</strong>s élèves5. Evaluer dans <strong>les</strong> dé<strong>la</strong>is <strong>les</strong> plus brefs, après avoir diffusé <strong>les</strong> outilsméthodologiques nécessaires, <strong>les</strong> besoins d’accompagnementpersonnalisé <strong>de</strong>s élèves. Se fon<strong>de</strong>r sur cette évaluation pour définir lecontenu <strong>de</strong>s accompagnements qui doivent être assurés dans le cadredu temps sco<strong>la</strong>ire par <strong>les</strong> enseignants, et pour déterminer, à partir <strong>de</strong>critères explicites, <strong>les</strong> moyens qui doivent être affectés dans chaqueétablissement d’enseignement à l’accompagnement personnalisé.6. Redéfinir l’organisation du temps sco<strong>la</strong>ire dans le premier <strong>de</strong>grédans un sens conforme à l’intérêt <strong>de</strong>s élèves. Moduler <strong>les</strong> emplois dutemps dans le second <strong>de</strong>gré en fonction <strong>de</strong>s besoins <strong>de</strong>s élèves,notamment en prévoyant <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce sur l’année sco<strong>la</strong>ire <strong>de</strong>p<strong>la</strong>ges horaires variab<strong>les</strong> <strong>de</strong> soutien et d’accompagnement.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


174 COUR DES COMPTES7. Généraliser <strong>la</strong> détermination par établissement d’enseignement, enfonction <strong>de</strong>s situations loca<strong>les</strong>, d’objectifs <strong>de</strong> baisse <strong>de</strong>s taux <strong>de</strong>redoublement, en affectant <strong>les</strong> moyens ainsi économisés aufinancement d’actions d’accompagnement personnalisé.Accor<strong>de</strong>r le service <strong>de</strong>s enseignants du second <strong>de</strong>gré à <strong>la</strong>diversité <strong>de</strong> leurs missions8. Définir pour le service <strong>de</strong>s enseignants du second <strong>de</strong>gré un cadrerèglementaire conforme à <strong>la</strong> diversité <strong>de</strong> leurs missions prévues par<strong>la</strong> loi, qui comprennent l’enseignement disciplinaire, <strong>la</strong> coordination<strong>de</strong>s équipes pédagogiques, et l’accompagnement personnalisé (suivi<strong>de</strong>s élèves, ai<strong>de</strong> méthodologique, dispositifs spécifiques,accompagnement éducatif, conseil en orientation, etc.). Définir <strong>les</strong>modalités pratiques <strong>de</strong> répartition <strong>de</strong> ces différentes missions dans lecadre d’un accord annuel arrêté entre <strong>les</strong> enseignants et <strong>les</strong>responsab<strong>les</strong> <strong>de</strong>s établissements d’enseignement.9. Systématiser <strong>la</strong> formation <strong>de</strong>s enseignants à l’accompagnementpersonnalisé <strong>de</strong>s élèves, tant dans le cadre <strong>de</strong> <strong>la</strong> formation initialeque <strong>de</strong> <strong>la</strong> formation continue.Accroître <strong>la</strong> responsabilité <strong>de</strong>s établissements d’enseignement10. Faire déterminer par <strong>les</strong> équipes pédagogiques - composées par <strong>les</strong>responsab<strong>les</strong> d’établissements d’enseignement et <strong>les</strong> enseignants - <strong>les</strong>modalités <strong>de</strong> répartition <strong>de</strong>s moyens d’enseignement etd’accompagnement personnalisé.11. Mettre en p<strong>la</strong>ce un système d’évaluation <strong>de</strong>s établissements et <strong>de</strong>séquipes pédagogiques à partir <strong>de</strong>s bonnes pratiques relevées enFrance et à l’étranger.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


RECOMMANDATIONS 175Engager un effort exceptionnel en faveur <strong>de</strong>s établissementsconfrontés à <strong>la</strong> plus gran<strong>de</strong> difficulté sco<strong>la</strong>ire12. Dans <strong>les</strong> établissements d’enseignement <strong>les</strong> plus confrontés à <strong>la</strong>difficulté sco<strong>la</strong>ire, systématiser <strong>les</strong> affectations sur profil <strong>de</strong>sresponsab<strong>les</strong> et <strong>de</strong>s enseignants.13. Donner aux équipes <strong>de</strong>s moyens dans le cadre <strong>de</strong> contrats d’objectifspluriannuels.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


176 COUR DES COMPTESB2AB2IBEPBMABNIEBOPBPBTBTSCAPCDI1 - Liste <strong>de</strong>s sig<strong>les</strong> utilisés dans le rapportbrevet d’autonomie et d’applicationbrevet informatique et internetbrevet d’étu<strong>de</strong>s professionnel<strong>les</strong>brevet <strong>de</strong>s métiers d’artbase <strong>nationale</strong> <strong>de</strong>s i<strong>de</strong>ntifiants élèvesbudget opérationnel <strong>de</strong> programmebrevet professionnelbrevet <strong>de</strong> technicienbrevet <strong>de</strong> technicien supérieurcertificat d’aptitu<strong>de</strong> professionnellecentre <strong>de</strong> documentation et d’informationCE1 / CE2 cours élémentaire 1 / cours élémentaire 2CEREQCIOcentre d’étu<strong>de</strong>s et <strong>de</strong> recherches sur <strong>les</strong>qualificationscentre d’information et d’orientationCM1 / CM2 cours moyen 1 / cours moyen 2CNASEACNILCO-PCPCPECPGECTPADAFcentre national pour l’aménagement <strong>de</strong>sstructures <strong>de</strong>s exploitations agrico<strong>les</strong>commission <strong>nationale</strong> <strong>de</strong> l’information et<strong>de</strong>s libertésconseiller d’orientation - psychologuecours préparatoireconseiller principal d’éducationc<strong>la</strong>sse préparatoire aux gran<strong>de</strong>s éco<strong>les</strong>comité technique paritaire académiquedirecteur <strong>de</strong>s affaires financièresCour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


ANNEXES 177DEPPDGESCODGHDGRHDIEDNBDOMDP 3DUTEPLEEPSEREAETPHCEHCééHSAHSEIAIA-DSDENIA-IPRIDDdirection <strong>de</strong> l’évaluation, <strong>de</strong> <strong>la</strong>prospective et <strong>de</strong> <strong>la</strong> performancedirection générale <strong>de</strong> l’enseignementsco<strong>la</strong>iredotation globale horairedirection générale <strong>de</strong>s ressourceshumainesdépense intérieure d’éducationdiplôme national du brevetdépartement d’outre-meroption <strong>de</strong> découverte professionnelle(trois heures hebdomadaires en troisième,ouverte à <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves)diplôme universitaire <strong>de</strong> technologieétablissement public locald’enseignementéducation physique et sportiveétablissement régional d’enseignementadaptééquivalents temps pleinhaut conseil <strong>de</strong> l’écolehaut conseil <strong>de</strong> l’évaluation <strong>de</strong> l’écoleheure supplémentaire annuelleheure supplémentaire effectiveinspecteur d’académieinspecteur d’académie – directeur <strong>de</strong>sservices départementaux <strong>de</strong> l’éducation<strong>nationale</strong>inspecteur d’académie - inspecteurpédagogique régional (par discipline,pour le second <strong>de</strong>gré)itinéraires <strong>de</strong> découverte (au collège)Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


178 COUR DES COMPTESIENIEN-IOIGAENRinspecteur <strong>de</strong> l’éducation <strong>nationale</strong> (pourle premier <strong>de</strong>gré)inspecteur <strong>de</strong> l’éducation <strong>nationale</strong> <strong>de</strong>l’information et <strong>de</strong> l’orientationinspection générale <strong>de</strong> l’administration <strong>de</strong>l’éducation <strong>nationale</strong> et <strong>de</strong> <strong>la</strong> rechercheIGEN inspection générale <strong>de</strong> l’éducation<strong>nationale</strong>INEINSEEISOEIVALJAPDLFILOLFi<strong>de</strong>ntifiant national élèveinstitut national <strong>de</strong> <strong>la</strong> statistique et <strong>de</strong>sétu<strong>de</strong>s économiquesin<strong>de</strong>mnité <strong>de</strong> suivi et d’orientation <strong>de</strong>sélèvesindicateur <strong>de</strong> valeur ajoutée <strong>de</strong>s lycéesjournée d’appel <strong>de</strong> préparation à <strong>la</strong>défenseloi <strong>de</strong> finances initialeloi organique re<strong>la</strong>tive aux lois <strong>de</strong> financesLV1 / LV2 <strong>la</strong>ngue vivante 1 / <strong>la</strong>ngue vivante 2MCMENMIESMPImention complémentaireministère <strong>de</strong> l’éducation <strong>nationale</strong>mission interministérielle enseignementsco<strong>la</strong>iremesures physiques et informatiqueNIR i<strong>de</strong>ntifiant national <strong>de</strong>s personnesphysiquesOCDE organisation <strong>de</strong> coopération et <strong>de</strong>développement économiqueONZUSPAMobservatoire national <strong>de</strong>s zones urbainessensib<strong>les</strong>préaffectation automatisée multicritèresPARE p<strong>la</strong>n d’amélioration <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussiteéducativeCour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


ANNEXES 179PECGPIBPIRLSPISAPJJPLFPLPprofesseurs d’enseignement général <strong>de</strong>collègeproduit intérieur brutprogress in international reading literacystudyprogramme international pour le suivi <strong>de</strong>sacquis <strong>de</strong>s élèvesprotection judiciaire <strong>de</strong> <strong>la</strong> jeunesseprojet <strong>de</strong> loi <strong>de</strong> financesprofesseur <strong>de</strong> lycée professionnelPPRE programme personnalisé <strong>de</strong> réussiteéducativeQCMRARRASEDRGPPRRSquestions à choix multip<strong>les</strong>réseau ambition réussiteréseau d’ai<strong>de</strong> spécialisé aux élèves endifficultésrévision générale <strong>de</strong>s politiques publiquesréseau <strong>de</strong> réussite sco<strong>la</strong>ireSEGPA section d’enseignement général etprofessionnel adaptéSESSESCSTSSVTsciences économiques et socia<strong>les</strong>statut économique, social et culturelsection <strong>de</strong> technicien supérieursciences et vie <strong>de</strong> <strong>la</strong> terreTICE technologies d’information et <strong>de</strong>communication dans l’éducationTOSTPETRMUNSSZEPtechniciens, ouvriers et <strong>de</strong> servicestravaux personnels encadréstableau <strong>de</strong> répartition <strong>de</strong>s moyensunion national <strong>de</strong> sport sco<strong>la</strong>irezone d’éducation prioritaireCour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


180 COUR DES COMPTES2 - Principa<strong>les</strong> caractéristiques du système sco<strong>la</strong>ire françaisLe système sco<strong>la</strong>ire sous tutelle <strong>de</strong>s trois ministères <strong>de</strong> l’éducation<strong>nationale</strong>, <strong>de</strong> l’alimentation, <strong>de</strong> l’agriculture et <strong>de</strong> <strong>la</strong> pêche, et <strong>de</strong>l’enseignement supérieur et <strong>de</strong> <strong>la</strong> recherche, aussi bien public que privésous contrat d’association avec <strong>les</strong> ministères, emploie 940.403enseignants et sco<strong>la</strong>rise 12.409.069 élèves et étudiants en 2008-2009.Le premier <strong>de</strong>gré correspond aux enseignements préélémentaireet élémentaire. Ils se déroulent en trois cyc<strong>les</strong> : apprentissages premiers,apprentissages fondamentaux, approfondissements. En 2008, 367.879enseignants participent à <strong>la</strong> sco<strong>la</strong>risation <strong>de</strong> 6.643.600 élèves au sein dupremier <strong>de</strong>gré public et privé.L’enseignement relevant <strong>de</strong> l’adaptation sco<strong>la</strong>ire et <strong>de</strong> <strong>la</strong>sco<strong>la</strong>risation <strong>de</strong>s enfants handicapés (ASH) dans le premier <strong>de</strong>gré est enpartie sous tutelle du ministère en charge <strong>de</strong> <strong>la</strong> Santé. 46.000 élèves sontintégrés à cet enseignement en 2008.Le second <strong>de</strong>gré est dispensé dans <strong>les</strong> collèges (premier cycle) – <strong>de</strong><strong>la</strong> sixième à <strong>la</strong> troisième – et <strong>les</strong> lycées (second cycle général ettechnologique et second cycle professionnel). Depuis 1995-1996, <strong>la</strong> 6 èmeconstitue le cycle d’observation et d’adaptation, <strong>la</strong> 5 ème et <strong>la</strong> 4 ème le cyclecentral, et <strong>la</strong> 3 ème le cycle d’orientation.A <strong>la</strong> rentrée 2008, le second <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> l’éducation <strong>nationale</strong>comprend 5.339.700 élèves. De plus, 151.600 élèves sont sco<strong>la</strong>risés ausein du second <strong>de</strong>gré sous tutelle du ministère <strong>de</strong> l’alimentation, <strong>de</strong>l’agriculture et <strong>de</strong> <strong>la</strong> pêche. L’enseignement du second <strong>de</strong>gré public etprivé est assuré par 489.381 enseignants.Les enseignements adaptés du second <strong>de</strong>gré accueillent en partie<strong>les</strong> élèves issus <strong>de</strong> l’enseignement spécialisé du premier <strong>de</strong>gré. Ils sontorganisés en <strong>de</strong>ux cyc<strong>les</strong> : le premier cycle général adapté (6 ème à 3 èmeSEGPA) et le second cycle professionnel adapté (préparation CAP). A <strong>la</strong>rentrée 2009, <strong>les</strong> élèves en enseignement spécial santé « sco<strong>la</strong>risés » sontau nombre <strong>de</strong> 75.500.La sco<strong>la</strong>rité en France est obligatoire à partir <strong>de</strong> l’âge <strong>de</strong> six ansjusqu’à seize ans.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


