Pr P. Bourgeois, Dr J. - Institut Jules Bordet Instituut

Pr P. Bourgeois, Dr J. - Institut Jules Bordet Instituut Pr P. Bourgeois, Dr J. - Institut Jules Bordet Instituut

<strong>Bordet</strong> news - septembre 20115Au centre de la prise en charge despatients, l’infirmier coordinateuren soins oncologique…<strong>Dr</strong> Dominique de ValeriolaMédecin Directeur<strong>Dr</strong> Dominique de ValeriolaLa fonction d’infirmier coordinateuren soins oncologiques estrelativement récente…Oui, grâce au soutien du Plan Cancer,l’<strong>Institut</strong> <strong>Bordet</strong> a créé, fin 2010, uneéquipe d’infirmiers coordinateurs ensoins oncologiques chargés de développerune nouvelle approche dans laprise en charge des patients.Quelle est cette approche ?Au cours des dernières années, lacancérologie s’est fortement complexifiée.Le nombre de professionnelsen charge du patient a fortementaugmenté si bien que celui-ci a parfoisdu mal à identifier chacun de sesinterlocuteurs. Dans ce cadre, l’infirmiercoordinateur joue un rôle-clefde référent. Il coordonne les trajetsde soins et assume un rôle de relaisentre les malades et les différentsprofessionnels qui les prennent encharge. Il est aussi disponible pourrépondre à toutes les questions desmalades sur leur traitement.A quel moment intervient l’infirmiercoordinateur ?Il intervient auprès du patient dèsl’annonce du diagnostic et du plande traitement mais aussi ultérieurementdurant tout son suivi. Sonexistence permet d’ajouter au principede multidisciplinarité médicalecelui d’interdisciplinarité entre toutesles personnes impliquées dans laprise en charge des malades commeles infirmiers, les psychologues, lesdiététiciens, les kinésithérapeutes,les secrétaires d’accueil... Et cecitoujours afin de proposer une priseen charge optimale.L’infirmier coordinateur joue-t-ilégalement un rôle vis-à-vis del’extérieur ?Oui, il renforce également les liensentre l’<strong>Institut</strong> et les médecins extérieurs(généralistes et spécialistes) etce en leur communiquant toutes lesinformations utiles. Il joue égalementun rôle de relais vis-à-vis des familleset des proches du patient.Il intervient également dans lecadre des programmes de rechercheclinique grâce auxquels certainspatients bénéficient de traitementsinnovants ?Effectivement, il travaille égalementen collaboration avec le départementde recherche clinique en informantles patients sur les traitements faisantl’objet d’études cliniques eten servant d’intermédiaire avec lesLes infirmièrescoordinatricesde la Clinique duSein : VéroniqueRobberecht etVéronique Garreauinfirmiers de recherche. Il joue égalementun rôle d’information dans lecadre de la collecte des tissus pourla tumorothèque.Il s’agit somme toute d’une fonction-clefdemandant de nombreusescompétences ?Oui, c’est la raison pour laquelle ilnous semblait important de les fairebénéficier d’une formation parfaitementadaptée à leur mission. Ils ontainsi bénéficié, grâce à un soutiend’Astrazeneca, d’une formation auxtechniques de coaching organiséepar l’Ecole de Commerce Solvay, d’unséminaire portant sur les procédésde communication adaptés à la priseen charge des patients cancéreux etenfin d’un enseignement médicalspécifique axé sur les différentespathologies cancéreuses et dispensépar des médecins senior.Peut-on espérer voir leur nombreaugmenter ?La création de la fonction a déjàconstitué un progrès très important,mais il est vrai que leur nombre estinsuffisant et qu’il faudrait doublerleur effectif. L’on peut bien sûr espérerde nouveaux financements maisen attendant, il est primordial decentrer leur activité sur les besoinsprioritaires.


6<strong>Bordet</strong> news - septembre 2011Le dépistage en questions<strong>Dr</strong> Jean-Benoît BurrionDirecteur Général Adjoint. Coordinateur du Centre Bruxellois de Coordinationpour le Dépistage du Cancer du SeinLe cancer du sein continue de focaliser l’attention.La Belgique détient le triste record du taux d’incidenceannuel le plus élevé au monde, avec 106 cancers du seinpour 100.000 femmes 1 . La Belgique se place égalementdans le trio de tête pour la mortalité, le cancer du seincomptant pour 20 % des décès par cancer chez la femme.<strong>Dr</strong> Jean-Benoît BurrionEt pourtant, la mortalité par cancerdu sein a diminué de 25 % en 20 ans.Quant à la fréquence, elle semble sestabiliser et même diminuer depuis2003 dans la tranche d’âge 50-69 ans.Même si certains facteurs de risque ontété identifiés - prise de poids après laménopause, exposition prolongée auxœstrogènes, consommation d’alcool,certains déterminants génétiques -,l’essentiel des causes du cancer du seinrestent inconnues à ce jour. Ce n’estdonc pas - ou peu - un cancer évitable.Par contre, on peut le détecter précocement.Le dépistage du cancerdu sein se fonde sur le raisonnementsuivant : plus un cancer est détectétôt dans son développement, plus leschances de guérison sont importantes.Ce raisonnement implique que la croissancedu cancer soit linéaire : unecellule devenue maligne se multipliepour donner un nodule dont lediamètre augmente, avant de libérerd’autres cellules malignes qui à leurtour connaîtront la même évolutionpour donner des métastases. Le noduledevient détectable, en principe, à partirde 10 mm grâce aux techniques d’imageriemédicale classiques (radiographieet échographie).Des études randomisées effectuéesdans les années 60/70 ont montréque le dépistage appliqué à de vastespopulations dans des conditions dequalité déterminées pouvait réduire lamortalité par cancer du sein de 30 %.C’est sur cette base que s’est construitetoute la stratégie de dépistage promuepar l’Union Européenne depuis le milieudes années 80.Nous avons donc plus de 25 ans derecul. Or, il apparaît que les préceptesde départ sont de plus en plus souventremis en question. De manière récurrenteen effet, des articles scientifiquesébranlent les certitudes qui fondent lesprogrammes de dépistage de masse. Ledernier en date 2 compare l’évolution dela mortalité par cancer du sein dansdes pays européens voisins et trèssimilaires (Irlande du Nord et du Sud,Belgique, Hollande, Suède et Norvège).L’étude suggère que la mortalité parcancer du sein évolue de manière similairepartout, indépendamment desprogrammes de dépistage. Ce genred’études, fortement critiquées, n’ensont pas moins récurrentes et demandentqu’on s’y arrête.Certes, les avancées dans la compréhensiondes mécanismes moléculairesen jeu, les progrès thérapeutiques quien découlent, une meilleure prise encharge globale des patientes jouentcertainement un rôle important dans ladiminution de la mortalité par cancerdu sein.Faut-il pour autant abandonner ledépistage ? Non. S’il semble de plus enplus admis que le dépistage de masse amoins d’impact que ce que l’on pensaitil y a 25 ans, il n’est pas prouvé queson utilité soit nulle. Simplement, ilfaut continuer de se poser la questionde ses modalités face à une réalité ducancer du sein bien plus complexe qu’iln’y paraît, et dans un environnementmédical où les modalités diagnostiqueset thérapeutiques évoluent rapidement.De plus en plus, on peut prévoirle comportement d’une tumeur.L’identification de facteurs pronostiques(a-t-on affaire à une tumeurtueuse ou pas ?) et prédictifs (la tumeurest-elle sensible au traitementou pas ?) constituent une voie deprogrès considérable. Les récepteurs àœstrogène ou à progestérone, présentsdans 75% des cancers, permettent deprédire l’efficacité d’un traitementhormonal. Le récepteur au facteur decroissance épidermique (HER2), détectédirectement ou par amplification degène dans 20 % des cancers, signeen général une tumeur plus agressive,mais est aussi prédictif d’un bon résultatde traitement par trastuzumabet lapatinib. Plusieurs signatures génétiquessont aujourd’hui connues pouravoir une valeur pronostique et/ ou unevaleur prédictive.Il est probable que, dans l’avenir, lacombinaison du dépistage et d'unemeilleure identification du type detumeur détectée, grâce notammentaux marqueurs moléculaires, permettrade diminuer encore la mortalité parcancer du sein.1. Incidence standardisée pour l’âge, utilisant la population mondiale comme référence.2. Autier P, Boniol M, Gavin A, Lars J. Breast cancer mortality in neighbouring European countries with differentlevels of screening but similar access to treatment : trend analysis of WHO mortality database. BMJ 2011;343:d4411


