Ce positionnement se manifeste enfin dans les re<strong>la</strong>tions entretenues avec <strong>la</strong> société civile : collectifs del’économie sociale et solidaire (<strong>réseaux</strong> locaux et nationaux d’acteurs de l’économie sociale et solidaire etrecours aux finances solidaires), associations environnementales ou ONG. Quant aux re<strong>la</strong>tions aveccertains opérateurs commerciaux, elles sont également d’ordre affectif ou personnel (lien d’amitié,connaissance).<strong>Les</strong> objectifs commerciaux et éthiques sont donc entremêlés : par <strong>la</strong> recherche de cohérence entre desimpératifs commerciaux et un engagement militant. C’est une démarche progressive et tous essaient,dans leurs pratiques internes, d’atteindre cette cohérence (en s’interrogeant par exemple sur <strong>la</strong>problématique des transports et des coûts écologiques).3| Une approche de type « développement <strong>du</strong>rable » des concepts <strong>commerce</strong><strong>équitable</strong> et environnementCes trois structures sont les seules à faire référence à une approche <strong>du</strong>rable <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> :deux mentionnent le terme de développement <strong>du</strong>rable et le troisième y fait référence sans le mentionneren évoquant <strong>la</strong> quête d’équilibre dans le <strong>commerce</strong> international entre « des intérêts courts termescapitalistes » et des intérêts long termes.Tous intègrent le facteur temps et <strong>la</strong> <strong>du</strong>rabilité dans leur réflexion sur un autre système économique : <strong>la</strong>responsable de communication des magasins F parle de « consommation <strong>du</strong>rable qui doit s’inscrire dansle temps », tandis que le développement <strong>du</strong>rable fait partie de <strong>la</strong> communication de l’association.Partisans de cette approche « développement <strong>du</strong>rable », ils sont par conséquent plus à mêmes de faire lelien entre le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>/ l’environnement/ le social.Pour le président de l’association, le lien entre <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> et environnement est évident et le« développement <strong>du</strong>rable est sous-jacent au <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> » : «<strong>pour</strong> moi un vrai pro<strong>du</strong>it <strong>équitable</strong> ilfaut qu’il soit bio ».Pour <strong>la</strong> responsable communication <strong>du</strong> réseau F, dans le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, comme dans le bio, « il y aforcément une notion sociale ». Ce qui se tra<strong>du</strong>it, dans ces magasins, par une volonté de rendreaccessible le bio à tous les clients en proposant 74 pro<strong>du</strong>its de consommation courante à un prix« <strong>équitable</strong> » (« le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> doit être <strong>équitable</strong> […] <strong>pour</strong> le consommateur aussi »). C’est uneorientation également défen<strong>du</strong>e par l’autre réseau, attestant des liens entre promotion <strong>du</strong> bio etpréoccupation sociale.Pour le responsable <strong>du</strong> magasin B, garantir un pro<strong>du</strong>it à <strong>la</strong> fois bio et <strong>équitable</strong> est une garantiesupplémentaire contre les dérives opportunistes et permet de joindre les trois composantes <strong>du</strong>développement <strong>du</strong>rable : le social, l’économique et l’écologie :« - Vous pensez que le fait que ce soit certifié <strong>équitable</strong> ça rajoute une garantie contre ça [lesdérives opportunistes de <strong>la</strong> bio]?- C’est certainement pas <strong>la</strong> seule garantie mais là encore, ça veut dire que voilà, qu’on respecte lesnormes sociales, après il faudrait aller un petit plus loin sur une norme environnementale et là onaurait les trois mamelles quoi. »Finalement, comme le résument deux enquêtés, <strong>la</strong> solidarité s’exerce aussi, selon eux, à l’égard de <strong>la</strong>nature.Le caractère militant des opérateurs de cette seconde catégorie s’illustre également dans leur manière dedéfendre le bio et l’environnement. Comme l’indique le responsable <strong>du</strong> magasin B, l’approche <strong>du</strong> bio qu’ilsdéfendent est une approche «très filière, très globale, qui associe les pro<strong>du</strong>cteurs jusqu’auxconsommateurs ». Ceci se tra<strong>du</strong>ite par leur engagement en faveur des petits pro<strong>du</strong>cteurs locaux et <strong>pour</strong>le maintien d’une agriculture rurale.