Crédit et gestion financière<strong>Les</strong> <strong>Business</strong> <strong>Angels</strong>:<strong>ils</strong> <strong>font</strong> plus qu’apporter leurscapitaux!Paul Kumpen,directeur général deKumpen Groep,Reginald Vossen,coordinateur de projet duLimburg <strong>Business</strong> <strong>Angels</strong>Netwerk asbl (BAN),Wim Van Den Bossche,directeur Entreprises etInstitutionnels <strong>Business</strong>Center Limburg<strong>Les</strong> managers des jeunes entreprises sontsouvent pleins d’idées, mais manquent souventdes capitaux nécessaires ou du savoir-fairecommercial suffisant pour réussir. Par chance,<strong>ils</strong> peuvent se faire aider par les “businessangels”, des anges gardiens prêts à investir etsurtout à partager leurs connaissances et leurexpérience professionnelle.Paul Kumpen, directeur général de l’entreprise deconstruction Kumpen Groep, est l’un de ces businessangels. Avec Reginald Vossen, coordinateur duprojet business angels de l’asbl Limburg <strong>Business</strong><strong>Angels</strong> Netwerk (BAN) et Wim Van Den Bossche,directeur Entreprises et Institutions pour la BBLdans la province du Limbourg, il s’est prêté aujeu de nos questions.Le point de départReginald Vossen: “Depuis un certain temps déjà,les PME limbourgeoises manifestent des besoinsimportants en capitaux à risque. Ce phénomènes’observe aussi bien auprès de la GOM, la sociétéde développement provincial, qui accompagne etconseille les entreprises dans différents domaines,qu’à la BBL. Nous sommes alors partis àla recherche de régions comparables à l’étrangeret nous avons trouvé au pays de Galles un réseaude business angels qui marchait très bienet qui avait joué un rôle importantdans le renouveau de cette anciennerégion minière. De 1997 à fin 1999,toute une série d’étapes ont été franchiesdans la mise sur pied d’unréseau similaire dans le Limbourg. Le servicejuridique de la BBL, en collaboration notammentavec la commission bancaire, a participé activementà la création d’un cadre cohérent. Enfévrier 2000, l’asbl Limburg BAN était créée.Aujourd’hui, notre réseau réunit 22 businessangels qui sont déjà actifs sur 17 projets.”Le profil des partenairesLorsqu’il s’est agi de trouver des business angels,Reginald Vossen s’est appuyé sur les relations desmembres fondateurs. Wim Van Den Bossche:“Nous avons surtout cherché des personnes disposantd’un capital important assorti d’une solideexpérience de management, et qui étaientprêtes à investir dans du capital à risque.” PaulKumpen: “<strong>Les</strong> business angels ont souvent mauvaiseréputation parce qu’<strong>ils</strong> sont considérés commede purs bailleurs de capitaux. Mais ce n’estqu’une de leurs facettes. Si, en tant que businessangel, vous n’êtes pas disposé à investir du tempsdans le projet et à partager votre expérience demanagement, cela ne fonctionnera pas.”Grâce au réseau des business angels, la BBL peutproposer une forme alternative de financementpour les entrepreneurs à la recherche de capitaux,ainsi qu’une autre manière d’investir pourles investisseurs disposant d’un potentiel élevé.Wim Van Den Bossche: “Dans nos comités decrédit, nous voyons souvent passer des dossierstrès intéressants d’entreprises en croissance quimanquent de moyens et auraient besoin d’unpeu d’expérience du management. Certains projetsexigent surtout un apport financier, d’autresont plutôt besoin d’une “caisse de résonance”pour le chef d’entreprise. Une fois l’ossaturefinancière mise en place, la banque sera plus facilementprête à franchir le pas pour financer unprojet. Le business angel a ainsi un effet de levier,aussi bien sur le plan du capital que surcelui du management. Mais il fautd’abord disposer d’une base saine,sinon l’effet de levier ne fonctionnerapas.”6BBL Entreprise - N°133 - juin 2001