<strong>Bordet</strong> news - septembre 20119Reconstructionmammaire :le futur estdéjà là ! <strong>Dr</strong>Frédéric UrbainChirurgien<strong>Dr</strong> Frédéric UrbainDe quels types de techniques dereconstruction disposons-nous aujourd’hui?Nous disposons actuellement d’untrès large éventail de techniqueschirurgicales de reconstruction permettantde répondre au mieux à lademande et aux besoins de chaquepatiente. Cela va de la reconstructionprothétique faisant intervenir lesdernières générations de prothèsesanatomiques aux reconstructionspar tissus identiques prélevés dansdes zones discrètes et permettantde proposer des résultats dont lescaractéristiques sont très prochesvoire identiques à celles des tissusqui ont été retirés.Vous intervenez aussi bien aprèsune mastectomie qu’après unechirurgie conservatrice ayant entraînéune asymétrie par exemple ?Effectivement, les techniques dechirurgie plastique permettent aujourd’huide résoudre les problèmesd’asymétrie et d’embellir le caséchéant dans le même temps lapoitrine. Dans le cas de ptôse -soitd’affaissement du sein- par exemple,la correction des deux seins est assezfréquente.La chirurgie reconstructrice intervient-ellele plus souvent en mêmetemps que la chirurgie du cancerou après ?Lorsque la situation oncologiquel’autorise et en dialogue avec lesénologue et le groupe multidisciplinaire,nous proposons, pour desraisons évidentes de conservationde l’image corporelle, une interventionsimultanée ou la plus précocepossible.Certaines femmes ont la possibilitéde ressortir de la salle d’opération,après une ablation, avec un nouveausein. Plusieurs critères doiventcependant être respectés pour cefaire : une tumeur de petite taille nonagressive et une absence d’invasionmétastatique des ganglions axillaires.Si la patiente ne répond pas à cescritères, en général, l’interventionpeut s’envisager un an après la radiothérapie.Les tissus doivent en effetavoir repris une certaine souplesse.Les femmes font-elles souvent appelà la reconstruction ?Il y a dix ans, les femmes d’un âge plusmûr renonçaient à leur vie de femmeet faisaient preuve de fatalisme.Depuis, les mentalités ont évolué etde très nombreuses patientes abordentle sujet, quel que soit leur âge. Etrares sont celles qui regrettent d’êtrepassées par l’étape de la reconstruction.Moins d’un pour cent… Un bonrésultat implique une combinaison defacteurs : il doit être esthétique, maisaussi durable et confortable.Quelles techniques peut-on espérerdans le futur ?Nous étudions actuellement les possibilitésde développer des techniquesd’ingénierie cellulaire et tissulaire permettantles reconstructions à l’identiqueà partir de contingents cellulaireslimités rendant les interventionslourdes désuètes. Ces techniques sontdéjà utilisées dans notre institutionpour des cas bien sélectionnés maisqui seront de plus en plus nombreuxdans le futur.


10<strong>Bordet</strong> news - septembre 2011L'Anatomie Pathologiqueau cœur d’une prise encharge optimale<strong>Pr</strong> Denis LarsimontChef du Service d’AnatomopathologieL’Anatomie Pathologique est une spécialité médicale peu connuedu grand public. En effet, les médecins de ce service n’ont pas outrès peu de contacts avec les patients. Elle consiste en l’examenmacroscopique (de visu) et au microscope des prélèvementseffectués par les cliniciens (gynécologues, gastroentérologues,chirurgiens,…) afin de poser un diagnostic leur permettant deprendre en charge leur patient de la manière la plus adéquate.<strong>Pr</strong> Denis LarsimontLa description au microscope des tumeursmammaires a montré qu’il n’existaitpas un mais des cancers du sein.Certains étant limités au réseau des canauxgalactophores et aux lobules (carcinomein situ), d’autres ayant pénétré lestroma ou tissu de soutien de la glandemammaire (carcinome invasif). L’intérêtde reconnaître des types histologiquesdifférents est d’identifier des tumeurs àl’évolution différente. L’examen au microscopepermet également de définir etd’identifier d’autres paramètres commele grade ou le degré de différenciationde la tumeur qui nous informent surl’agressivité de celle-ci.L’examen histologique de la tumeur a étécomplété par la mise en évidence d’unparamètre très important dans la priseen charge d’un cancer du sein : les récepteurshormonaux. La plupart des cancersdu sein en possèdent et sont doncsusceptibles de recevoir un traitementhormonal au long cours en complémentdu traitement chirurgical. La mise en évidencedes récepteurs hormonaux nécessitaitau départ un fragment de tumeurfraîche ou congelée d’un certain volumevu la technique biochimique utilisée.Les années 80 ont vu le développementde l’immunohistochimie, c’est-à-direla mise en évidence, par des anticorpsspécifiques sur les coupes examinéesau microscope, d’antigènes comme lesrécepteurs hormonaux. Dans les années90, après un affinement des techniqueset des anticorps, l’immunohistochimieest devenue la référence.L’examen microscopique des tumeurset la détermination des récepteurs hormonaux,s’ils sont essentiels, n’en sontpas moins insuffisants pour une prise encharge optimale de la patiente.Fin des années 80, nos collègues américainsont mis en évidence l’intérêt d’unrécepteur découvert quelques annéesplus tôt, le HER2, associé à un type decancer du sein agressif. La découverte del’importance de ce récepteur conduiraau développement d’un nouveau type detraitement par anticorps monoclonauxhumanisés, dont le prototype est l’Herceptine.La sur-expression du récepteursHER2 est aujourd’hui mise en évidencedans notre laboratoire par une méthoded’hybridation in situ en fluorescence(FISH). Cette technique nous permetd’aller détecter, au cœur de la cellule, lenombre de copies du gène cible recherchéet de déterminer ainsi si la patiente