ANNEXES 1813 - Apports et limites <strong>de</strong>s enquêtes PISA à l’évaluation <strong>de</strong> l’écoleEn mars 2006, <strong>la</strong> France a participé, aux côtés <strong>de</strong> 56 pays, à <strong>la</strong>troisième phase <strong>de</strong> l’opération PISA, pilotée par l’OCDE et mise enœuvre par un consortium dirigé par l’institut australien ACER (AustralianCouncil for Educational Research). Les 30 pays <strong>de</strong> l’OCDE ont participéà l’enquête 151 . 27 pays hors OCDE se sont joints à l’opération.La mise en œuvre <strong>de</strong> l’enquête est basée sur <strong>de</strong>s procéduresstandardisées afin <strong>de</strong> garantir <strong>la</strong> comparabilité <strong>de</strong>s résultats : désignation<strong>de</strong> responsab<strong>les</strong> <strong>de</strong> l’enquête dans chaque établissement, suivi du respect<strong>de</strong>s consignes <strong>de</strong> passation, procédures <strong>de</strong> contrôle, etc. Les items sonttraduits dans vingt <strong>la</strong>ngues différentes et sont posés aux élèves <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong>pays.a) La popu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> référence et l’échantillon françaisEn France, <strong>les</strong> élèves <strong>de</strong> 15 ans sont sco<strong>la</strong>risés dans <strong>de</strong>s contextestrès différents. Pour diverses raisons pratiques, <strong>de</strong>s groupes d’élèves ontd’emblée été exclus <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> référence avec l’accord <strong>de</strong>l’OCDE. Au final, le champ <strong>de</strong> l’enquête porte sur <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves <strong>de</strong> 15ans sco<strong>la</strong>risés dans <strong>les</strong> établissements publics et privés sous tutelle duministère <strong>de</strong> l’éducation <strong>nationale</strong> (sauf <strong>les</strong> EREA) et du ministère <strong>de</strong>l’agriculture, en France métropolitaine et dans <strong>les</strong> DOM (sauf LaRéunion). La popu<strong>la</strong>tion visée couvre ainsi 95 % <strong>de</strong> <strong>la</strong> génération <strong>de</strong>sjeunes <strong>de</strong> 15 ans. L’enquête porte sur un échantillon <strong>de</strong> 187établissements sco<strong>la</strong>ires. Le tirage <strong>de</strong> l’échantillon tient compte du typed’établissement (collège, lycée professionnel, lycée agricole, ou lycéed’enseignement général et technologique), afin d’assurer <strong>la</strong>représentativité <strong>de</strong>s élèves <strong>de</strong> 15 ans selon leur mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> sco<strong>la</strong>risation.Une trentaine d’élèves au maximum est sélectionnée aléatoirement danschaque établissement.b) Les compétences mesurées par PISAContrairement à d’autres évaluations inter<strong>nationale</strong>s, <strong>les</strong>compétences mesurées par PISA ne sont pas liées directement au contenud’enseignement <strong>de</strong>s programmes sco<strong>la</strong>ires. PISA s’appuie sur le concept<strong>de</strong> « littératie » qui est, selon l’OCDE, « l’aptitu<strong>de</strong> à comprendre et à151) Allemagne, Australie, Autriche, Belgique, Canada, Corée, Danemark, Espagne,États-Unis, Fin<strong>la</strong>n<strong>de</strong>, France, Grèce, Hongrie, Ir<strong>la</strong>n<strong>de</strong>, Is<strong>la</strong>n<strong>de</strong>, Italie, Japon,Luxembourg, Mexique, Nouvelle-Zé<strong>la</strong>n<strong>de</strong>, Norvège, Pays-Bas, Pologne, Portugal,Slovaquie, République tchèque, Royaume-Uni, Suè<strong>de</strong>, Suisse et Turquie.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


182 COUR DES COMPTESutiliser l’information écrite dans <strong>la</strong> vie courante, à <strong>la</strong> maison, au travailet dans <strong>la</strong> collectivité en vue d’atteindre <strong>de</strong>s buts personnels et d’étendreses connaissances et ses capacités ». Il cherche à évaluer « l’aptitu<strong>de</strong> <strong>de</strong>sjeunes à exploiter leurs connaissances et leurs compétences pour faire<strong>face</strong> aux défis <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie réelle plutôt que d’examiner dans quelle mesure<strong>les</strong> élèves ont assimilé une matière spécifique du programmed’enseignement » (OCDE, 2001). Cette évaluation comparative permet <strong>de</strong>révéler <strong>les</strong> points forts et <strong>les</strong> points faib<strong>les</strong> <strong>de</strong>s élèves dans un contexteinternational.En France, le décret qui présente <strong>la</strong> conception et le contenu dusocle commun précise que sa définition « se réfère … aux évaluationsinter<strong>nationale</strong>s, notamment au Programme international pour le suivi <strong>de</strong>sacquis <strong>de</strong>s élèves (PISA) qui propose une mesure comparée <strong>de</strong>sconnaissances et <strong>de</strong>s compétences nécessaires tout au long <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie. » 152 .C’est <strong>la</strong> première fois qu’un texte définissant <strong>de</strong>s objectifs <strong>de</strong> l’écolefrançaise fait une référence explicite à une évaluation standardisée, ausurplus inter<strong>nationale</strong>, <strong>de</strong>s acquis <strong>de</strong>s élèves.Les informations rassemblées dans le cadre du programme PISApermettent d’étudier <strong>les</strong> résultats en analysant <strong>les</strong> facteurs <strong>de</strong> contexteassociés à <strong>la</strong> performance <strong>de</strong>s élèves. Le but premier <strong>de</strong> PISA consiste àcomparer <strong>les</strong> acquis <strong>de</strong>s jeunes <strong>de</strong> 15 ans <strong>de</strong>s pays participants en tenantcompte <strong>de</strong>s spécificités propres à chaque système éducatif. En effet, <strong>les</strong>écarts <strong>de</strong> performance entre pays doivent être étudiés au regard <strong>de</strong>sdifférentes variab<strong>les</strong> contextuel<strong>les</strong> liées à l’élève, à son milieusocioculturel, à l’établissement, mais aussi aux choix <strong>de</strong> politiqueséducatives propres à chaque pays. Les performances <strong>de</strong>s élèves français -comme cel<strong>les</strong> <strong>de</strong>s élèves <strong>de</strong>s autres pays - sont généralement trèsvariab<strong>les</strong> selon <strong>les</strong> activités proposées. Un tel constat incite à <strong>la</strong> pru<strong>de</strong>ncequant à une interprétation globale <strong>de</strong>s « c<strong>la</strong>ssements » exploités par <strong>les</strong>médias, qui recensent une moyenne <strong>de</strong> résultats disparates.c) PISA et ses biaisLe fait même <strong>de</strong> faire <strong>de</strong>s comparaisons inter<strong>nationale</strong>s supposecertains biais inévitab<strong>les</strong> que <strong>les</strong> concepteurs <strong>de</strong> PISA essaient <strong>de</strong>diminuer, à défaut <strong>de</strong> pouvoir <strong>les</strong> supprimer totalement. Ces biais ont biensouvent d’autres causes que <strong>de</strong>s erreurs f<strong>la</strong>grantes <strong>de</strong> traduction, et leurscauses sont plus complexes que <strong>de</strong> simp<strong>les</strong> dysfonctionnementstechniques.152) Décret du 11 juillet 2006 re<strong>la</strong>tif au socle commun <strong>de</strong> connaissances et <strong>de</strong>compétences.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


ANNEXES 183Un biais culturel peut en effet tout d’abord apparaître lorsquecertaines catégories d’individus sont favorisées par leur connaissance apriori <strong>de</strong> l’instrument d’évaluation. Par exemple, <strong>la</strong> familiarité avec <strong>les</strong>upport sur lequel porte <strong>les</strong> questions peut être une cause <strong>de</strong> biais : <strong>les</strong>performances observées sont alors également le reflet d’une proximité« culturelle », et non seulement <strong>de</strong> <strong>la</strong> compétence <strong>de</strong>s individus. Ce type<strong>de</strong> biais renvoie, à travers <strong>les</strong> pratiques d’enseignement, aux objectifs <strong>de</strong>sdifférents systèmes éducatifs : il est donc instructif, indépendamment ducontenu même <strong>de</strong>s résultats <strong>de</strong>s comparaisons inter<strong>nationale</strong>s.Le mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> questionnement peut lui aussi être source <strong>de</strong> biais.Ainsi, dans le cas <strong>de</strong> questionnaires à choix multip<strong>les</strong> où il estexplicitement <strong>de</strong>mandé au début <strong>de</strong> l’évaluation <strong>de</strong> ne répondre que parune seule <strong>de</strong>s alternatives proposées, <strong>les</strong> élèves français sont nombreux àcocher plusieurs réponses sur certaines questions. Lorsqu’une alternativeest assez proche <strong>de</strong> <strong>la</strong> bonne réponse, <strong>les</strong> élèves français ont en effettendance à cocher <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux réponses qui leur paraissent <strong>les</strong> plusp<strong>la</strong>usib<strong>les</strong>, là où <strong>de</strong>s élèves d’autres pays, comme ceux <strong>de</strong>s Etats-Unis parexemple, n’en cochent qu’une : en France, on observe jusqu’à 13% <strong>de</strong>réponses doub<strong>les</strong> sur certaines questions, tandis que ce taux dépasserarement 1% aux Etats-Unis. Ces items sont donc biaisés en faveur <strong>de</strong>sélèves américains, qui sont plus familiers <strong>de</strong> ce mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> questionnement.De même, pour <strong>les</strong> questions impliquant une réponse rédigée etconstruite, <strong>les</strong> élèves français ont tendance à s’abstenir <strong>de</strong> répondre en cas<strong>de</strong> doute, alors que <strong>de</strong>s élèves d’autres pays y répon<strong>de</strong>nt toujours, quitte àse tromper. En général, <strong>les</strong> élèves français sont plus à l’aise pour <strong>les</strong>questions ouvertes impliquant une réponse courte et précise, ce quicorrespond à une forme d’interrogation courante dans l’enseignementfrançais. A l’inverse, ils rencontrent plus <strong>de</strong> difficultés sur <strong>de</strong>s supports <strong>de</strong>type professionnel ou sur <strong>de</strong>s questions appe<strong>la</strong>nt un avis personnel.Malgré <strong>les</strong> métho<strong>de</strong>s qui peuvent être employées pour réduire <strong>les</strong>biais culturels, <strong>les</strong> résultats <strong>de</strong> PISA renvoient donc globalement à <strong>de</strong>sfonctionnements culturels particuliers ou <strong>de</strong>s objectifs éducatifsdifférents : ainsi, <strong>les</strong> épreuves qui défavorisent <strong>les</strong> Etats-Unis sont aussicel<strong>les</strong>, à peu <strong>de</strong> choses près, qui défavorisent également l’Australie et <strong>la</strong>Gran<strong>de</strong> Bretagne.Il existe également <strong>de</strong>s biais tenant aux précisons données surl’origine sociale <strong>de</strong>s élèves. Les données personnel<strong>les</strong> <strong>de</strong>s élèves, etnotamment <strong>les</strong> catégories socio-professionnel<strong>les</strong> <strong>de</strong>s famil<strong>les</strong>, sont eneffet déc<strong>la</strong>ratives. En mars 1999, à l’issue <strong>de</strong> <strong>la</strong> phase expérimentale <strong>de</strong>l’enquête PISA en France, <strong>les</strong> services <strong>de</strong> l’éducation <strong>nationale</strong>, encol<strong>la</strong>boration avec l’INSEE, ont réalisé une étu<strong>de</strong> sur <strong>la</strong> qualité <strong>de</strong>sdonnées recueillies, à partir d’un sous-échantillon d’environ 700 élèves.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


184 COUR DES COMPTESDes enquêteurs spécialisés ont contacté <strong>les</strong> famil<strong>les</strong> <strong>de</strong> ces élèves partéléphone et ont récolté directement <strong>les</strong> informations sur <strong>les</strong>caractéristiques socioprofessionnel<strong>les</strong> <strong>de</strong>s parents. Il ressort <strong>de</strong> cette étu<strong>de</strong>que <strong>les</strong> élèves <strong>de</strong> 15 ans ont une faible connaissance du diplôme et <strong>de</strong> <strong>la</strong>profession <strong>de</strong> leurs parents. Ainsi, seuls 60% <strong>de</strong>s élèves <strong>de</strong> l’échantillondéc<strong>la</strong>rent une profession correspondant à celle collectée par <strong>les</strong>enquêteurs <strong>de</strong> l’INSEE, selon le regroupement en neuf grands groupes <strong>de</strong>professions <strong>de</strong> <strong>la</strong> nomenc<strong>la</strong>ture ISCO.La France prend donc en compte nombre d’enseignements tirés <strong>de</strong>l’analyse <strong>de</strong> ces évaluations inter<strong>nationale</strong>s lors <strong>de</strong>s réflexions et <strong>de</strong>sdécisions concernant <strong>les</strong> évolutions <strong>de</strong> son système éducatif, mais elle lefait généralement en confrontant ces analyses à cel<strong>les</strong> tirées d’autrestravaux, notamment ceux <strong>de</strong> <strong>la</strong> DEPP. Il est en effet essentiel que <strong>les</strong>enquêtes comparatives inter<strong>nationale</strong>s soient analysées au sein d’undispositif d’ensemble <strong>de</strong> pilotage du système éducatif. Le ministère <strong>de</strong>l’éducation <strong>nationale</strong> peut suivre <strong>les</strong> évolutions <strong>de</strong>s acquis <strong>de</strong>s élèves auregard <strong>de</strong>s objectifs que <strong>la</strong> société française assigne à son systèmesco<strong>la</strong>ire, tout en se réservant <strong>la</strong> possibilité <strong>de</strong> revoir ces objectifs à l’aune<strong>de</strong>s comparaisons inter<strong>nationale</strong>s.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


