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Les réseaux d'acteurs du commerce équitable - la Plate-Forme pour ...

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INTRODUCTIONI. PROBLEMATIQUEDepuis plusieurs années, le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> fait l’objet d’un vif intérêt en France de <strong>la</strong> part descitoyens, de <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse politique, de <strong>la</strong> société civile et des médias. La notoriété <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> necesse d'augmenter dans le grand public: elle a progressé de 9% en 2000 à 82% en 2008 (François,Lagandré, Stoll, 2008).Prenant appui sur <strong>la</strong> déc<strong>la</strong>ration universelle des droits de l’Homme de 1948, le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> vise àétablir des re<strong>la</strong>tions commerciales internationales plus justes.« Quiconque travaille a droit à une rémunération <strong>équitable</strong> et satisfaisante lui assurant, ainsi qu’à safamille, une existence conforme à <strong>la</strong> dignité humaine »Selon FINE qui regroupe les principaux <strong>réseaux</strong> de <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> à l’échelle internationale 1 ,« Le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> est un partenariat commercial, fondé sur le dialogue, <strong>la</strong> transparence et lerespect, dont l'objectif est de parvenir à une plus grande équité dans le <strong>commerce</strong> mondial. Ilcontribue au développement <strong>du</strong>rable en offrant de meilleures conditions commerciales et engarantissant les droits des pro<strong>du</strong>cteurs et des travailleurs marginalisés, tout particulièrement auSud 2 de <strong>la</strong> p<strong>la</strong>nète. <strong>Les</strong> Organisations <strong>du</strong> Commerce Équitable (soutenues par les consommateurs)s'engagent activement à soutenir les pro<strong>du</strong>cteurs, à sensibiliser l'opinion et à mener campagne enfaveur de changements dans les règles et pratiques <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> international conventionnel»(FINE, 2001).En proposant des formes d’échanges basées sur <strong>la</strong> coopération et le partenariat, le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>souhaite s’inscrire en rupture avec les pratiques commerciales actuelles essentiellement fondées sur lerapport de force. Il se propose comme un nouveau modèle économique qui, comme les autres formesd’échanges inscrites dans le champ de l’économie solidaire, se situe entre <strong>la</strong> sphère marchande et nonmarchande et constitue ainsi un <strong>la</strong>boratoire d’idées appe<strong>la</strong>nt à des pratiques innovantes sur le lien entre<strong>commerce</strong>, solidarité, réciprocité et développement. Selon Huybrechts (2007), le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> estainsi :« Un concept multidimensionnel, portant à <strong>la</strong> fois sur une pratique commerciale, sur un projet dedéveloppement et sur une ambition de changer les règles <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> mondial. »Depuis son apparition en France dans les années 1970, le mouvement <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> s’eststructuré via <strong>la</strong> formalisation de plusieurs <strong>réseaux</strong> nationaux (Diaz Pedregal, 2007; Bécheur, Toulouse,2008).Créée en 1981, <strong>la</strong> Fédération Artisans <strong>du</strong> Monde a regroupé les premières associations se donnant <strong>pour</strong>triple mission <strong>la</strong> sensibilisation, le p<strong>la</strong>idoyer et <strong>la</strong> distribution de pro<strong>du</strong>its issus <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>. Ellerassemble aujourd’hui plus de 140 associations. Pour sa part, l’association Max Have<strong>la</strong>ar France a étécréée en 1992. Elle a rejoint le réseau international FLO 3 à <strong>la</strong> fin des années 1990, et s’est dotée d’unréseau d’associations locales <strong>pour</strong> faire <strong>la</strong> promotion de son <strong>la</strong>bel en France. Ces deux organisations sesont réunies avec des importateurs et des organisations de solidarité internationale <strong>pour</strong> former <strong>la</strong> P<strong>la</strong>te-<strong>Forme</strong> <strong>pour</strong> le Commerce Équitable (PFCE) en 1999 afin de travailler ensemble à une meilleure visibilité<strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> et à sa reconnaissance par les pouvoirs publics. De nombreuses autres structuresles ont rejoint dans les années 2000, comme par exemple le réseau de franchises Alter Mundi issu <strong>du</strong>groupe SOS. Pour ce collectif, et tel que défini dans sa Charte, le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> s'appliqueexclusivement aux échanges Nord-Sud, et l'implication des grandes entreprises, en particulier de <strong>la</strong>grande distribution, est un moyen incontournable de développer le secteur.Issu <strong>du</strong> mouvement de l’économie solidaire des années 1990, le collectif Minga a été créé au début desannées 2000 et rassemble aujourd’hui une centaine de membres, principalement importateurs etdétail<strong>la</strong>nts. Il a défen<strong>du</strong> pendant plusieurs années une application des principes <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> à1Le réseau FINE est une structure informelle qui regroupe fin 2008 les 4 fédérations internationales de <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> : FLO (Fairtrade LabellingOrganisations International- gestionnaire <strong>du</strong> système de certification international), IFAT (International Federation for Alternative Trade - fédération internationaledes organisations de <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>), NEWS (Network of European World Shops - fédération européenne des boutiques spécialisées) et EFTA (EuropeanFair Trade Association).2Soit les pays d’Amérique Latine, d’Afrique et d’Asie.3L’organisation FLO-Fair Trade Labelling Organisation est constituée de 22 initiatives nationales de <strong>la</strong>bellisation (dont l’association Max Have<strong>la</strong>ar France)regroupées <strong>pour</strong> harmoniser et développer leurs standards.<strong>Les</strong> <strong>réseaux</strong> d’acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> – Exemple de l’Ile-de-France 6


toute échelle d'échange et rejeté toute possibilité de col<strong>la</strong>boration avec <strong>la</strong> grande distribution, jusqu'àadopter finalement fin 2008 un nouveau positionnement : <strong>la</strong> promotion d'une « économie » <strong>équitable</strong>.D’autre part, depuis le début des années 2000, de nombreuses initiatives sont apparues se revendiquant<strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> tout en ne rejoignant pas forcément les <strong>réseaux</strong> historiques, que ce soit desassociations, des entreprises ou des coopératives dans le secteur de l’importation, de <strong>la</strong> distribution, de <strong>la</strong><strong>la</strong>bellisation ou de <strong>la</strong> promotion des pro<strong>du</strong>its <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> (Huybrechts, 2007). Dans le mêmetemps, de plus en plus de grandes entreprises ont proposé ou distribué des pro<strong>du</strong>its <strong>la</strong>bellisés en<strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>.Dans ce contexte complexe, de nombreuses études tentent de construire une typologie des acteurs <strong>du</strong><strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> (Tarière, Palma Torres, 2001 ; Secrétariat d’Etat à l’Economie Solidaire, 2001 ;Bucolo, Eme, Fraisse, Gardin, Gounouf, 2003 ; CCFD, 2005 ; Herth, 2005 ; De Sousa Santos, Ma<strong>la</strong>ndain,Rouby, Schéou, 2006). Selon les sources, les termes d’acteur de <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, d’organisation de<strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> désignent ainsi une partie ou l'ensemble des structures qui se sont impliquées dansle développement <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> en France depuis son origine.Dans cette recherche, nous qualifions d’acteur de <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> toute structure marchande, de <strong>la</strong>société civile ou des pouvoirs publics qui participe directement ou indirectement à <strong>la</strong> construction et à <strong>la</strong>diffusion <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, sous quelque forme que ce soit (économique, politique, etc.). On peutdistinguer parmi ces acteurs deux catégories selon leur implication dans le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> : certainssont spécialisés dans le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, les autres sont qualifiés de non spécialisés, ou « mixtes ».Certif./ <strong>la</strong>bellisateur CECertificateur/ <strong>la</strong>bellisateurCoopérativepro<strong>du</strong>cteursImp-gross CEPorteurs de projetStructure appuiporteur de projetImp-détail<strong>la</strong>nt CETransformateurImp-grossisteImp-détail<strong>la</strong>ntBoutique CERHD CEVPC CEBoutiqueVPCGMSRHDCHRComité EntrepBureau d’étudeLaboratoire / centrede rechercheAssociation desensibilisation CEEcole etuniversitésConsommateursMédiasDocumentationAssociationconsommateursAssociationpromotion ABSyndicatOrganisationprofessionnelleParti politiqueOSIFinanceur privéOrganisationconsu<strong>la</strong>ireCollectivitésterritorialesService de l’EtatReprésentationorg. internat.LégendeActeur marchand spécialisé CEActeur marchand non spéc. CEFlux de pro<strong>du</strong>its <strong>équitable</strong>sCertification/ GarantieSociété civile: Re<strong>la</strong>is opinionPouvoirs publics : Appui pol/finAutres : Appui autreFig. 1 : Typologie des acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> proposée dans le cadre <strong>du</strong> PICRI <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong><strong>Les</strong> acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> spécialisés, dénommés généralement dans <strong>la</strong> littératureOrganisations de Commerce Equitable (OCE), regroupent non seulement les importateurs et distributeursdont l’activité se revendique quasi-exclusivement dédiée à des pro<strong>du</strong>its de <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> maisaussi les organismes de certification (<strong>la</strong>bellisateurs) exclusifs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> et les associationsde représentation et de promotion <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>. Ils peuvent être membres de <strong>réseaux</strong> de<strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> au niveau national (PFCE, MINGA), européen (NEWS) ou international (FLO, IFAT).<strong>Les</strong> <strong>réseaux</strong> d’acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> – Exemple de l’Ile-de-France 7


La plupart de ces acteurs ont une activité principalement marchande, hormis les associations desensibilisation-promotion et de représentation <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>.<strong>Les</strong> acteurs de <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> non spécialisés réunissent des structures marchandes, de <strong>la</strong>société civile et des pouvoirs publics. <strong>Les</strong> organisations dont l’activité principale est marchande ontseulement une partie de leurs activités qui concerne des pro<strong>du</strong>its de <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> : importateurs,distributeurs (parmi lesquels les grandes et moyennes surfaces), organismes de certification,transformateurs, grossistes, etc. Parmi ceux-ci, on peut distinguer les acteurs de l’économie sociale etsolidaire (opérateurs de pro<strong>du</strong>its biologiques, de l’insertion, etc.) et les entreprises des circuitsconventionnels. <strong>Les</strong> acteurs de <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> qui relèvent de <strong>la</strong> société civile (par exemple desorganisations de solidarité internationale et des associations de consommateurs) ou des pouvoirspublics (par exemple des collectivités territoriales) développent des activités de promotion,sensibilisation, soutien ou p<strong>la</strong>idoyer concernant le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>. Ceux deux derniers types d’acteurde <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> sont ainsi non spécialisés et non marchands.Dans le but de refléter <strong>la</strong> diversité actuelle des acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, nous proposerons doncune nouvelle typologie qui repose sur l’activité principale concernant le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> et le niveaude spécialisation comme critères principaux (fig. 1).Par sa définition très <strong>la</strong>rge, le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> se trouve aujourd’hui à <strong>la</strong> croisée de quatre conceptset par là même de quatre mouvements : <strong>la</strong> solidarité internationale (SI), l’économie sociale et solidaire(ESS), l’environnement et le développement <strong>du</strong>rable (DD) et <strong>la</strong> responsabilité sociétale des entreprises(RSE). Le contenu <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, loin d’être figé, est l’objet d’échanges, de négociations et decontroverses entre les différents acteurs <strong>pour</strong> en définir les règles acceptables, comme le démontrentl’âpreté des débats autour de <strong>la</strong> définition d’une norme commune qui ont eu lieu entre 2003 et 2006 sousl’égide de l’Agence Française de Normalisation (AFNOR) (Beji-Bécheur, Diaz Pedregal, Ozcag<strong>la</strong>r-Toulouse, 2008 ; Diaz Pedregal, 2007).En partant <strong>du</strong> constat que le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> est une innovation sociale, nous supposons que lesdébats qui traversent le mouvement reposent sur <strong>la</strong> mobilisation de représentations différentes <strong>du</strong><strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> portées par différents acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>. En effet, une innovationsociale telle que le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> entraîne inévitablement <strong>la</strong> pro<strong>du</strong>ction de représentations sociales,au sens d’un ensemble de connaissances, valeurs et attitudes ayant <strong>pour</strong> fonction d'intégrer <strong>la</strong> nouveauté,d'interpréter <strong>la</strong> réalité et d’orienter les con<strong>du</strong>ites et les rapports sociaux (Jodelet, 1991). Pour approfondircette première hypothèse, nous proposons donc d’analyser <strong>la</strong> diversité des représentationssociales <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> qui existent parmi les acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>.Par conséquent, afin de n’en rejeter aucune a priori, nous ne retiendrons pas une définitionparticulière <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> mais considèrerons comme impliquée dans le mouvement <strong>du</strong><strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> toute structure qui s’en revendique, quelle que soit <strong>la</strong> définition qu’elle s’en donne.Le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> est avant tout un secteur, issu et constitué de différents <strong>réseaux</strong>. Un réseau 4réunit des acteurs par nature différents qui décident de mener ensemble des actions communes. Il estplus ou moins structuré, plus ou moins formel afin de permettre aux membres de préserver leur identitépropre, leur mode d’action spécifique. Ainsi, au-delà des <strong>réseaux</strong> formalisés comme <strong>la</strong> P<strong>la</strong>te-<strong>Forme</strong> <strong>pour</strong>le Commerce Equitable ou Minga, <strong>la</strong> totalité des re<strong>la</strong>tions des acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> constituentdes <strong>réseaux</strong>.La configuration des <strong>réseaux</strong> formels et informels et <strong>la</strong> complexité des re<strong>la</strong>tions nouées entre lesstructures d’un même secteur joue un rôle non négligeable dans <strong>la</strong> construction d'un concept et <strong>la</strong>diffusion de ses différentes représentations. Concernant le secteur <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, noussupposons ainsi que des <strong>réseaux</strong> formels ou informels, portent chaque représentation sociale-typeexistant et jouent un rôle dans l'existence et <strong>la</strong> persistance des débats. Pour comprendre <strong>la</strong> diffusion deces représentations sociales, nous proposons d’étudier les re<strong>la</strong>tions et les cadres d’échanges etde col<strong>la</strong>boration qui existent entre les acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>.Ainsi, <strong>pour</strong> mieux appréhender les évolutions actuelles <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> en France, noussouhaitons identifier le système de représentations des organisations, leur rôle dans <strong>la</strong> diffusion desdifférentes représentations, leur appartenance à des groupes stratégiques d'organisations, et les leviersstratégiques favorisant le partenariat/alliance ou mise en réseau de ces organisations.Notre objectif est de rendre compte de <strong>la</strong> diversité des acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> tout enprenant en compte le fait que chaque type d’acteur a un rôle caractéristique dans ledéveloppement <strong>du</strong> concept. C’est <strong>pour</strong>quoi nous avons choisi d’étudier les représentations sociales et4Au sens <strong>la</strong>rge, <strong>la</strong> notion de réseau désigne « l’é<strong>la</strong>boration collective, volontaire mais entourée d’incertitude, concertée mais négociée » (Achelhi, Truchot,Aousat, Boly, 2006) des savoir-faire pertinents et économiquement légitimes.<strong>Les</strong> <strong>réseaux</strong> d’acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> – Exemple de l’Ile-de-France 8


les re<strong>la</strong>tions des acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> que nous avons définis comme principaux de par leurforte implication dans <strong>la</strong> construction <strong>du</strong> mouvement, leur lien avec les mouvements voisins et leurprésence importante au niveau local :1- <strong>Les</strong> acteurs de <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> marchands : spécialisés et non spécialisés (opérateursbios et entreprises conventionnelles),2- <strong>Les</strong> principaux acteurs non spécialisés issus de <strong>la</strong> société civile : les associations deconsommateurs et les organisations de solidarité internationale,3- <strong>Les</strong> principaux acteurs non spécialisés relevant des pouvoirs publics à échelle d’actionlocale : les collectivités territoriales.Ce rapport présente donc les résultats de l’analyse <strong>pour</strong> chaque type d’acteur étudié, puis seconclut par une analyse transversale s’appuyant sur l’ensemble des résultats obtenus.Dans une perspective de recherche-action, cette meilleure connaissance de <strong>la</strong> diversité desreprésentations sociales <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> existantes et des <strong>réseaux</strong> qui les véhiculent nouspermettra d’une part d’identifier des leviers stratégiques aidant à <strong>la</strong> structuration des acteurs <strong>du</strong><strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, et d’autre part de construire des propositions en vue de l’amélioration des politiquespubliques en faveur <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>.II. L’ILE-DE-FRANCE, TERRAIN DE LA RECHERCHEDans le cadre <strong>du</strong> projet PICRI Commerce Équitable, nous délimitons notre recherche-action à <strong>la</strong> RégionIle-de-France, soit à l’ensemble des acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> dont le siège social ou un desétablissements est situé sur le territoire francilien.La région Ile-de-France est à <strong>la</strong> fois capitale politique et économique de <strong>la</strong> France 5 . C’est aussi <strong>la</strong> région<strong>la</strong> plus peuplée et <strong>la</strong> plus dense parmi les vingt-deux régions de France métropolitaine. Avec 11,6 millionsd’habitants au 1 er janvier 2007, elle se p<strong>la</strong>ce loin devant les régions Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côted’Azur et regroupe 20 % de <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion de <strong>la</strong> France métropolitaine. En revanche, elle est avec le Nord -Pas-de-Ca<strong>la</strong>is et <strong>la</strong> Haute-Normandie l’une des plus petites en surface. En conséquence, <strong>la</strong> densité depopu<strong>la</strong>tion, de 957 habitants au km 2 , y est près de 10 fois plus élevée que <strong>la</strong> moyenne nationale.Le découpage actuel de <strong>la</strong> région Ile-de-France comporte huit départements. Trois d’entre eux, les Hautsde-Seine(92), <strong>la</strong> Seine-Saint-Denis (93) et le Val-de-Marne (94) forment <strong>la</strong> « petite couronne » etaccueillent, au 1er janvier 2006, 4,3 millions d’habitants. <strong>Les</strong> quatre départements périphériquescomposent <strong>la</strong> « grande couronne » : les Yvelines (78), l’Essonne (91), <strong>la</strong> Seine-et-Marne (77) et le Vald’Oise(95) regroupent 5 millions d’habitants. Chaque département francilien compte plus d’un milliond’habitants. Le Val d’Oise est le département le moins peuplé et regroupe seulement 10% de <strong>la</strong>popu<strong>la</strong>tion francilienne. Paris possède à <strong>la</strong> fois le statut de commune et de département. La ville de Parisest divisée en vingt arrondissements municipaux. C’est le département le plus peuplé et le plus dense de<strong>la</strong> France. Il comptait début 2006, près de 2,2 millions d’habitants sur une superficie de 105 Km², soit prèsd’un francilien sur cinq.L’Ile-de-France apparaît comme une région urbaine dense. <strong>Les</strong> villes les plus peuplées sontessentiellement situées en petite couronne. Au 1er juillet 2005, trois communes franciliennes dépassentles 100 000 habitants : Boulogne-Bil<strong>la</strong>ncourt dans les Hauts-de-Seine, Argenteuil dans le Val d’Oise etMontreuil en Seine-Saint-Denis.L’Ile-de-France contribue <strong>pour</strong> plus de 28 % au pro<strong>du</strong>it intérieur brut métropolitain en 2003 et rassemble22 % des emplois. En 2005, le PIB par habitant francilien, exprimé en standard de pouvoir d’achat, estsupérieur de 75 % à <strong>la</strong> moyenne des régions européennes. En Ile-de-France, le revenu disponible parhabitant est nettement supérieur à celui des autres régions mais il existe de fortes inégalités territoriales.<strong>Les</strong> revenus fiscaux sont nettement plus élevés à l’ouest et plus dispersés au centre de <strong>la</strong> région, et lesdisparités de revenus sont d’autant plus marquées qu’on se rapproche <strong>du</strong> cœur de l’agglomérationparisienne. Par ailleurs, les allocataires <strong>du</strong> RMI sont de plus en plus nombreux.Plus de 760 000 établissements et sièges sociaux sont localisés en Ile-de-France, soit 23 % <strong>du</strong> total de <strong>la</strong>France métropolitaine. La particu<strong>la</strong>rité de l’Ile-de-France est qu’elle regroupe aussi bien des organisationsd’envergure locale, régionale que nationale. La région offre environ 5,3 millions d’emplois, sa<strong>la</strong>riés <strong>pour</strong>90 % d’entre eux. <strong>Les</strong> services marchands, sont surreprésentés dans <strong>la</strong> région, notamment les activitésmarchandes de conseil et assistance, les activités financières et immobilières, ainsi que celles de5 Source des données de cette partie : Le Duy, Renaud (2008), INSEE Ile-de-France (2008) et www.insee.fr, 2008.<strong>Les</strong> <strong>réseaux</strong> d’acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> – Exemple de l’Ile-de-France 9


La première partie visait à recueillir des données factuelles sur les pratiques de l'acteur concernant le<strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>. La deuxième partie a permis d’identifier les principales re<strong>la</strong>tions re<strong>la</strong>tives auxactivités de <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> de <strong>la</strong> structure, que ce soit avec les partenaires commerciaux, ceux de <strong>la</strong>société civile et des pouvoirs publics. Toutefois, il n’a pas été possible de qualifier <strong>la</strong> nature de cesre<strong>la</strong>tions (<strong>du</strong>rée, origine, fréquence, etc.) dans le temps imparti. La troisième partie a permis une analysequalitative de <strong>la</strong> manière dont les répondants se représentent le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>. La quatrième partieavait <strong>pour</strong> objectif de recueillir des propositions d’actions-pilotes mais n’a pas pu toujours être abordée,faute de temps.Dix-sept doctorants et étudiants de Master 10 ont participé à l’étude entre 2007 et 2008. L’étude de chaquetype d’acteur a été prise en charge par un enquêteur ou un groupe d’enquêteurs qui a ensuite réalisél’analyse des données obtenues, encadrée par les membres <strong>du</strong> Comité de Pilotage <strong>du</strong> PICRI CommerceEquitable. La coordination générale de l’étude a été faite par <strong>la</strong> chargée de projet.C - LES CRITERES DE L’ECHANTILLONNAGENous avons construit les critères <strong>du</strong> choix de l’échantillon rencontré sur <strong>la</strong> base des caractéristiquespropres à chaque type d’acteur. Notre étude étant de nature qualitative, nous n’avons pas cherché dereprésentativité statistique à notre échantillon, mais à révéler <strong>la</strong> diversité des acteurs étudiés.1| Pour les opérateurs spécialisés : les <strong>réseaux</strong> historiquesLa particu<strong>la</strong>rité de l’Ile-de-France est d’accueillir à <strong>la</strong> fois des structures à action locale et de nombreuxsièges de structures nationales opératrices spécialisées <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>. Ces dernières ont étéinclues dans le recensement, mais ne sont pas celles que nous avons souhaité rencontrer prioritairement<strong>pour</strong> l’étude. En effet, <strong>la</strong> plupart des travaux existant sur le secteur traitent des têtes de <strong>réseaux</strong> mais trèspeu de <strong>la</strong> diversité des adhérents de ces <strong>réseaux</strong> et de <strong>la</strong> nature des structures indépendantes. Notrecible principale a donc été constituée des opérateurs spécialisés en <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> ayant une actionet un impact local en Ile-de-France.Dans une première phase d’entretiens, nous avons défini un échantillon dans le but de représenter<strong>équitable</strong>ment les différents <strong>réseaux</strong> de <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> qui, nous le supposons, sont susceptibles deporter une représentation <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> propre : le réseau PFCE et ses <strong>réseaux</strong> membresFédération Artisans <strong>du</strong> Monde et Max Have<strong>la</strong>ar France, le réseau MINGA, et le groupe des structuresindépendantes. Pour chacune de ces cinq familles, nous avons rencontré deux à trois responsablesd’organisations différentes.Ces premiers entretiens avaient également <strong>pour</strong> objectif d’améliorer le guide d’entretien mis en p<strong>la</strong>ce etcertains de ces premiers entretiens n’ont pas été enregistrés. Nous avons complété cette première vagued’entretiens d’une seconde phase <strong>pour</strong> diversifier davantage notre échantillon.Au cours de <strong>la</strong> phase d’entretiens qui s’est déroulée de juin à octobre 2007, ont ainsi été rencontrés vingtet-unresponsables opérateurs spécialisés en <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>.2| Pour les entreprises conventionnelles : <strong>la</strong> taille et les filièresDeux séries d’entretiens semi-directifs ont été menées auprès de vingt-deux entreprises conventionnelles.<strong>Les</strong> premiers quatre entretiens semi-directifs ont été réalisés auprès de responsables de grandesentreprises entre novembre et décembre 2007 et ont cherché avant tout à mieux comprendre leurstratégie vis-à-vis <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>.Seize entretiens indivi<strong>du</strong>els semi-directifs auprès de responsables de petites et moyennes entreprises, etd’une grande entreprise ont été réalisés entre février et mars 2008. Le recrutement de <strong>la</strong> deuxième phased’entretiens a été mené en respectant une logique « filière » afin de mieux comprendre lesreprésentations à différents niveaux des filières fleurs, cosmétiques, textiles et boissons.10 Hélène WANNEHAIN, Master 2 « Ethique et Développement Durable » - Université Jean Moulin Lyon 3 ; Fitzgerald BERTHON, Master 2 Pro « Etudes <strong>du</strong>développement » spécialité « Développement local : acteurs sociaux et dynamiques spatiales » – IEDES - Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne ; LuciePENDELIEVRE, Master 1 Pro « Etudes <strong>du</strong> développement » spécialité « Développement social : travail, formation, santé », IEDES - Université de Paris 1Panthéon-Sorbonne ; Jordan DEL CAMPO, programme ESC, Master 1 - Euromed Marseille; Victor PABST, Master 2 – IESEG School of Management Lille;Alexis QUETANT, Master 2 – IESEG School of Management Lille; Sylvie DUBAUD, Master 2 Recherche « Sociologie des sociétés contemporaines » – UniversitéParis 5 René Descartes ; Marie LEMAY, Master 1 Pro « Etudes <strong>du</strong> développement » spécialité « Développement local : acteurs sociaux et dynamiquesspatiales » – IEDES / Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne ; Hanitra Pusse RANDRIANASOLO, doctorante au Centre d’Economie et d’Ethique <strong>pour</strong>l’Environnement et le Développement, UMR n°063 (UVSQ-IRD) - C3ED – Université de Versailles – Saint-Quentin-en-Yvelines ; Marta FRATICELLI, SophieZUBER, Esa LANN, Alessandro LANZETTA, Lydéric MOTTE, Sophie WOEHLING, Master 2 Pro « Etudes <strong>du</strong> développement » spécialité « Développementagricole et politiques économiques » - IEDES - Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne ; Camylle PERNELLE, Master « Action internationale des collectivitésterritoriales » - IRIS Institut des Re<strong>la</strong>tions Internationales et Stratégiques ; Alexandre RAFIN, Master Management – EDHEC.<strong>Les</strong> <strong>réseaux</strong> d’acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> – Exemple de l’Ile-de-France 12


Enfin, certaines associations de <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> (dont Max Have<strong>la</strong>ar France et Bio Equitable) ont étécontactées <strong>pour</strong> bénéficier d’informations complémentaires au sujet de leur re<strong>la</strong>tion avec les entreprisesconventionnelles.3| Pour les opérateurs bios : les différents types de détail<strong>la</strong>ntsDans le temps imparti à l’étude des opérateurs bios, nous avons choisi de mieux connaître les détail<strong>la</strong>nts,boutiques indépendantes, en réseau ou franchise. Ce sont en effet les structures que nous avonssupposées susceptibles d’être les plus impliquées dans une activité de <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>.Dans ce cadre, sept opérateurs bios ont été rencontrés entre août et septembre 2007.4| Pour les associations de consommateurs : l’intérêt <strong>pour</strong> le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>Aucun travail n’existant sur ce type d’acteur, les associations de consommateurs rencontrées sont àéchelle d’action nationale. Comme expliqué plus en détails dans <strong>la</strong> partie qui leur est consacrée, lescritères de définition de l’échantillon ont été le fait qu’elles font c<strong>la</strong>irement référence au <strong>commerce</strong><strong>équitable</strong> sur leur site Internet, montrant leur intérêt <strong>pour</strong> <strong>la</strong> thématique. Cinq associations deconsommateurs ont été rencontrées selon ces critères en août 2007.5| Pour les organisations de solidarité internationale : le lien historique au<strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>Dans le temps imparti à l’étude, nous avons choisi d’étudier les représentations et re<strong>la</strong>tions desorganisations de <strong>la</strong> solidarité internationale ayant participé au développement <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> enFrance avec les acteurs spécialisés.Ainsi, sept entretiens dans cinq structures ont été menés entre novembre et décembre 2008.6| Pour les collectivités territoriales : trois échantillons <strong>pour</strong> trois méthodescomplémentairesAfin d’explorer le rôle des collectivités territoriales dans le développement <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, nousavons mené quatorze entretiens semi-directifs, complété de deux recueils de données supplémentaires,tous les trois menés entre novembre 2007 et décembre 2008.Nous avons d’une part cherché à recenser dans les collectivités les interlocuteurs potentiels, par <strong>la</strong>consultation de leur site Internet complétée d’appels téléphoniques. Nous avons choisi d’inclure dansnotre champ de recherche les collectivités principales de <strong>la</strong> région Ile-de-France: le Conseil Régional,l’ensemble des Conseils Généraux, le chef-lieu de chaque département et un établissement public decoopération intercommunale (EPCI) par département. Nous avons retenu <strong>pour</strong> les EPCI lesCommunautés d’Agglomération comprenant le chef-lieu départemental, et lorsqu’il ne faisait pas partied’une structure intercommunale ou seulement d’une Communauté de Communes, <strong>la</strong> Communautéd’Agglomération incluant <strong>la</strong> plus grande ville possible. Dans chaque collectivité, nous avons distingué éluset techniciens, les premiers é<strong>la</strong>borant les politiques publiques que les seconds mettent en œuvre. Ledernier critère de <strong>la</strong> sélection des interlocuteurs est leur domaine de compétence : économie sociale etsolidaire, développement <strong>du</strong>rable, solidarité internationale, achats, ou, plus rarement, <strong>commerce</strong><strong>équitable</strong>.Nous avons contacté une partie de ces interlocuteurs au cours d’entretiens simplifiés menés partéléphone, dans le but de repérer les dispositifs mis en p<strong>la</strong>ce dans chaque collectivité. Pour ceci, nousavons restreint le nombre de collectivités étudiées, en veil<strong>la</strong>nt à inclure différents types de collectivités,zones géographiques et couleurs politiques 11 . <strong>Les</strong> guides d’entretiens sont plus orientés versl’identification des politiques publiques et leur caractérisation, et ont donc été adaptés, à partir d’une basecommune, aux spécificités des différentes politiques publiques étudiées. Dans chaque collectivité, nousnous sommes efforcés d’interroger tous les interlocuteurs identifiés, <strong>pour</strong> dégager, par l’étude de leursre<strong>la</strong>tions, une architecture interne des politiques de soutien au <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>.Nous avons enfin mené quatorze entretiens semi-directifs approfondis selon le guide d’entretien utilisé<strong>pour</strong> les autres types d’acteurs, qui avaient <strong>pour</strong> but de comprendre en profondeur les politiquesterritoriales à <strong>la</strong> lumière de leur fonctionnement interne, et de recueillir les représentations <strong>du</strong> <strong>commerce</strong><strong>équitable</strong> portées tant par les élus que par les techniciens. L’échantillon constitué visait là aussi à11Nous avons défini une majorité de droite comme se réc<strong>la</strong>mant des partis : UMP, CNIF, MNR, MPF, FN et de divers droite, une majorité de gauche comme seréc<strong>la</strong>mant des partis PS, PCF, Verts, PRG, MRC, POI, LCR, LO, et de divers gauche, et une majorité centriste comme se réc<strong>la</strong>mant des partis Modem etNouveau Centre.<strong>Les</strong> <strong>réseaux</strong> d’acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> – Exemple de l’Ile-de-France 13


combiner plusieurs dimensions : zone géographique, type de collectivité, fonction et compétence del’interlocuteur.D - LES LIMITES DE L’ANALYSE DU DISCOURS1| Du discours de l’indivi<strong>du</strong> à <strong>la</strong> représentation de <strong>la</strong> structureNous avons supposé que <strong>la</strong> représentation de <strong>la</strong> structure était celle portée par le dirigeant, <strong>la</strong> « voixofficielle ». Concernant les petites structures (de moins de 50 sa<strong>la</strong>riés), ce sont ainsi les dirigeants qui ontété rencontrés <strong>pour</strong> les opérateurs spécialisés en <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, les petites entreprises, certainsopérateurs bios et les organisations de <strong>la</strong> solidarité internationale locales.Cependant, nous avons été confrontés à <strong>la</strong> difficulté de rencontrer les dirigeants des plus grandesstructures – moyennes et grandes entreprises, opérateurs bios, associations deconsommateurs, organisations de <strong>la</strong> solidarité internationale, collectivités territoriales -, celles-ci étant desurcroît re<strong>la</strong>tivement peu impliquées dans le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>. Dans ce cas, nous avons alors cherchéà rencontrer les personnes en charge <strong>du</strong> dossier <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> dans <strong>la</strong> structure. Il est important desouligner que souvent cette identification fut difficile, car dans ces structures, le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> resteune activité anecdotique <strong>pour</strong> <strong>la</strong>quelle il n’existe pas toujours de responsable c<strong>la</strong>irement défini.Ainsi par exemple <strong>pour</strong> les entreprises conventionnelles, les profils des personnes rencontrées sontextrêmement divers : un directeur France, un assistant de direction, deux responsablesApprovisionnements, un responsable Marché, trois responsables Marketing, trois responsablesCommunication, un responsable Pro<strong>du</strong>its <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> au pôle Développement <strong>du</strong>rable et deuxdirecteurs Développement <strong>du</strong>rable. Cette diversité se retrouve chez les opérateurs bios : ont étérencontrés trois responsables de magasins, deux directeurs/président d’entreprise/d’association, uneresponsable de <strong>la</strong> communication et un responsable <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> dans une entreprise detransformation et d’import/export.<strong>Les</strong> discours collectés se révèlent partiels et ne représentent pas le point de vue officiel del’entreprise s’ils ne sont pas mis au regard des supports de communication officiels.Finalement, les personnes rencontrées n’occupent pas toutes les mêmes fonctions et n’ont donc pas lemême pouvoir de décision ni les mêmes connaissances concernant l’activité de <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> deleur structure. Afin de tenter de corriger ce biais et de pallier cette diversité des niveaux de discours, nousavons intégré à notre analyse les éléments de présentation des structures édités sur leurs sites Internet etdans leurs outils de communication.2| Des concepts difficiles à définirD’autre part, dans <strong>la</strong> partie 3 de l’entretien, l’utilisation des associations entre concepts <strong>pour</strong> identifier lesreprésentations s’est révélée complexe. En effet, <strong>pour</strong> certains types d’acteur, les concepts de solidaritéinternationale, responsabilité sociétale des entreprises et économie sociale et solidaire se sont avérés peuutilisés et maîtrisés. Pour exemple :« Je ne sais pas ce que recouvre exactement le terme d'économie sociale et solidaire, maisj'imagine que c'est une des composantes <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> » (Opérateur spécialisé /Boutique indivi<strong>du</strong>elle J)Nous avons ainsi fait le choix de ne pas demander dans l’entretien de définition de chacun des concepts,donnée qui aurait pu être utile <strong>pour</strong> en révéler <strong>la</strong> maîtrise réelle par chacun des interviewés. En effet, nousavons supposé qu’à partir des réponses, nous pouvions analyser le sens que chaque opérateur donneaux différents concepts mis en perspective. Ainsi, loin de déplorer <strong>la</strong> multiplicité des définitions données àces termes, l’un des résultats de <strong>la</strong> recherche a été précisément d’identifier et de mieux cerner lesdifférences de points de vue sur ces concepts entre structures.E - LA CONSTRUCTION DE TYPOLOGIES<strong>Les</strong> données ainsi réunies sont de deux ordres :- des faits et des données caractérisant l’opérateur (son statut juridique, ses effectifs, etc.) et décrivantses pratiques (ses activités marchandes et non marchandes, son fonctionnement interne) et sesre<strong>la</strong>tions,- des discours relevant de représentations et de points de vue subjectifs sur le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>.L’analyse de ces deux types de données et leur croisement a permis d’étudier l’existence et <strong>la</strong> nature desliens entre représentations et re<strong>la</strong>tions, entre pratique et discours <strong>pour</strong> chaque type d’acteur.<strong>Les</strong> <strong>réseaux</strong> d’acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> – Exemple de l’Ile-de-France 14


Pour ce<strong>la</strong>, <strong>la</strong> compréhension des représentations s’est appuyée sur l’analyse de contenu des entretiensretranscrits (Beaud, Weber, 2003). La sociologie compréhensive é<strong>la</strong>borée par Max Weber vise àcomprendre le sens que les indivi<strong>du</strong>s donnent à leurs actions. L’étude des représentations donne unaperçu de <strong>la</strong> manière dont l’indivi<strong>du</strong> se représente le monde et é<strong>la</strong>bore des catégories de c<strong>la</strong>ssement de<strong>la</strong> réalité sociale. Cependant, il ne faut pas s’intéresser aux indivi<strong>du</strong>s et structures en eux-mêmes mais entant que révé<strong>la</strong>teurs de processus et de façons d’agir et de penser propres à un certain univers.Ainsi, en multipliant les entretiens auprès d’un type d’acteur, nous avons obtenu divers points de vue surune même réalité sociale, le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>. Nous avons ensuite procédé à une analyse <strong>du</strong> discoursà l’échelle <strong>du</strong> champ observé (le type d’acteur <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> concerné) et non plus seulementde <strong>la</strong> structure.La position distanciée de l’enquêteur par rapport à cette réalité sociale a permis de dresser des liens entrereprésentations et re<strong>la</strong>tions à l’échelle <strong>du</strong> champ qu’il a observé et d’établir des comparaisons entrestructures. C’est l’ensemble de ces étapes qui ont permis d’aboutir à une proposition de typologie« représentation-re<strong>la</strong>tion » par type d’acteur, autrement appelée positionnements.Il convient de préciser qu’il s’agit là d’une représentation de <strong>la</strong> réalité, par <strong>la</strong> création d’idéauxtypesobtenus en accentuant certains traits de <strong>la</strong> recherche. Cette construction a permis desynthétiser <strong>la</strong> recherche mais ne prétend pas repro<strong>du</strong>ire <strong>la</strong> complexité <strong>du</strong> réel.<strong>Les</strong> <strong>réseaux</strong> d’acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> – Exemple de l’Ile-de-France 15


1 E PARTIE⎮ LES ACTEURS DU COMMERCE EQUITABLEMARCHANDSSECTION A - LES OPERATEURS SPECIALISES EN COMMERCEEQUITABLESYNTHESEL’étude des opérateurs spécialisés en <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> en Ile-de-France a mis en évidence <strong>la</strong>diversité des activités des structures et des profils des personnes qui s’inscrivent dans le mouvement<strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>. Elle a montré notamment que <strong>la</strong> complexification des filières rend de moinsen moins évident le clivage traditionnellement utilisé <strong>pour</strong> décrire le secteur entre filière intégrée etfilière <strong>la</strong>bellisée. De plus en plus d’importateurs choisissent en effet de distribuer leurs pro<strong>du</strong>its à <strong>la</strong>fois dans les <strong>réseaux</strong> spécialisés en <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> et conventionnels.Certains débats sont récurrents dans l’histoire <strong>du</strong> mouvement <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>. A <strong>la</strong> lumière denotre étude, il semble que <strong>la</strong> question de <strong>la</strong> présence des pro<strong>du</strong>its en grande surface et le périmètrede définition <strong>du</strong> concept continuent de diviser les acteurs. Il semble d’autre part que <strong>la</strong> question desobjectifs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> d’expansion au <strong>commerce</strong> conventionnel soit plus consensuelle qu’iln’y parait.Ainsi, les <strong>réseaux</strong> nationaux, Minga, <strong>la</strong> Fédération Artisans <strong>du</strong> Monde et Max Have<strong>la</strong>ar France portentdes visions tranchées de ce que doit être le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, que nous avons pu qualifier depositionnement respectivement politisé, solidaire et pragmatique. Dans ce contexte, <strong>la</strong> P<strong>la</strong>te-<strong>Forme</strong><strong>pour</strong> le Commerce Equitable semble plus un lieu de recherche de consensus entre ces deux derniersgrands acteurs qu’un réseau différent. L’étude des représentations des structures locales a démontréque les visions nationales tranchées sont portées avec plus de nuance par les adhérents de ces<strong>réseaux</strong>, ce qui permet de nombreuses col<strong>la</strong>borations. Enfin, des similitudes de positionnement sontfréquemment apparues entre structures de nature juridique différente (association et entreprise) quel’on a souvent tendance à opposer.D’autre part, il est important de souligner que ces <strong>réseaux</strong> nationaux sont de moins en moinsreprésentatifs puisque plus de <strong>la</strong> moitié des opérateurs spécialisés franciliens en sont indépendants,en particulier les boutiques et les jeunes importateurs.S’il s’agit d’identifier les éléments d’une représentation commune minimale <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> quiserait partagée par <strong>la</strong> plupart des opérateurs spécialisés <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, l’économie socialeet solidaire et l’environnement sont des thèmes légitimes <strong>pour</strong> toutes les organisations : ce sont lesrecettes qui qualifient les pratiques normalisées dans le champ sectoriel <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>. Laquestion est de savoir si ces thèmes sont lisibles notamment par les prescripteurs institutionnels et lesconsommateurs. En outre, ces thèmes offrent-ils un avantage concurrentiel <strong>du</strong>rable (suffisammentidentitaire et différenciateur) eu égard aux actions des entreprises hors <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> ?Finalement, tous les opérateurs spécialisés en <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> rencontrés sont des structuresengagées dans un domaine qui leur tient à cœur, mais dans lequel ils souhaitent également agir deplus en plus souvent avec efficacité et sérieux. Il s’agit donc d’un idéal <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> quiamène les opérateurs à refuser des conceptions <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> contraintes sous lespressions des discours (<strong>la</strong> communication) ou des techniques (les contraintes <strong>du</strong> marché et de <strong>la</strong>gestion dite performante). Il reste alors à savoir si ce mouvement <strong>pour</strong>ra continuer à construire desdiscours plus audibles et à développer des techniques innovantes <strong>pour</strong> pouvoir s’ancrer dans lescomportements.Le défi des opérateurs spécialisés <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> franciliens est aujourd’hui avant toutd’accepter les différences et de reconnaître les points communs des représentations de chacun <strong>pour</strong>travailler en commun au développement <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> dans sa diversité en Ile-de-France.<strong>Les</strong> <strong>réseaux</strong> d’acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> – Exemple de l’Ile-de-France 16


I. CARACTERISTIQUES 12A - DE NOMBREUX OPERATEURS SPECIALISES EN ILE-DE-FRANCEPour rappel, les opérateurs spécialisés en <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> désignent l’ensemble des structures quirevendiquent comme activité principale le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>. Le recensement évoqué plus haut apermis d’identifier cent trente-huit structures sur le territoire francilien.YVELINES - 784 Boutiques3 Distributeurs autres1 Asso. de promotionVAL D’OISE - 952 Importateursgrossistes2 Boutiques1 Distributeur autre1 Service et autre78957592SEINE ST DENIS - 938 Importateurs grossistes1 Importateur détail<strong>la</strong>nt1 Boutique2 Distributeurs autres2 Asso. de représentation1 Asso. de promotion9394PARIS - 7520 Importateurs grossistes8 Importateurs détail<strong>la</strong>nts37 Boutiques6 Distributeurs autres2 Asso. de représentation3 Service et autreHAUTS DE SEINE - 925 Importateurs grossistes5 Boutiques1 Distributeur autre91VAL DE MARNE - 943 Importateurs grossistes1 Importateur détail<strong>la</strong>nt4 Boutiques3 Distributeurs autres77ESSONNE - 915 BoutiquesSEINE ET MARNE - 772 Importateurs grossistes1 Boutique1 Distributeur autre1 Asso. de promotion1 Service et autre20 km10 mi© Daniel Dalet / d-maps.comFig. 4 : <strong>Les</strong> opérateurs spécialisés en <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> en Ile-de-France par type d’activité – Novembre 2007Plus de <strong>la</strong> moitié de ces structures sont localisées dans Paris intra-muros. Ce sont en grande majorité desboutiques, <strong>pour</strong> <strong>la</strong> plupart indépendantes, et des sièges sociaux de structures à l’échelle d’actionnationale (importateurs-grossistes et associations de promotion et de représentation). <strong>Les</strong> troisdépartements de <strong>la</strong> petite couronne bordant Paris (92, 93, 94) rassemblent entre onze et quinzestructures. Ce sont avant tout des importateurs, alors que le réseau de distribution y est beaucoup pluslâche. Enfin, dans les départements de <strong>la</strong> grande couronne (départements 77, 78, 91, 95), se situent enmoyenne cinq acteurs, essentiellement des associations Artisans <strong>du</strong> Monde.B - DES ACTIVITES SUR TOUTE LA FILIERE<strong>Les</strong> activités des opérateurs spécialisés en <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> relèvent de cinq secteurs différents :l’alimentaire, l’artisanat, le textile, les cosmétiques et le tourisme. Toutefois, un grand nombre destructures sont multi-pro<strong>du</strong>its et ont développé leurs activités sur plusieurs de ces secteurs.Malgré <strong>la</strong> diversité et <strong>la</strong> juxtaposition de plusieurs activités, il est possible de c<strong>la</strong>sser ces structures enplusieurs familles de métiers selon leur activité principale (Krier, 2005):- <strong>Les</strong> importateurs : organisés en détail<strong>la</strong>nts et/ou grossistes, ils achètent le pro<strong>du</strong>it à une organisationde pro<strong>du</strong>cteurs à un juste prix et le vendent ensuite par différents canaux de distribution (boutiquesspécialisées, GMS, VPC),12Dans <strong>la</strong> partie Méthodologie de l’intro<strong>du</strong>ction <strong>du</strong> rapport sont indiqués les critères de l’échantillonnage <strong>pour</strong> chaque type d’acteur rencontré.<strong>Les</strong> <strong>réseaux</strong> d’acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> – Exemple de l’Ile-de-France 17


- <strong>Les</strong> distributeurs : boutiques indivi<strong>du</strong>elles, en réseau ou franchisées (i.e. « Magasins <strong>du</strong> monde ») etautres distributeurs (Vente Par Correspondance, Cafés Hôtels Restaurants, Restauration HorsDomicile, etc.) spécialisés dans <strong>la</strong> vente de pro<strong>du</strong>its issus <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>,- <strong>Les</strong> associations de représentation et/ou promotion et/ou <strong>la</strong>bellisation : ce sont des structuresspécialisées dans l’é<strong>du</strong>cation au développement (EAD) et/ou le p<strong>la</strong>idoyer ainsi que dans l’appui auSud 13 et/ou le développement <strong>du</strong> secteur au Nord,- <strong>Les</strong> prestataires de service spécialisés en <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> : par exemple en dédouanement.Il est à noter que <strong>la</strong> plupart des structures marchandes combinent leur activité principale d’importation etde distribution avec des actions de sensibilisation de plus ou moins grande envergure.C - DES RESEAUX NATIONAUX DE MOINS EN MOINS REPRESENTATIFS<strong>Les</strong> principales têtes de <strong>réseaux</strong> de <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> ont leur siège en Ile-de-France et ont denombreux membres franciliens. <strong>Les</strong> deux <strong>réseaux</strong> français interprofessionnels à l’action de lobbying fortesont re<strong>la</strong>tivement présents parmi les acteurs franciliens : MINGA comporte dix-sept membres franciliens,soit un quart de son réseau, tandis que <strong>la</strong> moitié des membres de <strong>la</strong> PFCE, soit vingt-et-un, ont leur siègeen Ile-de-France avec respectivement <strong>la</strong> moitié des membres <strong>pour</strong> <strong>la</strong> PFCE. Parmi les <strong>réseaux</strong> adhérentsde <strong>la</strong> PFCE à l’ancrage territorial fort, <strong>la</strong> Fédération Artisans <strong>du</strong> monde compte vingt-quatre adhérentsfranciliens, tandis que Max Have<strong>la</strong>ar France dénombre quatre groupes locaux et une dizaine dedétenteurs de licence. Enfin, Alter Mundi développe son réseau de franchise spécialisé en <strong>commerce</strong><strong>équitable</strong> avec quatre boutiques en Ile-de-France.Enfin, <strong>la</strong> moitié des opérateurs spécialisés en <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> soit soixante-huit structures, sontindépendants de ces <strong>réseaux</strong> de <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, parmi lesquelles plus de vingt-cinq boutiquesindivi<strong>du</strong>elles avant tout situées à Paris, et plus de vingt jeunes importateurs-grossistes. Ainsi, toute unesérie d’acteurs ne participe pas aux <strong>réseaux</strong> de <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> formalisés : <strong>la</strong> diversité des re<strong>la</strong>tionsentre organisations spécialisées de <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> s’est complexifiée ces dernières années et les<strong>réseaux</strong> de <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> nationaux historiques ne sont plus rassembleurs de <strong>la</strong> majorité desstructures (Huybrechts, Sarrazin-Biteye, 2008).D - LES STRUCTURES RENCONTREES : RECENTES ET DE PETITE TAILLE<strong>Les</strong> structures rencontrées représentent l’ensemble des <strong>réseaux</strong> de <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> existants : <strong>la</strong>PFCE et ses <strong>réseaux</strong> membres Fédération Artisans <strong>du</strong> Monde et Max Have<strong>la</strong>ar France, Minga et desstructures indépendantes.Notre échantillon est également re<strong>la</strong>tivement représentatif de <strong>la</strong> répartition géographique de l’ensembledes opérateurs spécialisés en Ile-de-France. La moitié est localisée à Paris, essentiellement dans les 10 eet 11 e arrondissements. Apparaît ensuite un deuxième groupe dans <strong>la</strong> petite couronne, en particulier enSeine-Saint-Denis.La plupart des opérateurs rencontrés sont de très petites entreprises ou des associations de petite tailleassez récentes : dix-sept ont été créées après 2000. Quatorze ont entre un et deux sa<strong>la</strong>riés (ou parfoisaucun, <strong>pour</strong> deux associations). Leur chiffre d’affaire (CA) ou budget annuel est inférieur à 100 k€ <strong>pour</strong> sixd’entre elles et à 500 k€ <strong>pour</strong> huit d’entre eux. A contrario, trois opérateurs rencontrés sont desentreprises au CA supérieur à 1.000 k€ 14 .La nature juridique de ces structures est diverse : onze sont des entreprises indivi<strong>du</strong>elles (neuf SARL etdeux EURL), sept sont des associations et trois structures relèvent de l’économie sociale et solidaire(SCIC, SCOP, entreprise d’insertion). Il est à noter que parmi les associations, il existe une structuredouble qui après 20 ans d’activités s’est complétée d’une structure commerciale SARL.L’ensemble des métiers existants est présent dans l’échantillon : neuf importateurs, parmi lesquels huitgrossistes ; dix distributeurs et deux associations de promotion <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>. Toutes cesstructures développent en parallèle une activité de p<strong>la</strong>idoyer et d’é<strong>du</strong>cation. Cependant, elle est àdimension variable. Ainsi, les nouvelles structures, quand elles adhèrent à un réseau, délèguent souventcette activité au collectif.<strong>Les</strong> distributeurs sont <strong>pour</strong> <strong>la</strong> plupart multi-pro<strong>du</strong>its, alors que parmi les importateurs, deux structures seconsacrent exclusivement à l’alimentaire, une seule à l’artisanat et une autre aux cosmétiques. <strong>Les</strong> sixautres importateurs sont spécialisés dans le textile/mode. La plupart des nouvelles structures sedifférencient des opérateurs historiques par une spécialisation plus forte, que ce soit sur un pro<strong>du</strong>it13Soit les pays d’Amérique Latine, d’Afrique et d’Asie.14Il manque le CA/ budget de deux opérateurs rencontrés.<strong>Les</strong> <strong>réseaux</strong> d’acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> – Exemple de l’Ile-de-France 18


particulier, un pays ou un continent spécifique ou un type de service souvent innovant (par exemple <strong>la</strong>vente sur Internet ou les cadeaux d’entreprises). Le secteur d’activité qui semble novateur est celui <strong>du</strong>textile et de <strong>la</strong> mode éthique, cherchant à allier à <strong>la</strong> fois éthique et modernité.ACTIVITEFILIERELOCALISATIONSIEGESTATUT JURIDIQUE RESEAU CA 2006EFFECTIFSALARIEDEBUTACTIVITEBoutique indivi<strong>du</strong>elle A Textile 75 EURL Indépendant 50.000 1 2003Importateur grossiste B Alim./Artis. 75 Association MINGA 30.000 2 2005Boutique rés/franch C Multipro<strong>du</strong>it 75 Entreprise Insertion PFCE 320.000 4 2003Importateur grossiste D Textile 75 SARL PFCE > 1.000.000 8 2002Boutique indivi<strong>du</strong>elle E Multipro<strong>du</strong>it 75 SARL Indépendant 100.000 1 2004Importateur grossiste F Alimentaire 75 SARL PFCE >1.000.000 15 2002Boutique indivi<strong>du</strong>elle G Multipro<strong>du</strong>it 75 SARL MINGA 100.000 1 2005Importateur grossiste H Textile 75 SARL PFCE 300.000 1 1997Importateur détail<strong>la</strong>nt I Artisanat 75 Association MINGA 30.000 1 2007Boutique indivi<strong>du</strong>elle J Artis./Textile 75 EURL Indépendant 200.000 1 2006Boutique rés/franch K Multipro<strong>du</strong>it 75 Association/SCIC FADM 200.000 3 2003Boutique rés/franch L Multipro<strong>du</strong>it 78 Association/SARL FADM 200.000 1 1.000.000 >50 2003Distributeur VPC P Textile 93 SARL Indépendant 80.000 1 2005Association depromotion QMultipro<strong>du</strong>it 93 Association MHF 15.000 0 2002Importateur grossiste R Textile 93 SARL Indépendant 400.000 5 2004Importateur grossiste S Artisanat 93 SARL MINGA 180.000 2 2003Boutique indivi<strong>du</strong>elle T Alim./Artis. 93 Association MINGA NC 1 1999Importateur grossiste U Cosmétique 94 SARL PFCE 300.000 4 2000Fig. 5 : Echantillon des opérateurs spécialisés en <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> rencontrésE - DES DIRIGEANTS/FONDATEURS DE PROFIL MILITANT VERSUS ENTREPRENEUR<strong>Les</strong> parcours des personnes rencontrées, le plus souvent à l’origine des structures elles-mêmes, sontextrêmement variés. Nous avons cependant distingué deux types de profil qui s’engagent dans uneactivité spécialisée en <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> : les « militants » et les « entrepreneurs ».<strong>Les</strong> « militants », au sens de personnes qui luttent <strong>pour</strong> défendre leurs idées et convictions propres, sontdes personnes qui ont évolué auparavant dans le milieu associatif ou ont été impliquées dans desmouvements politiques. Pour notre échantillon, nous avons observé que les personnes de ce profilcréaient ou intégraient <strong>pour</strong> <strong>la</strong> plupart des structures associatives, qui adhèrent à un des <strong>réseaux</strong> de<strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> et dont l’activité est plutôt multi pro<strong>du</strong>its.<strong>Les</strong> « entrepreneurs » sont des personnes soit qui sont récemment sorties de formation supérieure detype école de <strong>commerce</strong> ou d’ingénieur, soit qui ont travaillé parfois 10 ou 20 ans en entreprise« conventionnelles » et ont eu envie de changer de milieu professionnel et de façon de faire. Pour notreéchantillon, les personnes de ce profil ont <strong>pour</strong> <strong>la</strong> plupart créé des entreprises qui restent souventindépendantes des <strong>réseaux</strong> de <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> existants.Il faut noter qu’un événement a pu être déclencheur <strong>pour</strong> les personnes rencontrées, tel qu’un voyage. Cefut <strong>pour</strong> nombre d’entre eux, qu’ils soient de profil « militant » ou « entrepreneur », le déclic qui les poussaà démarrer leur activité, suite à une rencontre, un échange direct avec un pro<strong>du</strong>cteur <strong>du</strong> Sud. Nouspouvons noter que <strong>la</strong> plupart de ces personnes revenues de voyages se sont <strong>la</strong>ncées dans une activitéd’importation.Par delà cette distinction schématique, il fut très intéressant de rencontrer au cours des entretiens denombreux opérateurs associatifs qui désiraient se professionnaliser et ainsi être toujours plus proches desexigences <strong>du</strong> monde de l’entreprise et à l’inverse, des opérateurs entrepreneurs qui soulignaient <strong>la</strong>dimension politique, engagée de leurs activités, s’étonnant parfois de réaliser un travail de terrain proche<strong>Les</strong> <strong>réseaux</strong> d’acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> – Exemple de l’Ile-de-France 19


de celui d’organisations de <strong>la</strong> solidarité internationale (OSI) 15 – et regrettant de ne pas parvenir àdémontrer son statut d’investissement pro<strong>du</strong>ctif aux yeux de leurs financeurs traditionnels.II. REPRESENTATIONSIl s’agit ensuite d’analyser <strong>la</strong> représentation <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> à partir <strong>du</strong> discours de chacun de cesopérateurs.A - UNE DEFINITION DU COMMERCE EQUITABLE ENTRE CONCEPTS ET PRATIQUESEn premier lieu nous pouvons analyser rapidement les définitions données <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>. Ellessont multiples. Nous pouvons cependant relever trois familles de définitions. Sept personnes assimilent le<strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> à un concept, un idéal. Six personnes le décrivent avant tout comme une pratiqueparticulière. Enfin, <strong>pour</strong> sept opérateurs, <strong>la</strong> définition <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> établit un lien étroit entre uneidée et une pratique, présentant alors une vision intégrée d’une revendication socio-économique quis’appuie sur des pratiques commerciales concrètes:« Avoir une action délibérément Nord/Sud, et un souci d’efficacité » (Association de promotion Q,multipro<strong>du</strong>it, MHF)« Améliorer <strong>la</strong> rémunération des pro<strong>du</strong>cteurs et sensibiliser sur les conditions de travail despro<strong>du</strong>cteurs » (Importateur grossiste U, cosmétique, PFCE)Nous pouvons également noter que dans <strong>la</strong> définition même <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, plusieurs opérateurslient naturellement certains des concepts qui seront abordés plus loin, telles que les questionsd’environnement et de l’économie sociale et solidaire. Le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> est donc souvent envisagécomme une pratique globale. De même il n’est pas considéré comme un concept figé mais le plussouvent comme un processus, un domaine en mouvement permanent. Certains peuvent alors en arriver àdénoncer le danger de donner une définition <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> unique alors qu’il se veut un conceptqui ne <strong>pour</strong>rait pas se restreindre à un cadre défini.B - LE COMMERCE EQUITABLE CLAIREMENT LIE A L’ECONOMIE SOCIALE ET SOLIDAIRE ET AL’ENVIRONNEMENTCette analyse fait apparaître que deux thèmes remportent un consensus fort : le lien entre <strong>commerce</strong><strong>équitable</strong> et économie sociale et solidaire, et <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> et environnement.A <strong>la</strong> question sur le lien entre <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> et économie sociale et solidaire, <strong>la</strong> grande majorité despersonnes interrogées affirment qu’il existe. Beaucoup soulignent que le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> en est « <strong>la</strong>forme <strong>la</strong> plus aboutie » ou autrement dit qu’il va plus loin dans l’idée de « bouleverser l’économie » et depotentiellement « contaminer le reste <strong>du</strong> système ». Dans ce sens, certains entrepreneurs reprochent àl’économie sociale et solidaire d’être trop restée dans « le giron associatif » et se félicitent par conséquentde son extension actuelle dans le milieu de l’entreprise. Concernant l’idée de solidarité, un opérateurn’hésite pas à concevoir le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> comme le lien entre l’insertion par l’économique et <strong>la</strong>solidarité internationale :« Cette dimension de l’insertion par l’économie est fondamentale <strong>pour</strong> le projet et permet justementde coupler une action de solidarité internationale avec une action de solidarité locale. » (Boutiquerés/franch C, multipro<strong>du</strong>it, PFCE)De même, <strong>la</strong> plupart des personnes disent évident que les préoccupations environnementales font partie<strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>. Celles qui sont plus réservées sont des associations de promotion <strong>du</strong> <strong>commerce</strong><strong>équitable</strong>. Il existe toutefois deux positions un peu différentes. Pour les plus engagés dansl’environnement, le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> et l’environnement sont « indissociables » : on ne peut envisagerl’un sans l’autre, dans une idée de développement responsable, développement <strong>du</strong>rable. Pour d’autres,parmi lesquels ceux qui sont neutres, <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> et environnement sont « étroitement liés »,« concepts frères ». Mais l’un n’inclut pas forcément l’autre.« Je pense que vu le stade de maturité <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, on ne peut pas l’envisager endehors de l’écologie » (Importateur grossiste D, textile, PFCE)Ces deux concepts sont donc davantage envisagés comme voisins que complémentaires.15Voir les abréviations en début de rapport : Organisation de Solidarité Internationale.<strong>Les</strong> <strong>réseaux</strong> d’acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> – Exemple de l’Ile-de-France 20


