Les réseaux d'acteurs du commerce équitable - la Plate-Forme pour ...

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SECTION C - LES OPERATEURS BIOS ET LE COMMERCEEQUITABLESYNTHESETous les distributeurs bios rencontrés distribuent des produits à la fois bios et équitables et de ce faitparticipent à la diffusion du commerce équitable en Ile-de-France. Toutefois, deux groupes se distinguent.Pour les premiers que nous avons qualifiés de pragmatiques, cette activité est strictement commerciale,de même que leurs relations avec les autres acteurs du commerce équitable. Le commerce équitable estun segment de marché en pleine expansion. Ils ne se révèlent pas des militants du commerce équitable etn’en ont qu’une définition a minima, ayant souvent une méconnaissance des questions de débat. Leurapproche des univers commerce équitable et environnement reste également cloisonnée, le bio étant lemode de consommation alternatif qui peut exister dans le système économique conventionnel àprivilégier.Au contraire, le deuxième groupe identifié est militant à la fois dans son activité d’agriculture biologique etdans son activité de commerce équitable. Tout comme la consommation biologique, le commerceéquitable relève d’une démarche globale de construction d’un système économique alternatif. Cesopérateurs mènent des actions de communication en partenariat avec des opérateurs spécialisés ducommerce équitable et participent de manière active au développement et à la réflexion concernant lastructuration du commerce équitable.Enfin, le transformateur rencontré montre qu’il existe des petits industriels qui ne sont pas spécialisésdans le commerce équitable non par manque de conviction, mais plutôt par l’histoire de leur organisationdont la création est antérieure à l’apparition du mouvement du commerce équitable.I. CARACTERISTIQUES 27A - LE COMMERCE EQUITABLE ET L’AGRICULTURE BIOLOGIQUE, DES SECTEURS VOISINSDans la typologie des acteurs du commerce équitable proposée apparaît un groupe spécifique parmi lesopérateurs non spécialisés du commerce équitable, celui des opérateurs commerciaux de produits issusde l’Agriculture Biologique 28 . Hormis les grandes et moyennes surfaces et les boutiques spécialisées,l’étude des opérateurs spécialisés en commerce équitable montre que ce sont essentiellement lesréseaux de distribution bios par la vente de produits équitables et bios qui participent au développementdu commerce équitable.L’agriculture biologique est définie par l’Agence Bio (Agence française pour le développement et lapromotion de l'Agriculture Biologique) comme :« Un mode de production agricole spécifique, c’est-à-dire un ensemble de pratiques agricolesrespectueuses des équilibres écologiques et de l’autonomie des agriculteurs ». « Visant à lapréservation des sols, des ressources naturelles, de l’environnement et au maintien desagriculteurs, l’agriculture biologique est souvent considérée comme un ferment de l’agriculturedurable. Elle se distingue par son mode de production fondé notamment sur la non utilisation deproduits chimiques de synthèse, le recyclage des matières organiques, la rotation des cultures et lalutte biologique» (www.agencebio.org, 2007).Depuis 1981, l’agriculture biologique est officiellement reconnue par l’Etat : un cahier des charges a étéélaboré et permet aux opérateurs déclarés auprès des pouvoirs publics d’apposer le label AB, propriétéde l’Etat 29 . Mais il existe aussi d’autres marques privées telles que Nature et Progrès ou Demeter quiprônent un respect plus exigeant des principes de l’agriculture biologique (Nature et Progrès estime eneffet que « le seul respect de règles techniques n’empêche pas les dérives et les impasses du systèmeconventionnel (rentabilité, course au productivisme) » et privilégie donc une « agriculture biologique,27Dans la partie Méthodologie de l’introduction du rapport sont indiqués les critères de l’échantillonnage pour chaque type d’acteur rencontré.28Pour simplifier l’expression, nous les appellerons ici les « opérateurs bio ».29Un produit, lorsqu’il est transformé, doit être composé d’au moins 95% d’ingrédients bio pour porter le logo AB. Source : www.agencebio.org, 2007.Les réseaux d’acteurs du commerce équitable – Exemple de l’Ile-de-France 42