ANNEXES 1854 - Exemp<strong>les</strong> étrangers d’organisation sco<strong>la</strong>irea) Le suivi <strong>de</strong>s élèvesLe suivi <strong>de</strong>s élèves dans le canton <strong>de</strong> GenèveChaque élève a un dossier réunissant <strong>les</strong> éléments <strong>de</strong> son parcourssco<strong>la</strong>ire, <strong>de</strong> son comportement, et tout autre document jugé utile par ledoyen chargé <strong>de</strong> tenir ce dossier, qui permet <strong>de</strong> suivre l’élève tout au long<strong>de</strong> sa sco<strong>la</strong>rité dans l’établissement. Le maître <strong>de</strong> c<strong>la</strong>sse a accès audossier. Si l’élève change d’établissement, certains éléments sonttransmis, mais le dossier reste en règle générale dans l’établissement et lenouvel établissement en constitue un autre.Dans le canton <strong>de</strong> Genève, l’élève a un i<strong>de</strong>ntifiant unique dans <strong>la</strong>« BDS », banque <strong>de</strong> données sco<strong>la</strong>ires pour Genève, qui permet <strong>de</strong> suivrel’élève tout au long <strong>de</strong> sa sco<strong>la</strong>rité et <strong>de</strong> connaître ainsi son cursus - maispas ses résultats - tant qu’il reste dans le canton. Par contre, si l’élèvequitte le canton, on ne peut plus le suivre.Le maître <strong>de</strong> c<strong>la</strong>sse centralise <strong>les</strong> absences et suit l’élève. Le doyenou le maître adjoint assurent le suivi <strong>de</strong> <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse et <strong>de</strong>s disciplines.Le cycle d'orientation (CO) est une école secondaire générale quiregroupe l'ensemble <strong>de</strong>s élèves <strong>de</strong> 12 à 15 ans. Le CO est organisé sous <strong>la</strong>forme <strong>de</strong> regroupements d’élèves qui tiennent compte <strong>de</strong> leur rythmed’apprentissage et <strong>de</strong>s retards sco<strong>la</strong>ires qu’ils ont à combler. Cesregroupements ne sont pas cloisonnés : le passage <strong>de</strong> l’un à l’autre estpossible sous certaines conditions, en fonction <strong>de</strong> l’évolution <strong>de</strong>s résultatssco<strong>la</strong>ires et <strong>de</strong> <strong>la</strong> progressive é<strong>la</strong>boration du projet <strong>de</strong> formation <strong>de</strong>l'élève.Le <strong>de</strong>venir <strong>de</strong>s élèves genevois est connu par <strong>les</strong> informationstransmises par l’office fédéral <strong>de</strong>s statistiques aux directeurs <strong>de</strong> collèges.Les enquêtes sur le <strong>de</strong>venir <strong>de</strong>s élèves permettent <strong>de</strong> connaître le taux <strong>de</strong>sélèves qui poursuivent leurs étu<strong>de</strong>s dans l’enseignement supérieur (<strong>de</strong>l’ordre <strong>de</strong> 85% à 95% selon <strong>les</strong> années), ainsi que celui <strong>de</strong>s élèves qui yobtiennent un diplôme (<strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 65%). Ces résultats montrent que <strong>la</strong>« maturité » (équivalent du bacca<strong>la</strong>uréat général) est <strong>la</strong> voie privilégiéepour obtenir un diplôme d’enseignement supérieur.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


186 COUR DES COMPTESLe suivi et l’orientation <strong>de</strong>s élèves en Espagne(Castil<strong>la</strong>- La Mancha)La loi organique <strong>de</strong> l’éducation (LOE: « Ley Orgánica <strong>de</strong>Educación »), approuvée le 4 mai 2006, régule <strong>la</strong> structure etl’organisation du système éducatif espagnol pour ses niveaux nonuniversitaires. Elle prévoit que <strong>les</strong> enseignements généraux, obligatoireset gratuits pour <strong>tous</strong>, comprennent dix ans <strong>de</strong> sco<strong>la</strong>rité entre 6 et 16 ans.L’élève est suivi tout au long <strong>de</strong> sa sco<strong>la</strong>rité à travers un dossierinformatique. Celui-ci rassemble toutes <strong>les</strong> données <strong>de</strong> l’élève : résultatssco<strong>la</strong>ires, données familia<strong>les</strong>,…. Chaque établissement dispose d’undépartement d’orientation (DO) en charge <strong>de</strong> <strong>la</strong> collecte <strong>de</strong> toutes cesdonnées.L’ « orientateur » communique certaines informations du dossierau « chef d’étu<strong>de</strong>s ». Les professeurs sont également informés oralement<strong>de</strong> ce qui peut leur être utile : pour autant, ils n’ont pas accès au dossier<strong>de</strong> l’élève où tout est consigné. En effet, l’ « orientateur » prendgénéralement soin <strong>de</strong> ne pas divulguer trop d’informations du dossier,afin <strong>de</strong> ne pas prendre le risque que l’élève soit perçu d’une façonpréconçue par <strong>les</strong> équipes enseignantes.Toutes <strong>les</strong> équipes d’orientation ont une compositioninterdisciplinaire. El<strong>les</strong> sont majoritairement formées <strong>de</strong> pédagogues, <strong>de</strong>psychologues et <strong>de</strong> psychopédagogue. A l’école primaire, l’équiped’orientation et d’appui (EOA) peut être complétée par un maîtred’audition et <strong>de</strong> <strong>la</strong>ngage et un maître pédagogique thérapeutique (MPT).Dans <strong>les</strong> zones défavorisées, s’y ajoutent <strong>de</strong>s travailleurs sociaux.Au collège (ESO), il existe un département d’orientation (DO),auquel s’ajoutent <strong>de</strong>s professeurs <strong>de</strong> « domaines » (« ambitos »)recouvrant plusieurs disciplines (par exemple, le domaine scientifiquepour <strong>les</strong> mathématiques, <strong>la</strong> physique, <strong>la</strong> biologie, <strong>la</strong> chimie). Ledépartement d’orientation exerce une action d’appui aux enseignants,d’information <strong>de</strong>s famil<strong>les</strong>, et d’observation <strong>de</strong>s élèves en vue <strong>de</strong> leurproposer une orientation. Il réunit <strong>les</strong> professeurs principaux (« lostutores »), reçoit <strong>les</strong> élèves, leur fait passer <strong>de</strong>s tests non notés, établit <strong>de</strong>sdiagnostics, organise <strong>de</strong>s réunions avec le chef d’étu<strong>de</strong>s et <strong>les</strong> tuteurs. Ilconseille ou déconseille certaines filières. L’orientation est en elle-même<strong>de</strong> <strong>la</strong> compétence du conseil <strong>de</strong>s professeurs. Le DO n’émet donc qu’unconseil sur l’orientation auprès du conseil <strong>de</strong>s professeurs et <strong>de</strong>l’inspection.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


ANNEXES 187Après l’ESO, l’orientation est proposée à l’élève, mais c’est àcelui-ci et à sa famille qu’il revient <strong>de</strong> choisir in fine.Les étudiants doivent être titu<strong>la</strong>ires d’un certificat d’étu<strong>de</strong>ssecondaires (Graduado en Educacion Secundaria, Titulo Graduado ESO)pour avoir accès à l'un <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux types <strong>de</strong> formation secondaire postobligatoire:- Bachillerato (fin <strong>de</strong> l’éducation secondaire générale)- Formacion Profesional Especifica <strong>de</strong> grado medio (niveauintermédiaire spécifique <strong>de</strong> formation professionnelle)Toutes <strong>les</strong> provinces ne proposent pas forcément <strong>les</strong> formationsvoulues en nombre suffisant. De plus, <strong>les</strong> p<strong>la</strong>ces en formationprofessionnelle sont limitées : <strong>la</strong> formation professionnelle a désormaisplus <strong>de</strong> prestige, en raison du fait que le diplôme <strong>de</strong> l’ESO est nécessairepour y accé<strong>de</strong>r.Un véritable suivi <strong>de</strong> l’élève est opéré par <strong>de</strong>s liaisons régulièresentre <strong>les</strong> divers <strong>de</strong>grés d’enseignement. Ainsi, une coordinationmensuelle est mise en p<strong>la</strong>ce entre école et collège, essentiellement dans lebut <strong>de</strong> prévenir l’échec sco<strong>la</strong>ire et le redoublement au collège : cettecoordination permet <strong>de</strong> cibler <strong>les</strong> élèves que <strong>les</strong> enseignants du secondairedoivent plus particulièrement accompagner.En établissant ainsi une information a priori <strong>de</strong>s enseignants sur <strong>les</strong>difficultés particulières <strong>de</strong>s élèves, le système sco<strong>la</strong>ire permet ainsi auxprofesseurs d’anticiper <strong>les</strong> modalités <strong>de</strong> suivi et d’adaptation pédagogiquenécessaires.En principe, en Espagne, le tuteur (sorte <strong>de</strong> professeur principal)gar<strong>de</strong> une c<strong>la</strong>sse <strong>de</strong>ux années <strong>de</strong> suite pour opérer un suivi dans <strong>la</strong> durée.Un programme (programme « papas ») <strong>de</strong> lutte contrel’absentéisme a été mis en p<strong>la</strong>ce : il permet dans certains établissementsd’informer <strong>les</strong> parents en temps réels par courrier ou par SMS <strong>de</strong>l’absence <strong>de</strong> leur enfant à un cours.b) L’accompagnement <strong>de</strong>s élèvesL’accompagnement <strong>de</strong>s élèves dans le canton <strong>de</strong> GenèveAu cycle d’orientation (école secondaire générale pour l'ensemble<strong>de</strong>s élèves <strong>de</strong> 12 à 15 ans), <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s surveillées peuvent être ouvertesaprès <strong>les</strong> heures <strong>de</strong> c<strong>la</strong>sse en fonction <strong>de</strong>s besoins sco<strong>la</strong>ires <strong>de</strong>s élèves.Ces étu<strong>de</strong>s surveillées durent une heure et permettent aux élèvesd’effectuer leurs <strong>de</strong>voirs avec l’ai<strong>de</strong> d’un enseignant.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


188 COUR DES COMPTESDes c<strong>la</strong>sses <strong>de</strong> niveaux sont organisées pour un meilleur rythmed’apprentissage <strong>de</strong>s élèves et une ai<strong>de</strong> individualisée <strong>de</strong>s professeurs pour<strong>les</strong> élèves en difficulté. Pour autant, certaines c<strong>la</strong>sses mixtes peuvent êtreexpérimentées dans <strong>de</strong>s établissements, car l’hétérogénéité semblepermettre, selon <strong>les</strong> enseignants, une certaine ému<strong>la</strong>tion.Au sein du secondaire post-obligatoire, <strong>les</strong> collèges (équivalents,en France, aux lycées assurant <strong>la</strong> filière générale) mettent à disposition<strong>de</strong>s élèves qui rencontrent <strong>de</strong>s difficultés spécifiques dans une ouplusieurs disciplines une assistance pédagogique sous forme <strong>de</strong> diversesstructures (« dépannage », appui, rattrapage, cercle d’étu<strong>de</strong>s, étu<strong>de</strong>ssurveillées) : dans chaque établissement, <strong>de</strong>s enseignants non titu<strong>la</strong>iresd’une c<strong>la</strong>sse sont chargés <strong>de</strong> cette mission d’accompagnement <strong>de</strong>s élèvesen difficulté.Dans <strong>les</strong> éco<strong>les</strong> <strong>de</strong> commerce (équivalentes, en France, <strong>de</strong>s filièresprofessionnel<strong>les</strong>), le soutien sco<strong>la</strong>ire est effectué à <strong>la</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong>s élèves.Des heures <strong>de</strong> « dépannage » sont organisées pour chaque discipline. Desrépétiteurs, i<strong>de</strong>ntifiés parmi <strong>les</strong> bons élèves volontaires <strong>de</strong> 3 ème ou 4 èmeannée <strong>de</strong> maturité professionnelle, sont proposés aux parents quifinancent eux-mêmes directement cet accompagnement : <strong>de</strong>s heures <strong>de</strong>remises à niveau sont ainsi réalisées par ces élèves pour <strong>les</strong> élèves endifficulté. Le soutien sco<strong>la</strong>ire se heurte à <strong>la</strong> limite du volontariat <strong>de</strong>sélèves, aussi bien en ce qui concernent ceux qui assurent que ceux quibénéficient <strong>de</strong> cette action : ce ne sont pas toujours ceux qui en ont le plusbesoin qui s’inscrivent au « dépannage ».Des étu<strong>de</strong>s surveillées peuvent enfin être mises en p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong>manière très ponctuelle, rémunérées à 50% pour le maître surveil<strong>la</strong>nt.L’accompagnement <strong>de</strong>s élèves en Espagne (Castil<strong>la</strong>-La Mancha)Des mesures ont été mises en p<strong>la</strong>ce pour lutter contre l’échecsco<strong>la</strong>ire. Cel<strong>les</strong>-ci peuvent être « ordinaires », tel<strong>les</strong> que le redoublement,<strong>les</strong> étu<strong>de</strong>s encadrées ou l’appui <strong>de</strong>s professeurs. D’autres mesurespeuvent être « extraordinaires » : il s’agit ainsi <strong>de</strong> <strong>la</strong> « diversification dansle suivi du programme », dite également « diversification éducative », quipeut aussi bien s’adresser aux élèves en retard, qu’aux primo-arrivants ouaux élèves handicapés. Cette mesure permet d’apporter un appui auxélèves concernés sans pour autant <strong>les</strong> couper <strong>de</strong> leur c<strong>la</strong>sse d’origine. Lesélèves sont répartis dans <strong>de</strong> petits groupes et ont <strong>de</strong>s professeurs <strong>de</strong>domaine. Pendant que leurs pairs suivent l’emploi du temps <strong>de</strong> <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse« normale », ces élèves ont c<strong>la</strong>sse en plus petits groupes, et donc <strong>de</strong>manière plus personnelle et adaptée à leurs difficultés. Un soutienindividualisé est ainsi mis en p<strong>la</strong>ce sans que l’élève soit séparé <strong>de</strong> saCour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