C - LA RESPONSABILITE SOCIETALE DES ENTREPRISES, UN CONCEPT MAL CONNULa question que nous avons posée concernant le lien entre <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> et responsabilitésociétale de l’entreprise a été comprise différemment selon les interlocuteurs. En effet, <strong>pour</strong> certains, lelien <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>-responsabilité sociétale de l’entreprise se tra<strong>du</strong>it par le changement de pratiquesdes opérateurs de <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> sur tous les aspects organisationnels de leurs entreprises. Pourd’autres, le concept de responsabilité sociétale de l’entreprise ne concerne que les grandes entreprisesconventionnelles : le lien <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>-responsabilité sociétale de l’entreprise est le fait que cesgrandes entreprises, par le développement d’une activité de <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, développe despratiques générales plus responsables. <strong>Les</strong> opérateurs ont des difficultés à se positionner par rapport àcette thématique:"Je pense que ça n'a rien à voir, <strong>la</strong> seule chose qu’il peut y avoir c'est un partage de valeurs."(Boutique indivi<strong>du</strong>elle J, Artisanat/ Textile, indépendant)"Ca va forcément de paire. C’est complètement lié…(…) J’veux dire on peut faire <strong>du</strong> socialementresponsable sans forcément faire de l’<strong>équitable</strong> mais moi je pense qu’on ne peut pas faire del’<strong>équitable</strong> sans faire <strong>du</strong> socialement responsable." (Boutique indivi<strong>du</strong>elle A, textile, indépendant)Dans <strong>la</strong> limite de cette compréhension, l’existence d’un lien entre <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> et responsabilitésociétale de l’entreprise remporte ainsi un consensus re<strong>la</strong>tif, avant tout de <strong>la</strong> part des plus grandesentreprises rencontrées dont l’activité est l’importation, qu’elles soient de statut économie sociale etsolidaire ou conventionnel. La responsabilité sociétale de l’entreprise reste un concept mal connu dans lespetites entreprises et les associations :"Cette question-là concerne essentiellement le monde de l'in<strong>du</strong>strie, pas que, mais principalement"(Boutique rés/franch L, multipro<strong>du</strong>it, FADM)Enfin, plusieurs opérateurs ont associé le concept de responsabilité sociétale de l’entreprise à celui de <strong>la</strong>responsabilité des consommateurs : les acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> ont un rôle <strong>pour</strong> faire prendreconscience des différents modes de consommation et leur proposer des alternatives. Mais c’est ensuite le« consom’acteur » et non l’entreprise qui est responsable et agit.D - UNE RELATION COMMERCE EQUITABLE - SOLIDARITE INTERNATIONALE AMBIGÜEEn ce qui concerne le lien entre <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> et solidarité internationale, les réponses sontextrêmement variées, les opinions se répartissant entre une vision <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> qui ne relèveque de <strong>la</strong> solidarité internationale, ou au contraire qui s’en détache totalement. Il faut rappelerqu’historiquement, le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> s’inscrit dans un mouvement de solidarité avec les pays <strong>du</strong>Sud, le Tiers-Monde. <strong>Les</strong> têtes de <strong>réseaux</strong> historiques <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> français, FédérationArtisans <strong>du</strong> Monde et Max Have<strong>la</strong>ar France, sont ainsi très liées au milieu de <strong>la</strong> solidarité internationale.En fait, l’éc<strong>la</strong>tement des opinions s’appuie sur des définitions de <strong>la</strong> solidarité internationale très différentesd’une structure à l’autre. Même si beaucoup ont conscience et ont souhaité mener dans leur travail detous les jours une action utile <strong>pour</strong> les autres, solidaire, ces mêmes personnes sont souvent soucieusesde se détacher <strong>du</strong> vocabu<strong>la</strong>ire de l’humanitaire, de <strong>la</strong> charité, <strong>du</strong> développement <strong>pour</strong> adopter celui del’entreprise. Certains opérateurs <strong>la</strong> rejettent par principe, soucieux de ne surtout pas être affiliés à desorganisations phi<strong>la</strong>nthropiques ou pire « charitables », et au vocabu<strong>la</strong>ire que l’on y associe. Pourd’autres, <strong>la</strong> plupart liées aux <strong>réseaux</strong> historiques <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, c’est dans son origine mêmeque le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> est c<strong>la</strong>irement apparu en réaction aux problèmes rencontrés par les acteurs<strong>du</strong> développement et de <strong>la</strong> coopération :« On essaye de se recentrer sur l'humain, donc <strong>du</strong> coup, on essaie plutôt de squeezer les acteurstraditionnels de <strong>la</strong> coopération, <strong>pour</strong> travailler en direct avec des gens, dont on pense qu'ils ont uneinfluence concrète sur <strong>la</strong> réalité de leur terrain, au Sud » (Boutique rés/franch L, multipro<strong>du</strong>it,FADM)Ainsi le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> a offert un nouvel outil qui permet de mettre les acteurs <strong>du</strong> Nord et <strong>du</strong> Sudsur un pied d’égalité, autant que possible. <strong>Les</strong> opérateurs sont ainsi nombreux à exprimer que « le<strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> n’est pas une aide » – sorte de rési<strong>du</strong> inconscient <strong>du</strong> slogan historique Trade not Aid.Cependant ils sont également plusieurs – parfois les mêmes – à concéder qu’il y a malgré toutnécessairement des aspects de solidarité, <strong>du</strong> simple fait que leur action contribue à l’amélioration deséconomies locales – sans parler des diverses formes de « prime au développement ». En conclusion, <strong>la</strong>re<strong>la</strong>tion avec <strong>la</strong> solidarité internationale est assez ambiguë, et certains opérateurs ont c<strong>la</strong>irementconscience des contradictions qui en découlent.<strong>Les</strong> <strong>réseaux</strong> d’acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> – Exemple de l’Ile-de-France 21


« Ce n’est pas juste des échanges, parfois on fait un pas de plus et effectivement c’est plus de <strong>la</strong>solidarité, enfin ce que ferait une ONG. Mais avec <strong>la</strong> petite différence que c’est <strong>du</strong> gagnantgagnant.» (Importateur grossiste D, textile, PFCE)Cette dernière précision cherchant à distinguer le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> de <strong>la</strong> solidarité internationalemontre que <strong>la</strong> nuance reste difficile à expliquer <strong>pour</strong> chacun.E - LES PRODUITS DE COMMERCE EQUITABLE DANS LA GRANDE DISTRIBUTION, LE DEBAT QUIPERDURELa question de <strong>la</strong> stratégie de distribution est <strong>la</strong> plus tranchée, un seul opérateur se déc<strong>la</strong>rant neutre faceà cette interrogation, <strong>la</strong> moitié des personnes interrogées s’exprimant <strong>pour</strong> et l’autre moitié c<strong>la</strong>irementcontre <strong>la</strong> présence de pro<strong>du</strong>its de <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> dans <strong>la</strong> grande distribution.<strong>Les</strong> opérateurs « <strong>pour</strong> » sont <strong>pour</strong> <strong>la</strong> plupart de profil entrepreneur. Ils regroupent entre autres lesstructures au chiffre d’affaires important qui partagent un consensus sur <strong>la</strong> distribution en GMS, maisaussi <strong>la</strong> responsabilité sociétale de l’entreprise, comme nous l’avons vu plus haut, témoignant ainsi à <strong>la</strong>fois d’une volonté de faire de gros volumes et d’être des entreprises responsables.« <strong>Les</strong> pro<strong>du</strong>its de <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> ont leur p<strong>la</strong>ce partout » (Boutique rés/franch C, multipro<strong>du</strong>it,PFCE)Pour ce<strong>la</strong>, ils cherchent des partenaires commerciaux « solides », comme ceux de <strong>la</strong> grande distribution,favorisant ainsi l’ouverture <strong>du</strong> marché par l’accroissement <strong>du</strong> volume des ventes. Plusieurs parmi euxreprochent plus fortement à certains acteurs de s’être fermés obstinément à toute col<strong>la</strong>boration car sepriver de <strong>la</strong> grande distribution, c’est se priver d’autant de débouchés <strong>pour</strong> les petits pro<strong>du</strong>cteurs <strong>du</strong> Sud :« On doit s’asseoir sur nos petites idéologies à deux balles, c’est bien gentil d’avoir de grandesidées, mais si on est là <strong>pour</strong> soutenir les pro<strong>du</strong>cteurs, il faut le faire ! » (Boutique rés/franch L,multipro<strong>du</strong>it, FADM)Enfin <strong>pour</strong> certains opérateurs, comme certaines boutiques, c’est « un moindre mal ». Ce n’est pas qu’ilssoient <strong>pour</strong> ce type de distribution, mais pas contre :« Plutôt que de critiquer ce type de démarche, critiquons ceux qui ne l’ont pas <strong>du</strong>tout » (Distributeur VPC P, textile, indépendant)Ainsi, beaucoup des opérateurs certes favorables à ce type de distribution soulignent avec force lesrisques et les dangers d’une telle démarche qui se doit de rester « un cheval de Troie », se prévenant detoutes les manipu<strong>la</strong>tions et détournements possibles.A l’opposé, les responsables de profil militant de boutiques et d’associations qui prônent des re<strong>la</strong>tions deproximité avec le consommateur portent des propos fermes, vindicatifs et sans nuance envers <strong>la</strong> grandedistribution :« Moi je pense que c’est se tirer une balle dans le pied à moyen terme que de travailler avec lesGMS » (Boutique indivi<strong>du</strong>elle A, textile, indépendant)« <strong>Les</strong> GMS sont en train de casser le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> comme ils l’ont fait <strong>pour</strong> le <strong>commerce</strong> deproximité il y a 20 ans […] Je ne crois pas que les GMS diminuent leur marge, mais franchement jen’y crois pas un seul instant ! » (Boutique indivi<strong>du</strong>elle J, artisanat/textile, indépendant)Elles soulignent que ces enseignes pratiquent des économies d’échelle au Sud et au Nord, principeincompatible avec ceux <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>. Il est alors question de <strong>la</strong> cohérence globale de <strong>la</strong>démarche, si elle s’inscrit dans un système de distribution globalement jugé in<strong>équitable</strong>.Enfin certains font remarquer que distribuer des pro<strong>du</strong>its <strong>équitable</strong>s, c’est également donner uneinformation précise sur leur provenance, leur cadre de pro<strong>du</strong>ction, le type de retombées qu’ils permettentetc., or tout ceci ne semble pas possible en grandes surfaces.Ainsi, l’intro<strong>du</strong>ction de <strong>la</strong> <strong>la</strong>bellisation dans le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> a provoqué des dissensions entre deuxunivers idéologiques qui continuent d’exister :« (…) deux perspectives s’affrontent : celle <strong>du</strong> modèle révolutionnaire de <strong>la</strong> sphère de <strong>la</strong>spécialisation, et celle <strong>du</strong> modèle réformiste, représenté par <strong>la</strong> sphère de <strong>la</strong> <strong>la</strong>bellisation. » « (...) les‘’révolutionnaires’‘ soutiennent le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> en tant qu’initiateur d’un autre<strong>commerce</strong>,(…), alors que les ‘’réformateurs’‘ considèrent le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> comme un moyend’intro<strong>du</strong>ire certains changements dans le <strong>commerce</strong> conventionnel. » « Tous s’accordent <strong>pour</strong>faire ‘’changer le système’‘… . Mais contrairement aux adeptes <strong>du</strong> mouvement révolutionnaire, lespartisans <strong>du</strong> modèle réformiste sont persuadés qu’il est plus facile de changer le système<strong>Les</strong> <strong>réseaux</strong> d’acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> – Exemple de l’Ile-de-France 22


capitaliste de l’intérieur et que les initiatives frontales sont condamnées à rester marginales. » (DiazPedregal, 2007).F - LE PERIMETRE DU COMMERCE EQUITABLE : UNE DISCUSSION SUR LES TERMESConcernant <strong>la</strong> possibilité de l’existence d’un <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> à échelle locale (Nord/Nord ouSud/Sud), tous les opérateurs rencontrés s’accordent sur l’idée que les principes <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>devraient aussi s’appliquer à l’échelle locale. Toutefois, ceux qui perçoivent le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>comme participant à une dynamique de solidarité internationale avant tout ont tendance à ne pas vouloirqualifier ce type de <strong>commerce</strong> d’ « <strong>équitable</strong> »."On s’en tient à <strong>la</strong> définition officielle <strong>du</strong> 2 Août de 2005 qui définit, enfin qui a quand même restreintà, l’activité même de <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> à un échange Nord/Sud… Par contre, <strong>pour</strong> nous, ça, toutce qui est au périmètre local c’est des choses qu’on met en avant, mais qu’on appelle plutôt<strong>commerce</strong> éthique…" (Boutique rés/franch C, multipro<strong>du</strong>it, PFCE)La limitation <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> dit « <strong>équitable</strong> » à un échange strictement Nord-Sud est finalement significative<strong>pour</strong> les structures proches <strong>du</strong> <strong>la</strong>bel Max Have<strong>la</strong>ar : groupes locaux de Max Have<strong>la</strong>ar France,importateurs-grossistes détenteurs de <strong>la</strong> licence Max Have<strong>la</strong>ar. Ce sont les mêmes <strong>pour</strong> lesquels le lienentre <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> et solidarité internationale est évident : c’est entre le Nord et le Sud que lesinégalités sont les plus f<strong>la</strong>grantes, il faut donc faire <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> avant tout avec les zoneséconomiques les plus en difficulté."Faut commencer là où les besoins sont les plus forts, c'est dans les pays <strong>du</strong> Sud; mais y'a pas deraisons que ce soit exclusif." (Distributeur VPC P, textile, indépendant)<strong>Les</strong> structures qui s’expriment <strong>pour</strong> un <strong>commerce</strong> local qualifié également d’ « <strong>équitable</strong> » indiquent quantà elles leur soutien à l’application des principes <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> aux échanges locaux : <strong>pour</strong>quoi le<strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> devrait-il se limiter ? N’est-ce pas un projet global qui vise à mettre plus d’équitédans toutes les re<strong>la</strong>tions ? Elles sont souvent indépendantes ou adhérentes de <strong>réseaux</strong> autres que celuide Max Have<strong>la</strong>ar France. D’autre part, elles peuvent dans leur activité intégrer des pro<strong>du</strong>its locauxrelevant <strong>pour</strong> elles <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>.Toutefois, <strong>pour</strong> quelques-unes de ces structures comme <strong>pour</strong> toutes celles qui restent neutres, <strong>la</strong> questionreste posée de savoir s’il faut <strong>pour</strong> autant le dénommer « <strong>équitable</strong> »."Dans le domaine pas forcément <strong>équitable</strong> tel qu'on l'entend mais éthique et social, y'a plein dechoses intéressantes à faire." (Distributeur VPC P, textile, indépendant)G - LA REGULATION DU COMMERCE EQUITABLE PAR LES POUVOIRS PUBLICS EN QUESTIONDans une moindre mesure, <strong>la</strong> possibilité d’une régu<strong>la</strong>tion <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> par les pouvoirs publicsest aussi sujette à débat, <strong>la</strong> moitié des opérateurs interrogés se prononçant <strong>pour</strong> le fait que le <strong>commerce</strong><strong>équitable</strong> soit régulé par les pouvoirs publics. Sur cette thématique particulière, les membres d’un mêmeréseau de <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> sont particulièrement divisés.Il semblerait que parmi les opérateurs <strong>pour</strong>, il y ait beaucoup de structures qui n’ont pas développé degarantie sur leurs pro<strong>du</strong>its, de par leur manque de moyens ou <strong>la</strong> spécificité de leurs pro<strong>du</strong>its. Ellesapprécieraient ainsi tout particulièrement que leur travail soit officiellement reconnu et garanti d’unemanière ou d’une autre. Certains critiquent également le <strong>la</strong>bel Max Have<strong>la</strong>ar/FLO qui « s’estautoproc<strong>la</strong>mé », et reprochent aux pouvoirs publics de soutenir à outrance cette initiative privée.Parmi les opérateurs contre <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce d’une régu<strong>la</strong>tion <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> par les pouvoirspublics, il faut noter que beaucoup sont en fait contre le principe même d’une norme, qu’elle soit publiqueou privée. Pour eux cette idée même est en désaccord avec les fondements <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> : le<strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> ne peut entrer dans un cadre normé puisqu’il se veut une démarche en constructionpermanente« Pour moi le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, c’est avant tout une démarche de progrès.» (Importateurgrossiste D, textile, PFCE)Certains reprochent également aux garanties formelles d’aveugler les consommateurs qui deviennentpassifs, alors que le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> vise précisément à faire <strong>du</strong> consommateur un citoyen quidevient conscient de <strong>la</strong> nature de sa consommation.Enfin, trouver un consensus national voire international sur une norme commune, en mettant ainsid’accord un grand nombre d’acteurs, imposerait « un dénominateur commun très faible » et donc « unniveau d’exigence » au rabais, analysent certains opérateurs. La concertation avec l’Etat à ce sujet<strong>Les</strong> <strong>réseaux</strong> d’acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> – Exemple de l’Ile-de-France 23


<strong>pour</strong>rait mener à une définition allégée <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> au profit d’une accessibilité <strong>du</strong> <strong>commerce</strong><strong>équitable</strong> aux entreprises à but lucratif."Plus on prend <strong>d'acteurs</strong>, plus c'est difficile de trouver des critères communs et plus finalement ledénominateur commun est faible, plus on abaisse le niveau d'exigence." (Distributeur VPC P,textile, indépendant)Il semble dans ce contexte que peu des acteurs interrogés ne connaissent les processus dereconnaissance en cours <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> par l’Etat français : le processus Afnor (Afnor, 2006), <strong>la</strong>loi <strong>du</strong> 2 août 2005 et <strong>la</strong> constitution en cours de <strong>la</strong> Commission Nationale <strong>du</strong> Commerce Equitable.H - EXPANSION DU COMMERCE EQUITABLE : UN OBJECTIF COMMUN MAIS DES STRATEGIES QUIDIVERGENTSur <strong>la</strong> question de l’expansion <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> à l’ensemble <strong>du</strong> système économique, unconsensus apparaît. Très peu de personnes interrogées ne reconnaissent pas au <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> <strong>la</strong>vocation de réguler <strong>la</strong> totalité <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> conventionnel. Cependant, un tiers des structures interrogéesne s’expriment pas sur <strong>la</strong> question de l’expansion. De plus, il est c<strong>la</strong>ir avec les réponses sur <strong>la</strong> stratégiede distribution que si un léger consensus se dessine autour de l’idée d’expansion, le choix des moyens,paramètre crucial, est loin d’être univoque.<strong>Les</strong> opérateurs s’accordent ainsi sur le fait que ce serait l’idéal mais qu’il est encore loin d’être atteint :" C’est le but, enfin, c’est <strong>la</strong> fin <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>…". (Importateur grossiste B, Alim/Artisanat,MINGA)Toutefois il existe deux tendances quant aux moyens <strong>pour</strong> atteindre un <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> global. <strong>Les</strong>opérateurs de profil militant insistent en majorité sur le fait que c’est avant tout une action politique qui<strong>pour</strong>ra permettre au <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> de véritablement croître et de s’imposer dans le marché."C'est important que les politiques s'investissent là dedans <strong>pour</strong> réguler une forme de <strong>commerce</strong>mondial à différents niveaux" (Importateur détail<strong>la</strong>nt I, Artisanat, MINGA)Au contraire, <strong>pour</strong> <strong>la</strong> plupart des profils entrepreneurs, c’est <strong>la</strong> réussite économique qui est le meilleurargument et facteur de conversion :« Moi je pense que c'est plutôt en étant dans un système qu'on peut le faire changer, et pastellement à l'extérieur » (Boutique rés/franch L, Multipro<strong>du</strong>it, FADM)« Ça sera récupéré effectivement par le système conventionnel, mais juste <strong>pour</strong> des questions demarketing et d'image... et peut-être qu'à force effectivement ça va rentrer un peu plus dans lesmœurs, mais <strong>pour</strong> le moment ça se développe en parallèle. » (Importateur grossiste S, Artisanat,MINGA)Enfin, deux structures qui se déc<strong>la</strong>rent contre se disent réalistes : il est inutile d’idéaliser, dans le contexteactuel, jamais le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> ne <strong>pour</strong>ra se généraliser.Nous allons dans un deuxième temps confronter ces discours aux pratiques, notamment en termes destratégies re<strong>la</strong>tionnelles.III. RELATIONSA - LES RELATIONS COMMERCIALES, ENTRE FILIERE LABELLISEE ET FILIERE INTEGREE<strong>Les</strong> filières de pro<strong>du</strong>its de <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> ne font pas intervenir de nombreux acteurs intermédiaireset sont re<strong>la</strong>tivement courtes. <strong>Les</strong> importateurs détail<strong>la</strong>nts font ainsi directement le lien entre pro<strong>du</strong>cteurs etconsommateurs.En ce qui concerne les importateurs-grossistes, leurs fournisseurs sont avant tout les coopératives depro<strong>du</strong>cteurs des pays <strong>du</strong> Sud. Ils distribuent ensuite leurs pro<strong>du</strong>its chez les distributeurs spécialisés en<strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> (boutiques, VPC, etc.), les distributeurs conventionnels (GMS, VPC, etc.) et lesdistributeurs biologiques. En termes de fournisseurs, il est aussi à souligner que même si nous ne l’avonspas rencontré dans notre échantillon, de nombreux importateurs achètent une partie de leurs pro<strong>du</strong>its àdes centrales d’achat d’autres pays européens, elles-mêmes travail<strong>la</strong>nt avec des coopératives depro<strong>du</strong>cteurs au Sud (François, Lagandré et Stoll, 2008).<strong>Les</strong> distributeurs spécialisés se fournissent toujours auprès d’importateurs grossistes spécialisés en<strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>. Ils peuvent également proposer des pro<strong>du</strong>its dits « solidaires » qu’ils achèteront à<strong>Les</strong> <strong>réseaux</strong> d’acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> – Exemple de l’Ile-de-France 24


des fabricants de l’économie sociale et solidaire. Leurs clients sont essentiellement des consommateursindivi<strong>du</strong>els. Mais tout comme les importateurs-détail<strong>la</strong>nts, ils peuvent également s’adresser à desacheteurs collectifs (collectivités, entreprises, comités d’entreprises, etc.) tels les collectivités territoriales,les comités d’entreprises et les organisations de <strong>la</strong> solidarité internationale <strong>pour</strong> leurs achats internes.Dans ce nouveau paysage, il semble de plus en plus difficile de distinguer une filière <strong>la</strong>bellisée et unefilière intégrée telles que les décrivent les études sur le secteur comme l’étude So<strong>la</strong>gral réalisée en 2002sur l’état des lieux <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> en France : « Partant d’un objectif commun, l’aide auxpro<strong>du</strong>cteurs désavantagés, elles ont chacune leur logique propre <strong>pour</strong> sensibiliser le consommateur auNord. » (Habbard et co., 2002). La filière intégrée est essentiellement composée d’opérateurs spécialiséstandis que <strong>la</strong> filière <strong>la</strong>bellisée peut être composée d’opérateurs spécialisés mais également d’opérateursnon spécialisés grâce à <strong>la</strong> médiation des organismes de certification tels que Max Have<strong>la</strong>ar.Aujourd’hui en effet, certains importateurs spécialisés distribuent leurs pro<strong>du</strong>its aussi bien dans les circuitsde distribution c<strong>la</strong>ssiques que spécialisés en <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>. D’autre part, les boutiquesspécialisées, relevant historiquement de <strong>la</strong> filière intégrée, distribuent désormais aussi des pro<strong>du</strong>its<strong>la</strong>bellisés.Ainsi, chacun des acteurs se revendique d’une des deux filières, mais les re<strong>la</strong>tions commerciales quiexistent se révèlent plus complexes.B - LES RELATIONS INTERPROFESSIONNELLES : DE PLUS EN PLUS DE CADRES INFORMELSComme nous l’avons déjà évoqué, <strong>la</strong> moitié des opérateurs franciliens spécialisés en <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>se regroupent dans différents <strong>réseaux</strong> formalisés à dimension nationale : <strong>la</strong> PFCE, et ses deux <strong>réseaux</strong>membres <strong>la</strong> Fédération Artisans <strong>du</strong> Monde et les groupes locaux Max Have<strong>la</strong>ar, et MINGA. Plusieurs desstructures rencontrées participent également aux <strong>réseaux</strong> de <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> internationaux, commel’IFAT.Deux de ces <strong>réseaux</strong> se déclinent au niveau francilien dans le but de se coordonner et de construire desprojets collectifs sur des problématiques spécifiquement franciliennes. <strong>Les</strong> adhérents de MINGA seréunissent ainsi dans une association MINGA Ile-de-France avec <strong>pour</strong> objectif de partager à terme unespace d’exposition et de vente commun. <strong>Les</strong> associations Artisans <strong>du</strong> Monde franciliennes se réunissentune fois par semestre <strong>pour</strong> partager sur leurs projets en cours et être informés des projets de <strong>la</strong> tête deréseau.Plusieurs structures de <strong>la</strong> mode éthique se regroupent plus spécifiquement par rapport à leur secteurd’activité dans l’AME, l’association des Acteurs de <strong>la</strong> Mode Ethique. Ces mêmes acteurs ont égalementpartagé pendant plusieurs années une p<strong>la</strong>te-forme logistique en Seine-Saint-Denis : Fair P<strong>la</strong>ce.Au-delà de ces <strong>réseaux</strong> formalisés, des re<strong>la</strong>tions ponctuelles et informelles se sont créées entreopérateurs <strong>pour</strong> organiser des évènements grand public au niveau local. Ce peut être sur <strong>la</strong> base d’unterritoire commun, comme le 19 ème arrondissement à Paris, ou <strong>la</strong> mise en valeur d’un même pays deprovenance des pro<strong>du</strong>its. C’est par exemple le cas avec <strong>la</strong> région <strong>du</strong> Chiapas au Mexique.C’est surtout à l’occasion d’évènements organisés en Ile-de-France que les enquêtés ont eu l’occasion deconnaître d’autres opérateurs spécialisés en <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> franciliens : <strong>du</strong>rant des salonsspécialisés <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> (Ethical Fashion Show à Paris, Forum National <strong>du</strong> CommerceEquitable à Paris, Equit’Expo à l’Ile-Saint-Denis), des salons professionnels généraux sur leur secteurd’activité (ex : Maison et Objet) et lors de marchés solidaires organisés par des communes (par exempleLe Marais Solidaire à Paris 3 e , le marché solidaire de Pantin), notamment <strong>du</strong>rant <strong>la</strong> période de Noël.C - LES RELATIONS AVEC LES ACTEURS NON MARCHANDS : ENTRE COMMERCE ET PLAIDOYER1| La société civileNous proposons de regrouper les structures de <strong>la</strong> société civile en re<strong>la</strong>tion avec les opérateurs spécialisésen <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> selon les quatre familles avec lesquelles le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> peut avoir desliens.a. La solidarité internationaleLa majorité des boutiques et associations de promotion <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> rencontrées travaillentavec des organisations de <strong>la</strong> solidarité internationale (OSI), comme par exemple le CCFD, ComitéCatholique contre <strong>la</strong> Faim et <strong>pour</strong> le Développement, avec qui elles mènent des campagnes desensibilisation aux thématiques Nord-Sud auprès <strong>du</strong> grand public. Elles peuvent ainsi organiser des<strong>Les</strong> <strong>réseaux</strong> d’acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> – Exemple de l’Ile-de-France 25


évènements grand public en commun, avant tout <strong>pour</strong> <strong>la</strong> Semaine de <strong>la</strong> Solidarité Internationale qui sedéroule chaque année en novembre.Mais il existe aussi des distributeurs qui ne se basent pas sur <strong>la</strong> solidarité internationale <strong>pour</strong> faire <strong>la</strong>promotion de leurs pro<strong>du</strong>its, comme nous l’avons vu auparavant. Elles ne cherchent pas alors à avoir dere<strong>la</strong>tions avec des organisations de <strong>la</strong> solidarité internationale.Plusieurs importateurs-grossistes rencontrés développent des partenariats avec des organisations de <strong>la</strong>solidarité internationale au Nord ou au Sud <strong>pour</strong> les appuyer dans le développement de leurs filières auSud, comme par exemple AVSF, Agronomes et Vétérinaires Sans Frontières.Nous n’avons pu identifier de re<strong>la</strong>tions des structures rencontrées avec des bailleurs de fonds de <strong>la</strong>solidarité internationale (collectivités territoriales, Ministère des Affaires Etrangères, Agence Française deDéveloppement, etc.) : les boutiques ont plutôt un rayon d’action local, alors que les importateurs sontgénéralement des entreprises ne pouvant recevoir de subventions publiques destinées aux structuresassociatives. Ce sont alors les têtes de <strong>réseaux</strong> (PFCE, FAdM, MHF, MINGA) qui focalisent ce type definancement.b. L’économie sociale et solidaireDans cette famille, nous considérons tout d’abord tous les <strong>réseaux</strong> qui appuient au financement et audéveloppement d’activité dans l’économie sociale et solidaire. Ces acteurs sont particulièrementimportants <strong>du</strong>rant <strong>la</strong> création de l’activité des structures entrepreneuriales <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>. Ainsi,trois entreprises récemment créées ont été soutenues par des associations de financement solidaireCigale et Garrigues. Deux de ces trois structures ont été soutenues dans le montage de leur projet par lesassociations Boutiques de Gestion et Initiative Entreprendre.Il existe aussi des <strong>réseaux</strong> de mutualisation dans l’économie sociale et solidaire. Ainsi, parmi lesboutiques rencontrées, plusieurs participent au réseau SOL, qui propose, via <strong>la</strong> création d’une monnaiealternative, un système de fidélité <strong>pour</strong> les consommateurs de pro<strong>du</strong>its de l’économie sociale et solidaire.<strong>Les</strong> structures parisiennes se retrouvent également dans le réseau Paris Développement Durable au côtéd’autres structures de l’économie sociale et solidaire <strong>pour</strong> communiquer ensemble sur leurs pratiquesresponsables.c. L’environnementDeux des structures rencontrées commercialisent toute leur gamme dans les <strong>réseaux</strong> bios et sont trèsliées à des <strong>réseaux</strong> d’associations environnementales <strong>pour</strong> en re<strong>la</strong>yer les campagnes.<strong>Les</strong> autres structures ne développent pas de re<strong>la</strong>tions particulières avec les acteurs de l’environnement.d. La responsabilité sociétale des entreprisesDans notre échantillon rencontré, ce sont essentiellement les associations dans leur activité de promotion<strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> qui vont à <strong>la</strong> rencontre des grandes entreprises et de leurs comités d’entreprise<strong>pour</strong> sensibiliser les sa<strong>la</strong>riés à une consommation responsable.Nous relevons également que quasiment aucune structure rencontrée n’a de lien avec les syndicats et lesassociations de consommateurs.2| <strong>Les</strong> pouvoirs publicsDe cette enquête auprès des opérateurs spécialisés en <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, les collectivités territoriales(Mairie, Conseils Généraux, Région) se présentent comme des soutiens à <strong>la</strong> création d’activité encomplément des finances solidaires <strong>pour</strong> les entreprises rencontrées et au développement des activitésde sensibilisation et promotion des associations par les subventions qu’elles leurs allouent. Leur rôled’acheteur public n’apparaît pas ici c<strong>la</strong>irement. Mais nous aborderons mieux le rôle qu’elles peuvent avoirpar l’achat public dans <strong>la</strong> partie qui leur est consacrée dans ce document.<strong>Les</strong> <strong>réseaux</strong> d’acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> – Exemple de l’Ile-de-France 26


IV. QUATRE POSITIONNEMENTS 16En confrontant l’ensemble des représentations <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> ainsi exprimées aux pratiques etre<strong>la</strong>tions de chacun des opérateurs interrogés, nous pouvons dégager quatre idéaux-types oupositionnements chez les opérateurs spécialisés <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> rencontrés :A - LE POSITIONNEMENT « SOLIDAIRE »Un opérateur au positionnement avant tout solidaire défend le lien <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> avec <strong>la</strong>solidarité internationale, et revendique <strong>la</strong> dimension essentiellement Nord-Sud <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>.Souhaitant l’augmentation des volumes <strong>pour</strong> aider les petits pro<strong>du</strong>cteurs, il trouve important que lespro<strong>du</strong>its soient distribués en grande distribution et que les entreprises conventionnelles s’impliquent dans<strong>la</strong> démarche. Il combine des activités d’importation et de vente avec de nombreuses actions d’é<strong>du</strong>cationau <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> auprès d’établissements sco<strong>la</strong>ires et de grandes entreprises afin de faireconnaître le concept dans tous les milieux. <strong>Les</strong> questions de solidarité internationale lui tenant à cœur, ilre<strong>la</strong>ie les campagnes de p<strong>la</strong>idoyer et lobbying nationales en lien avec les acteurs de <strong>la</strong> solidaritéinternationale.B - LE POSITIONNEMENT « PRAGMATIQUE »Un opérateur au positionnement avant tout pragmatique est un entrepreneur responsable qui s’inscritvolontiers dans l’économie sociale et solidaire et le Développement Durable et souhaite professionnaliserle secteur <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>. La question <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> local est <strong>pour</strong> lui intéressante surle principe, rattachant ainsi sa pratique aux autres initiatives de l’économie sociale et solidaire existant,mais sa priorité reste le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> Nord-Sud. S’il est importateur, il fait le choix d’unedistribution mixte entre boutiques spécialisées et circuits conventionnels et accepte <strong>la</strong> distribution en GMScomme moyen <strong>pour</strong> développer de gros volumes. Il noue des partenariats avec des ONG <strong>du</strong> Sud, quiappuient les pro<strong>du</strong>cteurs avec qui il travaille. Mais il se détache <strong>du</strong> concept de <strong>la</strong> solidarité internationale,craignant que son activité et ses pro<strong>du</strong>its soient ré<strong>du</strong>its à un acte de charité.C - LE POSITIONNEMENT « POLITISE »Un opérateur au positionnement avant tout politisé, terme à entendre au sens <strong>la</strong>rge, est plutôt de petitetaille et travaille essentiellement en filière courte, importateur-détail<strong>la</strong>nt ou boutique. Il met en avant <strong>la</strong>dimension politique de son engagement, s’exprimant c<strong>la</strong>irement contre <strong>la</strong> distribution de pro<strong>du</strong>its de<strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> en grande distribution et considérant le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> comme un projetpolitique <strong>pour</strong> lutter contre le libéralisme. Il a souvent des liens avec des partis politiques d’extrêmegauche et peut avoir des contacts et recevoir un soutien de collectivités territoriales à orientationPC/Verts. Au niveau de <strong>la</strong> société civile, ses contacts sont fréquents avec des mouvementsaltermondialistes tels ATTAC. Le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> étant autant de dimension locale qu’internationale,il souhaite favoriser le <strong>commerce</strong> de proximité et se fournit effectivement auprès de pro<strong>du</strong>cteursindivi<strong>du</strong>els <strong>du</strong> Nord comme <strong>du</strong> Sud. Du point de vue des financements et de l’aide à <strong>la</strong> création de sonactivité, il s’adresse à des bailleurs privés de l’économie sociale et solidaire (Cigales, Nef).D - LE POSITIONNEMENT « ENVIRONNEMENTAL »Un opérateur au positionnement avant tout environnementale sera un importateur qui développeprincipalement une activité à l’approche environnementale, complétée de pratiques de <strong>commerce</strong><strong>équitable</strong>. Il défend ainsi un lien étroit entre <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> et environnement, comme une approcheintégrale. Il met l’accent sur les normes écologiques <strong>pour</strong> proposer systématiquement des pro<strong>du</strong>its de<strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> <strong>la</strong>bellisés AB (Agriculture Biologique). Il est en lien avec les acteurs de l’économiesociale et solidaire par son approche responsable <strong>du</strong> <strong>commerce</strong>, mais surtout <strong>du</strong> DéveloppementDurable. Il distribue dans les <strong>réseaux</strong> bios, et peut recevoir un soutien des ministères en lien avecl’environnement. Il noue également des re<strong>la</strong>tions avec des associations de défense de l’environnementcomme Greenpeace ou WWF, ainsi qu’avec des revues liées à l’agriculture et <strong>la</strong> consommationbiologiques.16Pour rappel de l’intro<strong>du</strong>ction <strong>du</strong> rapport général, <strong>la</strong> méthodologie choisie permet, à travers <strong>la</strong> création d’idéaux-types obtenus en accentuant certains traits de <strong>la</strong>recherche (« positionnements ») , de construire une représentation de <strong>la</strong> réalité perçue via les entretiens menés. Cette construction permet de synthétiser leséléments de <strong>la</strong> recherche mais ne prétend en aucun cas repro<strong>du</strong>ire <strong>la</strong> complexité <strong>du</strong> réel.<strong>Les</strong> <strong>réseaux</strong> d’acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> – Exemple de l’Ile-de-France 27


Dans les faits, chacun des opérateurs rencontrés présente des caractéristiques propres à plusieurs deces positionnements. Il ne s’agit donc pas de quatre groupes séparés qu’il faudrait opposer maisdavantage de positionnements qui illustrent les différentes pratiques, discours et stratégies re<strong>la</strong>tionnellesque peuvent adopter les opérateurs spécialisés en <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> franciliens.BIBLIOGRAPHIE DE LA SECTIONFRANCOIS Martine, LAGANDRE Damien, STOLL Julie, 2008, Le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> en France en 2007, MAEE, 38 p.HABBARD Pierre, LAFARGE Laurent, PEETERS Anne, VERGRIETTE Benoit, 2002, Etat des lieux et enjeux <strong>du</strong> changementd’échelle <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>. Typologie des filières, marchés de consommation, gouvernance internationale et cohérenceglobale <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, Publication So<strong>la</strong>gral – CIRAD – CICDA - CEDAC.HUYBRECHTS Benjamin, SARRAZIN-BITEYE Emilie, 2008, Le nouveau paysage des acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> en France –Evolutions et enjeux , Poster, 3rd Fair Trade International Symposium 14-16 mai 2008 www.ftis2008.org, MontpellierKRIER Jean-Marie, 2005, Fair trade in Europe 2005 : Facts and figures on fair trade in 25 European countries, Fair Trade AdvocacyOffice, 86 p. http://www.fairtradeadvocacy.org/ftineurope2005.htmlRecensement, entretiens et analyse 17 réalisés en 2007 par:Jordan DEL CAMPO, Programme ESC, Master 1 - Euromed MarseilleFitzgerald BERTHON, Master 2 Pro « Etudes <strong>du</strong> développement » spécialité « Développement local :acteurs sociaux et dynamiques spatiales » – IEDES / Université Paris 1 Panthéon-SorbonneLucie PENDELIEVRE, Master 1 Pro « Etudes <strong>du</strong> développement » spécialité « Développementsocial : travail, formation, santé » - IEDES / Université de Paris 1 Panthéon-SorbonneHélène WANNEHAIN, Master 2 « Ethique et Développement Durable » - Université Jean Moulin Lyon 3Encadrement scientifique :Amina BEJI-BECHEUR, Maître de conférences en sciences de gestion à l’Université de Paris-EstMarne-La-Vallée – FairNESSNil OZCAGLAR-TOULOUSE, Maître de conférences en sciences de gestion à l’Université de LilleNord de France (LSMRC) – FairNESSEncadrement technique :Emilie SARRAZIN-BITEYE, chargée <strong>du</strong> projet PICRI Commerce Equitable17 Cette partie regroupe le premier niveau d’analyse des données recueillies lors des entretiens auprès des opérateurs de <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> spécialisés. Uneanalyse des discours plus approfondie et resituée dans un contexte français plus général a été réalisée <strong>pour</strong> aboutir à plusieurs publications scientifiques :- BECHEUR Amina, TOULOUSE Nil, 2008, Réseaux d’acteurs et construction <strong>du</strong> marché : cas <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, 3rd Fair Trade InternationalSymposium 14-16 mai 2008 www.ftis2008.org, Montpellier- BEJI-BECHEUR Amina, OZCAGLAR-TOULOUSE Nil, 2008, Fair trade in the marketp<strong>la</strong>ce: an analysis of entrepreneurs’ representations and re<strong>la</strong>tionalstrategies, Congrès Annuel de l’Association Française <strong>du</strong> Marketing, Paris, 15-16 mai- HUYBRECHTS Benjamin, SARRAZIN-BITEYE Emilie, 2008, Le nouveau paysage des acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> en France – Evolutions et enjeux,Poster, 3rd Fair Trade International Symposium 14-16 mai 2008 www.ftis2008.org, Montpellier- OZCAGLAR-TOULOUSE Nil, BEJI-BECHEUR Amina, GATEAU Matthieu, ROBERT-DEMONTROND Philippe, En cours de publication, Demystifying FairTrade in France : The History of an Ambiguous Project , Journal Of Business Ethics<strong>Les</strong> <strong>réseaux</strong> d’acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> – Exemple de l’Ile-de-France 28


SECTION B - LES ENTREPRISES CONVENTIONNELLES ET LECOMMERCE EQUITABLESYNTHESEFace au marché émergent des pro<strong>du</strong>its issus <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, les entreprises conventionnellesqui s’engagent dans le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> n'ont pas toutes <strong>la</strong> même vision, ni <strong>la</strong> même approche enmatière d'intégration de cette démarche dans leur organisation. Cette étude en Ile-de-France met enévidence <strong>la</strong> diversité des entreprises conventionnelles engagées dans une activité de <strong>commerce</strong><strong>équitable</strong>, qui ne se limite pas aux seules grandes entreprises.Des créateurs d’entreprises, artisans-créateurs et boutiques de mode et de cosmétiques, s’engagent ainsifortement dans le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> sans <strong>pour</strong> autant s’y spécialiser. Le dirigeant peut être dans unedémarche d’entreprenariat responsable, ou à <strong>la</strong> recherche de pro<strong>du</strong>its artisanaux, innovants et de qualitéqu’il va trouver dans le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>. Par souci de coût et <strong>du</strong> fait de leur activité récente, cesstructures n’adoptent pas de système de certification externe. Elles travaillent très souvent avec denombreuses entreprises spécialisées en <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, dont elles partagent les valeurs etreprésentations, à <strong>la</strong> fois militantes et pragmatiques.Très nombreuses dans le secteur, les petites et moyennes entreprises familiales participent activement audéveloppement <strong>du</strong> marché <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, qui correspond <strong>pour</strong> elles au redéploiement de leuractivité sur un nouveau segment de marché. Ce sont avant tout des in<strong>du</strong>striels ou des <strong>réseaux</strong> deboutiques qui développent une activité de <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> dans des filières <strong>la</strong>bellisées Max Have<strong>la</strong>ar/FLO telles que <strong>la</strong> boisson, <strong>la</strong> fleur ou le coton, avant tout dans un but de développement commercial oud’opportunité in<strong>du</strong>strielle. Elles adoptent <strong>pour</strong> <strong>la</strong> plupart <strong>la</strong> représentation <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> portéepar l’association Max Have<strong>la</strong>ar France. Même si certaines semblent sensibles à <strong>la</strong> question deresponsabilité de l’entreprise que peut poser le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, elles sont prudentes quant àl’insertion de cette démarche dans leur activité : il est encore un segment de marché en développement.<strong>Les</strong> grandes entreprises impliquées regroupent des grandes et moyennes surfaces qui distribuent desmarques nationales et spécialisées <strong>la</strong>bellisées et qui développent aussi leur marque de distributeur en<strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> ainsi que des in<strong>du</strong>striels qui développent des gammes de pro<strong>du</strong>its <strong>la</strong>bellisées MaxHave<strong>la</strong>ar. La responsabilité sociétale joue un rôle clé dans <strong>la</strong> démarche <strong>équitable</strong> de ces grandesentreprises : les organisations étudiées intègrent le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> dans leur stratégie dedéveloppement <strong>du</strong>rable, démarche <strong>pour</strong> <strong>la</strong>quelle est garantie une certaine traçabilité et transparence. Afinde maintenir une certaine rentabilité <strong>pour</strong> ces pro<strong>du</strong>its, ces structures les intègrent parmi les pro<strong>du</strong>itsconventionnels, sans modifier le mode de distribution et <strong>la</strong> stratégie de définition <strong>du</strong> prix. Alors quecertaines d'entre elles positionnent ces pro<strong>du</strong>its sur une stratégie de niche, d’autres cherchent avant toutà doper <strong>la</strong> demande par des prix peu élevés <strong>pour</strong> augmenter les volumes distribués. Dans les deux cas,l'intégration de ces pro<strong>du</strong>its est décidée autant sur des critères économiques que par une interrogation sur<strong>la</strong> responsabilité de l’entreprise.Dans ce paysage des entreprises conventionnelles engagées dans le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, nousconstatons l'importance de l’action de l’association Max Have<strong>la</strong>ar France. Principal développeur de l’offre,et donc des ventes de pro<strong>du</strong>its issus <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> en France, ce système de garantie proposéparait un outil qui s'intègre facilement dans <strong>la</strong> logique de développement de marques des entreprisesconventionnelles.<strong>Les</strong> <strong>réseaux</strong> d’acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> – Exemple de l’Ile-de-France 29


I. CARACTERISTIQUES 18La présente partie a <strong>pour</strong> objet d’étudier les entreprises conventionnelles engagées dans le <strong>commerce</strong><strong>équitable</strong>. On considère ici comme conventionnelles les entreprises qui ne réalisent pas l’ensemble deleur activité dans le domaine <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>. De même que les opérateurs bios, ce sont desacteurs marchands <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> non spécialisés.Peu de travaux existent encore sur l’activité de <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> de ces entreprises conventionnelles.<strong>Les</strong> seules études menées se sont avant tout focalisées sur <strong>la</strong> présence de <strong>la</strong> grande distribution et ledébat que leur implication a généré chez les opérateurs spécialisés <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>.A - L’APPUI DE MAX HAVELAAR FRANCE, PRINCIPALE ENTREE DANS LE COMMERCEEQUITABLEDepuis le début des années 2000, le changement d’échelle <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> – qui se présente àl’origine comme un <strong>commerce</strong> alternatif – s’appuie sur son intégration progressive aux circuits <strong>du</strong> marchéconventionnel. Comme l’explique Huybrechts (2006), « C’est sans conteste le développement de <strong>la</strong><strong>la</strong>bellisation qui a transformé ce mouvement en profondeur. En effet, <strong>la</strong> <strong>la</strong>bellisation a permis à touteentreprise de proposer des pro<strong>du</strong>its issus <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, dans <strong>la</strong> mesure où c’est le pro<strong>du</strong>it quiest certifié et non l’organisation. ».Avant l’apparition de l’association Max Have<strong>la</strong>ar France en 1992, « le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> était réservéaux Organisations de l’Economie Sociale» (Huybrechts, 2006). Celles-ci développaient des partenariatsavec des pro<strong>du</strong>cteurs des pays <strong>du</strong> Sud 19 et prônaient <strong>la</strong> modification des termes de l’échange par un<strong>commerce</strong> alternatif. En rejoignant <strong>la</strong> fédération internationale Fairtrade Labelling Organisation –FLO-,l’association Max Have<strong>la</strong>ar France met en p<strong>la</strong>ce l’apposition d’un logo sur les pro<strong>du</strong>its qui garantit le suivi<strong>du</strong> cahier des charges définissant les critères <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>. Ce logo permet ainsi de différencierles pro<strong>du</strong>its issus <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> dans les circuits de distribution conventionnels. Le but est ainside contribuer à <strong>la</strong> meilleure visibilité <strong>du</strong> pro<strong>du</strong>it et indirectement au choix d'achat <strong>du</strong> consommateur dansles grandes surfaces. L’apposition de ce logo permet l’intro<strong>du</strong>ction des pro<strong>du</strong>its d’importateurs spécialisésen <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> dans les grandes et moyennes surfaces <strong>pour</strong> « étendre le marché auxconsommateurs les moins avertis » (Diaz Pedregal, 2007).Mais l’association Max Have<strong>la</strong>ar France encourage également des entreprises conventionnelles à intégrerce nouveau marché en développant des gammes de pro<strong>du</strong>its issus <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> <strong>la</strong>bellisés MaxHave<strong>la</strong>ar. L’objectif est d’accroître alors les volumes d’importation <strong>pour</strong> que davantage de pro<strong>du</strong>cteurs <strong>du</strong>Sud puissent commercialiser leurs pro<strong>du</strong>its en <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>. Elle s’appuie <strong>pour</strong> ce<strong>la</strong> sur lechangement d'état d'esprit <strong>du</strong> consommateur de ces dernières années. Ce dernier ne s'implique pasforcément dans un processus d’achat de pro<strong>du</strong>its de l’économie solidaire, mais est de plus en plussensible à l'image dégagée par les marques conventionnelles, et attend d'elles un comportement pluséthique et plus responsable. Dans un souci de différentiation et surtout de rapprochement avec leconsommateur, de nombreuses entreprises cherchent ainsi une nouvelle légitimité (Gabriel, 2003 ;Bezaudin et Robert-Demontrond, 2007) et s'engagent <strong>pour</strong> un développement <strong>du</strong>rable et une économieplus solidaire, comme le suggère, entre autres, l’apparition de <strong>la</strong> notion de Responsabilité Sociétale desEntreprises 20 (RSE).Pour <strong>la</strong> plupart des entreprises que nous avons rencontrées, le <strong>la</strong>ncement de l’activité <strong>équitable</strong>correspond au développement des filières de l’association Max Have<strong>la</strong>ar France.En 2008, l’association Max Have<strong>la</strong>ar France garantie près de deux milles pro<strong>du</strong>its <strong>du</strong> secteur agricoleparmi lesquels café, choco<strong>la</strong>t, sucre, banane, thé, riz, miel, jus de fruits, épices et plus récemment lecoton.Cent-soixante-quinze entreprises 21 sont détentrices de <strong>la</strong> licence Max Have<strong>la</strong>ar, ce qui leur permet decommercialiser des pro<strong>du</strong>its issus <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> :- des marques de <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> portées par des Petites et Moyennes Entreprises (PME)spécialisées comme Alter Eco, Ethiquable,- des marques non spécialisées dont l’identité est intimement liée au bio comme Jardin Bio,18Dans <strong>la</strong> partie Méthodologie de l’intro<strong>du</strong>ction <strong>du</strong> rapport sont indiqués les critères de l’échantillonnage <strong>pour</strong> chaque type d’acteur rencontré.19Soit les pays d’Amérique Latine, d’Afrique et d’Asie.20Ou Responsabilité Sociale des Entreprises, selon les auteurs.21Source : www.maxhave<strong>la</strong>arfrance.org, 2007.<strong>Les</strong> <strong>réseaux</strong> d’acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> – Exemple de l’Ile-de-France 30


