3 E PARTIE⎮ LES POUVOIRS PUBLICS ACTEURS DU COMMERCEEQUITABLE : LES COLLECTIVITES TERRITORIALESSYNTHESEPartant de l’hypothèse que les collectivités territoriales franciliennes mettent en œuvre des politiquespubliques de soutien au <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> au travers de leurs politiques de développement <strong>du</strong>rable, desolidarité internationale, d’achats et d’économie sociale et solidaire, nous avons cherché à vérifier, par unrepérage des dispositifs re<strong>la</strong>tifs au <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> sur un échantillon, l’existence d’une telle politiqueet son inscription dans les domaines de politiques publiques cités. Nous avons tenté de repérer lesconditions d’émergence des dispositifs et les freins au développement de <strong>la</strong> démarche d’appui au<strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>.En premier lieu, nous avons dressé le constat qu’il existe rarement une politique dédiée au <strong>commerce</strong><strong>équitable</strong>. La politique re<strong>la</strong>tive au <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> est généralement intégrée à d’autres domaines depolitique publique, de manière plus ou moins explicite et coordonnée. Second enseignement, lesdispositifs que nous avons pu identifier dans les collectivités étudiées peuvent dans de nombreux cas êtremis en œuvre par des services et dans le cadre de compétences différentes. Un même service peutmettre en œuvre plusieurs types de dispositifs, de sensibilisation, d’achat, d’appui au secteur au Nord, ouau Sud. Inversement, chaque type d’action n’est pas de <strong>la</strong> prérogative d’un service ou d’un domaine decompétence donnée. Peuvent alors coexister dans une collectivité territoriale plusieurs initiatives relevant<strong>du</strong> même type de dispositifs, portées par plusieurs services administratifs. Cette dispersion des actionspeut dépasser le seul cadre des domaines de politiques directement concernés par le <strong>commerce</strong><strong>équitable</strong>, avec des services aussi différents que <strong>la</strong> communication, ou <strong>la</strong> gestion des parcs, qui font leurs,au gré des occasions et des partenariats, les engagements <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>.D’autre part, l’émergence d’une action de <strong>la</strong> collectivité territoriale en faveur <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> n’estpas systématique <strong>pour</strong> chaque domaine de politique publique. Elle dépend d’une part de <strong>la</strong> représentationqui est portée par <strong>la</strong> collectivité et ses acteurs des domaines de politique publique pouvant intégrer le<strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>. Ainsi, <strong>pour</strong> le développement <strong>du</strong>rable ou <strong>la</strong> solidarité internationale, plusieursreprésentations coexistent, auxquelles le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> n’est pas toujours intégré. Ce<strong>la</strong> se tra<strong>du</strong>itdans les politiques par le fait que des dispositifs re<strong>la</strong>tifs au <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> ne sont pasnécessairement mis en p<strong>la</strong>ce. L’économie sociale et solidaire est à distinguer comme domaine englobantsystématiquement le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>. Mais les politiques publiques ne sont pas tout, et l’implicationplus ou moins importante des techniciens joue sur l’approfondissement de l’action en faveur <strong>du</strong> <strong>commerce</strong><strong>équitable</strong>, les techniciens ayant une marge de liberté dans <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce des politiques, et pouvantprendre l’initiative de l’action.Il semble donc que l’action des collectivités territoriales étudiées dans notre échantillon présente desfacettes très variées. Le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> est un domaine d’action publique encore flou, <strong>pour</strong> lequel iln’y a pas encore de répartition des compétences, entre les échelons de collectivités, et au sein descollectivités prises indivi<strong>du</strong>ellement. Cette dispersion des initiatives et des fonctions est un témoignageencourageant de l’implication générale des collectivités, au niveau politique comme administratif, enfaveur de cette innovation sociale. Le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> mériterait d’être situé dans une perspectivestratégique et on peut regretter un manque de coordination entre collectivités et surtout dans leurfonctionnement interne. Mais les seuls freins à l’émergence d’une politique publique territoriale de<strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> ne sont pas seulement le fait des collectivités territoriales. Le secteur a besoin des’organiser, de développer une offre appropriée et de respecter ses engagements de transparence <strong>pour</strong>susciter <strong>la</strong> confiance des collectivités territoriales, dans un souci d’adaptation mutuelle <strong>du</strong> <strong>commerce</strong><strong>équitable</strong> et des collectivités.<strong>Les</strong> <strong>réseaux</strong> d’acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> – Exemple de l’Ile-de-France 70
