INTRODUCTION - la Plate-Forme pour le Commerce Équitable

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Etude PFCE « Identifier et lever les freins au développement du Commerce Equitable dans les politiques d’achat des entreprises » Février 2010INTRODUCTIONL’étude « identifier et lever les freins au développement du Commerce Equitable dans les politiquesd’achat des grandes entreprises » est une étude qualitative reposant sur :- des entretiens réalisés entre septembre et décembre 2009 avec des acteurs du Commerce Equitable(labels et entreprises), membres de la PFCE (Plate Forme pour le Commerce Equitable), et desentreprises conventionnelles cités en annexe- une analyse de l’évolution de l’engagement des entreprises conventionnelles dans le CommerceEquitable à l’échelle nationale et internationale- différents travaux de recherches ou ouvrages littéraires sur le sujet listés en fin de rapport dans labibliographieDéfinition du Commerce EquitableNous avons choisi, pour cette étude, de nous rapporter aux 2 définitions du Commerce Equitable faisantle plus consensus. L’approche choisie est donc dans une perspective Nord-Sud.1) Tout d’abord au niveau international, une définition datant de 2001 qui fait consensus au sein de FINEregroupement des 4 grandes fédérations internationales de Commerce Equitable (FLO, IFAT nouvellementWFTO, NEWS et EFTA)«Le Commerce équitable est un partenariat commercial, fondé sur le dialogue, la transparence et lerespect, dont l’objectif est de parvenir à une plus grande équité dans le commerce mondial. Il contribueau développement durable en offrant de meilleures conditions commerciales et en garantissant les droitsdes producteurs et des travailleurs marginalisés, tout particulièrement au Sud de la planète. Lesorganisations du commerce équitable (soutenues par les consommateurs) s’engagent activement àsoutenir les producteurs, à sensibiliser l’opinion et à mener campagne en faveur de changements dans lesrègles et pratiques du commerce international conventionnel.»2) Au niveau national, la loi du 2 août 2005 en faveur des PME reconnaît que le commerce équitableorganise des échanges de biens et de services entre des pays développés et des producteursdésavantagés situés dans des pays en développement. Ce commerce vise à l'établissement de relationsdurables ayant pour effet d'assurer le progrès économique et social de ces producteurs.L’étude repose sur le constat que le Commerce Equitable en France est sorti de l’anonymat ets’adresse aujourd’hui à un public élargi notamment par la distribution des produits alimentaires en GMSdepuis une dizaine d’années. On retrouve les produits dans les circuits de distribution conventionnels desproduits proposés par des entreprises spécialisées à 100% ou partiellement dans le Commerce Equitable,des marques distributeurs, des marques historiques de l’agriculture biologique proposant désormais unlarge choix de produits biologiques ET équitables ainsi que des marques ou des industriels ayantdéveloppé une gamme courte de produits issus du Commerce Equitable.L’objectif de l’étude n’est pas d’analyser secteur par secteur, segment de produit par segment deproduit, les potentialités de développement du Commerce Equitable. Cela pourrait faire l’objet d’uneétude plus approfondie ou d’études sectorielles plus segmentées. Il s’agit de relever sur des segments demarché et des profils d’entreprise variés les freins existants à une politique plus volontariste etambitieuse d’intégration du Commerce Equitable dans les politiques d’achat des entreprises. Ces freins1

Etude PFCE « Identifier et <strong>le</strong>ver <strong>le</strong>s freins au développement du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s politiques d’achat des entreprises » Février 2010<strong>INTRODUCTION</strong>L’étude « identifier et <strong>le</strong>ver <strong>le</strong>s freins au développement du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s politiquesd’achat des grandes entreprises » est une étude qualitative reposant sur :- des entretiens réalisés entre septembre et décembre 2009 avec des acteurs du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>(<strong>la</strong>bels et entreprises), membres de <strong>la</strong> PFCE (P<strong>la</strong>te <strong>Forme</strong> <strong>pour</strong> <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>), et desentreprises conventionnel<strong>le</strong>s cités en annexe- une analyse