B - LE POSITIONNEMENT « ACTEUR COMMERCIAL »Le deuxième positionnement rassemble en grande majorité les PME rencontrées, c’est-à-dire de moinsde 250 sa<strong>la</strong>riés, <strong>réseaux</strong> de distribution, importateurs et fabricants in<strong>du</strong>striels, dans les filières boissons,fleurs et textile. Leur gérant est <strong>pour</strong> <strong>la</strong> grande majorité celui qui a fondé <strong>la</strong> structure.1| Des PME participant au développement d’un segment de marchéCes petites et moyennes entreprises ont été créées souvent il y a plus de 20 ans. La plupart ont débutéleur activité de <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> à partir de 2003 : cette activité est très récente par rapport à l’activitégénérale de l’entreprise. Elles sont toutes détentrices de <strong>la</strong> licence délivrée par Max Have<strong>la</strong>ar France.<strong>Les</strong> importateurs et fabricants in<strong>du</strong>striels rencontrés se fournissent en matière première <strong>équitable</strong> auprèsd’organisations de pro<strong>du</strong>cteurs certifiées par FLO et distribuent leurs pro<strong>du</strong>its dans les <strong>réseaux</strong> détail<strong>la</strong>ntsconventionnels, avant tout GMS et cafés hôtels restaurant. <strong>Les</strong> distributeurs se fournissent en pro<strong>du</strong>its<strong>équitable</strong>s auprès d’importateurs-fabricants de pro<strong>du</strong>its <strong>équitable</strong>s qui peuvent être spécialisés ou nonspécialisés dans cette activité.<strong>Les</strong> grossistes et les <strong>réseaux</strong> de distribution des filières boissons et fleurs, ainsi que le transporteur, ontune activité en <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> qui reste très faible : entre 1% et 5% <strong>du</strong> chiffre d’affaires. A l’opposé,les deux fabricants dans <strong>la</strong> filière textile ont développé une part importante de leur activité en <strong>commerce</strong><strong>équitable</strong> en peu d’années, puisqu’elle représente aujourd’hui plus de 10% de leur activité. Nous pouvonsexpliquer cette différence par le contexte de développement particulier de chacune de ces filières.Pour toutes ces entreprises conventionnelles, le développement de l’activité en <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>équivaut à un positionnement sur un segment de marché particulier qui s’est déjà construit,complémentaire ou non d’une sensibilité aux valeurs éthiques véhiculées par le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>.<strong>Les</strong> filières de boissons <strong>équitable</strong>s se sont construites depuis le début des années 2000 et denombreuses PME conventionnelles sont engagées depuis plus de cinq ans dans l’activité de <strong>commerce</strong><strong>équitable</strong>. Toutefois, les entreprises que nous avons rencontrées se sont engagées <strong>pour</strong> leur part plusrécemment. Elles ne font pas partie des pionnières <strong>du</strong> secteur et elles ont développé leur activité en<strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> car il existait déjà un marché sur lequel elles pouvaient se positionner.L’intérêt de ce positionnement peut se revendiquer entre autres <strong>pour</strong> une entreprise spécialiste d’unpro<strong>du</strong>it qui aura un avantage concurrentiel par rapport à des opérateurs spécialisés en <strong>commerce</strong><strong>équitable</strong> multi-pro<strong>du</strong>its. Ainsi, <strong>pour</strong> un transformateur de boissons, il s’agit d’investir le marché <strong>pour</strong>devenir <strong>la</strong> première marque spécialisée en jus de fruits <strong>équitable</strong>s, tandis que les autres acteurs <strong>du</strong>secteur, des opérateurs spécialisés de <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, n’ont pas d’avantage comparatif sur le jus defruit :« Donc on a dit, nous sommes <strong>la</strong> première marque spécialiste <strong>du</strong> marché <strong>du</strong> jus puisqueaujourd’hui les gens qui font <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> ; c’est <strong>la</strong> marque X (opérateur spécialisé), <strong>la</strong>marque Y (opérateur spécialisé), et Y, ils font <strong>du</strong> café, <strong>du</strong> sucre, ils sont généralistes si vous voulez.C’est leur business. » (importateur grossiste B3)Dans le cas de <strong>la</strong> filière textile-habillement, l’in<strong>du</strong>strie conventionnelle est confrontée à <strong>la</strong> disparitionprogressive de <strong>la</strong> filière en Europe. Dans ce contexte, <strong>la</strong> filière coton <strong>équitable</strong>, dans <strong>la</strong>quelle l’associationMax Have<strong>la</strong>ar France a proposé aux in<strong>du</strong>striels rencontrés de s’engager, représente une opportunité deredéploiement de l’activité :« L’apparition de <strong>la</strong> filière <strong>la</strong>bellisée Max Have<strong>la</strong>ar ça nous a fait une bouffée d’oxygène car çanous a permis de sécuriser nos approvisionnements en matière premières. » (importateur fabricantT4)Le développement de l’activité dans le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> est de ce fait conséquent et est alorsconsidéré comme légitime, puisqu’il permet aussi <strong>la</strong> sauvegarde d’entreprises en France, au-delà del’appui aux pro<strong>du</strong>cteurs de coton <strong>du</strong> Sud :« Donc après <strong>la</strong> démarche <strong>pour</strong> nous elle vient de là, c'est-à-dire bon voilà qu’est-ce qu’on peutfaire nous in<strong>du</strong>striel, on a besoin d’innover, sur <strong>la</strong> matière première ? Effectivement ça peut êtreintéressant de valoriser <strong>la</strong> matière première donc on y a été, on a des volumes considérables, ça sejustifie et c'est assez légitime comme engagement. » (importateur fabricant T4)Créée en 2005, <strong>la</strong> filière fleurs <strong>équitable</strong>s est plus récente. <strong>Les</strong> entreprises rencontrées de cette filièresont des pionnières de <strong>la</strong> démarche dans leur secteur. Cette activité reste aujourd’hui encore trèsmarginale.<strong>Les</strong> <strong>réseaux</strong> d’acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> – Exemple de l’Ile-de-France 36
