Les réseaux d'acteurs du commerce équitable - la Plate-Forme pour ...

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30.07.2015 Views

phase de lancement, le partenariat avec des collectivités québécoises (province du Québec et ville deMontréal) va se développer sur la thématique de l’économie sociale et solidaire et donc s’intéresser aucommerce équitable.L’aide au secteur au Nord est donc surtout le fait des services de l’économie sociale et solidaire et desaffaires internationales, les premiers soutenant le commerce équitable dans le contexte de leur appui ausecteur de l’économie sociale et solidaire, les seconds dans le cadre de leur soutien aux structures de lasolidarité internationale ou par des partenariats de coopération décentralisée noués avec d’autrescollectivités du Nord sur le thème de l’économie sociale et solidaire. A la fonction de bailleur est parfoiscouplée un appui sous forme de formation technique, comme au Conseil Régional d’Ile-de-France, quiapporte une assistance technique aux structures de l’économie sociale.D - L’APPUI AU SECTEUR AU SUD, UN EXEMPLE DE POLITIQUE DE SOLIDARITE INTERNATIONALELe soutien au secteur au Sud est le fait des seuls services de la solidarité internationale ou des affairesinternationales, sous la forme des politiques de coopération décentralisée ou de soutien aux projets desolidarité internationale des associations du territoire.Concernant la coopération décentralisée, les exemples sont ici plus rares que pour d’autres domaines depolitique publique, car les projets, plus lourds, ne peuvent être menés que par des services aux budgetsconséquents. Ainsi, les seuls exemples relevés l’ont été au Conseil Régional, et dans les deux ConseilsGénéraux étudiés. Nous détaillerons ici les cas de la politique de coopération décentralisée du ConseilRégional d’Ile-de-France, et l’exemple du partenariat entre Figuig, au Maroc, et le Conseil Général deSeine Saint Denis.La coopération décentralisée au Conseil Régional d’Ile-de-France porte sur quinze partenariats, dontquatre font ou feront l’objet de programmes en lien avec le commerce équitable : avec Antananarivo, leQuébec, la région de Casablanca et la région de Kayes au Mali. Dans chacun des partenariats, lecommerce équitable est une des thématiques de coopération, parmi d’autres couvrant tous les domainesde compétences de la région. Le soutien à une filière de fonio à Kayes est le programme le plus ancien etle plus abouti. Il s’inscrit dans un partenariat existant depuis 2001 axé sur le développement économique,la santé, l’appui institutionnel et la formation professionnelle et est soutenu par le Conseil Régional d’Ilede-Franceen partenariat avec le ministère des affaires étrangères, la région Nord Pas-de-Calais, lesSCOP Ethiquable et Le Damier France et l’ONG Le Damier Mali. Le Conseil Régional d’Ile-de-Franceappuie le projet en tant que bailleur, à hauteur de près de 97 k€ pour un budget total de près de 274 k€, etpar la formation des producteurs. Le commerce équitable a été choisi comme domaine d’intervention, ausouhait de la collectivité partenaire. En effet, en matière de coopération décentralisée, le Conseil Régionald’Ile-de-France construit le partenariat sans imposer de choix d’orientation des projets.Le programme du Conseil général de Seine Saint Denis intègre associations de migrants et collectivitésdu pays d’origine dans un projet de création de filières de tapis et de dattes. Le projet a été construit enpartenariat avec le réseau du commerce équitable Minga et associe les migrants originaires de la Régiondans son financement.L’autre moyen d’appuyer le commerce équitable au Sud est par le biais d’un soutien aux projets decommerce équitable menés par les structures de solidarité internationale au Nord. Le Conseil Régionald’Ile-de-France a ainsi mis en place un fonds de soutien aux micro-associations de solidaritéinternationale franciliennes, qui aide à financer des projets au Sud, dont certains seulement relèvent ducommerce équitable.En conclusion, l’appui au Sud est généralement une prérogative du service des affaires internationales, etse matérialise par un soutien direct à la création de la filière avec comme partenaires, en plus de lacollectivité locale, des associations, au Nord comme au Sud, des importateurs et des migrants.Ce rapide panorama des types d’actions mises en œuvre par les collectivités de l’échantillon a permisd’esquisser un plan de l’architecture interne de l’action des collectivités, en particulier de la superpositiondes divisions en services avec les types actions mises en œuvre. Si les politiques des collectivitéspeuvent paraître manquer de cohérence, elles ont le mérite d’être diverses, et d’approcher le commerceéquitable suivant plusieurs angles. L’absence de cohérence interne est donc en partie compensée par lacomplémentarité des actions des différentes collectivités. Nous avons dans un second temps cherché àdélimiter les fondations supportant ces dispositifs, afin de dégager les conditions d’émergence et les freinsà la mise en place de dispositifs de soutien au commerce équitable.Les réseaux d’acteurs du commerce équitable – Exemple de l’Ile-de-France 78