de l’évolution de l’engagement des entreprises conventionnel<strong>le</strong>s dans <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong>Equitab<strong>le</strong> à l’échel<strong>le</strong> nationa<strong>le</strong> et internationa<strong>le</strong>- différents travaux de recherches ou ouvrages littéraires sur <strong>le</strong> sujet listés en fin de rapport dans <strong>la</strong>bibliographieDéfinition du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>Nous avons choisi, <strong>pour</strong> cette étude, de nous rapporter aux 2 définitions du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> faisant<strong>le</strong> plus consensus. L’approche choisie est donc dans une perspective Nord-Sud.1) Tout d’abord au niveau international, une définition datant de 2001 qui fait consensus au sein de FINEregroupement des 4 grandes fédérations internationa<strong>le</strong>s de <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> (FLO, IFAT nouvel<strong>le</strong>mentWFTO, NEWS et EFTA)«Le <strong>Commerce</strong> équitab<strong>le</strong> est un partenariat commercial, fondé sur <strong>le</strong> dialogue, <strong>la</strong> transparence et <strong>le</strong>respect, dont l’objectif est de parvenir à une plus grande équité dans <strong>le</strong> commerce mondial. Il contribueau développement durab<strong>le</strong> en offrant de meil<strong>le</strong>ures conditions commercia<strong>le</strong>s et en garantissant <strong>le</strong>s droitsdes producteurs et des travail<strong>le</strong>urs marginalisés, tout particulièrement au Sud de <strong>la</strong> p<strong>la</strong>nète. Lesorganisations du commerce équitab<strong>le</strong> (soutenues par <strong>le</strong>s consommateurs) s’engagent activement àsoutenir <strong>le</strong>s producteurs, à sensibiliser l’opinion et à mener campagne en faveur de changements dans <strong>le</strong>srèg<strong>le</strong>s et pratiques du commerce international conventionnel.»2) Au niveau national, <strong>la</strong> loi du 2 août 2005 en faveur des PME reconnaît que <strong>le</strong> commerce équitab<strong>le</strong>organise des échanges de biens et de services entre des pays développés et des producteursdésavantagés situés dans des pays en développement. Ce commerce vise à l'établissement de re<strong>la</strong>tionsdurab<strong>le</strong>s ayant <strong>pour</strong> effet d'assurer <strong>le</strong> progrès économique et social de ces producteurs.L’étude repose sur <strong>le</strong> constat que <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> en France est sorti de l’anonymat ets’adresse aujourd’hui à un public é<strong>la</strong>rgi notamment par <strong>la</strong> distribution des produits alimentaires en GMSdepuis une dizaine d’années. On retrouve <strong>le</strong>s produits dans <strong>le</strong>s circuits de distribution conventionnels desproduits proposés par des entreprises spécialisées à 100% ou partiel<strong>le</strong>ment dans <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>,des marques distributeurs, des marques historiques de l’agriculture biologique proposant désormais un<strong>la</strong>rge choix de produits biologiques ET équitab<strong>le</strong>s ainsi que des marques ou des industriels ayantdéveloppé une gamme courte de produits issus du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>.L’objectif de l’étude n’est pas d’analyser secteur par secteur, segment de produit par segment deproduit, <strong>le</strong>s potentialités de développement du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>. Ce<strong>la</strong> <strong>pour</strong>rait faire l’objet d’uneétude plus approfondie ou d’études sectoriel<strong>le</strong>s plus segmentées. Il s’agit de re<strong>le</strong>ver sur des segments demarché et des profils d’entreprise variés <strong>le</strong>s freins existants à une politique plus volontariste etambitieuse d’intégration du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s politiques d’achat des entreprises. Ces freins1