12<strong>Bordet</strong> news - septembre 2011La Radiothérapie :un traitement incontournabledu cancer du sein<strong>Dr</strong> Catherine Philippson,Service de Radiothérapie, Responsable de la pathologie mammaire.© Benoît Deprez/tifDans la plupart des traitements des tumeurs mammaires, laradiothérapie est un outil indispensable : elle permet de diminuer letaux de rechute locale, augmentant dès lors les chances de guérison.Tout comme la chirurgie, c’est un traitement local ne provoquantdonc pas d’effets secondaires à distance. Elle complète souventl’acte chirurgical. Les traitements systémiques (chimiothérapie,hormonothérapie, thérapies ciblées) sont également des outilsthérapeutiques indispensables dans la prise en charge des patientes.<strong>Dr</strong> Catherine PhilippsonDepuis près de 5O ans, les techniques deradiothérapie nous ont toujours permisd’atteindre la cible de manière efficaceet de détruire les éventuelles cellulescancéreuses résiduelles. Cependant, desorganes ‘sains’ de voisinage recevaientune fraction de la dose qui pouvait parfoisentraîner des effets délétères. Parailleurs, il n’était pas toujours possibled’obtenir des doses homogènes dans levolume cible traité.Au cours des dernières décennies, laradiothérapie a connu un développementconsidérable tant grâce auxéquipements de plus en plus adaptéset sophistiqués qu’à la connaissancedes effets des radiations sur les tissusnormaux.Les premiers réels progrès datent desannées nonante : aux accélérateurslinéaires qui existaient déjà préalablementet grâce auxquels la dose à lapeau n’était plus un problème, sont venuss’ajouter des ordinateurs de plus enplus performants dotés de planning detraitements permettant de réaliser desdosimétries en 3 dimensions. Ces accélérateursont rapidement été équipés decollimateurs multilames grâce auxquelsles tissus sains étaient mieux protégés.En ce qui concerne le cancer du sein,la technique « field in field » utilisée enroutine, permet au cours de la mêmeséance journalière d’irradiation de réaliser,après avoir délivré une partie dela dose, de modifier les coordonnéesdu champ d’irradiation afin que la doserestante ne soit déposée que dans leszones n’ayant pas encore reçu la dosethérapeutique. Grâce à cette méthode,la dose délivrée est homogène dans levolume cible, sans point « chaud » nipoint « froid ».Il est également possible de lancer lefaisceau de rayons durant une phasefixe du cycle respiratoire de telle sorteque les mouvements physiologiquesdu patient n’altèrent pas la qualité dutraitement.Le contrôle de qualité est primordial :le patient doit être parfaitement positionné,ce qui est vérifié par un systèmed’imagerie portale dont nos accélérateurssont équipés. Cet appareil permetla réalisation d’un cliché radiologique


<strong>Bordet</strong> news - septembre 201113en temps réel qui doit être impérativementvalidé avant de lancer le faisceau.Parallèlement à l’importancede la précision du positionnement, lamesure de la dose réellement reçuepar le patient est contrôlée par l’applicationde dosimètres sur la peau,au centre du champ d’irradiation.Grâce au développement du dépistagesystématique, aux progrès destechniques (mammographie, échographie,résonance magnétique nucléaire,…) et aux radiologues de plusen plus spécialisés, le cancer du seinest détecté à un stade de plus en plusprécoce. Par conséquent, le traitementconservateur par exérèse de latumeur avec une marge de sécuritéest devenu le traitement standardpour la plupart des patientes atteintespar cette maladie.Afin d’éviter une récidive locale, legeste chirurgical doit être complétépar une radiothérapie sur l’ensemblede la glande mammaire avec un surdosage(boost) dans le lit tumoral.Ce traitement est réalisé 5 fois parsemaine durant 6 semaines. Il fautsavoir que dans près de 90% des cas,les récidives surviennent dans le littumoral et que les rechutes dans unautre quadrant du sein sont probablementde nouveaux cancers.Il y a une dizaine d’années, avec l’objectiftoujours de minimiser les effetssecondaires tout en restant efficace,la question s’est posée de savoir sinous n’étions pas trop agressifs en irradiantla totalité de la glande mammairelorsqu’il s’agissait de lésionsbien délimitées avec une probabilitéinfime de toucher un autre quadrantdu sein.Le MobetronDiverses techniques ont été appliquéesafin de n’irradier que partiellement lesein : de quelques jours de traitement(dix séances en 5 jours par curiethérapieou radiothérapie externe), noussommes arrivés à réaliser l’irradiationen une seule fraction durantl’intervention chirurgicale. La duréedu traitement est dès lors réduite àquelques minutes alors que les dosesde rayonnement sont intensifiées. Ilfaut également rappeler qu’une lésioncancéreuse est bien plus sensible à unrayonnement intense délivré en peu detemps qu’à de petites doses fractionnéesen plusieurs semaines.Cependant, délivrer une dose thérapeutiqueen quelques minutes n’est possibleque si tout organe sain se trouveen dehors du champ de traitement.Cette situation ne peut se rencontrerque lors de l’intervention chirurgicaleoù l’on est à même d’écarter les structuressaines sensibles.Grâce à la miniaturisation des accélérateurslinéaires, des machines mobilesauto-blindées ont été conçues pourêtre utilisées au quartier opératoire.Nous avons la chance, grâce à la générositédes 'Amis de l’<strong>Institut</strong> <strong>Bordet</strong>',d’être équipés depuis un an et demi©Photos : Benoît Deprez/tifd’un Mobetron, accélérateur mobiledédié au quartier opératoire.Cette machine a considérablementfacilité la manière de traiterpartiellement le sein, respectantl’objectif majeur de tout radiothérapeute: ne pas irradier ce qui nedoit pas l’être.En effet, il s’agit d’un traitement hyperlocalisé,adapté à chaque patient(nous disposons d’une multituded’applicateurs en fonction des indications)et durant lequel un disquede protection est positionné sous laglande mammaire, empêchant toutrayonnement d’atteindre les côtes,le poumon et le cœur.En conclusion, nous avons toujoursvoulu répondre à la judicieuse philosophieactuelle de traitementsminimaux efficaces : pour les lésionsinvasives débutantes, la mastectomieradicale a fait place à latumorectomie avec curage axillairesuivi de radiothérapie, l’exérèse desganglions axillaires a été remplacéepar le prélèvement du ganglionsentinelle, et la radiothérapie del’ensemble de la glande mammairepar l’irradiation partielle intra-opératoiredu sein.Il va sans dire que cela ne futpossible que grâce à une équipemédicale (chirurgiens, gynécologues,anatomopathologistes, radiologues,anesthésistes, physiciens,radiothérapeutes) et paramédicale(infirmier(e)s du quartier opératoire,technologues, techniciens, responsablesde la stérilisation..) soudéeet formée voulant toujours offrir aupatient la technique parfaitementadaptée à sa maladie.