ANNEXES 189c<strong>la</strong>sse, puisqu’il <strong>la</strong> rejoint pour <strong>les</strong> enseignements dans <strong>les</strong>quels il est plusà l’aise.La « diversification éducative » est efficace, puisque 80% <strong>de</strong>sélèves en bénéficiant décrochent le diplôme ESO à <strong>la</strong> fin du collège.Des dédoublements d’enseignement sont aussi opérés dans <strong>les</strong>matières fondamenta<strong>les</strong>, permettant ainsi <strong>de</strong> créer ponctuellement <strong>de</strong>sc<strong>la</strong>sses <strong>de</strong> niveau en complément <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>sses fixes à l’année.De plus, le principe <strong>de</strong> <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse <strong>de</strong> PCPI (programme <strong>de</strong>qualification professionnelle initiale) a été créé par <strong>la</strong> loi organiqued’éducation. Il s’agit d’une c<strong>la</strong>sse s’adressant aux élèves <strong>de</strong> 15 ou 16 ans,qui auraient dû être en 3 ème ou 4 ème année d’ESO, mais qui n’arrivent pasà suivre le cursus c<strong>la</strong>ssique du collège. Ils sont alors orientés vers lePCPI, dont <strong>la</strong> sco<strong>la</strong>rité propose une alternance entre trois types <strong>de</strong>modu<strong>les</strong> : une qualification professionnelle en ateliers, une formation <strong>de</strong>caractère général en c<strong>la</strong>sse, et, pour <strong>les</strong> volontaires, un module permettant<strong>de</strong> continuer à préparer le diplôme ESO. Cette c<strong>la</strong>sse ai<strong>de</strong> aussi bien àsoutenir <strong>les</strong> élèves en difficulté dans une c<strong>la</strong>sse normale, mais ayant <strong>les</strong>capacités d’obtenir le diplôme, que d’orienter <strong>les</strong> autres élèves vers <strong>la</strong>voie professionnelle, en leur donnant un avant-goût <strong>de</strong> leur futureformation.Dans <strong>les</strong> établissements, <strong>les</strong> professeurs assurent à tour <strong>de</strong> rôle unepermanence pour accueillir <strong>les</strong> élèves renvoyés <strong>de</strong> leurs c<strong>la</strong>sses. Cettec<strong>la</strong>sse <strong>de</strong> « convivencia » permet d’accompagner <strong>les</strong> élèves dans <strong>la</strong>matière du professeur <strong>de</strong> permanence. Des ai<strong>de</strong>s aux <strong>de</strong>voirs sont ainsiégalement assurées par <strong>les</strong> enseignants.c) Les modalités d’évaluation <strong>de</strong> l’enseignementLes inspections d’établissements sco<strong>la</strong>ires en EcosseLa règle est qu’une école primaire est inspectée <strong>tous</strong> <strong>les</strong> 7 ans, unétablissement du second <strong>de</strong>gré <strong>tous</strong> <strong>les</strong> 6 ans, et une école maternelle <strong>tous</strong><strong>les</strong> 3 ans. Le corps d’inspection (Her Majesty Inspectorate of Education -HMIE) comprend 100 inspecteurs à temps plein et <strong>de</strong>s inspecteursassociés venant faire quelques missions par an (essentiellement <strong>de</strong>s chefsd’établissement). Les équipes d’évaluation comportent également <strong>de</strong>sreprésentants <strong>de</strong> <strong>la</strong> « société civile » : chefs d’entreprise, retraités,femmes au foyer, etc.Les inspections, en fonction <strong>de</strong> <strong>la</strong> taille <strong>de</strong> l’établissement, durententre trois et cinq jours. El<strong>les</strong> sont effectuées par une équipe <strong>de</strong> une à septpersonnes, comprenant au moins un inspecteur du HMIE. El<strong>les</strong> se fon<strong>de</strong>ntsur une auto-évaluation réalisée annuellement par l’équipe pédagogiqueCour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


190 COUR DES COMPTES<strong>de</strong> l’établissement à partir d’un modèle précisant <strong>les</strong> objectifs et <strong>les</strong>indicateurs (« How good is our school? »). Les inspecteurs choisissent<strong>de</strong>s points prioritaires à examiner, s’attachent à établir une évaluationqualitative <strong>de</strong>s enseignements dispensés, et non pas seulementquantitative, ce <strong>de</strong>rnier aspect étant traité par <strong>les</strong> différentes évaluationsmises à <strong>la</strong> disposition <strong>de</strong>s équipes enseignantes. Ils rencontrent le chefd’établissement, <strong>les</strong> enseignants, <strong>de</strong>s représentants <strong>de</strong>s parents d’élèves,recueillent par questionnaire l’avis <strong>de</strong>s élèves et <strong>de</strong>s parents. Enfin, ilsassistent à <strong>de</strong>s cours (dont systématiquement ceux d’ang<strong>la</strong>is et <strong>de</strong>mathématiques) : ils n’ont aucun rôle d’évaluation individuelle <strong>de</strong>senseignants mais portent une appréciation sur <strong>la</strong> manière dont estenseignée telle ou telle discipline dans l’établissement, et sur <strong>les</strong> résultatsobtenus par <strong>les</strong> équipes enseignantes.Les rapports d’inspection font l’objet d’un débat avec l’équipepédagogique (chef d’établissement et enseignants). Tous <strong>les</strong> rapports sontpublics sous une forme résumée (dix pages) et disponib<strong>les</strong> sur Internet,après une phase contradictoire. Ils font l’objet d’une communicationspéciale aux élèves, sous <strong>la</strong> forme d’une lettre spécifique. Ils comportentune partie <strong>de</strong> comparaisons avec <strong>les</strong> résultats obtenus par <strong>de</strong>sétablissements sco<strong>la</strong>ires simi<strong>la</strong>ires du point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong>s catégoriessocioprofessionnel<strong>les</strong> <strong>de</strong>s parents, <strong>de</strong> <strong>la</strong> taille <strong>de</strong> l’établissement, et <strong>de</strong> <strong>la</strong>localisation géographique.Les indicateurs <strong>de</strong> qualité sont publics (ils figurent dans ledocument « How good is our school? ») et ont été é<strong>la</strong>borés enconcertation (professeurs et chefs d’établissement). La grille est bâtie surquatre volets : réussite <strong>de</strong>s élèves, processus éducatif, direction <strong>de</strong>l’établissement, capacité à s’améliorer. Les indicateurs sont détaillés surune page chacun, avec <strong>de</strong>s exemp<strong>les</strong> qui décrivent une très bonneperformance et une très mauvaise : ces illustrations ont été faites à partir<strong>de</strong> l’évaluation <strong>de</strong>s rapports du HMIE.Les évaluateurs n’examinent pas <strong>tous</strong> <strong>les</strong> points qui font l’objetd’une auto-évaluation annuelle. Ils se centrent particulièrement surl’évaluation <strong>de</strong> <strong>la</strong> performance, le programme, <strong>les</strong> modalités <strong>de</strong> réponseaux besoins <strong>de</strong>s élèves. Ils répon<strong>de</strong>nt essentiellement aux questionssuivantes : comment <strong>les</strong> élèves apprennent-ils ? Quelle est <strong>la</strong> qualité dutravail <strong>de</strong>s personnels permettant d’ai<strong>de</strong>r <strong>les</strong> élèves ? Quelle estl’implication <strong>de</strong> l’établissement dans son environnement ? L’école a-telle<strong>de</strong>s ambitions suffisamment fortes pour <strong>tous</strong> ses élèves ? L’école a-telleune stratégie c<strong>la</strong>ire ?Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


ANNEXES 191Pendant 15 ans il y a eu seulement 4 niveaux <strong>de</strong> cotation <strong>de</strong>sétablissements : très bon, bon, faible et insuffisant. Depuis <strong>de</strong>ux ans ontété ajoutés <strong>de</strong>ux autres niveaux : « satisfaisant » et « excellent », afin <strong>de</strong>mieux faire connaitre <strong>les</strong> bonnes pratiques.L’évaluation <strong>de</strong>s enseignants en Espagne (Castil<strong>la</strong>- La Mancha)Il existe un inspecteur par établissement qui évalue et conseille <strong>les</strong>enseignants mais ne <strong>les</strong> note pas. Il approuve <strong>la</strong> programmation généraleannuelle <strong>de</strong> l’établissement, ainsi que le protocole d’évaluation externe<strong>de</strong>s élèves. Les inspections strictement disciplinaires n’existent pas. A <strong>la</strong>fin <strong>de</strong> l’année, chaque professeur se charge <strong>de</strong> son autoévaluation.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


192 COUR DES COMPTES5 - Liste <strong>de</strong>s personnes rencontrées lors <strong>de</strong> l’enquêteEn administration centrale :DGESCO : MM. Nembrini et B<strong>la</strong>nquer, directeurs, M. Gourso<strong>la</strong>s etTurion, adjoints au directeur <strong>de</strong> l’enseignement sco<strong>la</strong>ire, M. Simoni,chef du service du budget et <strong>de</strong> l’égalité <strong>de</strong>s chances, M. Deloche,sous directeur <strong>de</strong>s moyens, <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s et du contrôle <strong>de</strong> gestion, M.Coubrun, chef du bureau <strong>de</strong> <strong>la</strong> coordination et du contrôle <strong>de</strong> gestion,M. Barnichon, chef <strong>de</strong> <strong>la</strong> mission <strong>de</strong> suivi <strong>de</strong>s performancesacadémiques et son équipe (Mme Boussarie et M. Dars), M. Roque,sous-directeur <strong>de</strong>s éco<strong>les</strong>, collèges et lycéesDEPP : MM. Vitry et Quéré, directeurs, M. Emin, sous-directeur <strong>de</strong>l’enseignement sco<strong>la</strong>ire, M. Despréaux, sous-directeur <strong>de</strong>l’enseignement supérieur, Mme Caron, chef du bureau <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>sstatistiques sur l’enseignement supérieur, Mme Al<strong>la</strong>in, chef du bureau<strong>de</strong> l’évaluation <strong>de</strong>s établissements, Mme Levasseur et M.Trosseille,chefs du bureau <strong>de</strong>s évaluations et <strong>de</strong>s outils pour le pilotagepédagogique, M. Lopes, chef du bureau <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s statistiques sur <strong>les</strong>personnels et ses adjoints (Pao<strong>la</strong> Serries et Eric Mignard), MmeRégnier, chef du bureau <strong>de</strong> l’évaluation <strong>de</strong>s politiques éducatives et<strong>de</strong>s expérimentations, Mme Jacquot, chef du bureau du compte <strong>de</strong>l’éducation, Mme Rosenwald, sous-directeur <strong>de</strong>s synthèsesstatistiques, M. Sauvageot, responsable <strong>de</strong> l’international, MmeBrutel, chef du bureau <strong>de</strong> l’évaluation <strong>de</strong>s pratiques enseignantes,Mme Pollet, Chef du bureau <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s statistiques sur l'alternance,l'insertion <strong>de</strong>s jeunes, <strong>la</strong> formation continue et <strong>les</strong> re<strong>la</strong>tions éducationéconomie-emploi,Mme Leblond, chef du bureau <strong>de</strong>s nomenc<strong>la</strong>tures etrépertoires, Mme Lixi, chef <strong>de</strong> bureau <strong>de</strong>s évaluations et <strong>de</strong>s outilspour le pilotage <strong>de</strong>s établissements et <strong>de</strong>s unités d’éducation,M. Nicol, bureau <strong>de</strong> l’évaluation <strong>de</strong>s politiques pour le développement<strong>de</strong> l’enseignement supérieur, M.Afsa, sous-directeur <strong>de</strong>s synthèsesstatistiques et chef du service statistique ministériel, M.B<strong>la</strong>nché, sousdirecteur<strong>de</strong> <strong>la</strong> performance <strong>de</strong> l’enseignement sco<strong>la</strong>ire.Secrétariat Général : M. Duwoye, secrétaire général,a) DAF : MM. Del<strong>la</strong>casagran<strong>de</strong> et Guin, directeurs, M. Coquart, sousdirecteurdu budget <strong>de</strong> <strong>la</strong> mission "enseignement sco<strong>la</strong>ire", M. Al<strong>la</strong>l,sous-directeur <strong>de</strong> l'enseignement privé, M. Le Nozahic, chef du bureau<strong>de</strong>s établissements à <strong>la</strong> sous-direction <strong>de</strong> l’enseignement privé, FabienSTROBEL, chef du bureau <strong>de</strong>s personnels enseignants, AnnieCour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


ANNEXES 193Malcoiffe, adjointe au chef du bureau <strong>de</strong>s personnels enseignants b)DGRH : M. Thierry Le Goff, directeur, Mme Josette Théophile,directrice, Mme Dominique Subier, Mme Thérèse Filippi, chef <strong>de</strong>service, Mme Mireille Emaert, sous- directrice, Mme Sophie Prince,chef <strong>de</strong> bureau, Mme Carole Dano-Doremus, chef <strong>de</strong> bureauInspections généra<strong>les</strong> : M. François Perret, doyen <strong>de</strong> l’IGEN,M. Thierry Bossard, chef <strong>de</strong> service <strong>de</strong> l’IGAENR, M. Philippe C<strong>la</strong>us,doyen <strong>de</strong> l’enseignement primaire, M. C<strong>la</strong>u<strong>de</strong> Boichot, IGEN, chargé<strong>de</strong> mission CPGE.Dans <strong>les</strong> académies :Académie <strong>de</strong> Bor<strong>de</strong>aux :Rectorat M. Marois, recteur, M. Eyssautier, secrétaire général, MmeDudézert, secrétaire générale adjointe déléguée à l’organisationsco<strong>la</strong>ire et universitaire, M. Macé, secrétaire général adjoint chargé dusuivi <strong>de</strong> <strong>la</strong> mise en œuvre <strong>de</strong> <strong>la</strong> LOLF sur l’académie, M. Minaberry,responsable <strong>de</strong> <strong>la</strong> cellule cadre, contrôle <strong>de</strong> gestion, M. Chamail<strong>la</strong>rd,adjoint au chef du service académique <strong>de</strong> l’information et <strong>de</strong>l’orientation, Mme Mesnard, directrice <strong>de</strong>s structures et <strong>de</strong>s moyens,Mme Moune, secrétaire générale adjointe aux re<strong>la</strong>tions et ressourceshumaines, M. Pajot, directeur <strong>de</strong> <strong>la</strong> pédagogie, M. Martinet, déléguéacadémique aux formations professionnel<strong>les</strong> et technologique initia<strong>les</strong>et continues, M. Astoul, directeur <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s et <strong>de</strong> <strong>la</strong> prospective,Mme Rey<strong>de</strong>llet, direction informatique, Mme Puard, directrice <strong>de</strong>spersonnels enseignantsInspection académique <strong>de</strong> Giron<strong>de</strong> : M. Mercier, IA-DSDEN, MmeLoiseau, IA adjoint, Mme Buzy-Debat, IEN.Etablissements d’enseignement : M. Bihel, proviseur du lycée GustaveEiffel et Mme Hazera, gestionnaire, M. Louis Etxeto, principal, et M.Michel Douet, principal adjoint du collège Jacques Ellul (ZEP) <strong>de</strong>Bor<strong>de</strong>aux ; M. Picard, proviseur, Mme Hugues, proviseur adjoint, M.Dumas, chef <strong>de</strong> travaux et Mme Dibas, intendante du lycéeprofessionnel Alphonse Beau <strong>de</strong> Rochas <strong>de</strong> Bor<strong>de</strong>aux ; M. Carreyre,directeur <strong>de</strong> l’école A. Schweitzer <strong>de</strong> Bor<strong>de</strong>aux.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