Etude PFCE « Identifier et <strong>le</strong>ver <strong>le</strong>s freins au développement du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s politiques d’achat des entreprises » Février 2010peuvent être d’ordre opérationnels, stratégiques, re<strong>le</strong>ver du choix voulu ou non des entreprises el<strong>le</strong>smêmes,des limites du marché ou du système du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>.Nous avons d’autre part essayé d’identifier <strong>le</strong>s <strong>le</strong>viers qui existaient <strong>pour</strong> développer <strong>le</strong><strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>. Nous proposons des recommandations mais aussi des pistes de réf<strong>le</strong>xion qui<strong>pour</strong>raient permettre une intégration plus en profondeur du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s stratégies desentreprises.Dans un premier temps, l’étude était orientée vers l’intégration du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>sgrandes entreprises. Cependant, <strong>le</strong>s premiers éléments nous ont amené à considérer de manière plusgloba<strong>le</strong> <strong>le</strong>s politiques d’achat dans <strong>le</strong>s entreprises, de <strong>la</strong> PME à <strong>la</strong> très grande entreprise en passant parune analyse des réseaux de distribution conventionnels. En effet, <strong>le</strong> marché actuel montre qu’en France,<strong>le</strong> développement des volumes ces dernières années s’est basé essentiel<strong>le</strong>ment sur l’implication :- de PME spécialisées dans <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> ayant axé <strong>le</strong>ur stratégie sur un développement engrande distribution (Alter Eco, Ethiquab<strong>le</strong>, Lobodis notamment)- de PME conventionnel<strong>le</strong>s ayant intégré <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>ur modè<strong>le</strong> économique et <strong>le</strong>urstratégie (Malongo, Armor Lux) mais plus généra<strong>le</strong>ment de manière margina<strong>le</strong> (Cafés Richard,L’Occitane…)- des entreprises de grande distribution ayant d’abord référencé des produits de marque avant de <strong>la</strong>ncer,et ce de manière accentuée depuis 2005, <strong>le</strong>urs propres produits <strong>la</strong>bellisés FairTrade (Monoprix, Lec<strong>le</strong>rc,Casino <strong>pour</strong> <strong>le</strong>s principaux)- de grandes entreprises, notamment publiques mais pas seu<strong>le</strong>ment, ayant développé une politiqued’achats responsab<strong>le</strong>s <strong>pour</strong> <strong>le</strong>urs achats indirects (SNCF, La Poste, Accor)Au-delà des typologies d’entreprise citées précédemment nous avons aussi abordé <strong>la</strong> question des TGE (TrèsGrandes Entreprises) ou multinationa<strong>le</strong>s dont l’engagement dans <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> fait débat mais qui<strong>pour</strong>raient aussi ouvrir de nouvel<strong>le</strong>s perspectives <strong>pour</strong> <strong>le</strong>s producteurs et <strong>pour</strong> <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> en luimême.Limites de l’étudeDurant cette étude, peu de données chiffrées ont été recueillies lors des entretiens, <strong>le</strong>s données du<strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> étant encore peu suivies et recueillies de manière irrégulière dans des entreprisesconventionnel<strong>le</strong>s qui n’ont pas intégré dans <strong>le</strong>ur stratégie <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>.La diversité des démarches, des produits et des degrés d’intégration du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> sur un nombrelimité d’entretiens ne permet pas d’établir un c<strong>la</strong>ssement ou une cartographie des engagements dans <strong>le</strong><strong>Commerce</strong> equitab<strong>le</strong> des entreprises interrogées. Cependant, <strong>le</strong>s entretiens ont fait apparaître des tendancesgénéra<strong>le</strong>s qui permettent de dégager des pistes de réf<strong>le</strong>xion.Structure du rapportLa première partie de l’étude permet de dresser un état des lieux de l’engagement des entreprises parrapport au <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>. Nous y présentons l’historique du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans ses rapports avec<strong>le</strong>s acteurs économiques conventionnels. Nous rappelons éga<strong>le</strong>ment quels sont <strong>le</strong>s produits disponib<strong>le</strong>s et despistes de réf<strong>le</strong>xion sur <strong>le</strong> développement de filières simp<strong>le</strong>s ou comp<strong>le</strong>xes <strong>pour</strong> accroître <strong>le</strong>s parts de marché du<strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>.2