- des marques nationales à forte notoriété portées par des moyennes et grandes entreprises :Malongo, Armor Lux, Banania, Alsa, etc.,- des marques de distributeur de toutes les enseignes de <strong>la</strong> grande distribution.DATES CLES NOUVEAUX PRODUITS LABELLISES MAX HAVELAAR EN FRANCE DEBUT ACTIVITE STRUCTURES ETUDIEESAvant1999/20002001200220032004200520062007CaféBanane et théCacao, jus d’orange, riz et sucreAnanas - Label reconnu « campagne d’intérêt général» par le gouvernementMangueCoton, fleurs, quinoa, épicesBeurre de karitéNoix et grainesEntreprises B3 - D1Entreprises PEntreprises T3 - T4Entreprises T1 - T2 - F3 - C3 - T6Entreprises B1 - B2 - F2 - T5Entreprises F1 - C1 - C2Fig. 6 : Développement des filières par MHF et début d’activité en <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> des entreprises étudiées 21B - D’AUTRES INITIATIVES EN EMERGENCE POUR ACCOMPAGNER ET GARANTIRConcernant les pro<strong>du</strong>its alimentaires, l’association Max Have<strong>la</strong>ar France n’est plus l’unique organisme quipropose un système garantissant le caractère « <strong>équitable</strong> » de pro<strong>du</strong>its en France. « Le <strong>la</strong>bel FLO/MaxHave<strong>la</strong>ar est un logo privé et non officiel en concurrence avec d’autres <strong>la</strong>bels, en l’absence de norme etde reconnaissance par les pouvoirs publics. » (Varin, 2006). En effet, plusieurs autres systèmes se sontdéveloppés ces dernières années.Créé en 2002 par un groupe de PME spécialisées dans les filières de l’agriculture biologique partageantdes valeurs et pratiques communes (<strong>la</strong> protection de l’environnement et des personnes), l’association BioEquitable s’est constituée <strong>pour</strong> accompagner ces entreprises sur <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce de filières biologiqueset <strong>équitable</strong>s. Elle a constitué son propre référentiel et sa propre marque « Bio Equitable ». Cettedernière peut être apposée sur les pro<strong>du</strong>its après vérification par Ecocert de l’application <strong>du</strong> cahier descharges défini par l’association Bio Equitable.Par ailleurs, l’organisme Ecocert, qui à l’origine certifie les pro<strong>du</strong>its issus de l’agriculture biologique, adéveloppé depuis 2007 son propre référentiel de <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, conforme au consensus de FINE età l’Accord AFNOR (Afnor 2006) : le référentiel « ESR » (échanges Equitables, Solidaires etResponsables). Le cahier des charges, é<strong>la</strong>boré en 2007 puis continuellement amélioré, s’applique auxfilières agroalimentaires, cosmétiques, textiles et artisanales. Une certification biologique est notammentexigée <strong>pour</strong> les filières de <strong>la</strong> banane, <strong>du</strong> coton et des fleurs.Fin 2008, le logo Bio Equitable garantit neuf pro<strong>du</strong>its (cacao, coton, dattes, fonio, quinoa, sésame, épices,thé, vanille, girofle, poivre) et une vingtaine de pro<strong>du</strong>its sont attestés ou en cours d’attestation ESR 22 .Enfin, l’association Minga a mis en p<strong>la</strong>ce depuis plusieurs années un système de garantie de <strong>commerce</strong><strong>équitable</strong> participatif dont le cahier des charges définit des critères sur l’ensemble de <strong>la</strong> filière intégrant letransport et <strong>la</strong> distribution (Bécheur et Toulouse 2008). Des entreprises conventionnelles qui nerevendiquent pas comme activité principale le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> peuvent ainsi adopter ce système degarantie sur <strong>la</strong> part de leur activité qu’elles qualifient comme telle. L’adoption <strong>du</strong> système de garantieMinga se fait par l’adhésion à l’association <strong>du</strong> même nom, et se révèle peu coûteuse par rapport auxautres systèmes existants, ne faisant pas appel à une certification externe.Par ailleurs, dans le secteur <strong>du</strong> textile, le programme Fibre Citoyenne 23 <strong>la</strong>ncé en 2005 est conçu et gérépar l’association Yamana qui adhère à <strong>la</strong> P<strong>la</strong>te-<strong>Forme</strong> <strong>pour</strong> le Commerce Equitable. Il est destiné auxentreprises <strong>du</strong> secteur textile-habillement et aux donneurs d'ordre -publics et privés- consommateurs depro<strong>du</strong>its textiles, qui souhaitent concilier activité textile et développement <strong>du</strong>rable. Il se revendiqueégalement <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>.22Source : www.ecocert.org, 2008.23Source : www.fibrecitoyenne.org, 2009.<strong>Les</strong> <strong>réseaux</strong> d’acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> – Exemple de l’Ile-de-France 31


C - DES ENTREPRISES IMPLIQUEES DE TOUTE TAILLEUn premier recensement non exhaustif des entreprises conventionnelles impliquées dans le <strong>commerce</strong><strong>équitable</strong> en Ile-de-France a mis en évidence leur diversité : on trouve aussi bien de très petitesentreprises que de grandes entreprises.Parmi les vingt entreprises rencontrées dans le cadre de notre étude, cinq sont de très petites entreprisesde moins de dix sa<strong>la</strong>riés, huit sont des PME, soit de moins de 250 sa<strong>la</strong>riés, et sept sont de grandesentreprises. Ceci reflète une réalité : <strong>la</strong> liste des détenteurs de licence 24 de Max Have<strong>la</strong>ar France (c’est-àdireles entreprises commercialisant des pro<strong>du</strong>its <strong>la</strong>bellisés Max Have<strong>la</strong>ar) met en évidence que <strong>la</strong> plupartdes structures listées sont des PME conventionnelles.ACTIVITETrès petites entreprises : moins de 10 sa<strong>la</strong>riésFILIERENOMBRE DESALARIESDATE DECREATIONDEBUTACTIVITECEPART DU CE EN %DU CA OU % DUVOLUMEGARANTIECEPROFILRENCONTREBoutique indépendante F1 Fleurs 2 1997 2007 Moins de 1% MHF GérantImportateur- fabricant T1 Coton/ Textile 0 2005 2005 Entre 30% et 50% Non GérantBoutique indépendante T2 Coton/ Textile 0 2005 2006 NC Non GérantDistributeur VPC C1 Cosmétiques 1 2006 2007 Entre 30% et 50% MINGA GérantBoutique indépendante C2Petites entreprises : entre 10 et 49 sa<strong>la</strong>riésCosmétiques/Coton2 2006 2007 NC Non GérantImportateur – fabricant B1 Boissons 18 < 1990 2006 0% MHFDistributeur RHD B2 Boissons 35 < 1990 2006 Entre 1% et 5% MHFImportateur - fabricant B3 Boissons 12 < 1990(1998)2005Entre 1% et 5%MHFAssistant dedirectionResponsablemarketingResponsablemarketingImportateur- grossiste F2 Fleurs 33 < 1990 2006 Moins de 1% MHF Resp. appro.Transporteur P Transport 12 2002 2003 NC / GérantMoyennes entreprises : entre 50 et 250 sa<strong>la</strong>riésRéseau de franchises F3 Fleurs 116 < 1990 2005 Entre 1% et 5% MHF Resp. comm.Importateur- fabricant T3 Coton/ Textile 160 < 1990 2003 25% en volume MHFDirecteurFranceRéseau de boutiques C3 Cosmétiques. 120 2000 2005 NC Non Resp. appro.Grandes entreprises : plus de 500 sa<strong>la</strong>riésImportateur - fabricant T4 Coton/ Textile 640 < 1990 2004 12,5% en volume MHFImportateur - fabricant B4 Boissons 10.000 < 1990 NC Entre 1% et 5% MHFFabricant- distributeur GMS D1 Alimentaire > 10.000 < 1990 1997 Moins de 1% MHF / ESRResp.comm.Resp. serviceclientResp. qualitéaff soc/envirFabricant- distributeur GMS D2 Alimentaire > 10.000 < 1990 NC Moins de 1% MHF Direct. DDFabricant- distributeur GMS D3 Alimentaire > 10.000 < 1990 NC NC MHF Direct. DDFabricant - réseau franchise T5 Coton/ Textile > 1000 < 1990 2006 Entre 1% et 5% MHFFabricant - distributeur VPC T6 Coton/ Textile > 10.000 < 1990 2005 NC MHFFig.7 : Echantillon des entreprises conventionnelles rencontréesResp.marchéDirect.Comm.Presque <strong>la</strong> moitié des structures rencontrées sont à Paris. <strong>Les</strong> autres sont réparties sur le reste desdépartements franciliens. Ces structures ayant <strong>pour</strong> <strong>la</strong> plupart une activité à échelle nationale, leurrépartition est simi<strong>la</strong>ire à celle de l’ensemble des sièges sociaux présents en Ile-de-France.D - DES METIERS TOUT AU LONG DES FILIERESQuelle que soit leur taille, ces entreprises peuvent combiner une ou plusieurs activités concernant despro<strong>du</strong>its issus <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> :- Importation : s'approvisionnent en matière première, pro<strong>du</strong>its semi-finis ou finis auprès desorganisations de pro<strong>du</strong>cteurs au Sud,- Fabrication/ transformation : fabriquent ou font fabriquer des pro<strong>du</strong>its à leur marque, à partir dematières premières ou pro<strong>du</strong>its semi-finis provenant d’organisations de pro<strong>du</strong>cteurs <strong>du</strong> Sud,d’importateurs en France ou en Europe,- Distribution grossiste : achètent des pro<strong>du</strong>its finis <strong>pour</strong> revendre en plus petits lots aux détail<strong>la</strong>nts,24Source : www.maxhave<strong>la</strong>arfrance.org, 2008.<strong>Les</strong> <strong>réseaux</strong> d’acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> – Exemple de l’Ile-de-France 32


- Distribution détail<strong>la</strong>nt, parmi lesquels :× <strong>Les</strong> grandes ou moyennes surfaces : commercialisent un grand nombre de catégories de pro<strong>du</strong>itsmais sont spécialisées dans les pro<strong>du</strong>its alimentaires,× <strong>Les</strong> <strong>réseaux</strong> de boutiques/ franchises : boutiques qui s’organisent en réseau dont le siège a unefonction de centrale d’achat et de conseil et bénéficient de <strong>la</strong> même enseigne,× <strong>Les</strong> boutiques indépendantes : <strong>commerce</strong>s autonomes,× <strong>Les</strong> cafétérias, restaurants conventionnels, les distributeurs de restauration hors domicile (RHD),× <strong>Les</strong> distributeurs de Vente Par Correspondance (VPC),- Prestation de service : transporteur, organisme de certification, etc.Dans le cadre de notre étude, nous avons ainsi cherché à rencontrer des entreprises conventionnellestout au long de quatre filières distinctes : coton/textile, cosmétiques, boissons/alimentaire, et fleurs.COTON/ TEXTILE COSMETIQUESBOISSONS/ALIMENTAIREFLEURSTransporteurPImportateur fabricant T1 – T3 –T4 B1 – B3 - B4 F2Fabricant - distributeur VPCT6Fabricant - distributeur GMSD1 – D2 – D3Fabricant - réseau franchisesT5Distributeur RHDB2Boutique indépendante T2 C2 F1Réseau de boutiques/ franchises C3 F3Distributeur VPCC1Fig. 8 : Echantillon des entreprises conventionnelles rencontrées et filières.Nous avons pu ainsi déterminer trois positionnements distincts des entreprises conventionnellesrencontrées par rapport au <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> – activité/représentation/re<strong>la</strong>tion - selon <strong>la</strong> démarchequ’elles ont initié par rapport au développement général de leur activité : les positionnementsentrepreneur responsable, acteur commercial, et stratège de <strong>la</strong> responsabilité sociétale de l’entreprise.II. TROIS POSITIONNEMENTS 25A - LE POSITIONNEMENT « ENTREPRENEUR RESPONSABLE »Le premier positionnement que nous avons identifié concerne les très petites entreprises récentesprésentes dans deux filières étudiées : les cosmétiques et le coton. Elles emploient au plus deux sa<strong>la</strong>riés.C’est <strong>pour</strong>quoi l’indivi<strong>du</strong> rencontré au sein de <strong>la</strong> structure est <strong>pour</strong> l’ensemble le gérant.1| Des artisans et des distributeurs en quête de responsabilité<strong>Les</strong> quatre micros entreprises rencontrées sont re<strong>la</strong>tivement récentes puisque elles ont été créées en2005 au plus tôt.Se positionnant sur des filières récemment développées en <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> –prêt-à-porter/coton etcosmétiques-, ces petites entreprises artisanales ont initié leur activité dans le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> enmême temps que <strong>la</strong> création de leur structure, que ce soit dans <strong>la</strong> fabrication ou dans <strong>la</strong> distribution. Lapart <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> dans leur chiffre d’affaire représente entre 30 et 50 % <strong>pour</strong> deux d’entre elles.Le reste de leur activité est centré autour des pro<strong>du</strong>its naturels, issus de l’agriculture biologique ouprovenant de créateurs et artisans.La plupart <strong>du</strong> temps, l’entrepreneur avait déjà une sensibilité personnelle re<strong>la</strong>tive à <strong>la</strong> consommationresponsable : il avait <strong>pour</strong> projet de développer une activité entrepreneuriale « responsable » dans<strong>la</strong>quelle le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> pouvait trouver sa p<strong>la</strong>ce au côté d’autres pro<strong>du</strong>its éthiques.Finalement, l’activité de ces très petites entreprises est très proche de celle de certains opérateursspécialisés en <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> que nous avons rencontrés, également boutiques indépendantes etartisans. Dans les deux cas, une part plus ou moins importante de leur activité ne relève pas <strong>du</strong><strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> mais d’une activité responsable (éthique, agriculture biologique, etc.). La principaledifférence réside dans l’affichage : alors que les très petites entreprises conventionnelles rencontréespréfèrent qualifier leur activité de « responsable », de petites entreprises spécialisées revendiquent25Pour rappel de l’intro<strong>du</strong>ction <strong>du</strong> rapport général, <strong>la</strong> méthodologie choisie permet, à travers <strong>la</strong> création d’idéaux-types obtenus en accentuant certains traits de <strong>la</strong>recherche (« positionnements »), de construire une représentation de <strong>la</strong> réalité perçue via les entretiens menés. Cette construction permet de synthétiser leséléments de <strong>la</strong> recherche mais ne prétend en aucun cas repro<strong>du</strong>ire <strong>la</strong> complexité <strong>du</strong> réel.<strong>Les</strong> <strong>réseaux</strong> d’acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> – Exemple de l’Ile-de-France 33


comme activité principale le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>. Dans notre étude, il est ainsi fait une distinction par lediscours entre deux types de structures dont l’activité est en fait très proche sinon identique.2| Un réseau important dans le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>Pour développer leur activité dans le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, toutes ces structures travaillent avec des petitsimportateurs et distributeurs spécialisés dans le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>. De plus, elles participentrégulièrement à des rencontres professionnelles de créateurs éthiques. <strong>Les</strong> quatre structures citent ainsil’Ethical Fashion Show comme évènement majeur <strong>pour</strong> faire connaître leurs pro<strong>du</strong>its auprès de nouveauxclients, et rencontrer de nouveaux fournisseurs de pro<strong>du</strong>its de <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>.D’autre part, deux des quatre structures ont initié leur activité dans <strong>la</strong> couveuse GEAI IDEES del’association Boutique de Gestion de Paris. Ce cadre d’initiation à l’entreprenariat est proposé <strong>pour</strong> aiderles porteurs de projets « responsables ». C’est à travers ce réseau de jeunes créateurs, parmi lesquelsfigurent aussi des entrepreneurs spécialisés en <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, que ces très petites entreprises ontensuite développé leur activité de <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>.Enfin, une des structures a intégré le réseau Minga, rassemb<strong>la</strong>nt des opérateurs spécialisés en<strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, dont elle utilise le système de garantie de <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>.<strong>Les</strong> trois autres n’utilisent pas de garantie <strong>pour</strong> leur activité de <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>. En effet, le <strong>commerce</strong><strong>équitable</strong> certifié constitue <strong>pour</strong> elles une contrainte <strong>du</strong> fait de procé<strong>du</strong>res de certifications coûteuses et dechartes trop difficiles à respecter. Elles limitent le prix des pro<strong>du</strong>its en ne répercutant pas le coût d’un <strong>la</strong>belsur le prix de vente, à <strong>la</strong> faveur <strong>du</strong> consommateur :« Bon les <strong>la</strong>bels c’est très bien mais faire payer à mes clients des <strong>la</strong>bels qui coûtent très cher, j’ai<strong>du</strong> mal. » (distributeur VPC C1)Afin d’assurer le caractère <strong>équitable</strong> de leurs pro<strong>du</strong>its, ces entreprises mettent en œuvre différentesstratégies. <strong>Les</strong> fabricants mènent des contrôles internes, et s’appuient sur d’autres certifications« responsables » concernant l’environnement par exemple :« Alors j’ai demandé des preuves entre guillemets… Moi mon fournisseur il n’est pas <strong>la</strong>bellisé. Maispar contre je sais derrière que voilà, en demandant aux employés, je sais qu’ils sont très contentsde leurs conditions et en terme de conditions de travail et en terme de sa<strong>la</strong>ires, (…) ils ont unesécurité autour de <strong>la</strong> famille et tout. » (importateur - fabricant T1)Du fait de <strong>la</strong> taille ré<strong>du</strong>ite de leur structure, les distributeurs rencontrés peuvent construire une re<strong>la</strong>tion deconfiance avec leur clientèle par le dialogue et <strong>la</strong> connaissance précise des pratiques de leursfournisseurs. C’est sur cette base qu’ils déc<strong>la</strong>rent ne pas avoir besoin de s’appuyer sur un système degarantie externe <strong>pour</strong> justifier le caractère <strong>équitable</strong> des pro<strong>du</strong>its qu’ils commercialisent.« Au niveau <strong>du</strong> prêt-à-porter, c'est plus difficile car ça coûte cher et on rentre dans des chartes quisont pas faciles. Donc il y a beaucoup de personnes qui voyagent beaucoup, sac à dos au dos, ilspartent dans le pays, ils nous expliquent comment travaillent les fournisseurs, ils reviennent ilsproposent leurs pro<strong>du</strong>its, (…) donc quelque part je n’ai pas d’intermédiaires, c'est eux qui vontchercher leurs pro<strong>du</strong>its et qui le ramènent. Même par rapport au prix c'est plus intéressant. »(boutique indépendante C2)Cependant, ces structures choisissent souvent de s’adresser à des fournisseurs appartenant à des<strong>réseaux</strong> nationaux spécialisés <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, tels que <strong>la</strong> P<strong>la</strong>te-<strong>Forme</strong> <strong>pour</strong> le CommerceEquitable ou Minga, qui bénéficient d’une certaine confiance et légitimité parmi les acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong><strong>équitable</strong>.« Moi ce que je fais déjà, c’est que je cherche des gens qui appartiennent à des <strong>réseaux</strong> <strong>équitable</strong>sdonc <strong>du</strong> coup c’est plus facile d’accorder sa confiance à des personnes qui font partie de cescercles, <strong>pour</strong> moi c’est comme une présélection en fait. » (distributeur VPC C1)3| Des structures dans les débats <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>Ces très petites entreprises portent finalement des représentations <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> très prochesde celles qu’on rencontre chez certains opérateurs spécialisés en <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>.« C’est un <strong>commerce</strong> juste qui permet à tous les acteurs de <strong>la</strong> filière d’être rétribués à <strong>la</strong> hauteur deleur travail, de leur investissement. » (distributeur VPC C1)« L’<strong>équitable</strong>, on le respire, on n’est pas là <strong>pour</strong> arnaquer. On fait <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> autrement. »(boutique indépendante C2)<strong>Les</strong> <strong>réseaux</strong> d’acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> – Exemple de l’Ile-de-France 34


Ainsi, le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> représente une amorce à <strong>la</strong> transformation de l’ensemble <strong>du</strong> <strong>commerce</strong>conventionnel :« C’est les prémices le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>. […] Comme le bio doit devenir <strong>la</strong> norme <strong>pour</strong> <strong>la</strong>pro<strong>du</strong>ction <strong>pour</strong> le respect <strong>du</strong> consommateur, l’<strong>équitable</strong> doit être <strong>la</strong> norme <strong>pour</strong> le respect destravailleurs en fait. » (distributeur VPC C1)Mais au-delà de ce discours partisan, le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> évoque également <strong>pour</strong> ces entrepreneursune consommation de qualité et une valeur ajoutée au pro<strong>du</strong>it, que ce soit par son originalité ou sonorigine :« C'est une valeur ajoutée <strong>pour</strong> moi. Ça veut dire que moi avant tout je mets en avant le design. »(importateur - fabricant T1)« Donc toujours <strong>la</strong> notion <strong>du</strong> voyage parce que le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> c'est quelque chose quivient de là-bas et qu’on ramène ici. » (boutique indépendante C2)Dans cette approche de responsabilité de l’entreprenariat, <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> et économie sociale etsolidaire deviennent deux termes synonymes, en ce qu’ils intègrent tous les deux les aspects à <strong>la</strong> foiséconomiques et sociaux. Ainsi, <strong>la</strong> question <strong>du</strong> périmètre des échanges sur lequel peut s’appliquer leconcept n’est pas forcément limité au Nord-Sud <strong>pour</strong> <strong>la</strong> plupart.« En fait le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> on l’applique beaucoup avec les pays à l’étranger mais en fait il y a<strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> ici. Economie sociale et solidaire ça serait <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> appliquéici. » (distributeur VPC C1)« C'est toujours un échange, l’<strong>équitable</strong>. L’<strong>équitable</strong> ne doit pas délimiter les frontières… »(boutique indépendante T2)Cette conception de <strong>la</strong> responsabilité de l’entreprenariat amène un des entrepreneurs à poser <strong>la</strong> question<strong>du</strong> lien entre le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> avec l’environnement :« C'est difficile parce qu’il n’y a pas toujours un lien. Il y en a même certains qui font <strong>du</strong> <strong>commerce</strong><strong>équitable</strong> et qui n’en ont rien à faire de l’environnement. Aujourd’hui quand tu fais <strong>du</strong> coton bio <strong>pour</strong>moi c'est censé être <strong>équitable</strong>. Mais j’ai rencontré des fournisseurs qui faisaient <strong>du</strong> coton bio et pasde l’<strong>équitable</strong>, derrière ils ne payaient pas correctement.» (importateur - fabricant T1)D’autre part, à l’identique de nombreux entrepreneurs spécialisés en <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> aupositionnement pragmatique notamment, le lien avec <strong>la</strong> solidarité internationale est remis en question : le<strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> représente plutôt une nouvelle forme de <strong>commerce</strong>. Le thème de <strong>la</strong> solidarité peutêtre perçu comme dévalorisant <strong>pour</strong> le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> :« Je préfère le terme de <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>. Solidarité internationale c’est un peu péjoratif, un peupaternaliste ça pose <strong>la</strong> situation comme si ce n’était pas normal quoi, comme si l’équité n’était pasce qu’elle devait être. » (distributeur VPC C1)Enfin, même si elle est questionnée, <strong>la</strong> distribution de pro<strong>du</strong>its <strong>équitable</strong>s en grandes surfaces semblenécessaire <strong>pour</strong> tous.L’action des pouvoirs publics dans <strong>la</strong> garantie <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> n’est pas indispensable <strong>pour</strong> cestrès petites entreprises alors qu’elles n’ont pas recours à un <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> certifié:« Non, on fait très bien sans. Après oui ce qui serait bien c'est qu’il y ait un <strong>la</strong>bel, un ministère j’ensais rien qui crée quelque chose, qui prouve qu’on est beaucoup à être de bonne foi. On fait del’<strong>équitable</strong> mais il n’y a rien aujourd’hui qui le prouve. » (importateur - fabricant T1)En conclusion, ces entrepreneurs responsables, très petites entreprises rencontrées des filièrestextile/prêt-à-porter et cosmétiques, se distinguent des autres entreprises conventionnelles que nousallons évoquer de par leur représentation, leur réseau et leurs pratiques très proches de ceuxd’opérateurs spécialisés en <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> de positionnement pragmatique.<strong>Les</strong> <strong>réseaux</strong> d’acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> – Exemple de l’Ile-de-France 35


B - LE POSITIONNEMENT « ACTEUR COMMERCIAL »Le deuxième positionnement rassemble en grande majorité les PME rencontrées, c’est-à-dire de moinsde 250 sa<strong>la</strong>riés, <strong>réseaux</strong> de distribution, importateurs et fabricants in<strong>du</strong>striels, dans les filières boissons,fleurs et textile. Leur gérant est <strong>pour</strong> <strong>la</strong> grande majorité celui qui a fondé <strong>la</strong> structure.1| Des PME participant au développement d’un segment de marchéCes petites et moyennes entreprises ont été créées souvent il y a plus de 20 ans. La plupart ont débutéleur activité de <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> à partir de 2003 : cette activité est très récente par rapport à l’activitégénérale de l’entreprise. Elles sont toutes détentrices de <strong>la</strong> licence délivrée par Max Have<strong>la</strong>ar France.<strong>Les</strong> importateurs et fabricants in<strong>du</strong>striels rencontrés se fournissent en matière première <strong>équitable</strong> auprèsd’organisations de pro<strong>du</strong>cteurs certifiées par FLO et distribuent leurs pro<strong>du</strong>its dans les <strong>réseaux</strong> détail<strong>la</strong>ntsconventionnels, avant tout GMS et cafés hôtels restaurant. <strong>Les</strong> distributeurs se fournissent en pro<strong>du</strong>its<strong>équitable</strong>s auprès d’importateurs-fabricants de pro<strong>du</strong>its <strong>équitable</strong>s qui peuvent être spécialisés ou nonspécialisés dans cette activité.<strong>Les</strong> grossistes et les <strong>réseaux</strong> de distribution des filières boissons et fleurs, ainsi que le transporteur, ontune activité en <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> qui reste très faible : entre 1% et 5% <strong>du</strong> chiffre d’affaires. A l’opposé,les deux fabricants dans <strong>la</strong> filière textile ont développé une part importante de leur activité en <strong>commerce</strong><strong>équitable</strong> en peu d’années, puisqu’elle représente aujourd’hui plus de 10% de leur activité. Nous pouvonsexpliquer cette différence par le contexte de développement particulier de chacune de ces filières.Pour toutes ces entreprises conventionnelles, le développement de l’activité en <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>équivaut à un positionnement sur un segment de marché particulier qui s’est déjà construit,complémentaire ou non d’une sensibilité aux valeurs éthiques véhiculées par le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>.<strong>Les</strong> filières de boissons <strong>équitable</strong>s se sont construites depuis le début des années 2000 et denombreuses PME conventionnelles sont engagées depuis plus de cinq ans dans l’activité de <strong>commerce</strong><strong>équitable</strong>. Toutefois, les entreprises que nous avons rencontrées se sont engagées <strong>pour</strong> leur part plusrécemment. Elles ne font pas partie des pionnières <strong>du</strong> secteur et elles ont développé leur activité en<strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> car il existait déjà un marché sur lequel elles pouvaient se positionner.L’intérêt de ce positionnement peut se revendiquer entre autres <strong>pour</strong> une entreprise spécialiste d’unpro<strong>du</strong>it qui aura un avantage concurrentiel par rapport à des opérateurs spécialisés en <strong>commerce</strong><strong>équitable</strong> multi-pro<strong>du</strong>its. Ainsi, <strong>pour</strong> un transformateur de boissons, il s’agit d’investir le marché <strong>pour</strong>devenir <strong>la</strong> première marque spécialisée en jus de fruits <strong>équitable</strong>s, tandis que les autres acteurs <strong>du</strong>secteur, des opérateurs spécialisés de <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, n’ont pas d’avantage comparatif sur le jus defruit :« Donc on a dit, nous sommes <strong>la</strong> première marque spécialiste <strong>du</strong> marché <strong>du</strong> jus puisqueaujourd’hui les gens qui font <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> ; c’est <strong>la</strong> marque X (opérateur spécialisé), <strong>la</strong>marque Y (opérateur spécialisé), et Y, ils font <strong>du</strong> café, <strong>du</strong> sucre, ils sont généralistes si vous voulez.C’est leur business. » (importateur grossiste B3)Dans le cas de <strong>la</strong> filière textile-habillement, l’in<strong>du</strong>strie conventionnelle est confrontée à <strong>la</strong> disparitionprogressive de <strong>la</strong> filière en Europe. Dans ce contexte, <strong>la</strong> filière coton <strong>équitable</strong>, dans <strong>la</strong>quelle l’associationMax Have<strong>la</strong>ar France a proposé aux in<strong>du</strong>striels rencontrés de s’engager, représente une opportunité deredéploiement de l’activité :« L’apparition de <strong>la</strong> filière <strong>la</strong>bellisée Max Have<strong>la</strong>ar ça nous a fait une bouffée d’oxygène car çanous a permis de sécuriser nos approvisionnements en matière premières. » (importateur fabricantT4)Le développement de l’activité dans le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> est de ce fait conséquent et est alorsconsidéré comme légitime, puisqu’il permet aussi <strong>la</strong> sauvegarde d’entreprises en France, au-delà del’appui aux pro<strong>du</strong>cteurs de coton <strong>du</strong> Sud :« Donc après <strong>la</strong> démarche <strong>pour</strong> nous elle vient de là, c'est-à-dire bon voilà qu’est-ce qu’on peutfaire nous in<strong>du</strong>striel, on a besoin d’innover, sur <strong>la</strong> matière première ? Effectivement ça peut êtreintéressant de valoriser <strong>la</strong> matière première donc on y a été, on a des volumes considérables, ça sejustifie et c'est assez légitime comme engagement. » (importateur fabricant T4)Créée en 2005, <strong>la</strong> filière fleurs <strong>équitable</strong>s est plus récente. <strong>Les</strong> entreprises rencontrées de cette filièresont des pionnières de <strong>la</strong> démarche dans leur secteur. Cette activité reste aujourd’hui encore trèsmarginale.<strong>Les</strong> <strong>réseaux</strong> d’acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> – Exemple de l’Ile-de-France 36


« Après c’est un pari, nous on pense qu’à terme, le fait d’avoir une démarche qui va dans ce senslà autant qu’on le peut, sera un avantage concurrentiel, peut-être pas tout de suite mais dansquelques années. Donc c’est d’abord répondre à des attentes non exprimées de consommateurs,bon évidemment (…) tant qu’à faire autant travailler dans un souci éthique bien sûr. » (réseau defranchises F3)Le marché ne s’est en effet encore que très peu développé, faute de trouver une clientèle suffisante.2| Une intégration de l’activité par re<strong>la</strong>tions et par Max Have<strong>la</strong>ar FranceLe développement de cette activité fait suite <strong>pour</strong> <strong>la</strong> plupart à l’interpel<strong>la</strong>tion par un fournisseur spécialiséou par l’association Max Have<strong>la</strong>ar France qui cherchait à développer <strong>la</strong> filière en France. Ce peut être surincitation d’un partenaire commercial engagé auparavant dans le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> qui a amenél’entreprise à développer une activité de <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>.« Ça a démarré avec les jus de fruits, avec un partenaire dont je vous ai parlé qui a sorti uneréférence en <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>. » (distributeur RHD B2)« Et le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> comment ça a démarré chez vous ? Lorsque X [opérateur spécialisé]nous a démarchés. Le concept nous a plu.» (boutique indépendante F1)Pour une autre entreprise, c’est au contraire <strong>la</strong> demande exprimée directement par <strong>la</strong> clientèle qui l’aincitée à développer une activité de <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> :« Ça a commencé vraiment honnêtement de <strong>la</strong> part de nos clients, donc on s’est posé <strong>la</strong> question.Ils nous ont dit ‘ est-ce que vous avez <strong>du</strong> thé Max Have<strong>la</strong>ar ?’ On a dit ‘non’. (…) Ils avaient desclients <strong>du</strong> grand public qui leur avaient demandé.» (importateur fabricant B1)Toutes les PME rencontrées se sont engagées dans le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> avec l’association MaxHave<strong>la</strong>ar France. Ayant <strong>pour</strong> but de garantir au consommateur le caractère <strong>équitable</strong> de leurs pro<strong>du</strong>its,elles se sont appuyées sur <strong>la</strong> notoriété et l’image de ce logo perçues comme un gage de qualité par lesconsommateurs et les entreprises :« Max Have<strong>la</strong>ar est venu nous voir <strong>pour</strong> nous présenter sa filière, ils faisaient un peu plus qu’uneétude, ils cherchaient des clients <strong>pour</strong> leur coton <strong>équitable</strong>. » (importateur fabricant T4)« L’association est très sérieuse, ils travaillent bien. Ils ont quelqu’un qui s’occupe de <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tionavec les enseignes et avec plein d’associations. Maintenant ils sont bien rodés. » (importateurgrossiste B3)En tant que détenteurs de licence Max Have<strong>la</strong>ar, toutes ces PME bénéficient d’un accompagnementindivi<strong>du</strong>el par l’association <strong>pour</strong> identifier de nouveaux partenaires au Nord et développer de nouvellesfilières au Sud. Elles peuvent également participer aux Comités de détenteurs de licence et rencontresorganisées régulièrement par l’association.Il est important de souligner que finalement, ces PME n’ont que très peu de liens avec d’autres opérateursspécialisés en <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> en France en dehors des cadres que peut leur proposer l’associationMax Have<strong>la</strong>ar France.3| L’adoption de <strong>la</strong> représentation de l’association Max Have<strong>la</strong>ar FranceLa plupart de ces PME adoptent une représentation <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> très proche de celle del’association Max Have<strong>la</strong>ar France. Elles portent un discours sur le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> très général et neconnaissent pas très bien le concept ni <strong>la</strong> nature des débats existants concernant sa définition. Pourexemple de cette méconnaissance, l’importateur grossiste F2 affirme à tort que l’obtention d’un <strong>la</strong>bel estobligatoire <strong>pour</strong> pouvoir se proc<strong>la</strong>mer <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> – ce qui n’est <strong>pour</strong>tant pas le cas - :« Parce qu’on ne peut pas faire de l’<strong>équitable</strong> comme ça, il faut absolument qu’on soit <strong>la</strong>bellisé apriori. On ne peut pas se décider <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> comme ça, ça serait beaucoup plus simple,parce que sinon y aurait trop d’abus. »Une de ces personnes interrogées fait même l’amalgame entre le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> et l’agriculturebiologique :« Il y a une re<strong>la</strong>tion entre le bio et l’<strong>équitable</strong> dans <strong>la</strong> mesure où les cahiers des charges sontidentiques. » (distributeur RHD B2)Finalement, <strong>pour</strong> toutes ces PME, le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> consiste en un acte solidaire <strong>pour</strong> leconsommateur comme <strong>pour</strong> l’entrepreneur.<strong>Les</strong> <strong>réseaux</strong> d’acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> – Exemple de l’Ile-de-France 37


« C'est toujours <strong>la</strong> même chose. Ça permet en fait de rééquilibrer les re<strong>la</strong>tions entre les pays <strong>du</strong>nord et les pays <strong>du</strong> sud. Donc oui bien sûr par définition c'est de <strong>la</strong> solidarité internationale. »(importateur fabricant T4)Il est aussi « de <strong>la</strong> solidarité internationale beaucoup plus intelligente et peut-être complémentaire […],plus importante, plus à long terme et plus efficace que par exemple que les subventionsintergouvernementales <strong>pour</strong> l’aide au développement. » (réseau de franchises F3).D’autre part, parmi ceux <strong>pour</strong> qui le concept est plus précis, le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> et l’environnementrelèvent de deux logiques différentes : le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> se définit avant tout par l’aspect humain etnon par l’aspect environnemental.Le lien entre <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> et responsabilité sociétale des entreprises interpelle de nombreusesPME. Elles connaissent toutes le concept de responsabilité sociétale de l’entreprise, au contraire decertains opérateurs spécialisés en <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> rencontrés. Ainsi, bien que ce soit desopportunités commerciales ou in<strong>du</strong>strielles qui ont finalement été déclencheur d’un début d’activitéconcret dans le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, cette démarche peut, selon les cas, accompagner unquestionnement sur <strong>la</strong> responsabilisation de l’organisation :« Je pense qu’à partir <strong>du</strong> moment où une entreprise effectivement désire acheter des pro<strong>du</strong>its issus<strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> c’est que quelque part elle a intégré le sociétal, elle est dans le concret, ellea une certaine responsabilité, elle est moins dans <strong>la</strong> communication que dans l’action. »(importateur fabricant T3)« Ça <strong>pour</strong> moi le lien il n’est pas automatique. (...) D’une, être responsable dans une entreprise cen’est pas forcément de faire <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>. Ce n’est pas parce qu’on fait <strong>du</strong> <strong>commerce</strong><strong>équitable</strong> qu’on est forcément très responsable, donc l’amalgame est un peu dangereux. »(importateur fabricant T4)« Pas vraiment. Je crois que les entreprises qui font <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> c'est qu’elles ontidentifié un besoin… on est là <strong>pour</strong> faire de l’argent, non on n’est pas engagé… (…) C'estcommercial. » (importateur grossiste B3)Pour appuyer cette notion de responsabilisation <strong>du</strong> <strong>commerce</strong>, dans le cas particulier de <strong>la</strong> filière textileconfrontée à des difficultés suite à <strong>la</strong> mondialisation, il est intéressant de souligner que le <strong>commerce</strong><strong>équitable</strong> est, comme <strong>pour</strong> les opérateurs spécialisés en <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, « l’antithèse de <strong>la</strong>mondialisation à tous crins » (importateur fabricant T4).Contrairement à l’avis de certains opérateurs spécialisés, <strong>pour</strong> les PME rencontrées qui travaillent avec <strong>la</strong>grande distribution (filières boissons, textile), <strong>la</strong> question de <strong>la</strong> présence des pro<strong>du</strong>its de <strong>commerce</strong><strong>équitable</strong> en GMS ne pose pas question puisqu’elle permet de les rendre accessibles à <strong>la</strong> plupart desconsommateurs.« Je pense que si on veut vraiment changer les choses dans les échanges et améliorer lesconditions de vie de pro<strong>du</strong>cteurs, il faut que ça passe par tous les circuits, <strong>pour</strong> atteindre le grandpublic, il faut que ça soit aussi dans <strong>la</strong> grande distribution »(réseau de franchises F3)L’inconvénient n’est pas <strong>la</strong> nature de ces acteurs mais l’appui important de l’association Max Have<strong>la</strong>arFrance à ces grands distributeurs qui est préjudiciable <strong>pour</strong> les plus petites structures détentrices delicence:« Pour l’instant y en a que <strong>pour</strong> les grands groupes, y en n’a pas <strong>pour</strong> les fleuristes indépendantsdonc c'est là dessus où je pense qu’il faudrait développer (…). Bon vous savez ici les gens pensentque ça profite toujours aux mêmes si vous voyez ce que je veux dire et pas à ceux qui en ontbesoin. Non mais c'est l’image que ça donne. » (importateur-grossiste F2)Finalement, <strong>la</strong> plupart de ces PME semblent satisfaites <strong>du</strong> système de garantie proposé par MaxHave<strong>la</strong>ar/FLO et ne souhaitent pas que l’Etat s’y implique au-delà <strong>du</strong> contrôle des systèmes existants :« Je trouve ça très bien comme ça, avec une entité complètement indépendante, je trouve quemême <strong>pour</strong> le grand public il n’y a pas que magouille possible. Ce sont des associations quis’occupent de ça et c'est très bien comme ça » (importateur fabricant B1)« Uniquement dans un rôle de surveil<strong>la</strong>nce et pas de contraintes évidemment. Si c’est <strong>pour</strong> nousmettre des barrières, ce n’est pas <strong>la</strong> peine. En revanche, les pouvoirs publics <strong>pour</strong>raient s’assurer<strong>du</strong> bon comportement de ces <strong>la</strong>bels. » (distributeur RHD B2)En conclusion, toutes ces PME se sont positionnées sur un nouveau segment de marché qui peut serévéler porteur en développant une activité commerciale de pro<strong>du</strong>its <strong>la</strong>bellisés Max Have<strong>la</strong>ar : ellesparticipent activement au développement <strong>du</strong> marché de par leur nombre et leur diversité. Plus utilisatrices<strong>Les</strong> <strong>réseaux</strong> d’acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> – Exemple de l’Ile-de-France 38


que constructrices <strong>du</strong> concept, elles portent une représentation <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> très proche de <strong>la</strong>définition <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> portée par l’association Max Have<strong>la</strong>ar France.C - LE POSITIONNEMENT « STRATEGE DE LA RESPONSABILITE SOCIETALE DE L’ENTREPRISE »Ce troisième positionnement réunit les entreprises de <strong>la</strong> grande distribution alimentaire et textile et legrand in<strong>du</strong>striel de <strong>la</strong> filière boissons rencontrés. Ces structures sont très souvent multinationales,multiactionnaires et rassemblent presque toutes plus de 10 000 sa<strong>la</strong>riés.1| Des acteurs majeurs <strong>du</strong> marché, de <strong>la</strong> distribution au développement demarques propresParmi les grandes entreprises rencontrées, cinq sont des distributeurs en GMS, VPC ou franchise quidéveloppent également des marques de distributeurs en <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, et une entreprise est ungrand in<strong>du</strong>striel (fabricant et transformateur). Le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> représente <strong>pour</strong> toutes cesstructures une très faible part de leur chiffre d’affaires (de moins de 1% à 5%), mais étant donné leurvolume d’activité, ce<strong>la</strong> représente une part très importante <strong>du</strong> secteur. <strong>Les</strong> grandes et moyennes surfacesdistribuent ainsi 63% des ventes totales de pro<strong>du</strong>its issus <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> en 2007 (François,Lagandré et Stoll, 2008).<strong>Les</strong> six entreprises ont été créées il y a plusieurs dizaines d’années. L’activité en <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> desstructures de <strong>la</strong> filière alimentaire débute au début des années 2000 et à partir de 2005 <strong>pour</strong> le textile.Tant <strong>pour</strong> les distributeurs textiles qu’alimentaires, <strong>la</strong> première étape de ce développement fut ledémarchage par des fournisseurs PME spécialisés en <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> ou conventionnels quicherchaient des débouchés <strong>pour</strong> leurs gammes de pro<strong>du</strong>its <strong>équitable</strong>s dans les circuits de distributionconventionnels :« (…) Il y a eu des marques nationales qui sont arrivées, je pense que c'est des gens comme [X -opérateur spécialisé] qui sont venus. (…) Ils sont venus nous proposer leurs pro<strong>du</strong>its. » (fabricantdistributeur GMS D1)La plupart de ces grandes entreprises ont ainsi une activité de distribution de pro<strong>du</strong>its de <strong>commerce</strong><strong>équitable</strong> de marques nationales et spécialisées.Le marché se structurant et le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> gagnant de <strong>la</strong> notoriété auprès des consommateurs,elles l’ont intégré par <strong>la</strong> suite dans leur activité en pro<strong>du</strong>isant leurs propres gammes de pro<strong>du</strong>its sousmarque de distributeur (MDD) sur les segments de marché les plus développés. Dans cette deuxièmeétape, elles ont <strong>pour</strong> <strong>la</strong> plupart directement développé un partenariat avec l’association Max Have<strong>la</strong>arFrance <strong>pour</strong> construire leurs filières et garantir leurs pro<strong>du</strong>its.Ainsi, ces quatre entreprises sont aujourd’hui distributrices à <strong>la</strong> fois de marques nationales et spécialiséeset de marques de distributeurs propres <strong>la</strong>bellisées Max Have<strong>la</strong>ar/ FLO. Ces entreprises participent auxcôtés des PME conventionnelles aux rencontres régulières des détenteurs de licence proposées parl’association Max Have<strong>la</strong>ar France et bénéficient de ses services en termes de mise en re<strong>la</strong>tion avec despartenaires commerciaux au Nord et au Sud. Elles ont toutes également des re<strong>la</strong>tions commerciales avecdes fournisseurs spécialisés ou non <strong>la</strong>bellisés Max Have<strong>la</strong>ar France.2| Une démarche concrète au service d’une politique de responsabilité sociétale del’entreprisePour chacune de ces entreprises, cette activité de <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> s’inscrit dans le développementd’une politique de responsabilité sociétale de l’entreprise plus globale.« L’entreprise souhaitait s’engager et c'est <strong>pour</strong> ce<strong>la</strong> qu’ils se sont tournés entre autre vers le<strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> mais aussi vers pleins d’autres choses. <strong>Les</strong> audits sociaux, tout ce qui estenvironnemental, même <strong>la</strong> qualité…» (fabricant distributeur GMS D1)Ainsi, selon Huybrechts (2006),« Le développement de <strong>la</strong> notion de responsabilité sociale des entreprises (RSE) constitueassurément une cause majeure de <strong>la</strong> participation des entreprises c<strong>la</strong>ssiques au <strong>commerce</strong><strong>équitable</strong>, accroissant <strong>la</strong> diversité organisationnelle au sein de <strong>la</strong> filière et donc égalementl'hétérogénéité dans les pratiques des acteurs ».Comme élément d’une stratégie plus globale, cet engagement dans le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> s’est ainsiappuyé sur des études qualitatives ou « cercles de qualité » ayant révélé des attentes non exprimées deconsommateurs <strong>pour</strong> anticiper, développer un avantage concurrentiel et se distinguer dans le secteur.<strong>Les</strong> <strong>réseaux</strong> d’acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> – Exemple de l’Ile-de-France 39


Ainsi, le fabricant-distributeur GMS D1 s’est interrogé avant engagement sur les différents systèmes degaranties existants et a fait réaliser des analyses de risques :« Quelques fois on a eu des difficultés <strong>pour</strong> savoir si c'était un bon ou pas un bon. Est-ce que c'estune bonne ou pas une bonne certification ? Est-ce que c'est <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> ou ce n’est pas<strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> ? On se pose toujours ces questions, on fait l’analyse des risques, onregarde les plus, les moins de chaque système et c'est vrai que il y a que [Système garantie<strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> 1] et [Système garantie <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> 2] qui nous ont satisfaits. »(fabricant-distributeur GMS D1)Pour le fabricant-distributeur GMS D3 et le fabricant-distributeur VPC T6, <strong>la</strong> démarche <strong>équitable</strong> s'inscritdans <strong>la</strong> continuité d'une politique de responsabilité sociétale de l’entreprise déjà très présente au sein del’entreprise. Cette politique globale se tra<strong>du</strong>it par des engagements antérieurs dans le développement desorganisations de pro<strong>du</strong>cteurs locaux (fabricant-distributeur GMS D3), et dans l'investissement financier ethumain dans des associations (fabricant-distributeur VPC T6).Partenaire d’évènements, le fabricant-distributeur VPC T6 voit le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> comme un moyenparmi d'autres de communiquer sur son engagement et sa responsabilité sociale. En matière decommunication, le fabricant-distributeur GMS D3 s'inscrit dans <strong>la</strong> continuité de sa stratégie deresponsabilité sociale. Un important travail sur l’image de sa marque est effectué afin de mettre en avant<strong>la</strong> qualité de ses pro<strong>du</strong>its. L’entreprise se base d’ailleurs sur ce critère de qualité <strong>pour</strong> fixer le prix de sespro<strong>du</strong>its <strong>équitable</strong>s et ainsi justifier un prix supérieur aux pro<strong>du</strong>its conventionnels. Enfin, le fabricantdistributeurGMS D3 ne semble pas avoir de réelle volonté de développement de sa gamme <strong>équitable</strong>,considérant ce marché comme un segment, tendance de consommation, et un élément de sa politique deresponsabilité sociétale de l’entreprise.En revanche, <strong>pour</strong> le fabricant-distributeur GMS D2 et le fabricant-réseau de franchises T5, <strong>la</strong> démarche<strong>équitable</strong> constitue un des premiers outils de développement d’une politique de responsabilité sociétalede l’entreprise dans l’entreprise, car c’est un moyen de communication efficace.En matière de communication, le fabricant-distributeur GMS D2 choisit <strong>la</strong> carte de <strong>la</strong> transparence dansson nouveau concept de magasin où un espace est spécialement réservé aux actions liées à <strong>la</strong>responsabilité sociale, et avant tout les pro<strong>du</strong>its de <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>. Choisissant un prix de venteinférieur au marché, le fabricant-distributeur GMS D2 affirme sa volonté de se concentrer sur un marchéde niche en privilégiant les marques spécialisées autant que le développement de MDD et en misant sur<strong>la</strong> diversité de l'offre. Pour le fabricant-réseau de franchises T5, le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> est avant tout uneopportunité liée au développement de <strong>la</strong> mode éthique, de plus en plus médiatisée. Dû à son faibleengagement en matière de responsabilité sociale, le fabricant-réseau de franchises T5 ne fait pas degrande campagne de communication sur sa collection <strong>équitable</strong>, mais il organise des évènementsponctuels <strong>pour</strong> mettre en avant son partenariat avec des entreprises spécialisées dans le <strong>commerce</strong><strong>équitable</strong>.3| Une stratégie proactive dans <strong>la</strong> construction <strong>du</strong> concept <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>Pour ces grandes entreprises, le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> est donc un outil de responsabilité sociétale del’entreprise. Comme <strong>pour</strong> les PME conventionnelles rencontrées, <strong>la</strong> représentation proposée parl’association Max Have<strong>la</strong>ar France est totalement adoptée. Ces grandes entreprises se positionnentcomme utilisatrices <strong>du</strong> concept qui représente un segment de marché, n’ayant pas capacité à réguler le<strong>commerce</strong> international.« Le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> d’après mes derniers chiffres (…) c'est 0,05% <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> internationa<strong>la</strong>lors je ne pense pas que ça puisse réguler le reste. » (fabricant - distributeur GMS D1)Toutefois, de par les moyens de réflexion stratégique et de lobbying qu’elles peuvent mobiliser, cesgrandes entreprises sont plus impliquées dans les débats <strong>du</strong> secteur que les PME, notammentconcernant <strong>la</strong> question de <strong>la</strong> régu<strong>la</strong>tion <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>. Par exemple, le fabricant distributeurGMS D1 s’appuie sur sa connaissance de <strong>la</strong> réglementation existante <strong>pour</strong> considérer que le <strong>commerce</strong><strong>équitable</strong> s’inscrit dans des re<strong>la</strong>tions Nord-Sud :« Il y a une réglementation qui a tout réglé <strong>pour</strong> nous, il y a l’AFNOR et <strong>la</strong> loi des PME françaisesd’août 2005 qui dit que le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, c'est Nord-Sud. Donc voilà on a notre réponse. »(fabricant-distributeur GMS D1)Dans ce contexte, les fabricants-distributeurs GMS de l’alimentaire se rencontrent régulièrement au seind’un groupe Commerce <strong>équitable</strong> à <strong>la</strong> Fédération <strong>du</strong> Commerce et de <strong>la</strong> Distribution, interprofession desdistributeurs. Elles y discutent des enjeux liés au développement et à <strong>la</strong> régu<strong>la</strong>tion <strong>du</strong> <strong>commerce</strong><strong>Les</strong> <strong>réseaux</strong> d’acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> – Exemple de l’Ile-de-France 40


<strong>équitable</strong>, comme <strong>la</strong> multiplication des systèmes de garantie ou <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce de <strong>la</strong> CommissionNationale <strong>du</strong> Commerce Equitable.Elles souhaitent ainsi participer comme forces de proposition au développement économique <strong>du</strong> secteur<strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> en France, afin qu’il soit à <strong>la</strong> fois un outil de responsabilité sociétale del’entreprise et un segment de marché développé.BIBLIOGRAPHIE DE LA SECTIONAFNOR, 2006, Accord Commerce <strong>équitable</strong> ; les trois principes <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, 18 p.BECHEUR Amina, TOULOUSE Nil, 2008, Le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> entre utopie et marché, Ed. Vuibert, ParisBEZAUDIN-PERIC Sandrine, ROBERT-DEMONTROND Philippe, 2007, Le concept des référentiels sociétaux : principes et enjeuxde leur intégration en tant que critère d’achat par <strong>la</strong> grande distribution, Revue Française <strong>du</strong> Marketing, Vol. 212, pp. 7-24DIAZ PEDREGAL Virginie, 2007, Le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> dans <strong>la</strong> France contemporaine : idéologies et pratiques, EditionL’Harmattan Collection Logiques sociales, Paris, 268 p.FRANCOIS Martine, LAGANDRE Damien, STOLL Julie, 2008, Le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> en France en 2007, MAEE, 38 p.GABRIEL Patrick, 2003, Le marketing comme moyen de légitimation des entreprises dans une perspective de développement<strong>du</strong>rable, Décisions Marketing, Vol. 29, pp. 67-76.HUYBRECHTS Benjamin, 2006, <strong>Les</strong> interactions entre l’économie sociale et <strong>la</strong> responsabilité sociale des entreprises. Illustrations àtravers <strong>la</strong> filière <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>. Gestion, 31 (2)HUYBRECHTS Benjamin, 2006, Le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> comme générateur de responsabilité sociale au sein des échangescommerciaux Nord-Sud. Actes de <strong>la</strong> 8e Université de Printemps de l’Audit Social, Dakar, pp.165-169VARIN Benoit, 2006, La garantie <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> entre acteurs et <strong>la</strong>bels, en ligne sur le site Internet :http://infos.equiterre.com/article.php?id_article=123Recensement, entretiens et analyse 26 réalisés en 2007-2008 par:Sylvie DUBAUD, Master 2 Recherche « Sociologie des sociétés contemporaines » – Université Paris5 René DescartesVictor PABST, Master 2 – IESEG School of Management LilleAlexis QUETANT, Master 2 – IESEG School of Management LilleEncadrement scientifique :Nil OZCAGLAR-TOULOUSE, Maître de conférences en sciences de gestion à l’Université de LilleNord de France (LSMRC) – FairNESSEncadrement technique :Emilie SARRAZIN-BITEYE, chargée <strong>du</strong> projet PICRI Commerce Equitable26Cette synthèse se base sur les résultats issus de deux mémoires réalisés dans le cadre <strong>du</strong> PICRI Commerce Equitable:- DUBAUD Sylvie, <strong>Les</strong> entreprises au cœur <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> – Une étude des pratiques à travers le coton, Université Paris Descartes, 2008, 130 p.- PABST Victor et QUETANT Alexis, L’intégration <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> dans <strong>la</strong> politique des entreprises, IESEG, 2007, 122 p.<strong>Les</strong> <strong>réseaux</strong> d’acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> – Exemple de l’Ile-de-France 41