194 COUR DES COMPTESAcadémie <strong>de</strong> Clermont-Ferrand :Rectorat : M. Besson recteur, M. Roume, secrétaire général (2007-2008), M. Guil<strong>la</strong>umie, secrétaire général (2008), M. Mezeix, chef <strong>de</strong><strong>la</strong> division statistiques et étu<strong>de</strong>s, Didier Gautereau, chef <strong>de</strong> <strong>la</strong> division<strong>de</strong> l’organisation sco<strong>la</strong>ire et du contrôle <strong>de</strong> gestion, Ghania Ben-Gharbia, proviseur vie sco<strong>la</strong>ire ; M. Jean-François Bilgot, doyen <strong>de</strong>sIA-IPR, M. Char<strong>les</strong> Moracchini, IA-IPR ; M. Dominique Bilgay, IEN,M. Karim Touhmia, IEN ; M. Jean-C<strong>la</strong>u<strong>de</strong> Rosset, IEN ET EG,M. Pierre Baptiste IEN ET EG.Inspection d’académie du Puy-<strong>de</strong>-Dôme : Jean Verlucco, inspecteurd’académie-DSDEN, Mme Cal<strong>de</strong>na, adjointe à l’IA. M. PhilippeLéautoing, IAA.Inspection académique <strong>de</strong> l’Allier : Thierry Lepineux, inspecteur <strong>de</strong>l’éducation <strong>nationale</strong> (circonscription <strong>de</strong> Montluçon 2),Etablissements d’enseignement : Mme Falga<strong>de</strong>, principale du collègeAlbert Camus <strong>de</strong> Clermont Ferrand (collège ambition réussite) et sonéquipe <strong>de</strong> direction, M. Trancar, principal du collège l’Oradou àClermont Ferrand. M. Grellet, directeur <strong>de</strong> l’école Ju<strong>les</strong> Ferry <strong>de</strong>Montluçon et équipe <strong>de</strong>s professeurs <strong>de</strong>s éco<strong>les</strong>, M. Patrick Verdier,principal du collège Jean Zay <strong>de</strong> Montluçon, Mme Catherine Levy,proviseur du lycée Mme <strong>de</strong> Staël <strong>de</strong> Montluçon, et M. Traulle,proviseur adjoint.Académie d’Orléans-Tours :Rectorat : MM. Bencheneb et Canioni, recteurs, M. Pe<strong>la</strong>t, secrétairegénéral, M. Fromentaud, directeur <strong>de</strong>s enseignements et <strong>de</strong>sformations, M. Thiberge, responsable <strong>de</strong> <strong>la</strong> division du budget, <strong>de</strong>l’évaluation et <strong>de</strong> <strong>la</strong> performance, Monsieur Laurent, DPE, MmeGuihéneuf, proviseur, contractualisation avec <strong>les</strong> établissementsInspection académique du Cher : MM. Bovier et Moreau, inspecteursd’académie-DSDEN, et leur adjoint.Inspection académique du Loiret : M. Bucheli, inspecteur d’académie-DSDEN, Mme Toupé, IEN.Etablissements d’enseignement : Mme Véronique Piperaud, principaledu collège Edouard Vail<strong>la</strong>nt <strong>de</strong> Vierzon, Mme Baron, principale ducollège André Malraux à Saint Jean La Ruelle (collège ambitionréussite), M. Virazels, proviseur du lycée Jacques Monod à Saint JeanCour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


ANNEXES 195<strong>de</strong> Braye, Mme Martinon, directrice <strong>de</strong> l’école Lavoisier à Orléans <strong>la</strong>Source, M. Mauguin, principal du collège Montabuzard d’Ingré, MmeSchan<strong>de</strong>l, principale adjointe, M. Hervo et Mme Jalibert, enseignantsdans le collège d’Ingré,Académie d’Aix-Marseille :Rectorat : M. <strong>de</strong> Gau<strong>de</strong>mar, recteur, M. Terral, secrétaire général, MmeBurdon secrétaire générale <strong>de</strong>puis 2008, M. Arnaud, secrétaire généra<strong>la</strong>djoint, département <strong>de</strong> <strong>la</strong> prospective, <strong>de</strong> l’analyse et <strong>de</strong> <strong>la</strong>programmation, M. Chenier, directeur <strong>de</strong> l’analyse, <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s et <strong>de</strong> <strong>la</strong>communication, M. Lazzerini, chef <strong>de</strong> <strong>la</strong> division <strong>de</strong> l’organisationsco<strong>la</strong>ire, M. Fedière, chef <strong>de</strong> <strong>la</strong> division <strong>de</strong>s affaires financières, MmeMartine Burdin, secrétaire générale, Mme Joelle Bruguière, chargée <strong>de</strong>mission insertion, M. Yvon Leynaud, chef <strong>de</strong> <strong>la</strong> division <strong>de</strong>sétablissements d’enseignement privé, M. Michel Richard, chef du serviced’information et d’orientation., M. Fabrice Gerardin, DRH, MmeB<strong>la</strong>ndine Briou<strong>de</strong>, chef <strong>de</strong> <strong>la</strong> division DPE, M. Marc Mon<strong>tous</strong>se, doyen<strong>de</strong>s IA-IPR, Mme Maryse Nogues, IA-IPR chargée <strong>de</strong> l’accompagnementéducatif, M. Vincent Valéry, IA-IPR chargé <strong>de</strong> <strong>la</strong> politique Ambitionréussite. M. Pierre Paraud, doyen <strong>de</strong>s IEN-ET, Mme Christiane Rossetto,IEN-ET M. Norbert Bernard, IEN-ET.Inspection académique du Vaucluse : M. Jean-Char<strong>les</strong> Cay<strong>la</strong>,inspecteur d’académie-DSDEN, M. Raymond Lecoq, inspecteurd’académie adjoint, Mme Martine Grouthier, inspectrice <strong>de</strong>l’éducation <strong>nationale</strong> (circonscription Avignon V).Inspection académique <strong>de</strong>s Bouches-du Rhône : M. Trevé, IA-DSDEN, M. Ricard, secrétaire général, Mme Garcia, chargé <strong>de</strong>mission « cellule projets », M. Bocquet, chef <strong>de</strong> <strong>la</strong> divisionorganisation sco<strong>la</strong>ire, Mmes Demougeot, Gi<strong>la</strong>rdot et Py, chargées <strong>de</strong>sassistants d’éducation, Mme Buisson, cellule politiquesinterministériel<strong>les</strong>, Mme Cardinali, chef <strong>de</strong> <strong>la</strong> division <strong>de</strong>s élèves, M.Colcy, chef <strong>de</strong> <strong>la</strong> division du personnel, M. Roubaud, inspecteur <strong>de</strong>l’éducation <strong>nationale</strong> (circonscription Marseille I), M. Demougeot,inspecteur d’académie adjoint chargé <strong>de</strong>s dispositifs re<strong>la</strong>is, M.Parisotto, chef du bureau <strong>de</strong>s élèves, M. Yaiche, inspecteurpédagogique régional chargé du premier <strong>de</strong>gré, Mme Bel<strong>la</strong>is,inspectrice <strong>de</strong> l’éducation <strong>nationale</strong> (circonscription <strong>de</strong> ChateauneufCôte Bleue), M. Gi<strong>la</strong>rdot, inspecteur d’académie adjoint chargé <strong>de</strong>sSEGPA et <strong>de</strong>s RASED, M. Pes, inspecteur <strong>de</strong> l’éducation <strong>nationale</strong>.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


196 COUR DES COMPTESEtablissements d’enseignement : Mme Mauricette Jesion et M. MarcJailin, proviseurs du lycée Frédéric Mistral d’Avignon, Mme M-HCuvilier, principale du collège Frédéric Mistral d’Avignon, MmeVissec-Mercier et M. Barbier, professeurs <strong>de</strong> <strong>la</strong> cité sco<strong>la</strong>ire FrédéricMistral, M. Santucci, directeur <strong>de</strong> l’école <strong>de</strong> <strong>la</strong> Tril<strong>la</strong><strong>de</strong> à Avignon,Mme Monique Quoniam, directrice <strong>de</strong> l’école <strong>de</strong> La Bricar<strong>de</strong> àMarseille, Mme Nigita, proviseur du lycée professionnel B<strong>la</strong>isePascal ; Mme Amorini, proviseur du lycée d’Istres, M. Pierre Mora,proviseur du lycée professionnel René Caillé à MarseilleAcadémie <strong>de</strong> Montpellier :Rectorat : M. Nique, recteur, M. Guy Waiss, secrétaire général, MmeBeauvre-Fabre et M. Bouscary, division du budget académique, M.Delpond, division <strong>de</strong>s personnels enseignants, MM. Chamonard,Lucile, Mekhneche et Andres, division <strong>de</strong> <strong>la</strong> prospective, <strong>de</strong>s moyenset <strong>de</strong>s enseignements, Mme Beauve-Fabre, chef <strong>de</strong> <strong>la</strong> division dubudget académique, M. Rodriguez, chef e <strong>la</strong> division <strong>de</strong>s personnelsenseignants, M. Gwizdiel, directrice <strong>de</strong>s établissements et <strong>de</strong> <strong>la</strong>contractualisation, M. Brunel, chef du service <strong>de</strong> l’information et <strong>de</strong>l’orientation puis chef du comité académique d’évaluation <strong>de</strong>sétablissements ; M. Gustau, IA-IPR, directeur <strong>de</strong>s élèves <strong>de</strong>sétablissements et <strong>de</strong> <strong>la</strong> contractualisation, M. Jacques Limousin,doyen <strong>de</strong>s IA-IPR ; Mme PetitJean, IEN ; M. Gil<strong>les</strong> Grammare, IENET EG, Mme Marie-Françoise Burg, IEN ET EG ; IPR <strong>de</strong> SVT et IPR<strong>de</strong> lettres.Inspection académique <strong>de</strong> l’Hérault : M. Paul-Jacques Guiot,inspecteur d’académie-DSDEN, M. Mil<strong>la</strong>ngue, inspecteur d’académieadjoint, M. Detruiseux, directeur <strong>de</strong>s logistiques, M. Destouches,secrétaire général, C<strong>la</strong>udie Arnouilh, chef du service <strong>de</strong>s personnels,Lionel Dores, chef du département <strong>de</strong> l’organisation sco<strong>la</strong>ire et <strong>de</strong>sétablissements, Mme Liza, inspectrice <strong>de</strong> l’éducation <strong>nationale</strong>,circonscription <strong>de</strong> Montpellier.Etablissements d’enseignement : M. Vignaux, proviseur <strong>de</strong> <strong>la</strong> citésco<strong>la</strong>ire Henri IV <strong>de</strong> Béziers, Mme Thévenot, principale et MmeFévrier, principale adjointe, du collège Henri IV <strong>de</strong> Béziers, M.Narcy, proviseur, Mme Artico, proviseur adjoint et Mme Limouzin,proviseur adjoint, chargée <strong>de</strong>s CPGE au lycée Joffre <strong>de</strong> Montpellier ;Mme Lombard, directrice <strong>de</strong> l’école Joseph Delteil <strong>de</strong> Grabels, MmeBasti<strong>de</strong>-Llorca, professeur au lycée Gosse <strong>de</strong> Clermont-l’Hérault, M.Cambon, professeur au collège Di<strong>de</strong>rot <strong>de</strong> NîmesCour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


ANNEXES 197Académie <strong>de</strong> Paris :Rectorat : M. Patrick Gérard, recteur, M. Roger Gleize, responsabledu service <strong>de</strong> <strong>la</strong> paieInspection d’académie : M. Edouard Rosselet, IA-DSDEN chargé du1 er <strong>de</strong>gré ; M. Xavier Chiron, IPR, M. Labroue, IPR, Mme Letou<strong>la</strong>t,IPR ; Mme Bertrand, chef du service académique <strong>de</strong> l’information et<strong>de</strong> l’orientation à ParisEtablissements d’enseignement : Mme Fourno, proviseure du lycéeJu<strong>les</strong> Ferry, M. Quesque, proviseur du lycée Simone Veil, M. Moreau,inspecteur d’académie chargé du second <strong>de</strong>gré, M. Durand, proviseurdu collège et lycée Buffon.Académie <strong>de</strong> Versail<strong>les</strong> :M. A<strong>la</strong>in Boissinot, recteurSyndicats d’enseignantsReçus en audition à <strong>la</strong> Cour <strong>de</strong>s comptes :Fédération syndicale unitaire (FSU) : Mme Groison, secrétairegénérale, Mme Bellin, secrétaire <strong>nationale</strong>, M. Moindrot, co-secrétairegénéral du SNUIPP-FSUUNSA Education : M. Gonthier, secrétaire général, M. Bentz,secrétaire national, M. Chevalier, secrétaire général du syndicat <strong>de</strong>senseignantsSGEN-CFDT : MM. Cadart, secrétaire général, et Jaouen, secrétairenationalSyndicat national <strong>de</strong>s personnels <strong>de</strong> direction <strong>de</strong> l’éducation<strong>nationale</strong> : M. Tournier, secrétaire général, Mme Bourhis, secrétaire<strong>nationale</strong>Associations <strong>de</strong> parents d’élèvesReçus en audition à <strong>la</strong> Cour <strong>de</strong>s comptes :Fédération <strong>de</strong>s parents d’élèves <strong>de</strong> l’enseignement public : MM.Vrand, prési<strong>de</strong>nt, et Schwartz, trésorier nationalFédération <strong>de</strong>s conseils <strong>de</strong> parents d’élèves : M. Hazan, prési<strong>de</strong>ntCour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


