Have<strong>la</strong>ar France se positionne comme réformiste. Dans ce contexte, <strong>la</strong> P<strong>la</strong>te-<strong>Forme</strong> <strong>pour</strong> le CommerceEquitable semble être un lieu de rencontre <strong>pour</strong> les <strong>réseaux</strong> et les opérateurs spécialisés qui portent desreprésentations différentes mais qui sont ouverts au dialogue et aux col<strong>la</strong>borations. Ainsi, elle regroupe <strong>la</strong>Fédération Artisans <strong>du</strong> Monde et d’autres acteurs historiques qui revendiquent une vision radicale <strong>du</strong><strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, aux côtés de l’association Max Have<strong>la</strong>ar France et d’entreprises responsables quien portent une vision réformiste. Ces acteurs se rencontrent ainsi dans ce collectif <strong>pour</strong> tenter deconstruire des partenariats nationaux et faire reconnaître le concept dans sa diversité.De par <strong>la</strong> variété des profils et des histoires de leurs dirigeants, les représentations <strong>du</strong> <strong>commerce</strong><strong>équitable</strong> sont davantage nuancées chez les opérateurs spécialisés locaux d’Ile-de-France, qu’ils soientmembres de <strong>réseaux</strong> nationaux ou structures indépendantes. Le compromis se fait à un degré plus oumoins important selon l’histoire même de <strong>la</strong> structure et <strong>la</strong> représentation <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> de sessa<strong>la</strong>riés ou bénévoles. Par exemple, <strong>pour</strong> assurer le développement de leur activité et leur pérennisationface à une forte concurrence, <strong>la</strong> plupart des acteurs spécialisés proches d’une vision radicale se sontengagés dans une démarche de professionnalisation et de rationalisation économique de leur activité : ilsutilisent de plus en plus les outils de l’économie conventionnelle. La difficulté est alors de concilier« militantisme » et « professionnalisation ».<strong>Les</strong> deux représentations existent également chez les acteurs non spécialisés rencontrés, que ce soit lesentreprises conventionnelles, les distributeurs bios, les associations de consommateurs et lesorganisations de solidarité internationale. Pour leur part, <strong>la</strong> grande majorité des élus politiques rencontréssemble ne pas prendre position et appuyer le développement <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> sur leur territoiredans <strong>la</strong> diversité de ses représentations.III. DES ACTIONS POLITIQUES, COMMERCIALES ET EDUCATIVESCONDITIONNANT LA DIFFUSION DU CONCEPTSelon leur activité, les acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> rencontrés en Ile-de-France jouent un rôle différentdans <strong>la</strong> diffusion des différentes représentations <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>. <strong>Les</strong> acteurs spécialisés etplusieurs organisations de solidarité internationales, des associations de consommateurs etcertains opérateurs biologiques sont des militants <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> : ils participent nonseulement à <strong>la</strong> diffusion d’une représentation, radicale ou réformiste, mais également à <strong>la</strong>construction générale <strong>du</strong> concept. Pour ce<strong>la</strong>, ils complètent leur activité commerciale ou leur action desensibilisation d’actions politiques, de p<strong>la</strong>idoyer auprès des pouvoirs publics. Quelle que soit leurreprésentation <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, ces acteurs militants se rencontrent dans les instances visant àfixer le cadre juridique et <strong>la</strong> définition <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> en France, que ce soit au sein de l’AFNor en2001-2006, ou dans <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce de <strong>la</strong> Commission Nationale <strong>du</strong> Commerce Equitable depuis 2007.En revanche, de nombreux acteurs non spécialisés, marchands ou issus de <strong>la</strong> société civile, nemènent pas d’action politique et agissent uniquement dans <strong>la</strong> diffusion d’une représentation <strong>du</strong><strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, que ce soit par leur activité de commercialisation de pro<strong>du</strong>its <strong>équitable</strong>s oupar leur action de sensibilisation <strong>du</strong> grand public.Parmi les acteurs non spécialisés rencontrés, <strong>la</strong> représentation radicale <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> fédèreplusieurs distributeurs biologiques, certaines associations de consommateurs et des organisations desolidarité internationale proches d’un positionnement militant. Souvent partenaires de <strong>la</strong> Fédération oud’associations franciliennes Artisans <strong>du</strong> Monde <strong>pour</strong> <strong>la</strong> sensibilisation <strong>du</strong> grand public et <strong>la</strong>commercialisation des pro<strong>du</strong>its, ces structures se sentent très impliquées dans <strong>la</strong> construction <strong>du</strong><strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> : elles ont une bonne connaissance des questions de débat. Chez les distributeursbiologiques, <strong>la</strong> commercialisation de pro<strong>du</strong>its à <strong>la</strong> fois biologiques et <strong>équitable</strong>s se complète d’une activitéde p<strong>la</strong>idoyer menée par leurs représentants nationaux. Par ailleurs, plusieurs organisations de solidaritéinternationale, et dans une moindre mesure certaines associations de consommateurs portent une visionradicale et sont militantes. Elles se sont impliquées dans <strong>la</strong> structuration et le développement des acteursspécialisés <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> dans les années 1990. Ces dernières années, elles se retirent de cesinstances de décision <strong>pour</strong> se concentrer sur <strong>la</strong> participation au dialogue institutionnel avec les pouvoirspublics en vue de garantir <strong>la</strong> conservation des valeurs initiales <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> dans les cadresjuridiques nationaux et internationaux qui se construisent. Toutes ces organisations militantes participentainsi de manière importante au côté de têtes de <strong>réseaux</strong> spécialisés aux cadres de dialogue qui leur sontouverts avec les pouvoirs publics et dans les <strong>réseaux</strong> spécialisés nationaux.Pour sa part, <strong>la</strong> représentation réformiste rassemble également des acteurs non spécialisés qui sontmilitants dans <strong>la</strong> mesure où ils mènent des actions de p<strong>la</strong>idoyer : les grandes entreprises, de jeunesentrepreneurs, et plusieurs organisations de <strong>la</strong> solidarité internationale. Tout d’abord, plusieurs grandesentreprises de <strong>la</strong> distribution considèrent le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> comme un outil de responsabilitésociétale. Par leur participation au dialogue avec les pouvoirs publics, elles souhaitent contribuer à <strong>la</strong><strong>Les</strong> <strong>réseaux</strong> d’acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> – Exemple de l’Ile-de-France 86
construction <strong>du</strong> cadre juridique <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> français. Elles mènent ces actions collectivement,sans alliance avec des acteurs spécialisés. Par ailleurs, elles nouent des partenariats commerciaux avecdes acteurs de vision réformiste, spécialisés et non spécialisés. Pour leur part, de jeunes entrepreneursconventionnels considèrent le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> comme un outil de responsabilisation de leur activité.Ils peuvent participer à des campagnes de p<strong>la</strong>idoyer avec des acteurs spécialisés <strong>du</strong> <strong>commerce</strong><strong>équitable</strong>, et tisser des re<strong>la</strong>tions commerciales avec des acteurs de l’économie conventionnelle, commeavec des acteurs spécialisés en <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, quelle que soit leur représentation. Enfin, <strong>pour</strong>plusieurs organisations de solidarité internationale qui se positionnent comme expertes <strong>du</strong> <strong>commerce</strong><strong>équitable</strong>, ce dernier est essentiellement un outil de développement dans les pays <strong>du</strong> Sud. Ces acteurs de<strong>la</strong> société civile participent au dialogue avec les pouvoirs publics et sont dans ce cadre ouverts à descol<strong>la</strong>borations régulières <strong>pour</strong> <strong>la</strong> sensibilisation <strong>du</strong> grand public au <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> et l’apport d’appuitechnique aux opérateurs spécialisés, quelle que soit <strong>la</strong> représentation qu’ils portent.Enfin, <strong>la</strong> représentation réformiste rassemble des acteurs non spécialisés qui ne sont pas militants et quine mènent aucune action d’ordre politique envers les pouvoirs publics : de nombreuses PMEconventionnelles, certains distributeurs bios et plusieurs associations de consommateurs. En effet, parl’action proactive de l’association Max Have<strong>la</strong>ar France dans le développement de nouvelles filières<strong>équitable</strong>s, de nombreux distributeurs biologiques et petites et moyennes entreprises conventionnellessont acteurs dans <strong>la</strong> mesure où ils participent au développement <strong>du</strong> secteur et à <strong>la</strong> diffusion <strong>du</strong> conceptauprès des consommateurs uniquement par leur activité commerciale. Ils ont des re<strong>la</strong>tionsessentiellement de nature commerciale avec d’autres acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>. Leur principalréférent est