Etude PFCE « Identifier et <strong>le</strong>ver <strong>le</strong>s freins au développement du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s politiques d’achat des entreprises » Février 2010- C’est dans <strong>le</strong>s années 60 et 70 qu’est apparu <strong>le</strong> besoin de créer des réseaux de commerce alternatif avecl’optique de créer une viabilité et des débouchés <strong>pour</strong> <strong>le</strong>s producteurs défavorisés. C’est ainsi que sontnés Traidcraft en Grande-Bretagne, Gepa en Al<strong>le</strong>magne. En France, <strong>la</strong> démarche commercia<strong>le</strong> était encoresoutenue par des associations de solidarité tel<strong>le</strong>s qu’Artisanat SEL et l’ASPAL. C’est en 1973 qu’est créée<strong>la</strong> SARL Artisans du Monde <strong>pour</strong> regrouper <strong>le</strong>s importations des associations loca<strong>le</strong>s qui travail<strong>la</strong>ientencore de manière autonome et peu structurée. Cette période voit l’apparition de magasins du monde unpeu partout en Europe, essentiel<strong>le</strong>ment animés par des bénévo<strong>le</strong>s.- Dans <strong>le</strong>s années 90, c’est <strong>le</strong> développement des organismes de <strong>la</strong>bellisation et notamment Max Have<strong>la</strong>arcréé aux Pays-Bas en 1988, qui va déc<strong>le</strong>ncher <strong>le</strong> véritab<strong>le</strong> envol commercial des produits du <strong>Commerce</strong>Equitab<strong>le</strong>. En 1997, <strong>le</strong>s trois systèmes de certification du commerce équitab<strong>le</strong> qui coexistaient au niveauinternational (Max Have<strong>la</strong>ar, Fairtrade et Transfair), présents dans 17 pays, se sont regroupés au sein deFLO (Fairtrade Labelling Organisations), aujourd’hui présent dans 21 pays. Rapidement, <strong>le</strong>s produitsalimentaires vont représenter 80% du chiffre d’affaires avec une présence de plus en plus forte dans <strong>le</strong>srayons de <strong>la</strong> grande distribution (Co-op puis Tesco et Marks and Spencer en Grande-Bretagne, Monoprixpuis Lec<strong>le</strong>rc notamment en France). Il est important de noter qu’en France, contrairement à <strong>la</strong> plupart despays européens, ce sont de nouvel<strong>le</strong>s entreprises créées par une vague d’entrepreneurs sociaux quidéveloppent une stratégie axée sur <strong>la</strong> grande distribution. C’est ainsi que naît AlterEco en 1998 alorsqu’Ethiquab<strong>le</strong>, une SCOP, n’apparaît qu’en 2003. Les acteurs historiques (Artisans du Monde qui créé sacentra<strong>le</strong> d’importation Solidar’Monde en 1984, Artisanat Sel, Andines) font <strong>le</strong> choix d’une distributiondans <strong>le</strong>s circuits alternatifs. Toujours en France, <strong>la</strong> création de <strong>la</strong> PFCE (P<strong>la</strong>te <strong>Forme</strong> <strong>pour</strong> <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong>Equitab<strong>le</strong>) en 1997, vise à mutualiser <strong>le</strong>s moyens des acteurs du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> et à crédibiliser <strong>la</strong>démarche auprès des pouvoirs publics.Dans <strong>le</strong>s années 2000, sur <strong>le</strong> p<strong>la</strong>n du développement, <strong>le</strong>s filières <strong>la</strong>bellisées se multiplient : café, thé,cacao, riz, fruits, miel…Le <strong>la</strong>bel Max Have<strong>la</strong>ar devient FairTrade <strong>pour</strong> des raisons de cohérence desinitiatives et commence à s’intéresser aux filières plus comp<strong>le</strong>xes (coton <strong>pour</strong> <strong>le</strong> vêtement). C’est aussil’apparition de TPE notamment dans <strong>la</strong> mode éthique (Ideo, Tudo Bom, Veja). Les produits alimentairessont désormais dans toutes <strong>le</strong>s enseignes de <strong>la</strong> grande distribution et commencent apparaître chez <strong>le</strong>shard discounters (Leader Price, Lidl). Ces enseignes développent même <strong>le</strong>urs propres gammes quiviennent concurrencer <strong>le</strong>s produits des entreprises spécialisées. Cette visibilité accrue attire l’attentiondes pouvoirs publics (avec <strong>la</strong> création d’une loi en 2005), des grandes entreprises qui développent desgammes plus ou moins restreintes de produits <strong>la</strong>bellisés