198 COUR DES COMPTESPersonnalités qualifiées :Reçues en audition à <strong>la</strong> Cour <strong>de</strong>s comptes : Mmes Agnès Van Zantenet Marie Duru-Bel<strong>la</strong>t, MM. Antoine Prost, Denis Meuret, FrançoisDubet, C<strong>la</strong>u<strong>de</strong> Thélot et Bernard Hugonnier (directeur adjoint <strong>de</strong> <strong>la</strong>direction <strong>de</strong> l’éducation à l’OCDE)Rencontrées lors <strong>de</strong> l’enquête : MM. Pochard, Albizer (OCDE), Avice(chargé <strong>de</strong> <strong>la</strong> RGPP volet Education <strong>nationale</strong> à l’Inspection générale<strong>de</strong>s finances)A l’étrangerSuisse :Département <strong>de</strong> l’instruction publique <strong>de</strong> <strong>la</strong> république et du canton <strong>de</strong>GenèveM. Char<strong>les</strong> Beer, ministre (« conseiller d’Etat ») en charge <strong>de</strong>l’instruction publique, M. Daniel Pilly, directeur général du secondcycle <strong>de</strong> l’enseignement secondaire («enseignement postobligatoire ») et <strong>les</strong> membres du conseil <strong>de</strong> direction, M. GeorgesSchurch, directeur général du premier cycle <strong>de</strong> l’enseignementsecondaire (« cycle d’orientation »), <strong>la</strong> secrétaire générale duministère, <strong>la</strong> directrice du service <strong>de</strong> recherche en éducation.Etablissements d’enseignementcycle d’orientation (CO) (équivalent au collège en France) - <strong>la</strong> Gra<strong>de</strong>lle,Genève : Mme Elisabeth Smahi, directrice, Mme Marina Amsellem,doyenne, <strong>les</strong> maîtres RD (responsab<strong>les</strong> <strong>de</strong> disciplines) en français,allemand et mathématiques et <strong>de</strong>s élèves en réorientation ; cycled’orientation (CO) - le Renard, Genève : M. Eric Tamone, directeur duCO le Renard, une équipe d’enseignants et un groupe d’élèves ; collège<strong>de</strong> Candolle, Genève : M. A<strong>la</strong>in Guex, directeur, Mme Chris Ji, doyenneresponsable du 1 er <strong>de</strong>gré, M. Didier Bopp, doyen responsable du 3 ème<strong>de</strong>gré ; CEC André-Chavanne, Genève : M. Ro<strong>la</strong>nd Jeannet, directeur,Mme Catherine Driancourt, doyenne, M. Christian Jordan, doyen et MmeJean-Marc Isaak, doyen ; ECG (école <strong>de</strong> culture générale) Jean-Piaget,Genève : M. Marc Boget, directeur, Mme Francine Novel, directriceadjointe, un enseignant doyen et un maître adjoint à <strong>la</strong> direction.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


ANNEXES 199Université <strong>de</strong> GenèveM. Marcel Crahay, chercheur en sciences <strong>de</strong> l’éducation, M. LaurentVite, centre <strong>de</strong> formation continue <strong>de</strong>s instituteurs et responsable <strong>de</strong> <strong>la</strong>mise en p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong>s projets d’établissementsEspagne :Madrid : M. Enrique Roca, directeur <strong>de</strong> l’institut d’évaluation <strong>de</strong>l’enseignement sco<strong>la</strong>ire. Tolè<strong>de</strong> : Mme Teresa Ortiz Merino,Consejería <strong>de</strong> Educación y Ciencia <strong>de</strong> Castil<strong>la</strong>-La Mancha ; équipes<strong>de</strong> direction, d’enseignants et d’élèves <strong>de</strong>s établissements sco<strong>la</strong>iressuivants : école primaire publique à Tolè<strong>de</strong> (colegio publico ciudad <strong>de</strong>Nara), collège et lycée publics (Instituto <strong>de</strong> ensenanza secundaria CarlosIII), collège, lycée général et lycée professionnel (Juanelo Turriano)Ambassa<strong>de</strong> d’Espagne à Paris : Mme Isabel Alberdi, chargée <strong>de</strong>squestions d’éducation à <strong>la</strong> représentation espagnole à l’OCDE ;M. Larra, chargé <strong>de</strong>s questions d’éducation à l’ambassa<strong>de</strong>.Ecosse :Scottish Government :MM. Jeff Maguire, international team - Schools Directorate, Bill Still,local government finance - Economy Directorate, , Pete Withehouse,analytical services unit – Schools Directorate, Lach<strong>la</strong>n MacCallum, HerMajesty’s Inspectorate of Education, Mrs Laura Meikle, Support forlearning division - Schools Directorate.Etablissements d’enseignement :Équipes <strong>de</strong> direction, d’enseignants et d’élèves <strong>de</strong>s établissements <strong>de</strong><strong>la</strong> Leith Primary.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


RÉPONSE DU MINISTRE DE L’EDUCATION NATIONALE 201RÉPONSE DU MINISTRE DE L’ÉDUCATION NATIONALELa loi du 23 avril 2005 d’orientation et <strong>de</strong> programme pourl’avenir <strong>de</strong> l’Ecole est issue d’un débat national sur l’avenir <strong>de</strong> l’école,qui a permis <strong>de</strong> préciser ce que <strong>la</strong> Nation attendait <strong>de</strong> son école. Les cinqannées écoulées ont été l’occasion pour <strong>les</strong> gouvernements successifs <strong>de</strong>conduire <strong>les</strong> réformes du système sco<strong>la</strong>ire qui doivent permettre <strong>la</strong>réussite du plus grand nombre. Ces réformes ont touché <strong>tous</strong> <strong>les</strong> niveauxdu système sco<strong>la</strong>ire, <strong>de</strong> <strong>la</strong> maternelle à <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse terminale ; parconséquent, leur plein effet ne sera mesurable que lorsqu’un élève, entréà l’école maternelle à <strong>la</strong> rentrée sco<strong>la</strong>ire 2008, date d’entrée en vigueur<strong>de</strong>s nouveaux programmes, aura achevé sa sco<strong>la</strong>rité en juin 2023, dated’obtention théorique <strong>de</strong> son bacca<strong>la</strong>uréat.Cet exemple illustre le recul nécessaire pour juger <strong>de</strong> l’efficacitéd’une réforme du système sco<strong>la</strong>ire, mais aussi le besoin <strong>de</strong> développer<strong>de</strong>s outils intermédiaires d’évaluation pour ajuster <strong>les</strong> mesures mises enœuvre.Depuis 2003, le ministère <strong>de</strong> l’éducation <strong>nationale</strong> a pris soind’intégrer dans son action <strong>la</strong> consultation <strong>de</strong>s parties prenantes dusystème éducatif (représentants <strong>de</strong>s personnels <strong>de</strong> l’éducation national,parents d’élèves, lycéens, élus, experts,...). Ces consultations, dont <strong>les</strong><strong>de</strong>ux <strong>de</strong>rniers exemp<strong>les</strong> sont <strong>les</strong> états généraux <strong>de</strong> <strong>la</strong> sécurité à l’école et<strong>la</strong> future conférence <strong>nationale</strong> sur <strong>les</strong> rythmes sco<strong>la</strong>ires, sont égalementl’occasion <strong>de</strong> faire un état partagé <strong>de</strong> notre système éducatifLe choix fait par <strong>la</strong> Cour d’établir un rapport public sur lefon<strong>de</strong>ment même du système sco<strong>la</strong>ire, <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves,constitue une contribution importante au débat permanent sur l’école.Les échanges intervenus entre <strong>la</strong> Cour et le ministère ont été approfondispuisque ce rapport sera <strong>la</strong> somme <strong>de</strong> presque trois années <strong>de</strong> travail <strong>de</strong> <strong>la</strong>part <strong>de</strong> <strong>la</strong> Cour. Pour autant, ce projet <strong>de</strong> rapport appelle <strong>de</strong>scommentaires <strong>de</strong> <strong>la</strong> part du ministère <strong>de</strong> l’éducation <strong>nationale</strong>.1 - S’agissant <strong>de</strong>s résultats <strong>de</strong> l’enseignement sco<strong>la</strong>ire, <strong>de</strong> l’organisation<strong>de</strong>s enseignements et <strong>de</strong>s parcours sco<strong>la</strong>ires comme <strong>de</strong> <strong>la</strong> prise encharge <strong>de</strong>s élèves en difficulté, <strong>les</strong> constats et <strong>les</strong> analyses <strong>de</strong> <strong>la</strong> Courmériteraient, sur certains points au moins, d’être nuancés, en veil<strong>la</strong>nten particulier à ne pas présenter telle <strong>la</strong>cune ou défail<strong>la</strong>nce localecomme représentative <strong>de</strong> <strong>la</strong> situation constatée sur l’ensemble duterritoire national.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


202 COUR DES COMPTESEn outre, <strong>la</strong> Cour tend à minimiser <strong>les</strong> bénéfices attendus <strong>de</strong>sréformes récentes ou en gestation, en particulier celle du lycée général ettechnologique.Quelques exemp<strong>les</strong> permettent d’illustrer ces réserves.- Il est excessif d’affirmer que <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves « n’estpas encore <strong>de</strong>venue un objectif véritablement partagé et qu’elle «ne s’estpas traduite par une organisation adaptée à <strong>la</strong> nécessité <strong>de</strong> conduirechacun à un diplôme ou à une qualification ». Le système éducatif est aucontraire tout entier mobilisé au service <strong>de</strong> cet objectif et l’intensificationdu rythme <strong>de</strong>s réformes au cours <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rnières années, comme <strong>la</strong>mobilisation <strong>de</strong> ses cadres, en attestent. Les différents dispositifs <strong>de</strong>soutien et d’accompagnement personnalisé et <strong>la</strong> réforme <strong>de</strong> <strong>la</strong> voieprofessionnelle, pour ne citer que <strong>de</strong>ux exemp<strong>les</strong> parmi bien d’autres,illustrent cette volonté <strong>de</strong> conduire l’ensemble <strong>de</strong>s élèves à <strong>la</strong> réussite.- Sur le nombre <strong>de</strong> diplômés dans l’enseignement secondaire, <strong>la</strong>Cour semble regretter que <strong>la</strong> progression du taux <strong>de</strong> bacheliersprofessionnels par génération se soit faite au détriment <strong>de</strong> l’améliorationdu taux <strong>de</strong> succès au bac général et technologique. Ceci est inexact,puisque le taux d’accès au bacca<strong>la</strong>uréat, quel qu’il soit, a continuéd’augmenter entre 1995 et 2006 au moins. Qui plus est, ce taux a reprissa progression en 2009, atteignant 65,6% d’une génération, grâce à uneforte progression du taux d’accès au bac pro mais aussi au bacca<strong>la</strong>uréatgénéral (<strong>de</strong> 33,7% en 2008 à 35,1% en 2009).- La Cour remarque que <strong>les</strong> emplois du temps sont faitsprioritairement en faveur <strong>de</strong>s enseignants sans concertation pédagogiqueou discussion en conseil d’administration. Ce constat tend à extrapoler<strong>de</strong>s situations qui peuvent se rencontrer mais ne sont pas <strong>la</strong> règlecommune. Un emploi du temps ne se construit qu’après répartition <strong>de</strong>sservices d’enseignements entre <strong>les</strong> enseignants, répartition qui se fait enconcertation entre <strong>les</strong> équipes pédagogiques et le chef d’établissement. Siproblème il y a au niveau <strong>de</strong> <strong>la</strong> confection <strong>de</strong> l’emploi du temps (lelogiciel est extrêmement performant) c’est que <strong>les</strong> paramètres qui y ontété introduits n’étaient pas bons, que le logiciel a été mal utilisé, ou que<strong>les</strong> activités complémentaires proposées aux élèves sont trop nombreuses.De plus, dans <strong>les</strong> collèges et <strong>les</strong> établissements sensib<strong>les</strong>, l’emploi dutemps qui est au coeur <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie <strong>de</strong> l’établissement, fait l’objet d’uneattention particulière du chef d’établissement et <strong>de</strong> son adjoint ainsi quedu ou <strong>de</strong>s CPE. Les emplois du temps <strong>de</strong>s enseignants et <strong>de</strong>s élèves sontpar ailleurs transmis au rectorat qui, lorsque ce<strong>la</strong> est nécessaire, peut <strong>les</strong>analyser du point <strong>de</strong> vue pédagogique (notamment par <strong>les</strong> IA/IIPRétablissements et vie sco<strong>la</strong>ire).Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


RÉPONSE DU MINISTRE DE L’EDUCATION NATIONALE 203- Les développements sur le manque d’autonomie <strong>de</strong>sétablissements et sur l’insuffisance <strong>de</strong> l’approche pluridisciplinaireignorent <strong>la</strong>rgement <strong>les</strong> réformes structurel<strong>les</strong> en cours et l’évolution <strong>de</strong>spratiques au sein <strong>de</strong>s EPLE. La rénovation <strong>de</strong> <strong>la</strong> voie professionnelle et<strong>la</strong> réforme du lycée général et technologique ont conduit à unrenforcement substantiel <strong>de</strong> l’autonomie et <strong>de</strong> <strong>la</strong> responsabilité <strong>de</strong>sétablissements dans l’utilisation <strong>de</strong>s moyens qui leur sont délégués. Ce<strong>la</strong>se traduit nécessairement par un renforcement du rôle du conseilpédagogique et par une amélioration <strong>de</strong> <strong>la</strong> coordination <strong>de</strong>s équipespédagogiques….Pour optimiser leur dotation horaire globale et l’adapteraux besoins <strong>de</strong>s élèves, <strong>les</strong> chefs d’établissement doivent faire preuved’inventivité dans l’é<strong>la</strong>boration <strong>de</strong>s emplois du temps groupes enbarrettes, groupes <strong>de</strong> compétences, modu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong>s horaires sur le cycleannuel. . . La réforme du lycée professionnel comme celle <strong>de</strong>s voiesgénérale et technologiques mettent l’accent sur <strong>la</strong> nécessaire soup<strong>les</strong>se<strong>de</strong> l’organisation <strong>de</strong>s enseignements et <strong>de</strong>ssinent c<strong>la</strong>irement uneévolution dans le sens <strong>de</strong> l’animalisation <strong>de</strong>s horaires. A un systèmenormé reposant sur <strong>de</strong>s gril<strong>les</strong> horaires rigi<strong>de</strong>s et <strong>de</strong>s recommandationspédagogiques énoncées sur le mo<strong>de</strong> injonctif succè<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s dispositifsmodu<strong>la</strong>b<strong>les</strong> à l’initiative <strong>de</strong>s établissements qui encouragent <strong>la</strong>responsabilisation et <strong>la</strong> mobilisation concertée <strong>de</strong>s équipespédagogiques.- La Cour indique que «<strong>les</strong> métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> gestion <strong>de</strong> l’échec sco<strong>la</strong>irereposent toujours en France <strong>de</strong> façon prédominante sur le redoublement». Cette affirmation est très excessive. Les taux <strong>de</strong> redoublement ontconsidérablement diminué au collège. Entre 1997 et 2008 ils sont passés<strong>de</strong> 12,1% en 6 ème à 5,5% ; <strong>de</strong> 9,7% en 5 ème à 2,7% ; <strong>de</strong> 7,5% en 4 ème à4,5% et <strong>de</strong> 9,1 % en 3 ème à 5,4 %. Ces taux <strong>de</strong>vraient encore diminuerdans <strong>la</strong> mesure où l’ai<strong>de</strong> personnalisée est mise en œuvre plus tôt. Laréduction <strong>de</strong>s taux <strong>de</strong> redoublement en c<strong>la</strong>sse <strong>de</strong> secon<strong>de</strong> atteint <strong>de</strong>sproportions comparab<strong>les</strong> et <strong>les</strong> dispositions nouvel<strong>les</strong> prévoyantl’organisation <strong>de</strong> stages <strong>de</strong> remise à niveau <strong>de</strong>vraient contribuer à <strong>les</strong>faire chuter davantage.- La Cour dénonce <strong>les</strong> ruptures dans <strong>les</strong> parcours sco<strong>la</strong>ires,notamment entre l’école et le collège. Cette césure est aujourd’hui <strong>de</strong>moins en moins marquée. Les résultats <strong>de</strong>s évaluations <strong>nationale</strong>s enCM2 et <strong>les</strong> fiches d’attestations du livret <strong>de</strong> compétences permettent <strong>de</strong>s’assurer que <strong>les</strong> élèves qui ne maîtrisent pas <strong>les</strong> connaissances etcompétences attendues au terme du palier 2 du socle commun reçoiventdès leur entrée en c<strong>la</strong>sse <strong>de</strong> 6 ème <strong>les</strong> ai<strong>de</strong>s nécessaires et que ces ai<strong>de</strong>ssoient cohérentes et complémentaires <strong>de</strong> cel<strong>les</strong> qu’ils ont reçues à l’école.Au titre <strong>de</strong> <strong>la</strong> continuité pédagogique, <strong>de</strong>s actions sont d’ores et déjàengagées dans <strong>de</strong> nombreux domaines comme l’enseignement <strong>de</strong>sCour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