SECTION C - LES OPERATEURS BIOS ET LE COMMERCEEQUITABLESYNTHESETous les distributeurs bios rencontrés distribuent des pro<strong>du</strong>its à <strong>la</strong> fois bios et <strong>équitable</strong>s et de ce faitparticipent à <strong>la</strong> diffusion <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> en Ile-de-France. Toutefois, deux groupes se distinguent.Pour les premiers que nous avons qualifiés de pragmatiques, cette activité est strictement commerciale,de même que leurs re<strong>la</strong>tions avec les autres acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>. Le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> estun segment de marché en pleine expansion. Ils ne se révèlent pas des militants <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> etn’en ont qu’une définition a minima, ayant souvent une méconnaissance des questions de débat. Leurapproche des univers <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> et environnement reste également cloisonnée, le bio étant lemode de consommation alternatif qui peut exister dans le système économique conventionnel àprivilégier.Au contraire, le deuxième groupe identifié est militant à <strong>la</strong> fois dans son activité d’agriculture biologique etdans son activité de <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>. Tout comme <strong>la</strong> consommation biologique, le <strong>commerce</strong><strong>équitable</strong> relève d’une démarche globale de construction d’un système économique alternatif. Cesopérateurs mènent des actions de communication en partenariat avec des opérateurs spécialisés <strong>du</strong><strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> et participent de manière active au développement et à <strong>la</strong> réflexion concernant <strong>la</strong>structuration <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>.Enfin, le transformateur rencontré montre qu’il existe des petits in<strong>du</strong>striels qui ne sont pas spécialisésdans le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> non par manque de conviction, mais plutôt par l’histoire de leur organisationdont <strong>la</strong> création est antérieure à l’apparition <strong>du</strong> mouvement <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>.I. CARACTERISTIQUES 27A - LE COMMERCE EQUITABLE ET L’AGRICULTURE BIOLOGIQUE, DES SECTEURS VOISINSDans <strong>la</strong> typologie des acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> proposée apparaît un groupe spécifique parmi lesopérateurs non spécialisés <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, celui des opérateurs commerciaux de pro<strong>du</strong>its issusde l’Agriculture Biologique 28 . Hormis les grandes et moyennes surfaces et les boutiques spécialisées,l’étude des opérateurs spécialisés en <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> montre que ce sont essentiellement les<strong>réseaux</strong> de distribution bios par <strong>la</strong> vente de pro<strong>du</strong>its <strong>équitable</strong>s et bios qui participent au développement<strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>.L’agriculture biologique est définie par l’Agence Bio (Agence française <strong>pour</strong> le développement et <strong>la</strong>promotion de l'Agriculture Biologique) comme :« Un mode de pro<strong>du</strong>ction agricole spécifique, c’est-à-dire un ensemble de pratiques agricolesrespectueuses des équilibres écologiques et de l’autonomie des agriculteurs ». « Visant à <strong>la</strong>préservation des sols, des ressources naturelles, de l’environnement et au maintien desagriculteurs, l’agriculture biologique est souvent considérée comme un ferment de l’agriculture<strong>du</strong>rable. Elle se distingue par son mode de pro<strong>du</strong>ction fondé notamment sur <strong>la</strong> non utilisation depro<strong>du</strong>its chimiques de synthèse, le recyc<strong>la</strong>ge des matières organiques, <strong>la</strong> rotation des cultures et <strong>la</strong>lutte biologique» (www.agencebio.org, 2007).Depuis 1981, l’agriculture biologique est officiellement reconnue par l’Etat : un cahier des charges a étéé<strong>la</strong>boré et permet aux opérateurs déc<strong>la</strong>rés auprès des pouvoirs publics d’apposer le <strong>la</strong>bel AB, propriétéde l’Etat 29 . Mais il existe aussi d’autres marques privées telles que Nature et Progrès ou Demeter quiprônent un respect plus exigeant des principes de l’agriculture biologique (Nature et Progrès estime eneffet que « le seul respect de règles techniques n’empêche pas les dérives et les impasses <strong>du</strong> systèmeconventionnel (rentabilité, course au pro<strong>du</strong>ctivisme) » et privilégie donc une « agriculture biologique,27Dans <strong>la</strong> partie Méthodologie de l’intro<strong>du</strong>ction <strong>du</strong> rapport sont indiqués les critères de l’échantillonnage <strong>pour</strong> chaque type d’acteur rencontré.28Pour simplifier l’expression, nous les appellerons ici les « opérateurs bio ».29Un pro<strong>du</strong>it, lorsqu’il est transformé, doit être composé d’au moins 95% d’ingrédients bio <strong>pour</strong> porter le logo AB. Source : www.agencebio.org, 2007.<strong>Les</strong> <strong>réseaux</strong> d’acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> – Exemple de l’Ile-de-France 42


écologique, <strong>équitable</strong> et <strong>du</strong>rable dans <strong>la</strong> biodiversité 30 »). Mode de pro<strong>du</strong>ction alternatif à l’agricultureintensive, le « bio » est également un mode de consommation alternatif. Une enquête de l'institut CSAréalisée fin 2005 <strong>pour</strong> l'Agence Bio atteste de cette préoccupation croissante des français <strong>pour</strong> unealimentation saine et respectueuse de l’environnement :« Près d'une personne sur deux (47 %) consomme des pro<strong>du</strong>its biologiques au moins une fois parmois » et « plus d'un sur deux (56 %) se sent proche des valeurs bios » (www.agencebio.org, 2007)Dans les systèmes de garantie <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> existants, le critère environnemental est le plussouvent pris en compte, bien qu’à des degrés variables selon les organisations. <strong>Les</strong> cahiers des chargespubliés par FLO (Fair Trade Labelling Organisations) ou les critères de progrès à respecter au sein de <strong>la</strong>PFCE intègrent cette préoccupation environnementale (<strong>pour</strong> FLO « le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> encourage lespro<strong>du</strong>cteurs à travailler <strong>pour</strong> obtenir une certification biologique (Charlier, Haynes, Bach, Yepez, Mormont,2006) », tandis que <strong>la</strong> PFCE a récemment revue sa Charte <strong>pour</strong> intégrer plus généralement des critèresconcernant <strong>la</strong> protection de l’environnement). Depuis plusieurs années, certains opérateurs de <strong>commerce</strong><strong>équitable</strong> s’intéressent particulièrement à <strong>la</strong> convergence des univers bio et <strong>équitable</strong>. L’intro<strong>du</strong>ction de <strong>la</strong>banane certifiée Max Have<strong>la</strong>ar au sein <strong>du</strong> réseau Biocoop en 2001 ou <strong>la</strong> création en 2002, del’Association Bio-Equitable en attestent. En outre, l’engouement <strong>pour</strong> le développement <strong>du</strong>rable 31 depuisle Sommet de <strong>la</strong> Terre à Rio (1992) a sans doute contribué à rapprocher encore ces deux secteurs quisemblent « se fondre dans <strong>la</strong> même logique 32 ». Sur le marché des pro<strong>du</strong>its <strong>équitable</strong>s on trouve ainsi despro<strong>du</strong>its certifiés à <strong>la</strong> fois bios et <strong>équitable</strong>s. Biocoop compte aujourd’hui plus de 300 références depro<strong>du</strong>its portant les deux mentions (Politis, 2007) et 50 % des pro<strong>du</strong>its distribués par <strong>la</strong> FédérationArtisans <strong>du</strong> Monde portent le <strong>la</strong>bel AB (Altermondes, 2007).B - DES PRODUCTEURS AUX CONSOMMATEURS BIOS FRANCILIENS : DES OPERATEURS SURTOUTE LA FILIEREPlus de trois cent quatre-vingt structures impliquées dans l’agriculture biologique ont été recensées en Ilede-France.Plus de 40 % se situent à Paris. Entre trente et quarante structures existent dans chacun desautres départements, mis à part le Val d’Oise et <strong>la</strong> Seine-Saint-Denis où moins d’une vingtained’opérateurs bios sont présents.En termes d’activités, une trentaine d’agriculteurs biologiques sont présents en Ile-de-France, dans <strong>la</strong>petite et <strong>la</strong> grande couronne. Ils sont réunis dans le Groupement des Agriculteurs Biologiques (GAB) Ilede-France.Presque cinquante structures exercent une activité d’importation-grossiste et/ou detransformation. Enfin, les consommateurs peuvent trouver des pro<strong>du</strong>its biologiques dans une vingtaine debou<strong>la</strong>ngeries bios, plus d’une centaine de boutiques indépendantes, environ cent vingt boutiques enréseau ou franchise (des enseignes Biocoop, La Vie C<strong>la</strong>ire, Naturalia et <strong>Les</strong> Nouveaux Robinsons), dansune quarantaine de restaurants et auprès de quelques vingt autres distributeurs (vente parcorrespondance et restauration hors domicile).Par l’association des deux <strong>la</strong>bels sur les pro<strong>du</strong>its, les opérateurs de l’agriculture biologique, qu’ils soienttransformateurs ou distributeurs, participent donc à <strong>la</strong> diffusion des pro<strong>du</strong>its <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> enIle-de-France. Afin de déterminer comment accentuer cette participation et le rapprochement entre<strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> et agriculture biologique, nous nous sommes posé les questions suivantes : lesreprésentations des opérateurs bios sur le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> sont-elles homogènes ? Le cas échéant,comment expliquer <strong>la</strong> diversité d’approches concernant <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion bio/<strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> ? Quelles ensont les conséquences sur le p<strong>la</strong>n des pratiques et des re<strong>la</strong>tions tissées dans le champ <strong>du</strong> <strong>commerce</strong><strong>équitable</strong>, plus particulièrement en Ile-de-France ?30Source : www.natureetprogres.org, 2007.31La notion de développement <strong>du</strong>rable a été proposée dans le Rapport Brundt<strong>la</strong>nd de 1987 <strong>pour</strong> <strong>la</strong> Commission Mondiale sur l’environnement et leDéveloppement et a été entérinée en 1992 par le sommet de Rio de Janeiro. Il s’agit de « répondre aux besoins des générations actuelles sans compromettre <strong>la</strong>possibilité de répondre à ceux des générations futures » (Echaudemaison, 2007). La notion est aussi définie comme un développement prenant en compte àparts égales les dimensions économiques, sociales et environnementales.32Le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> et ses acteurs en 40 mots, Petit glossaire, Fiches repères sur le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, source : http://www.<strong>commerce</strong>quitable.org/biblio/,2007.<strong>Les</strong> <strong>réseaux</strong> d’acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> – Exemple de l’Ile-de-France 43


C - LES DISTRIBUTEURS BIOS, PRINCIPAUX ACTEURS DU COMMERCE EQUITABLENotre travail de recherche a porté sur sept structures bios transformant ou commercialisant des pro<strong>du</strong>its<strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> : six boutiques et un transformateur. Quatre de ces structures sont parisiennes,deux représentent des <strong>réseaux</strong> franchisés ou non répartis sur toute l’Ile-de-France, et une structure sesitue en Seine-Saint-Denis.La part <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> dans l’activité globale de ces structures est très faible et le plus souventnon comptabilisée.STRUCTUREDistributeur à 7 magasins APROFIL RENCONTREResponsable demagasinSTATUTJURIDIQUECREATION /DEBUT ACTIVITECENB SALARIESLOCALISATIONSARL 2001 4 75Boutique en réseau BBoutique franchisée CRéseau de boutiques enfranchise DBoutique indépendante EResponsable demagasinResponsable demagasinDirecteurd'entreprisePrésidentd'associationSARL 2006 8 75SARL < 1990 / 2006 0 75SAS 50 Ile-de-FranceAssociation 1998 / 2002 23 93Réseau de boutiques FResponsable de <strong>la</strong>communicationSA coopérative 1993 / NC > 50 Ile-de-FranceTransformateur G Responsable <strong>du</strong> CE SAS < 1990 / 2004 15 75Fig. 9 : Echantillon des opérateurs bios rencontrésD’autre part, le mode de fonctionnement des structures varie en fonction de leur statut et de leurorganisation interne (<strong>réseaux</strong> de magasins indépendants <strong>pour</strong> les magasins B et F, réseau de magasinsfranchisés et en gérance <strong>pour</strong> le magasin C, ensemble de magasins dépendants <strong>du</strong> siège <strong>pour</strong> lesmagasins A et D, boutique associative).<strong>Les</strong> <strong>réseaux</strong> A, C et D se caractérisent par une gestion centralisée des magasins et des commandes (unseul entrepôt <strong>pour</strong> tous les magasins D et fournisseurs identiques, de même <strong>pour</strong> le réseau A, obligationdans le réseau C de se fournir à hauteur de 80% à <strong>la</strong> centrale d’achat qui a sa propre marque). <strong>Les</strong>magasins B et F 33 donnent plus d’autonomie aux responsables de magasins et même aux chefs de rayondans le cas <strong>du</strong> réseau F (même s’il existe une obligation informelle au magasin B de se fournir à hauteurde 50% à <strong>la</strong> centrale d’achat).Quant au fonctionnement de <strong>la</strong> boutique associative, il a été peu évoqué mais relève de l’économiesociale et solidaire (les deux sa<strong>la</strong>riés bénéficient d’un contrat aidé) et réalise peu de bénéfices (savocation marchande est moins affirmée que les autres structures mais son président a tout de même desprojets d’extension de l’activité commerciale).Il faut souligner que tous les distributeurs défendent <strong>la</strong> distribution en magasins spécialisés. Pour lesenquêtés, il s’agit d’un mode de distribution qui valorise <strong>la</strong> proximité avec le client et favorise les re<strong>la</strong>tionsd’écoute et de conseil (deux des responsables de magasins interrogées sont naturopathes et donc plus àmême d’orienter le choix <strong>du</strong> client en fonction de ses besoins). En conséquence, <strong>la</strong> plupart ont tendance àcritiquer <strong>la</strong> distribution en grandes surfaces qui constitue leur principal concurrent.<strong>Les</strong> structures rencontrées sont également toutes impliquées dans le mouvement de l’agriculturebiologique, chacune participant aux Salons bios tels les Salon Marjo<strong>la</strong>ine ou Vivre Autrement, et seretrouvant dans le Syndicat National des Distributeurs Spécialisés de Pro<strong>du</strong>its Biologiques et Diététiques-SYNADIS.33Soulignons cependant que le réseau F est moins éten<strong>du</strong> que les autres <strong>réseaux</strong> identifiés puisqu’il se compose de six magasins situés en région parisienne.<strong>Les</strong> <strong>réseaux</strong> d’acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> – Exemple de l’Ile-de-France 44


II. DEUX POSITIONNEMENTS 34L’analyse qualitative a permis d’é<strong>la</strong>borer une typologie des opérateurs bios en fonction de leur approche<strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>. Pour situer les structures rencontrées, trois critères ont été retenus :- <strong>la</strong> définition qu’ils donnent <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>,- le lien qu’ils établissent entre <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> et <strong>commerce</strong> conventionnel dans le discours et<strong>la</strong> pratique,- le lien qu’ils établissent entre <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> et environnement dans le discours et <strong>la</strong>pratique.Nous avons distingué deux catégories : les opérateurs bios diffusant les pro<strong>du</strong>its par positionnementpragmatique, et ceux qui le font par positionnement militant 35 .Le positionnement des opérateurs bios se caractérise, <strong>pour</strong> chacun de ces critères, par des concepts etdes pratiques communs. Notons que le troisième critère proposé est en fait transversal aux deux autresmais a été isolé afin de mieux distinguer ces structures : bien que toutes affichent une volonté depréservation de l’environnement (en tant qu’opérateurs bios), ce<strong>la</strong> se tra<strong>du</strong>it par des pratiques différentesen fonction de leur positionnement (par exemple, les structures au positionnement militant sont militantesaussi dans leur manière de défendre le bio et l’environnement).A - LE POSITIONNEMENT « PRAGMATIQUE »Cette catégorie regroupe deux <strong>réseaux</strong> de magasins dépendants <strong>du</strong> siège, un réseau de magasinsfranchisés ou en gérance et un transformateur. Ils envisagent le bio comme un mode de consommationalternatif compatible avec le système économique c<strong>la</strong>ssique. Ces opérateurs distribuent des pro<strong>du</strong>itsissus <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> parce qu’ils y voient un secteur commercial en pleine expansion. C’est donc<strong>pour</strong> eux une « opportunité […] <strong>pour</strong> développer un nouveau marché » (responsable <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>de l’entreprise de transformation G).1| Une définition économique a minima <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>La définition que ces opérateurs proposent <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> ne prend en compte que <strong>la</strong> dimensionéconomique, à savoir le fait d’assurer aux pro<strong>du</strong>cteurs <strong>du</strong> Sud 36 un revenu supérieur à celui dont ilsdisposeraient avec les prix <strong>du</strong> marché en circuit conventionnel.La plupart ont une approche Nord/Sud <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>. Si deux évoquent des critères éthiques 37 ,leur définition <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> n’intègre pas de dimensions sociales (droits des travailleurs, projetde développement). Il n’est souvent question que de <strong>la</strong> partie ‘revenus’:« […] quelque chose de plus éthique ! Dans…sur les deux parties : sur un rapport de temps detravail et de sommes payées, de sa<strong>la</strong>ires… ». (Responsable de magasin C)« Une allocation différente des ressources », « transférer une partie de l’argent aux paysd’origine ». Responsable <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> dans l’entreprise de transformation. » (ResponsableCE dans l’entreprise de transformation G)« […] <strong>pour</strong> qu'eux puissent s'en sortir financièrement…", "[…] que ce ne soit pas toujours lespro<strong>du</strong>cteurs qui soient mis à l'écart et qui reçoivent 5 % de l'argent...". (Responsable de magasinA).Enfin, les personnes interrogées, à l’exception <strong>du</strong> directeur <strong>du</strong> réseau de magasins D, ont peu deconnaissances des enjeux <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>. Ce<strong>la</strong> se manifeste dans leur incompréhension desconcepts suggérés dans <strong>la</strong> partie Représentation de l’entretien (notamment concernant le <strong>commerce</strong><strong>équitable</strong> Nord/Nord et l’économie sociale et solidaire). Le responsable <strong>du</strong> magasin A ne savait pas qu'ilexistait de l'<strong>équitable</strong> non bio :"Je ne sais pas... l’<strong>équitable</strong> ce n’est pas forcément bio ? Pas obligatoirement ?"34Pour rappel de l’intro<strong>du</strong>ction <strong>du</strong> rapport général, <strong>la</strong> méthodologie choisie permet, à travers <strong>la</strong> création d’idéaux-types obtenus en accentuant certains traits de <strong>la</strong>recherche (« positionnements »), de construire une représentation de <strong>la</strong> réalité perçue via les entretiens menés. Cette construction permet de synthétiser leséléments de <strong>la</strong> recherche mais ne prétend en aucun cas repro<strong>du</strong>ire <strong>la</strong> complexité <strong>du</strong> réel.35Attention, cette terminologie est à nuancer : le positionnement militant ne signifie pas qu’il n’y ait pas de militant dans les autres structures ou que celles-ci nesoient que militantes et pas commerciales, c’est avant tout une question de caractéristique dominante. Le militant considère le combat <strong>pour</strong> ses idées comme unélément indissociable de son activité économique.36Soit les pays d’Amérique Latine, d’Afrique et d’Asie.37La responsable de magasin C définirait le CE « […] comme quelque chose de plus éthique ! » et <strong>la</strong> responsable <strong>du</strong> magasin A précise que le travail des enfantsdoit être régulé dans les filières CE.<strong>Les</strong> <strong>réseaux</strong> d’acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> – Exemple de l’Ile-de-France 45


Le responsable <strong>du</strong> magasin C, quant à lui, admet à deux reprises « ne pas avoir suffisamment dedonnées <strong>pour</strong> répondre » [aux questions concernant le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> à l’échelle Nord/Nord et<strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> et équité dans le <strong>commerce</strong> conventionnel].Dans les pratiques, ce<strong>la</strong> se tra<strong>du</strong>it par une attitude pragmatique à l’égard des pro<strong>du</strong>its <strong>du</strong> <strong>commerce</strong><strong>équitable</strong> : les commerçants en auront en magasin si leur prix n’est pas trop élevé. Le responsable <strong>du</strong>magasin A mentionne ce fait quatre fois au cours de l’entretien :« […] je suis <strong>pour</strong> promouvoir à égalité de prix l’<strong>équitable</strong>… »Et le responsable <strong>du</strong> magasin C de souligner que même si il « aime ce principe », « les conditions »actuelles ne lui permettent pas de proposer davantage de pro<strong>du</strong>its <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> :« Il n’y a pas suffisamment de demande ! Il n’y a pas suffisamment de ce genre de clientèle qui acette demande… ».Pour le représentant de l’entreprise de transformation, le prix est aussi un critère « important ». Ce derniermanifeste c<strong>la</strong>irement son approche commerciale <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> à travers sa manière de lepratiquer professionnellement : c’est une activité secondaire, développée à <strong>la</strong> demande d’un client bio,mais qu’il considère comme marginale. Sa formation commerciale transparaît au travers <strong>du</strong> <strong>la</strong>ngageemployé, et notamment des anglicismes : il ne parle jamais d’<strong>équitable</strong> mais toujours de « Fairtrade », de« banane Fairtrade », de « pro<strong>du</strong>it Fairtrade ». Ceci indique que c’est par le système FLO qu’il a dûapprocher l’<strong>équitable</strong> et que c’est sans doute le terme le plus usité dans les circuits commerciauxinternationaux conventionnels qui exercent une activité de <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>.Ces opérateurs n’offrent pas de pro<strong>du</strong>its <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> issus de marques militantes 38 tellesAndines ou Solidar’Monde et ne proposent pas de pro<strong>du</strong>its <strong>équitable</strong>s <strong>du</strong> Nord ou solidaires.2| Le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, un segment de marché de l'économie conventionnelleDeux des opérateurs interrogés dans cette catégorie ont expliqué ouvertement que le <strong>commerce</strong><strong>équitable</strong> représentait un nouveau marché, une opportunité économique à saisir. Ils profitent en ce<strong>la</strong> desexigences éthiques croissantes des consommateurs :« Oh, faut être honnête hein…C’est un marché nouveau qui s’ouvre et c’est une opportunité aussi<strong>pour</strong> développer un nouveau marché… ». (Représentant <strong>du</strong> transformateur G)« Faut aller aux trucs qui marchent », « Dans notre milieu, on a toutes les idées éthiques, ellessont justes, après il faut les combiner à l’efficience économique », « Notre consommateur estsensible aux thèmes éthiques ambiants donc on s’y intéresse évidemment ». (Directeur <strong>du</strong> réseaude magasins D)Quant aux <strong>réseaux</strong> de magasins A et C, ils peuvent être qualifiés d’opportunistes au sens où apparaît undéca<strong>la</strong>ge entre <strong>la</strong> communication faite par le siège qui dit prôner le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> (carte de visite <strong>du</strong>magasin A et site Web de C) et ses vendeurs et responsables de magasins peu informés sur le<strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> et donc peu à même d’informer le client. En outre, le catalogue de <strong>la</strong> centrale d’achatC semble proposer peu de pro<strong>du</strong>its issus <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> 39 alors que les magasins doivent s’yfournir à hauteur de 80%.Par ailleurs, les responsables de ces deux magasins, même s’ils sont favorables au <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>,n’y croient pas vraiment :« il y a tellement de choses à réadministrer avant de penser que c’est le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> qui vachanger les choses…[...] On sent que ce n’est pas <strong>la</strong> priorité ». (Responsable de magasin C)Le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> est <strong>pour</strong> eux « une utopie 40 », un moyen d’intro<strong>du</strong>ire « une espèce d'équité dansle business ». Ces acteurs défendent davantage une évolution des pratiques de l’économieconventionnelle de l’intérieur que l’é<strong>la</strong>boration d’un système économique alternatif. D’après le directeur <strong>du</strong>réseau D, en prônant un système alternatif, on tombe dans <strong>la</strong> morale et le militantisme ce qui constituedes « dérives ». C’est <strong>pour</strong>quoi les moyens qu’il emploie <strong>pour</strong> promouvoir le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> sont desoutils de l’économie conventionnelle : « l’efficacité économique », <strong>la</strong> promotion pro<strong>du</strong>it et non <strong>la</strong>sensibilisation à des causes abstraites, l’aide à <strong>la</strong> constitution par les pro<strong>du</strong>cteurs de « marques-vil<strong>la</strong>ges »38Nous considérons comme « militantes » les marques de <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> prônant de l’équité dans tous les échanges et opposées à <strong>la</strong> vente en GMS. Ellesconsidèrent le combat <strong>pour</strong> leurs idées comme un élément indissociable de leur activité économique.39Ce fait est apparu lors de l’entretien, après avoir feuilleté le catalogue avec <strong>la</strong> responsable de magasin et avoir cherché en vain de tels pro<strong>du</strong>its. Nous n’avonscependant pas pu vérifier cette information auprès <strong>du</strong> siège.40Propos de <strong>la</strong> responsable <strong>du</strong> magasin A qui déc<strong>la</strong>re ensuite : « on est tellement loin de tout ça ».<strong>Les</strong> <strong>réseaux</strong> d’acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> – Exemple de l’Ile-de-France 46


ou « marques-projets »,…Comme les autres acteurs, il préfère avancer progressivement, en secontentant des pratiques existantes.Tous reconnaissent généralement que <strong>la</strong> distribution <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> en GMS va profiter auxpro<strong>du</strong>cteurs en augmentant les volumes de vente.De même ne sont-ils pas opposés à l’é<strong>la</strong>boration d’une garantie sur le modèle de celle assurée par MaxHave<strong>la</strong>ar (donc de nature privée) :« Oh ils se débrouillent déjà très bien hein. Ce n’est pas que j’en fasse des quantités énormes heinmais c’est, c’est assez bétonné comme système. Ils sont bien contrôlés…Et puis ben, qu’est ce quevous voulez qu’ils fassent les pouvoirs publics en plus ? […] Non… J’ne vois pas <strong>pour</strong>quoi l’Etatdevrait mettre son nez là-dedans ». (Responsable <strong>du</strong> CE G)Ils privilégient dans l’ensemble un renforcement de cette certification plutôt que <strong>la</strong> création d’une normepublique. Cette méfiance envers l’Etat comme garant d’un possible <strong>la</strong>bel <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> estcommune à trois des quatre opérateurs interrogés.Trois des quatre structures de cette catégorie se sont <strong>la</strong>ncées dans <strong>la</strong> vente de <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> àpartir de 2005, soit deux à trois ans après que le secteur ait connu une forte expansion (vers 2002-2003)qui l’a fait connaître <strong>du</strong> grand public.Notons également que l’offre de pro<strong>du</strong>its issus <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> est peu diversifiée dans deux destrois magasins ici considérés (en général il n’est proposé qu’une seule marque par pro<strong>du</strong>it).<strong>Les</strong> opérateurs au positionnement pragmatique ne mènent pas d’actions de sensibilisation sur le<strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>. L’information donnée l’est à titre promotionnel et les vendeurs en magasins ne sontpas formés au <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> chez les distributeurs A et C. Dans les magasins D, l’information quenous avons trouvée sur le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> est celle diffusée dans le catalogue mensuel <strong>du</strong> réseau. Ladéfinition proposée <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> est constituée des critères de garantie défen<strong>du</strong>s par MaxHave<strong>la</strong>ar :« Le <strong>la</strong>bel Commerce <strong>équitable</strong> garantit : une juste rémunération des petits pro<strong>du</strong>cteurs de thé,une amélioration de leur qualité de travail (outils) et de vie (habitat, école), l’absence de travail desenfants. »Le directeur de ce réseau rejette l’idée d’une sensibilisation au concept de <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> parpétitions ou col<strong>la</strong>boration avec des associations ou ONG car il se dit « allergique au militantismetraditionnel qu’[il] trouve limité ». Plutôt que « d’information », il préfère parler de « promotion » despro<strong>du</strong>its et de « communication » :« Il faut faire avec les pro<strong>du</strong>its et pas avec les idées », « Il faut sensibiliser le client autrement quepar des pétitions, il faut le féminiser, il faut l’avoir par <strong>la</strong> sé<strong>du</strong>ction féminine plus que par l’agressivitémasculine, par ce militantisme », « Il vaut mieux créer une proximité affective qu’intellectuelle : c’estplus pérenne ».Mais il reconnaît que <strong>la</strong> « communication » de son réseau doit être améliorée car elle n’est pas assez« démonstrative ». Il pense qu’il faut communiquer de manière plus « raffinée » sur les projets qu’il y aderrière chaque pro<strong>du</strong>cteur. C’est <strong>pour</strong> cette raison qu’il considère <strong>la</strong> création de « marques-projets » oude « marques-vil<strong>la</strong>ges » par les pro<strong>du</strong>cteurs <strong>du</strong> Sud comme devant être le but <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> àterme.L’appartenance au secteur économique conventionnel apparaît aussi chez ces opérateurs à travers leursstatuts juridiques « c<strong>la</strong>ssiques » (deux SA, une SARL, une SAS).Finalement, l’activité <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> qu’entreprennent ces acteurs représente une marge certesintéressante de leur activité mais qui ne les con<strong>du</strong>it pas à envisager l’économie autrement ni à sortir d’unrapport marchand au <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>. Ils n’entretiennent donc pas ou peu de re<strong>la</strong>tions avec <strong>la</strong> sociétécivile (medias, associations environnementales, partis politiques, organisations de solidaritéinternationale,…), ni de re<strong>la</strong>tions non commerciales avec les parties prenantes <strong>équitable</strong>s (échangesd’information, débats, participation à des événements de sensibilisation).3| Une approche cloisonnée des concepts de <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> etd’environnementPour les structures interrogées, le bio prime sur l’<strong>équitable</strong> (ce qui peut paraître logique dans ce domaineprofessionnel) et il n’est pas recherché systématiquement de conciliation entre les deux univers. Si, dansle cas d’un pro<strong>du</strong>it, les deux critères entrent en conflit, le directeur <strong>du</strong> réseau de magasins D fera primer le<strong>Les</strong> <strong>réseaux</strong> d’acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> – Exemple de l’Ile-de-France 47


io 41 . De même <strong>pour</strong> le représentant de l’entreprise de transformation G, <strong>pour</strong> qui le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>est «un <strong>la</strong>bel qui se rajoute en plus mais le critère principal c’est le bio ».Leur définition <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> ne prend pas en compte le critère biologique ou <strong>la</strong> protection del’environnement. Ces acteurs n’ont pas, comme les structures au positionnement militant, une approcheglobale liant le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> et l’environnement. S'ils reconnaissent qu’un lien existe, ce<strong>la</strong> ne setra<strong>du</strong>it pas ou peu dans leurs pratiques. Une phrase <strong>du</strong> transformateur G est caractéristique de cecloisonnement des univers bio et <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> :« Pour nous bio c’est un préa<strong>la</strong>ble. Bio. Bio et puis après l’aspect social. Et déjà rien que <strong>pour</strong>atteindre l’aspect bio, <strong>pour</strong> nous ça va être compliqué ». [Il évoque ici un projet de certification<strong>équitable</strong> de l’huile de palme colombienne]Le président <strong>du</strong> réseau D dit ne pas faire de re<strong>la</strong>tion entre <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> et environnement maisreconnaît un « lien philosophique ». Pour <strong>la</strong> responsable de magasin A, le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> se définitavant tout comme une initiative visant à rétablir un déséquilibre Nord/Sud plus que par cette re<strong>la</strong>tion aubio :"Ce serait mieux en bio mais ce qui compte c'est qu'on a déstructuré leurs cultures au départ doncl'intensif, ce n’était pas leur truc..."L’autre responsable de magasin attire l’attention sur les risques de dérives opportunistes à lier <strong>commerce</strong><strong>équitable</strong> et bio : ce<strong>la</strong> permettrait à certains entrepreneurs de vendre des pro<strong>du</strong>its en profitant del’engouement <strong>pour</strong> l’éthique et de se donner une « image verte » :"Je crois qu’il y a une grosse confusion, ça n’a rien à voir…ça n’a rien à voir… Le <strong>commerce</strong><strong>équitable</strong> peut être traité ou pas, peut-être bio ou pas…[...] mais il y a beaucoup de <strong>commerce</strong><strong>équitable</strong> qui sont faits <strong>pour</strong> des gens qui pensent que c’est <strong>la</strong>bellisé plus ou moins…[...] bio ou enalternance de bio, enfin ou en devenir de bio, dans <strong>la</strong> mesure où il y a une connotation dans le<strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> de, de… oui d’éthique mais aussi de vouloir bien faire quoi, d’écologie, quoi,on va dire… [...]Donc sous l’égide <strong>du</strong> vert et on va dire aujourd’hui de cette ouverture sur cetteécologie, toute cette bio et tout, Il y a beaucoup de gens qui profitent <strong>du</strong> système <strong>pour</strong> essayer devendre leur, leur marchandise […] ».Ces structures ont aussi en commun une certaine manière de défendre le bio et l’environnement. Pourelles, <strong>la</strong> vente de pro<strong>du</strong>its bios manifeste en soi une préoccupation environnementale et il n'est donc pasnécessaire d'agir dans d'autres domaines que dans le domaine commercial (campagnes desensibilisation, col<strong>la</strong>boration avec des associations écologistes, etc.). Cependant deux magasins (C et D)manifestent leur « responsabilité environnementale » à travers leurs pratiques internes en favorisantl’usage de papier recyclé <strong>pour</strong> leurs publications, les matériaux écologiques et l’éco-construction, enlimitant le surembal<strong>la</strong>ge, et en distribuant des sacs non polluants.Pour les magasins A et C, le bio est même d'abord présenté comme un facteur de santé <strong>pour</strong> l’homme etconsidéré dans un second temps seulement comme un outil de protection de l'environnement. En atteste<strong>la</strong> variété offerte en matière de compléments alimentaires et le fait que ces deux responsables aient uneformation liée à <strong>la</strong> santé.Ces positions se tra<strong>du</strong>isent par des re<strong>la</strong>tions souvent indirectes avec les fournisseurs de <strong>commerce</strong><strong>équitable</strong> et par l’absence de re<strong>la</strong>tions non commerciales avec ceux-ci (échanges d’informations,débats,…). <strong>Les</strong> structures se fournissent généralement auprès d’un intermédiaire bio, ce qui facilite lescommandes. La responsable <strong>du</strong> magasin C préférerait par exemple que ce soit sa centrale d’achat quidéveloppe et propose une offre plus importante de pro<strong>du</strong>its <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> plutôt que d’allerdémarcher elle-même des opérateurs de <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>.Quant au transformateur, il nous indique que ses re<strong>la</strong>tions avec Max Have<strong>la</strong>ar sont d’ordre commercial etqu’il rencontre davantage des acteurs bios que des acteurs liés au <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> :« - Vous rencontrez souvent des acteurs qui pratiquent aussi [le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>]…- Non, il n'y a pas vraiment d’échanges.- Vous travaillez chacun…- Chacun de son côté.- Mais quand vous avez des réunions avec Max Have<strong>la</strong>ar comment ça se passe ? […]41L’enquêté prenait <strong>pour</strong> exemple les oranges brésiliennes <strong>équitable</strong>s mais dont le transport aurait entraîné des pratiques contraires au bio (congé<strong>la</strong>tion,décongé<strong>la</strong>tion,…).<strong>Les</strong> <strong>réseaux</strong> d’acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> – Exemple de l’Ile-de-France 48


- Oui, on les rencontre m’enfin c’est…c’est pas spécialement Max Have<strong>la</strong>ar vous savez c’est,c’est…Max…en tout cas dans <strong>la</strong> banane, c’est rare que Max Have<strong>la</strong>ar n’accompagne pas le bio.Donc en fait c’est plus des acteurs bios que des acteurs Max Have<strong>la</strong>ar. On ne discute pasforcément de Max Have<strong>la</strong>ar. »<strong>Les</strong> opérateurs bios au positionnement pragmatique se rattachent ainsi essentiellement à des <strong>réseaux</strong>commerciaux (grossistes bios et <strong>équitable</strong>s ou lien avec le <strong>la</strong>bellisateur Max Have<strong>la</strong>ar et des soustraitants<strong>pour</strong> l’importation dans le cas <strong>du</strong> transformateur) et aux <strong>réseaux</strong> c<strong>la</strong>ssiques de distributeurs bios(grossistes et magasins bios). Ils contribuent à <strong>la</strong> diffusion <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> à travers <strong>la</strong> vente deces pro<strong>du</strong>its qui constitue un nouveau marché mais n’éprouvent pas le besoin d’étendre leurs activités àdes actions de sensibilisation. Ils ont donc peu de re<strong>la</strong>tions avec <strong>la</strong> société civile, celle-ci se limitant à uncontact régulier avec les distributeurs de magazines spécialisés dans le bio (Biocontact, Ecobio,…). Cesacteurs n’ont pas de liens avec les <strong>réseaux</strong> écologistes ni avec les acteurs de l’économie sociale etsolidaire.B - LE POSITIONNEMENT « MILITANT »Cette seconde catégorie regroupe deux <strong>réseaux</strong> de magasins indépendants et une boutique associative.Ils envisagent le bio comme une alternative au modèle économique c<strong>la</strong>ssique : <strong>pour</strong> eux, le bio impliqued’importants changements dans <strong>la</strong> manière de consommer, de pro<strong>du</strong>ire et de vendre.Pour ces trois opérateurs, l’approche <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> n’est pas uniquement commerciale maiss’inscrit en cohérence avec leur engagement dans le bio.1| Une définition <strong>la</strong>rge <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>Le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> n’est pas seulement défini comme l’assurance de revenus stables et supérieursau cours mondial des matières premières mais intègre aussi des dimensions sociales, éthiques etenvironnementales (point que nous aborderons plus loin). Interrogé sur <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion entre <strong>commerce</strong><strong>équitable</strong> et économie sociale et solidaire, le responsable de magasin B répond :« Oui ça va bien ensemble…euh…[silence] <strong>pour</strong> moi c’est <strong>la</strong> définition <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>. »Quant au président de <strong>la</strong> boutique associative, il est prolixe sur les aspects éthiques et sociaux <strong>du</strong><strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> :« Le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> <strong>pour</strong> moi c’est une façon, j’al<strong>la</strong>is dire, de faire de l’économie, de façonjuste, hein ? Avec beaucoup d’équité. […] Donc l’idée c’est de voir comment on peut créer desrichesses mais que ces richesses-là soient réparties de façon <strong>équitable</strong> entre le pro<strong>du</strong>cteur, euh ledétail<strong>la</strong>nt, l’intermédiaire, et que les choses se fassent avec une bonne dose de justice sociale et dejustice économique. […] »Le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> est perçu en termes de filière dont toutes les parties prenantes doivent respecterles principes : <strong>du</strong> pro<strong>du</strong>cteur au consommateur et <strong>du</strong> Nord au Sud. Dans cette approche, le <strong>commerce</strong><strong>équitable</strong> est envisagé aussi à l’échelle Nord/Nord et pratiqué par ces trois acteurs. L’accent mis sur le<strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> Nord/Nord se conjugue avec leur volonté d’agir de manière alternative d’abord àl’échelle locale (le développement local fait partie des objectifs de l’association étudiée). L’engagement deces opérateurs en faveur d’un <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> Nord/Nord se tra<strong>du</strong>it par <strong>la</strong> vente de pro<strong>du</strong>its qui serevendiquent solidaires avec les agriculteurs <strong>du</strong> Nord.Le réseau de magasins indépendants F vend plus volontiers des pro<strong>du</strong>its <strong>équitable</strong>s <strong>du</strong> Nord que <strong>du</strong> Sudafin d’être cohérent sur un p<strong>la</strong>n écologique et ne pas inciter à <strong>la</strong> monoculture au Sud. C’est aussi unmoyen de défendre les petits pro<strong>du</strong>cteurs locaux puisque 70 % de ces fournisseurs sont des petitspro<strong>du</strong>cteurs et transformateurs. L’autre réseau est, au niveau national, positionné c<strong>la</strong>irement en faveur <strong>du</strong><strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> Nord/Nord et a d’ailleurs créé un <strong>la</strong>bel en ce sens. Quant à l’association, des pro<strong>du</strong>its« solidaires » y sont ven<strong>du</strong>s tels les paniers bios issus de ses jardins d’insertion et les pro<strong>du</strong>its depro<strong>du</strong>cteurs régionaux obtenus en lien avec <strong>la</strong> Confédération Paysanne.Il est intéressant de remarquer que leur engagement en faveur de cette forme de <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> neles incite pas forcément à faire le lien avec <strong>la</strong> problématique Nord-Sud ni à militer dans ce domaine. Ilssont d’ailleurs assez pragmatiques quant aux capacités <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> à réguler le <strong>commerce</strong> àl’échelle internationale:«…Réguler le <strong>commerce</strong> international ? Pff…Pourquoi pas ? C’est vrai que le <strong>commerce</strong><strong>équitable</strong> faut voir ce qu’on entend par derrière mais en fait ça serait juste d’avoir une meilleurerépartition entre tous les acteurs de <strong>la</strong> chaîne sans parler de, de grands projets solidaires qu’il y apar derrière, mais que chacun ait, qu’il y en ait un peu moins, ‘fin voilà : une meilleure répartition :<strong>Les</strong> <strong>réseaux</strong> d’acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> – Exemple de l’Ile-de-France 49


qu’il y ait un peu moins d’argent <strong>pour</strong> les plus fortunés et un peu plus <strong>pour</strong> ceux qui sont à <strong>la</strong> basede, de <strong>la</strong> pro<strong>du</strong>ction, ça c’est évident. » (Le responsable de communication des magasins F).« Ben, c’est possible mais aujourd’hui le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> c’est une goutte d’eau dans unocéan, hein, le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>. » (Le président de <strong>la</strong> boutique associative).Ces opérateurs accordant moins d’importance aux échanges Nord/Sud, ils n’ont que peu de liens avecdes organisations de solidarité internationale 42 .<strong>Les</strong> trois représentants interrogés ont une connaissance assez fine des enjeux <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>.La responsable de <strong>la</strong> communication qui dit être peu informée sur le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> est tout demême au fait des « querelles de chapelle » évoquées par le président de l’association au sujet de MaxHave<strong>la</strong>ar. Et tous trois connaissent bien les débats qui agitent l’univers de l’<strong>équitable</strong> concernant <strong>la</strong>distribution en GMS et <strong>la</strong> garantie par les pouvoirs publics.La volonté de promouvoir une approche plus engagée <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> apparaît aussi dans lechoix des fournisseurs de pro<strong>du</strong>its <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> : il s’agit souvent de re<strong>la</strong>tions directes avec desopérateurs de <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> spécialisés et de marques au positionnement plus « militant » que lespro<strong>du</strong>its bios <strong>la</strong>bellisés Max Have<strong>la</strong>ar, tels les pro<strong>du</strong>its Solidar’Monde et Andines.Cette perception <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> avant tout Nord/Nord s’explique certainement par leurappartenance déterminante au champ de l’économie sociale et solidaire, comme nous allons le voir àprésent.2| Le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, une pratique liée à un système économique alternatifLe point commun à ces trois acteurs bios engagés dans <strong>la</strong> diffusion <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> est d’être liésà l’économie sociale et solidaire et de promouvoir en ce<strong>la</strong>, une autre façon de faire de l’économie : demanière plus juste, plus <strong>équitable</strong>, plus sociale, plus solidaire mais aussi plus transparente, et qui permetde réfléchir à un autre mode de consommation. Ces structures ne pratiquent pas seulement des activitésmarchandes intégrant des critères correctifs (de l’économie conventionnelle) mais veulent influencerd’autres acteurs commerciaux dans ce sens et <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion en général. Ils ont donc une vocationmilitante affichée et une position assumée à <strong>la</strong> frontière des secteurs marchand et non marchand.Le vocabu<strong>la</strong>ire employé par le gérant <strong>du</strong> magasin B et le porte-parole des magasins F atteste de cettevision peu orthodoxe de l’économie. Tous deux sont <strong>pour</strong>tant issus de formations commerciales mais ilsont fait le choix de vivre le <strong>commerce</strong> autrement. Le gérant maîtrise le lexique entrepreneurial (il parle de<strong>la</strong> « qualité » des pro<strong>du</strong>its, de <strong>la</strong> « compétitivité-prix », insiste sur <strong>la</strong> nécessité de mieux informer lesclients sur les pro<strong>du</strong>its, connaît le concept de responsabilité sociétale des entreprises (RSE) maisre<strong>la</strong>tivise les phénomènes de concurrence entre magasins bios (ce qui dénote aussi une vision sansdoute idéalisée de l’ensemble de ce système économique alternatif) :« - Sinon, il y a d’autres épiceries bio ou <strong>équitable</strong>s dans le quartier ?- Oui mais ça ne marche pas en concurrence… je veux dire, par exemple il y a un petit (nom demagasin bio) qui est sur le Boulevard (X) : et il y a des clients qui vont jusqu’à (nom de magasinbio) et puis qui viennent chez nous après… »Leur engagement en faveur de l’économie sociale et solidaire s’explique par un rejet des pratiques del’économie conventionnelle et les amène à prôner de nouvelles re<strong>la</strong>tions économiques plus « sensées »,« favorisant le développement local », « rep<strong>la</strong>çant l'homme au centre de l'économie » (<strong>pour</strong> l’association)et « préservant <strong>la</strong> survie de <strong>la</strong> race humaine » (magasin B)Ils justifient leur critique de l’économie conventionnelle par <strong>la</strong> dénonciation de ces dérives manifestesdans l’agro-alimentaire (d’après le responsable <strong>du</strong> magasin B) et à l’échelle mondiale (selon le présidentde l’association). Ces deux enquêtés dénoncent plus précisément le « capitalisme » qui profitent de tousles secteurs innovants comme le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> et les dévoie :« - C’est toujours comme ça : chaque fois qu’il y a une activité qui est…[…] innovante ou qu’il y a…où il y a une solvabilisation qui est possible ben le capitalisme prend le dessus là-dessus et puisaprès, il développe, il fait son affaire, et parfois c’est juteux. Voilà.- Oui puisque actuellement le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> se vend à 80% en grande distribution.- Donc voilà c’est ça. […] Donc il y a de l’autre côté aussi, des acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, quiont une vision un petit peu restrictive, je pense à … Max Have<strong>la</strong>ar qui a pris le pari de <strong>la</strong> grandedistribution à tout va »42Notons cependant que l’association fait exception en raison de <strong>la</strong> sensibilité exprimée par son président à l’égard de ce thème.<strong>Les</strong> <strong>réseaux</strong> d’acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> – Exemple de l’Ile-de-France 50


Par conséquent, ces acteurs sont plutôt méfiants quant à l’intro<strong>du</strong>ction <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> en GMSmême s’ils reconnaissent que c’est un moyen d’augmenter les volumes de vente :« D’un autre côté aussi c’est vrai, si on veut véritablement le rendre visible, il faut que ce soit dansdes lieux où les gens…dans le temple de <strong>la</strong> consommation quelque part, hein…voilà mais aprèseuh…il perd son âme, voilà c’est…moi j’ai pas de solution [Dans un petit rire]. Voilà. ». Le présidentde l’association.Afin d’éviter les dérives opportunistes, ils sont favorables à une garantie publique <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>.Si <strong>pour</strong> le responsable <strong>du</strong> magasin B, il en va de <strong>la</strong> « crédibilité » de l’<strong>équitable</strong>, <strong>la</strong> représentante desmagasins F, l’envisage, elle, comme un moyen d’assurer <strong>la</strong> transparence <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> :« Si ça peut permettre un peu plus de transparence […]euh…parce qu’en fait derrière tout ça y’aaussi de l’argent eh… ces marques-là elles sont payantes et c’est vrai que ouais un <strong>la</strong>bel nationalou européen <strong>pour</strong>quoi pas mondial ce serait l’idéal, ouais c’est c<strong>la</strong>ir, au même titre qu’un <strong>la</strong>bel bio,avec beaucoup plus d’indépendance, de transparence au niveau des décideurs et des partenaires[...] …peut-être que si c’était au niveau public on peut espérer que, qu’il y ait un peu plusde...d’honnêteté. ».Le développement de leur activité de <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> est antérieur au boom économique <strong>du</strong> secteuret relève donc d’un certain volontarisme de ces structures quant à <strong>la</strong> démarche de <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>.L'intro<strong>du</strong>ction <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> dans ces trois structures s’est ainsi effectuée vers 2001 alors queces structures existaient depuis cinq à dix ans.L’offre de pro<strong>du</strong>its issus <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> est en général plus variée que <strong>pour</strong> les opérateurs aupositionnement pragmatique : plusieurs marques sont proposées par pro<strong>du</strong>it et outre les pro<strong>du</strong>itsalimentaires on trouve de l’artisanat, <strong>du</strong> textile et quelques pro<strong>du</strong>its domestiques <strong>équitable</strong>s(principalement dans le réseau F qui dispose par exemple de noix de <strong>la</strong>vage <strong>équitable</strong>s).L’appartenance à l’économie sociale et solidaire est vécue sur un mode militant. Rénover l’économiepasse par une remise en cause des pratiques internes de ces structures et une recherche constante decohérence entre convictions et pratiques. Ce questionnement permanent et <strong>la</strong> tension entre impératifscommerciaux et éthiques apparaissent c<strong>la</strong>irement dans l’entretien réalisé avec <strong>la</strong> chargée decommunication des magasins F :« C’est sûr qu’on est face à des incohérences : il y a encore pas longtemps, au mois de juin, onavait des pommes qui venaient de Chine, dans les rayons […], donc ça veut dire que, on n’est pasentièrement cohérent sur le discours et les pratiques parce que y a aussi des contraintes et desréalités qui sont aussi bien <strong>la</strong> demande et l’univers concurrentiel. […] C’est vrai qu’il y a desquestions qui se posent au quotidien et parfois on y répond plus par rapport à une logiqueconcurrentielle, commerciale qu’éthique. Enfin, voilà, mais l’important est de se poser toujours lesquestions… »Elle établit un lien fort entre <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> et économie sociale et solidaire et <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>et responsabilité sociétale de l’entreprise car c’est <strong>pour</strong> elle une « question de cohérence ».La vocation militante de ces trois structures est affichée par <strong>la</strong> tête de réseau et re<strong>la</strong>yée en magasins auniveau des clients. Dans le magasin B, le responsable met à <strong>la</strong> disposition des clients des pétitions et<strong>la</strong>isse ceux-ci en déposer. Il est en re<strong>la</strong>tion avec une clientèle qu’il dit composée de « vrais militants » etqui identifie son magasin comme un lieu d’échange et de « défense des idées ». Dans les magasins F, <strong>la</strong>sensibilisation et l’information sont gérées par les clients et les sa<strong>la</strong>riés qui sont libres en ce domaine. Làaussi il s’agit d’une clientèle informée et engagée :« On a quand même une grosse partie de nos clients aujourd’hui qui demandent le moins desurembal<strong>la</strong>ge, le plus de local ». - Représentante des magasins F« [...] On a en général des clients qui sont extrêmement bien informés…et <strong>pour</strong> certains ils le sontaussi sur l’<strong>équitable</strong>». - Responsable <strong>du</strong> magasin BLa sensibilisation passe aussi par <strong>la</strong> participation à des événements tels que <strong>la</strong> Quinzaine <strong>du</strong> <strong>commerce</strong><strong>équitable</strong>, <strong>la</strong> Semaine de <strong>la</strong> Solidarité Internationale ou des marchés et salons <strong>équitable</strong>s.Le militantisme de ces opérateurs apparaît dans le statut de l’économie sociale choisi: association, SAcoopérative à capital variable <strong>pour</strong> les magasins F, ou dans l’intégration à un réseau : SARL reliée à unréseau coopératif de magasins <strong>pour</strong> le magasin B. L’objectif est de se démarquer des cadres c<strong>la</strong>ssiquesd’activités économiques (tels les SA) et de viser plus de démocratie interne. <strong>Les</strong> deux <strong>réseaux</strong> demagasins étudiés sont de plus organisés de manière à <strong>la</strong>isser le plus d’autonomie possible à chaquemagasin et même, à l’intérieur des magasins, à chaque vendeur (dans le cas F).<strong>Les</strong> <strong>réseaux</strong> d’acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> – Exemple de l’Ile-de-France 51