III. ENTRE DECISION POLITIQUE ET IMPLICATION INDIVIDUELLEA - LES CADRES POLITIQUES EXISTANTSLe commerce équitable n’étant que rarement objet d’une politique publique propre, la mise en place d’uneaction en matière de commerce équitable se fait dans le cadre d’une politique plus générale relative audéveloppement durable, à l’économie sociale et solidaire ou à la solidarité internationale, etc. Nous noussommes donc interrogés sur la présence ou non de ces cadres dans les collectivités étudiées. Nousavons tenté de préciser comment ils prenaient en compte le commerce équitable, quel était le caractèreplus ou moins systématique de l’inclusion du commerce équitable dans un domaine de politique donné.Nous les présenterons ici en fonction de leur émergence historique en tant que domaine de compétencedes collectivités territoriales : de la solidarité internationale, la plus ancienne, au développement durable,et à l’économie sociale et solidaire, en émergence en tant que préoccupation politique.1| La politique de solidarité internationale, cadre exceptionnel d’un soutien aucommerce équitableLa mise en œuvre d’une politique de solidarité internationale ou de coopération décentralisée nes’accompagne pas systématiquement d’une action en faveur du commerce équitable. En l’occurrence, denombreux types d’action sont possibles à l’international et le commerce équitable reste rare dans cechamp d’action politique.La délégation générale aux relations internationales de la ville de Paris (DGRI) a par exemple choisicomme axes de sa politique de solidarité internationale les thèmes de la lutte contre le Sida en Afrique, duco-développement, de l’accès à l’eau et de l’assainissement. La coopération technique avec descollectivités du Sud, ne porte, elle, que sur des domaines à forte technicité où les services de Parispeuvent apporter leur expertise. Le champ de développement de dispositifs en faveur du commerceéquitable est donc très restreint par ces choix initiaux, ce qui se traduit par la quasi absence d’action de lapart de la DGRI dans ce domaine. Des actions peuvent être tout de même mises en œuvre au niveau desmairies d’arrondissement, mais avec des moyens très limités. Nous avons pu constater qu’un intérêtpolitique existait, relayé dans l’administration des mairies d’arrondissement, mais semblant pâtir d’unmanque de soutien d’une DGRI très centralisée.Dans les Hauts de Seine, la récente refonte de la politique de solidarité internationale a amené au choixde se concentrer sur la lutte contre la faim. Quatre projets sont menés de front, en Arménie, auCambodge, au Mali et à Haïti. Ce dernier programme, en partenariat avec Agronomes et VétérinairesSans Frontières, comporte un volet de soutien à des filières de mangue et café équitable. Le commerceéquitable est donc objet de politique, ici non spécifiquement, mais en tant qu’aspect secondaire d’unobjectif de lutte contre la faim.L’inclusion du commerce équitable dans le champ des outils de politique de solidarité internationale n’arien d’une évidence. L’existence d’une politique de solidarité internationale est favorable à la prise encompte du commerce équitable, sans en être une garantie. Elle suppose que les représentations portéespar les élus et les techniciens de ce qu’est la solidarité internationale incluent le commerce équitablecomme outil d’une politique de développement2| La prise en compte variable du commerce équitable par les politiques dedéveloppement durableDepuis le Rapport Brundtland de la Commission mondiale sur l’environnement et le développement de1987, qui sert de point de repère à l’émergence du concept, le développement durable a étéprogressivement intégré par les institutions et les citoyens. Les collectivités territoriales participent decette tendance en prenant en compte de façon de plus en plus courante le développement durable dansleur fonctionnement et leurs politiques publiques, en particulier par l’adoption de plans stratégiques, lesAgendas 21 64 .Le commerce équitable est partie intégrante du développement durable, qui en s’intéressant à la politiquede l’ensemble de la collectivité présente un fort potentiel de soutien au commerce équitable. Cependant,le concept voit parfois sa signification réduite à de seuls impératifs environnementaux. Le commerceéquitable, en tant que programme d’action à vocation essentiellement sociale, peut ainsi en être écarté.Dans les collectivités territoriales étudiées, deux acceptions du développement durable coexistent, ce qui64« L’Agenda 21 local est à la fois un document stratégique et opérationnel : c’est un projet de territoire à long terme qui se décline en programmes d’actionsoumis à une évaluation régulière. Ce projet résulte d’un large débat organisé à l’échelle de chaque territoire, notamment à l’échelle de l’agglomération ou dupays. » (Coméliau, Holec et Piéchaud, 2001)Les réseaux d’acteurs du commerce équitable – Exemple de l’Ile-de-France 79