« Après c’est un pari, nous on pense qu’à terme, le fait d’avoir une démarche qui va dans ce senslà autant qu’on le peut, sera un avantage concurrentiel, peut-être pas tout de suite mais dansquelques années. Donc c’est d’abord répondre à des attentes non exprimées de consommateurs,bon évidemment (…) tant qu’à faire autant travailler dans un souci éthique bien sûr. » (réseau defranchises F3)Le marché ne s’est en effet encore que très peu développé, faute de trouver une clientèle suffisante.2| Une intégration de l’activité par re<strong>la</strong>tions et par Max Have<strong>la</strong>ar FranceLe développement de cette activité fait suite <strong>pour</strong> <strong>la</strong> plupart à l’interpel<strong>la</strong>tion par un fournisseur spécialiséou par l’association Max Have<strong>la</strong>ar France qui cherchait à développer <strong>la</strong> filière en France. Ce peut être surincitation d’un partenaire commercial engagé auparavant dans le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> qui a amenél’entreprise à développer une activité de <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>.« Ça a démarré avec les jus de fruits, avec un partenaire dont je vous ai parlé qui a sorti uneréférence en <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>. » (distributeur RHD B2)« Et le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> comment ça a démarré chez vous ? Lorsque X [opérateur spécialisé]nous a démarchés. Le concept nous a plu.» (boutique indépendante F1)Pour une autre entreprise, c’est au contraire <strong>la</strong> demande exprimée directement par <strong>la</strong> clientèle qui l’aincitée à développer une activité de <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> :« Ça a commencé vraiment honnêtement de <strong>la</strong> part de nos clients, donc on s’est posé <strong>la</strong> question.Ils nous ont dit ‘ est-ce que vous avez <strong>du</strong> thé Max Have<strong>la</strong>ar ?’ On a dit ‘non’. (…) Ils avaient desclients <strong>du</strong> grand public qui leur avaient demandé.» (importateur fabricant B1)Toutes les PME rencontrées se sont engagées dans le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> avec l’association MaxHave<strong>la</strong>ar France. Ayant <strong>pour</strong> but de garantir au consommateur le caractère <strong>équitable</strong> de leurs pro<strong>du</strong>its,elles se sont appuyées sur <strong>la</strong> notoriété et l’image de ce logo perçues comme un gage de qualité par lesconsommateurs et les entreprises :« Max Have<strong>la</strong>ar est venu nous voir <strong>pour</strong> nous présenter sa filière, ils faisaient un peu plus qu’uneétude, ils cherchaient des clients <strong>pour</strong> leur coton <strong>équitable</strong>. » (importateur fabricant T4)« L’association est très sérieuse, ils travaillent bien. Ils ont quelqu’un qui s’occupe de <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tionavec les enseignes et avec plein d’associations. Maintenant ils sont bien rodés. » (importateurgrossiste B3)En tant que détenteurs de licence Max Have<strong>la</strong>ar, toutes ces PME bénéficient d’un accompagnementindivi<strong>du</strong>el par l’association <strong>pour</strong> identifier de nouveaux partenaires au Nord et développer de nouvellesfilières au Sud. Elles peuvent également participer aux Comités de détenteurs de licence et rencontresorganisées régulièrement par l’association.Il est important de souligner que finalement, ces PME n’ont que très peu de liens avec d’autres opérateursspécialisés en <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> en France en dehors des cadres que peut leur proposer l’associationMax Have<strong>la</strong>ar France.3| L’adoption de <strong>la</strong> représentation de l’association Max Have<strong>la</strong>ar FranceLa plupart de ces PME adoptent une représentation <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> très proche de celle del’association Max Have<strong>la</strong>ar France. Elles portent un discours sur le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> très général et neconnaissent pas très bien le concept ni <strong>la</strong> nature des débats existants concernant sa définition. Pourexemple de cette méconnaissance, l’importateur grossiste F2 affirme à tort que l’obtention d’un <strong>la</strong>bel estobligatoire <strong>pour</strong> pouvoir se proc<strong>la</strong>mer <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> – ce qui n’est <strong>pour</strong>tant pas le cas - :« Parce qu’on ne peut pas faire de l’<strong>équitable</strong> comme ça, il faut absolument qu’on soit <strong>la</strong>bellisé apriori. On ne peut pas se décider <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> comme ça, ça serait beaucoup plus simple,parce que sinon y aurait trop d’abus. »Une de ces personnes interrogées fait même l’amalgame entre le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> et l’agriculturebiologique :« Il y a une re<strong>la</strong>tion entre le bio et l’<strong>équitable</strong> dans <strong>la</strong> mesure où les cahiers des charges sontidentiques. » (distributeur RHD B2)Finalement, <strong>pour</strong> toutes ces PME, le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> consiste en un acte solidaire <strong>pour</strong> leconsommateur comme <strong>pour</strong> l’entrepreneur.<strong>Les</strong> <strong>réseaux</strong> d’acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> – Exemple de l’Ile-de-France 37
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