14<strong>Bordet</strong> news - septembre 2011Contribution de la Clinique duvers des traitementsAlors que le traitement locorégional du cancer du sein – à savoir lachirurgie et la radiothérapie – évolue clairement vers des stratégiesde moins en moins mutilantes et agressives, le traitement médical,quant à lui, s’est alourdi avec la prise de conscience du haut potentield’essaimage à distance de la maladie, même à des stades de diagnosticprécoce.<strong>Pr</strong>of Martine Piccart,Chef du Service de Médecine<strong>Pr</strong>of Martine PiccartBeaucoup de patientes se voient donc proposer aujourd’huides traitements dits 'adjuvants' qui consistenten l’administration pendant quelques mois, voirequelques années, de médicaments susceptibles d’éradiquerd’éventuelles métastases à distance du sein etnon détectables (appelées de ce fait micro-métastases).Le développement de ces micro-métastases est en effetresponsable de 'rechutes' de la maladie dans les moisou les années qui suivent le diagnostic et ces rechutes(osseuses, hépatiques et/ou pulmonaires pour les sitesles plus fréquents) restent très largement incurables àce jour même si d’indéniables progrès thérapeutiquesen permettent aujourd’hui le contrôle prolongé avecmaintien d’une qualité de vie acceptable.Au travers notamment de la création du BreastInternational Group (BIG), dont les bureaux de coordinationse trouvent à l’<strong>Institut</strong> <strong>Jules</strong> <strong>Bordet</strong> et qui représentele plus grand réseau mondial de collaborateurs cliniqueset de laboratoires pour la recherche en matière de cancerdu sein, notre équipe a concentré tous ses efforts surdeux axes principaux :1. tenter de réduire le 'surtraitement' par chimiothérapieadjuvante qui résulte de l’identificationimparfaite des patientes à faible risque de rechute,2. améliorer l’individualisation des thérapies médicamenteusesadjuvantes grâce aux progrès importantsde la biologie moléculaire.Ce sont les signatures multi-gènes de première génération,issues de la technologie des micropuces à ADN etcapables de mieux discriminer les tumeurs peu proliférantes,qui portent en elles l’espoir d’une réduction desprescriptions de traitements de chimiothérapie adjuvantepour 10 à 15% des femmes atteintes d’un cancer dusein. Toutefois, leur application en clinique de routine àgrande échelle dépendra des résultats de deux grands essaisrandomisés conduits l’un aux Etats-Unis (TAILOR-X)et l’autre en Europe (MINDACT). Leurs résultats sontattendus pour 2014-2015.L’équipe de l’<strong>Institut</strong> <strong>Jules</strong> <strong>Bordet</strong>, en collaboration avecl’Organisation Européenne de Recherche et Traitementdu Cancer (l’EORTC) a joué un rôle-clef dans le design, lacoordination et l’exécution de l’étude MINDACT, clôturéedepuis peu et à laquelle ont participé 6.600 femmesdans neuf pays européens. L’enthousiasme, la cohésionet le dynamisme de la Clinique du Sein de l’<strong>Institut</strong> <strong>Jules</strong><strong>Bordet</strong> a conduit cette dernière à occuper la 3 ème placedans le recrutement de cette étude.Différencier une tumeur peu agressive d’une tumeuragressive n’est qu’une première étape vers une meilleureindividualisation des traitements oncologiques. La secondeconsiste à trouver, pour chaque patiente, la bonne'pointure' du traitement médicamenteux et doit releverdes défis importants, liés à la complexité de la maladiecancéreuse. Ces armes sont heureusement riches et variéesdans le cancer du sein mais leur utilisation à bonescient n’est possible qu’au travers des leçons tirées desétudes cliniques, seules à même d’affiner nos connaissancesen termes de marqueurs prédictifs de réponse etde rapport risque/bénéfice pour les patientes traitées.On distingue trois familles de médicaments anticancéreuxsusceptibles d’aider les femmes avec cancer dusein en situation de rechute (traitement palliatif) ou àhaut risque de récidive (traitement à visée curative) :les agents de chimiothérapie, les agents hormonauxqui bloquent la voie de signalisation des oestrogènes,importante dans 2 cancers du sein sur 3, et les agentsbiologiques, surtout ceux qui bloquent la voie de signa-