204 COUR DES COMPTES<strong>la</strong>ngues vivantes, l’enseignement <strong>de</strong>s sciences, <strong>la</strong> maîtrise <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue et<strong>la</strong> prévention <strong>de</strong> l’illettrisme, par exemple. Ces actions sont caractériséespar <strong>de</strong>s échanges <strong>de</strong> pratiques entre enseignants <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>grés, <strong>de</strong>sformations communes, mais aussi par <strong>de</strong>s interventions <strong>de</strong> professeurs <strong>de</strong>collège dans <strong>les</strong> éco<strong>les</strong> et <strong>de</strong> professeurs d’école dans <strong>les</strong> collèges, par<strong>de</strong>s projets communs à <strong>de</strong>s élèves <strong>de</strong> c<strong>la</strong>sses <strong>de</strong> CM2 et <strong>de</strong> c<strong>la</strong>sses <strong>de</strong> 6 <strong>de</strong>collège, par <strong>de</strong>s visites <strong>de</strong> collèges systématiquement organisées pour <strong>les</strong>élèves <strong>de</strong> CM2. Des dispositifs spécifiques sont testés avec succès,notamment dans <strong>les</strong> réseaux ambition réussite, qui posent cette liaisoncomme un principe et en fournissent <strong>les</strong> moyens.Le « livret personnel <strong>de</strong> compétences » numérique qui sera déployéà <strong>la</strong> rentrée prochaine permettra d’assurer une bonne articu<strong>la</strong>tion entre<strong>les</strong> collèges et <strong>les</strong> lycées : <strong>les</strong> équipes pédagogiques <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>sses <strong>de</strong>secon<strong>de</strong> prendront appui sur ce livret pour organiser l’accompagnementpersonnalisé en fonction <strong>de</strong>s besoins propres <strong>de</strong> chaque élève.2 - La plupart <strong>de</strong>s recommandations faites par <strong>la</strong> Cour rejoignent <strong>les</strong>préoccupations ministériel<strong>les</strong>, même si el<strong>les</strong> sont parfois fondées sur <strong>de</strong>sconstats qui doivent être re<strong>la</strong>tivisés. Plusieurs mesures récentes, parexemple dans le cadre <strong>de</strong> <strong>la</strong> réforme du lycée, ont d’ailleurs <strong>la</strong>rgement<strong>de</strong>vancé ces préconisations.La Cour estime que l’allocation <strong>de</strong>s moyens est insuffisammentdiscriminante pour assurer l’égalité <strong>de</strong>s chances entre <strong>les</strong> élèves(recommandation n°1).La <strong>de</strong>scription <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s d’allocation <strong>de</strong> moyen entre <strong>les</strong>académies figurant page 53 du projet <strong>de</strong> rapport est simplifiée à outranceet ne correspond pas aux travaux qui sont conduits par <strong>la</strong> directiongénérale <strong>de</strong> l’enseignement sco<strong>la</strong>ire.Dans le cadre défini par <strong>la</strong> loi <strong>de</strong> finances, <strong>la</strong> répartition <strong>de</strong>smoyens d’enseignement du second <strong>de</strong>gré entre <strong>les</strong> académies obéit à <strong>de</strong>sprincipes objectifs et équitab<strong>les</strong>: outre <strong>la</strong> variation <strong>de</strong>s effectifs d’élèves,il est fait recours à plusieurs indicateurs issus <strong>de</strong> données <strong>de</strong> l’INSEEreflétant <strong>de</strong>s préoccupations plus qualitatives: maintien du service publicdans <strong>les</strong> zones rura<strong>les</strong>, respect <strong>de</strong>s caractéristiques du réseau sco<strong>la</strong>ireacadémique et volonté <strong>de</strong> favoriser <strong>la</strong> réussite sco<strong>la</strong>ire <strong>de</strong>s élèves issus<strong>de</strong>s catégories socia<strong>les</strong> <strong>les</strong> plus défavorisées.A titre d’exemple, le besoin <strong>de</strong> financement <strong>de</strong>s moyensd’enseignement <strong>de</strong>stinés aux collèges est déterminé <strong>de</strong> manière à ce quel’on préserve <strong>les</strong> petits collèges imp<strong>la</strong>ntés en zone rurale et que l’onfinance notamment le surcoût <strong>de</strong> l’éducation prioritaire (prise en compte<strong>de</strong>s difficultés socia<strong>les</strong>). Pour chaque académie, ce besoin est décomposépour trois sous- popu<strong>la</strong>tions principa<strong>les</strong> :Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


RÉPONSE DU MINISTRE DE L’EDUCATION NATIONALE 205• <strong>les</strong> élèves sco<strong>la</strong>risés dans <strong>les</strong> petits collèges ruraux (collègesimp<strong>la</strong>ntés en zone rurale selon l’INSEE <strong>de</strong> taille inférieure à 300élèves) ;• <strong>les</strong> élèves sco<strong>la</strong>risés dans un collège relevant <strong>de</strong> l’éducationprioritaire ;• <strong>les</strong> élèves sco<strong>la</strong>risés dans <strong>de</strong>s collèges ne relevant ni <strong>de</strong> <strong>la</strong>« ruralité », ni <strong>de</strong> « l’éducation prioritaire ».Le poids respectif <strong>de</strong> ces trois sous-popu<strong>la</strong>tions est très variabled’une académie à l’autre. La dotation académique est déterminée enappliquant aux effectifs prévisionnels <strong>de</strong> chacune <strong>de</strong> ces sous-popu<strong>la</strong>tionsun coût national par élève exprimé en heures d’enseignement par élèvepropre à chacune <strong>de</strong> ces sous-popu<strong>la</strong>tions, ce qui permet <strong>de</strong> garantirl’équité <strong>de</strong> traitement.Ainsi, <strong>les</strong> dotations académiques en moyens d’enseignement, maiségalement en crédits <strong>de</strong> hors titre 2 tiennent compte du volume <strong>de</strong>s élèvessco<strong>la</strong>risés dans <strong>de</strong>s établissements relevant <strong>de</strong> l’éducation prioritaire,dans <strong>de</strong>s proportions significatives.Au niveau académique, <strong>la</strong> discrimination <strong>de</strong>s moyens entreétablissements est d’ores et déjà importante et, en dépit <strong>de</strong>s effortsbudgétaires <strong>de</strong>mandés au ministère <strong>de</strong>puis plusieurs années, cettediscrimination a été maintenue par <strong>les</strong> académies, voire accentuée auprofit <strong>de</strong>s établissements relevant <strong>de</strong> l’éducation prioritaire. Un bi<strong>la</strong>n <strong>de</strong>l’éducation prioritaire est actuellement en cours et <strong>de</strong>vrait permettre <strong>de</strong>mesurer <strong>les</strong> avancées en matière <strong>de</strong> parcours sco<strong>la</strong>ire <strong>de</strong>s élèves et <strong>les</strong>facteurs <strong>les</strong> plus propices à <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong>s élèves : il s’agit <strong>de</strong> dégager <strong>les</strong>bonnes pratiques en matière d’utilisation du surcroît <strong>de</strong> moyens, <strong>de</strong>mobilisation <strong>de</strong> l’équipe éducative, d’accompagnement <strong>de</strong>s élèves.Au final, l’application <strong>de</strong> ces métho<strong>de</strong>s se traduit au collège par<strong>de</strong>s coûts par élève très différenciés, exprimés en heure d’enseignementpar élève: alors que <strong>la</strong> moyenne <strong>nationale</strong> s’établit à 1,21, ce coût est <strong>de</strong>1,34 en éducation prioritaire alors qu’il n’est que <strong>de</strong> 1,17 dans <strong>les</strong>collèges ne relevant ni <strong>de</strong> zones rura<strong>les</strong>, ni <strong>de</strong> l’éducation prioritaire.Dans le premier <strong>de</strong>gré, le nombre d’élèves par c<strong>la</strong>sse est <strong>de</strong> 21,7 dans <strong>les</strong>éco<strong>les</strong> <strong>de</strong>s réseaux ambition réussite, <strong>de</strong> 22,1 dans <strong>les</strong> éco<strong>les</strong> <strong>de</strong>s réseaux<strong>de</strong> réussite sco<strong>la</strong>ire et <strong>de</strong> 23,9 dans <strong>les</strong> éco<strong>les</strong> ne relevant pas <strong>de</strong>l’éducation prioritaire.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


206 COUR DES COMPTESAu-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> ce bi<strong>la</strong>n et conformément aux recommandations <strong>de</strong> <strong>la</strong>Cour, une réflexion a été <strong>la</strong>ncée sur le périmètre <strong>de</strong> l’éducationprioritaire et son articu<strong>la</strong>tion avec <strong>la</strong> politique <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville. Il estnécessaire que l’ensemble <strong>de</strong> ces travaux soit achevé pour statuer sur <strong>les</strong>mesures à prendre en matière d’accentuation <strong>de</strong> <strong>la</strong> différenciation <strong>de</strong>smoyens et d’amélioration <strong>de</strong> l’accompagnement et <strong>de</strong> <strong>la</strong> gouvernance <strong>de</strong>sétablissements concernés.Dans le premier <strong>de</strong>gré, <strong>la</strong> réforme mise en œuvre à <strong>la</strong> rentrée 2008et <strong>les</strong> choix budgétaires qui s’en sont suivis répon<strong>de</strong>nt à <strong>la</strong>recommandations n°3 «Accroître <strong>la</strong> part <strong>de</strong>s financements alloués àl’école primaire, en privilégiant le traitement <strong>de</strong> <strong>la</strong> difficulté sco<strong>la</strong>ire » :le fait <strong>de</strong> consacrer <strong>de</strong>ux heures hebdomadaires aux élèves rencontrant<strong>de</strong>s difficultés, ce qui équivaut à 16 000 équivalents temps plein, <strong>la</strong>«sé<strong>de</strong>ntarisation » <strong>de</strong> 1 500 enseignants spécialisés exerçantantérieurement au sein <strong>de</strong>s réseaux d’ai<strong>de</strong> spécialisés aux élèves endifficulté, <strong>la</strong> mise en oeuvre <strong>de</strong>s stages <strong>de</strong> remise à niveau en CM1 etCM2 et <strong>les</strong> créations d’emplois dont a bénéficié l’enseignement dupremier <strong>de</strong>gré illustrent c<strong>la</strong>irement <strong>la</strong> primauté conférée àl’enseignement primaire.Cet effort constitue un investissement pour l’ensemble <strong>de</strong> <strong>la</strong>sco<strong>la</strong>rité <strong>de</strong>s élèves concernés. Cet investissement a été rendu encore plusefficace par le recentrage <strong>de</strong>s programmes d’enseignement du primairesur <strong>les</strong> apprentissages fondamentaux.La recommandation n°4 repose sur le constat que le ministèreserait incapable <strong>de</strong> fournir le coût <strong>de</strong> ses politiques éducatives et lemontant <strong>de</strong>s financements alloués aux établissements d’enseignement.Une divergence fondamentale existe entre <strong>la</strong> Cour et le ministère sur <strong>les</strong>unités <strong>de</strong> comptes utilisées : <strong>la</strong> Cour critique l’utilisation <strong>de</strong> l’heured’enseignement comme unité principale <strong>de</strong> gestion, ce qui pourrait êtresource d’iniquité. Elle cite l’exemple <strong>de</strong>s établissements relevant <strong>de</strong>l’éducation prioritaire dont <strong>la</strong> dotation horaire apparaîtrait élevée, maisdont <strong>la</strong> dotation financière <strong>les</strong> mettrait au même niveau que d’autresétablissements.Le ministère estime qu’une unité <strong>de</strong> compte pertinente en gestionest celle qui est maîtrisée par l’ensemble <strong>de</strong>s acteurs du système éducatif:aujourd’hui, dans le second <strong>de</strong>gré, <strong>les</strong> besoins <strong>de</strong>s établissementscorrespon<strong>de</strong>nt principalement au financement <strong>de</strong> gril<strong>les</strong> horaires<strong>nationale</strong>s et d’une offre d’options, exprimées en heures d’enseignementhebdomadaire ; <strong>de</strong> fait, ils se voient attribuer une dotation horaireglobale, qu’ils décomposent sous <strong>la</strong> forme d’un tableau <strong>de</strong> répartition <strong>de</strong>smoyens par discipline (TRMD); c’est ce TRMD, traduit en heures posteset en heures supplémentaires, qui permet l’affectation <strong>de</strong>s enseignantsCour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


