Il n’y a pas à proprement parler de politique <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> dans les collectivités territorialesétudiées. La mise en œuvre de dispositifs d’appui au <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> dépend alors d’autresdomaines de politiques publiques. Mais quand bien même des domaines de politique comme <strong>la</strong> solidaritéinternationale ou le développement <strong>du</strong>rable sont investis par <strong>la</strong> collectivité, ce<strong>la</strong> n’est pas une garantieque le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> fera l’objet de dispositifs. La décision d’un soutien au <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> estfonction des représentations de ce domaine de compétence portées par <strong>la</strong> collectivité, suivant que le<strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> est considéré comme faisant partie ou non <strong>du</strong> développement <strong>du</strong>rable et de <strong>la</strong>solidarité internationale. Au contraire, les politiques d’économie sociale et solidaire sont biensystématiquement des cadres à <strong>la</strong> mise en œuvre d’un soutien au <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>. Mais on constatepar ailleurs que l’action des collectivités ne se situe pas seulement dans le cadre de politiques publiques.L’émergence de l’action dépend en partie de l’implication des indivi<strong>du</strong>s. D’abord des élus, <strong>pour</strong> que lesoutien au <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> fasse l’objet d’une décision politique à proprement parler. Egalement destechniciens, qui peuvent approfondir ou non en direction <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> une politique sectorielle ;ou qui peuvent prendre l’initiative, en dehors de toute politique explicite, de soutenir le <strong>commerce</strong><strong>équitable</strong>, par exemple en organisant des manifestations de sensibilisation, ou en réalisant des achats, enparticulier ceux dont le montant est inférieur au seuil de publicité.IV. LES FREINS : LES COLLECTIVITES TERRITORIALES DOIVENTS’ADAPTER AU COMMERCE EQUITABLE … ET RECIPROQUEMENTA - LE MANQUE DE COORDINATION DES POLITIQUES PUBLIQUES, FACTEUR D’INEFFICACITEPeuvent coexister dans <strong>la</strong> même collectivité plusieurs politiques sectorielles abordant <strong>la</strong> problématique <strong>du</strong><strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, sans <strong>pour</strong> autant qu’une politique de <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> puisse être définie. Enceci, le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> est une politique publique introuvable, car non coordonnée. Le <strong>commerce</strong><strong>équitable</strong> gagnerait à faire l’objet d’une unique délibération-cadre déterminant dans chaque domaine decompétence de <strong>la</strong> collectivité des engagements concrets. Des politiques cadres existent déjà en <strong>la</strong> formedes Agendas 21 et des politiques d’économie sociale et solidaire, mais elles n’incluent le <strong>commerce</strong><strong>équitable</strong> que de façon très parcel<strong>la</strong>ire. L’Agenda 21 fait généralement référence au <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>en situant <strong>la</strong> collectivité en position d’acheteur uniquement, ignorant ses rôles de bailleur, prescripteur,etc. L’économie sociale et solidaire ne situe le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> que dans son propre champ deréférence, abordant peu les possibilités offertes par les programmes de coopération décentralisée et lesaides apportées aux organisations de solidarité internationale.Au niveau de l’administration, que l’action en faveur <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> soit d’initiative politique outechnicienne, on constate <strong>la</strong> présence récurrente d’un même déficit d’information et de synergie. Sur demêmes types d’action, les services ignorent leur implication respective.Au contraire, Via le Monde, service <strong>du</strong> Conseil Général de Seine Saint Denis, met en œuvre des actionspédagogiques en partenariat avec <strong>la</strong> direction des actions de formation, en préparant en amont <strong>la</strong>participation des sco<strong>la</strong>ires au forum Equit’Expo, qu’ils co-organisent, et en éditant un livret pédagogique<strong>pour</strong> les enseignants. Il y a une véritable capitalisation menée autour d’un dispositif donné, qui permet decombiner une dimension de soutien à <strong>la</strong> structuration <strong>du</strong> secteur <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, desensibilisation <strong>du</strong> grand public et d’action é<strong>du</strong>cative à direction des publics sco<strong>la</strong>ires, en coordinationentre plusieurs services d’une même collectivité, et entre plusieurs collectivités, à savoir <strong>la</strong> Communautéd’Agglomération P<strong>la</strong>ine Commune et le Conseil Général de Seine Saint Denis.B - LA DIFFICILE CONQUETE DES MARCHES PUBLICS<strong>Les</strong> freins à l’achat public <strong>équitable</strong> évoqués par les collectivités rencontrées sont notamment le manqued’offre, le risque d’infructuosité des marchés et le risque juridique que peut constituer une discriminationdes fournisseurs. Or l’infructuosité ou le risque juridique (qu’un fournisseur rejeté este en justice)n’existent que dans le cas d’une procé<strong>du</strong>re d’appel d’offre. Pour les achats sans procé<strong>du</strong>re spécifique, lesfreins tiennent plutôt de <strong>la</strong> motivation des services. Ces achats sont certes de montant faible, mais ilsconstituent à ce jour, <strong>du</strong> fait de leur simplicité, les achats de pro<strong>du</strong>its <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> les pluscourants dans les collectivités, réalisés dans toutes les collectivités de l’échantillon. Ils peuvent constituerun précédent au sein d’une collectivité, et par leur potentiel de sensibilisation, aider au passage à uneéchelle supérieure.La systématisation de l’achat public <strong>équitable</strong> passe donc peut-être autant par l’attention donnée auxméthodes de rédaction des marchés et l’appui à l’adaptation de l’offre, que par <strong>la</strong> facilitation <strong>du</strong> travail encommun au sein des collectivités. <strong>Les</strong> initiatives existantes gagneraient à être coordonnées etsystématisées. Par exemple, les achats <strong>pour</strong> <strong>la</strong> consommation propre des services, de faibles montants,sont soumis à des procé<strong>du</strong>res simplifiées et ne sont donc pas confrontés aux difficultés juridiques propres<strong>Les</strong> <strong>réseaux</strong> d’acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> – Exemple de l’Ile-de-France 82
aux marchés par appels d’offre. Ils peuvent être plus facilement ren<strong>du</strong>s systématiques et constituer uneporte d’entrée de <strong>la</strong> collectivité vers <strong>la</strong> consommation responsable, un moyen d’apprentissage préa<strong>la</strong>ble àune mise en œuvre à grande échelle de l’achat responsable.Nous soulignons enfin certaines limites inhérentes à ce travail. En premier lieu, le nombre de collectivitésétudiées par rapport à <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion (près de 1 400 collectivités en Ile-de-France) ne permet pas <strong>la</strong>représentativité de l’échantillon. D’autre part, certaines caractéristiques des collectivités sont peureprésentées : ainsi le nombre de collectivités de droite est faible en comparaison de celles de gauche.Enfin, nous avons rencontré essentiellement des techniciens, alors que le point de vue des élus estimportant <strong>pour</strong> comprendre le mode d’émergence des politiques publiques. Ces limites, qui s’expliquentpar les contraintes de temps et de moyens propres à ce travail de recherche, appellent un travaild’approfondissement, à partir des pistes dégagées ici.BIBLIOGRAPHIE DE SECTIONBONNARD Maryvonne (coordonné par), 2005, <strong>Les</strong> collectivités territoriales en France, La Documentation Française, Paris.COMELIAU Laurent, HOLEC Nathalie et PIECHAUD Jean-Pierre, 2001, Approche territoriale <strong>du</strong> développement <strong>du</strong>rable. Repères<strong>pour</strong> l’Agenda 21 local, Association 4D, Paris.MENY Yves et THOENIG Jean-C<strong>la</strong>ude, 1989, Politiques publiques, PUF, ParisRecensement, entretiens et analyse réalisés en 2008-2009 par :Camylle PERNELLE, Master « Action internationale des collectivités territoriales » - IRIS Institut desRe<strong>la</strong>tions Internationales et StratégiquesAlexandre RAFIN, Master en Management – EDHECEncadrement scientifique :Eugénie MALANDAIN, Doctorante en sociologie – IEDESMichel DAMIAN, Professeur d’Economie à l’Université de Grenoble – IEDESEncadrement technique :Emilie SARRAZIN-BITEYE, chargée <strong>du</strong> projet PICRI Commerce Equitable<strong>Les</strong> <strong>réseaux</strong> d’acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> – Exemple de l’Ile-de-France 83
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