<strong>Bordet</strong> news - septembre 2011 15Sein à l’évolutionplus efficaceslisation d’un récepteur de facteur de croissance, appelérécepteur HER2/neu, surexprimé dans un cancer du seinsur cinq.Notre arsenal thérapeutique au cours des 10-15 dernièresannées s’est considérablement enrichi avec :l’acquisition de nouveaux agents de chimiothérapie,l’utilisation plus large, à côté du tamoxifène -unmédicament anti-oestrogénique-, des inhibiteursd’aromatase qui entravent la production résiduelleoestrogénique chez la femme ménopauséeet le développement rapide d’agents anti-HER2/neudont le chef de file est trastuzumab ou herceptine.L’équipe d’oncologie médicale de l’<strong>Institut</strong> <strong>Jules</strong> <strong>Bordet</strong>a acquis une expertise internationalement reconnuedans le développement de ces nouveaux médicamentsau travers d’études cliniques menées en situation demaladie avancée (coordination par le <strong>Dr</strong> Awada) ou demaladie précoce (coordination par le <strong>Dr</strong> Piccart).C’est tout particulièrement dans le cancer du sein dit'HER2/neu positif' que les progrès thérapeutiques ontété les plus marquants. En effet, le 'talon d’Achille'de ces cancers a été découvert grâce à une recherchetranslationnelle performante menée aux Etats-Unis ily a maintenant 20 ans : celle-ci a établi le lien entrel’amplification du gène codant pour le récepteur HER2/neu et le comportement biologique agressif des tumeurscorrespondantes, caractérisées par des rechutes et décèsprécoces.Le développement de l’anticorps monoclonal trastuzumab(herceptine), qui se lie au domaine extracellulairedu récepteur HER2/neu et en bloque l’action néfaste, atransfiguré le pronostic des femmes porteuses de cestumeurs avec, en phase avancée, d’importantes prolongationsde survie sans altération de la qualité de vie et,en phase précoce, l’augmentation des taux de guérisonlorsque le médicament est associé à la chimiothérapie.C’est l’équipe de l’<strong>Institut</strong> <strong>Jules</strong> <strong>Bordet</strong> et tout particulièrement,le Data Centre 'Breast' coordonné par le<strong>Dr</strong> de Azambuja qui a coordonné la célèbre étude HERAayant conduit à l’enregistrement européen de l’herceptinesur base d’un grand essai clinique (5.000 femmes)prouvant la supériorité du traitement par chimiothérapieet herceptine par rapport à la chimiothérapie seule.C’est aussi l’équipe de l’<strong>Institut</strong> <strong>Jules</strong> <strong>Bordet</strong> qui coordonnel’étude mondiale ALTTO dont le recrutement de8.000 patientes s’est achevé cet été. Ici, on espère fairemieux encore en associant à l’herceptine un autre médicamentanti-récepteur HER2/neu qui bloque ce dernierdans sa portion intracellulaire : le lapatinib, donné enséquence ou en combinaison avec l’herceptine.Enfin, l’équipe de l’<strong>Institut</strong> <strong>Jules</strong> <strong>Bordet</strong> vient de se voirconfier la prochaine étude mondiale pivotale qui explorera,en situation précoce, le potentiel de la combinaisonde 2 anticorps anti-récepteur HER2/neu, à savoir le trastuzumabet le pertuzumab, par rapport au trastuzumabseul (le standard actuel).L’enthousiasme pour le blocage double du récepteurHER2/neu va grandissant, surtout depuis la mise en évidencede sa supériorité au sein d’études préopératoires.Ces études, encore préliminaires, montrent deux foisplus d’éradication de la tumeur à la chirurgie qui suitle traitement antiHER2 renforcé, associé à la chimiothérapie,par rapport au standard actuel consistant enchimiothérapie plus trastuzumab.En outre, en phase avancée de la maladie, l’étude comparantchimiothérapie plus trastuzumab seul ou combinéau pertuzumab vient de révéler des résultats nettementsupérieurs pour la combinaison des deux anticorps.Il y a donc de fortes probabilités que les études pivotalestestant ces stratégies à grande échelle en situation précoce,à savoir l’étude ALTTO, pour l’association transtuzumab/lapatinib,et l’étude APHINITY, pour l’associationtrastuzumab/pertuzumab, conduiront d’ici 2 à 5 ans àune nouvelle avancée thérapeutique déterminante pourles cancers du sein dits « NEU positifs ».Cette histoire passionnante révèle le bras de levier extraordinaireque représente le travail en équipe, surtoutlorsque celui-ci regroupe les meilleures experts de recherchede laboratoire et les cliniciens les plus motivésdans le profond respect des compétences de chacun.


16<strong>Bordet</strong> news - septembre 2011La recherche translationnelleen cancérologie<strong>Dr</strong> C. SotiriouPendant de nombreuses années, les cancers ont étéexclusivement classés en fonction de leur aspectmorphologique analysé au microscope (histologie)et du degré d’extension de la maladie (stade).Actuellement, on sait que cette classification esttrop simpliste. Certains cancers ayant le mêmeaspect morphologique (leur histologie est identique)peuvent en effet avoir un degré d’agressivitédifférent et répondre très différemment auxtraitements. Les chercheurs tentent de comprendreles raisons de ces différences de comportement etd’en déterminer les marqueurs biologiques afinde mieux adapter les traitements des futurespatientes.C’est par une accumulation de défauts auniveau des gènes qu’une cellule normalese transforme en cellule cancéreuse.Ces anomalies génétiques de la cellulecancéreuse ont été étudiées soit commedes facteurs pronostiques (déterminationdu risque de récidive) soit commedes facteurs prédictifs de réponse ou derésistance aux traitements anticancéreux.Jusqu’à il y a peu, la nécessité deparvenir à une meilleure compréhensiondes altérations génétiques se heurtaità d’importantes limitations techniques.Néanmoins, au cours de ces dernièresannées, la routine clinique et la rechercheen cancérologie ont grandement bénéficiédes avancées technologiques etscientifiques. En effet, si le microscopeest toujours indispensable pour découvriret visualiser le cancer, il doit êtrecomplété par d’autres analyses qui vontchercher, au cœur des cellules, des caractéristiquesconcernant les anomaliesgénétiques précises, des informations surles disfonctionnements protéiques, ainsique des données concernant le fonctionnementdes cellules tumorales. Toutesces informations s’avèrent aujourd’huiindispensables à une prise en chargethérapeutique moderne.Un des exemples des avancées cliniquesliées aux développements technologiquesest l’identification du Grade Génomiquepar notre équipe. Grâce à la techniquedes puces à ADN permettant l’analysed’expression des gènes, l’équipe a réussià mettre sur pied un nouveau test dediagnostic plus fiable que les tests de routineclassiques utilisés depuis plusieursdécennies : le grade génomique. Ce testconsiste en l'analyse génomique (c'est-àdirel’analyse de l'expression des gènes)des cellules cancéreuses permettant demieux caractériser l’agressivité tumorale


<strong>Bordet</strong> news - septembre 201117mammaire à l’<strong>Institut</strong> <strong>Bordet</strong><strong>Dr</strong> C. SotiriouChef du Laboratoire de Recherche Translationnelle en Cancérologie Mammaireainsi que leur sensibilité à un traitementde chimiothérapie. Le grade génomique aété breveté et la licence a été commercialiséepar une firme française Ipsogen. Ilpermet aujourd’hui de guider les médecinsvers des décisions thérapeutiques pluséclairées en allouant les traitements lesplus efficaces et les plus adaptés à chaquepatiente. Il permet également d’éviter àcertaines patientes de recevoir des traitementschimiothérapiques inutiles, coûteuxet toxiques.Le but actuellement est non seulementd’identifier les patientes qui bénéficieraientd’une chimiothérapie, mais surtoutde décider quel type de chimiothérapieprescrire. A cette fin, notre équipe a misen évidence, toujours grâce à la technologiedes puces à ADN, une signaturegénique, dite de deuxième génération,identifiant les anomalies génétiquesprécises à la base de la sensibilité et/ou de la résistance à un traitementde chimiothérapie donné. Cette dernièrepermettrait d’identifier les patientesqui bénéficieraient d’un certain type dechimiothérapie, tel que, par exemple, lesanthracyclines.Les cellules non cancéreuses composantle microenvironnement tumoral, tellesque les cellules immunitaires et les fibroblastes,participent également au développementet à la progression tumorale. Ainsi,notre équipe, en même temps que d’autreséquipes de renommée internationale, arécemment démontré qu’un certain nombre de patientes présenteraitun système immunitaire 'plus actif' avec un meilleur devenir clinique(meilleur pronostic) mais surtout favorisant une meilleure réponseantitumorale à un certain type de chimiothérapie.Ces dernières découvertes pourraient permettre, dans un futur trèsproche: 1) une nouvelle personnalisation du traitement anti-cancéreuxet 2) le développement de nouvelles stratégies thérapeutiquescomme l’immunothérapie, les vaccins… Ces tests sont actuellementen voie de validation avant de pouvoir être utilisés en routineclinique.Suite à l’évolution des technologies, et dans un contexte de collaborationavec l’équipe du <strong>Pr</strong>. Fuks à l’ULB, notre laboratoire vientégalement d’initier une étude systématique de 'l’épigénome' ducancer du sein, c’est-à-dire l’analyse des modifications qui n’affectentpas la structure des gènes, mais leur expression. Cette dernièreétude nous a permis d’identifier de nouvelles classes moléculaires ducancer du sein présentant des modifications épigénétiques distincteset associées à des devenirs cliniques différents. Ces derniers résultatspourraient aboutir au développement de nouvelles classesde médicaments anticancéreux ciblant ces anomalies.Aujourd’hui, grâce aux techniques de séquençage du génome humainà haut débit, il est possible d’effectuer le décodage, en peu detemps, du génome humain dans son entièreté. Le laboratoire derecherche translationnelle en cancérologie mammaire fait partied’un consortium de renommée internationale dont le but consisteà décoder l’entièreté du génome tumoral mammaire afin d’identifiertoutes modifications génomiques et épigénétiques associées audéveloppement tumoral. Cette étude permettra de mieux comprendrel’hétérogénéité tumorale et également les anomalies géniques et/ouépigéniques qui pourraient prendre place dans les cellules souches,dans l’espoir d’identifier de nouvelles cibles thérapeutiques.Ces différentes recherches ont pu être réalisées en partie grâce augénéreux soutien des 'Amis de l’<strong>Institut</strong> <strong>Bordet</strong>'.