<strong>Les</strong> opérateurs de cette catégorie affichent leur volontarisme en matière de <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> enprivilégiant des re<strong>la</strong>tions directes avec les fournisseurs de pro<strong>du</strong>its <strong>équitable</strong>s. <strong>Les</strong> re<strong>la</strong>tions établies avecles structures spécialisées <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> vont au delà d’une re<strong>la</strong>tion commerciale : des liensaffectifs et personnels se sont ainsi noués entre ces structures et les magasins F ou <strong>la</strong> boutiqueassociative.Le militantisme des trois structures considérées en matière environnementale se manifeste par <strong>la</strong>promotion de <strong>la</strong>bels militants <strong>du</strong> bio (cas des magasins F qui privilégient Nature et Progrès et Demeter),les liens établis avec des associations écologistes ou de protection de l’agriculture paysanne et <strong>la</strong> ventede pro<strong>du</strong>its issus de cette agriculture. En outre, toutes tentent d’avoir des pratiques internesécologiquement responsables (distribution de sacs en coton bio, interrogation sur les dépenses d’énergie,démarche interne visant à contrôler les coûts environnementaux dans le réseau B, etc.).<strong>Les</strong> <strong>réseaux</strong> d’acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> – Exemple de l’Ile-de-France 52
Par ailleurs, toutes trois sont liées à des associations écologistes auxquelles elles ont recours <strong>pour</strong>sensibiliser leurs clients sur les problématiques environnementales : le responsable <strong>du</strong> magasin B re<strong>la</strong>ieainsi les pétitions <strong>du</strong> CRIIRAD et <strong>du</strong> réseau Ré-Agir, l’association mène des actions de sensibilisation àl’environnement avec l’appui d’associations écologistes locales et le réseau F peut reverser ses bénéficesaux associations Nature et progrès, Greenpeace et les Amis de <strong>la</strong> Terre.La défense de l’agriculture rurale et des pro<strong>du</strong>its bios locaux fait également partie de leur engagement :les magasins F se fournissent ainsi à hauteur de 70% auprès de petits pro<strong>du</strong>cteurs locaux, le responsableB soutient une pro<strong>du</strong>ctrice de Montreuil qui n’a pas encore <strong>la</strong> capacité d’intégrer les <strong>réseaux</strong> dedistribution bios en lui achetant ses pro<strong>du</strong>its, tandis qu’à <strong>la</strong> boutique associative un partenariat développéavec <strong>la</strong> Confédération Paysanne permet d’être approvisionné en viande et vin bios.Ces acteurs bios au positionnement militant sont intégrés dans plusieurs <strong>réseaux</strong> de type alternatifs(économie sociale et solidaire, écologie et <strong>commerce</strong> alternatif) mais également dans les <strong>réseaux</strong> biosauxquels prennent part les opérateurs « commerciaux » (magazines bios et grossistes bios sontcommuns, tous participent aux mêmes salons bios). <strong>Les</strong> bios « militants » confirment ainsi, par leurspratiques, leur volonté de construire un système économique alternatif dont le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> faitpartie intégrante.BIBLIOGRAPHIE DE LA SECTIONCHARLIER Sophie, HAYNES Isabelle, BACH Amandine, MAYET Alexis, YEPES Isabelle, MORMONT Marc, février 2006, Le<strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> face aux nouveaux défis commerciaux : évolution des dynamiques d’acteurs, Rapport final <strong>du</strong> P<strong>la</strong>n d’appui àune politique de développement <strong>du</strong>rable – PADD II, Université de Liège, Université Catholique de Louvain, Politique ScientifiqueFédérale, 142 p.ECHAUDEMAISON C<strong>la</strong>ude-Danièle, 1998, Le dictionnaire d’économie et de sciences sociales, Edition NathanCommerce <strong>équitable</strong>, l’empreinte bio, Hors Série n°45, Politis, Mai- Juin 2007<strong>Les</strong> défis <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, Hors Série n°3, Altermondes, Printemps 2007Recensement, entretiens et analyse réalisés en 2007 par:Jordan DEL CAMPO, Programme ESC, Master 1 - Euromed MarseilleMarie LEMAY, Master 1 Pro. « Etudes <strong>du</strong> développement » spécialité « Développement local :acteurs sociaux et dynamiques spatiales » – IEDES / Université de Paris 1 Panthéon-SorbonneEncadrement scientifique :Bernard SCHEOU, président de Tourisme et Développement Solidaires - Administrateur de <strong>la</strong> PFCEet maître de conférences à l'université de Perpignan Via DomitiaEncadrement technique :Emilie SARRAZIN-BITEYE, chargée <strong>du</strong> projet PICRI Commerce Equitable<strong>Les</strong> <strong>réseaux</strong> d’acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> – Exemple de l’Ile-de-France 53
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