ou <strong>le</strong> soutiennent à travers <strong>le</strong>urs achats indirects.En parallè<strong>le</strong>, <strong>le</strong> mouvement se structure à l’internationa<strong>le</strong> avec <strong>le</strong> regroupement des 4 principa<strong>le</strong>s entitésinternationa<strong>le</strong>s sous <strong>la</strong> bannière de FINE (FLO, IFAT –International federation for Alternative Tradedevenue depuis WFTO –World Fair Trade Organisation, organisation regroupant à <strong>la</strong> fois des producteursdu Sud et des opérateurs du Nord NEWS-réseau de magasins du monde européens et EFTA –EuropeanFair Trade Association, regroupement des principaux importateurs historiques du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> enEurope).2) Les portes d’entrée du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s entreprisesDe par son historique, <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> est lié à différentes famil<strong>le</strong>s du développement durab<strong>le</strong> :- <strong>la</strong> Solidarité Internationa<strong>le</strong> notamment avec l’appui des ONG dans <strong>le</strong> développement de filière (AVSFCICDA avec Ethiquab<strong>le</strong>) ou <strong>la</strong> participation à <strong>la</strong> création d’entreprises spécialisées (CCFD-ComitéCatholique contre <strong>la</strong> Faim et <strong>pour</strong> <strong>le</strong> Développement <strong>pour</strong> AlterEco et Solidar’Monde)4


Etude PFCE « Identifier et <strong>le</strong>ver <strong>le</strong>s freins au développement du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s politiques d’achat des entreprises » Février 2010- l’Economie Socia<strong>le</strong> et Solidaire symbolisée par l’appui de réseaux financiers alternatifs (NEF et CréditCoopératif)- <strong>la</strong> Responsabilité Socia<strong>le</strong> des Entreprises dont se réc<strong>la</strong>ment majoritairement <strong>le</strong>s nouveaux entrepreneursdu <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> avec <strong>la</strong> recherche d’une réussite sur <strong>le</strong>s p<strong>la</strong>ns sociaux, environnementaux etéconomiques.Cette diversité des approches que l’on retrouve éga<strong>le</strong>ment chez <strong>le</strong>s consommateurs ouvre des portes d’entréediverses <strong>pour</strong> l’engagement des entreprises conventionnel<strong>le</strong>s. Le <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> peut donc s’intégrer auxachats responsab<strong>le</strong>s d’une entreprise autant dans <strong>le</strong>s achats indirects (achats hors production) que directs.Achats indirectsAchats directsConsommation interneDistribution automatiqueRestauration col<strong>le</strong>ctiveProduits « événementiels »Vêtements de travailF<strong>le</strong>ursAgro-alimentaire : café, thé, cacao, sucre, fruits et dérivés,épices…Coton : vêtements de travail, linge, mode éthiqueMode équitab<strong>le</strong>ArtisanatCosmétiques3) Des entreprises conventionnel<strong>le</strong>s s’engagentIl faut rappe<strong>le</strong>r, et <strong>le</strong> chiffre est important que, 60% du Chiffre d’affaires réalisé en GMS l’est par 3 entreprisesspécialisées (AlterEco, Ethiquab<strong>le</strong>, Lobodis) et 1 entreprise conventionnel<strong>le</strong> engagée historiquement dans <strong>le</strong> CE,Malongo (40% du CA en <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>). Si de nombreuses entreprises s’engagent, cet engagement estencore marginal dans l’activité des entreprises.Parmi <strong>le</strong>s entreprises conventionnel<strong>le</strong>s engagées historiquement avec Flo Max Have<strong>la</strong>ar, on citera donc Malongo,<strong>le</strong> groupe Accor qui propose des produits à ses clients dans 18 pays, <strong>le</strong> groupe Elior qui vient notamment <strong>pour</strong> samarque Avenance d’équiper son personnel de vêtements en coton équitab<strong>le</strong>. Plus récemment avec <strong>la</strong> mise enp<strong>la</strong>ce de <strong>la</strong> filière coton, c’est Armor Lux qui a véritab<strong>le</strong>ment intégré <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> à sa stratégie.D’autres entreprises ont choisi de s’engager avec d’autres référentiels. Nous détail<strong>le</strong>rons <strong>le</strong>s différentsréférentiels de <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>la</strong> partie III. A noter que l’Occitane vient de s’engager sur <strong>le</strong> référentielESR et que 30 PME, spécialisées dans l’Agriculture Biologique ont choisi de se regrouper au sein de l’association5


