Par conséquent, autour <strong>du</strong> squelette de <strong>la</strong> répartition des compétences propres, les collectivités disposentd’une marge de liberté dans <strong>la</strong> définition <strong>du</strong> spectre de leur intervention. Elles peuvent adapter leur actionaux innovations sociales en investissant des domaines émergents que <strong>la</strong> légis<strong>la</strong>tion n’a pas c<strong>la</strong>irementattribués, comme le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>. Sur ce terrain hétérogène nous chercherons à comprendre lesoutien accordé au <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> au travers <strong>du</strong> prisme <strong>du</strong> fonctionnement interne des institutions.En Ile-de-France, en sus <strong>du</strong> Conseil Régional d’Ile-de-France, existent 8 départements, 105Etablissements Publics de Coopération Intercommunale 53 et 1281 communes 54 . Parmi celles-ci, Parisdispose d’un statut particulier, à <strong>la</strong> fois département et commune, divisée en vingt mairiesd’arrondissement. <strong>Les</strong> collectivités franciliennes couvrent tous les extrêmes, depuis Paris et ses deuxmillions d’habitants 55 , première collectivité française en termes de budget 56 , jusqu’aux petites communesrurales, comme Puisieux, en Seine et Marne, avec 286 habitants et un budget 2007 de moins de 200 000€ 57 .B - LE COMMERCE EQUITABLE, A LA CROISEE DE PLUSIEURS POLITIQUES TERRITORIALESToute collectivité comprend des organes politiques détenteurs des pouvoirs locaux et des servicestechniques en charge de <strong>la</strong> mise en œuvre des politiques. Parmi les organes politiques, il faut distinguer,quelque soit l’échelon territorial, organes délibérants, soit le conseil régional, général, municipal oucommunautaire, siégeant en assemblée ou en commission permanente ; et organes exécutifs à savoir lePrésident <strong>du</strong> conseil et les vice-présidents <strong>pour</strong> <strong>la</strong> région, le département ou <strong>la</strong> structure intercommunale,et <strong>pour</strong> <strong>la</strong> commune, le maire et les adjoints.. <strong>Les</strong> élus sont aussi assistés de cabinets de conseillers : ontrouve par exemple un cabinet autour <strong>du</strong> Président <strong>du</strong> Conseil ou <strong>du</strong> Maire, et suivant <strong>la</strong> taille de <strong>la</strong>collectivité territoriale, autour des vice-présidents ou des adjoints. <strong>Les</strong> compétences de <strong>la</strong> collectivité sontdistribuées entre les membres de l’exécutif et entre des commissions thématiques au sein de l’organedélibérant, suivant une architecture propre à chaque collectivité. La structure administrative suit plus oumoins cette construction, avec des découpages entre directions à chaque fois différents. Nous veilleronsainsi à mettre en regard les dispositifs mis en œuvre dans une collectivité avec les particu<strong>la</strong>rités de sonorganisation.Dans ces collectivités, <strong>la</strong> politique en matière de <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, dont <strong>la</strong> définition peut varier selon<strong>la</strong> collectivité, se tra<strong>du</strong>it rarement par <strong>la</strong> présence d’un spécialiste, qu’il soit élu ou technicien, mais passepar divers domaines de politique publique 58 . En décembre 2007, le colloque « Commerce Equitable etTerritoires » était organisé à Angers par <strong>la</strong> P<strong>la</strong>te-<strong>Forme</strong> <strong>pour</strong> le Commerce Equitable et le groupe SOS 59afin de renforcer les cadres de col<strong>la</strong>boration entre les collectivités territoriales, les acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong><strong>équitable</strong>, les <strong>réseaux</strong> <strong>du</strong> développement au Sud 60 et de l’économie sociale et solidaire. Ce colloque apermis de délimiter les principaux domaines d’action publique où pouvaient être développés desdispositifs de soutien au <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> :1| L’économie sociale et solidaireLa définition de l’économie sociale et solidaire reste