18<strong>Bordet</strong> news - septembre 2011De l’intérêt de l’imagerie desdes vaisseaux lymphatiques dans<strong>Pr</strong>of. Pierre BOURGEOISDe l’importance des vaisseauxlymphatiques et des ganglionslymphatiques (ou lympho-nœuds)chez les patientes présentant uncancer du seinLes vaisseaux lymphatiques sont de petitsvaisseaux qui prennent naissancedans tous les tissus de l’organisme. Leurfonction est de capter et de transporterhors de ces tissus la 'lymphe' c’est-àdirede l’eau, des protéines, des graisses,des 'déchets' des cellules,… et certainescellules mêmes qui, autrement, s’y accumuleraient.Ces vaisseaux lymphatiquesaboutissent dans des structures appeléesganglions ou lympho-nœuds lesquels, ensimplifiant, font office de 'filtres'.En cas de cancer, les cellules cancéreusespeuvent entrer dans les vaisseaux lymphatiquesautour de la tumeur, vaisseauxqui les transportent jusque dans lesganglions où elles sont arrêtées. Ellespeuvent alors s’y multiplier pour donnerdes 'métastases'. Dans le cas des cancersmammaires, ces métastases se développentprincipalement dans les ganglionsdu creux axillaire. Opérer une tumeurmammaire, c’est enlever non seulementla lésion du sein mais c’était aussi systématiquementpar le passé -voir plusloin- réaliser un 'curage' ganglionnaireaxillaire autrement dit enlever l’ensemblede ces ganglions (20 en moyenne).Il faut savoir que les ganglions ou lympho-nœudsaxillaires reçoivent aussi la'lymphe' du membre supérieur du mêmecôté. Les enlever peut alors entraînerune accumulation de lymphe au niveaudu bras, un lymphoedème ou 'gros bras'.1998 : l’introduction de latechnique des ganglions dits'sentinelles'Depuis plus de 30 ans, nous disposonsde la possibilité d’obtenir des images desganglions et des vaisseaux lymphatiqueset ce dans le cadre des lymphoscintigraphies,examens de Médecine Nucléaire.L’injection de colloïdes radio-marquésdans un tissu ou un site anatomiquequelconque permet en effet aisément devisualiser les vaisseaux lymphatiques quien sortent et les ganglions lymphatiquesdans lesquels ils se terminent et danslesquels les colloïdes vont s’accumuler.En 1998, notre institution fut l’une despremières de Belgique à introduire lalympho-scintigraphie comme moyend’identifier les 'ganglions sentinelles'. Leconcept est extrêmement élégant et lesconséquences pour les patientes en sontmultiples. Ces 'ganglions sentinelles'sont les premiers à risque d’être atteintspar les cellules cancéreuses (pour despetites tumeurs, ce risque est inférieurà 20%). Si ces 'sentinelles' sont enlevéset ne sont pas trouvés envahis par descellules cancéreuses, les autres ganglionsne doivent pas être enlevés. Par contre,s’ils sont atteints, le curage des autresganglions reste de règle.Grâce à la technique du 'ganglion sentinelle',les complications pour les patientesse trouvent limitées. Une révisionrécente de notre expérience a en effetmontré que la fréquence de survenue de'gros bras' était de 6% chez les patientesaprès curage mais inférieur à 0.4% chezcelles où seuls les 'sentinelles' avaientété enlevés. Une des contributions de