Etude PFCE « Identifier et <strong>le</strong>ver <strong>le</strong>s freins au développement du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s politiques d’achat des entreprises » Février 2010Focus : <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> au Royaume-Uni, une success storyLe Royaume-Uni est <strong>le</strong> marché <strong>le</strong> plus dynamique dans <strong>le</strong> monde ces dernières années en ce quiconcerne <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>. Les ventes de produits <strong>la</strong>bellisés Fairtrade ont dépassé <strong>le</strong>s 950millions d’euros en 2008, soit une croissance de plus de 40% en une année. Malgré <strong>la</strong> criseéconomique, <strong>la</strong> croissance des ventes ne semb<strong>le</strong> pas faiblir en 2009. Les Britanniques sont ainsi <strong>le</strong>sdeuxièmes consommateurs de commerce équitab<strong>le</strong> derrière <strong>le</strong>s Suisses. Le marché britanniquereprésente environ 50% du marché européen et 30% du marché mondial.La Fairtrade Foundation, représentant FLO au Royaume Uni, vise un doub<strong>le</strong>ment des ventes d’icià 2012. Le succès actuel du commerce équitab<strong>le</strong> s’explique par <strong>le</strong> dynamisme à <strong>la</strong> fois de cetteorganisation mais aussi d’importateurs spécialisés qui ont réussi à construire de véritab<strong>le</strong>smarques reconnues par <strong>le</strong>s consommateurs et <strong>le</strong>s grands réseaux de distribution.En ce qui concerne <strong>le</strong>s produits <strong>la</strong>bellisés, on retrouve désormais plus de 1 500 produits dans <strong>le</strong>ssupermarchés britanniques : produits alimentaires, coton, roses…Le développement des produitsest poussé par l’engagement des réseaux de distribution conventionnels. Marks and Spencer aconverti l’ensemb<strong>le</strong> de ses gammes de café et de thé en <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> et d’ici à 2012, tous<strong>le</strong>s T-shirts et chemises en marque propre seront fabriqués à partir de coton équitab<strong>le</strong> <strong>la</strong>bellisé.Sainsbury propose aussi du café, du thé et des bananes uniquement en version équitab<strong>le</strong>.De grandes entreprises se sont aussi engagées récemment avec <strong>le</strong> <strong>la</strong>bel FairTrade. Starbucks enannonçant en septembre 2008 que fin 2009 l’ensemb<strong>le</strong> de ses boissons « expresso » seraient issuesdes filières <strong>la</strong>bellisées est devenu <strong>le</strong> premier acheteur de café équitab<strong>le</strong>. D’abord entamée auRoyaume-Uni, <strong>le</strong> développement de cette politique s’est é<strong>la</strong>rgie à toute l’Europe. Cadbury,entreprise emblématique au Royaume-Uni, s’approvisionne désormais exclusivement en cacaoéquitab<strong>le</strong> <strong>pour</strong> son produit phare, <strong>le</strong> dairy milk (barres et boissons choco<strong>la</strong>tées), dont <strong>le</strong> total desventes est estimé à plus de 250 millions d’euros sur <strong>le</strong> marché britannique. Ce<strong>la</strong> va permettre detrip<strong>le</strong>r <strong>le</strong>s ventes en <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> des coopératives certifiées du Ghana et bénéficieraéga<strong>le</strong>ment aux producteurs de sucre. Green&B<strong>la</strong>ck, marque historique du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> etappartenant à Cadbury depuis 2003, a annoncé en janvier 2010 <strong>la</strong> conversion de toutes ses barreset boissons choco<strong>la</strong>tées en <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> à l’horizon 2011 en s’approvisionnant auprès de <strong>la</strong>CONACADO en République Dominicaine. Green&B<strong>la</strong>ck avait <strong>la</strong>ncé <strong>la</strong> première barre choco<strong>la</strong>téeéquitab<strong>le</strong> en 1994.Mais c’est aussi Nestlé qui dès début 2010 s’est engagée auprès de <strong>la</strong> Fairtrade Foundation enproposant sur <strong>le</strong> marché britannique <strong>la</strong> confiserie KitKat avec <strong>la</strong> <strong>la</strong>bellisation FairTrade. Laconversion de ce produit, qui représente 23% du total des ventes en confiserie de Nestlé, vaentraîner une hausse des ventes de choco<strong>la</strong>t équitab<strong>le</strong> de près de 50 millions d’euros par an etquadrup<strong>le</strong>r <strong>le</strong>s volumes de cacao équitab<strong>le</strong> en Côte d’Ivoire.7