Paul Kumpen: “Je ne crois pas dans les business angelsqui ne viennent que pour l’argent.”Paul Kumpen est à la tête du groupe Kumpen, une entreprise de construction traditionnelle(bâtiments, construction industrielle, routes) avec une division spécialisée en tunnels. PaulKumpen est aussi président de la Chambre Flamande de Commerce et d’Industrie et membre ducomité de direction de la Vlaams Economisch Verbond, dont il a été vice-président pendant huitans. Il y a un an et demi, Paul Kumpen a décidé de devenir business angel dans un entrepriselimbourgeoise qui produit des cadres pour vélo. Il s’est engagé avec passion dans sa nouvellemission. Avec enthousiasme, il nous raconte les changements qu’il a contribué à apporter.Paul Kumpen: “Le jeune entrepreneur avec qui je collabore est un vrai self-made-man, qui, àl’âge de 28 ans, dirige une entreprise de 23 collaborateurs et réalise un chiffre d’affaires de 100millions de BEF. L’entreprise dispose d’une base solide, grandit rapidement et présente de bellespossibilités de croissance. Avant mon arrivée, elle n’était pas particulièrement en demande demoyens supplémentaires. L’entreprise présentait cependant un certain nombre de points faibles.Son approche commerciale n’était pas optimale et elle manquait de stratégie d’avenir claire. Bref,il fallait adopter une approche plus professionnelle.” Quels changements l’entreprise a t-elleconnus depuis l’arrivée du business angel? Paul Kumpen: “ Nous avons mis sur pied un planstratégique pour être présents sur les marchés suivants: le Benelux, la France, l’Europegermanophone, la Scandinavie, la Grande-Bretagne et l’Irlande. Deuxièmement, nous avonsdécidé d’améliorer notre notoriété et de donner plus de rayonnement à notre produit par unlogo et une couleur de base uniforme. J’ai immédiatement établi un lien avec mon équipe devoitures de courses et couplé les deux. <strong>Les</strong> couleurs de base des vélos et celles de l’équipe decourse sont les mêmes. Nous sponsorisons une équipe de coureurs cyclistes aux mêmescouleurs... Voici plusieurs projets sur lesquels, en tant que business angel, je peux apporter unevaleur ajoutée.”N’y a-t-il donc pas eu d’apport financier? Paul Kumpen: “Non, ce jeune entrepreneur avaitsurtout besoin qu’on le sécurise et qu’on le soutienne. Il voulait avoir quelqu’un d’expérience àses côtés, quelqu’un qui pouvait réfléchir avec lui, construire avec lui, et, de cette façon, luidonner une assurance supplémentaire. Lors d’une décision importante, une deuxième opinionapporte toujours plus de sécurité.”L’apport le plus important de Paul Kumpen se situe sur le plan du conseil et du management.Paul Kumpen: “Nous nous sommes attachés tout à la fois aux structures de l’entreprise, à sonadministration et à sa logistique. Nous avons aussi adapté la production et engagé toute une sériede personnes. Mais il faut aborder les choses avec beaucoup de prudence, sans perdre de vue lesaspects sociaux et psychologiques. Mon conseil est le suivant: ne pas taper sur l’homme, mais surle ballon! Vous devez partir d’une approche de groupe et ensuite seulement aborder lespersonnes de façon individuelle, répartir les responsabilités... Cela n’est pas toujours facile. Vousne devez pas oublier que vous avez affaire à une entreprise familiale qui, il y a cinq ans, réalisaitun chiffre d’affaires de 15 millions. Avec la croissance, les règles du jeu deviennent de plus enplus complexes. Autrefois, les particuliers se promenaient dans l’atelier de production. Cela n’estévidemment plus possible! Nous nous sommes aussi occupés de l’adaptation de l’infrastructure:une salle d’exposition dans les couleurs de l’entreprise, un agrandissement de notre atelier deproduction, la construction de nouveaux bureaux, une salle de réunion, l’aménagement d’unparking... En outre, j’ai appris à mon partenaire à dire “non”, même pour des projets importants,quand nous n’étions pas encore prêts. La croissance doit se faire de façon contrôlée.”Quelle structure a-t-elle été choisie? Paul Kumpen: “Nous avons fondé une société de gestion,intégrant une unité de production et une unité commerciale. Cette dernière est pour 50% entreles mains de la société de gestion et pour l’autre moitié dans celles de deux autres business angels,qui à leur tour pourront apporter leur savoir-faire, leurs contacts...”Paul Kumpen est clairement un passionné. ”Si vous n’êtes pas passionné, ce n’est pas la peined’être business angel.” ajoute-t-il. “Un business angel qui ne se soucie que de ce qu’il peut gagnerest condamné à échouer... On doit apporter une valeur ajoutée et jouer le rôle d’un conseillerqui ne coûte pas cher à l’entreprise. Pourquoi ne partageriez-vous pas tout votre savoir-faire ettoute votre expérience? Cela ne peut que faire le plus grand bien à votre investissement.”Un business angelqui ne se soucie quede ce qu’il peutgagner est condamnéà échouer.7BBL Entreprise - N°133 - juin 2001