<strong>Bordet</strong> news - septembre 201119ganglions etle traitement du cancer du sein<strong>Pr</strong>of. Pierre BOURGEOIS,Chef de Clinique, Service de Médecine Nucléairel’identification aisée de ces 'ganglions sentinelles'est aussi d’en permettre une meilleure analyse etd’y détecter parfois de petits ilôts de cellules cancéreusesau moyen de techniques raffinées maiscoûteuses et non applicables à tous les ganglionsd’un 'curage'. La technique permet enfin de mettreen évidence des 'sentinelles' à des endroits inattendus: le chirurgien peut alors aller les chercher etles faire analyser (avec un résultat qui peut parfoismodifier le traitement) ou le radiothérapeute peut(mieux) les cibler pour détruire les cellules cancéreusesqui pourraient s’y trouver.Cette technique implique plusieurs spécialités, les'nucléaristes', les chirurgiens et les 'pathologistes'.L’approche est donc multi-disciplinaire et la mêmerévision de nos données évoquée plus haut en aconfirmé l’intérêt, la valeur et la fiabilité.De l’utilisation des imagerieslymphoscintigraphiques dans la prise encharge des 'gros bras' !L’utilisation des imageries lymphoscintigraphiquesnous a aussi permis de mieux comprendre les 'grosbras' et surtout de proposer à chaque patiente lestraitements les plus aptes à réduire le volume deleur œdème. Ces imageries montrent en effet lesvoies par lesquelles la lymphe et les liquides dubras peuvent sortir. Ces voies sont parfois spontanémentprésentes et la main du kinésithérapeuten’a plus alors qu’à les stimuler par un drainagelymphatique manuel . Mais parfois aussi, ces voiesde 'délestage', inconstantes et variables d’unepatiente à l’autre, ne sont identifiées que parlymphoscintigraphie. L’examen dirige alors la maindu kinésithérapeute sur ces voies pour les ouvriret pousser les liquides hors du membre. Cetteapproche rationnelle où le drainage lymphatiquemanuel est ainsi adapté aux caractéristiques dechaque patiente a prouvé son efficacité. Des damesprésentant un 'gros bras' parfois ancien et traitépar des kinésithérapeutes différents sans résultatsont maintenant hospitalisées pour des WE deprise en charge thérapeutique physique intensive.Combinant ces drainages 'orientés' avec d’autresmoyens à l’efficacité prouvée, des oedèmes dont levolume excède de plus de 30% celui du bras sainsont ainsi réduits en moyenne d’un tiers sur cesquelques jours de traitements.Et demain ?Demain, ces imageries devraient aussi permettred’identifier les vaisseaux et les ganglions lymphatiquespar lesquels la lymphe et les liquides du brastransitent au niveau du creux axillaire. En évitantde les couper ou de les enlever inutilement, lesproblèmes de 'gros bras' (ou plus fréquents, deces collections liquidiennes qui apparaissent aprèsopération dans le creux axillaire, nécessitant desponctions répétées et parfois sources d’infection)pourraient alors voir leur apparition encore réduite.Notre institution devrait aussi mettre en œuvreune nouvelle technique, la 'lympho-fluoroscopie'.Alternative à la lymphoscintigraphie danscertaines indications, ce sont ici des moléculesfluorescentes (et non plus radio-actives, radiomarquées)qui sont injectées et reprises par lesvaisseaux lymphatiques. Au moyen d’une caméraportable spécialement dédiée, il est alors possiblede voir en 'live' les vaisseaux lymphatiques et leslympho-nœuds. Entre autres applications possibles,les kinésithérapeutes pourront ainsi voirdirectement les vaisseaux sur lesquels leurs mainsvont agir mais aussi visualiser en temps réel leseffets de chacune de leurs manœuvres sur cesvaisseaux. Leurs gestes devraient alors en devenirplus efficaces. Quant aux chirurgiens, ils pourraienteux aussi bénéficier de cette technique qui leurpermettrait non plus simplement de détecter maisde visualiser vaisseaux et ganglions lymphatiques.


20<strong>Bordet</strong> news - septembre 2011Une prise en charge psychologiqueadaptée à chaque patiente<strong>Pr</strong>of. Darius Razavi,Chef du Sevice de Psycho-oncologie<strong>Pr</strong>of. Darius RazaviQu’est-ce qui vous a poussé à créer unservice de psycho-oncologie - le premieren Belgique - à l’<strong>Institut</strong> <strong>Bordet</strong> il y a25 ans ?C’est l’évolution de la médecine qui apoussé les professionnels de la psychologieet de la psychiatrie à réfléchir auxmodalités d’une prise en charge optimaledes patientes. Il faut savoir que quand ona un problème directement lié à sa santé,aujourd’hui, on peut bénéficier de traitementspersonnalisés permettant dans laplupart des cas de poursuivre sa trajectoireet son développement personnel. Ce n’étaitpas forcément le cas il y a 30 ans.En quoi la situation a-t-elle évoluédepuis ?L’on sait aujourd’hui que la question del’adaptation aux traitements est centralepour guérir. Plus précisément, il faut que,dans chaque phase de traitement, lesbesoins psychologiques soient d’une partreconnus et d’autre part qu’une réponseappropriée soit offerte.Ainsi, le soutien informationnel et le soutienémotionnel s’avèrent primordiaux.Il faut à tout prix réguler de manièreoptimale les émotions de manière à éviterdes peurs inutiles et à pouvoir gérer activementcertaines modifications de soi etdes autres. Il est évident que ces mêmesconsidérations s’appliquent aux prochesimmédiats de la personne confrontée audiagnostic et au traitement d’une affectioncancéreuse.Partant de là, depuis près de 30 ans maintenant,des efforts considérables ont étéréalisés pour procurer aux patients et àleurs proches un soutien psychologiquepersonnalisé à l’<strong>Institut</strong> <strong>Bordet</strong>.Comment cet effort s’est-il traduit ?Avec le <strong>Pr</strong>ofesseur Nogaret, nous avonspar exemple systématiquement intégré àla consultation une psychologue au momentde l’annonce d’un diagnostic et d’untraitement. La psychologue est ainsi à ladisposition de la patiente pour construireavec elle un programme de soutien adaptési cela s’avère nécessaire.La même attitude proactive est intégrée àl’hospitalisation où chaque patiente reçoitsystématiquement la visite d’une psychologue.Il va de soi que le besoin de chacunne s’exprime pas au même moment. Cetype de prise en charge se poursuit donc enradiothérapie, durant les chimiothérapieset à l’hôpital de jour. Dans chacun de cescontextes particuliers, un programme desoutien adapté est organisé.Très récemment, les efforts se sont concentréssur l’offre d’une prise en charge adaptéeà l’après traitement (voir les groupesde soutien organisés par le <strong>Pr</strong>ofesseurMerckaert et déjà évoqués dans le <strong>Bordet</strong>News).Vos efforts se sont aussi portés surles soignants, lesquels jouent un rôleprimordial dans le soutien apporté auxpatients ?Oui, depuis toutes ces années, une formationà la communication destinée auxmédecins et aux infirmières a été organiséede manière à répondre aux souhaits despatientes, à leur fournir les informationsqu’elles recherchent dans ce contexte siparticulier de leur vie.Votre service mène également une importanteactivité de recherche ?Oui, nous avons, au cours du temps, accumuléune expérience unique. Cetteexpérience fait l’objet de nombreusespublications et sert de base à une améliorationconstante des services que nousproposons aux patients. Il s’agit là d’unchoix stratégique de l’<strong>Institut</strong> <strong>Bordet</strong>.