Etude PFCE « Identifier et <strong>le</strong>ver <strong>le</strong>s freins au développement du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s politiques d’achat des entreprises » Février 2010B) <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> et développement durab<strong>le</strong> : positionnement,C) complémentarité, alliances et risquesLe <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> s’inscrit désormais dans <strong>le</strong> mouvement général du développement durab<strong>le</strong> en ayantévolué d’un commerce caritatif puis alternatif <strong>pour</strong> devenir une forme de commerce éthique intégrant desexigences socia<strong>le</strong>s, environnementa<strong>le</strong>s mais aussi économiques, <strong>le</strong>s 3 piliers du développement durab<strong>le</strong>. Un desobjectifs fondamentaux du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> est politique : il s’agit d’influer sur <strong>le</strong>s règ<strong>le</strong>s du <strong>Commerce</strong>Internationa<strong>le</strong> qui sont défavorab<strong>le</strong>s aux producteurs des pays du Sud. Le second pilier du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>est l’éducation : sensibiliser et informer <strong>le</strong>s citoyens et <strong>le</strong>s consommateurs aux problématiques et aux injusticesrencontrées par <strong>le</strong>s producteurs. Le sujet de l’étude nous fait nous concentrer sur <strong>le</strong> troisième pilier : celui de <strong>la</strong>commercialisation et de <strong>la</strong> consommation dont <strong>le</strong> développement est nécessaire <strong>pour</strong> crédibiliser l’efficacitééconomique du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>. Nous verrons cependant par <strong>la</strong> suite que <strong>le</strong>s deux premiers piliers sontessentiels à <strong>la</strong> réussite du troisième.Nous étudions donc ici <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> en tant que mouvement de consommation dans <strong>le</strong> cadreplus général de <strong>la</strong> consommation éthique. Ensuite, nous verrons que <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> s’intègre« théoriquement » aux objectifs de <strong>la</strong> RSE (Responsabilité Socia<strong>le</strong> des Entreprises) adaptation du développementdurab<strong>le</strong> <strong>pour</strong> <strong>le</strong>s entreprises. Enfin, nous essaierons de positionner <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> par rapport à d’autresinitiatives de <strong>Commerce</strong> Durab<strong>le</strong> : quel<strong>le</strong>s complémentarités ? Quel<strong>le</strong>s alliances ?1) <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> et consommation éthiqueDans <strong>le</strong>s années 60, <strong>la</strong> montée de <strong>la</strong> consommation de masse dans <strong>le</strong>s pays occidentaux a créé undéséquilibre dans <strong>le</strong>s rapports de force entre <strong>le</strong> consommateur d’un côté et <strong>le</strong>s industriels et <strong>le</strong>s réseaux dedistribution d’un autre côté. La globalisation des échanges accélérée depuis <strong>le</strong>s années 80 a entraîné d’autre partun éc<strong>la</strong>tement des productions (dont l’automobi<strong>le</strong>, l’é<strong>le</strong>ctronique et <strong>le</strong> texti<strong>le</strong> sont <strong>le</strong>s meil<strong>le</strong>urs exemp<strong>le</strong>s). Cetteglobalisation a cependant entraîné éga<strong>le</strong>ment une globalisation de l’information notamment à travers internet.Les ONG militantes, des droits de l’Homme (Oxfam, Human Rights Watch), environnementa<strong>le</strong>s (Greenpeace,WWF, Amis de <strong>la</strong> Terre) y ont trouvé un terreau propice à <strong>la</strong> diffusion de <strong>le</strong>urs messages et de <strong>le</strong>urs campagnes.Ces campagnes ont participé à l’éveil d’une consommation éthique dans un public é<strong>la</strong>rgi au-delà du cerc<strong>le</strong> desmilitants convaincus.La consommation est aussi devenue un acte de démonstration de ses engagements. La