l’association Max Have<strong>la</strong>ar France dont ils adoptent <strong>la</strong> représentation réformiste : leurdéfinition <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> n’est pas le siège d’interrogations, les questions <strong>du</strong> périmètre deséchanges et de <strong>la</strong> présence de <strong>la</strong> grande distribution ne paraissant pas un enjeu. L’importance en volumede leur activité commerciale est toutefois essentielle dans <strong>la</strong> diffusion <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>,particulièrement de sa vision réformiste. Pour finir, certaines associations de consommateurs ne mènentque des actions ponctuelles de sensibilisation <strong>du</strong> grand public au <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> et adoptentégalement une vision réformiste <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, sans mener d’action politique en parallèle.IV. LE TERRITOIRE, SIEGE DES RENCONTRES ET COLLABORATIONSL’histoire <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> en Ile-de-France en particulier et en France en général montre que c’est<strong>la</strong> réflexion autour de <strong>la</strong> résolution d’un problème qui encourage les col<strong>la</strong>borations entre les acteurs auxreprésentations différentes. Le lien entre les acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> se formalise ensuite autourd’objets communs. Certains sont sources de renforcement des re<strong>la</strong>tions au niveau local et national(recherche d’une visibilité par l’organisation annuelle de <strong>la</strong> Quinzaine <strong>du</strong> Commerce Equitable parexemple), tandis que d’autres sont à l’origine de fortes dissensions, lorsqu’ils provoquent uneconfrontation entre les différentes représentations, comme <strong>la</strong> définition d’une norme nationale commune àtravers le processus de l’AFNor.En Ile-de-France, l’existence de plusieurs projets collectifs entre acteurs qui portent des représentationsdifférentes montre que <strong>la</strong> divergence des représentations n’empêche pas les col<strong>la</strong>borations dans <strong>la</strong>pratique, qu’elles soient commerciales ou techniques. Ce sont les enjeux d’impact auprès <strong>du</strong> publiclocal et de mobilisation de financements <strong>pour</strong> le développement <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> qui encouragentles rencontres et les col<strong>la</strong>borations entre les opérateurs spécialisés. Quand ces cadres d’actions concretsse mettent en p<strong>la</strong>ce, les blocages politiques qui peuvent exister au niveau national ont moins de réalité auniveau local. Quelles que soient les représentations <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, <strong>la</strong> réalité des besoinslocaux reste alors le véritable socle <strong>du</strong> regroupement et de <strong>la</strong> mise en réseau des acteurs. Cesrencontres permettent des échanges et l’acceptation progressive des différentes représentations quipeuvent coexister chez les acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> au sens <strong>la</strong>rge. Ainsi, les conflits quiapparaissent relèvent davantage d’une méconnaissance des uns et des autres que de points dedivergence indépassables. Toutefois, ces actions locales collectives sont très rarement portées par des<strong>réseaux</strong> formalisés, et disposent de moyens qui restent limités. D’autre part, ces dynamiques localesrassemblent très rarement aux côtés des acteurs spécialisés des acteurs non spécialisés (entreprisesconventionnelles dont les entrepreneurs responsables, distributeurs biologiques, antennes locales desorganisations de <strong>la</strong> solidarité internationale et des associations de consommateurs) alors que ces derniers<strong>pour</strong>raient <strong>pour</strong>tant représenter une force de mobilisation importante.En Ile-de-France, les collectivités territoriales apparaissent comme des acteurs clés <strong>pour</strong> appuyer<strong>la</strong> diffusion <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> sur leur territoire. Par leur fonction de bailleur de fonds avant tout,elles peuvent jouer le rôle de catalyseur et de régu<strong>la</strong>teur des dynamiques collectives qui émergent <strong>pour</strong>promouvoir le concept auprès <strong>du</strong> grand public et développer les filières commerciales franciliennes <strong>du</strong><strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>. En prônant l’appui à tous les acteurs présents sur leur territoire quelle que soit leur<strong>Les</strong> <strong>réseaux</strong> d’acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> – Exemple de l’Ile-de-France 87
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« Ce n’est pas juste des échang
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comme activité principale le comme
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