écologique, équitable et durable dans la biodiversité 30 »). Mode de production alternatif à l’agricultureintensive, le « bio » est également un mode de consommation alternatif. Une enquête de l'institut CSAréalisée fin 2005 pour l'Agence Bio atteste de cette préoccupation croissante des français pour unealimentation saine et respectueuse de l’environnement :« Près d'une personne sur deux (47 %) consomme des produits biologiques au moins une fois parmois » et « plus d'un sur deux (56 %) se sent proche des valeurs bios » (www.agencebio.org, 2007)Dans les systèmes de garantie commerce équitable existants, le critère environnemental est le plussouvent pris en compte, bien qu’à des degrés variables selon les organisations. Les cahiers des chargespubliés par FLO (Fair Trade Labelling Organisations) ou les critères de progrès à respecter au sein de laPFCE intègrent cette préoccupation environnementale (pour FLO « le commerce équitable encourage lesproducteurs à travailler pour obtenir une certification biologique (Charlier, Haynes, Bach, Yepez, Mormont,2006) », tandis que la PFCE a récemment revue sa Charte pour intégrer plus généralement des critèresconcernant la protection de l’environnement). Depuis plusieurs années, certains opérateurs de commerceéquitable s’intéressent particulièrement à la convergence des univers bio et équitable. L’introduction de labanane certifiée Max Havelaar au sein du réseau Biocoop en 2001 ou la création en 2002, del’Association Bio-Equitable en attestent. En outre, l’engouement pour le développement durable 31 depuisle Sommet de la Terre à Rio (1992) a sans doute contribué à rapprocher encore ces deux secteurs quisemblent « se fondre dans la même logique 32 ». Sur le marché des produits équitables on trouve ainsi desproduits certifiés à la fois bios et équitables. Biocoop compte aujourd’hui plus de 300 références deproduits portant les deux mentions (Politis, 2007) et 50 % des produits distribués par la FédérationArtisans du Monde portent le label AB (Altermondes, 2007).B - DES PRODUCTEURS AUX CONSOMMATEURS BIOS FRANCILIENS : DES OPERATEURS SURTOUTE LA FILIEREPlus de trois cent quatre-vingt structures impliquées dans l’agriculture biologique ont été recensées en Ilede-France.Plus de 40 % se situent à Paris. Entre trente et quarante structures existent dans chacun desautres départements, mis à part le Val d’Oise et la Seine-Saint-Denis où moins d’une vingtained’opérateurs bios sont présents.En termes d’activités, une trentaine d’agriculteurs biologiques sont présents en Ile-de-France, dans lapetite et la grande couronne. Ils sont réunis dans le Groupement des Agriculteurs Biologiques (GAB) Ilede-France.Presque cinquante structures exercent une activité d’importation-grossiste et/ou detransformation. Enfin, les consommateurs peuvent trouver des produits biologiques dans une vingtaine deboulangeries bios, plus d’une centaine de boutiques indépendantes, environ cent vingt boutiques enréseau ou franchise (des enseignes Biocoop, La Vie Claire, Naturalia et Les Nouveaux Robinsons), dansune quarantaine de restaurants et auprès de quelques vingt autres distributeurs (vente parcorrespondance et restauration hors domicile).Par l’association des deux labels sur les produits, les opérateurs de l’agriculture biologique, qu’ils soienttransformateurs ou distributeurs, participent donc à la diffusion des produits du commerce équitable enIle-de-France. Afin de déterminer comment accentuer cette participation et le rapprochement entrecommerce équitable et agriculture biologique, nous nous sommes posé les questions suivantes : lesreprésentations des opérateurs bios sur le commerce équitable sont-elles homogènes ? Le cas échéant,comment expliquer la diversité d’approches concernant la relation bio/commerce équitable ? Quelles ensont les conséquences sur le plan des pratiques et des relations tissées dans le champ du commerceéquitable, plus particulièrement en Ile-de-France ?30Source : www.natureetprogres.org, 2007.31La notion de développement durable a été proposée dans le Rapport Brundtland de 1987 pour la Commission Mondiale sur l’environnement et leDéveloppement et a été entérinée en 1992 par le sommet de Rio de Janeiro. Il s’agit de « répondre aux besoins des générations actuelles sans compromettre lapossibilité de répondre à ceux des générations futures » (Echaudemaison, 2007). La notion est aussi définie comme un développement prenant en compte àparts égales les dimensions économiques, sociales et environnementales.32Le commerce équitable et ses acteurs en 40 mots, Petit glossaire, Fiches repères sur le commerce équitable, source : http://www.commercequitable.org/biblio/,2007.Les réseaux d’acteurs du commerce équitable – Exemple de l’Ile-de-France 43
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