Ce positionnement se manifeste enfin dans les re<strong>la</strong>tions entretenues avec <strong>la</strong> société civile : collectifs del’économie sociale et solidaire (<strong>réseaux</strong> locaux et nationaux d’acteurs de l’économie sociale et solidaire etrecours aux finances solidaires), associations environnementales ou ONG. Quant aux re<strong>la</strong>tions aveccertains opérateurs commerciaux, elles sont également d’ordre affectif ou personnel (lien d’amitié,connaissance).<strong>Les</strong> objectifs commerciaux et éthiques sont donc entremêlés : par <strong>la</strong> recherche de cohérence entre desimpératifs commerciaux et un engagement militant. C’est une démarche progressive et tous essaient,dans leurs pratiques internes, d’atteindre cette cohérence (en s’interrogeant par exemple sur <strong>la</strong>problématique des transports et des coûts écologiques).3| Une approche de type « développement <strong>du</strong>rable » des concepts <strong>commerce</strong><strong>équitable</strong> et environnementCes trois structures sont les seules à faire référence à une approche <strong>du</strong>rable <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> :deux mentionnent le terme de développement <strong>du</strong>rable et le troisième y fait référence sans le mentionneren évoquant <strong>la</strong> quête d’équilibre dans le <strong>commerce</strong> international entre « des intérêts courts termescapitalistes » et des intérêts long termes.Tous intègrent le facteur temps et <strong>la</strong> <strong>du</strong>rabilité dans leur réflexion sur un autre système économique : <strong>la</strong>responsable de communication des magasins F parle de « consommation <strong>du</strong>rable qui doit s’inscrire dansle temps », tandis que le développement <strong>du</strong>rable fait partie de <strong>la</strong> communication de l’association.Partisans de cette approche « développement <strong>du</strong>rable », ils sont par conséquent plus à mêmes de faire lelien entre le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>/ l’environnement/ le social.Pour le président de l’association, le lien entre <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> et environnement est évident et le« développement <strong>du</strong>rable est sous-jacent au <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> » : «<strong>pour</strong> moi un vrai pro<strong>du</strong>it <strong>équitable</strong> ilfaut qu’il soit bio ».Pour <strong>la</strong> responsable communication <strong>du</strong> réseau F, dans le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, comme dans le bio, « il y aforcément une notion sociale ». Ce qui se tra<strong>du</strong>it, dans ces magasins, par une volonté de rendreaccessible le bio à tous les clients en proposant 74 pro<strong>du</strong>its de consommation courante à un prix« <strong>équitable</strong> » (« le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> doit être <strong>équitable</strong> […] <strong>pour</strong> le consommateur aussi »). C’est uneorientation également défen<strong>du</strong>e par l’autre réseau, attestant des liens entre promotion <strong>du</strong> bio etpréoccupation sociale.Pour le responsable <strong>du</strong> magasin B, garantir un pro<strong>du</strong>it à <strong>la</strong> fois bio et <strong>équitable</strong> est une garantiesupplémentaire contre les dérives opportunistes et permet de joindre les trois composantes <strong>du</strong>développement <strong>du</strong>rable : le social, l’économique et l’écologie :« - Vous pensez que le fait que ce soit certifié <strong>équitable</strong> ça rajoute une garantie contre ça [lesdérives opportunistes de <strong>la</strong> bio]?- C’est certainement pas <strong>la</strong> seule garantie mais là encore, ça veut dire que voilà, qu’on respecte lesnormes sociales, après il faudrait aller un petit plus loin sur une norme environnementale et là onaurait les trois mamelles quoi. »Finalement, comme le résument deux enquêtés, <strong>la</strong> solidarité s’exerce aussi, selon eux, à l’égard de <strong>la</strong>nature.Le caractère militant des opérateurs de cette seconde catégorie s’illustre également dans leur manière dedéfendre le bio et l’environnement. Comme l’indique le responsable <strong>du</strong> magasin B, l’approche <strong>du</strong> bio qu’ilsdéfendent est une approche «très filière, très globale, qui associe les pro<strong>du</strong>cteurs jusqu’auxconsommateurs ». Ceci se tra<strong>du</strong>ite par leur engagement en faveur des petits pro<strong>du</strong>cteurs locaux et <strong>pour</strong>le maintien d’une agriculture rurale.<strong>Les</strong> opérateurs de cette catégorie affichent leur volontarisme en matière de <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> enprivilégiant des re<strong>la</strong>tions directes avec les fournisseurs de pro<strong>du</strong>its <strong>équitable</strong>s. <strong>Les</strong> re<strong>la</strong>tions établies avecles structures spécialisées <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> vont au delà d’une re<strong>la</strong>tion commerciale : des liensaffectifs et personnels se sont ainsi noués entre ces structures et les magasins F ou <strong>la</strong> boutiqueassociative.Le militantisme des trois structures considérées en matière environnementale se manifeste par <strong>la</strong>promotion de <strong>la</strong>bels militants <strong>du</strong> bio (cas des magasins F qui privilégient Nature et Progrès et Demeter),les liens établis avec des associations écologistes ou de protection de l’agriculture paysanne et <strong>la</strong> ventede pro<strong>du</strong>its issus de cette agriculture. En outre, toutes tentent d’avoir des pratiques internesécologiquement responsables (distribution de sacs en coton bio, interrogation sur les dépenses d’énergie,démarche interne visant à contrôler les coûts environnementaux dans le réseau B, etc.).<strong>Les</strong> <strong>réseaux</strong> d’acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> – Exemple de l’Ile-de-France 52


Par ailleurs, toutes trois sont liées à des associations écologistes auxquelles elles ont recours <strong>pour</strong>sensibiliser leurs clients sur les problématiques environnementales : le responsable <strong>du</strong> magasin B re<strong>la</strong>ieainsi les pétitions <strong>du</strong> CRIIRAD et <strong>du</strong> réseau Ré-Agir, l’association mène des actions de sensibilisation àl’environnement avec l’appui d’associations écologistes locales et le réseau F peut reverser ses bénéficesaux associations Nature et progrès, Greenpeace et les Amis de <strong>la</strong> Terre.La défense de l’agriculture rurale et des pro<strong>du</strong>its bios locaux fait également partie de leur engagement :les magasins F se fournissent ainsi à hauteur de 70% auprès de petits pro<strong>du</strong>cteurs locaux, le responsableB soutient une pro<strong>du</strong>ctrice de Montreuil qui n’a pas encore <strong>la</strong> capacité d’intégrer les <strong>réseaux</strong> dedistribution bios en lui achetant ses pro<strong>du</strong>its, tandis qu’à <strong>la</strong> boutique associative un partenariat développéavec <strong>la</strong> Confédération Paysanne permet d’être approvisionné en viande et vin bios.Ces acteurs bios au positionnement militant sont intégrés dans plusieurs <strong>réseaux</strong> de type alternatifs(économie sociale et solidaire, écologie et <strong>commerce</strong> alternatif) mais également dans les <strong>réseaux</strong> biosauxquels prennent part les opérateurs « commerciaux » (magazines bios et grossistes bios sontcommuns, tous participent aux mêmes salons bios). <strong>Les</strong> bios « militants » confirment ainsi, par leurspratiques, leur volonté de construire un système économique alternatif dont le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> faitpartie intégrante.BIBLIOGRAPHIE DE LA SECTIONCHARLIER Sophie, HAYNES Isabelle, BACH Amandine, MAYET Alexis, YEPES Isabelle, MORMONT Marc, février 2006, Le<strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> face aux nouveaux défis commerciaux : évolution des dynamiques d’acteurs, Rapport final <strong>du</strong> P<strong>la</strong>n d’appui àune politique de développement <strong>du</strong>rable – PADD II, Université de Liège, Université Catholique de Louvain, Politique ScientifiqueFédérale, 142 p.ECHAUDEMAISON C<strong>la</strong>ude-Danièle, 1998, Le dictionnaire d’économie et de sciences sociales, Edition NathanCommerce <strong>équitable</strong>, l’empreinte bio, Hors Série n°45, Politis, Mai- Juin 2007<strong>Les</strong> défis <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, Hors Série n°3, Altermondes, Printemps 2007Recensement, entretiens et analyse réalisés en 2007 par:Jordan DEL CAMPO, Programme ESC, Master 1 - Euromed MarseilleMarie LEMAY, Master 1 Pro. « Etudes <strong>du</strong> développement » spécialité « Développement local :acteurs sociaux et dynamiques spatiales » – IEDES / Université de Paris 1 Panthéon-SorbonneEncadrement scientifique :Bernard SCHEOU, président de Tourisme et Développement Solidaires - Administrateur de <strong>la</strong> PFCEet maître de conférences à l'université de Perpignan Via DomitiaEncadrement technique :Emilie SARRAZIN-BITEYE, chargée <strong>du</strong> projet PICRI Commerce Equitable<strong>Les</strong> <strong>réseaux</strong> d’acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> – Exemple de l’Ile-de-France 53


2 E PARTIE⎮ LES ACTEURS DU COMMERCE EQUITABLE ISSUSDE LA SOCIETE CIVILESECTION A - LES ASSOCIATIONS DE CONSOMMATEURS ET LECOMMERCE EQUITABLESYNTHESELa portée des associations de consommateurs en France a été conséquente dans <strong>la</strong> construction <strong>du</strong><strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>. Toutefois, le fait que les travaux sur <strong>la</strong> normalisation aient abouti à un simple accordau lieu d’une norme a été perçu comme un « échec » aux yeux des associations rencontrées. <strong>Les</strong> actionsdes associations de consommateurs connaissent aujourd’hui des limites majeures. Parmi celles-ci figurent<strong>la</strong> « puissance » de <strong>la</strong> grande distribution, renforcée par leur proximité avec certaines associations <strong>du</strong><strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, et l’éloignement entre les associations de consommateurs et les groupements depro<strong>du</strong>cteurs, principales cibles <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>.Ces organisations ont ainsi une connaissance fine <strong>du</strong> concept et des questions de débat. Celles quitravaillent sur l’environnement poussent à <strong>la</strong> recherche de plus de cohérence en proposant l’intégration <strong>du</strong><strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> dans une démarche globale qui tient compte justement des aspects sociaux etenvironnementaux. Le débat sur <strong>la</strong> participation de <strong>la</strong> grande distribution dans le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> estloin d’être clos, mais si les associations consultées restent impliquées, elles appuieront cette participation<strong>du</strong> fait que 90% des Français y font leurs courses. Cependant, elles communiquent leurs réserves et leurscraintes et mènent diverses actions sur le sujet.Pensant le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> comme partie d’une démarche de consommation responsable globale, lesassociations de consommateurs d’origine consumériste rencontrées restent très engagées dans lemouvement par des partenariats avec les opérateurs spécialisés et les têtes de <strong>réseaux</strong> nationaux. Aucontraire, les associations d’origine syndicale qui étendent le périmètre <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> à touterégion où les conditions de vie des pro<strong>du</strong>cteurs sont en jeu ne mènent plus que des actions ponctuellessur le sujet.I. CARACTERISTIQUES 43A - DES ACTEURS DU COMMERCE EQUITABLE DELAISSES ET PEU ETUDIESLa définition <strong>la</strong> plus <strong>la</strong>rgement acceptée <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> le présente comme un partenariatcommercial – qui repose, entre autres, sur le soutien <strong>du</strong> consommateur <strong>du</strong> Nord (FINE, 2001). Dans <strong>la</strong>littérature, l’accent est mis sur l’importance de son rôle en tant qu’acheteur, citoyen, voire un acteurpolitique (Habbard, Lafarge, Peeters, Vergriette, 2002 ; Micheletti, 2003 ; Krier, 2005 ; Durand, 2006). EnFrance, selon une étude Ipsos, entre 2003 et 2006, « <strong>la</strong> notoriété <strong>du</strong> terme ‘<strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>’ estpassée de 32% à 74% (+42 points), désormais 48% des Français disent avoir déjà acheté un pro<strong>du</strong>it quien est issu » 44 . Partant <strong>du</strong> fait que « de plus en plus de pro<strong>du</strong>its se réc<strong>la</strong>mant de ce <strong>commerce</strong> sont envente en France, et qu’ils sont généralement plus chers que les pro<strong>du</strong>its courants », l’Etat français, par <strong>la</strong>voie de son Premier ministre a commandé une mission sur le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, <strong>la</strong> préoccupationmajeure étant d’offrir « des garanties aux consommateurs qui font le choix d’acheter ces pro<strong>du</strong>its » (Herth,2005).La France compte dix-huit associations nationales de consommateurs indépendantes (Cf. figure 12), àbut non lucratif, relevant toutes de <strong>la</strong> loi <strong>du</strong> 1 er juillet 1901. Elles sont issues de trois grands mouvementsdifférents par leur origine historique que sont le mouvement familial, auquel se greffe le mouvement« é<strong>du</strong>cation popu<strong>la</strong>ire », ensuite le mouvement syndical, et le mouvement consumériste et spécialisé.Grâce à leur proximité avec les Ministères travail<strong>la</strong>nt sur <strong>la</strong> consommation et leur implication dans le<strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> depuis 2000, certaines associations de consommateur, notamment Léo Lagrange,43Dans <strong>la</strong> partie Méthodologie de l’intro<strong>du</strong>ction <strong>du</strong> rapport sont indiqués les critères de l’échantillonnage <strong>pour</strong> chaque type d’acteur rencontré.44http://www.ipsos.fr/CanalIpsos/articles/2341.asp<strong>Les</strong> <strong>réseaux</strong> d’acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> – Exemple de l’Ile-de-France 54


l’AFOC et l’ASSECO-CFDT, ont été à l’origine et ont permis le financement des travaux sur <strong>la</strong>normalisation <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, conférant à <strong>la</strong> France le statut de pionnier dans <strong>la</strong> pro<strong>du</strong>ction detexte de référence.NOMAssociation de défense, d’é<strong>du</strong>cation et d’information <strong>du</strong> consommateurAssociation Force ouvrière consommateursAssociation Léo Lagrange <strong>pour</strong> <strong>la</strong> défense des consommateursAssociation <strong>pour</strong> l’information et <strong>la</strong> défense des consommateurs CFDTConfédération générale <strong>du</strong> logementConsommation, logement et cadre de vieConfédération nationale des associations familiales <strong>la</strong>ïquesConfédération nationale des associations familiales catholiquesConfédération nationale <strong>du</strong> logementConfédération syndicale des famillesFamilles de FranceFamilles ruralesFédération nationale des associations d’usagers des transportsAssociation <strong>pour</strong> l’information et <strong>la</strong> défense des consommateurs sa<strong>la</strong>riésOrganisation générale des consommateursUnion fédérale des consommateursUnion féminine civique et socialeUnion nationale des associations de famillesSIGLEADEICAFOCALLDCASSECO-CFDTCGLCLCVCNAFALCNAFACCNLCSFFNAUTINDECOSA-CGTORGECOUFC-QUE-CHOISIRUFCSUNAFFig. 10: <strong>Les</strong> associations de consommateurs en France (Source : Husset, 2006)Bien qu’il existe de nombreux travaux sur le consommateur dans le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, il n’existeaucune recherche sur leur forme institutionnalisée, les associations de consommateurs.Dans ce contexte, l’étude des associations de consommateurs s’est révélée être un travail pionnier avecl’objectif de déterminer le rôle et <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce des associations de consommateurs face au développement <strong>du</strong><strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>.B - UN ENGAGEMENT DANS LE COMMERCE EQUITABLE DIFFICILE A APPREHENDERCompte tenu de notre questionnement, nous avons émis l’hypothèse que le mouvement d’origine desassociations de consommateurs est un facteur déterminant dans le rôle qu’elles jouent face audéveloppement <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>. Le mouvement d’origine est donc notre premier critère desélection. La première hypothèse a con<strong>du</strong>it à l’élimination des associations dont <strong>la</strong> préoccupation n’étaitpas liée à celles <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>. C’est le cas de <strong>la</strong> CGL et <strong>la</strong> CNL (logement), et <strong>la</strong> FNAUT(transport). L’échantillon concerne donc les 15 associations restantes.Ensuite, en se référant à <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce qu’elles occupent, nous avons émis une seconde hypothèse re<strong>la</strong>tive àleur communication. Nous supposons que les associations qui mènent des actions sur le <strong>commerce</strong><strong>équitable</strong> communiquent sur le sujet via leur site Web (<strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> et thèmes proches). <strong>Les</strong>econd critère est donc <strong>la</strong> présence ou l’absence de résultats à <strong>la</strong> recherche d’articles sur leur site avecles mots clés : « <strong>commerce</strong>+<strong>équitable</strong> », « consommation responsable, citoyenne, éthique sur lesétiquettes, consumérisme ».Enfin, il est à noter un dernier critère <strong>pour</strong> <strong>la</strong> constitution de notre échantillon : <strong>la</strong> disponibilité desresponsables des associations. En effet, certaines grandes associations n’ont pas souhaité se rendredisponibles <strong>pour</strong> participer à notre étude.ASSOCIATION MOUVEMENT D’ORIGINE COMMUNICATION SUR NOMBRE D’ADHERENTSAFOCSyndical<strong>Les</strong> thèmes proches <strong>du</strong> <strong>commerce</strong><strong>équitable</strong>ALLDC E<strong>du</strong>cation popu<strong>la</strong>ire Le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> 88 714ASSECO-CFDT Syndical Absence de résultats730 000(incluant tous les adhérents à <strong>la</strong> Force Ouvrière)122 540(incluant tous les adhérents à <strong>la</strong> CFDT)CLCV Consumériste Le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> 27 721CNAFALFamilial<strong>Les</strong> thèmes proches <strong>du</strong> <strong>commerce</strong><strong>équitable</strong>24 581Fig. 11 : Echantillon des associations de consommateurs rencontrées<strong>Les</strong> <strong>réseaux</strong> d’acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> – Exemple de l’Ile-de-France 55


II. REPRESENTATIONSL’analyse des discours des structures rencontrées a permis de relever quelques éléments caractéristiquesdes représentations-clés des associations de consommateurs rencontrées.A - LE COMMERCE EQUITABLE, UN CONCEPT CONNUTous nos interlocuteurs ont déjà enten<strong>du</strong> parler <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>. <strong>Les</strong> mots : « pro<strong>du</strong>cteurs »,« juste prix, juste rémunération », « consommateurs », sont très <strong>la</strong>rgement associés à <strong>la</strong> représentation<strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>. La définition <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> par les associations de consommateurs sebase sur les définitions existantes. Nous notons cependant que <strong>pour</strong> le représentant de <strong>la</strong> CNAFAL, lemot « OGM » revient très souvent.B - LE PERIMETRE DU COMMERCE EQUITABLE, UNE QUESTION DE PRIORITEAux yeux des associations de consommateurs consultées, le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> peut être Nord-Sud,Nord-Nord, Sud-Sud (« Qu’importe »). Le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> pouvant être évoqué dès que lesconditions de vie des pro<strong>du</strong>cteurs sont en jeu. Il s’agit d’une position fortement soutenue par lesassociations d’origine syndicaliste. Toutefois, il a été fréquemment signalé que l’urgence reste le<strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> Nord-Sud.C - UN LIEN A PRECISER ENTRE COMMERCE EQUITABLE ET ENVIRONNEMENTPour l’ensemble de nos interlocuteurs, environnement et développement <strong>du</strong>rable sont associés. A cepropos, les associations qui travaillent sur l’environnement défendent que <strong>la</strong> réussite <strong>du</strong> <strong>commerce</strong><strong>équitable</strong> dépend de son insertion dans un mouvement plus global tel que le « développement <strong>du</strong>rable ».La considération de <strong>la</strong> sphère « environnementale » est présentée comme une démarche de progrès etune démarche incontournable.Au contraire, <strong>la</strong> position opposée soutenue par Léo Lagrange avance que <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion avec l’environnementn’est pas l’ « urgence » <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>. L’AFOC a également mentionné, que si les faillesenvironnementales <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> étaient fréquemment citées, les failles sociales n’endemeurent pas moins importantes (effectivité de l’action <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> sur le développementsocial, le cas des travailleurs dans les grandes p<strong>la</strong>ntations).D - LE COMMERCE EQUITABLE, UN OUTIL CONTROVERSE DE RESPONSABILITE SOCIETALE DESGRANDES ENTREPRISESLa question de <strong>la</strong> responsabilité sociétale de l’entreprise a été d’emblée associée par nos interlocuteurs àcelle de <strong>la</strong> grande distribution. <strong>Les</strong> associations de consommateurs connaissent les stratégies dedistribution existantes : boutiques spécialisées avec Artisans <strong>du</strong> Monde, Minga, <strong>la</strong> grande distribution avecMax Have<strong>la</strong>ar, Alter Eco, … Mais le débat reste focalisé sur les grandes distributions considérées commeun « monument » que ni les ministres, ni les associations n’ont pu atteindre ou ébranler. Si leur rôle dansle développement <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> est reconnu, si leur p<strong>la</strong>ce est défen<strong>du</strong>e… « <strong>la</strong> récupérationmarketing » est toujours évoquée : « 2m de linéaire de <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> en tout », « traitement dessa<strong>la</strong>riés qui <strong>la</strong>isse à désirer… ».En termes de responsabilité, les associations de consommateurs évoquent trois points :- l’insuffisance de l’implication (voire l’absence) de <strong>la</strong> grande distribution autour de <strong>la</strong> table denégociation <strong>pour</strong> <strong>la</strong> normalisation et <strong>la</strong> certification,- l’absence de débat et de négociation sur les efforts que <strong>la</strong> grande distribution doit faire en termesde marges <strong>pour</strong> les pro<strong>du</strong>its <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>,- <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion « trop privilégiée » entre <strong>la</strong> grande distribution et certains acteurs, ou ONG <strong>du</strong><strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> qui ne sont aussi que des intermédiaires.E - UNE REGULATION PAR LES POUVOIRS PUBLICS A EXIGER ET SURVEILLER<strong>Les</strong> associations consultées savent que <strong>la</strong> France a adopté une Loi sur le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, etsemblent apprécier cette action pionnière. Il a été souvent signalé que <strong>la</strong> réussite <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>dépend de l’implication des parties prenantes dont les pouvoirs publics. Mais Léo Lagrange par exemple adéjà émis une réserve quant à leur efficacité par rapport aux stratégies de <strong>la</strong> grande distribution.<strong>Les</strong> <strong>réseaux</strong> d’acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> – Exemple de l’Ile-de-France 56


F - L’EQUITE DANS LE COMMERCE CONVENTIONNEL EN QUESTION« Le ‘tout <strong>équitable</strong>’ est un idéal, mais c’est aussi une illusion, mais l’on doit quand même essayerd’atteindre cet idéal ! »Voilà comment on peut résumer <strong>la</strong> complexité de <strong>la</strong> vision des associations. Il a été facile de noter quel’un des blocages de cet « idéal » n’est autre que le comportement des consommateurs qui, poussés pardifférentes contraintes, cherchent à acheter toujours moins chers.Ainsi, les premiers éléments obtenus montrent que les associations de consommateurs rencontrées sesituent au même niveau de débat que les opérateurs spécialisés, même si leur discours est moinscatégorique.III. DEUX POSITIONNEMENTS 45De par ces représentations, mais surtout les activités actuelles et passées des associations deconsommateurs rencontrées, nous avons pu dresser une typologie qui les distingue en deuxpositionnements c<strong>la</strong>irs.A - LE POSITIONNEMENT « MILITANT »Nous proposons un premier positionnement d’associations de consommateurs « militantes », dans <strong>la</strong>mesure où leur participation au débat sur le concept est <strong>pour</strong> elles primordiale. D’origine consumériste,elles adhèrent au principe <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> et reprennent tous les grands points de <strong>la</strong> définitionFINE. Nous y regroupons <strong>la</strong> CLCV, Léo Lagrange et <strong>la</strong> CNAFAL. Forts de leurs expériences et de leursobjectifs, leurs actions sont ciblées.1| Le CLCV - Consommation, logement et cadre de vieCette association mène des actions de promotion <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>. Ses membres dirigeants sontfortement impliqués dans des activités de promotion <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>. Elle a des contacts avec lesacteurs traditionnels <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> en France, mais aussi avec les chargés de missions’occupant <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> dans les autres associations. Par manque de disponibilité, elle n’a passuivi ni les travaux AFNOR ni les travaux sur l’ISO. Elle a à cœur le thème de <strong>la</strong> grande distribution,défend que c’est un acteur incontournable, et « milite » cependant <strong>pour</strong> qu’on discute de leurs marges etsuggère qu’on mène des actions à ce sujet.2| L’ALLDC - Association Léo Lagrange <strong>pour</strong> <strong>la</strong> défense des consommateursCette association a été fortement impliquée dans le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> depuis 2000. Avec l’ASSECO-CFDT, elle a été à l’origine des « moyens » dégagés par le ministère de <strong>la</strong> consommation en 2000 <strong>pour</strong><strong>la</strong>ncer les travaux à l’AFNOR. Actuellement, elle suit de près et participe activement aux travaux denormalisation ISO. Elle a des contacts avec les acteurs traditionnels <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, travaillebeaucoup avec les autres associations de consommateurs. Le but de ses activités est de permettre au<strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> de disposer d’une définition « normalisée » au moins en Europe. Elle dispose d’unprogramme et des outils d’é<strong>du</strong>cation <strong>du</strong> consommateur citoyen disponible sur Internet.3| La CNAFAL - Confédération nationale des associations familiales <strong>la</strong>ïquesElle a été l’une des premières associations qui a soutenu le <strong>la</strong>ncement <strong>du</strong> café Max Have<strong>la</strong>ar en France.Mais après avoir jugé que Max Have<strong>la</strong>ar ne jouait pas <strong>la</strong> carte de <strong>la</strong> transparence, le bureau de <strong>la</strong>CNAFAL a décidé de rompre <strong>la</strong> col<strong>la</strong>boration. L’association continue à promouvoir le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>en publiant des informations dans ses diverses revues, et en par<strong>la</strong>nt <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> dans lesdifférents groupes de réflexion où les membres sont engagés. Elle reste très prudente (voire méfiante)vis-à-vis des acteurs historiques (en majorité des opérateurs spécialisés) <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>.45Pour rappel de l’intro<strong>du</strong>ction <strong>du</strong> rapport général, <strong>la</strong> méthodologie choisie permet, à travers <strong>la</strong> création d’idéaux-types obtenus en accentuant certains traits de <strong>la</strong>recherche (« positionnements »), de construire une représentation de <strong>la</strong> réalité perçue via les entretiens menés. Cette construction permet de synthétiser leséléments de <strong>la</strong> recherche mais ne prétend en aucun cas repro<strong>du</strong>ire <strong>la</strong> complexité <strong>du</strong> réel.<strong>Les</strong> <strong>réseaux</strong> d’acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> – Exemple de l’Ile-de-France 57


B - LE POSITIONNEMENT « ACTIONS PONCTUELLES »Le second positionnement est porté par des associations qui mènent des actions ponctuelles sur le<strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, d’origine syndicale. Elles portent l’idée que le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> devrait concernertous les pro<strong>du</strong>cteurs où qu’ils soient. C’est le cas de l’AFOC et de l’ASSECO-CFDT (Ile de France). Cesassociations adhèrent à l’idée <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, elles ne sont pas hostiles au mouvement. Ellesparticipent et col<strong>la</strong>borent ponctuellement avec les acteurs traditionnels <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> à desdegrés différents. Elles sont au courant des difficultés rencontrées re<strong>la</strong>tives à <strong>la</strong> qualité, au prix, à <strong>la</strong>distribution, et à <strong>la</strong> certification, et ont leurs propres visions mais ne sont à l’origine d’aucune initiative.1| L’ASSECO-CFDT Ile de France - Association <strong>pour</strong> l’information et <strong>la</strong> défense desconsommateurs CFDTCette association a invité Artisans <strong>du</strong> Monde à une de ses assemblées nationales. Et <strong>pour</strong>tant ellereconnaît que le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> ne fait pas partie des ses priorités car aucun consommateur n’estvenu se p<strong>la</strong>indre sur le sujet. Mais elle est ouverte à toute col<strong>la</strong>boration.2| L’AFOC - Association Force ouvrière consommateursD’origine syndicale, l’AFOC est sensible aux questions re<strong>la</strong>tives aux sa<strong>la</strong>riés. C’est dans ce sens qu’elle abeaucoup investi dans les travaux AFNOR dont les résultats sont jugés « non satisfaisants », compte tenude l’incapacité des acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> à se mettre d’accord entre eux d’abord. L’AFOCconsacre ponctuellement des articles sur le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> dans ses publications périodiques. Elle ades contacts avec les acteurs traditionnels <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>.BIBLIOGRAPHIE DE SECTIONDURAND Guy, 2006, Le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> : alternative au <strong>commerce</strong> ou outil de développement, Communication au 2 èmecolloque sur le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> et le développement <strong>du</strong>rable, Chaire de <strong>la</strong> responsabilité sociale et <strong>du</strong> développement <strong>du</strong>rable,Université <strong>du</strong> Québec à Montréal, CanadaHABBARD Pierre, LAFARGE Laurent, PEETERS Anne, VERGRIETTE Benoit, 2002, Etat des lieux et enjeux <strong>du</strong> changementd’échelle <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>. Typologie des filières, marchés de consommation, gouvernance internationale et cohérenceglobale <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, Publication So<strong>la</strong>gral – CIRAD – CICDA - CEDAC.HERTH Antoine, 2005, Rapport sur le Commerce <strong>équitable</strong> : 40 propositions <strong>pour</strong> soutenir son développement, 95 p.http://lesrapports.<strong>la</strong>documentationfrancaise.fr/BRP/054000304/0000.pdfHUSSET M-J., 2006, « <strong>Les</strong> associations qui vous défendent – Le guide des associations des consommateurs », 60 millions deconsommateurs n°410 . Edition : Institut National de <strong>la</strong> Consommation, Paris, 40 p.http://www.conso.net/images_publications/GUIDE%20ASSOC%20complet.pdfKRIER Jean-Marie, 2005, Fair trade in Europe 2005 : Facts and figures on fair trade in 25 European countries, Fair Trade AdvocacyOffice, 86 p. http://www.fairtradeadvocacy.org/ftineurope2005.htmlMICHELETTI Michele, 2003, Shopping with and for Virtues. Political virtue and shopping- indivi<strong>du</strong>als, consumerism, and collectiveaction. New York: Palgrave, pp. 149-168Sur <strong>la</strong> base de l’étude menée en 2007 et de l’article scientifique 46 rédigé en 2008 par :Hanitra Pusse RANDRIANASOLO, doctorante au Centre d’Economie et d’Ethique <strong>pour</strong>l’Environnement et le Développement, UMR n°063 (UVS Q-IRD) - C3ED – Université de Versailles –Saint-Quentin-en-YvelinesRecensement réalisé en 2008 par :Jordan DEL CAMPO, Programme ESC, Master 1 - Euromed MarseilleEncadrement technique :Emilie SARRAZIN-BITEYE, chargée <strong>du</strong> projet PICRI Commerce Equitable46<strong>Les</strong> associations de consommateur face au développement <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> : cas de <strong>la</strong> France, Communication n°94, Fair Trade InternationalSymposium, 14-16 mai 2008 (www.ftis2008.org)<strong>Les</strong> <strong>réseaux</strong> d’acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> – Exemple de l’Ile-de-France 58


SECTION B - LES ORGANISATIONS DE SOLIDARITE INTERNATIONALEET LE COMMERCE EQUITABLESYNTHESE<strong>Les</strong> cinq organisations de solidarité internationale rencontrées sont actives dans le développement. Ellesse sont, chacune à leur manière, investies <strong>pour</strong> accompagner le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>. Dès son apparition,elles ont intégré le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> à leur objectif plus général de développement au Sud 47 . Elles ontparticipé à <strong>la</strong> structuration <strong>du</strong> secteur avec <strong>la</strong> Fédération Artisans <strong>du</strong> Monde puis à <strong>la</strong> création del’association Max Have<strong>la</strong>ar France et de <strong>la</strong> P<strong>la</strong>te-<strong>Forme</strong> <strong>pour</strong> le Commerce Equitable. Par leurs activitésde sensibilisation et de communication auprès <strong>du</strong> grand public au Nord, mais aussi d’appui à <strong>la</strong> créationde filières au Sud, elles ont joué un rôle de tremplin <strong>pour</strong> l’expansion des volumes de vente.Demandeuses d’alternatives au fonctionnement <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> international, ces structures, dans le cadrede <strong>réseaux</strong> nationaux et internationaux, ont ainsi fortement appuyé l’émergence <strong>du</strong> concept, etmanifestent encore aujourd’hui de l’intérêt à son égard.Engagées dans le vaste champ de <strong>la</strong> solidarité internationale, elles ont une vision beaucoup plus <strong>la</strong>rge <strong>du</strong><strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, et ne lui attribuent de fait qu’une faible part de leurs ressources. Pour lesorganisations de solidarité internationale rencontrées, le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> est un outil : au Sud, il estutile dans <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce de projets d’appui aux organisations de pro<strong>du</strong>cteurs ; au Nord, il constitue unexcellent vecteur d’é<strong>du</strong>cation au développement et une porte d’entrée <strong>pour</strong> con<strong>du</strong>ire des missions dep<strong>la</strong>idoyer. Positionnées en amont et en aval de <strong>la</strong> filière de <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, les organisations desolidarité internationale y jouent un rôle double. Parce qu’il est proche de leurs missions, elles l’ontfortement appuyé, et s’en servent <strong>la</strong>rgement tant au Nord (outil de sensibilisation) qu’au Sud (outiltechnique).Certaines des organisations de solidarité internationale de notre échantillon adoptent un positionnementavant tout expert par rapport au <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>. Leur activité principale est <strong>la</strong> gestion de projets dedéveloppement au Sud. Elles sont re<strong>la</strong>tivement centralisées et dotées de moyens assez importants. Elless’intéressent moins aux débats idéologiques qu’à l’utilisation <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> comme outil dedéveloppement au Sud efficace. Ce<strong>la</strong> se tra<strong>du</strong>it par le développement de filières de <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>au Sud. Elles pro<strong>du</strong>isent des documents d’expertise sur l’impact de cet outil entre autres, avec leconcours de centres de recherche, qui sont destinés à appuyer les réflexions en cours des acteurs <strong>du</strong><strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> sur son devenir. Même si le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> ne représente qu’une faible partiede leur activité, elles continuent à s’engager dans le développement <strong>du</strong> secteur au Sud comme au Nord,notamment dans des instances nationales telles que <strong>la</strong> Commission Nationale <strong>du</strong> Commerce Equitable(CNCE).D’autres organisations de solidarité internationale se présentent davantage comme militantes.Principalement spécialisées dans l’é<strong>du</strong>cation au développement au Nord, elles sont très souvent enre<strong>la</strong>tion étroite avec les associations Artisans <strong>du</strong> Monde avec lesquelles elles développent de nombreusesactions communes de sensibilisation au <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> à destination des écoles et <strong>du</strong> grand public.Elles ont souvent des moyens plus faibles mais sont très présentes au niveau local et peuvent comptersur un important réseau, qu’elles sont habituées à mobiliser. Ces organisations accordent beaucoupd’importance aux débats qui entourent <strong>la</strong> définition <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>. Très attachées aux valeursaltermondialistes que peut véhiculer le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, elles observent avec plus ou moins deméfiance <strong>la</strong> dissolution <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, qui risque de devenir un marché comme les autres. Ellesont donc une approche <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> plus intransigeante. Impliquées dans <strong>la</strong> naissance <strong>du</strong>mouvement, elles se désengagent des instances de décision de certaines organisations spécialisées en<strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> ces dernières années car elles considèrent le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> comme un sujetmoins prioritaire, étant mieux connu, mais aussi <strong>pour</strong> certaines car il est l’objet de critiques.Au côté de ces organisations actives dans le développement au Sud, les organisations humanitairesinterviennent <strong>pour</strong> leur part dans le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> uniquement par <strong>la</strong> vente de pro<strong>du</strong>its issus <strong>du</strong><strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> <strong>pour</strong> générer des fonds qui financeront leurs projets.47Soit les pays d’Amérique Latine, d’Afrique et d’Asie.<strong>Les</strong> <strong>réseaux</strong> d’acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> – Exemple de l’Ile-de-France 59


I. CARACTERISTIQUES 48A - DES ORGANISATIONS DE DEVELOPPEMENT A L’INITIATIVE DU COMMERCE EQUITABLEEn France, le principe même des ONG n’est pas défini en droit : il n’existe ni contrôle, ni <strong>la</strong>bel officielONG. Le terme recouvre, outre <strong>la</strong> solidarité internationale, des domaines d’activité très diversifiés : droitsde l’homme, culturel, environnement. Sur le p<strong>la</strong>n juridique, <strong>la</strong> plupart de ces organisations opte <strong>pour</strong> lestatut d’association relevant de <strong>la</strong> loi <strong>du</strong> 1 er juillet 1901.Afin de singu<strong>la</strong>riser l’action humanitaire et le développement, on utilise de plus en plus le termeOrganisation de Solidarité Internationale (OSI) <strong>pour</strong> désigner les ONG actives dans ces domaines. Cesdeux types d’actions divergent sur deux points : le temps de l’action (long terme contre urgence) et <strong>la</strong> taille<strong>du</strong> budget (bien plus élevée <strong>pour</strong> les humanitaires) (Vié<strong>la</strong>jus, 2007).En ce qui concerne le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, l’activité principale de <strong>la</strong> grande majorité des organisations desolidarité internationale humanitaires est <strong>la</strong> vente de pro<strong>du</strong>its <strong>pour</strong> générer des fonds qui financeront leursprojets.Au contraire, dès l’origine <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, plusieurs organisations de solidarité internationaleactives dans le développement ont participé au secteur : elles ont dès le départ appréhendé le <strong>commerce</strong><strong>équitable</strong> comme un outil de développement au Sud qui garantit aux pro<strong>du</strong>cteurs un marché, des prixstabilisés, qui apporte des préfinancements et permet non seulement <strong>la</strong> croissance économique maisaussi des améliorations de leurs conditions de vie en matière d’é<strong>du</strong>cation, de santé et de respect <strong>du</strong> droit<strong>du</strong> travail. Elles ont aussi utilisé le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> comme outil d’é<strong>du</strong>cation au développement auNord et outil de p<strong>la</strong>idoyer <strong>pour</strong> revendiquer un système de <strong>commerce</strong> international plus <strong>équitable</strong>. Issuesde <strong>la</strong> mouvance catholique, <strong>du</strong> milieu « tiers-mondiste » ou encore de l’action sociale, ces organisationsaffichent des objectifs de développement communs (lutter contre <strong>la</strong> pauvreté dans les pays <strong>du</strong> Sud,favoriser l’émergence d’un <strong>commerce</strong> plus juste, et militer <strong>pour</strong> le progrès et le respect des droitshumains) qui se sont retrouvés dans le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>.Depuis son apparition en France dans les années 1970, le secteur <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> s’est structuréainsi grâce à <strong>la</strong> formalisation de plusieurs <strong>réseaux</strong> nationaux dans lesquels des organisations de solidaritéinternationale se sont impliquées. La Fédération Artisans <strong>du</strong> Monde, créée en 1981, s’est appuyée sur leréseau <strong>du</strong> CCFD. Ce dernier s’est également impliqué financièrement dans <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce de <strong>la</strong>centrale d’achat de <strong>la</strong> Fédération Artisans <strong>du</strong> Monde, Solidar’Monde. En 1992, Agronomes et VétérinairesSans Frontières (à l’époque CICDA), Peuples Solidaires et Ingénieurs Sans Frontières rejoints par <strong>la</strong> suitepar le CCFD se sont réunis <strong>pour</strong> créer l’association Max Have<strong>la</strong>ar France. En 1997, le CCFD et HandicapInternational entre autres se sont joints aux principaux opérateurs spécialisés <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> del’époque (Max Have<strong>la</strong>ar France, Fédération Artisans <strong>du</strong> Monde, etc.) <strong>pour</strong> créer <strong>la</strong> P<strong>la</strong>te-<strong>Forme</strong> <strong>pour</strong> leCommerce Equitable afin de mieux faire connaître le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> auprès <strong>du</strong> grand public et despouvoirs publics. Cette structure avait <strong>pour</strong> but également d’é<strong>la</strong>rgir les col<strong>la</strong>borations et de favoriser lesrencontres entre les différents acteurs.Par <strong>la</strong> même, ces organisations de solidarité internationale ont une histoire commune avec le <strong>commerce</strong><strong>équitable</strong>. Plusieurs sont encore début 2009 plus ou moins impliquées dans le développement <strong>du</strong> secteur,même si elles peuvent critiquer certaines évolutions récentes, comme nous le verrons plus loin, d’autantplus que ce sujet connaît un intérêt grandissant dans <strong>la</strong> société civile. Elles sont membres de <strong>la</strong> P<strong>la</strong>te-<strong>Forme</strong> <strong>pour</strong> le Commerce Equitable ou de Max Have<strong>la</strong>ar France et suivent activement l’établissement de<strong>la</strong> Commission Nationale <strong>du</strong> Commerce Equitable à <strong>la</strong>quelle certaines devraient prendre part.Au cours de notre enquête, nous avons ainsi rencontré sept personnes, sa<strong>la</strong>riés et bénévoles, de cinqorganisations de solidarité internationale plus ou moins engagées dans une action qui concerne le<strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>.STRUCTURE ACTIVITE PRINCIPALE BUDGET SALARIES BENEVOLESFONCTION PERSONNE/SRENCONTREE/SOSI 1 Gestion de projet > 15 millions € Siège : > 100 - Sud : > 100 / Sa<strong>la</strong>riéOSI 2 Gestion de projet > 15 millions € Siège : > 100 - Sud : < 100 + Sa<strong>la</strong>riéOSI 3 Gestion de projet / EAD > 15 millions € Siège : > 100 +++ Sa<strong>la</strong>rié - BénévoleOSI 4 EAD < 15 millions € NC ++ Sa<strong>la</strong>rié - BénévoleOSI 5 EAD < 15 millions € Siège : < 100 ++ BénévoleFig. 12 : Echantillon des organisations de solidarité internationale rencontrées48Dans <strong>la</strong> partie Méthodologie de l’intro<strong>du</strong>ction <strong>du</strong> rapport sont indiqués les critères de l’échantillonnage <strong>pour</strong> chaque type d’acteur rencontré.<strong>Les</strong> <strong>réseaux</strong> d’acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> – Exemple de l’Ile-de-France 60


B - DEVELOPPEMENT DE FILIERES AU SUD, SENSIBILISATION ET PLAIDOYER AU NORD<strong>Les</strong> organisations de solidarité internationale rencontrées développent des actions au Nord et au Sud.La gestion de projets de développement au Sud est <strong>la</strong> principale activité de certaines des organisationsde solidarité internationale rencontrées. Parfois en col<strong>la</strong>boration avec les pouvoirs publics, <strong>la</strong> plupart <strong>du</strong>temps avec des partenaires locaux, elles interviennent plus ou moins directement sur le terrain, yconsacrant une part substantielle de leur budget et de leur travail sa<strong>la</strong>rié. Ce<strong>la</strong> étant, les organisations desolidarité internationale ont différentes politiques d’intervention : certaines privilégient une maîtrised’œuvre directe des projets de développement dans les pays d’intervention, tandis que d’autres préfèrentapporter un appui technique et financier à des partenaires <strong>du</strong> Sud dans <strong>la</strong> mise en œuvre de leurs propresprojets. Par cette expérience, ces organisations de solidarité internationale travaillent sur lesproblématiques liées au développement et sont par ailleurs susceptibles de mettre en re<strong>la</strong>tion différentesparties prenantes <strong>du</strong> fait de leur position intermédiaire. Concernant les activités liées au <strong>commerce</strong><strong>équitable</strong> au Sud, elles sont menées à <strong>la</strong> fois par les organisations de solidarité internationale faisant de <strong>la</strong>maîtrise d’œuvre que celles faisant de l’appui, dans le cadre de projet de développement agricole encol<strong>la</strong>boration avec des organisations de pro<strong>du</strong>cteurs.L’é<strong>du</strong>cation au développement (EAD) est une des principales activités développée au Nord par lesorganisations de solidarité internationale rencontrées. L’objectif est double : il s’agit de sensibiliserl’opinion publique aux problématiques de <strong>la</strong> solidarité internationale, mais aussi de communiquer et dereprésenter l’organisation. <strong>Les</strong> moyens abondent : grandes campagnes, organisations ponctuellesd’ateliers, de formations, de manifestations, etc. <strong>Les</strong> jeunes sco<strong>la</strong>risés et le milieu associatif constituentles publics privilégiés. Afin de mener des activités d’é<strong>du</strong>cation au développement, l’existence d’un réseaude militants est cruciale, comme nous le reverrons plus loin. En effet, ce sont les bénévoles quiorganisent, en partenariat avec d’autres structures (écoles, cafés, associations, églises, etc.), desrencontres à l’échelle locale. Certaines têtes de réseau appuient fortement leur réseau en pro<strong>du</strong>isant desoutils et, plus généralement, en formant et en appuyant les bénévoles chargés de l’é<strong>du</strong>cation audéveloppement. Le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> est un des thèmes d’é<strong>du</strong>cation au développement. Cesorganisations de solidarité internationale offrent alors des formations à leurs bénévoles, intéressés par le<strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, qui travailleront par <strong>la</strong> suite à <strong>la</strong> sensibilisation <strong>du</strong> public.Enfin, le p<strong>la</strong>idoyer auprès des institutions nationales et internationales mais aussi des entreprises est unepratique de plus en plus importante <strong>pour</strong> certaines des organisations de solidarité internationalerencontrées. En effet, leurs compétences techniques et leur maîtrise des enjeux <strong>du</strong> développement sontprogressivement reconnues par les acteurs institutionnels. Ces organisations de solidarité internationale,de leur côté, cherchent les moyens de s’allier <strong>pour</strong> peser dans les débats qui précèdent <strong>la</strong> prise dedécision. Décidées à intervenir directement au niveau politique, elles font donc de leur présenceaux sommets nationaux (travail en commission), et internationaux (forums sociaux, conférences del’ONU) une priorité. Ces organisations de solidarité internationale, cherchant souvent à jouer le rôle dere<strong>la</strong>is des organisations de pro<strong>du</strong>cteurs, disposent avec le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> d’un modèle qui leursemble pertinent <strong>pour</strong> dénoncer auprès des pouvoirs publics les travers liés au <strong>commerce</strong> internationalconventionnel (conditions de travail, instabilité des marchés, etc.).C - BUDGET ET RESEAUX, DES MOYENS QUI VARIENTSeule une organisation de solidarité internationale spécialisée en gestion de projet rencontrée a un sa<strong>la</strong>riépermanent référent sur le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, ce qui tend à montrer que peu des organisations desolidarité internationale rencontrées fait aujourd’hui <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> un thème d’action à partentière. Toutefois par ailleurs, certaines organisations de solidarité internationale rencontrées ont désignédes référents <strong>pour</strong> <strong>la</strong> participation aux Assemblées Générales des associations de <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> à<strong>la</strong>quelle elles adhérent et à <strong>la</strong> Commission Nationale <strong>du</strong> Commerce Equitable (CNCE). Pour ce qui estdes organisations de solidarité internationale d’é<strong>du</strong>cation au développement, il n’existe souvent pas depersonne déléguée au <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>.<strong>Les</strong> budgets et effectifs sa<strong>la</strong>riés des organisations de solidarité internationale que nous avons rencontréessont très échelonnés et varient selon leur activité principale. <strong>Les</strong> organisations de solidarité internationale1 et 2 dont l’activité est consacrée avant tout à <strong>la</strong> gestion de projets au Sud ont des budgets dépassantles 15 millions d’euros, et un personnel rémunéré dépassant les 100 personnes. <strong>Les</strong> deux organisationsde solidarité internationale 4 et 5 qui ont <strong>pour</strong> activité principale l’é<strong>du</strong>cation au développement au Nordsont de taille plus modeste, avec une base sa<strong>la</strong>riée de moins de dix personnes et un réseau de plusieursmilliers de bénévoles. L’organisation de solidarité internationale 3 qui agit dans les deux volets de manièreéquivalente a <strong>pour</strong> sa part un budget important et compte un effectif de plus de 100 sa<strong>la</strong>riés au siège etplus de milles bénévoles en France.<strong>Les</strong> <strong>réseaux</strong> d’acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> – Exemple de l’Ile-de-France 61


La proportion de subventions dans le budget des organisations de solidarité internationale que nousavons rencontrées est toujours minoritaire. Exceptionnellement faible <strong>pour</strong> <strong>la</strong> plus grosse structure(


menés le plus souvent par des sa<strong>la</strong>riés, alors que le positionnement militant fait davantage référence auxactions d’é<strong>du</strong>cation et de sensibilisation au <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> au Nord mises en œuvre par desbénévoles. Une organisation peut ainsi être à <strong>la</strong> fois proche d’un positionnement militant et d’unpositionnement expert, si elle choisit et qu’elle a les moyens de développer les deux volets encomplémentarité.POSITIONNEMENT EXPERT> Structures aux budgets importants avec denombreux sa<strong>la</strong>riés au siège.> Groupes locaux inexistants ou peu responsabilisés.> Particulièrement engagées dans le financementet/ou <strong>la</strong> mise en œuvre de projets au Sud, etindirectement dans <strong>la</strong> sensibilisation au Nord.> Représentation <strong>du</strong> <strong>commerce</strong><strong>équitable</strong> pragmatique : <strong>la</strong>ngage plus technique.Approche consensuelle et « inclusive ».> Le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> est avant tout un outil dedéveloppement au Sud.POSITIONNEMENT MILITANT> Petites structures dotées de budgets faibles.> Groupes locaux très autonomes et très insérésdans le milieu associatif.> Particulièrement engagées dans l’é<strong>du</strong>cation audéveloppement, les campagnes de sensibilisationet le p<strong>la</strong>idoyer au Nord.> Représentation <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>idéaliste : <strong>la</strong>ngage plus politisé. Grandeimportance accordée aux débats liés au<strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>.> Le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> est avant tout un outilde sensibilisation au Nord.Fig. 13 : Deux positionnements différents <strong>pour</strong> les organisations de solidarité internationale de développement rencontréesA - LE POSITIONNEMENT « EXPERT »1| Le développement de filières au Sud comme base de l’expertise au Nord<strong>Les</strong> activités caractéristiques <strong>du</strong> positionnement expert relèvent de <strong>la</strong> conception, de <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce et<strong>du</strong> soutien financier et technique de projets de solidarité dans les pays <strong>du</strong> Sud. Deux des organisationsproches de ce positionnement ont recours à leurs capacités d’expertise <strong>pour</strong> mener des activitésconcernant le secteur <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, notamment <strong>la</strong> promotion et le renforcement des filièresagro-alimentaires <strong>équitable</strong>s : l’organisation est présente sur le terrain <strong>pour</strong> mettre en œuvre le projet. Parcontre, une troisième organisation s’appuie sur ses moyens financiers et son réseau de bénévoles <strong>pour</strong>mener davantage une activité de renforcement de leurs partenaires <strong>du</strong> Sud qui mettent en œuvre desprojets dans leur propre pays. La particu<strong>la</strong>rité de cette organisation est <strong>la</strong> valorisation <strong>du</strong> partenariat avecles associations locales. Le but majeur de ce type de re<strong>la</strong>tions est de renforcer les capacités desassociations appuyées au Sud et <strong>la</strong> construction de <strong>réseaux</strong> de coopération entre différentes entitéssociales <strong>du</strong> Nord et <strong>du</strong> Sud.L’objectif général des actions concernant le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> est d’améliorer les revenus desagriculteurs et artisans à partir d’une meilleure structuration de leurs organisations, <strong>la</strong> création dedébouchés <strong>pour</strong> leurs pro<strong>du</strong>its et <strong>la</strong> diversification des pro<strong>du</strong>ctions. Par les capacités techniques etorganisationnelles mobilisées, les activités mises en p<strong>la</strong>ce doivent avoir des retombées importantes sur leterritoire d’intervention au Sud.Ce positionnement exige le recours à des experts internes ou externes <strong>pour</strong> <strong>la</strong> mise en œuvre d’étudespréliminaires, <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce et l’évaluation des projets sur le terrain. Ainsi, les organisations proches dece positionnement se distinguent des autres organisations de l’échantillon par le fait qu’elles sontcomposées d’experts qui connaissent le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> dans <strong>la</strong> pratique au Sud dans différentssecteurs (agronomique, économique et sociologique). Elles participent parfois à <strong>la</strong> publication d’étudessur le secteur au Sud comme au Nord, en col<strong>la</strong>boration avec des opérateurs spécialisés en <strong>commerce</strong><strong>équitable</strong> et des groupes de recherche.<strong>Les</strong> activités d’é<strong>du</strong>cation au développement de ces organisations de solidarité internationale sontindirectes : c’est leur expertise qui est mobilisée dans <strong>la</strong> formation de formateurs dans les <strong>réseaux</strong> de <strong>la</strong>solidarité internationale et dans les <strong>réseaux</strong> spécialisés comme celui de <strong>la</strong> Fédération Artisans <strong>du</strong> Monde.Au siège, elles disposent de personnels chargés de l’é<strong>du</strong>cation au développement au sens <strong>la</strong>rge et dontun des volets peut être le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>. L’activité d’é<strong>du</strong>cation au développement auprès <strong>du</strong> grandpublic est ensuite mise en œuvre par les associations locales formées, qu’elles soient spécialisées en<strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> ou issues d’autres organisations de solidarité internationale.<strong>Les</strong> organisations de solidarité internationale dans ce positionnement veulent être des protagonistes dansles évolutions <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> <strong>pour</strong> en défendre l’aspect développement au Sud : plusieurs ont éténommées début 2009 <strong>pour</strong> participer à <strong>la</strong> Commission Nationale <strong>du</strong> Commerce Equitable (CNCE) dans<strong>la</strong>quelle elles feront valoir leur expertise. Pour autre exemple, une des organisations proche de cepositionnement est membre de l’association Max Have<strong>la</strong>ar France et participe aux réflexions <strong>du</strong> réseau<strong>Les</strong> <strong>réseaux</strong> d’acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> – Exemple de l’Ile-de-France 63


international FLO, <strong>pour</strong> contribuer à l’amélioration <strong>du</strong> dispositif de <strong>la</strong>bellisation et <strong>pour</strong> promouvoir desfilières <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> <strong>la</strong>bellisées et défendre l’importance <strong>du</strong> soutien aux petits pro<strong>du</strong>cteursplutôt qu’aux p<strong>la</strong>ntations.Cette action de p<strong>la</strong>idoyer concernant le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> est menée dans l’intérêt des organisationsspécialisées en <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> françaises mais également des organisations de pro<strong>du</strong>cteurs <strong>du</strong>Sud :« Nos attentes vis-à-vis des pouvoirs publics, ça serait que l’Etat français s’engage sur l’appui, lesoutien financier aux <strong>réseaux</strong> Artisans <strong>du</strong> Monde, Max Have<strong>la</strong>ar, à <strong>la</strong> P<strong>la</strong>te-forme, mais aussi dessoutiens plus marqués dans les pays <strong>du</strong> Sud, auprès des organisations paysannes ». (Sa<strong>la</strong>rié OSI2)Ce travail de p<strong>la</strong>idoyer est marqué par trois éléments essentiels : <strong>la</strong> pro<strong>du</strong>ction d’études, le travail enpartenariat, et le dialogue direct avec les instances politiques en tant que consultants. Ainsi, l’action deces organisations s’éloigne des mobilisations de bénévoles qui constituent <strong>la</strong> force des organisations aupositionnement plus militant ; leur action de p<strong>la</strong>idoyer est plutôt de type institutionnel dans le sens où <strong>la</strong>pro<strong>du</strong>ction de documents d’analyses techniques constitue l’élément structurant de leur intervention auprèsdes pouvoirs publics.« Et puis <strong>du</strong> p<strong>la</strong>idoyer, on travaille au niveau des pouvoirs publics » (Sa<strong>la</strong>rié OSI 1)Dans ce cadre, des campagnes communes <strong>pour</strong> promouvoir et défendre le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> sont<strong>la</strong>ncées avec différents opérateurs spécialisés <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> tels Max Have<strong>la</strong>ar France ou <strong>la</strong>P<strong>la</strong>te-forme <strong>pour</strong> le Commerce Equitable. Ce travail de p<strong>la</strong>idoyer concernant le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> peutégalement être mené en col<strong>la</strong>boration avec des organisations fédératives d’organisations de solidaritéinternationale, comme <strong>la</strong> Commission Agriculture et Alimentation de Coordination Sud ou le CRID.2| Une définition sans équivoque et sans débatsLe positionnement expert se caractérise par une approche pragmatique <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> : ils’appuie sur <strong>la</strong> définition officielle de FINE (2001) et ne souhaite pas entrer dans les débats afin deprivilégier le caractère opérationnel <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>. Il est caractérisé par une vision communetrès précise de ce que ce concept renferme.« Je pense que nous, on adhère assez bien à cette définition FINE. Par rapport à ça, après, c’estévident qu’il y a quelques points sur lesquels on est plus attentif, sur l’impact, en termes depauvreté, ou des choses comme ça. Mais ce sont des concepts qui sont directement intégrés dans<strong>la</strong> définition <strong>du</strong> FINE, et après, c’est vraiment les sensibilités, quoi, de travail. » (Sa<strong>la</strong>rié OSI 1)Elles caractérisent ainsi le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> :- par sa nature : un partenariat commercial alternatif au <strong>commerce</strong> conventionnel basé sur <strong>la</strong>transparence et une meilleure équité au sein des filières :« Pour nous, le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, c’est une nouvelle re<strong>la</strong>tion commerciale qui est basée sur lepartenariat, <strong>la</strong> transparence et l’accès à un revenu décent qui rémunère un travail <strong>pour</strong> lespro<strong>du</strong>cteurs » (Sa<strong>la</strong>rié OSI 2)- par ses objectifs : l’appui aux petits pro<strong>du</strong>cteurs au Sud (garantir un revenu décent aux pro<strong>du</strong>cteurs,développer les capacités au Sud, rééquilibrer les re<strong>la</strong>tions de pouvoir au sein des filières),- par les méthodes qui y sont rattachées: éveiller les consciences des consommateurs au Nord et menercampagne <strong>pour</strong> obtenir un changement dans les règles et les pratiques <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> internationalconventionnel.« C’est aussi le fait de promouvoir des échanges, un modèle dans lequel les échanges Nord-Sudsont plus justes (…), en rendant l’accès aux marchés <strong>du</strong> Nord plus facile, et le fait de sensibiliserles gens sur les pro<strong>du</strong>its qu’on consomme, et que l’acte de consommation peut avoir <strong>du</strong> sens. »(Sa<strong>la</strong>rié OSI 3)La représentation <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> des trois organisations proches de ce positionnement est doncsimi<strong>la</strong>ire, même si les personnes rencontrées ne <strong>la</strong> formulent pas exactement de <strong>la</strong> même manière. Ainsielles peuvent mettre en avant en premier lieu soit l’aspect secteur commercial, soit l’aspect outil dedéveloppement des capacités au Sud <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, même si au final tous les éléments serontévoqués.Leur représentation, très proche de celle des <strong>réseaux</strong> internationaux <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, met enévidence leur adéquation et leur proximité actuelle avec les opérateurs spécialisés historiques <strong>du</strong><strong>Les</strong> <strong>réseaux</strong> d’acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> – Exemple de l’Ile-de-France 64


<strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, <strong>la</strong> Fédération Artisans <strong>du</strong> Monde et l’association Max Have<strong>la</strong>ar France. Levocabu<strong>la</strong>ire utilisé est aussi nettement celui d’acteurs professionnels <strong>du</strong> développement.Ce positionnement se tra<strong>du</strong>it également par une représentation <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> où ce dernier estlié mais différent des concepts voisins tels que l’économie sociale et solidaire, l’environnement et <strong>la</strong>responsabilité sociétale de l’entreprise. Il s’agit de ne pas faire d’amalgames.« Est-ce que l’idée, c’est d’associer ? Pour nous, le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, c’est une entité en tantque telle. (…) Mais oui, ça appartient effectivement, c’est proche de l’économie sociale et solidaire,c’est proche <strong>du</strong> respect de l’environnement. (…) Il ne faut pas essayer de le rapprocher, de lui faireenglober un certain nombre d’autres concepts qui sont différents, qui ont aussi leurs spécificités, quiont aussi leur intérêt.» (Sa<strong>la</strong>rié OSI 1)Si certains liens sont faits entre ces concepts et le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, ils sont <strong>la</strong> plupart <strong>du</strong> tempsprésentés comme limités. Ces limites peuvent être <strong>du</strong>es au caractère trop englobant ou subsidiaire de cesconcepts. Ainsi, le lien ne peut se faire que sous certaines conditions et n’est pas automatique.« On voit le lien avec l’environnement. (…) Pour le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> <strong>la</strong>bellisé, les c<strong>la</strong>usesenvironnementales sont re<strong>la</strong>tivement fortes. (…) Alors après je ne dirai pas que le lien est naturel(…). Vous pouvez imaginer qu’il y ait le développement d’une pro<strong>du</strong>ction grâce aux opportunités <strong>du</strong><strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> qui aille à l’encontre des équilibres des ressources naturelles parce que c’estune opportunité économique » (Sa<strong>la</strong>rié OSI 2)« Là où il peut éventuellement y avoir des limites, c’est (…) <strong>la</strong> question environnementale, l’impactenvironnemental etc. (…) Le <strong>commerce</strong> Nord/Sud, il est forcément à questionner (…) parce qu’oncontinue à promouvoir <strong>la</strong> consommation de pro<strong>du</strong>its qui font le tour de <strong>la</strong> p<strong>la</strong>nète » (Sa<strong>la</strong>rié OSI 3)Pour ces organisations de solidarité internationale, il s’agit donc de concepts avec lesquels le <strong>commerce</strong><strong>équitable</strong> peut, mais surtout, devrait avoir des points communs. Ils peuvent représenter une sorte decomposante idéale à intégrer dans les pratiques de <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, mais il semble que cetteintégration n’est pas nécessairement effective actuellement.Concernant les débats re<strong>la</strong>tifs au périmètre des échanges et aux canaux de distribution, le positionnementexpert se tra<strong>du</strong>it par l’opposition à toute polémique qui freinerait le développement <strong>du</strong> marché, et donc <strong>du</strong>soutien aux pro<strong>du</strong>cteurs, même si certaines critiques existent sur les dérives possibles de <strong>la</strong>commercialisation en grandes surfaces ou sur les limites d’une circonscription <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> auxéchanges Nord-Sud. Ainsi les grandes surfaces sont considérées comme utiles au développement desfilières. En tant qu’acteurs <strong>du</strong> développement au Sud, l’intérêt des organisations dans ce positionnementest l’appui au Sud. La question <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> Nord-Nord n’est pas de leur ressort.Comme nous l’avons vu en pratique par l’activité de p<strong>la</strong>idoyer, le rôle des pouvoirs publics dans <strong>la</strong>régu<strong>la</strong>tion mais aussi dans le soutien <strong>du</strong> secteur au Sud est plébiscité. L’important est que le <strong>commerce</strong><strong>équitable</strong> soit un outil de développement utile et utilisable. Pour ce<strong>la</strong>, sa définition doit être appuyée pardes textes officiels qui impliquent une vision consensuelle.3| Un outil au Sud à développer et à améliorerLe lien entre <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> et solidarité internationale est c<strong>la</strong>irement établi. En effet, lesorganisations proches de ce positionnement ont une approche <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> de typeinstrumental. A cet égard, le terme d’ « outil » est très présent dans les propos au sujet <strong>du</strong> <strong>commerce</strong><strong>équitable</strong>. Ce dernier est caractérisé dans les discours par son utilité dans le secteur <strong>du</strong> développementau Sud et est donc perçu explicitement comme un moyen qui peut s’avérer adapté aux besoinsprofessionnels des organisations de développement.« Pour nous, le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> c’est une entité en tant que telle, c’est un outil d’aide publiqueau développement. » (Sa<strong>la</strong>rié OSI 1)« Le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, c'est un outil <strong>pour</strong> essayer de ré<strong>du</strong>ire les inégalités Nord-Sud (…), unoutil <strong>pour</strong> développer les capacités au Sud et rééquilibrer les re<strong>la</strong>tions de pouvoir au sein desfilières. » (Sa<strong>la</strong>rié OSI 2)« L’objet <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, c’est d’en faire un outil d’appui aux partenaires, ce n’est pas leseul, y’en a d’autres mais son objectif premier c’est quand même ça. » (Sa<strong>la</strong>rié OSI 3)Finalement, le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> étant reconnu comme un outil de développement au Sud de plus enplus utile, les organisations dans ce positionnement expert souhaitent <strong>pour</strong>suivre le développement deleur activité au Sud par <strong>la</strong> création de nouvelles filières, <strong>la</strong> réalisation d’études d’impact, comme parexemple l’affirme le sa<strong>la</strong>rié de l’organisation de solidarité internationale 1 rencontré:<strong>Les</strong> <strong>réseaux</strong> d’acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> – Exemple de l’Ile-de-France 65


« On a des projets, enfin des envies de travailler, de mettre en p<strong>la</strong>ce des filières <strong>équitable</strong>s ausud».Cependant par leur pratique de l’outil et leur connaissance des enjeux, les professionnels interrogés <strong>du</strong>positionnement plutôt expert affichent tout de même un certain recul sur son utilisation.« C'est-à-dire que si tous nos partenaires pouvaient commercialiser leurs pro<strong>du</strong>its dans le<strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> et trouver des débouchés… tant mieux, mais <strong>pour</strong> l’instant on sait que c’est unobjectif irréaliste, et <strong>du</strong> coup c’est plus comme une alternative qu’on peut proposer, (…) Ce n’estqu’un thème parmi d’autres, et pas <strong>la</strong> solution miracle contre <strong>la</strong> pauvreté. » (Sa<strong>la</strong>rié OSI 3)« On le considère avant tout comme un outil de développement au Sud qui est, disons, stimulé parle marché. Et non un outil <strong>pour</strong> lutter contre <strong>la</strong> pauvreté au sens <strong>la</strong>rge » (Sa<strong>la</strong>rié OSI 2)Dans le positionnement expert, le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> est donc un instrument économique intéressant<strong>pour</strong> les pro<strong>du</strong>cteurs <strong>du</strong> Sud. Il a toutefois ses limites dans <strong>la</strong> mesure où sa croissance est dépendante <strong>du</strong>développement de <strong>la</strong> consommation au Nord. D’autre part, il est un outil parmi d’autres qui ne peut seu<strong>la</strong>mener les partenaires <strong>du</strong> Sud vers un meilleur niveau de vie.B - LE POSITIONNEMENT « MILITANT »1| Un moyen et un objectif de l’é<strong>du</strong>cation au développement au NordLe positionnement militant se caractérise par le fait qu’il se concentre essentiellement sur des activités deterrain au Nord d’é<strong>du</strong>cation au développement et de p<strong>la</strong>idoyer. <strong>Les</strong> organisations proches de cepositionnement s’associent souvent à d’autres organisations <strong>pour</strong> développer des campagnes desensibilisation <strong>du</strong> grand public. Elles organisent des évènements, réalisent des outils pédagogiques dansle but de sensibiliser à une problématique. Elles peuvent mener en parallèle des campagnes de p<strong>la</strong>idoyerauprès des pouvoirs publics.« On fait donc de l’é<strong>du</strong>cation au développement, mais on s’associe aussi à d’autres structures,d’autres organisations dans le cadre de campagnes, par exemple <strong>pour</strong> l’accès à <strong>la</strong> terre. Donc onva (…) mettre en p<strong>la</strong>ce des événements ou réaliser des supports, des films, des documentairesavec d’autres associations.» (Bénévole OSI 5)Pour plusieurs thématiques comme <strong>la</strong> réforme <strong>du</strong> système commercial mondial ou <strong>la</strong> sécurité alimentaire,le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> se révèle un moyen efficace de sensibilisation <strong>du</strong> grand public aux problématiquesplus <strong>la</strong>rges des inégalités, <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> international et <strong>du</strong> développement au Sud.« C’est vrai que c’est un très très bon outil d’é<strong>du</strong>cation au développement et (on) s’en sertbeaucoup <strong>pour</strong> ça. Il y a eu un moment où le thème <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> était beaucoup porté(…) parce qu(‘on) s’était engagé dans les actions de p<strong>la</strong>idoyer des réformes <strong>du</strong> systèmecommercial mondial. C’est un des plus gros piliers <strong>du</strong> p<strong>la</strong>idoyer.» (Sa<strong>la</strong>rié OSI 3)Fondé sur les valeurs de justice et d’équité, et concrétisé dans des pro<strong>du</strong>its <strong>du</strong> quotidien, il présentel’avantage d’être <strong>pour</strong> les organisations de solidarité internationale une bonne porte d’entrée:« Le fait de sensibiliser les gens sur les pro<strong>du</strong>its qu’on consomme… et que l’acte deconsommation peut avoir <strong>du</strong> sens et que [le consommateur] peut faire attention et promouvoircertains modèles » (Sa<strong>la</strong>rié OSI 3)Au-delà de ces actions, les organisations de solidarité internationale au positionnement militant mènentdes actions d’é<strong>du</strong>cation au <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> afin de favoriser son développement auprès <strong>du</strong> grandpublic. Ces actions sont mises en œuvre par leur réseau de bénévoles alors que le siège de l’organisationpropose des formations et des outils pédagogiques sur le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, souvent en partenariatavec <strong>la</strong> Fédération Artisans <strong>du</strong> Monde. Au-delà des animations dans les écoles ou dans les lycées, <strong>la</strong>bénévole de l’organisation de solidarité internationale 3 organise ainsi des activités d’é<strong>du</strong>cation au<strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> dans tout lieu qui peut lui permettre d’atteindre le grand public, comme lessupermarchés ou les marchés. Elle se présente même comme « un prestataire de service de <strong>commerce</strong><strong>équitable</strong> ».Organisées plusieurs fois dans l’année et notamment pendant <strong>la</strong> Semaine de Solidarité Internationale(novembre) et <strong>la</strong> Quinzaine <strong>du</strong> Commerce Equitable, ces actions d’é<strong>du</strong>cation au développement et au<strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> se font souvent en partenariat avec des associations locales Artisans <strong>du</strong> Monde, etpeuvent être accompagnées de vente de pro<strong>du</strong>its de <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>. Elles sont alors menées encommun et peuvent avoir lieu dans les boutiques Artisans <strong>du</strong> Monde et concerner des pro<strong>du</strong>itsSolidar'monde, centrale d’achat de <strong>la</strong> Fédération Artisans <strong>du</strong> Monde.<strong>Les</strong> <strong>réseaux</strong> d’acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> – Exemple de l’Ile-de-France 66


« Par exemple, <strong>la</strong> Quinzaine [<strong>du</strong> Commerce Equitable], c’est jamais formalisé, mais ça reste unmoment de mobilisation assez fort dans le réseau » (sa<strong>la</strong>rié OSI 3)A l’objectif d’é<strong>du</strong>cation peut alors s’ajouter celui de rassembler des fonds par <strong>la</strong> vente de pro<strong>du</strong>its <strong>du</strong><strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> <strong>pour</strong> financer les activités de <strong>la</strong> structure, siège ou association locale de bénévoles.Toutefois, le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> n’est qu’une thématique parmi d’autres dans les activités desensibilisation des organisations sur le terrain. Alors qu’une association locale d’une des organisationsrencontrées a identifié un responsable E<strong>du</strong>cation au <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, les autres organisations n’ontpas de bénévole spécifiquement affecté au <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> dans leur réseau.Comme <strong>pour</strong> toute autre thématique, les associations locales ont le choix de re<strong>la</strong>yer ou non unecampagne de sensibilisation que leur propose leur siège. Pour exemple, une des organisations desolidarité internationale proche de ce positionnement propose chaque année à ses bénévoles uneformation sur un thème spécifique. Le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> en a fait partie dans le passé mais n’est plusun thème prioritaire <strong>pour</strong> <strong>la</strong> structure, même si les thèmes récents et actuels comme le « partage desrichesses financières, le sens <strong>du</strong> développement et <strong>la</strong> responsabilité sociale et environnementale desentreprises » permettent de faire des liens avec le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>. <strong>Les</strong> volontaires des associationslocales qui participent à cette formation sont incités à développer des actions de sensibilisation au niveaulocal. Dans ces structures, l’importance <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> dans les activités d’é<strong>du</strong>cation audéveloppement est donc fonction des priorités définies par les sièges et les associations locales chaqueannée.Enfin, une des organisations de solidarité internationale rencontrée déc<strong>la</strong>re ne mener aucune actiond’é<strong>du</strong>cation au développement re<strong>la</strong>tive au <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>. Toutefois, elle s’associe à plusieurscampagnes proposées par le réseau Minga sur des problématiques que ce dernier inclut comme relevant<strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>.2| Une représentation <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> particulière et en questionnement<strong>Les</strong> sa<strong>la</strong>riés des organisations de solidarité internationale <strong>du</strong> positionnement militant rencontréss’accordent sur une définition qu’ils disent proches de celle de <strong>la</strong> Fédération Artisans <strong>du</strong> Monde, dans <strong>la</strong>mesure où les dimensions p<strong>la</strong>idoyer et é<strong>du</strong>cation sont très importantes.« <strong>Les</strong> trois aspects : appui aux partenaires, sensibilisation <strong>du</strong> consommateur et propositionsd’alternatives <strong>pour</strong> le système commercial actuel, c’est évidemment trois choses sur lesquelles on aun intérêt direct en tant qu’organisation de solidarité internationale. Mais c’est vrai que <strong>pour</strong> nous,c’est plus un outil qu’une fin en soi.» (sa<strong>la</strong>rié OSI 3)<strong>Les</strong> sièges de ces organisations ne prônent pas nécessairement auprès de leurs associations locales unereprésentation <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> spécifique. Ayant une grande autonomie, les associations localespeuvent développer des représentations propres <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, très différentes selon lesvaleurs des bénévoles qu’elles rassemblent. Chaque structure, chaque militant, s’approprie <strong>la</strong> notion de<strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> en fonction de ses connaissances <strong>du</strong> concept et de ses valeurs. Ceci a <strong>pour</strong>conséquence l’existence d’une très grande diversité de représentations <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> dans lesorganisations solidarité internationale proches <strong>du</strong> positionnement militant.Ainsi, certains bénévoles des associations locales rencontrés proposent une définition partielle <strong>du</strong><strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> et ne peuvent se positionner sur le lien entre le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> et ses conceptsvoisins. Par exemple, un bénévole qualifie le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> uniquement par rapport à son objectifd’organisation des pro<strong>du</strong>cteurs et n’évoque pas <strong>la</strong> question <strong>du</strong> prix, souvent au cœur de <strong>la</strong> représentation<strong>du</strong> concept :« Le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, déjà, c’est pouvoir essayer de permettre à des gens qui étaient seuls, etqui se battaient tous seuls […], <strong>pour</strong> vendre le peu qu’ils pro<strong>du</strong>isaient […], ce que j’ai retenu, c’estque ça leur a permis de se regrouper, de devenir plus forts, de pouvoir s’épanouir, et d’avoir undevenir. De vivre, comme on dit, debout. » (Bénévole OSI 3)Comme <strong>pour</strong> le positionnement expert, le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> a un lien direct avec <strong>la</strong> solidaritéinternationale de par leur activité au Sud. La question <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> Nord-Nord n’est alors pasdans leurs préoccupations directes.Cependant, cette représentation est influencée par les thématiques de p<strong>la</strong>idoyer et d’é<strong>du</strong>cation audéveloppement qui intéressent l’organisation de solidarité internationale de positionnement militant. Unedes organisations de solidarité internationale, dont une des priorités d’action est <strong>la</strong> défense des droits del’homme au travail, accorde de ce fait un intérêt tout particulier au lien entre <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> etresponsabilité sociétale de l’entreprise et au droit des travailleurs dans les pays <strong>du</strong> Sud. De ce fait, elleinterroge le fait d’inclure les grandes p<strong>la</strong>ntations in<strong>du</strong>strielles dans le système Max Have<strong>la</strong>ar/FLO au côté<strong>Les</strong> <strong>réseaux</strong> d’acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> – Exemple de l’Ile-de-France 67


de petits pro<strong>du</strong>cteurs, dans <strong>la</strong> mesure où ces dernières ont parfois <strong>du</strong> mal à reconnaitre les droitssyndicaux des travailleurs et concurrencent directement les petites exploitations familiales sur le marchédes pro<strong>du</strong>its de <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>.« Pour nous, l’un des points qui nous parait essentiel, c’est de dire que le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>,c’est des petits pro<strong>du</strong>cteurs. Et déjà, il faut s’accorder sur ce que c’est, un petit pro<strong>du</strong>cteur. Donc undes premiers éléments qui nous paraissait problématique, c’est de voir apparaître dans <strong>la</strong> filière <strong>du</strong><strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> des acteurs qui <strong>pour</strong> nous ne sont pas des petits pro<strong>du</strong>cteurs.» (sa<strong>la</strong>rié OSI 4)Plus que dans le positionnement expert, le positionnement militant se tra<strong>du</strong>it par le maintien des questionsde débat. Pour principal exemple, <strong>la</strong> question des stratégies de distribution peut amener desraisonnements différents chez plusieurs personnes d’une même organisation.« Pour nous, c’est c<strong>la</strong>ir que c’est important que <strong>la</strong> grande distribution ne mette pas <strong>la</strong> main sur le<strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, parce que ça va vraiment contre tout ce qu’on a toujours défen<strong>du</strong>. [..] Quandj’entends des gens qui achètent des pro<strong>du</strong>its <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> dans <strong>la</strong> grande distribution, ilsn’y comprennent quand même rien (…) alors que quelqu’un qui va aller dans une COOP bio ou quiva aller chez Artisans <strong>du</strong> Monde, n’ayant pas le même contact, il aura quand même un degré desensibilisation un petit peu plus développé. Donc voilà, après ça dépend de ce qu’on recherche,est-ce <strong>la</strong> quantité ou <strong>la</strong> qualité ? » (sa<strong>la</strong>rié OSI 4)« Faut-il être ou ne pas être présent dans <strong>la</strong> grande distribution, là aussi je ne suis pas convaincuque <strong>la</strong> vérité soit exclusivement d’un côté ou de l’autre et je regrette qu’Artisans <strong>du</strong> Monde ait pris ily a trois ans une décision radicale en disant « on ne veut pas de <strong>la</strong> grande et <strong>la</strong> moyennedistribution ». Il ne faut pas être diabolisant, je pense qu’il y avait des expériences qui étaientjouables, peut être pas avec tout le monde mais qu’il fal<strong>la</strong>it au moins essayer.» (Bénévole OSI 4)D’autre part, le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> est plutôt envisagé comme un moyen d’action <strong>pour</strong> promouvoir unerégu<strong>la</strong>tion <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> international mais pas comme une fin en soi. Enfin, <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce des pouvoirs publicsdans <strong>la</strong> régu<strong>la</strong>tion <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> est plébiscitée, comme le démontre entre autres l’implication de<strong>la</strong> plupart de ces organisations dans <strong>la</strong> construction de <strong>la</strong> CNCE.3| Un engagement prudentChez ces organisations de solidarité internationale au positionnement plutôt militant, plusieurs semblent àl’heure actuelle se désengager des instances de décision des opérateurs spécialisés <strong>du</strong> <strong>commerce</strong><strong>équitable</strong>. Si ces organisations de solidarité internationale participent depuis longtemps au développement<strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> en France, plusieurs souhaitent moins s’impliquer dans les questions decroissance des opérateurs au Nord <strong>pour</strong> être plus vigi<strong>la</strong>ntes quant au fait que le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> nes’écarte pas de ses objectifs d’origine : le développement des pro<strong>du</strong>cteurs au Sud et le changement descomportements de consommation au Nord.« Donc on était vraiment là dans les premiers en fait […] on est proche <strong>du</strong> mouvement depuis sesdébuts, même si effectivement on prend pas mal de distance aujourd’hui <strong>pour</strong> différentes raisons.»(Sa<strong>la</strong>rié OSI 4)« En ce moment, on ne travaille plus sur le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> en tant que tel mais ça en a faitpartie pendant longtemps [de nos thématiques principales]. » (sa<strong>la</strong>rié OSI 3)Elles s’orientent davantage vers le développement d’actions de p<strong>la</strong>idoyer en partenariat avec desopérateurs spécialisés en <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, concernant notamment <strong>la</strong> construction d’un cadrejuridique de reconnaissance <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> en France dans l’intérêt des pro<strong>du</strong>cteurs <strong>du</strong> Sudavec <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce de <strong>la</strong> Commission Nationale <strong>du</strong> Commerce Equitable.« Nous ce qu’on peut faire typiquement c’est ce qu’on a fait il y a deux ans, c'est-à-dire pro<strong>du</strong>ireune position sur le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>. On a fait un petit deux pages <strong>pour</strong> Max Have<strong>la</strong>ar. C’est<strong>pour</strong> qu’ils comprennent notre point de vue […] On s’est dit qu’on al<strong>la</strong>it le faire plus souvent,pro<strong>du</strong>ire des textes écrits, des propositions sur différents sujets. Voilà, ça on peut le faire et on peut<strong>du</strong> coup échanger avec les acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> sur ces positions. Mais on n’estvraiment que dans <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion d’échange, de dialogue, pas au-delà, vraiment pas au-delà. » (Sa<strong>la</strong>riéOSI 4)« Ce qui nous intéresse, c’est de faire connaître le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, c’est de soutenir lesecteur, sensibiliser l’opinion publique… et de surtout, toujours faire attention à ce que <strong>la</strong> voix despro<strong>du</strong>cteurs <strong>du</strong> Sud soit enten<strong>du</strong>e, qu’ils puissent avoir une représentation dans le système derégu<strong>la</strong>tion des filières. » (sa<strong>la</strong>rié OSI 3)<strong>Les</strong> <strong>réseaux</strong> d’acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> – Exemple de l’Ile-de-France 68


Une des organisations de solidarité internationale s’y investit moins depuis quelques années <strong>du</strong> fait quece secteur a fortement évolué et est désormais suffisamment connu <strong>du</strong> grand public. Son action desensibilisation au <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> auprès <strong>du</strong> grand public n’a donc plus vraiment lieu d’être. Uneautre organisation de solidarité internationale rencontrée, suite à des divergences d’opinion et uneréorganisation de ses activités, a choisi de se désengager de ses activités qu’elle avait dans le secteur.Finalement, les organisations de solidarité internationale proches <strong>du</strong> positionnement militant continuent às’intéresser et à travailler sur le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> en tant qu’acteurs de p<strong>la</strong>idoyer.BIBLIOGRAPHIE DE SECTIONVIELAJUS Jean-Louis, 2007, <strong>Les</strong> ONG de développement, acteurs d’une mondialisation moins inégalitaire et plus solidaire, inTechniques financières et Développement, n°86 : les ONG de développement, Mars 2007Recensement, entretiens et analyse réalisés en 2008-2009 par:Jordan DEL CAMPO, Programme ESC, Master 1 - Euromed MarseilleMarta FRATICELLI, Master 2 Pro « Etudes <strong>du</strong> développement » spécialité « Développement agricoleet politiques économiques » - IEDES / Université Paris 1 Panthéon-SorbonneElsa LANN, Master 2 Pro « Etudes <strong>du</strong> développement » spécialité « Développement agricole etpolitiques économiques » - IEDES / Université Paris 1 Panthéon-SorbonneAlessandro LANZETTA, Master 2 Pro « Etudes <strong>du</strong> développement » spécialité « Développementagricole et politiques économiques » - IEDES / Université Paris 1 Panthéon-SorbonneLydéric MOTTE, Master 2 Pro « Etudes <strong>du</strong> développement » spécialité « Développement agricole etpolitiques économiques » - IEDES / Université Paris 1 Panthéon-SorbonneSophie WOEHLING, Master 2 Pro « Etudes <strong>du</strong> développement » spécialité « Développementagricole et politiques économiques » - IEDES / Université Paris 1 Panthéon-SorbonneSophie ZUBER, Master 2 Pro « Etudes <strong>du</strong> développement » spécialité « Développement agricole etpolitiques économiques » - IEDES / Université Paris 1 Panthéon-SorbonneEncadrement scientifique :Charlotte GUENARD, Maître de conférences en économie à l’IEDES / Université Paris 1 Panthéon-SorbonneEncadrement technique :Emilie SARRAZIN-BITEYE, chargée <strong>du</strong> projet PICRI Commerce Equitable<strong>Les</strong> <strong>réseaux</strong> d’acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> – Exemple de l’Ile-de-France 69


3 E PARTIE⎮ LES POUVOIRS PUBLICS ACTEURS DU COMMERCEEQUITABLE : LES COLLECTIVITES TERRITORIALESSYNTHESEPartant de l’hypothèse que les collectivités territoriales franciliennes mettent en œuvre des politiquespubliques de soutien au <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> au travers de leurs politiques de développement <strong>du</strong>rable, desolidarité internationale, d’achats et d’économie sociale et solidaire, nous avons cherché à vérifier, par unrepérage des dispositifs re<strong>la</strong>tifs au <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> sur un échantillon, l’existence d’une telle politiqueet son inscription dans les domaines de politiques publiques cités. Nous avons tenté de repérer lesconditions d’émergence des dispositifs et les freins au développement de <strong>la</strong> démarche d’appui au<strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>.En premier lieu, nous avons dressé le constat qu’il existe rarement une politique dédiée au <strong>commerce</strong><strong>équitable</strong>. La politique re<strong>la</strong>tive au <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> est généralement intégrée à d’autres domaines depolitique publique, de manière plus ou moins explicite et coordonnée. Second enseignement, lesdispositifs que nous avons pu identifier dans les collectivités étudiées peuvent dans de nombreux cas êtremis en œuvre par des services et dans le cadre de compétences différentes. Un même service peutmettre en œuvre plusieurs types de dispositifs, de sensibilisation, d’achat, d’appui au secteur au Nord, ouau Sud. Inversement, chaque type d’action n’est pas de <strong>la</strong> prérogative d’un service ou d’un domaine decompétence donnée. Peuvent alors coexister dans une collectivité territoriale plusieurs initiatives relevant<strong>du</strong> même type de dispositifs, portées par plusieurs services administratifs. Cette dispersion des actionspeut dépasser le seul cadre des domaines de politiques directement concernés par le <strong>commerce</strong><strong>équitable</strong>, avec des services aussi différents que <strong>la</strong> communication, ou <strong>la</strong> gestion des parcs, qui font leurs,au gré des occasions et des partenariats, les engagements <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>.D’autre part, l’émergence d’une action de <strong>la</strong> collectivité territoriale en faveur <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> n’estpas systématique <strong>pour</strong> chaque domaine de politique publique. Elle dépend d’une part de <strong>la</strong> représentationqui est portée par <strong>la</strong> collectivité et ses acteurs des domaines de politique publique pouvant intégrer le<strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>. Ainsi, <strong>pour</strong> le développement <strong>du</strong>rable ou <strong>la</strong> solidarité internationale, plusieursreprésentations coexistent, auxquelles le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> n’est pas toujours intégré. Ce<strong>la</strong> se tra<strong>du</strong>itdans les politiques par le fait que des dispositifs re<strong>la</strong>tifs au <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> ne sont pasnécessairement mis en p<strong>la</strong>ce. L’économie sociale et solidaire est à distinguer comme domaine englobantsystématiquement le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>. Mais les politiques publiques ne sont pas tout, et l’implicationplus ou moins importante des techniciens joue sur l’approfondissement de l’action en faveur <strong>du</strong> <strong>commerce</strong><strong>équitable</strong>, les techniciens ayant une marge de liberté dans <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce des politiques, et pouvantprendre l’initiative de l’action.Il semble donc que l’action des collectivités territoriales étudiées dans notre échantillon présente desfacettes très variées. Le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> est un domaine d’action publique encore flou, <strong>pour</strong> lequel iln’y a pas encore de répartition des compétences, entre les échelons de collectivités, et au sein descollectivités prises indivi<strong>du</strong>ellement. Cette dispersion des initiatives et des fonctions est un témoignageencourageant de l’implication générale des collectivités, au niveau politique comme administratif, enfaveur de cette innovation sociale. Le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> mériterait d’être situé dans une perspectivestratégique et on peut regretter un manque de coordination entre collectivités et surtout dans leurfonctionnement interne. Mais les seuls freins à l’émergence d’une politique publique territoriale de<strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> ne sont pas seulement le fait des collectivités territoriales. Le secteur a besoin des’organiser, de développer une offre appropriée et de respecter ses engagements de transparence <strong>pour</strong>susciter <strong>la</strong> confiance des collectivités territoriales, dans un souci d’adaptation mutuelle <strong>du</strong> <strong>commerce</strong><strong>équitable</strong> et des collectivités.<strong>Les</strong> <strong>réseaux</strong> d’acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> – Exemple de l’Ile-de-France 70


I. CARACTERISTIQUES 51Dans l’arène 52 <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, les collectivités territoriales occupent une position complexe. Ellessont des acteurs multiformes, tour à tour acheteur, bailleur de fond, promoteur, prescripteur, et ont <strong>la</strong>capacité, par leurs moyens d’action et de communication, de diffuser un message sur l’ensemble d’unterritoire. Leur nature d’institution publique locale les met ainsi au contact des différentes dimensions <strong>du</strong><strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>.Dans le cadre de l’état des lieux des <strong>réseaux</strong> d’acteurs réalisé en Région Ile-de-France, nous avons menéune étude des politiques de soutien au <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> des collectivités territoriales franciliennes. <strong>Les</strong>collectivités d’Ile-de-France ne se distinguent pas foncièrement des autres collectivités françaises, et nousavons pu construire ce travail sur <strong>la</strong> base des études et essais réalisés à l’échelle nationale sur <strong>la</strong>thématique. La vocation de cette recherche est ainsi d’approfondir les problématiques déjà soulevées, à <strong>la</strong>lumière de l’étude <strong>du</strong> cas de <strong>la</strong> région Ile-de-France.A - DES ACTEURS POLITIQUES AUX DIFFERENTS ECHELONS DU TERRITOIRELe système politique territorial français se caractérise par sa grande complexité. En premier lieu par lenombre de ses échelons : à <strong>la</strong> commune et au département, créés respectivement en 1789 et 1790, sesuperposent <strong>la</strong> région, devenue collectivité territoriale à part entière en 1982 et des structuresintercommunales variées. Envisagée de manière récurrente, <strong>la</strong> réforme de ce millefeuille institutionnelreste incomplète, tandis que les transferts successifs de compétences et <strong>la</strong> multiplication desintercommunalités, aux contours à géométrie variable, rendent sans cesse plus difficile l’articu<strong>la</strong>tion desdifférentes politiques territoriales.Au fil <strong>du</strong> processus de décentralisation, en accélération depuis 1982, les collectivités territoriales ont vuleurs compétences s’étendre. Mais en l’absence de rationalisation de <strong>la</strong> carte administrative, cettedélégation s’est accompagnée d’une complexification de l’action territoriale. Certaines compétences sonttronçonnées entre les niveaux de collectivités, tel que les transports, qui sont gérés par une collectivitédifférente suivant qu’ils soient ferroviaires, routiers urbains ou non urbains. Le partage se fait aussi avecl’Etat, comme <strong>pour</strong> <strong>la</strong> gestion des Lycées, où les personnels Techniques, Ouvrier et de Service sont <strong>du</strong>ressort de <strong>la</strong> région, tandis que le personnel enseignant reste sous <strong>la</strong> tutelle <strong>du</strong> ministère référent.Certaines compétences sont ouvertes, elles peuvent être investies concurremment par toute collectivitéterritoriale : ce sont le développement économique, <strong>la</strong> culture, les re<strong>la</strong>tions internationales, <strong>la</strong> propriété et<strong>la</strong> gestion d’infrastructures comme les canaux et les ports maritimes non autonomes. D’autres sontspécifiques à un niveau de collectivité. Par exemple, <strong>la</strong> région a une fonction d’impulsion et dep<strong>la</strong>nification sur son territoire, notamment en matière d’aménagement et de transports. Elle prend encharge <strong>la</strong> formation continue, l’apprentissage et <strong>la</strong> gestion des lycées. Elle est compétente sur certainsaspects de l’action sociale et médicale, sur l’environnement, l’habitat, le tourisme, <strong>la</strong> recherche, <strong>la</strong> gestiondes fonds structurels européens et l’équipement sanitaire. Le département est compétent en matièred’action sociale, de gestion des collèges, d’environnement, et d’aménagement <strong>pour</strong> ce qui est del’équipement rural, de <strong>la</strong> voirie et des transports non urbains. Enfin, <strong>la</strong> commune est compétente sur toutce qui concerne son territoire et n’est pas expressément de <strong>la</strong> compétence d’une autre collectivité. Ellepeut investir des domaines non attribués à une collectivité particulière par <strong>la</strong> légis<strong>la</strong>tion, et compléterl’action des autres collectivités sur son territoire. Elle dispose par ailleurs de compétences spécifiquesvariées qui relèvent de l’urbanisme, de l’action sociale, de l’enseignement (notamment les écolesmaternelles et primaires), de l’équipement, des transports et de l’habitat.<strong>Les</strong> Etablissements Publics de Coopération Intercommunale (EPCI) ne sont pas uniformes en ce quiconcerne leurs compétences. Celles-ci dépendent d’une part de <strong>la</strong> nature de l’EPCI : communautéurbaine, communauté d’agglomération, communauté de communes, syndicat de communes ou syndicatd’agglomération nouvelle. A chacune de ces catégories correspond un lot de compétences obligatoiresdifférentes. D’autre part, des compétences optionnelles leurs sont attachées, qui peuvent être choisiesparmi un ensemble variable d’un type d’EPCI à l’autre, et dépendent des choix réalisés par les communeslors de leur regroupement. Ainsi, <strong>la</strong> répartition des compétences entre communes et EPCI, autour deprincipes communs, peut se décliner en de multiples variantes qu’il ne faut appréhender qu’au cas par cas(Bonnard, 2005).51Dans <strong>la</strong> partie Méthodologie de l’intro<strong>du</strong>ction <strong>du</strong> rapport sont indiqués les critères de l’échantillonnage <strong>pour</strong> chaque type d’acteur rencontré.52Enten<strong>du</strong>e comme un système organisé d’institutions, de procé<strong>du</strong>res et d’acteurs dans lequel des forces sociales peuvent se faire entendre, utiliser leursressources <strong>pour</strong> obtenir des réponses (Neveu, 2000).<strong>Les</strong> <strong>réseaux</strong> d’acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> – Exemple de l’Ile-de-France 71


Par conséquent, autour <strong>du</strong> squelette de <strong>la</strong> répartition des compétences propres, les collectivités disposentd’une marge de liberté dans <strong>la</strong> définition <strong>du</strong> spectre de leur intervention. Elles peuvent adapter leur actionaux innovations sociales en investissant des domaines émergents que <strong>la</strong> légis<strong>la</strong>tion n’a pas c<strong>la</strong>irementattribués, comme le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>. Sur ce terrain hétérogène nous chercherons à comprendre lesoutien accordé au <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> au travers <strong>du</strong> prisme <strong>du</strong> fonctionnement interne des institutions.En Ile-de-France, en sus <strong>du</strong> Conseil Régional d’Ile-de-France, existent 8 départements, 105Etablissements Publics de Coopération Intercommunale 53 et 1281 communes 54 . Parmi celles-ci, Parisdispose d’un statut particulier, à <strong>la</strong> fois département et commune, divisée en vingt mairiesd’arrondissement. <strong>Les</strong> collectivités franciliennes couvrent tous les extrêmes, depuis Paris et ses deuxmillions d’habitants 55 , première collectivité française en termes de budget 56 , jusqu’aux petites communesrurales, comme Puisieux, en Seine et Marne, avec 286 habitants et un budget 2007 de moins de 200 000€ 57 .B - LE COMMERCE EQUITABLE, A LA CROISEE DE PLUSIEURS POLITIQUES TERRITORIALESToute collectivité comprend des organes politiques détenteurs des pouvoirs locaux et des servicestechniques en charge de <strong>la</strong> mise en œuvre des politiques. Parmi les organes politiques, il faut distinguer,quelque soit l’échelon territorial, organes délibérants, soit le conseil régional, général, municipal oucommunautaire, siégeant en assemblée ou en commission permanente ; et organes exécutifs à savoir lePrésident <strong>du</strong> conseil et les vice-présidents <strong>pour</strong> <strong>la</strong> région, le département ou <strong>la</strong> structure intercommunale,et <strong>pour</strong> <strong>la</strong> commune, le maire et les adjoints.. <strong>Les</strong> élus sont aussi assistés de cabinets de conseillers : ontrouve par exemple un cabinet autour <strong>du</strong> Président <strong>du</strong> Conseil ou <strong>du</strong> Maire, et suivant <strong>la</strong> taille de <strong>la</strong>collectivité territoriale, autour des vice-présidents ou des adjoints. <strong>Les</strong> compétences de <strong>la</strong> collectivité sontdistribuées entre les membres de l’exécutif et entre des commissions thématiques au sein de l’organedélibérant, suivant une architecture propre à chaque collectivité. La structure administrative suit plus oumoins cette construction, avec des découpages entre directions à chaque fois différents. Nous veilleronsainsi à mettre en regard les dispositifs mis en œuvre dans une collectivité avec les particu<strong>la</strong>rités de sonorganisation.Dans ces collectivités, <strong>la</strong> politique en matière de <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, dont <strong>la</strong> définition peut varier selon<strong>la</strong> collectivité, se tra<strong>du</strong>it rarement par <strong>la</strong> présence d’un spécialiste, qu’il soit élu ou technicien, mais passepar divers domaines de politique publique 58 . En décembre 2007, le colloque « Commerce Equitable etTerritoires » était organisé à Angers par <strong>la</strong> P<strong>la</strong>te-<strong>Forme</strong> <strong>pour</strong> le Commerce Equitable et le groupe SOS 59afin de renforcer les cadres de col<strong>la</strong>boration entre les collectivités territoriales, les acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong><strong>équitable</strong>, les <strong>réseaux</strong> <strong>du</strong> développement au Sud 60 et de l’économie sociale et solidaire. Ce colloque apermis de délimiter les principaux domaines d’action publique où pouvaient être développés desdispositifs de soutien au <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> :1| L’économie sociale et solidaireLa définition de l’économie sociale et solidaire reste en débat parmi les acteurs <strong>du</strong> secteur. Nous n’enferons pas de définition arbitraire, mais chercherons à recueillir les représentations portées par les élus ettechniciens des collectivités territoriales. L’économie sociale et solidaire a émergé comme domaine depolitique publique spécifique notamment à l’occasion de <strong>la</strong> création d’une délégation interministérielle àl’innovation sociale et à l’économie solidaire par décret <strong>du</strong> 15 décembre 1981, ou plus récemment d’unsecrétariat à l’économie solidaire de 2000 à 2002. Aujourd’hui, <strong>la</strong> préoccupation politique <strong>pour</strong> cette« autre économie » se déploie de façon hétérogène dans les collectivités, intégrant le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>notamment <strong>du</strong> fait de sa forte visibilité. <strong>Les</strong> dispositifs mis en œuvre dans le cadre des politiques re<strong>la</strong>tivesà l’économie sociale et solidaire prennent généralement <strong>la</strong> forme d’actions de sensibilisation et de soutienau secteur au Nord.53Au 1 er janvier 2008. Source : Insee.54Recensement de 1999. Source : Insee.55Estimation au 1 er janvier 2008 : 2,166 millions d’habitants. Source : Insee.56Budget 2008 : 7,058 milliards d’euros. Source : Ville de Paris.57Source : Ministère <strong>du</strong> budget, des comptes publics et de <strong>la</strong> fonction publique.58Une politique publique étant définie comme un programme d’action gouvernementale dans un secteur de <strong>la</strong> société ou un espace géographique donné. C’estun ensemble de mesures concrètes comprenant des mesures de caractère plus ou moins autoritaire, qui s’inscrit dans un cadre général d’action, qui définit desbuts et des objectifs à direction d’un public (Mény et Thoenig, 1989).59PFCE et groupe SOS, 2008. Le Groupe SOS est un groupe de l’économie sociale, constitué d’associations et d’entreprises, qui développe, aujourd’hui, desactivités dans les champs <strong>du</strong> sanitaire et social, de l’é<strong>du</strong>cation, de l’insertion, <strong>du</strong> logement, <strong>du</strong> développement <strong>du</strong>rable et de <strong>la</strong> solidarité internationale. Source :Groupe SOS.60Soit les pays d’Amérique Latine, d’Afrique et d’Asie.<strong>Les</strong> <strong>réseaux</strong> d’acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> – Exemple de l’Ile-de-France 72


2| <strong>Les</strong> achats publicsSelon le Ministère de l’économie, de l’in<strong>du</strong>strie et de l’emploi, <strong>la</strong> commande publique nationale représente110 milliards d’euros par an soit environ 9% <strong>du</strong> PIB français, dont <strong>la</strong> majorité est le fait des collectivitésterritoriales. Elle peut donc être un levier majeur de développement des ventes de pro<strong>du</strong>its <strong>du</strong> <strong>commerce</strong><strong>équitable</strong>. Dans les collectivités, <strong>la</strong> prise de conscience de ce potentiel d’impact est croissante, et s’inscritdans un mouvement général de promotion de <strong>la</strong> commande publique responsable, qui vise à faire desachats un outil de politique publique. Cette émergence, concomitante à <strong>la</strong> démarche d’incorporation desprincipes <strong>du</strong> développement <strong>du</strong>rable dans les institutions publiques, se tra<strong>du</strong>it par une plus grandeattention accordée aux conséquences environnementales et sociales des achats publics. D’autre part,l’Etat accompagne les collectivités dans cette démarche en jouant son rôle de régu<strong>la</strong>teur, incitant lesachats responsables à travers l’adaptation <strong>du</strong> Code des Marchés Publics.3| Le développement <strong>du</strong>rableLe développement <strong>du</strong>rable, défini selon Gro Harlem Brundt<strong>la</strong>nd comme « un développement qui répondaux besoins <strong>du</strong> présent sans compromettre <strong>la</strong> capacité des générations futures à répondre aux leurs » 61articule développement économique et impératifs environnementaux et de progrès social. Le <strong>commerce</strong><strong>équitable</strong>, si on se réfère à sa définition <strong>la</strong> plus courante, celle établie par FINE (2001), s’inscritrésolument dans le mouvement <strong>du</strong> développement <strong>du</strong>rable. Aujourd’hui, les collectivités sont de plus enplus nombreuses à intégrer dans leurs politiques publiques les impératifs <strong>du</strong> développement <strong>du</strong>rable etpeuvent à ce titre mettre en p<strong>la</strong>ce des actions spécifiques au <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>. C’est notamment lecas dans le cadre de <strong>la</strong> démarche d’Agenda 21, où le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> peut être objet d’engagements,par exemple <strong>pour</strong> <strong>la</strong> promotion des achats <strong>équitable</strong>s par <strong>la</strong> collectivité ou <strong>pour</strong> <strong>la</strong> mise en œuvred’actions de sensibilisation au <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>.4| La coopération décentraliséeLa coopération décentralisée est une autre porte d’entrée des collectivités vers le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>. Eneffet, le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> a <strong>pour</strong> objectif l’amélioration des conditions de vie de popu<strong>la</strong>tionsmarginalisées au Sud de <strong>la</strong> p<strong>la</strong>nète et peut s’articuler avec <strong>la</strong> politique internationale d’une collectivité.Ainsi, certaines collectivités peuvent soutenir <strong>la</strong> formation de filières, par un soutien direct auxcoopératives de pro<strong>du</strong>cteurs <strong>du</strong> Sud, et <strong>la</strong> mise en réseau avec les entreprises <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> <strong>du</strong>territoire au Nord.Nous inscrivant en première analyse dans ce schéma de l’action des collectivités territoriales en soutienau <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, nous avons cherché à déterminer quels étaient les dispositifs mis en œuvre parles collectivités franciliennes, en nous adressant au sein des collectivités aux élus et techniciens encharge des domaines <strong>du</strong> développement <strong>du</strong>rable, de <strong>la</strong> coopération décentralisée, de l’économie socialeet solidaire et des achats. Etant donné le nombre de collectivités et d’interlocuteurs potentiels, nous avonsconstitué, en fonction des méthodes adoptées, plusieurs échantillons, qui sont détaillés ci-dessous. Nousavons cherché à déterminer si ces domaines de politique publique étaient les seuls dans lesquels pouvaitprendre p<strong>la</strong>ce un appui au <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>. Au-delà d’un recensement des dispositifs, notre travail avisé à repérer les facteurs d’émergence et les freins à <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce de cet appui.C - UN ECHANTILLON DE CONVENANCELe nombre d’institutions présentes en Ile-de-France rendait impossible un état des lieux exhaustif del’action de chacune concernant le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>. Nous avons donc restreint le nombre decollectivités étudiées suivant leur type et leur zone géographique, en sélectionnant en priorité lesterritoires les plus peuplés.Comme nous l’avons explicité dans <strong>la</strong> partie méthodologie de ce rapport, cette recherche s’est appuyéesur trois méthodes. Un recensement des interlocuteurs potentiels a été réalisé dans les collectivités lesplus importantes – le Conseil Régional, l’ensemble des Conseils Généraux, le chef-lieu de chaquedépartement et un EPCI par département (Saint Quentin en Yvelines, Melun Val de Seine, Evry CentreEssonne, Val de Seine, P<strong>la</strong>ine Commune, P<strong>la</strong>ine Centrale Val-de-Marne et Cergy-Pontoise).61Source : Ministère de l’écologie, de l’énergie, <strong>du</strong> développement <strong>du</strong>rable et de l’aménagement <strong>du</strong> territoire.<strong>Les</strong> <strong>réseaux</strong> d’acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> – Exemple de l’Ile-de-France 73