en débat parmi les acteurs <strong>du</strong> secteur. Nous n’enferons pas de définition arbitraire, mais chercherons à recueillir les représentations portées par les élus ettechniciens des collectivités territoriales. L’économie sociale et solidaire a émergé comme domaine depolitique publique spécifique notamment à l’occasion de <strong>la</strong> création d’une délégation interministérielle àl’innovation sociale et à l’économie solidaire par décret <strong>du</strong> 15 décembre 1981, ou plus récemment d’unsecrétariat à l’économie solidaire de 2000 à 2002. Aujourd’hui, <strong>la</strong> préoccupation politique <strong>pour</strong> cette« autre économie » se déploie de façon hétérogène dans les collectivités, intégrant le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>notamment <strong>du</strong> fait de sa forte visibilité. <strong>Les</strong> dispositifs mis en œuvre dans le cadre des politiques re<strong>la</strong>tivesà l’économie sociale et solidaire prennent généralement <strong>la</strong> forme d’actions de sensibilisation et de soutienau secteur au Nord.53Au 1 er janvier 2008. Source : Insee.54Recensement de 1999. Source : Insee.55Estimation au 1 er janvier 2008 : 2,166 millions d’habitants. Source : Insee.56Budget 2008 : 7,058 milliards d’euros. Source : Ville de Paris.57Source : Ministère <strong>du</strong> budget, des comptes publics et de <strong>la</strong> fonction publique.58Une politique publique étant définie comme un programme d’action gouvernementale dans un secteur de <strong>la</strong> société ou un espace géographique donné. C’estun ensemble de mesures concrètes comprenant des mesures de caractère plus ou moins autoritaire, qui s’inscrit dans un cadre général d’action, qui définit desbuts et des objectifs à direction d’un public (Mény et Thoenig, 1989).59PFCE et groupe SOS, 2008. Le Groupe SOS est un groupe de l’économie sociale, constitué d’associations et d’entreprises, qui développe, aujourd’hui, desactivités dans les champs <strong>du</strong> sanitaire et social, de l’é<strong>du</strong>cation, de l’insertion, <strong>du</strong> logement, <strong>du</strong> développement <strong>du</strong>rable et de <strong>la</strong> solidarité internationale. Source :Groupe SOS.60Soit les pays d’Amérique Latine, d’Afrique et d’Asie.<strong>Les</strong> <strong>réseaux</strong> d’acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> – Exemple de l’Ile-de-France 72
2| <strong>Les</strong> achats publicsSelon le Ministère de l’économie, de l’in<strong>du</strong>strie et de l’emploi, <strong>la</strong> commande publique nationale représente110 milliards d’euros par an soit environ 9% <strong>du</strong> PIB français, dont <strong>la</strong> majorité est le fait des collectivitésterritoriales. Elle peut donc être un levier majeur de développement des ventes de pro<strong>du</strong>its <strong>du</strong> <strong>commerce</strong><strong>équitable</strong>. Dans les collectivités, <strong>la</strong> prise de conscience de ce potentiel d’impact est croissante, et s’inscritdans un mouvement général de promotion de <strong>la</strong> commande publique responsable, qui vise à faire desachats un outil de politique publique. Cette émergence, concomitante à <strong>la</strong> démarche d’incorporation desprincipes <strong>du</strong> développement <strong>du</strong>rable dans les institutions publiques, se tra<strong>du</strong>it par une plus grandeattention accordée aux conséquences environnementales et sociales des achats publics. D’autre part,l’Etat accompagne les collectivités dans cette démarche en jouant son rôle de régu<strong>la</strong>teur, incitant lesachats responsables à travers l’adaptation <strong>du</strong> Code des Marchés Publics.3| Le développement <strong>du</strong>rableLe développement <strong>du</strong>rable, défini selon Gro Harlem Brundt<strong>la</strong>nd comme « un développement qui répondaux besoins <strong>du</strong> présent sans compromettre <strong>la</strong> capacité des générations futures à répondre aux leurs » 61articule développement économique et impératifs environnementaux et de progrès social. Le <strong>commerce</strong><strong>équitable</strong>, si