Les réseaux d'acteurs du commerce équitable - la Plate-Forme pour ...

SECTION B - LES ORGANISATIONS DE SOLIDARITE INTERNATIONALEET LE COMMERCE EQUITABLESYNTHESELes cinq organisations de solidarité internationale rencontrées sont actives dans le développement. Ellesse sont, chacune à leur manière, investies pour accompagner le commerce équitable. Dès son apparition,elles ont intégré le commerce équitable à leur objectif plus général de développement au Sud 47 . Elles ontparticipé à la structuration du secteur avec la Fédération Artisans du Monde puis à la création del’association Max Havelaar France et de la Plate-Forme pour le Commerce Equitable. Par leurs activitésde sensibilisation et de communication auprès du grand public au Nord, mais aussi d’appui à la créationde filières au Sud, elles ont joué un rôle de tremplin pour l’expansion des volumes de vente.Demandeuses d’alternatives au fonctionnement du commerce international, ces structures, dans le cadrede réseaux nationaux et internationaux, ont ainsi fortement appuyé l’émergence du concept, etmanifestent encore aujourd’hui de l’intérêt à son égard.Engagées dans le vaste champ de la solidarité internationale, elles ont une vision beaucoup plus large ducommerce équitable, et ne lui attribuent de fait qu’une faible part de leurs ressources. Pour lesorganisations de solidarité internationale rencontrées, le commerce équitable est un outil : au Sud, il estutile dans la mise en place de projets d’appui aux organisations de producteurs ; au Nord, il constitue unexcellent vecteur d’éducation au développement et une porte d’entrée pour conduire des missions deplaidoyer. Positionnées en amont et en aval de la filière de commerce équitable, les organisations desolidarité internationale y jouent un rôle double. Parce qu’il est proche de leurs missions, elles l’ontfortement appuyé, et s’en servent largement tant au Nord (outil de sensibilisation) qu’au Sud (outiltechnique).Certaines des organisations de solidarité internationale de notre échantillon adoptent un positionnementavant tout expert par rapport au commerce équitable. Leur activité principale est la gestion de projets dedéveloppement au Sud. Elles sont relativement centralisées et dotées de moyens assez importants. Elless’intéressent moins aux débats idéologiques qu’à l’utilisation du commerce équitable comme outil dedéveloppement au Sud efficace. Cela se traduit par le développement de filières de commerce équitableau Sud. Elles produisent des documents d’expertise sur l’impact de cet outil entre autres, avec leconcours de centres de recherche, qui sont destinés à appuyer les réflexions en cours des acteurs ducommerce équitable sur son devenir. Même si le commerce équitable ne représente qu’une faible partiede leur activité, elles continuent à s’engager dans le développement du secteur au Sud comme au Nord,notamment dans des instances nationales telles que la Commission Nationale du Commerce Equitable(CNCE).D’autres organisations de solidarité internationale se présentent davantage comme militantes.Principalement spécialisées dans l’éducation au développement au Nord, elles sont très souvent enrelation étroite avec les associations Artisans du Monde avec lesquelles elles développent de nombreusesactions communes de sensibilisation au commerce équitable à destination des écoles et du grand public.Elles ont souvent des moyens plus faibles mais sont très présentes au niveau local et peuvent comptersur un important réseau, qu’elles sont habituées à mobiliser. Ces organisations accordent beaucoupd’importance aux débats qui entourent la définition du commerce équitable. Très attachées aux valeursaltermondialistes que peut véhiculer le commerce équitable, elles observent avec plus ou moins deméfiance la dissolution du commerce équitable, qui risque de devenir un marché comme les autres. Ellesont donc une approche du commerce équitable plus intransigeante. Impliquées dans la naissance dumouvement, elles se désengagent des instances de décision de certaines organisations spécialisées encommerce équitable ces dernières années car elles considèrent le commerce équitable comme un sujetmoins prioritaire, étant mieux connu, mais aussi pour certaines car il est l’objet de critiques.Au côté de ces organisations actives dans le développement au Sud, les organisations humanitairesinterviennent pour leur part dans le commerce équitable uniquement par la vente de produits issus ducommerce équitable pour générer des fonds qui financeront leurs projets.47Soit les pays d’Amérique Latine, d’Afrique et d’Asie.Les réseaux d’acteurs du commerce équitable – Exemple de l’Ile-de-France 59