Vingt-et-un entretiens téléphoniques dans le but de repérer les dispositifs mis en p<strong>la</strong>ce ont été menésauprès de techniciens d’un nombre restreint de collectivités issues de ce premier groupe, en veil<strong>la</strong>nt àinclure différents types, zones géographiques et couleurs politiques 62 .COLLECTIVITE COMPETENCE ENTRETIENS REALISESDépartement des Hauts de SeineDépartement de l’EssonneCommune - Département de ParisCommune de CréteilCommune de CergyCommune de MelunCommunauté d’agglomération de P<strong>la</strong>ine Centrale <strong>du</strong> Val-de-MarneCommunauté d’agglomération de Saint Quentin en YvelinesMarchés publicsAffaires internationalesActions é<strong>du</strong>cativesRestauration sco<strong>la</strong>ireESSAffaires internationalesAffaires internationalesDéveloppement <strong>du</strong>rableDéveloppement <strong>du</strong>rableAffaires internationalesDéveloppement <strong>du</strong>rableMarchés publicsE<strong>du</strong>cationAffaires internationalesDéveloppement <strong>du</strong>rableAffaires internationalesESSRestauration sco<strong>la</strong>ireMarchés publicsDéveloppement <strong>du</strong>rableMarchés publics1 technicien1 technicien1 technicien1 technicien1 technicien1 technicien1 technicien1 technicien1 technicien1 technicien1 technicien1 technicien1 technicien1 technicien1 technicien1 technicien1 technicien1 technicien1 technicien1 technicien1 technicienFig.14 : Entretiens téléphoniques menés auprès de collectivités territorialesQuatorze entretiens semi-directifs approfondis ont été réalisés auprès d’élus et techniciens, dans le but decomprendre en profondeur les politiques territoriales à <strong>la</strong> lumière de leur fonctionnement interne, et derecueillir les représentations <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> portées par chacun.COLLECTIVITE COMPETENCE ENTRETIENS REALISESRégion Ile-de-FranceDépartement Seine Saint DenisCommune - Département de ParisESSAffaires internationalesAffaires internationalesMarchés publicsVia le mondeESSMarchés publicsDéveloppement économiqueAffaires internationalesESS – 11 e arrondissement1 élu / 1 technicien5 techniciens1 technicien1 technicien1 technicien1 technicien1 technicien1 technicien1 technicien1 éluCommunauté d’agglomération P<strong>la</strong>ine Commune ESS 2 techniciensFig.15 : Entretiens enregistrés menés auprès de collectivités territorialesNous avons alors dégagé un faisceau de conclusions re<strong>la</strong>tives au rôle des collectivités franciliennesétudiées. En premier lieu, nous avons pu établir que les types d’actions mises en œuvre recoupaientimparfaitement les domaines de compétence des collectivités (I). D’autre part, il est apparu que <strong>la</strong> prised’une décision politique dans les domaines de l’économie sociale et solidaire, <strong>du</strong> développement <strong>du</strong>rable62Nous avons défini une majorité de droite comme se réc<strong>la</strong>mant des partis : UMP, CNIF, MNR, MPF, FN et de divers droite, une majorité de gauche comme seréc<strong>la</strong>mant des partis PS, PCF, Verts, PRG, MRC, POI, LCR, LO, et de divers gauche, et une majorité centriste comme se réc<strong>la</strong>mant des partis Modem etNouveau Centre.<strong>Les</strong> <strong>réseaux</strong> d’acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> – Exemple de l’Ile-de-France 74


ou d’autres champs proches <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, n’était ni le seul moyen ni une garantie suffisante àl’émergence d’une action en faveur <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>. En effet, les indivi<strong>du</strong>s, notamment lestechniciens ont une influence déterminante, sur les modalités de mise en œuvre de l’action publique desoutien au <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> (II). Enfin, nous délimitons les freins à <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce de dispositifs enfaveur <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, notamment le manque de coordination de l’action publique (III).II. DES POLITIQUES PUBLIQUES EPARSES<strong>Les</strong> domaines de politiques publiques supports d’un soutien au <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, tels que délimitéspar le Colloque de 2007, ne se retrouvent pas systématiquement dans toutes les collectivités territoriales.Afin de déterminer quelle était l’action de chaque collectivité étudiée, nous avons donc cherché quelsétaient, entre les domaines <strong>du</strong> développement <strong>du</strong>rable; de l’économie sociale et solidaire, des affairesinternationales, des achats et <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, ceux qui faisaient l’objet d’une politique dédiée.Nous avons cherché à croiser <strong>la</strong> présence de ces domaines avec des critères tels que <strong>la</strong> couleur politique,le niveau de collectivité ou <strong>la</strong> taille. Ces rapprochements restent, étant donné <strong>la</strong> faible représentativité del’échantillon, de simples illustrations qui ne peuvent être généralisées.En premier lieu, on constate <strong>la</strong> rareté des élus et techniciens en charge <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> : sur lesvingt-deux collectivités de l’échantillon, seules deux, des Conseils Généraux, disposent d’un responsable,élu ou technicien, spécialisé en <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>.On trouve en revanche un élu ou technicien (ou les deux) en charge <strong>du</strong> développement <strong>du</strong>rable, desmarchés, ou aux affaires internationales dans plus des trois quarts des collectivités étudiées, quelque soitleur couleur politique. Ce<strong>la</strong> ne semble donc pas être un critère discriminant de distinction des collectivités.Il n’y pas non plus de corré<strong>la</strong>tion affirmée avec l’échelon de <strong>la</strong> collectivité, sa taille ou sa couleur politique.En revanche, le croisement des domaines de politiques publiques et des types de collectivités faitapparaître l’économie sociale et solidaire comme un champ original d’exercice d’une politique publique,avec seulement 2 communes dotées d’un spécialiste sur 7, 3 conseils généraux sur 8 et 3 EPCI sur 7. Larépartition est assez homogène en fonction de l’échelon de collectivité, qui ne semble pas un critèreadéquat <strong>pour</strong> expliquer <strong>la</strong> distribution de ces spécialistes.Un clivage se dessine en ce qui concerne l’économie sociale et solidaire en fonction de <strong>la</strong> couleurpolitique de <strong>la</strong> majorité. Ainsi, seul le secteur de l’économie sociale et solidaire est très fortement associéà l’appartenance à <strong>la</strong> gauche : il n’y a aucun élu ou technicien chargé de l’économie sociale et solidairedans les quatre collectivités de droite étudiées, tandis que <strong>la</strong> moitié des douze collectivités de gauche enfont un domaine de compétence.En somme, l’économie sociale et solidaire se distingue des autres secteurs pouvant porter une politiquede <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> par sa rareté et son marquage politique. L’inclure dans <strong>la</strong> catégorie de supportd’une politique publique semble être un acte original de <strong>la</strong> part d’une collectivité, témoignant d’unemotivation particulière. On peut émettre comme explication <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tive nouveauté de cette thématiqueparmi <strong>la</strong> gamme des politiques publiques. Son association à une famille politique s’expliquerait par sarevendication, fortement idéologique, « d’autre économie », en opposition à une économie régulée par leseul jeu des intérêts privés.<strong>Les</strong> collectivités étudiées mettent rarement en œuvre une politique spécifique de soutien au <strong>commerce</strong><strong>équitable</strong>, les dispositifs venant soutenir le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> en complément d’une autre politiquesectorielle. Cependant, d’un domaine à l’autre, les dispositifs peuvent <strong>pour</strong>suivre les mêmes objectifs. <strong>Les</strong>actions mises en œuvre peuvent être ainsi c<strong>la</strong>ssées en fonction de leur type, qui ne correspond pasnécessairement au schéma des domaines d’action que sont le développement <strong>du</strong>rable, <strong>la</strong> coopérationdécentralisée, les achats ou l’économie sociale et solidaire. Ces types d’action, achats, sensibilisation,appui au secteur au Nord ou au Sud sont chacun investis par différents services, sous des formes trèshétérogènes.A - UNE COMMANDE PUBLIQUE EN ORDRE DISPERSELa commande publique de pro<strong>du</strong>its <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, domaine où peut s’exercer une influenceessentielle des collectivités territoriales, n’est pas uniforme. Elle se déroule suivant des procé<strong>du</strong>resvariées, peut être menée par plusieurs services au sein d’une même collectivité et porter sur une variétéde pro<strong>du</strong>its correspondants à différentes occasions d’achats.Soulignons en premier lieu que tous les achats de pro<strong>du</strong>its <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> ne se font pas suivantune procé<strong>du</strong>re d’appel d’offre, loin s’en faut. : <strong>la</strong> procé<strong>du</strong>re d’appel d’offre est réservée, <strong>pour</strong> les marchésde services et de fournitures, à ceux d’un montant supérieur à 206 000 euros. En deçà de ce seuil, <strong>la</strong>procé<strong>du</strong>re est adaptée : de 90 000 euros à 206 000 euros, il y a obligation d’un appel public à <strong>la</strong><strong>Les</strong> <strong>réseaux</strong> d’acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> – Exemple de l’Ile-de-France 75


concurrence. Depuis le décret <strong>du</strong> 19 décembre 2008 et <strong>la</strong> modification des seuils de mise en œuvre desprocé<strong>du</strong>res de marché, il est obligatoire de respecter le principe général de transparence des procé<strong>du</strong>res<strong>pour</strong> les marchés de 20 000 à 90 000 €, tandis qu’il n’y a aucune obligation de publicité et de mise enconcurrence <strong>pour</strong> les marchés inférieurs à 20 000 euros (contre 4 000 euros auparavant),. Chaqueservice acheteur a ainsi une certaine <strong>la</strong>titude dans son acte d’achat, sachant que <strong>la</strong> plupart des achats depro<strong>du</strong>its <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> réalisés sont de montant faible, et ne demandent pas de procé<strong>du</strong>reformalisée. <strong>Les</strong> marchés sous forme d’appel d’offre, important par leur montant, sont restés rares dansnotre échantillon.S’il existe dans <strong>la</strong> plupart des collectivités étudiées un service en charge de <strong>la</strong> commande publique, l’acted’achat dans <strong>la</strong> collectivité dépasse ce seul cadre. Le service de <strong>la</strong> commande publique se chargesouvent de contrôler les procé<strong>du</strong>res d’achats engagées par les autres services, lorsque procé<strong>du</strong>re il y a.Ainsi, <strong>pour</strong> les achats de faible montant, chaque service acheteur peut suivre ses propres critères desélection.L’achat de pro<strong>du</strong>its <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> peut être réalisé par chaque service <strong>pour</strong> ses besoins internesou <strong>pour</strong> les besoins liés à l’organisation d’événements. Ce sera par exemple le service de gestion desécoles, collèges ou lycées (suivant l’échelon de collectivité) <strong>pour</strong> <strong>la</strong> restauration sco<strong>la</strong>ire. <strong>Les</strong> achatspeuvent également être réalisés par un prestataire extérieur, comme c’est souvent le cas <strong>pour</strong> lesmarchés de restauration, mais suivant les critères <strong>du</strong> cahier des charges de <strong>la</strong> prestation de service, quiest bien établi sous le contrôle d’un service de gestion de <strong>la</strong> commande publique.<strong>Les</strong> pro<strong>du</strong>its achetés sont variés et dépendent des contextes d’achat. Boissons et pro<strong>du</strong>its d’épicerie sonttrès courants et sont souvent achetés par chaque service indivi<strong>du</strong>ellement. <strong>Les</strong> vêtements, axe récent dedéploiement de <strong>la</strong> politique d’achats responsables, sont <strong>pour</strong> l’habillement <strong>du</strong> personnel, ou servent depro<strong>du</strong>its promotionnels, sous forme par exemple de t-shirts sérigraphiés. L’achat d’artisanat existe, maisleur destination est limitée aux cadeaux.A Paris, le sous-bureau de <strong>la</strong> commande publique a initié une démarche d’achats d’articles vestimentairesen coton issu <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, <strong>pour</strong> équiper le personnel de <strong>la</strong> direction de <strong>la</strong> propreté et de l’eau.Inscrit dans le cadre de <strong>la</strong> démarche d’Agenda 21, cette innovation, <strong>pour</strong> un marché à bons de commandeen deux lots séparés, <strong>pour</strong> des montants annuels compris entre 170 000 et 680 000 euros, prend <strong>la</strong> formed’un appel d’offre 63 .A <strong>la</strong> Communauté d’Agglomération P<strong>la</strong>ine Centrale Val de Marne, <strong>la</strong> gestion des écoles est de <strong>la</strong>compétence de <strong>la</strong> communauté, qui prend en charge <strong>la</strong> restauration. <strong>Les</strong> achats responsables se sontsurtout développés sur le p<strong>la</strong>n des pro<strong>du</strong>its bios, mais des achats marginaux de dattes <strong>équitable</strong>s sontréalisés. Le montant de ces achats est faible et ce marché ne requiert aucune mise en concurrence etpublicité.En somme, on ne peut pas parler d’une commande publique, mais d’une pluralité d’actes d’achats au seindes collectivités étudiées. La mise en œuvre d’une commande publique <strong>équitable</strong> comme l’adaptation parles opérateurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> de leur offre aux exigences des collectivités territoriales doit tenircompte de cette diversité.B - UNE PRISE DE CONSCIENCE COMMUNE, DES ACTIONS DE SENSIBILISATION INDEPENDANTESLe soutien des collectivités au <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> par <strong>la</strong> sensibilisation est abordé par différents angles :le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, au carrefour de <strong>la</strong> solidarité internationale, <strong>du</strong> développement <strong>du</strong>rable et del’économie sociale et solidaire, interpelle les services correspondants, qui l’incluent dans <strong>la</strong> panoplie deleurs thématiques de sensibilisation tandis que d’autres services, très variés, peuvent prendre l’initiative,sans nécessairement consulter les services <strong>du</strong> développement <strong>du</strong>rable, de l’économie sociale et solidaireou de <strong>la</strong> solidarité internationale. Parfois coexistent plusieurs actions de sensibilisation non coordonnéesdans <strong>la</strong> même collectivité, chaque service ignorant l’action de l’autre. Par exemple, le service del’économie sociale et solidaire mènera une action de sensibilisation en faveur <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> en<strong>la</strong> mettant en re<strong>la</strong>tion à <strong>la</strong> sensibilisation à l’économie sociale et solidaire, le service des affairesinternationales fera de même en liant <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> et solidarité internationale.<strong>Les</strong> occasions correspondent souvent aux deux événements de <strong>la</strong> Semaine de <strong>la</strong> Solidarité Internationaleet de <strong>la</strong> Quinzaine <strong>du</strong> Commerce Equitable. <strong>Les</strong> actions de sensibilisation organisées en dehors de cescadres existent cependant, souvent en partenariat avec une association locale de <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>.Enfin, <strong>la</strong> sensibilisation peut être menée en interne, à direction des agents de <strong>la</strong> collectivité, ou en externe,auprès <strong>du</strong> grand public, des sco<strong>la</strong>ires ou des entreprises.63Délibération <strong>du</strong> Conseil de Paris N° 2007 DALIAT 41 – « Approbation des modalités de <strong>la</strong>ncement et d’attribution d’un appel d’offres ouvert portant sur desmarchés à bons de commande de fourniture des articles vestimentaires en coton <strong>équitable</strong> <strong>pour</strong> les agents de <strong>la</strong> direction de <strong>la</strong> propreté et de l’eau en 2 lotsséparés ».<strong>Les</strong> <strong>réseaux</strong> d’acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> – Exemple de l’Ile-de-France 76


Pour exemple, le Conseil Général de <strong>la</strong> Seine Saint Denis participe à l’organisation <strong>du</strong> forum Equit’Expo,au travers <strong>du</strong> service transversal de soutien à <strong>la</strong> Solidarité Internationale Via le Monde et en partenariatavec Minga et <strong>la</strong> Communauté d’Agglomération P<strong>la</strong>ine Commune. A l’occasion <strong>du</strong> salon, les collégiens <strong>du</strong>département sont invités à l’initiative <strong>du</strong> Conseil Général, qui prépare en amont <strong>la</strong> visite par l’organisationd’actions é<strong>du</strong>catives dans les collèges et l’édition d’outils pédagogiques distribués aux enseignants.A Paris, plusieurs services participent d’une action de sensibilisation au <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>. Par exemplele bureau à l’Insertion et à l’Economie Solidaire, en soutenant le Groupe SOS à l’occasion del’organisation <strong>du</strong> Forum National <strong>du</strong> Commerce Equitable ; mais aussi, étonnamment, <strong>la</strong> direction desespaces verts et de l’environnement, qui a soutenu l’association Max Have<strong>la</strong>ar France dans <strong>la</strong> mise enœuvre de son exposition « Cafetaleros » dans le parc de Bercy à Paris.La sensibilisation, condition essentielle de réalisation <strong>du</strong> projet d’un <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, est donc miseen œuvre couramment dans les collectivités étudiées. Sous des formes variées, et en direction deplusieurs catégories de publics, en interne comme en externe, cette sensibilisation est menée parplusieurs services, soit qu’ils soient impliqués indirectement par leur proximité thématique au <strong>commerce</strong><strong>équitable</strong>, soit que l’initiative soit liée à une sollicitation d’un partenaire ou à une implication spontanéed’un service a priori peu concerné par le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>. L’intérêt <strong>pour</strong> cette forme d’action est doncmarqué mais elle <strong>pour</strong>rait gagner en efficacité par une mutualisation des pratiques entre services et <strong>la</strong>mise en œuvre de projets communs.C - L’APPUI AU SECTEUR AU NORD, FONCTION DE L’ECHELON TERRITORIAL<strong>Les</strong> collectivités peuvent soutenir le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> au Nord, en aidant les organisations impliquéesdans le secteur, entreprises ou associations. <strong>Les</strong> collectivités appuient le secteur au Nord soit sous <strong>la</strong>forme d’une aide directe aux structures, qu’elles soient des entreprises c<strong>la</strong>ssiques, ou aient un statut del’économie sociale, notamment le statut associatif, soit par l’appui à <strong>la</strong> structuration <strong>du</strong> secteur. Cette aideest protéiforme, et dépend des capacités d’action de chaque niveau de collectivité, chaque échelon decollectivité ne pouvant pas mettre en œuvre n’importe quel dispositif d’appui.En matière d’aide aux structures, <strong>la</strong> région est seule habilitée à accorder des aides financières auxentreprises. Plusieurs programmes de subvention peuvent bénéficier à celles <strong>du</strong> secteur <strong>du</strong> <strong>commerce</strong><strong>équitable</strong>, dans le cadre <strong>du</strong> soutien aux entreprises de l’économie solidaire en général.. Des instrumentsont ainsi été développés sous les formes d’emplois aidés, d’un soutien à l’expérimentation, d’un soutienexceptionnel ou d’appels à projet, <strong>pour</strong> des montants al<strong>la</strong>nt jusqu’à 40 000 euros. <strong>Les</strong> autres collectivitésfranciliennes peuvent accorder ces subventions à condition qu’elles signent une convention territorialeavec le Conseil Régional d’Ile-de-France, ce qui est le cas de 3 collectivités au premier semestre 2008. Ilexiste également des dispositifs d’aide au financement des structures, par exemple par un partenariatavec l’association France Active, <strong>pour</strong> l’accès à des apports en fonds propres, des garanties d’empruntsbancaires, etc. Le Conseil Régional d’Ile-de-France apporte également un soutien à l’entreprenariatcoopératif, à savoir les SCIC ou les SCOP, sous forme de subventions de 5 000 ou 10 000 € complétéespar une assistance technique en matière financière.<strong>Les</strong> aides aux associations peuvent être accordées plus généralement par des collectivités de touséchelons. <strong>Les</strong> services impliqués sont dans ce cas tant les services à l’économie sociale et solidaire queles directions des affaires internationales.En dehors <strong>du</strong> financement des structures, l’aide peut prendre <strong>la</strong> forme d’un soutien à <strong>la</strong> structuration <strong>du</strong>secteur. Le plus souvent, cette aide est dirigée vers le secteur de l’économie sociale et solidaire engénéral. Elle peut être une aide à <strong>la</strong> mise en réseau, par exemple en constituant des annuaires locauxdes acteurs de l’économie sociale et solidaire, en subventionnant un programme de recherche (cas <strong>du</strong>Partenariat Institution Citoyen <strong>pour</strong> <strong>la</strong> Recherche et l’Innovation développé par <strong>la</strong> Région). C’est aussil’appui des porteurs de projet, par <strong>la</strong> formation ou le soutien aux couveuses d’entreprises de l’économiesociale et solidaire.Par exemple, à <strong>la</strong> Communauté d’Agglomération de P<strong>la</strong>ine Centrale Val-de-Marne, le service àl’économie sociale et solidaire a mis en p<strong>la</strong>ce un annuaire en ligne des acteurs locaux de l’économiesociale et solidaire et gère un concours à direction des structures de l’économie sociale et solidaire.Intitulé « Travailler autrement », il a permis d’attribuer en 2008 une subvention à une association localeArtisans <strong>du</strong> Monde.Au Conseil Général de l’Essonne, c’est par le biais de <strong>la</strong> solidarité internationale qu’une aide financièreest apportée à une structure <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, là encore une association locale d’Artisans <strong>du</strong>Monde.Le Conseil Régional d’Ile-de-France présente le cas original d’un soutien au <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> au Nord,au-delà <strong>du</strong> territoire de <strong>la</strong> collectivité, inscrit dans <strong>la</strong> politique de coopération décentralisée : encore en<strong>Les</strong> <strong>réseaux</strong> d’acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> – Exemple de l’Ile-de-France 77


phase de <strong>la</strong>ncement, le partenariat avec des collectivités québécoises (province <strong>du</strong> Québec et ville deMontréal) va se développer sur <strong>la</strong> thématique de l’économie sociale et solidaire et donc s’intéresser au<strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>.L’aide au secteur au Nord est donc surtout le fait des services de l’économie sociale et solidaire et desaffaires internationales, les premiers soutenant le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> dans le contexte de leur appui ausecteur de l’économie sociale et solidaire, les seconds dans le cadre de leur soutien aux structures de <strong>la</strong>solidarité internationale ou par des partenariats de coopération décentralisée noués avec d’autrescollectivités <strong>du</strong> Nord sur le thème de l’économie sociale et solidaire. A <strong>la</strong> fonction de bailleur est parfoiscouplée un appui sous forme de formation technique, comme au Conseil Régional d’Ile-de-France, quiapporte une assistance technique aux structures de l’économie sociale.D - L’APPUI AU SECTEUR AU SUD, UN EXEMPLE DE POLITIQUE DE SOLIDARITE INTERNATIONALELe soutien au secteur au Sud est le fait des seuls services de <strong>la</strong> solidarité internationale ou des affairesinternationales, sous <strong>la</strong> forme des politiques de coopération décentralisée ou de soutien aux projets desolidarité internationale des associations <strong>du</strong> territoire.Concernant <strong>la</strong> coopération décentralisée, les exemples sont ici plus rares que <strong>pour</strong> d’autres domaines depolitique publique, car les projets, plus lourds, ne peuvent être menés que par des services aux budgetsconséquents. Ainsi, les seuls exemples relevés l’ont été au Conseil Régional, et dans les deux ConseilsGénéraux étudiés. Nous détaillerons ici les cas de <strong>la</strong> politique de coopération décentralisée <strong>du</strong> ConseilRégional d’Ile-de-France, et l’exemple <strong>du</strong> partenariat entre Figuig, au Maroc, et le Conseil Général deSeine Saint Denis.La coopération décentralisée au Conseil Régional d’Ile-de-France porte sur quinze partenariats, dontquatre font ou feront l’objet de programmes en lien avec le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> : avec Antananarivo, leQuébec, <strong>la</strong> région de Casab<strong>la</strong>nca et <strong>la</strong> région de Kayes au Mali. Dans chacun des partenariats, le<strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> est une des thématiques de coopération, parmi d’autres couvrant tous les domainesde compétences de <strong>la</strong> région. Le soutien à une filière de fonio à Kayes est le programme le plus ancien etle plus abouti. Il s’inscrit dans un partenariat existant depuis 2001 axé sur le développement économique,<strong>la</strong> santé, l’appui institutionnel et <strong>la</strong> formation professionnelle et est soutenu par le Conseil Régional d’Ilede-Franceen partenariat avec le ministère des affaires étrangères, <strong>la</strong> région Nord Pas-de-Ca<strong>la</strong>is, lesSCOP Ethiquable et Le Damier France et l’ONG Le Damier Mali. Le Conseil Régional d’Ile-de-Franceappuie le projet en tant que bailleur, à hauteur de près de 97 k€ <strong>pour</strong> un budget total de près de 274 k€, etpar <strong>la</strong> formation des pro<strong>du</strong>cteurs. Le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> a été choisi comme domaine d’intervention, ausouhait de <strong>la</strong> collectivité partenaire. En effet, en matière de coopération décentralisée, le Conseil Régionald’Ile-de-France construit le partenariat sans imposer de choix d’orientation des projets.Le programme <strong>du</strong> Conseil général de Seine Saint Denis intègre associations de migrants et collectivités<strong>du</strong> pays d’origine dans un projet de création de filières de tapis et de dattes. Le projet a été construit enpartenariat avec le réseau <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> Minga et associe les migrants originaires de <strong>la</strong> Régiondans son financement.L’autre moyen d’appuyer le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> au Sud est par le biais d’un soutien aux projets de<strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> menés par les structures de solidarité internationale au Nord. Le Conseil Régionald’Ile-de-France a ainsi mis en p<strong>la</strong>ce un fonds de soutien aux micro-associations de solidaritéinternationale franciliennes, qui aide à financer des projets au Sud, dont certains seulement relèvent <strong>du</strong><strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>.En conclusion, l’appui au Sud est généralement une prérogative <strong>du</strong> service des affaires internationales, etse matérialise par un soutien direct à <strong>la</strong> création de <strong>la</strong> filière avec comme partenaires, en plus de <strong>la</strong>collectivité locale, des associations, au Nord comme au Sud, des importateurs et des migrants.Ce rapide panorama des types d’actions mises en œuvre par les collectivités de l’échantillon a permisd’esquisser un p<strong>la</strong>n de l’architecture interne de l’action des collectivités, en particulier de <strong>la</strong> superpositiondes divisions en services avec les types actions mises en œuvre. Si les politiques des collectivitéspeuvent paraître manquer de cohérence, elles ont le mérite d’être diverses, et d’approcher le <strong>commerce</strong><strong>équitable</strong> suivant plusieurs angles. L’absence de cohérence interne est donc en partie compensée par <strong>la</strong>complémentarité des actions des différentes collectivités. Nous avons dans un second temps cherché àdélimiter les fondations supportant ces dispositifs, afin de dégager les conditions d’émergence et les freinsà <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce de dispositifs de soutien au <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>.<strong>Les</strong> <strong>réseaux</strong> d’acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> – Exemple de l’Ile-de-France 78


III. ENTRE DECISION POLITIQUE ET IMPLICATION INDIVIDUELLEA - LES CADRES POLITIQUES EXISTANTSLe <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> n’étant que rarement objet d’une politique publique propre, <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce d’uneaction en matière de <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> se fait dans le cadre d’une politique plus générale re<strong>la</strong>tive audéveloppement <strong>du</strong>rable, à l’économie sociale et solidaire ou à <strong>la</strong> solidarité internationale, etc. Nous noussommes donc interrogés sur <strong>la</strong> présence ou non de ces cadres dans les collectivités étudiées. Nousavons tenté de préciser comment ils prenaient en compte le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, quel était le caractèreplus ou moins systématique de l’inclusion <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> dans un domaine de politique donné.Nous les présenterons ici en fonction de leur émergence historique en tant que domaine de compétencedes collectivités territoriales : de <strong>la</strong> solidarité internationale, <strong>la</strong> plus ancienne, au développement <strong>du</strong>rable,et à l’économie sociale et solidaire, en émergence en tant que préoccupation politique.1| La politique de solidarité internationale, cadre exceptionnel d’un soutien au<strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>La mise en œuvre d’une politique de solidarité internationale ou de coopération décentralisée nes’accompagne pas systématiquement d’une action en faveur <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>. En l’occurrence, denombreux types d’action sont possibles à l’international et le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> reste rare dans cechamp d’action politique.La délégation générale aux re<strong>la</strong>tions internationales de <strong>la</strong> ville de Paris (DGRI) a par exemple choisicomme axes de sa politique de solidarité internationale les thèmes de <strong>la</strong> lutte contre le Sida en Afrique, <strong>du</strong>co-développement, de l’accès à l’eau et de l’assainissement. La coopération technique avec descollectivités <strong>du</strong> Sud, ne porte, elle, que sur des domaines à forte technicité où les services de Parispeuvent apporter leur expertise. Le champ de développement de dispositifs en faveur <strong>du</strong> <strong>commerce</strong><strong>équitable</strong> est donc très restreint par ces choix initiaux, ce qui se tra<strong>du</strong>it par <strong>la</strong> quasi absence d’action de <strong>la</strong>part de <strong>la</strong> DGRI dans ce domaine. Des actions peuvent être tout de même mises en œuvre au niveau desmairies d’arrondissement, mais avec des moyens très limités. Nous avons pu constater qu’un intérêtpolitique existait, re<strong>la</strong>yé dans l’administration des mairies d’arrondissement, mais semb<strong>la</strong>nt pâtir d’unmanque de soutien d’une DGRI très centralisée.Dans les Hauts de Seine, <strong>la</strong> récente refonte de <strong>la</strong> politique de solidarité internationale a amené au choixde se concentrer sur <strong>la</strong> lutte contre <strong>la</strong> faim. Quatre projets sont menés de front, en Arménie, auCambodge, au Mali et à Haïti. Ce dernier programme, en partenariat avec Agronomes et VétérinairesSans Frontières, comporte un volet de soutien à des filières de mangue et café <strong>équitable</strong>. Le <strong>commerce</strong><strong>équitable</strong> est donc objet de politique, ici non spécifiquement, mais en tant qu’aspect secondaire d’unobjectif de lutte contre <strong>la</strong> faim.L’inclusion <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> dans le champ des outils de politique de solidarité internationale n’arien d’une évidence. L’existence d’une politique de solidarité internationale est favorable à <strong>la</strong> prise encompte <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, sans en être une garantie. Elle suppose que les représentations portéespar les élus et les techniciens de ce qu’est <strong>la</strong> solidarité internationale incluent le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>comme outil d’une politique de développement2| La prise en compte variable <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> par les politiques dedéveloppement <strong>du</strong>rableDepuis le Rapport Brundt<strong>la</strong>nd de <strong>la</strong> Commission mondiale sur l’environnement et le développement de1987, qui sert de point de repère à l’émergence <strong>du</strong> concept, le développement <strong>du</strong>rable a étéprogressivement intégré par les institutions et les citoyens. <strong>Les</strong> collectivités territoriales participent decette tendance en prenant en compte de façon de plus en plus courante le développement <strong>du</strong>rable dansleur fonctionnement et leurs politiques publiques, en particulier par l’adoption de p<strong>la</strong>ns stratégiques, lesAgendas 21 64 .Le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> est partie intégrante <strong>du</strong> développement <strong>du</strong>rable, qui en s’intéressant à <strong>la</strong> politiquede l’ensemble de <strong>la</strong> collectivité présente un fort potentiel de soutien au <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>. Cependant,le concept voit parfois sa signification ré<strong>du</strong>ite à de seuls impératifs environnementaux. Le <strong>commerce</strong><strong>équitable</strong>, en tant que programme d’action à vocation essentiellement sociale, peut ainsi en être écarté.Dans les collectivités territoriales étudiées, deux acceptions <strong>du</strong> développement <strong>du</strong>rable coexistent, ce qui64« L’Agenda 21 local est à <strong>la</strong> fois un document stratégique et opérationnel : c’est un projet de territoire à long terme qui se décline en programmes d’actionsoumis à une évaluation régulière. Ce projet résulte d’un <strong>la</strong>rge débat organisé à l’échelle de chaque territoire, notamment à l’échelle de l’agglomération ou <strong>du</strong>pays. » (Coméliau, Holec et Piéchaud, 2001)<strong>Les</strong> <strong>réseaux</strong> d’acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> – Exemple de l’Ile-de-France 79


implique une prise en compte très variable <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> dans le cadre des politiques dedéveloppement <strong>du</strong>rable. D’autre part, <strong>la</strong> prise en compte de <strong>la</strong> dimension sociale <strong>du</strong> développement<strong>du</strong>rable ne présume pas d’une politique en matière de <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, mais peut ne porter que surd’autres domaines d’engagements, comme par exemple l’insertion par l’activité économique.L’Agenda 21 de l’Essonne est représentatif d’une démarche prenant en compte le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>.Lancé <strong>pour</strong> sa première phase en 2002, il a d’emblée inclut le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> comme axe dedéveloppement de <strong>la</strong> politique de développement <strong>du</strong>rable. Des engagements ont été pris en faveur de <strong>la</strong>commande publique <strong>équitable</strong> et ont fait l’objet d’une évaluation.Mais <strong>la</strong> prise en compte <strong>du</strong> volet social <strong>du</strong> développement <strong>du</strong>rable ne garantit pas seule <strong>la</strong> bonneintégration <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> dans les politiques publiques. Dans une collectivité étudiée, le chargéde mission Agenda 21 interrogé considère que les actions possibles <strong>pour</strong> inclure le développement<strong>du</strong>rable dans les politiques publiques de <strong>la</strong> collectivité sont trop nombreuses et ne peuvent toutes êtremises en p<strong>la</strong>ce. Il s’agit donc de les sélectionner en fonction de leur efficacité, qui dépend de leurréception supposée par les services de <strong>la</strong> communauté. Il considère que les mesures à caractèreenvironnemental sont les mieux à même d’être intégrées dans les habitus administratifs, notammentgrâce à <strong>la</strong> forte diffusion <strong>du</strong> discours écologiste. <strong>Les</strong> dispositifs tels que ceux visant à l’achat de pro<strong>du</strong>its<strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> sont donc <strong>pour</strong> le moment p<strong>la</strong>cés au second p<strong>la</strong>n. Ceci se constate alors dans lesmodalités de formu<strong>la</strong>tion des appels d’offre, qui mettent sur le même p<strong>la</strong>n bio et <strong>équitable</strong>, d’où un choixde fournisseur indifférent de l’un ou l’autre type.De l’autre côté <strong>du</strong> spectre d’étude, certaines démarches d’Agendas 21 peuvent omettre toute référence à<strong>la</strong> dimension sociale <strong>du</strong> développement <strong>du</strong>rable. Ce cas se rencontre dans notre échantillon, comme dansle département des Hauts-de-Seine. L’Agenda 21, ayant fait l’objet d’une délibération <strong>du</strong> conseil généralen 2003 65 , a permis de fixer vingt actions <strong>pour</strong> le développement <strong>du</strong>rable. Parmi ces engagements, <strong>la</strong>« mise en œuvre d’une commande publique éco-responsable ». Cet engagement s’est tra<strong>du</strong>it par <strong>la</strong>formation de deux groupes de travail sur <strong>la</strong> commande publique éco-responsable, avec <strong>la</strong> préfecture desHauts-de-Seine, l’agence de l’environnement et de <strong>la</strong> maîtrise de l’énergie (ADEME), l’association deséco-maires et quinze collectivités territoriales <strong>du</strong> département. Ces groupes ont é<strong>la</strong>boré en 2004 un guideméthodologique « Encourager une commande publique éco-responsable dans les Hauts-de-Seine ». Il n’yest nulle part fait mention <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>. En contactant le service de <strong>la</strong> commande publique, onremarque que si l’éco-responsabilité est bien intégrée dans les critères de sélection des offres, ce n’estpas le cas <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>. De même, le service en charge de <strong>la</strong> restauration des collèges neréalise pas d’achats de pro<strong>du</strong>its <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>.Ainsi, le développement <strong>du</strong>rable, s’il est un cadre conceptuel <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, n’en est pas <strong>pour</strong>autant un véhicule systématique. <strong>Les</strong> politiques cadre des démarches de développement <strong>du</strong>rable, lesAgendas 21, ne sont pas toujours porteurs d’une dimension sociale, et lorsque c’est le cas, le <strong>commerce</strong><strong>équitable</strong> peut en être exclu, par exemple au profit d’autres outils à caractère social, ou par <strong>la</strong> sélectiondes mesures jugées les plus efficaces.3| L’économie sociale et solidaire, cadre d’une prise en compte systématique <strong>du</strong><strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>L’économie sociale et solidaire n’est pas un secteur économique récent, l’économie sociale s’étantdéveloppée dès le dix-neuvième siècle. Cependant, les pouvoirs publics ne s’y intéressent que depuispeu, en particulier depuis les années 1990 dans des collectivités territoriales pilotes. Aujourd’hui encore,l’économie sociale et solidaire est bien moins souvent domaine de politique publique que ledéveloppement <strong>du</strong>rable ou <strong>la</strong> solidarité internationale. Mais, dans les collectivités de l’échantillon, le<strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, en tant que secteur très visible de l’économie solidaire, fait toujours l’objet d’unepolitique spécifique au sein de <strong>la</strong> politique d’économie sociale et solidaire. A l’inverse des champs de <strong>la</strong>solidarité internationale ou <strong>du</strong> développement <strong>du</strong>rable, les représentations re<strong>la</strong>tives à l’économie socialeet solidaire y incluent de façon systématique le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, ce qui se tra<strong>du</strong>it en actes parl’adoption de dispositifs consacrés.Ainsi, au Conseil Régional d’Ile-de-France, une délibération-cadre fixe les modalités <strong>du</strong> soutien de <strong>la</strong>région au <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> en le définissant comme l’un des six secteurs prioritaires de sa politique enmatière d’économie sociale et solidaire.<strong>Les</strong> politiques en matière de solidarité internationale, de développement <strong>du</strong>rable ou d’économie sociale etsolidaire ne sont pas des cadres uniformes de l’action des collectivités territoriales en soutien au65Source : Comité 21.<strong>Les</strong> <strong>réseaux</strong> d’acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> – Exemple de l’Ile-de-France 80


<strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>. La prise en compte <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, aléatoire dans les politiques desolidarité internationale, est quasiment systématique dans les politiques d’économie sociale et solidaire.Concernant les politiques de développement <strong>du</strong>rable, <strong>la</strong> prise en compte <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> y esttrès fluctuante suivant les définitions dont font part les élus et techniciens <strong>du</strong> développement <strong>du</strong>rable et deson périmètre. Mais les politiques publiques seules ne peuvent expliquer <strong>la</strong> mise en œuvre de dispositifs.Dans certains cas, le re<strong>la</strong>is au sein de l’administration peut faire défaut, par exemple en étant confié à untechnicien peu impliqué, parfois doté d’autres compétences. L’implication des indivi<strong>du</strong>s se révèle ainsidécisive dans <strong>la</strong> mise en œuvre des actions de soutien au <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>.B - LA PLACE DE L’INDIVIDU : QUAND L’ACTION PUBLIQUE PASSE PAR L’IMPLICATIONPERSONNELLEDans les collectivités, comme dans d’autres institutions, les règles et habitudes institutionnellesdéterminent en partie l’action de l’organisation. Mais il ne faut pas <strong>pour</strong> autant ignorer le rôle des acteursindivi<strong>du</strong>els dans <strong>la</strong> formation de l’action publique.Cette implication joue à plusieurs niveaux : d’abord à celui de <strong>la</strong> prise de décision politique. Pour devenirune politique publique, un problème politique doit être inscrit sur l’agenda politique et faire l’objet d’unedécision. Cette remontée vers les organes décisionnaires ne se fait pas sans portage, et il peut provenird’une implication particulière d’un élu. Nous soulignons l’importance de <strong>la</strong> volonté politique d’un ouplusieurs élus <strong>pour</strong> faire émerger le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> comme domaine de politique publique et amenerà une délibération à son sujet, mais n’avons pu <strong>pour</strong> des raisons de temps et de moyens de recherche,explorer cette facette de l’implication indivi<strong>du</strong>elle en matière de <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>.La politique une fois adoptée, sa mise en œuvre va passer par le filtre de l’administration. Là aussi, lepassage de <strong>la</strong> décision à l’action publique dépend de l’implication personnelle, cette fois <strong>du</strong> technicienconcerné. Il faut tout d’abord que l’action soit bien confiée à un ou plusieurs techniciens. Par <strong>la</strong> suite, <strong>la</strong>déclinaison de <strong>la</strong> décision politique dans <strong>la</strong> pratique peut se faire de façon variable. : le ou les techniciensresponsables jouissent d’un pouvoir discrétionnaire dans <strong>la</strong> mise en œuvre des dispositifs. Le processusde mise en p<strong>la</strong>ce d’une action publique est en outre en partie itératif : les élus ne décident pas à l’abri detoute influence extérieure. <strong>Les</strong> techniciens de l’administration, par leur expertise, peuvent participer àorienter les décisions.Par exemple, dans une collectivité étudiée, le service à l’économie sociale et solidaire a également àcharge <strong>la</strong> gestion des programmes d’insertion des bénéficiaires des minima sociaux. Or il s’avère quel’intérêt des techniciens penche plutôt vers le domaine de l’insertion que vers celui de l’économie socialeet solidaire. L’action menée est dès lors peu approfondie en matière de <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, et le servicene prend pas en charge l’incitation des autres services. Dans une autre collectivité, à l’inverse, letechnicien à l’économie sociale et solidaire, intéressé par le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, prend l’initiative desensibiliser les autres services au <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, notamment <strong>pour</strong> leurs achats propres.Dans un autre cas, le technicien en charge de <strong>la</strong> coopération décentralisée a mis en p<strong>la</strong>ce des actions desensibilisation dans le cadre de <strong>la</strong> semaine de <strong>la</strong> solidarité internationale et procède à des achats depro<strong>du</strong>its <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> <strong>pour</strong> les buffets. Cette démarche s’inscrit dans <strong>la</strong> politique de solidaritéinternationale en général, mais n’existe que grâce à <strong>la</strong> volonté particulière <strong>du</strong> technicien.La prise d’initiative ou l’approfondissement de <strong>la</strong> politique publique existante par les indivi<strong>du</strong>s ne dépendpas que de leur domaine de spécialité. On suppose que l’économie sociale et solidaire, le développement<strong>du</strong>rable et <strong>la</strong> solidarité internationale constituent des cadres conceptuels <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>,favorables à l’émergence d’une initiative des techniciens. Mais on constate que <strong>la</strong> volonté des techniciensest dans ces cas très variables, avec dans le cas de l’économie sociale et solidaire deux exemplesopposés mentionnés plus hauts. De même en matière de solidarité internationale : dans une collectivitéde l’échantillon, un technicien <strong>du</strong> service affaires internationales, à une fonction de soutien plusqu’opérationnelle, a pu mettre en œuvre une initiative de sensibilisation auprès des agents. Enfin, audéveloppement <strong>du</strong>rable, certains sont pleinement porteurs de l’action en faveur <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>,alors que d’autres mettent l’accent sur l’écologie.L’initiation de dispositifs par les techniciens est particulièrement répan<strong>du</strong>e sous <strong>la</strong> forme d’achats depro<strong>du</strong>its <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>.La sensibilisation en interne passe par exemple par l’organisation de réunions entre services <strong>pour</strong>l’incitation à des achats <strong>équitable</strong>s. Parfois le parcours personnel est déterminant dans l’implication <strong>du</strong>technicien, et <strong>la</strong> participation à une association de <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> peut amener à prolonger le travailmilitant dans le contexte professionnel, en cherchant à convaincre les autres agents territoriaux.<strong>Les</strong> <strong>réseaux</strong> d’acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> – Exemple de l’Ile-de-France 81


Il n’y a pas à proprement parler de politique <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> dans les collectivités territorialesétudiées. La mise en œuvre de dispositifs d’appui au <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> dépend alors d’autresdomaines de politiques publiques. Mais quand bien même des domaines de politique comme <strong>la</strong> solidaritéinternationale ou le développement <strong>du</strong>rable sont investis par <strong>la</strong> collectivité, ce<strong>la</strong> n’est pas une garantieque le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> fera l’objet de dispositifs. La décision d’un soutien au <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> estfonction des représentations de ce domaine de compétence portées par <strong>la</strong> collectivité, suivant que le<strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> est considéré comme faisant partie ou non <strong>du</strong> développement <strong>du</strong>rable et de <strong>la</strong>solidarité internationale. Au contraire, les politiques d’économie sociale et solidaire sont biensystématiquement des cadres à <strong>la</strong> mise en œuvre d’un soutien au <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>. Mais on constatepar ailleurs que l’action des collectivités ne se situe pas seulement dans le cadre de politiques publiques.L’émergence de l’action dépend en partie de l’implication des indivi<strong>du</strong>s. D’abord des élus, <strong>pour</strong> que lesoutien au <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> fasse l’objet d’une décision politique à proprement parler. Egalement destechniciens, qui peuvent approfondir ou non en direction <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> une politique sectorielle ;ou qui peuvent prendre l’initiative, en dehors de toute politique explicite, de soutenir le <strong>commerce</strong><strong>équitable</strong>, par exemple en organisant des manifestations de sensibilisation, ou en réalisant des achats, enparticulier ceux dont le montant est inférieur au seuil de publicité.IV. LES FREINS : LES COLLECTIVITES TERRITORIALES DOIVENTS’ADAPTER AU COMMERCE EQUITABLE … ET RECIPROQUEMENTA - LE MANQUE DE COORDINATION DES POLITIQUES PUBLIQUES, FACTEUR D’INEFFICACITEPeuvent coexister dans <strong>la</strong> même collectivité plusieurs politiques sectorielles abordant <strong>la</strong> problématique <strong>du</strong><strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, sans <strong>pour</strong> autant qu’une politique de <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> puisse être définie. Enceci, le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> est une politique publique introuvable, car non coordonnée. Le <strong>commerce</strong><strong>équitable</strong> gagnerait à faire l’objet d’une unique délibération-cadre déterminant dans chaque domaine decompétence de <strong>la</strong> collectivité des engagements concrets. Des politiques cadres existent déjà en <strong>la</strong> formedes Agendas 21 et des politiques d’économie sociale et solidaire, mais elles n’incluent le <strong>commerce</strong><strong>équitable</strong> que de façon très parcel<strong>la</strong>ire. L’Agenda 21 fait généralement référence au <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>en situant <strong>la</strong> collectivité en position d’acheteur uniquement, ignorant ses rôles de bailleur, prescripteur,etc. L’économie sociale et solidaire ne situe le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> que dans son propre champ deréférence, abordant peu les possibilités offertes par les programmes de coopération décentralisée et lesaides apportées aux organisations de solidarité internationale.Au niveau de l’administration, que l’action en faveur <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> soit d’initiative politique outechnicienne, on constate <strong>la</strong> présence récurrente d’un même déficit d’information et de synergie. Sur demêmes types d’action, les services ignorent leur implication respective.Au contraire, Via le Monde, service <strong>du</strong> Conseil Général de Seine Saint Denis, met en œuvre des actionspédagogiques en partenariat avec <strong>la</strong> direction des actions de formation, en préparant en amont <strong>la</strong>participation des sco<strong>la</strong>ires au forum Equit’Expo, qu’ils co-organisent, et en éditant un livret pédagogique<strong>pour</strong> les enseignants. Il y a une véritable capitalisation menée autour d’un dispositif donné, qui permet decombiner une dimension de soutien à <strong>la</strong> structuration <strong>du</strong> secteur <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, desensibilisation <strong>du</strong> grand public et d’action é<strong>du</strong>cative à direction des publics sco<strong>la</strong>ires, en coordinationentre plusieurs services d’une même collectivité, et entre plusieurs collectivités, à savoir <strong>la</strong> Communautéd’Agglomération P<strong>la</strong>ine Commune et le Conseil Général de Seine Saint Denis.B - LA DIFFICILE CONQUETE DES MARCHES PUBLICS<strong>Les</strong> freins à l’achat public <strong>équitable</strong> évoqués par les collectivités rencontrées sont notamment le manqued’offre, le risque d’infructuosité des marchés et le risque juridique que peut constituer une discriminationdes fournisseurs. Or l’infructuosité ou le risque juridique (qu’un fournisseur rejeté este en justice)n’existent que dans le cas d’une procé<strong>du</strong>re d’appel d’offre. Pour les achats sans procé<strong>du</strong>re spécifique, lesfreins tiennent plutôt de <strong>la</strong> motivation des services. Ces achats sont certes de montant faible, mais ilsconstituent à ce jour, <strong>du</strong> fait de leur simplicité, les achats de pro<strong>du</strong>its <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> les pluscourants dans les collectivités, réalisés dans toutes les collectivités de l’échantillon. Ils peuvent constituerun précédent au sein d’une collectivité, et par leur potentiel de sensibilisation, aider au passage à uneéchelle supérieure.La systématisation de l’achat public <strong>équitable</strong> passe donc peut-être autant par l’attention donnée auxméthodes de rédaction des marchés et l’appui à l’adaptation de l’offre, que par <strong>la</strong> facilitation <strong>du</strong> travail encommun au sein des collectivités. <strong>Les</strong> initiatives existantes gagneraient à être coordonnées etsystématisées. Par exemple, les achats <strong>pour</strong> <strong>la</strong> consommation propre des services, de faibles montants,sont soumis à des procé<strong>du</strong>res simplifiées et ne sont donc pas confrontés aux difficultés juridiques propres<strong>Les</strong> <strong>réseaux</strong> d’acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> – Exemple de l’Ile-de-France 82


aux marchés par appels d’offre. Ils peuvent être plus facilement ren<strong>du</strong>s systématiques et constituer uneporte d’entrée de <strong>la</strong> collectivité vers <strong>la</strong> consommation responsable, un moyen d’apprentissage préa<strong>la</strong>ble àune mise en œuvre à grande échelle de l’achat responsable.Nous soulignons enfin certaines limites inhérentes à ce travail. En premier lieu, le nombre de collectivitésétudiées par rapport à <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion (près de 1 400 collectivités en Ile-de-France) ne permet pas <strong>la</strong>représentativité de l’échantillon. D’autre part, certaines caractéristiques des collectivités sont peureprésentées : ainsi le nombre de collectivités de droite est faible en comparaison de celles de gauche.Enfin, nous avons rencontré essentiellement des techniciens, alors que le point de vue des élus estimportant <strong>pour</strong> comprendre le mode d’émergence des politiques publiques. Ces limites, qui s’expliquentpar les contraintes de temps et de moyens propres à ce travail de recherche, appellent un travaild’approfondissement, à partir des pistes dégagées ici.BIBLIOGRAPHIE DE SECTIONBONNARD Maryvonne (coordonné par), 2005, <strong>Les</strong> collectivités territoriales en France, La Documentation Française, Paris.COMELIAU Laurent, HOLEC Nathalie et PIECHAUD Jean-Pierre, 2001, Approche territoriale <strong>du</strong> développement <strong>du</strong>rable. Repères<strong>pour</strong> l’Agenda 21 local, Association 4D, Paris.MENY Yves et THOENIG Jean-C<strong>la</strong>ude, 1989, Politiques publiques, PUF, ParisRecensement, entretiens et analyse réalisés en 2008-2009 par :Camylle PERNELLE, Master « Action internationale des collectivités territoriales » - IRIS Institut desRe<strong>la</strong>tions Internationales et StratégiquesAlexandre RAFIN, Master en Management – EDHECEncadrement scientifique :Eugénie MALANDAIN, Doctorante en sociologie – IEDESMichel DAMIAN, Professeur d’Economie à l’Université de Grenoble – IEDESEncadrement technique :Emilie SARRAZIN-BITEYE, chargée <strong>du</strong> projet PICRI Commerce Equitable<strong>Les</strong> <strong>réseaux</strong> d’acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> – Exemple de l’Ile-de-France 83


CONCLUSIONL’étude des <strong>réseaux</strong> d’acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> en Ile-de-France permet de mieux comprendre <strong>la</strong>réalité de ce secteur dans les années 2000.Dès son origine, cette étude a choisi d’adopter une conception é<strong>la</strong>rgie de ce qu’est un acteur <strong>du</strong><strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> : celui-ci désigne, au delà des seuls opérateurs spécialisés, toute structure impliquéedans <strong>la</strong> construction, le développement et <strong>la</strong> diffusion <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>. Cette définition a permisd’intégrer dans l’étude les parties prenantes <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> au sens <strong>la</strong>rge. L’objectif de <strong>la</strong>recherche était de rendre compte de <strong>la</strong> diversité des représentations portées par les acteurs <strong>du</strong><strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, tout en tenant compte de leurs re<strong>la</strong>tions et <strong>du</strong> rôle de chacun dans <strong>la</strong>diffusion <strong>du</strong> concept. Soixante dix-huit entretiens qualitatifs ont été menés auprès de six types d’acteursdifférents : les acteurs spécialisés, les entreprises conventionnelles, les distributeurs de pro<strong>du</strong>itsbiologiques, les associations de consommateurs, les organisations de solidarité internationale et lescollectivités territoriales.I. DES ACTEURS DU COMMERCE EQUITABLE D’HORIZONS DIVERSEn Ile-de-France, cent trente-huit acteurs spécialisés en <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> ont été identifiés. Ilsassument trois fonctions permettant le développement économique <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> : importation,distribution et sensibilisation. Alors que certains sont généralistes, d’autres se spécialisent sur certainesfilières : alimentaire, artisanat, mode ou cosmétique. <strong>Les</strong> structures plus anciennes participent à des<strong>réseaux</strong> formalisés comme <strong>la</strong> P<strong>la</strong>te-<strong>Forme</strong> <strong>pour</strong> le Commerce Equitable ou Minga. Certaines structures àl’exemple de <strong>la</strong> Fédération Artisans <strong>du</strong> Monde ou de l’association Max Have<strong>la</strong>ar France animent leurpropre réseau de bénévoles.La notoriété croissante <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> dans le grand public à partir des années 2000motive de plus en plus d’entrepreneurs en quête d’une activité éthique et responsable. De ce fait,en 2008, de nombreux acteurs franciliens spécialisés en <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> sont des structures crééesrécemment qui représentent un nombre encore modeste d’emplois. De profil plus souvent commercial quemilitant, ces créateurs développent des activités d’importation, de transformation et/ou de distribution depro<strong>du</strong>its issus <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>. Certains se revendiquent <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, alors qued’autres préfèrent utiliser le terme moins spécialisé de « responsable ». Ces jeunes structuresentrepreneuriales et associatives sont peu intégrées dans les <strong>réseaux</strong> formalisés spécialisés en<strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> existants : en 2008, presque <strong>la</strong> moitié des acteurs spécialisés en <strong>commerce</strong><strong>équitable</strong> franciliens est indépendante de tout réseau formalisé. Elles revendiquent souvent leurappartenance au secteur de l’économie sociale et solidaire et s’appuient sur les acteurs de <strong>la</strong> financesolidaire <strong>pour</strong> développer leurs activités.<strong>Les</strong> acteurs spécialisés ne sont pas les seules structures impliquées dans <strong>la</strong> construction, ledéveloppement et <strong>la</strong> diffusion <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>. En Ile-de-France, plusieurs centainesd’associations et d’entreprises non spécialisées dans le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> participent directement ouindirectement à <strong>la</strong> construction et/ou à <strong>la</strong> diffusion <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> par différents moyens. Laplupart d’entre eux présentent des liens avec quatre secteurs voisins <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> : <strong>la</strong> solidaritéinternationale, l’environnement, <strong>la</strong> responsabilité sociétale des entreprises et l’économie sociale etsolidaire.Depuis l’apparition <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> en France dans les années 1970 puis sondéveloppement dans les années 1990, de nombreux acteurs de <strong>la</strong> société civile, notamment desorganisations de solidarité internationale et des associations de consommateurs, participent à <strong>la</strong>construction <strong>du</strong> concept en appuyant les acteurs spécialisés dans leur structuration et en menant desactions de p<strong>la</strong>idoyer auprès des pouvoirs publics. Ils aident également à <strong>la</strong> diffusion <strong>du</strong> <strong>commerce</strong><strong>équitable</strong> auprès <strong>du</strong> grand public par des actions de sensibilisation et d’é<strong>du</strong>cation au <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>.Dans les années 2000, de plus en plus d’acteurs marchands non spécialisés contribuent à l’essor<strong>du</strong> secteur. Le développement de <strong>la</strong> présence des pro<strong>du</strong>its de <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> dans <strong>la</strong> grandedistribution, mais aussi chez les distributeurs de pro<strong>du</strong>its biologiques, permet <strong>la</strong> multiplication des pointsde vente et <strong>la</strong> diffusion des pro<strong>du</strong>its auprès <strong>du</strong> grand public. <strong>Les</strong> grandes surfaces complètent leur activitéde distribution avec une activité de plus en plus importante de créations de marques propres de pro<strong>du</strong>itsissus <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>. Elles mènent également avec des activités de p<strong>la</strong>idoyer auprès despouvoirs publics <strong>pour</strong> construire un cadre juridique favorable au développement de leur activité en<strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>. Enfin, des PME importatrices et distributrices de l’économie conventionnelle trouventdans le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> un nouveau segment de marché à développer, et permettent d’accroître le<strong>Les</strong> <strong>réseaux</strong> d’acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> – Exemple de l’Ile-de-France 84


nombre de filières, par exemple dans le textile, et <strong>la</strong> diversité des modes de distribution, comme <strong>la</strong>restauration hors domicile.Dans ce contexte, les collectivités territoriales franciliennes développent des politiques de soutienau <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> de plus en plus structurées, principalement via les services de l’économiesociale et solidaire, de <strong>la</strong> solidarité internationale et <strong>du</strong> développement <strong>du</strong>rable. Ce sont d’une part desacheteurs importants dont l’exemp<strong>la</strong>rité permet une diffusion accrue <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>. Ellesagissent d’autre part indirectement dans le développement <strong>du</strong> concept sur leur territoire : elles appuientles actions des acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> locaux en tant que bailleurs de fonds et peuvent êtreamenées à jouer le rôle de régu<strong>la</strong>teur <strong>du</strong> secteur.II. DES REPRESENTATIONS ENTRE RADICALISME ET REFORMISMEEn France, le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> a su se construire en cohérence avec les autres concepts de <strong>la</strong>consommation responsable apparue dans les années 1990 et consolidée dans les années 2000 : <strong>la</strong>préoccupation environnementale, et l’économie sociale et solidaire. <strong>Les</strong> entretiens menés auprès desacteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> franciliens confirment que le lien entre <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> etenvironnement d’une part, et le lien entre <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> et économie sociale et solidaired’autre part, sont de plus en plus plébiscités.La diversité des représentations <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> repose également sur des perceptionsdifférentes par les acteurs de deux concepts voisins <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> : <strong>la</strong> solidaritéinternationale et <strong>la</strong> responsabilité sociétale des entreprises. Plus précisément, le lien, <strong>pour</strong>tanthistorique, <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> avec <strong>la</strong> solidarité internationale est plébiscité par les organisations de<strong>la</strong> solidarité internationale et les acteurs spécialisés les plus anciens alors qu’il n’est pas perçu par <strong>la</strong>majorité des nouveaux acteurs marchands <strong>du</strong> secteur. D’autre part, le lien <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> à <strong>la</strong>responsabilité sociétale des entreprises est fortement questionné par les acteurs de <strong>la</strong> société civile, maiscautionné comme porte d’entrée <strong>pour</strong> les entreprises conventionnelles.Finalement, l’étude de <strong>la</strong> diversité des représentations <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> révèle une réalité : lesacteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> rassemblent aujourd’hui à <strong>la</strong> fois des militants d’un systèmeéconomique alternatif social et solidaire, comme des partisans d’une économie conventionnellequi intègrerait de plus en plus <strong>la</strong> dimension éthique que porte le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>.Dans les représentations de type alternatif ou radical 66 , le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> doit se construire commeun système économique différent de l’actuel et ne peut exister sans action politique conjointe. <strong>Les</strong> acteurs<strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> qui portent et diffusent cette représentation cherchent à construire un autremodèle économique, et de ce fait, contestent et s’opposent totalement au système économique en p<strong>la</strong>ce.Ils refusent par exemple toute implication dans le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> des acteurs de <strong>la</strong> grandedistribution dans leurs modalités actuelles. Ils souhaitent également <strong>la</strong> généralisation <strong>du</strong> <strong>commerce</strong><strong>équitable</strong> aux échanges dans les pays <strong>du</strong> Nord.Dans les représentations de type réformiste, le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> est avant tout un outil dedéveloppement et d’appui aux pro<strong>du</strong>cteurs <strong>du</strong> Sud, qui propose des axes d’amélioration <strong>du</strong> systèmeéconomique actuel en lui redonnant une dimension sociale. Même si <strong>pour</strong> certains, il ne sera toujoursqu’un segment de marché, <strong>pour</strong> d’autres, il a vocation à réinterroger le système existant, en s’appuyantsur le concept de responsabilité sociétale de l’entreprise. La plupart des acteurs qui portent ce type dereprésentation ambitionnent donc de prouver qu’il est possible d’être performant, y compris à court terme,selon les critères économiques conventionnels, tout en adoptant des pratiques sociales, économiques - etsouvent environnementales - plus responsables. C’est donc <strong>la</strong> réussite économique et <strong>la</strong> diffusion <strong>du</strong><strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> au sein des acteurs économiques conventionnels qui en fera un facteur réel detransformation <strong>du</strong> système actuel.Parmi les acteurs spécialisés en <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, les divergences de points de vue entre les <strong>réseaux</strong>spécialisés de <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> nationaux peuvent s’expliquer en partie par cette dichotomie entrevision radicale et vision réformiste. <strong>Les</strong> têtes de <strong>réseaux</strong> portent des représentations <strong>du</strong> <strong>commerce</strong><strong>équitable</strong> tranchées qui divergent sur deux questions: <strong>la</strong> présence de <strong>la</strong> grande distribution dans le<strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, et le périmètre des échanges que peut recouvrir le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, avecnotamment <strong>la</strong> question <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> Nord-Nord. La Fédération Artisans <strong>du</strong> Monde et Mingaportent une vision plutôt radicale <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> 67 . Au contraire, de par son action dedéveloppement <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> auprès des entreprises conventionnelles, l’association Max66Au sens d’une organisation, d’une attitude visant à des réformes profondes de <strong>la</strong> société. (Petit Larousse, 2007)67Cependant, le 15 décembre 2008, l’association Minga a publié sur son site un nouveau texte de positionnement dans lequel elle souhaite ne plus associer sonactivité au terme « <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> » mais à « l’économie <strong>équitable</strong> ». Source juin 2009 : www.minga.net.<strong>Les</strong> <strong>réseaux</strong> d’acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> – Exemple de l’Ile-de-France 85