on se réfère à sa définition <strong>la</strong> plus courante, celle établie par FINE (2001), s’inscritrésolument dans le mouvement <strong>du</strong> développement <strong>du</strong>rable. Aujourd’hui, les collectivités sont de plus enplus nombreuses à intégrer dans leurs politiques publiques les impératifs <strong>du</strong> développement <strong>du</strong>rable etpeuvent à ce titre mettre en p<strong>la</strong>ce des actions spécifiques au <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>. C’est notamment lecas dans le cadre de <strong>la</strong> démarche d’Agenda 21, où le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> peut être objet d’engagements,par exemple <strong>pour</strong> <strong>la</strong> promotion des achats <strong>équitable</strong>s par <strong>la</strong> collectivité ou <strong>pour</strong> <strong>la</strong> mise en œuvred’actions de sensibilisation au <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>.4| La coopération décentraliséeLa coopération décentralisée est une autre porte d’entrée des collectivités vers le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>. Eneffet, le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> a <strong>pour</strong> objectif l’amélioration des conditions de vie de popu<strong>la</strong>tionsmarginalisées au Sud de <strong>la</strong> p<strong>la</strong>nète et peut s’articuler avec <strong>la</strong> politique internationale d’une collectivité.Ainsi, certaines collectivités peuvent soutenir <strong>la</strong> formation de filières, par un soutien direct auxcoopératives de pro<strong>du</strong>cteurs <strong>du</strong> Sud, et <strong>la</strong> mise en réseau avec les entreprises <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> <strong>du</strong>territoire au Nord.Nous inscrivant en première analyse dans ce schéma de l’action des collectivités territoriales en soutienau <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, nous avons cherché à déterminer quels étaient les dispositifs mis en œuvre parles collectivités franciliennes, en nous adressant au sein des collectivités aux élus et techniciens encharge des domaines <strong>du</strong> développement <strong>du</strong>rable, de <strong>la</strong> coopération décentralisée, de l’économie socialeet solidaire et des achats. Etant donné le nombre de collectivités et d’interlocuteurs potentiels, nous avonsconstitué, en fonction des méthodes adoptées, plusieurs échantillons, qui sont détaillés ci-dessous. Nousavons cherché à déterminer si ces domaines de politique publique étaient les seuls dans lesquels pouvaitprendre p<strong>la</strong>ce un appui au <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>. Au-delà d’un recensement des dispositifs, notre travail avisé à repérer les facteurs d’émergence et les freins à <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce de cet appui.C - UN ECHANTILLON DE CONVENANCELe nombre d’institutions présentes en Ile-de-France rendait impossible un état des lieux exhaustif del’action de chacune concernant le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>. Nous avons donc restreint le nombre decollectivités étudiées suivant leur type et leur zone géographique, en sélectionnant en priorité lesterritoires les plus peuplés.Comme nous l’avons explicité dans <strong>la</strong> partie méthodologie de ce rapport, cette recherche s’est appuyéesur trois méthodes. Un recensement des interlocuteurs potentiels a été réalisé dans les collectivités lesplus importantes – le Conseil Régional, l’ensemble des Conseils Généraux, le chef-lieu de chaquedépartement et un EPCI par département (Saint Quentin en Yvelines, Melun Val de Seine, Evry CentreEssonne, Val de Seine, P<strong>la</strong>ine Commune, P<strong>la</strong>ine Centrale Val-de-Marne et Cergy-Pontoise).61Source : Ministère de l’écologie, de l’énergie, <strong>du</strong> développement <strong>du</strong>rable et de l’aménagement <strong>du</strong> territoire.<strong>Les</strong> <strong>réseaux</strong> d’acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> – Exemple de l’Ile-de-France 73
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