I. CARACTERISTIQUES 51Dans l’arène 52 <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, les collectivités territoriales occupent une position complexe. Ellessont des acteurs multiformes, tour à tour acheteur, bailleur de fond, promoteur, prescripteur, et ont <strong>la</strong>capacité, par leurs moyens d’action et de communication, de diffuser un message sur l’ensemble d’unterritoire. Leur nature d’institution publique locale les met ainsi au contact des différentes dimensions <strong>du</strong><strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>.Dans le cadre de l’état des lieux des <strong>réseaux</strong> d’acteurs réalisé en Région Ile-de-France, nous avons menéune étude des politiques de soutien au <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> des collectivités territoriales franciliennes. <strong>Les</strong>collectivités d’Ile-de-France ne se distinguent pas foncièrement des autres collectivités françaises, et nousavons pu construire ce travail sur <strong>la</strong> base des études et essais réalisés à l’échelle nationale sur <strong>la</strong>thématique. La vocation de cette recherche est ainsi d’approfondir les problématiques déjà soulevées, à <strong>la</strong>lumière de l’étude <strong>du</strong> cas de <strong>la</strong> région Ile-de-France.A - DES ACTEURS POLITIQUES AUX DIFFERENTS ECHELONS DU TERRITOIRELe système politique territorial français se caractérise par sa grande complexité. En premier lieu par lenombre de ses échelons : à <strong>la</strong> commune et au département, créés respectivement en 1789 et 1790, sesuperposent <strong>la</strong> région, devenue collectivité territoriale à part entière en 1982 et des structuresintercommunales variées. Envisagée de manière récurrente, <strong>la</strong> réforme de ce millefeuille institutionnelreste incomplète, tandis que les transferts successifs de compétences et <strong>la</strong> multiplication desintercommunalités, aux contours à géométrie variable, rendent sans cesse plus difficile l’articu<strong>la</strong>tion desdifférentes politiques territoriales.Au fil <strong>du</strong> processus de décentralisation, en accélération depuis 1982, les collectivités territoriales ont vuleurs compétences s’étendre. Mais en l’absence de rationalisation de <strong>la</strong> carte administrative, cettedélégation s’est accompagnée d’une complexification de l’action territoriale. Certaines compétences sonttronçonnées entre les niveaux de collectivités, tel que les transports, qui sont gérés par une collectivitédifférente suivant qu’ils soient ferroviaires, routiers urbains ou non urbains. Le partage se fait aussi avecl’Etat, comme <strong>pour</strong> <strong>la</strong> gestion des Lycées, où les personnels Techniques, Ouvrier et de Service sont <strong>du</strong>ressort de <strong>la</strong> région, tandis que le personnel enseignant reste sous <strong>la</strong> tutelle <strong>du</strong> ministère référent.Certaines compétences sont ouvertes, elles peuvent être investies concurremment par toute collectivitéterritoriale : ce sont le développement économique, <strong>la</strong> culture, les re<strong>la</strong>tions internationales, <strong>la</strong> propriété et<strong>la</strong> gestion d’infrastructures comme les canaux et les ports maritimes non autonomes. D’autres sontspécifiques à un niveau de collectivité. Par exemple, <strong>la</strong> région a une fonction d’impulsion et dep<strong>la</strong>nification sur son territoire, notamment en matière d’aménagement et de transports. Elle prend encharge <strong>la</strong> formation continue, l’apprentissage et <strong>la</strong> gestion des lycées. Elle est compétente sur certainsaspects de l’action sociale et médicale, sur l’environnement, l’habitat, le tourisme, <strong>la</strong> recherche, <strong>la</strong> gestiondes fonds structurels européens et l’équipement sanitaire. Le département est compétent en matièred’action sociale, de gestion des collèges, d’environnement, et d’aménagement <strong>pour</strong> ce qui est del’équipement rural, de <strong>la</strong> voirie et des transports non urbains. Enfin, <strong>la</strong> commune est compétente sur toutce qui concerne son territoire et n’est pas expressément de <strong>la</strong> compétence d’une autre collectivité. Ellepeut investir des domaines non attribués à une collectivité particulière par <strong>la</strong> légis<strong>la</strong>tion, et compléterl’action des autres collectivités sur son territoire. Elle dispose par ailleurs de compétences spécifiquesvariées qui relèvent de l’urbanisme, de l’action sociale, de l’enseignement (notamment les écolesmaternelles et primaires), de l’équipement, des transports et de l’habitat.<strong>Les</strong> Etablissements Publics de Coopération Intercommunale (EPCI) ne sont pas uniformes en ce quiconcerne leurs compétences. Celles-ci dépendent d’une part de <strong>la</strong> nature de l’EPCI : communautéurbaine, communauté d’agglomération, communauté de communes, syndicat de communes ou syndicatd’agglomération nouvelle. A chacune de ces catégories correspond un lot de compétences obligatoiresdifférentes. D’autre part, des compétences optionnelles leurs sont attachées, qui peuvent être choisiesparmi un ensemble variable d’un type d’EPCI à l’autre, et dépendent des choix réalisés par les communeslors de leur regroupement. Ainsi, <strong>la</strong> répartition des compétences entre communes et EPCI, autour deprincipes communs, peut se décliner en de multiples variantes qu’il ne faut appréhender qu’au cas par cas(Bonnard, 2005).51Dans <strong>la</strong> partie Méthodologie de l’intro<strong>du</strong>ction <strong>du</strong> rapport sont indiqués les critères de l’échantillonnage <strong>pour</strong> chaque type d’acteur rencontré.52Enten<strong>du</strong>e comme un système organisé d’institutions, de procé<strong>du</strong>res et d’acteurs dans lequel des forces sociales peuvent se faire entendre, utiliser leursressources <strong>pour</strong> obtenir des réponses (Neveu, 2000).<strong>Les</strong> <strong>réseaux</strong> d’acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> – Exemple de l’Ile-de-France 71
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La plupart de ces acteurs ont une a
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combiner plusieurs dimensions : zon
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