RÉPONSE DU MINISTRE DE L’EDUCATION NATIONALE 207dans <strong>les</strong> établissements, <strong>les</strong> obligations réglementaires <strong>de</strong> service <strong>de</strong>senseignants étant également exprimées en volume horaire hebdomadaire.Actuellement, l’intégralité <strong>de</strong> <strong>la</strong> gestion <strong>de</strong>s moyens d’enseignement estconstruite autour <strong>de</strong> l’unité horaire.Cette approche est compatible avec <strong>les</strong> contraintes <strong>de</strong> <strong>la</strong> loiorganique re<strong>la</strong>tive aux lois <strong>de</strong> finances, qui impose <strong>de</strong>ux natures <strong>de</strong>p<strong>la</strong>fonds, <strong>de</strong>s p<strong>la</strong>fonds en emplois et en euros, mais n’interdit pasl’utilisation d’unité <strong>de</strong> gestion complémentaire.La proposition <strong>de</strong> <strong>la</strong> Cour consiste à substituer à cette unitéhoraire une unité financière. Cette proposition pourrait être envisagéedans un contexte où <strong>les</strong> EPLE, comme c’est le cas pour <strong>les</strong> opérateurs <strong>de</strong>l’Etat, disposeraient d’un budget global et pourraient maîtriser leurmasse sa<strong>la</strong>riale, ce qui suppose qu’ils auraient <strong>la</strong> capacité <strong>de</strong> recruter et<strong>de</strong> gérer leurs personnels enseignants.Par contre, l’enrichissement <strong>de</strong> l’information financière par <strong>de</strong>sdonnées <strong>de</strong> masse sa<strong>la</strong>riale est un objectif qui pourra être atteint grâce à<strong>la</strong> rénovation <strong>de</strong>s systèmes d’information RH.Dans l’exemple <strong>de</strong>s établissements <strong>de</strong> l’éducation prioritaire prispar <strong>la</strong> Cour, le ministère s’attache à attribuer un surcroît <strong>de</strong> moyensd’enseignement, valorise en l’in<strong>de</strong>mnisant l’action <strong>de</strong>s enseignants ausein <strong>de</strong> ces établissements et développe le recrutement « sur profil » etune politique <strong>de</strong> stabilisation <strong>de</strong>s équipes pédagogiques. Il n’est pascertain qu’une dotation exprimée en euros permette <strong>de</strong> garantir cesdifférents objectifs.La question du temps sco<strong>la</strong>ire, évoquée dans <strong>la</strong> recommandation 6,est une question centrale à <strong>la</strong> fois pour <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong>s élèves et pourl’organisation du système sco<strong>la</strong>ire. Les constats évoqués par <strong>la</strong> Cour sontconnus : aimée sco<strong>la</strong>ire trop réduite, amplitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> journée tropimportante, mauvaise adaptation aux rythmes <strong>de</strong> l’élève... Les contraintessocia<strong>les</strong> sont également connues. L’enjeu <strong>de</strong> <strong>la</strong> conférence <strong>nationale</strong> sur<strong>les</strong> rythmes sco<strong>la</strong>ires que le ministre va installer au mois <strong>de</strong> juin 2010 estbien <strong>de</strong> parvenir à concilier <strong>les</strong> facteurs <strong>de</strong> réussite sco<strong>la</strong>ire avec cescontraintes.Aussi bien dans le premier <strong>de</strong>gré que dans le second, <strong>de</strong>s élémentsd’individualisation ont été progressivement introduits, s’ajoutant auxdispositifs préexistants ai<strong>de</strong> personnalisée, travail en petit groupe etstages <strong>de</strong> remise à niveau dans le premier <strong>de</strong>gré, accompagnementéducatif au collège, dispositifs d’accompagnements personnalisés enlycée d’enseignement général et technologique et en lycée professionnel,stages passerel<strong>les</strong> et stages <strong>de</strong> remise à niveau. La personnalisation <strong>de</strong>sparcours sco<strong>la</strong>ires, vecteur essentiel <strong>de</strong> l’égalité <strong>de</strong>s chances, est le filCour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


208 COUR DES COMPTESrouge <strong>de</strong>s récentes réformes du système éducatif Elle illustre <strong>la</strong>cohérence et <strong>la</strong> continuité <strong>de</strong> ces réformes.Le choix qui a été fait consiste à ne pas discriminer entreétablissements sco<strong>la</strong>ires l’allocation <strong>de</strong>s moyens consacrés à <strong>de</strong>sdispositifs d’accompagnement, <strong>la</strong> plupart <strong>de</strong> ces dispositifs étant inscritsdans <strong>les</strong> gril<strong>les</strong> horaires applicab<strong>les</strong> aux élèves. Plusieurs raisons ontconduit à ce choix: <strong>la</strong> difficulté sco<strong>la</strong>ire existe, à <strong>de</strong>s <strong>de</strong>grés divers, dans l’ensemble<strong>de</strong>s établissements ; le contenu <strong>de</strong> ces dispositifs est adapté aux besoins <strong>de</strong>s élèves quine relèvent pas seulement du soutien, mais aussi du conseil, <strong>de</strong>l’ai<strong>de</strong> à l’orientation, <strong>de</strong> l’approfondissement ; il ne s’agissait pas <strong>de</strong> renforcer par ces dispositifs le surcroît <strong>de</strong>moyens dont disposent par ailleurs <strong>les</strong> établissements <strong>de</strong>l’éducation prioritaire et notamment <strong>les</strong> éco<strong>les</strong> <strong>de</strong>s réseauxambition réussite.Comme le recomman<strong>de</strong> <strong>la</strong> Cour, <strong>de</strong> nouvel<strong>les</strong> avancées doiventêtre maintenant réalisées en ce sens, notamment pour améliorerl’articu<strong>la</strong>tion entre <strong>les</strong> <strong>de</strong>grés d’enseignement. Le « livret personnel <strong>de</strong>compétences », qui suivra l’élève tout au long <strong>de</strong> son parcours, permettrad’assurer <strong>la</strong> continuité du suivi individualisé en s’affranchissant <strong>de</strong>scésures entre l’école et le collège, puis entre le collège et le lycée.Par ailleurs, l’autonomie renforcée <strong>de</strong>s établissements publicslocaux d’enseignement, notamment en matière d’organisation <strong>de</strong>sdispositifs d’accompagnement et d’utilisation <strong>de</strong>s heures <strong>la</strong>issées à leurdisposition, a conduit à renforcer le rôle du conseil pédagogique. Ledécret n°2010-99 du 27 janvier 2010 re<strong>la</strong>tif à l’organisation et aufonctionnement <strong>de</strong>s EPLE a modifié le co<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’éducation enintroduisant une sous-section consacrée au conseil pédagogique (artic<strong>les</strong>R421-4l-l à R421-4l-6 du co<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’éducation) cette instance estnotamment consultée sur <strong>les</strong> dispositifs d’ai<strong>de</strong> et <strong>de</strong> soutien aux élèves etformule <strong>de</strong>s propositions quant aux modalités d’organisation <strong>de</strong>l’accompagnement personnalisé Les dispositions permettant <strong>la</strong> mise enœuvre <strong>de</strong> <strong>la</strong> recommandation n°10 <strong>de</strong> <strong>la</strong> Cour seront donc en vigueur à<strong>la</strong> rentrée 2010.Enfin, s’agissant <strong>de</strong> <strong>la</strong> question <strong>de</strong> l’évaluation, on peut rappelerque <strong>la</strong> mise en œuvre du socle commun <strong>de</strong> connaissances et <strong>de</strong>compétences à l’école primaire et au collège s’accompagne d’undispositif d’évaluation en continu <strong>de</strong>s performances <strong>de</strong>s élèves (avec lelivret personnel <strong>de</strong> compétences) du CP à <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse <strong>de</strong> 3ème, que <strong>la</strong>Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


RÉPONSE DU MINISTRE DE L’EDUCATION NATIONALE 209maîtrise <strong>de</strong>s éléments constitutifs du socle sera exigée dès <strong>la</strong> session 2011pour l’obtention du DNB. Ce suivi précis et en continu <strong>de</strong>s éléments <strong>de</strong>connaissances et <strong>de</strong> compétences réellement acquis par <strong>les</strong> élèvespermettra plus finement et plus rapi<strong>de</strong>ment d’i<strong>de</strong>ntifier <strong>les</strong> difficultésrencontrées afin d’y remédier. Enfin <strong>de</strong>ux ren<strong>de</strong>z-vous intermédiaires enCE1 et CM2 permettent <strong>de</strong> tester le niveau <strong>de</strong>s élèves en français et enmathématiques.Quant à l’évaluation <strong>de</strong> l’impact <strong>de</strong>s mesures prises, l’inspectiongénérale travaille aujourd’hui à l’évaluation <strong>de</strong> <strong>la</strong> politique <strong>de</strong>s réseauxambition -réussite.Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


210 COUR DES COMPTESListe <strong>de</strong>s rapports publiés par <strong>la</strong> Cour <strong>de</strong>s comptes<strong>de</strong>puis le 1 er janvier 2007* Rapport public annuel (février 2010)* Rapport public annuel (février 2009)* Rapport public annuel (février 2008)* Rapport public annuel (février 2007)* Rapports sur l’exécution <strong>de</strong>s lois <strong>de</strong> finances pour l’année 2008 :Rapport sur <strong>la</strong> situation et <strong>les</strong> perspectives <strong>de</strong>s finances publiques(juin 2009)Résultats et gestion budgétaire <strong>de</strong> l’Etat – Exercice 2008 (mai 2009)La certification <strong>de</strong>s comptes <strong>de</strong> l’Etat – Exercice 2008 (mai 2009)* Rapports sur l’exécution <strong>de</strong>s lois <strong>de</strong> finances pour l’année 2007 :Rapport sur <strong>la</strong> situation et <strong>les</strong> perspectives <strong>de</strong>s finances publiques(juin 2008)Résultats et gestion budgétaire <strong>de</strong> l’Etat – Exercice 2007 (mai 2008)La certification <strong>de</strong>s comptes <strong>de</strong> l’Etat – Exercice 2007 (mai 2008)* Rapports sur l’exécution <strong>de</strong>s lois <strong>de</strong> finances pour l’année 2006 :Rapport sur <strong>la</strong> situation et <strong>les</strong> perspectives <strong>de</strong>s finances publiques(juin 2007)Résultats et gestion budgétaire <strong>de</strong> l’Etat – Exercice 2006 (mai 2007)La certification <strong>de</strong>s comptes <strong>de</strong> l’Etat – Exercice 2006 (mai 2007)Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


COUR DES COMPTES 211* Rapport <strong>de</strong> certification <strong>de</strong>s comptes du régime général <strong>de</strong> sécuritésociale :Rapport <strong>de</strong> certification <strong>de</strong>s comptes du régime général <strong>de</strong> sécuritésociale - exercice 2008 (juin 2009)Rapport <strong>de</strong> certification <strong>de</strong>s comptes du régime général <strong>de</strong> sécuritésociale - exercice 2007 (juin 2008)Rapport <strong>de</strong> certification <strong>de</strong>s comptes du régime général <strong>de</strong> sécuritésociale - exercice 2006 (juin 2007)* Rapport sur l’application <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi <strong>de</strong> financement <strong>de</strong> <strong>la</strong> sécuritésociale :Rapport sur l’application <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi <strong>de</strong> financement <strong>de</strong> <strong>la</strong> sécuritésociale (septembre 2009)Rapport sur l’application <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi <strong>de</strong> financement <strong>de</strong> <strong>la</strong> sécuritésociale (septembre 2008)Rapport sur l’application <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi <strong>de</strong> financement <strong>de</strong> <strong>la</strong> sécuritésociale (septembre 2007)Rapports publics thématiques :Les effectifs <strong>de</strong> l’Etat 1980-2008 - Un état <strong>de</strong>s lieux (décembre 2009)Les collectivités territoria<strong>les</strong> et <strong>les</strong> clubs sportifs professionnels(décembre 2009)Le transfert aux régions du transport express régional (TER) : un bi<strong>la</strong>nmitigé et <strong>de</strong>s évolutions à poursuivre (novembre 2009)La conduite par l’Etat <strong>de</strong> <strong>la</strong> décentralisation (octobre 2009)France Télévisions et <strong>la</strong> nouvelle télévision publique (octobre 2009)La protection <strong>de</strong> l’enfance (octobre 2009)Les concours publics aux établissements <strong>de</strong> crédit : premiers constats,premières recommandations (juillet 2009)Les communes et l’école <strong>de</strong> <strong>la</strong> République (décembre 2008)La formation professionnelle tout au long <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie (octobre 2008)Les aéroports français <strong>face</strong> aux mutations du transport aérien(juillet 2008)Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr


212 COUR DES COMPTESLa mise en œuvre du p<strong>la</strong>n cancer (juin 2008)Le réseau ferroviaire, une réforme inachevée, une stratégie incertaine(avril 2008)Les grands chantiers culturels (décembre 2007)Les ai<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s collectivités territoria<strong>les</strong> au développement économique(novembre 2007)Les institutions socia<strong>les</strong> du personnel <strong>de</strong>s industries électriques etgazières (avril 2007)La gestion <strong>de</strong> <strong>la</strong> recherche publique en sciences du vivant (mars 2007)Les personnes sans domicile (mars 2007)* Contrôle <strong>de</strong>s organismes faisant appel à <strong>la</strong> générosité publiqueLa Fondation pour l’enfance (avril 2010)La Fondation Hôpitaux <strong>de</strong> Paris - Hôpitaux <strong>de</strong> France (février 2010)La Société protectrice <strong>de</strong>s animaux (septembre 2009)L’association France Alzheimer et ma<strong>la</strong>dies apparentées : l’impact <strong>de</strong>srecommandations <strong>de</strong> <strong>la</strong> Cour (juin 2009)Le Comité Perce-Neige : l’impact <strong>de</strong>s recommandations <strong>de</strong> <strong>la</strong> Cour(juin 2009)L’association Sidaction : l’impact <strong>de</strong>s recommandations <strong>de</strong> <strong>la</strong> Cour(juin 2009)Les Restaurants du Cœur – Les Re<strong>la</strong>is du Cœur : l’impact <strong>de</strong>srecommandations <strong>de</strong> <strong>la</strong> Cour » (juin 2009)Amnesty International section française (AISF) (décembre 2008)La ligue <strong>nationale</strong> contre le cancer (octobre 2007)La qualité <strong>de</strong> l’information financière communiquée aux donateurs par<strong>les</strong> organismes faisant appel à <strong>la</strong> générosité publique (octobre 2007)Fondation « Ai<strong>de</strong> à Toute détresse » - ATD Quart Mon<strong>de</strong> (mars 2007)Association « Le Secours Catholique » (mars 2007)Cour <strong>de</strong>s comptesL’éducation <strong>nationale</strong> <strong>face</strong> à l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> <strong>tous</strong> <strong>les</strong> élèves – mai 201013 rue Cambon 75100 PARIS CEDEX 01 - tel : 01 42 98 95 00 - www.ccomptes.fr

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!