III. ENTRE DECISION POLITIQUE ET IMPLICATION INDIVIDUELLEA - LES CADRES POLITIQUES EXISTANTSLe <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> n’étant que rarement objet d’une politique publique propre, <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce d’uneaction en matière de <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> se fait dans le cadre d’une politique plus générale re<strong>la</strong>tive audéveloppement <strong>du</strong>rable, à l’économie sociale et solidaire ou à <strong>la</strong> solidarité internationale, etc. Nous noussommes donc interrogés sur <strong>la</strong> présence ou non de ces cadres dans les collectivités étudiées. Nousavons tenté de préciser comment ils prenaient en compte le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, quel était le caractèreplus ou moins systématique de l’inclusion <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> dans un domaine de politique donné.Nous les présenterons ici en fonction de leur émergence historique en tant que domaine de compétencedes collectivités territoriales : de <strong>la</strong> solidarité internationale, <strong>la</strong> plus ancienne, au développement <strong>du</strong>rable,et à l’économie sociale et solidaire, en émergence en tant que préoccupation politique.1| La politique de solidarité internationale, cadre exceptionnel d’un soutien au<strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>La mise en œuvre d’une politique de solidarité internationale ou de coopération décentralisée nes’accompagne pas systématiquement d’une action en faveur <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>. En l’occurrence, denombreux types d’action sont possibles à l’international et le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> reste rare dans cechamp d’action politique.La délégation générale aux re<strong>la</strong>tions internationales de <strong>la</strong> ville de Paris (DGRI) a par exemple choisicomme axes de sa politique de solidarité internationale les thèmes de <strong>la</strong> lutte contre le Sida en Afrique, <strong>du</strong>co-développement, de l’accès à l’eau et de l’assainissement. La coopération technique avec descollectivités <strong>du</strong> Sud, ne porte, elle, que sur des domaines à forte technicité où les services de Parispeuvent apporter leur expertise. Le champ de développement de dispositifs en faveur <strong>du</strong> <strong>commerce</strong><strong>équitable</strong> est donc très restreint par ces choix initiaux, ce qui se tra<strong>du</strong>it par <strong>la</strong> quasi absence d’action de <strong>la</strong>part de <strong>la</strong> DGRI dans ce domaine. Des actions peuvent être tout de même mises en œuvre au niveau desmairies d’arrondissement, mais avec des moyens très limités. Nous avons pu constater qu’un intérêtpolitique existait, re<strong>la</strong>yé dans l’administration des mairies d’arrondissement, mais semb<strong>la</strong>nt pâtir d’unmanque de soutien d’une DGRI très centralisée.Dans les Hauts de Seine, <strong>la</strong> récente refonte de <strong>la</strong> politique de solidarité internationale a amené au choixde se concentrer sur <strong>la</strong> lutte contre <strong>la</strong> faim. Quatre projets sont menés de front, en Arménie, auCambodge, au Mali et à Haïti. Ce dernier programme, en partenariat avec Agronomes et VétérinairesSans Frontières, comporte un volet de soutien à des filières de mangue et café <strong>équitable</strong>. Le <strong>commerce</strong><strong>équitable</strong> est donc objet de politique, ici non spécifiquement, mais en tant qu’aspect secondaire d’unobjectif de lutte contre <strong>la</strong> faim.L’inclusion <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> dans le champ des outils de politique de solidarité internationale n’arien d’une évidence. L’existence d’une politique de solidarité internationale est favorable à <strong>la</strong> prise encompte <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, sans en être une garantie. Elle suppose que les représentations portéespar les élus et les techniciens de ce qu’est <strong>la</strong> solidarité internationale incluent le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>comme outil d’une politique de développement2| La prise en compte variable <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> par les politiques dedéveloppement <strong>du</strong>rableDepuis le Rapport Brundt<strong>la</strong>nd de <strong>la</strong> Commission mondiale sur l’environnement et le développement de1987, qui sert de point de repère à l’émergence <strong>du</strong> concept, le développement <strong>du</strong>rable a étéprogressivement intégré par les institutions et les citoyens. <strong>Les</strong> collectivités territoriales participent decette tendance en prenant en compte de façon de plus en plus courante le développement <strong>du</strong>rable dansleur fonctionnement et leurs politiques publiques, en particulier par l’adoption de p<strong>la</strong>ns stratégiques, lesAgendas 21 64 .Le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> est partie intégrante <strong>du</strong> développement <strong>du</strong>rable, qui en s’intéressant à <strong>la</strong> politiquede l’ensemble de <strong>la</strong> collectivité présente un fort potentiel de soutien au <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>. Cependant,le concept voit parfois sa signification ré<strong>du</strong>ite à de seuls impératifs environnementaux. Le <strong>commerce</strong><strong>équitable</strong>, en tant que programme d’action à vocation essentiellement sociale, peut ainsi en être écarté.Dans les collectivités territoriales étudiées, deux acceptions <strong>du</strong> développement <strong>du</strong>rable coexistent, ce qui64« L’Agenda 21 local est à <strong>la</strong> fois un document stratégique et opérationnel : c’est un projet de territoire à long terme qui se décline en programmes d’actionsoumis à une évaluation régulière. Ce projet résulte d’un <strong>la</strong>rge débat organisé à l’échelle de chaque territoire, notamment à l’échelle de l’agglomération ou <strong>du</strong>pays. » (Coméliau, Holec et Piéchaud, 2001)<strong>Les</strong> <strong>réseaux</strong> d’acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> – Exemple de l’Ile-de-France 79

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