Have<strong>la</strong>ar France se positionne comme réformiste. Dans ce contexte, <strong>la</strong> P<strong>la</strong>te-<strong>Forme</strong> <strong>pour</strong> le CommerceEquitable semble être un lieu de rencontre <strong>pour</strong> les <strong>réseaux</strong> et les opérateurs spécialisés qui portent desreprésentations différentes mais qui sont ouverts au dialogue et aux col<strong>la</strong>borations. Ainsi, elle regroupe <strong>la</strong>Fédération Artisans <strong>du</strong> Monde et d’autres acteurs historiques qui revendiquent une vision radicale <strong>du</strong><strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, aux côtés de l’association Max Have<strong>la</strong>ar France et d’entreprises responsables quien portent une vision réformiste. Ces acteurs se rencontrent ainsi dans ce collectif <strong>pour</strong> tenter deconstruire des partenariats nationaux et faire reconnaître le concept dans sa diversité.De par <strong>la</strong> variété des profils et des histoires de leurs dirigeants, les représentations <strong>du</strong> <strong>commerce</strong><strong>équitable</strong> sont davantage nuancées chez les opérateurs spécialisés locaux d’Ile-de-France, qu’ils soientmembres de <strong>réseaux</strong> nationaux ou structures indépendantes. Le compromis se fait à un degré plus oumoins important selon l’histoire même de <strong>la</strong> structure et <strong>la</strong> représentation <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> de sessa<strong>la</strong>riés ou bénévoles. Par exemple, <strong>pour</strong> assurer le développement de leur activité et leur pérennisationface à une forte concurrence, <strong>la</strong> plupart des acteurs spécialisés proches d’une vision radicale se sontengagés dans une démarche de professionnalisation et de rationalisation économique de leur activité : ilsutilisent de plus en plus les outils de l’économie conventionnelle. La difficulté est alors de concilier« militantisme » et « professionnalisation ».<strong>Les</strong> deux représentations existent également chez les acteurs non spécialisés rencontrés, que ce soit lesentreprises conventionnelles, les distributeurs bios, les associations de consommateurs et lesorganisations de solidarité internationale. Pour leur part, <strong>la</strong> grande majorité des élus politiques rencontréssemble ne pas prendre position et appuyer le développement <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> sur leur territoiredans <strong>la</strong> diversité de ses représentations.III. DES ACTIONS POLITIQUES, COMMERCIALES ET EDUCATIVESCONDITIONNANT LA DIFFUSION DU CONCEPTSelon leur activité, les acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> rencontrés en Ile-de-France jouent un rôle différentdans <strong>la</strong> diffusion des différentes représentations <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>. <strong>Les</strong> acteurs spécialisés etplusieurs organisations de solidarité internationales, des associations de consommateurs etcertains opérateurs biologiques sont des militants <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> : ils participent nonseulement à <strong>la</strong> diffusion d’une représentation, radicale ou réformiste, mais également à <strong>la</strong>construction générale <strong>du</strong> concept. Pour ce<strong>la</strong>, ils complètent leur activité commerciale ou leur action desensibilisation d’actions politiques, de p<strong>la</strong>idoyer auprès des pouvoirs publics. Quelle que soit leurreprésentation <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, ces acteurs militants se rencontrent dans les instances visant àfixer le cadre juridique et <strong>la</strong> définition <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> en France, que ce soit au sein de l’AFNor en2001-2006, ou dans <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce de <strong>la</strong> Commission Nationale <strong>du</strong> Commerce Equitable depuis 2007.En revanche, de nombreux acteurs non spécialisés, marchands ou issus de <strong>la</strong> société civile, nemènent pas d’action politique et agissent uniquement dans <strong>la</strong> diffusion d’une représentation <strong>du</strong><strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, que ce soit par leur activité de commercialisation de pro<strong>du</strong>its <strong>équitable</strong>s oupar leur action de sensibilisation <strong>du</strong> grand public.Parmi les acteurs non spécialisés rencontrés, <strong>la</strong> représentation radicale <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> fédèreplusieurs distributeurs biologiques, certaines associations de consommateurs et des organisations desolidarité internationale proches d’un positionnement militant. Souvent partenaires de <strong>la</strong> Fédération oud’associations franciliennes Artisans <strong>du</strong> Monde <strong>pour</strong> <strong>la</strong> sensibilisation <strong>du</strong> grand public et <strong>la</strong>commercialisation des pro<strong>du</strong>its, ces structures se sentent très impliquées dans <strong>la</strong> construction <strong>du</strong><strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> : elles ont une bonne connaissance des questions de débat. Chez les distributeursbiologiques, <strong>la</strong> commercialisation de pro<strong>du</strong>its à <strong>la</strong> fois biologiques et <strong>équitable</strong>s se complète d’une activitéde p<strong>la</strong>idoyer menée par leurs représentants nationaux. Par ailleurs, plusieurs organisations de solidaritéinternationale, et dans une moindre mesure certaines associations de consommateurs portent une visionradicale et sont militantes. Elles se sont impliquées dans <strong>la</strong> structuration et le développement des acteursspécialisés <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> dans les années 1990. Ces dernières années, elles se retirent de cesinstances de décision <strong>pour</strong> se concentrer sur <strong>la</strong> participation au dialogue institutionnel avec les pouvoirspublics en vue de garantir <strong>la</strong> conservation des valeurs initiales <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> dans les cadresjuridiques nationaux et internationaux qui se construisent. Toutes ces organisations militantes participentainsi de manière importante au côté de têtes de <strong>réseaux</strong> spécialisés aux cadres de dialogue qui leur sontouverts avec les pouvoirs publics et dans les <strong>réseaux</strong> spécialisés nationaux.Pour sa part, <strong>la</strong> représentation réformiste rassemble également des acteurs non spécialisés qui sontmilitants dans <strong>la</strong> mesure où ils mènent des actions de p<strong>la</strong>idoyer : les grandes entreprises, de jeunesentrepreneurs, et plusieurs organisations de <strong>la</strong> solidarité internationale. Tout d’abord, plusieurs grandesentreprises de <strong>la</strong> distribution considèrent le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> comme un outil de responsabilitésociétale. Par leur participation au dialogue avec les pouvoirs publics, elles souhaitent contribuer à <strong>la</strong><strong>Les</strong> <strong>réseaux</strong> d’acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> – Exemple de l’Ile-de-France 86


construction <strong>du</strong> cadre juridique <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> français. Elles mènent ces actions collectivement,sans alliance avec des acteurs spécialisés. Par ailleurs, elles nouent des partenariats commerciaux avecdes acteurs de vision réformiste, spécialisés et non spécialisés. Pour leur part, de jeunes entrepreneursconventionnels considèrent le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> comme un outil de responsabilisation de leur activité.Ils peuvent participer à des campagnes de p<strong>la</strong>idoyer avec des acteurs spécialisés <strong>du</strong> <strong>commerce</strong><strong>équitable</strong>, et tisser des re<strong>la</strong>tions commerciales avec des acteurs de l’économie conventionnelle, commeavec des acteurs spécialisés en <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, quelle que soit leur représentation. Enfin, <strong>pour</strong>plusieurs organisations de solidarité internationale qui se positionnent comme expertes <strong>du</strong> <strong>commerce</strong><strong>équitable</strong>, ce dernier est essentiellement un outil de développement dans les pays <strong>du</strong> Sud. Ces acteurs de<strong>la</strong> société civile participent au dialogue avec les pouvoirs publics et sont dans ce cadre ouverts à descol<strong>la</strong>borations régulières <strong>pour</strong> <strong>la</strong> sensibilisation <strong>du</strong> grand public au <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> et l’apport d’appuitechnique aux opérateurs spécialisés, quelle que soit <strong>la</strong> représentation qu’ils portent.Enfin, <strong>la</strong> représentation réformiste rassemble des acteurs non spécialisés qui ne sont pas militants et quine mènent aucune action d’ordre politique envers les pouvoirs publics : de nombreuses PMEconventionnelles, certains distributeurs bios et plusieurs associations de consommateurs. En effet, parl’action proactive de l’association Max Have<strong>la</strong>ar France dans le développement de nouvelles filières<strong>équitable</strong>s, de nombreux distributeurs biologiques et petites et moyennes entreprises conventionnellessont acteurs dans <strong>la</strong> mesure où ils participent au développement <strong>du</strong> secteur et à <strong>la</strong> diffusion <strong>du</strong> conceptauprès des consommateurs uniquement par leur activité commerciale. Ils ont des re<strong>la</strong>tionsessentiellement de nature commerciale avec d’autres acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>. Leur principalréférent est l’association Max Have<strong>la</strong>ar France dont ils adoptent <strong>la</strong> représentation réformiste : leurdéfinition <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> n’est pas le siège d’interrogations, les questions <strong>du</strong> périmètre deséchanges et de <strong>la</strong> présence de <strong>la</strong> grande distribution ne paraissant pas un enjeu. L’importance en volumede leur activité commerciale est toutefois essentielle dans <strong>la</strong> diffusion <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>,particulièrement de sa vision réformiste. Pour finir, certaines associations de consommateurs ne mènentque des actions ponctuelles de sensibilisation <strong>du</strong> grand public au <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> et adoptentégalement une vision réformiste <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, sans mener d’action politique en parallèle.IV. LE TERRITOIRE, SIEGE DES RENCONTRES ET COLLABORATIONSL’histoire <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> en Ile-de-France en particulier et en France en général montre que c’est<strong>la</strong> réflexion autour de <strong>la</strong> résolution d’un problème qui encourage les col<strong>la</strong>borations entre les acteurs auxreprésentations différentes. Le lien entre les acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> se formalise ensuite autourd’objets communs. Certains sont sources de renforcement des re<strong>la</strong>tions au niveau local et national(recherche d’une visibilité par l’organisation annuelle de <strong>la</strong> Quinzaine <strong>du</strong> Commerce Equitable parexemple), tandis que d’autres sont à l’origine de fortes dissensions, lorsqu’ils provoquent uneconfrontation entre les différentes représentations, comme <strong>la</strong> définition d’une norme nationale commune àtravers le processus de l’AFNor.En Ile-de-France, l’existence de plusieurs projets collectifs entre acteurs qui portent des représentationsdifférentes montre que <strong>la</strong> divergence des représentations n’empêche pas les col<strong>la</strong>borations dans <strong>la</strong>pratique, qu’elles soient commerciales ou techniques. Ce sont les enjeux d’impact auprès <strong>du</strong> publiclocal et de mobilisation de financements <strong>pour</strong> le développement <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> qui encouragentles rencontres et les col<strong>la</strong>borations entre les opérateurs spécialisés. Quand ces cadres d’actions concretsse mettent en p<strong>la</strong>ce, les blocages politiques qui peuvent exister au niveau national ont moins de réalité auniveau local. Quelles que soient les représentations <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, <strong>la</strong> réalité des besoinslocaux reste alors le véritable socle <strong>du</strong> regroupement et de <strong>la</strong> mise en réseau des acteurs. Cesrencontres permettent des échanges et l’acceptation progressive des différentes représentations quipeuvent coexister chez les acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> au sens <strong>la</strong>rge. Ainsi, les conflits quiapparaissent relèvent davantage d’une méconnaissance des uns et des autres que de points dedivergence indépassables. Toutefois, ces actions locales collectives sont très rarement portées par des<strong>réseaux</strong> formalisés, et disposent de moyens qui restent limités. D’autre part, ces dynamiques localesrassemblent très rarement aux côtés des acteurs spécialisés des acteurs non spécialisés (entreprisesconventionnelles dont les entrepreneurs responsables, distributeurs biologiques, antennes locales desorganisations de <strong>la</strong> solidarité internationale et des associations de consommateurs) alors que ces derniers<strong>pour</strong>raient <strong>pour</strong>tant représenter une force de mobilisation importante.En Ile-de-France, les collectivités territoriales apparaissent comme des acteurs clés <strong>pour</strong> appuyer<strong>la</strong> diffusion <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> sur leur territoire. Par leur fonction de bailleur de fonds avant tout,elles peuvent jouer le rôle de catalyseur et de régu<strong>la</strong>teur des dynamiques collectives qui émergent <strong>pour</strong>promouvoir le concept auprès <strong>du</strong> grand public et développer les filières commerciales franciliennes <strong>du</strong><strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>. En prônant l’appui à tous les acteurs présents sur leur territoire quelle que soit leur<strong>Les</strong> <strong>réseaux</strong> d’acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> – Exemple de l’Ile-de-France 87


eprésentation <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, elles deviennent des arbitres importants <strong>pour</strong> l’évolution <strong>du</strong>paysage des acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> sur leur territoire.Cependant, le fait que le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> soit, dans une même collectivité territoriale, à l’intersectionde plusieurs services qui ont peu l’occasion de se concerter (économie sociale et solidaire,développement <strong>du</strong>rable, solidarité internationale, etc.) rend nécessaire <strong>la</strong> définition d’une politiquetransversale concernant le secteur. La transversalité des politiques de soutien au <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>n’est pas encore une réalité au sein des collectivités d’Ile-de-France rencontrées. Mais les actionsengagées, <strong>la</strong> motivation et <strong>la</strong> vision de certains élus et/ou techniciens contribuent de plus en plus<strong>la</strong>rgement à <strong>la</strong> structuration <strong>du</strong> secteur et à <strong>la</strong> professionnalisation des acteurs sur les territoires.Remerciements<strong>Les</strong> auteurs remercient toutes les personnes, acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> franciliens,qui ont consacré <strong>du</strong> temps à répondre à leurs questions <strong>du</strong>rant les entretiens menésentre 2007 et 2009.Ils remercient également <strong>la</strong> Région Ile-de-France <strong>pour</strong> son soutien financier dans lecadre <strong>du</strong> dispositif PICRI sans lequel cette recherche-action n’aurait pu être menée.<strong>Les</strong> <strong>réseaux</strong> d’acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> – Exemple de l’Ile-de-France 88


PERSPECTIVESI. UNE RECHERCHE A APPROFONDIRCette recherche sur deux ans sur les <strong>réseaux</strong> d’acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> en Ile-de-France ne faitqu’aborder <strong>la</strong> complexité et <strong>la</strong> diversité des acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> en termes de représentationset de re<strong>la</strong>tions. Elle <strong>pour</strong>rait être <strong>pour</strong>suivie et complétée de différentes manières.Tout d’abord, il serait intéressant de mieux explorer certains types d’acteurs non spécialisés étudiés. Pourles identifier, des données quantitatives sur <strong>la</strong> réalité <strong>du</strong> secteur en Ile-de-France, aussi bien au niveau <strong>du</strong>recensement que nous n’avons pas pu finaliser <strong>pour</strong> l'ensemble des acteurs non spécialisés, que de <strong>la</strong>réalité microéconomique <strong>du</strong> secteur <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> en Ile-de-France (croissance <strong>du</strong> marché,évolution de l’emploi, rentabilité économique, filières, etc.) <strong>pour</strong>raient être utiles. Ces données <strong>pour</strong>raientnous permettre de mieux resituer notre étude des représentations et des re<strong>la</strong>tions des acteurs <strong>du</strong><strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> au regard de l’évolution économique <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> en Ile-de-France.D’autre part, parmi les acteurs de <strong>la</strong> société civile, seules les associations de consommateurs et lesorganisations de <strong>la</strong> solidarité internationale directement en lien avec des acteurs spécialisés <strong>du</strong> <strong>commerce</strong><strong>équitable</strong> ont été rencontrées. Etant donné les débats que le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> continue de générerdans <strong>la</strong> société civile, il est probable que les autres organisations qui ne sont pas en re<strong>la</strong>tion directe avecles acteurs spécialisés de <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> portent une représentation différente et aient un impactimportant en termes de diffusion des représentations auprès <strong>du</strong> grand public et des pouvoirs publics.Enfin, dans le temps imparti <strong>pour</strong> cette recherche, les médias, acteurs privilégiés dans <strong>la</strong> construction et <strong>la</strong>diffusion de concepts, n’ont pas pu être rencontrés. Ce sont <strong>pour</strong>tant des canaux de diffusion privilégiés<strong>pour</strong> le grand public à identifier et mieux connaître <strong>pour</strong> comprendre <strong>la</strong> construction et <strong>la</strong> diffusion <strong>du</strong><strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> en Ile-de-France. Ainsi, une étude auprès des consommateurs franciliens permettraitd’identifier l’ensemble des canaux de diffusion qui ont un impact sur <strong>la</strong> construction des représentations<strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> <strong>du</strong> grand public.II. DES ACTIONS-PILOTES POUR FAVORISER LE TRAVAIL EN RESEAUPremier volet de <strong>la</strong> recherche-action PICRI Commerce Equitable, cet état des lieux avait <strong>pour</strong> objectifd’aboutir à <strong>la</strong> définition et à <strong>la</strong> mise en œuvre d’actions-pilotes <strong>pour</strong> favoriser le travail en réseau entreacteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> en Ile-de-France. Pour conclure les entretiens, les acteurs rencontréspouvaient formuler leurs souhaits et attentes en termes de mise en re<strong>la</strong>tion et d’amélioration de <strong>la</strong> visibilité<strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> en Ile-de-France. A l’issue de cette première étape d’analyse, une liste depropositions d’actions-pilotes a pu être dressée en s’appuyant ainsi sur l’identité, <strong>la</strong> volonté et les moyenseffectifs d’un échantillon d’acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> franciliens.Tout d’abord, <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce d’un annuaire <strong>pour</strong> une meilleure connaissance des acteurs <strong>du</strong> territoireest une demande citée à de très nombreuses reprises. Créer des cadres de rencontres, en particulierentre opérateurs spécialisés et opérateurs bios ainsi qu’avec les organisations de <strong>la</strong> solidaritéinternationale, est également une action citée plusieurs fois.Sur les questions d’appui commercial aux acteurs, une harmonisation régionale de l’accueil des porteursde projets en <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> a fréquemment été évoquée, avec notamment le souhait de pouvoirconstruire des formations ciblées. <strong>Les</strong> entreprises conventionnelles se sont montrées égalementfavorables à <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce de rencontres professionnelles avec des clients tels que les grands compteset les acheteurs collectifs publics et privés.En termes d’appui politique, c’est d’abord l’identification des financements publics <strong>pour</strong> <strong>la</strong> pérennisationdes structures (notamment <strong>pour</strong> les distributeurs) qui est réc<strong>la</strong>mée par de nombreux petits opérateursrencontrant des difficultés financières en début de développement de leur activité. Est également évoquéel’organisation de cadres de rencontres avec les collectivités territoriales d’Ile-de-France.Enfin <strong>pour</strong> ce qui concerne <strong>la</strong> sensibilisation et l’information <strong>du</strong> grand public sur le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>,des actions communes de communication régionale sont fortement plébiscitées, pendant <strong>la</strong> Quinzaine <strong>du</strong>Commerce Equitable par exemple, aussi bien par les opérateurs spécialisés que les acteurs nonspécialisés. Elle peut être complétée par <strong>la</strong> construction d’une information de qualité, plus exhaustive etnon ré<strong>du</strong>ctrice comme elle existe parfois dans certains mass media.Par l’étude de <strong>la</strong> diversité des pratiques des acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> franciliens, il est égalementpossible d’identifier différents niveaux de groupes aux problématiques communes. Des problématiques<strong>Les</strong> <strong>réseaux</strong> d’acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> – Exemple de l’Ile-de-France 89


identiques peuvent se retrouver dans les structures de même métier (distribution, importation,sensibilisation au <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>) ou de même secteur d’activité (mode/textile, alimentaire, artisanat,cosmétique). Par ailleurs, les types de structures juridiques (entreprises, associations, etc.) sont desgroupes qui se distinguent par les bailleurs différents auxquels elles peuvent faire appel <strong>pour</strong> développerleurs activités. Mais c’est le plus souvent le territoire local, mais aussi départemental et régional, quisemble le point commun favorisant le plus de col<strong>la</strong>borations entre ces acteurs qui, de ce fait, ciblent lemême grand public, et le soutien auprès des mêmes collectivités territoriales.A partir de ces divers constats, dans le cadre <strong>du</strong> projet PICRI Commerce Equitable en 2008-2009plusieurs actions-pilotes ont été mises en p<strong>la</strong>ce <strong>pour</strong> favoriser le travail en réseau de ces acteurs en Ilede-Franceen suivant deux principes : faire travailler ensemble les acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> sur desproblématiques régionales communes, et créer des cadres de rencontres entre acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong><strong>équitable</strong> d’Ile-de-France. Ainsi, avec l’objectif de définir des actions communes sur des problématiquesrassemb<strong>la</strong>nt tous les acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> franciliens, ont été organisées des rencontres entreacteurs franciliens <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> tout au long <strong>du</strong> PICRI Commerce Equitable. <strong>Les</strong> premièresrencontres ont eu <strong>pour</strong> but le partage et <strong>la</strong> discussion des résultats de cette recherche sous formed’ateliers 68 . Puis à partir de mi-2008, les rencontres et groupes de travail proposés ont réunis les acteurs<strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> franciliens <strong>pour</strong> construire un projet de communication commun <strong>pour</strong> <strong>la</strong> Quinzaine<strong>du</strong> Commerce Equitable 2009 69 qui a abouti à <strong>la</strong> création <strong>du</strong> Collectif Francilien <strong>du</strong> Commerce Equitable(CoFraCE).III. DES PROPOSITIONS POUR AMELIORER LES POLITIQUES TERRITORIALESLe troisième volet <strong>du</strong> PICRI Commerce Equitable était de participer à l’amélioration des politiques descollectivités territoriales d’Ile-de-France en matière de <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, particulièrement de <strong>la</strong> RégionIle-de-France, en construisant et diffusant un cahier de propositions sur <strong>la</strong> base :- Des résultats de l'état des lieux des <strong>réseaux</strong> <strong>d'acteurs</strong> <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> en Ile-de-France,- De l'analyse des dispositifs et actions des collectivités territoriales d'Ile-de-France en matière de<strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, en particulier de <strong>la</strong> Région Ile-de-France,- De l’évaluation des actions-pilotes mises en p<strong>la</strong>ce dans le cadre <strong>du</strong> PICRI Commerce Equitable<strong>pour</strong> favoriser le travail en réseau entre acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> en Ile-de-France,- Des dispositifs innovants mis en p<strong>la</strong>ce dans d’autres collectivités territoriales de France.Dans cette optique, au premier trimestre 2009 ont été é<strong>la</strong>borées des propositions concrètes de politiqueréunies dans un cahier de propositions 70 à destination des élus et techniciens de <strong>la</strong> Région Ile-de-Franceen particulier, mais également des autres collectivités territoriales. Ce document est une première étaped’un chantier plus <strong>la</strong>rge à mener auprès des collectivités territoriales afin qu’elles structurent etdéveloppent leur politique de soutien au <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> sur leur territoire. Au vu des résultats denotre recherche, c’est une des principales conditions <strong>pour</strong> que le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> se développe dans<strong>la</strong> diversité qu’il représente sur les territoires de France.68Pour plus de précisions sur ces ateliers, voir annexe 2 : Autres modes de diffusion des résultats. <strong>Les</strong> comptes-ren<strong>du</strong>s de ces ateliers sont disponibles sur le siteInternet www.picri-<strong>commerce</strong>-equitable.fr.69Pour plus de précisions sur les actions-pilotes menées, voir annexe 3 : Actions pilotes mises en œuvre. <strong>Les</strong> comptes-ren<strong>du</strong>s des rencontres sont disponiblessur le site Internet www.picri-<strong>commerce</strong>-equitable.fr.70Renforcer l’action des collectivités territoriales en faveur <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> – Exemple de l’action <strong>du</strong> Conseil Régional d’Ile-de-France, PFCE-IEDES,2009.<strong>Les</strong> <strong>réseaux</strong> d’acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> – Exemple de l’Ile-de-France 90


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ANNEXESANNEXE 1 ⎮ GUIDE D’ENTRETIENCOMMERCE EQUITABLE SPECIALISEESPOUR LES ORGANISATIONS DE0. Contexte général : proposition d’intro<strong>du</strong>ction à l’entretienPICRI <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>Le PICRI Commerce Equitable est un partenariat de recherche-action entre <strong>la</strong> PFCE et le CRI IEDES (Centre de Recherche del'Institut d'Etudes sur le Développement Economique et Social) financé par <strong>la</strong> Région Ile-de-France entre 2007 et 2009. Sonobjectif est double :- de promouvoir le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> en Ile-de-France en étudiant les <strong>réseaux</strong> d’acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> en Ilede-Franceet en menant des actions d’amélioration des re<strong>la</strong>tions entre ces acteurs- de renforcer plus généralement les liens entre acteurs et les chercheurs.Etude des acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> en Ile-de-France :La première étape <strong>du</strong> projet PICRI Commerce Equitable est un travail de recherche sur les <strong>réseaux</strong> d’acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong><strong>équitable</strong> en Ile-de-France. Elle aura <strong>pour</strong> but de définir des actions <strong>pour</strong> :- mieux coordonner et mutualiser les moyens des acteurs régionaux <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> en Ile-de-France- développer et structurer les re<strong>la</strong>tions institutionnelles autour <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> des acteurs nationaux situés en Ilede-FranceDéroulement de l’entretienOn se propose de mener cet entretien <strong>pour</strong> :1. Caractériser <strong>la</strong> structure, ses moyens d’action et ses activités2. Identifier les re<strong>la</strong>tions avec les parties prenantes liées au <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>3. Caractériser <strong>la</strong> représentation <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>4. Identifier les besoins/attentes par rapport aux actions pouvant être mises en œuvre dans le cadre <strong>du</strong> PICRI <strong>commerce</strong><strong>équitable</strong>Cet entretien <strong>pour</strong>ra aussi être complété par des sources telles que le site Internet, les documents de <strong>la</strong> structure, etc.Enregistrement et confidentialité des donnéesCet entretien sera enregistré. Nous nous engageons à garantir <strong>la</strong> confidentialité des informations que vous nous communiquerezlors de cet entretien et de tout autre échange ultérieur qui <strong>pour</strong>rait avoir lieux (<strong>pour</strong> collecter des informations complémentaires).RestitutionLe résultat de ces entretiens sera restitué en plusieurs étapes au plus tôt à partir d’octobre 2007 et au plus tard fin 2007.1. Caractéristiques de <strong>la</strong> structureCaractéristiques+ Contact- Coordonnées de <strong>la</strong> personne responsable de <strong>la</strong> structure : nom, fonction, téléphone, courriel- Coordonnées de <strong>la</strong> personne contact, c'est-à-dire rencontrée : nom, fonction, téléphone, courriel+ Général- Nature juridique de <strong>la</strong> structure- Date de création de <strong>la</strong> structure- Date de début de l’activité de <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>- Contexte de <strong>la</strong> création de <strong>la</strong> structure puis <strong>du</strong> début de son activité en <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>- Formation/ profil <strong>du</strong> dirigeantMoyens d’actionActivités+ Chiffre d’affaire/ budget- Fourchette dans <strong>la</strong>quelle se situe le chiffre d’affaire/budget 2006 - Prévision 2007- (15 000 €- 50 000 €- 100 000€ – 200 000 €– 300 000€– 400 000 €– 500 000 €– 1 000 000 €– 1 500 000 €– 2 000 000 €)- Evolution <strong>du</strong> volume d’activité sur les cinq dernières années- Pourcentage <strong>du</strong> CA/budget lié avec activité de <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>+ Moyens humains- Effectif sa<strong>la</strong>rié- Effectif bénévole- Effectif stagiaire- Activité principale : importation, distribution, promotion, etc.- Activités secondaires- Types de pro<strong>du</strong>its proposés : alimentaire, artisanat, textile, cosmétique, tourisme- Types de services proposés : certification, appui au Sud, é<strong>du</strong>cation au développement, p<strong>la</strong>idoyer<strong>Les</strong> <strong>réseaux</strong> d’acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> – Exemple de l’Ile-de-France 93


2. Re<strong>la</strong>tions de <strong>la</strong> structurePour chacun : depuis quand, flux, fréquence, échanges autres (info., rencontres, groupe travail)Re<strong>la</strong>tions Gouvernance et financements- Structures adhérentes : depuis quand- Structures actionnaires : depuis quand- Bailleurs publics : depuis quand, montant, part public/privé- Financeurs privés: depuis quand, montant, part public/privé- Part publique/privée- Structures où investissements/ financements: depuis quand, montantRe<strong>la</strong>tions commerciales- Fournisseurs- Transformateurs et sous-traitants- Structures clientes- Structures homologues (concurrents)- Clientèle indivi<strong>du</strong>elle finale le cas échéantAdhésion à un collectif- Membre d’un collectif <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> ex : PFCE, MINGA, IFAT, etc.- Membre d’un collectif de l’économie sociale et solidaire ex : CESIF, etc.- Membre d’un autre collectif ex : LAME, Paris Développement Durable, etc.Re<strong>la</strong>tions avec <strong>la</strong> société civile- Médias ex : Alternatives Economiques, Monde, France Inter, etc.- Centres de documentation ex : CDTM, Via le Monde, La case, etc.- Associations de consommateurs ex : UFC-Que Choisir, etc.- Associations environnementales ex : GAB Ile-de-France, FNAB, WWF, etc.- Partis politiques ex : PC, Verts, PS, UDF, UMP, FN, etc.- Syndicats professionnels ex : CFDT, CFTC, FO, etc.- Organisations professionnelles ex : Cités Unies, CGPME, etc.- ONG de solidarité internationale / OSI ex : AVSF, Tech Dev, CCFD, ACF, etc.- Autres structures de <strong>la</strong> société civileRe<strong>la</strong>tions avec les pouvoirs publics- Collectivités locales ex : Conseil Régional d’Ile-de-France, Conseil général, mairie, etc.- Services de l’Etat ex : Préfecture, Ministères, etc.- Organisations consu<strong>la</strong>ires ex : Chambre des métiers, Chambre régionale de l’économie sociale et solidaire, etc.- Autres structures des pouvoirs publics (ex : représentation organisation internationales, etc.)Re<strong>la</strong>tions avec les acteurs de l’é<strong>du</strong>cation- Ecoles/collèges/lycées- Universités et écoles d’ingénieurs/ <strong>commerce</strong>Re<strong>la</strong>tions avec d’autres types de structures- Structures d’appui aux porteurs de projet ex : AVISE, Boutiques de gestion, etc.- Bureaux d’étude ex : IRAM, GRET, Utopie, etc.- Laboratoires/centres de recherche- Liens autres avec OCE3. Représentation <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> de <strong>la</strong> structure- Quelle est votre définition <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> ?- « Je vais vous donner des expressions. Pouvez me dire rapidement ce que vous en pensez avec les lunettes <strong>du</strong> <strong>commerce</strong><strong>équitable</strong> ? / Pour vous, quel est le lien entre <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> et… »1. économie sociale et solidaire,2. environnement,3. solidarité internationale/ développement N-S,4. responsabilité sociétale de l’entreprise,4. Attentes et besoins de <strong>la</strong> structureA. périmètre des échanges (N/S, S/S, N/N),B. stratégies de distribution (GMS, boutiques, etc.),C. équité dans le <strong>commerce</strong> conventionnel/ régu<strong>la</strong>tion<strong>du</strong> <strong>commerce</strong> international,D. garantie/ régu<strong>la</strong>tion par les pouvoirs publics.- Chantiers à venir de votre structure?- Attentes- besoins avec les structures spécialisées en <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> d’Ile-de-France- Attentes- besoins avec les structures de <strong>la</strong> société civile d’Ile-de-France (cadres de rencontre, groupe de travail - thème ?)- Attentes- besoins avec les structures des pouvoirs publics d’Ile-de-France (cadres de rencontre, groupe de travail -thème ?)- Autres idées concernant l’amélioration des re<strong>la</strong>tions et <strong>réseaux</strong> autour <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> en Ile-de-France<strong>Les</strong> <strong>réseaux</strong> d’acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> – Exemple de l’Ile-de-France 94


ANNEXE 2 ⎮ AUTRES MODES DE DIFFUSION DES RESULTATSEn parallèle de ce document, les résultats de cette recherche ont été diffusés par plusieurs biais :- A destination <strong>du</strong> grand public et des acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> d’Ile-de-France :+ organisation de 2 ateliers de restitution le 27 novembre 2007 et le 23 juin 2008 à l’AGECA,Paris.+ mise en ligne des comptes-ren<strong>du</strong>s des ateliers et <strong>du</strong> rapport sur le site Internet : www.picri<strong>commerce</strong>-equitable.fr,- A destination des chercheurs :+ présentation de deux communications et un poster au 3e Colloque International sur leCommerce Equitable qui s’est déroulé <strong>du</strong> 14 au 16 mai 2008 à Montpellier, France(www.ftis2008.org),+ publication en 2009 de deux articles scientifiques dans deux revues scientifiquesrespectivement de niveau national et international,+ communications dans plusieurs rencontres scientifiques, telles celle organisée parl’Association Française de Marketing en mai 2008,+ publication des mémoires des étudiants qui ont participé à <strong>la</strong> recherche-action.Toutes ces publications sont citées dans <strong>la</strong> bibliographie de ce rapport.ANNEXE 3 ⎮ ACTIONS-PILOTES MISES EN OEUVREDans le deuxième volet <strong>du</strong> PICRI Commerce Equitable, quatre actions-pilotes ont été menées :- Action-pilote 1 : Mettre en p<strong>la</strong>ce un annuaire <strong>pour</strong> une meilleure connaissance des acteurs<strong>du</strong> CE <strong>du</strong> territoire=> É<strong>la</strong>boration et diffusion d'annuaires des acteurs franciliens <strong>du</strong> CE - 1er semestre 2008- Action-pilote 2 : Harmoniser l'accueil des porteurs de projets en <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> enIle-de-France=> Mise en p<strong>la</strong>ce d'outils <strong>pour</strong> orienter les porteurs de projet en Ile-de-France - Avril 2008- Action-pilote 3 : Mettre en p<strong>la</strong>ce une communication commune sur un évènement, <strong>la</strong>Quinzaine <strong>du</strong> Commerce Équitable=> Organisations de rencontres locales entre acteurs sur le thème "Communiquer sur le<strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>" - 1er trimestre 2008=> Organisation d’une première Rencontre Francilienne sur ce thème – 2e trimestre 2008=> Appui à <strong>la</strong> constitution d'un groupe de travail <strong>pour</strong> <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce d’une campagnede communication commune <strong>pour</strong> Quinzaine <strong>du</strong> Commerce Équitable 2009 en Ile-de-France - 2e semestre 2008 et année 2009- Action-pilote 4 : Identifier les financements régionaux <strong>pour</strong> <strong>la</strong> pérennisation des structures=> Travail d'analyse des dispositifs proposés par <strong>la</strong> Région et rédaction d'un cahier depropositions <strong>pour</strong> <strong>la</strong> Région Ile-de-France -2008-2009<strong>Les</strong> <strong>réseaux</strong> d’acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> – Exemple de l’Ile-de-France 95


TABLE DES MATIERESINTRODUCTION .............................................................................................. 6I. Problématique......................................................................................................................................... 6II. L’Ile-de-France, terrain de <strong>la</strong> recherche ................................................................................................ 9III. Méthodologie ...................................................................................................................................... 10A - Le recensement initial........................................................................................................................................................ 11B - L’entretien semi-directif, outil <strong>pour</strong> l’étude qualitative ......................................................................................................... 11C - <strong>Les</strong> critères de l’échantillonnage........................................................................................................................................ 121| Pour les opérateurs spécialisés : les <strong>réseaux</strong> historiques ............................................................................................... 122| Pour les entreprises conventionnelles : <strong>la</strong> taille et les filières .......................................................................................... 123| Pour les opérateurs bios : les différents types de détail<strong>la</strong>nts ........................................................................................... 134| Pour les associations de consommateurs : l’intérêt <strong>pour</strong> le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> ............................................................ 135| Pour les organisations de solidarité internationale : le lien historique au <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> ........................................ 136| Pour les collectivités territoriales : trois échantillons <strong>pour</strong> trois méthodes complémentaires ............................................ 13D - <strong>Les</strong> limites de l’analyse <strong>du</strong> discours................................................................................................................................... 141| Du discours de l’indivi<strong>du</strong> à <strong>la</strong> représentation de <strong>la</strong> structure............................................................................................ 142| Des concepts difficiles à définir....................................................................................................................................... 14E - La construction de typologies............................................................................................................................................. 141 E PARTIE⎮ LES ACTEURS DU COMMERCE EQUITABLE MARCHANDS................... 16Section A - <strong>Les</strong> opérateurs spécialisés en <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> .......................... 16I. Caractéristiques.................................................................................................................................... 17A - De nombreux opérateurs spécialisés en Ile-de-France ...................................................................................................... 17B - Des activités sur toute <strong>la</strong> filière .......................................................................................................................................... 17C - Des <strong>réseaux</strong> nationaux de moins en moins représentatifs ................................................................................................. 18D - <strong>Les</strong> structures rencontrées : récentes et de petite taille ..................................................................................................... 18E - Des dirigeants/fondateurs de profil militant versus entrepreneur ........................................................................................ 19II. Représentations .................................................................................................................................. 20A - Une définition <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> entre concepts et pratiques.................................................................................... 20B - Le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> c<strong>la</strong>irement lié à l’économie sociale et solidaire et à l’environnement............................................. 20C - La responsabilité sociétale des entreprises, un concept mal connu ................................................................................... 21D - Une re<strong>la</strong>tion <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> - solidarité internationale ambigüe................................................................................. 21E - <strong>Les</strong> pro<strong>du</strong>its de <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> dans <strong>la</strong> grande distribution, le débat qui per<strong>du</strong>re ...................................................... 22F - Le périmètre <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> : une discussion sur les termes ................................................................................ 23G - La régu<strong>la</strong>tion <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> par les pouvoirs publics en question ....................................................................... 23H - Expansion <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> : un objectif commun mais des stratégies qui divergent .............................................. 24III. Re<strong>la</strong>tions............................................................................................................................................. 24A - <strong>Les</strong> re<strong>la</strong>tions commerciales, entre filière <strong>la</strong>bellisée et filière intégrée.................................................................................. 24B - <strong>Les</strong> re<strong>la</strong>tions interprofessionnelles : de plus en plus de cadres informels........................................................................... 25C - <strong>Les</strong> re<strong>la</strong>tions avec les acteurs non marchands : entre <strong>commerce</strong> et p<strong>la</strong>idoyer ................................................................... 251| La société civile .............................................................................................................................................................. 25a. La solidarité internationale ......................................................................................................................................... 25b. L’économie sociale et solidaire .................................................................................................................................. 26c. L’environnement ........................................................................................................................................................ 26d. La responsabilité sociétale des entreprises................................................................................................................ 262| <strong>Les</strong> pouvoirs publics ....................................................................................................................................................... 26IV. Quatre positionnements ..................................................................................................................... 27A - Le positionnement « solidaire » ......................................................................................................................................... 27B - Le positionnement « pragmatique » ................................................................................................................................... 27C - Le positionnement « politisé » ........................................................................................................................................... 27D - Le positionnement « environnemental » ............................................................................................................................ 27Section B - <strong>Les</strong> entreprises conventionnelles et le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>............. 29I. Caractéristiques.................................................................................................................................... 30A - L’appui de Max Have<strong>la</strong>ar France, principale entrée dans le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>............................................................... 30B - D’autres initiatives en emergence <strong>pour</strong> accompagner et garantir ....................................................................................... 31C - Des entreprises impliquées de toute taille.......................................................................................................................... 32D - Des métiers tout au long des filières .................................................................................................................................. 32II. Trois positionnements ......................................................................................................................... 33A - Le positionnement « entrepreneur responsable » .............................................................................................................. 331| Des artisans et des distributeurs en quête de responsabilité........................................................................................... 332| Un réseau important dans le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> .......................................................................................................... 343| Des structures dans les débats <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> ................................................................................................. 34<strong>Les</strong> <strong>réseaux</strong> d’acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> – Exemple de l’Ile-de-France 96


B - Le positionnement « acteur commercial ».......................................................................................................................... 361| Des PME participant au développement d’un segment de marché ................................................................................. 362| Une intégration de l’activité par re<strong>la</strong>tions et par Max Have<strong>la</strong>ar France ............................................................................ 373| L’adoption de <strong>la</strong> représentation de l’association Max Have<strong>la</strong>ar France ........................................................................... 37C - Le positionnement « stratège de <strong>la</strong> responsabilité sociétale de l’entreprise »..................................................................... 391| Des acteurs majeurs <strong>du</strong> marché, de <strong>la</strong> distribution au développement de marques propres ........................................... 392| Une démarche concrète au service d’une politique de responsabilité sociétale de l’entreprise........................................ 393| Une stratégie proactive dans <strong>la</strong> construction <strong>du</strong> concept <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>........................................................... 40Section C - <strong>Les</strong> opérateurs bios et le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> ................................... 42I. Caractéristiques.................................................................................................................................... 42A - Le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> et l’agriculture biologique, des secteurs voisins ............................................................................ 42B - Des pro<strong>du</strong>cteurs aux consommateurs bios franciliens : des opérateurs sur toute <strong>la</strong> filière ................................................. 43C - <strong>Les</strong> distributeurs bios, principaux acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>..................................................................................... 44II. Deux positionnements ......................................................................................................................... 45A - Le positionnement « pragmatique » ................................................................................................................................... 451| Une définition économique a minima <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>......................................................................................... 452| Le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, un segment de marché de l'économie conventionnelle............................................................. 463| Une approche cloisonnée des concepts de <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> et d’environnement ..................................................... 47B - Le positionnement « militant » ........................................................................................................................................... 491| Une définition <strong>la</strong>rge <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> ................................................................................................................... 492| Le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, une pratique liée à un système économique alternatif .............................................................. 503| Une approche de type « développement <strong>du</strong>rable » des concepts <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> et environnement....................... 522 E PARTIE⎮ LES ACTEURS DU COMMERCE EQUITABLE ISSUS DE LA SOCIETE CIVILE.................................................................................................................. 54Section A - <strong>Les</strong> associations de consommateurs et le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>....... 54I. Caractéristiques.................................................................................................................................... 54A - Des acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> dé<strong>la</strong>issés et peu étudiés ........................................................................................... 54B - Un engagement dans le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> difficile à apprehender................................................................................. 55II. Représentations .................................................................................................................................. 56A - Le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, un concept connu........................................................................................................................ 56B - Le périmètre <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, une question de priorité .......................................................................................... 56C - Un lien a préciser entre <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> et environnement......................................................................................... 56D - Le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, un outil controversé de responsabilité sociétale des grandes entreprises.................................... 56E - Une régu<strong>la</strong>tion par les pouvoirs publics à exiger et surveiller ............................................................................................. 56F - L’équité dans le <strong>commerce</strong> conventionnel en question....................................................................................................... 57III. Deux positionnements ........................................................................................................................ 57A - Le positionnement « militant » ........................................................................................................................................... 571| Le CLCV - Consommation, logement et cadre de vie...................................................................................................... 572| L’ALLDC - Association Léo Lagrange <strong>pour</strong> <strong>la</strong> défense des consommateurs ................................................................... 573| La CNAFAL - Confédération nationale des associations familiales <strong>la</strong>ïques ..................................................................... 57B - Le positionnement « actions ponctuelles »......................................................................................................................... 581| L’ASSECO-CFDT Ile de France - Association <strong>pour</strong> l’information et <strong>la</strong> défense des consommateurs CFDT..................... 582| L’AFOC - Association Force ouvrière consommateurs.................................................................................................... 58Section B - <strong>Les</strong> organisations de solidarité internationale et le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>.................................................................................................................................... 59I. Caracteristiques.................................................................................................................................... 60A - Des organisations de développement à l’initiative <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> ........................................................................ 60B - Développement de filières au Sud, sensibilisation et p<strong>la</strong>idoyer au Nord............................................................................. 61C - Budget et <strong>réseaux</strong>, des moyens qui varient ....................................................................................................................... 61II. Deux positionnements ......................................................................................................................... 62A - Le positionnement « expert »............................................................................................................................................. 631| Le développement de filières au Sud comme base de l’expertise au Nord...................................................................... 632| Une définition sans équivoque et sans débats ................................................................................................................ 643| Un outil au Sud à développer et à améliorer ................................................................................................................... 65B - Le positionnement « militant » ........................................................................................................................................... 661| Un moyen et un objectif de l’é<strong>du</strong>cation au développement au Nord ................................................................................ 662| Une représentation <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> particulière et en questionnement............................................................... 673| Un engagement prudent ................................................................................................................................................. 68<strong>Les</strong> <strong>réseaux</strong> d’acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> – Exemple de l’Ile-de-France 97


3 E PARTIE⎮ LES POUVOIRS PUBLICS ACTEURS DU COMMERCE EQUITABLE :LES COLLECTIVITES TERRITORIALES........................................................... 70I. Caractéristiques.................................................................................................................................... 71A - Des acteurs politiques aux différents échelons <strong>du</strong> territoire................................................................................................ 71B - Le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, à <strong>la</strong> croisée de plusieurs politiques territoriales............................................................................ 721| L’économie sociale et solidaire ....................................................................................................................................... 722| <strong>Les</strong> achats publics .......................................................................................................................................................... 733| Le développement <strong>du</strong>rable ............................................................................................................................................. 734| La coopération décentralisée.......................................................................................................................................... 73C - Un echantillon de convenance........................................................................................................................................... 73II. Des politiques publiques éparses........................................................................................................ 75A - Une commande publique en ordre dispersé....................................................................................................................... 75B - Une prise de conscience commune, des actions de sensibilisation indépendantes............................................................... 76C - L’appui au secteur au Nord, fonction de l’échelon territorial ............................................................................................... 77D - L’appui au secteur au Sud, un exemple de politique de solidarité internationale................................................................... 78III. Entre décision politique et implication indivi<strong>du</strong>elle ............................................................................. 79A - <strong>Les</strong> cadres politiques existants .......................................................................................................................................... 791| La politique de solidarité internationale, cadre exceptionnel d’un soutien au <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> .................................. 792| La prise en compte variable <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> par les politiques de développement <strong>du</strong>rable ................................ 793| L’économie sociale et solidaire, cadre d’une prise en compte systématique <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>.............................. 80B - La p<strong>la</strong>ce de l’indivi<strong>du</strong> : quand l’action publique passe par l’implication personnelle............................................................ 81IV. <strong>Les</strong> freins : les collectivités territoriales doivent s’adapter au <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> … etréciproquement........................................................................................................................................ 82A - Le manque de coordination des politiques publiques, facteur d’inefficacité ........................................................................ 82B - La difficile conquête des marchés publics .......................................................................................................................... 82CONCLUSION............................................................................................... 84I. Des acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> d’horizons divers........................................................................ 84II. Des représentations entre radicalisme et réformisme......................................................................... 85III. Des actions politiques, commerciales et é<strong>du</strong>catives conditionnant <strong>la</strong> diffusion <strong>du</strong> concept .............. 86IV. Le territoire, siège des rencontres et col<strong>la</strong>borations .......................................................................... 87PERSPECTIVES ............................................................................................ 89I. Une recherche à approfondir................................................................................................................ 89II. Des actions-pilotes <strong>pour</strong> favoriser le travail en réseau ....................................................................... 89III. Des propositions <strong>pour</strong> améliorer les politiques territoriales....................................................................... 90BIBLIOGRAPHIE ........................................................................................... 91ANNEXES.................................................................................................... 93ANNEXE 1 ⎮ Guide d’entretien <strong>pour</strong> les organisations de <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> spécialisées .............. 93ANNEXE 2 ⎮ Autres modes de diffusion des résultats ........................................................................... 95ANNEXE 3 ⎮ Actions-pilotes mises en oeuvre ....................................................................................... 95<strong>Les</strong> <strong>réseaux</strong> d’acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> – Exemple de l’Ile-de-France 98


PICRI Commerce EquitableUn Partenariat Institutions-Citoyens <strong>pour</strong> <strong>la</strong>Recherche et l’Innovation (PICRI) est un dispositifproposé par <strong>la</strong> Région d’Ile-de-France depuis2005, dans le but de promouvoir des programmesde recherche-action reposant sur une col<strong>la</strong>borationétroite entre <strong>la</strong>boratoires publics de recherche etorganisations de <strong>la</strong> société civile à but nonlucratif 71 .Prévu sur <strong>la</strong> période 2007 - 2009, le projet PICRICommerce Equitable (CE) 72 réunit deuxpartenaires principaux :- <strong>la</strong> P<strong>la</strong>te-<strong>Forme</strong> <strong>pour</strong> le CommerceEquitable 73 (PFCE), organisation de <strong>la</strong>société civile,- et le centre de recherche de l’Institutd’Etudes sur le DéveloppementEconomique et Social (IEDES) – UniversitéParis 1 Panthéon–Sorbonne, <strong>la</strong>boratoire derecherche, devenu à partir de janvier 2008l’UMR 201 « Développement et sociétés »IEDES-IRD,sur le thème :<strong>Les</strong> <strong>réseaux</strong> d’acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong><strong>équitable</strong> en Ile-de-FranceL’association FairNESS 74 , réseau de chercheurstravail<strong>la</strong>nt sur le <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>, estégalement associée à ce programme derecherche-action.L’objectif général <strong>du</strong> PICRI Commerce Equitableest de promouvoir et développer le <strong>commerce</strong><strong>équitable</strong> en Île-de-France en renforçant les liensentre les acteurs et les chercheurs.Il se décline en quatre volets :2007 - 2008 : phase initiale de rechercheUn état des lieux des acteurs et <strong>réseaux</strong> <strong>du</strong><strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> en Ile-de-France et uneanalyse dynamique des re<strong>la</strong>tions existantes etliens à développer entre ces acteurs.2008 – 2009 : mise en œuvre d’actions pilotesLa mise en œuvre d’actions-pilotes <strong>pour</strong> favoriserle travail en réseau entre acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong><strong>équitable</strong> franciliens, définies à partir des résultatsde <strong>la</strong> recherche.2008 – 2009 : propositions de politiquesL’établissement de propositions en vue derenforcer les politiques sectorielles des collectivitésterritoriales d’Ile-de-France en matière de<strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> sur <strong>la</strong> base de l’état des lieuxet de l’évaluation des actions-pilotes.Et plus <strong>la</strong>rgement entre 2007 et 2009Le renforcement des liens entre les chercheurs etles acteurs autour de <strong>la</strong> thématique <strong>du</strong> <strong>commerce</strong><strong>équitable</strong>.Le Comité de Pilotage <strong>du</strong> PICRI CommerceEquitable est composé de trois représentants de <strong>la</strong>PFCE, deux chercheurs de l’IEDES et deuxchercheurs de FairNESS 75 . Il se réunitrégulièrement <strong>pour</strong> définir les orientations de <strong>la</strong>recherche et les activités, discuter les résultats etvalider les réalisations <strong>du</strong> projet. Ses membresencadrent également les travaux des étudiants etrédigent des communications et articlesscientifiques sur <strong>la</strong> base des résultats <strong>du</strong>programme.La chargée de projet PICRI Commerce Equitable 76prend en charge l’animation et <strong>la</strong> mise en œuvrede <strong>la</strong> recherche-action telle que définie au sein <strong>du</strong>Comité de Pilotage. Elle est appuyée dans samission par des étudiants en Master et de jeuneschercheurs en gestion, sociologie et économie 77 .Toutes les informations sur le projetsont disponibles sur :www.picri-<strong>commerce</strong>-equitable.fr71www.iledefrance.fr/recherche-innovation/picri/presentation-<strong>du</strong>-dispositifpicri/le-dispositif-picri72Ce projet est soutenu par <strong>la</strong> Région Ile-de-France <strong>pour</strong> un budgetprévisionnel de 150.000 €.73www.<strong>commerce</strong>quitable.org74www.fairness.on-web.fr75Le Comité de Pilotage est composé de : <strong>pour</strong> <strong>la</strong> PFCE, Bernard Schéou,administrateur et Myriam Conzett, membre <strong>du</strong> bureau et Julie Stoll,coordinatrice qui a succédé à Julie Maisonhaute en avril 2009 et à FrédéricDe Sousa-Santos en janvier 2008; <strong>pour</strong> l’IEDES, Eugénie Ma<strong>la</strong>ndain etCharlotte Guénard, qui a remp<strong>la</strong>cé Michel Damian en janvier 2008 ; <strong>pour</strong>FairNESS, Nil Ozcag<strong>la</strong>r-Toulouse et Amina Beji-Bécheur.76Emilie Sarrazin-Biteye sarrazin@<strong>commerce</strong>quitable.org77<strong>Les</strong> étudiants qui ont participé sont cités en note de bas de page 12.<strong>Les</strong> <strong>réseaux</strong> d’acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong> – Exemple de l’Ile-de-France 99


<strong>Les</strong> <strong>réseaux</strong> d’acteurs <strong>du</strong> <strong>commerce</strong> <strong>équitable</strong>Exemple de l’Ile-de-FrancePour plus d’informations :www.picri-<strong>commerce</strong>-equitable.frcontact@picri-<strong>commerce</strong>-equitable.frIEDESInstitut d’Etudes sur leDéveloppementEconomique et SocialUniversité Paris 1Panthéon-Sorbonne

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