Les réseaux d'acteurs du commerce équitable - la Plate-Forme pour ...

II. DEUX POSITIONNEMENTS 34L’analyse qualitative a permis d’élaborer une typologie des opérateurs bios en fonction de leur approchedu commerce équitable. Pour situer les structures rencontrées, trois critères ont été retenus :- la définition qu’ils donnent du commerce équitable,- le lien qu’ils établissent entre commerce équitable et commerce conventionnel dans le discours etla pratique,- le lien qu’ils établissent entre commerce équitable et environnement dans le discours et lapratique.Nous avons distingué deux catégories : les opérateurs bios diffusant les produits par positionnementpragmatique, et ceux qui le font par positionnement militant 35 .Le positionnement des opérateurs bios se caractérise, pour chacun de ces critères, par des concepts etdes pratiques communs. Notons que le troisième critère proposé est en fait transversal aux deux autresmais a été isolé afin de mieux distinguer ces structures : bien que toutes affichent une volonté depréservation de l’environnement (en tant qu’opérateurs bios), cela se traduit par des pratiques différentesen fonction de leur positionnement (par exemple, les structures au positionnement militant sont militantesaussi dans leur manière de défendre le bio et l’environnement).A - LE POSITIONNEMENT « PRAGMATIQUE »Cette catégorie regroupe deux réseaux de magasins dépendants du siège, un réseau de magasinsfranchisés ou en gérance et un transformateur. Ils envisagent le bio comme un mode de consommationalternatif compatible avec le système économique classique. Ces opérateurs distribuent des produitsissus du commerce équitable parce qu’ils y voient un secteur commercial en pleine expansion. C’est doncpour eux une « opportunité […] pour développer un nouveau marché » (responsable commerce équitablede l’entreprise de transformation G).1| Une définition économique a minima du commerce équitableLa définition que ces opérateurs proposent du commerce équitable ne prend en compte que la dimensionéconomique, à savoir le fait d’assurer aux producteurs du Sud 36 un revenu supérieur à celui dont ilsdisposeraient avec les prix du marché en circuit conventionnel.La plupart ont une approche Nord/Sud du commerce équitable. Si deux évoquent des critères éthiques 37 ,leur définition du commerce équitable n’intègre pas de dimensions sociales (droits des travailleurs, projetde développement). Il n’est souvent question que de la partie ‘revenus’:« […] quelque chose de plus éthique ! Dans…sur les deux parties : sur un rapport de temps detravail et de sommes payées, de salaires… ». (Responsable de magasin C)« Une allocation différente des ressources », « transférer une partie de l’argent aux paysd’origine ». Responsable commerce équitable dans l’entreprise de transformation. » (ResponsableCE dans l’entreprise de transformation G)« […] pour qu'eux puissent s'en sortir financièrement…", "[…] que ce ne soit pas toujours lesproducteurs qui soient mis à l'écart et qui reçoivent 5 % de l'argent...". (Responsable de magasinA).Enfin, les personnes interrogées, à l’exception du directeur du réseau de magasins D, ont peu deconnaissances des enjeux du commerce équitable. Cela se manifeste dans leur incompréhension desconcepts suggérés dans la partie Représentation de l’entretien (notamment concernant le commerceéquitable Nord/Nord et l’économie sociale et solidaire). Le responsable du magasin A ne savait pas qu'ilexistait de l'équitable non bio :"Je ne sais pas... l’équitable ce n’est pas forcément bio ? Pas obligatoirement ?"34Pour rappel de l’introduction du rapport général, la méthodologie choisie permet, à travers la création d’idéaux-types obtenus en accentuant certains traits de larecherche (« positionnements »), de construire une représentation de la réalité perçue via les entretiens menés. Cette construction permet de synthétiser leséléments de la recherche mais ne prétend en aucun cas reproduire la complexité du réel.35Attention, cette terminologie est à nuancer : le positionnement militant ne signifie pas qu’il n’y ait pas de militant dans les autres structures ou que celles-ci nesoient que militantes et pas commerciales, c’est avant tout une question de caractéristique dominante. Le militant considère le combat pour ses idées comme unélément indissociable de son activité économique.36Soit les pays d’Amérique Latine, d’Afrique et d’Asie.37La responsable de magasin C définirait le CE « […] comme quelque chose de plus éthique ! » et la responsable du magasin A précise que le travail des enfantsdoit être régulé dans les filières CE.Les réseaux d’acteurs du commerce équitable – Exemple de l’Ile-de-France 45