<strong>Bordet</strong> news - septembre 2011Le cancer, un bouleversement totalFrançoise Daune,Psychothérapeute21Françoise DauneQuels sont les problèmes les plusfréquemment rencontrés par lesfemmes atteintes d’un cancer dusein?Au démarrage des traitements, l’onassiste surtout à un choc au niveaupsychique et au début d’une perte desrepères au niveau corporel. Cette pertedéjà commencée avec l’annonce dudiagnostic se concrétise avec les traitementspar la chute des cheveux, dessourcils, les problèmes d’ongles, lesvariations de poids et tous les effetssecondaires liés aux traitements… Lesfemmes, parfois, ne se reconnaissentplus. Elles perdent confiance dans leurcorps, ne savent plus interpréter ce quis’y passe ni à quoi attribuer quoi, de lamaladie ou des traitements… Tout celafait très peur. De plus, le cancer estdans ce cas-ci une atteinte d’un organehautement symbolique : le sein.Tous les traitements n’ont pas lemême impact…Non, la chimiothérapie est le traitementqui, par excellence, fait le pluspeur. La radiothérapie est souventmieux perçue car ses effets secondairessont moins présents. Un traitementparfois moins facile à vivre, parcontre, est l’hormonothérapie, surtoutpar les femmes jeunes qui, parfoisdu jour au lendemain, se retrouventménopausées. Ce traitement entraîneen effet lui aussi une perte importantedes repères corporels. Avoir un corpsjeune mais brusquement perçu commecelui de sa mère ou de sa grand-mèreest difficile à vivre. D’autant qu’il s’agitde traitements contraignants -un médicamentpar jour- et de longue duréequi viennent en permanence rappeler lamaladie. Extérieurement, les effets deces traitements sont peut-être moinsperceptibles mais, pour la patiente,ils sont bel et bien présents et mêmefortement ressentis par certaines. Ily a donc un décalage entre ce que lapatiente ressent et ce que l’extérieurlui renvoie.Au-delà de son statut de femme, lecancer va aussi souvent bouleverserla femme dans son rôle d’épouse oude compagne et de mère ?Effectivement. Le couple peut êtremis à rude épreuve. Se pose aussisouvent la question du statut de mère.Puis-je encore avoir une grossesse ?Quelle mère suis-je ? Qu’en est-il dela transmission et de tous les aspectsgénétiques?La fin des traitements n’est paspour autant toujours synonyme delibération ?C’est vrai. Beaucoup de questionsse posent pendant les traitements.Néanmoins, ils vont aussi rythmerla vie des patientes pendant des semaines,voire des mois. C’est la raisonpour laquelle la fin des traitementsest souvent attendue mais pas aussisimple à vivre qu’il n’y parait. Elle estsouvent révélatrice de toute une ambivalence.Pendant les traitements, lespatientes sont plus dans l’ 'agir'. Après,c’est souvent le temps où l’on s’assiedet où l’on commence à réfléchir à cequi est arrivé. Si les traitements sontdifficiles, ils rassurent aussi. Ils évitentqu’il y n’ait une récidive, que la maladien’évolue… Un arrêt peut dès lors êtreperçu comme la perte d’une forme deprotection.Quels types de prise en charge proposez-vousaux patientes à l’<strong>Institut</strong><strong>Bordet</strong> ?Chaque phase de la maladie a sesparticularités. On constate souventdavantage d’angoisses au début, car ilfaut assimiler énormément d’éléments,faire face à l’inconnu. Tout bascule,se bouscule. Nous notons davantagede moments dépressifs par la suitesurtout après les traitements. C’estla raison pour laquelle nous proposonsune grande variété de prises encharge. Ponctuelles durant les périodesde crise. Sur le plus long terme lorsquela maladie devient initiatrice d’unprocessus de réflexion sur soi-même.L’entourage peut également nécessiterune prise en charge particulière?Effectivement, les enfants, le mari (…)se retrouvent parfois davantage endifficulté que la patiente elle-même.Tout dépend du fonctionnement dela cellule familiale avant la maladie.Nous disposons d’une équipe importante.Plusieurs membres d’une mêmefamille vont donc pouvoir être vus demanière individuelle, en couple ou enfamille.Les demandes de prise en chargeémanent-elles des patientes ellesmêmesou sont-elles proposées parle personnel soignant ?La demande peut spontanément émanerde la patiente même. Le médecinet les soignants au sens largesont souvent aussi initiateurs de ladémarche, ce qui est important carlorsque l’on ne va pas bien, demanderest difficile. Mais, on lui met, d’unecertaine manière, le pied à l’étrier. Onn’est déjà pas bien physiquement maisdire en plus qu’on n’est pas bien danssa tête, c’est d’autant plus difficile. Ladémarche d’aller chez un psy n’est pastoujours simple, surtout s’il s’agit d’unpsychiatre, souvent perçu comme le'médecin des fous'. La démarche versun psychologue est mieux vécue.


22 <strong>Bordet</strong> news - septembre 2011La Clinique du Sein,c’est aussi un nombre importantde soins de confort auxquelsvous pouvez faire appel !KinésithérapieResponsable : Michel HardyLa kinésithérapie fait partie intégrante du traitement du cancer du sein.Toutes les patientes subissant une intervention mammaire en bénéficientdurant leur période d’hospitalisation.Pour tout renseignement complémentaireou prise de rendez-vous ultérieure : 02/541 33 26DiététiqueResponsable : Marika CsergöErgothérapieResponsable : Véronique LabalueQue ce soit pour des conseils relatifs aux prothèses mammaires, à l’alopécie ou,plus globalement, à tout ce qui touche à l’image de soi, nous vous proposons lesconseils d’une ergothérapeute spécialisée dans la prise en charge du cancer du sein.Pour tout renseignement complémentaire ou prise de rendez-vous ultérieure :02/541 31 53Que ce soit pour évaluer votre statut nutritionnel, faire face aux conséquences destraitements (perte d’appétit, perte de poids…) ou simplement améliorer votre alimentation,une prise en charge diététique personnalisée et des conseils nutritionnelsadaptés vous sont proposés.Pour toute renseignements ou prise de rendez-vous : 02/541 30 00Soins esthétiquesLaurence ThieryParce que se sentir bien lors d’une hospitalisation permet de mieux tolérer lestraitements, nous vous proposons le passage d’une infirmière spécialisée en soinsesthétiques (soins du visage, manucure et pédicure esthétique, massages…).


etBelgium-Luxembourgse mobilisent pour la recherche contre le cancer du seinDurant tout le mois d’octobre,pour chaque vernis et produit de soin OPIvendu dans l’un de ses magasins,Planet Parfum et OPI Belgium-Luxembourg reverseront1€ aux Amis de L'institut <strong>Bordet</strong>OPI, une gamme de plus de 200 vernis différents de haute tenue !A cette occasion, OPI lance également une édition de vernislimitée : Pink of Hearts.Il s’agit d’un vernis d’un rose inédit dans un flacon affichant unruban et un cabochon roses. Le vernis, dénué de tout ingrédientnocif tels que DBP, toluène ou formaldéhyde est équipé d’unebrosse exclusive ultralarge pour une application optimale.Pour connaître la liste des points de ventePlanet Parfumwww.planetparfum.be


Soirée de Gala au profitde la recherche contre le cancerà l’<strong>Institut</strong> <strong>Jules</strong> <strong>Bordet</strong>Alain LeempoelOthmane MoumenJasmina DouiebGérald WauthiaPierre PoucetStéphane FenocchiXavier PercyLundi 17 octobre 2011 - Théâtre Royal du ParcLe tour du mondeen 80 joursde Thierry Janssen d’après le roman de <strong>Jules</strong> VerneMise en scène de Thierry DebrouxInfos et réservation :121 Bld de Waterloo - Bruxelles - 7 ème étage - Paiement par Bancontact possible02/541 34 14

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