consommation éthiquepeut être définie par <strong>la</strong> définition de critères sociaux et environnementaux dans l’acte d’achat. Aucun cadrejuridique ou normatif ne définit <strong>la</strong> consommation éthique. La consommation éthique se développe autour d’unedéfinition mora<strong>le</strong> positive, dans un rapport direct entre <strong>le</strong> consommateur et <strong>le</strong> produit qu’il achète.Le consommateur éthique va prendre en compte, quand il <strong>le</strong> peut, des critères autres que celui du prix et de <strong>la</strong>qualité : réputation de <strong>la</strong> marque, travail des enfants, exploitation des travail<strong>le</strong>urs, impact environnemental(réchauffement climatique, pollution, production biologique…). De plus en plus de consommateurs se définissentcomme « éthiques » et se disent prêts à payer plus cher <strong>pour</strong> un produit éthique. Même s’il existe un différentie<strong>le</strong>ntre l’intention et l’action, ce mouvement est un potentiel de développement important <strong>pour</strong> <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong>Equitab<strong>le</strong> qui s’inscrit historiquement dans <strong>le</strong>s revendications socia<strong>le</strong>s et a évolué depuis une dizaine d’années sur<strong>la</strong> prise en compte des problématiques environnementa<strong>le</strong>s dans une démarche de progrès.Une étude Ethicity-Ademe parue en juin 2009 montre que :- 20% des consommateurs font des achats responsab<strong>le</strong>s « régulièrement »9


Etude PFCE « Identifier et <strong>le</strong>ver <strong>le</strong>s freins au développement du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s politiques d’achat des entreprises » Février 2010- 30% des consommateurs font attention à ne pas acheter un produit d’une marque dont ils réprouvent <strong>le</strong>comportement- 14% sont prêts à payer plus cher <strong>pour</strong> un produit fabriqué dans <strong>le</strong> respect des droits des sa<strong>la</strong>riés dans <strong>le</strong>monde (en recul de 12 points par rapport à 2004, en rapport avec <strong>la</strong> crise économique)- Le prix et <strong>la</strong> qualité restent <strong>le</strong>s premiers critères de choix d’un produit responsab<strong>le</strong>.- La transparence sur l’engagement social et environnemental ainsi que l’information deviennent descritères déterminants <strong>pour</strong> <strong>le</strong> consommateur.Le <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> qui prend en compte des exigences socia<strong>le</strong>s et environnementa<strong>le</strong>s possède donc unpotentiel de développement dans <strong>le</strong> cadre d’une consommation éthique. L’évolution des préoccupations desconsommateurs doit cependant amener <strong>le</strong>s différents acteurs impliqués dans <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>, enparticulier <strong>le</strong>s entreprises :- A proposer des produits de qualité avec un prix en phase avec <strong>le</strong> marché (d’autant que <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong>Equitab<strong>le</strong> vise à se substituer aux produits conventionnels)- A renforcer <strong>la</strong> prise en compte de <strong>la</strong> démarche environnementa<strong>le</strong> (<strong>pour</strong> <strong>la</strong> production, <strong>le</strong> transport) et àlégitimer cet aspect auprès des consommateurs.- A développer des outils de transparence et de traçabilité : projets GeoFairTrade soutenu par MaxHave<strong>la</strong>ar, <strong>le</strong>s puces RFID <strong>pour</strong> Malong ou made-by <strong>pour</strong> <strong>le</strong>s vêtement aux Pays-Bas- A fournir une information c<strong>la</strong>ire et complète sur <strong>le</strong>s filières et <strong>le</strong>s projets soutenus auprès desconsommateurs. Le packaging et l’étiquetage restent à l’heure actuel<strong>le</strong> <strong>le</strong>s meil<strong>le</strong>urs vecteurs de cettecommunication alors que <strong>la</strong> dématérialisation de l’information ouvre progressivement des potentialités<strong>pour</strong> une information directe, complète et personnalisée : www.made-by.nl, www.respect-code.org,www.goodguide.com sont des exemp<strong>le</strong>s de méthodologies et d’outils techniques que <strong>le</strong>s consommateurs<strong>pour</strong>raient s’approprier demain <strong>pour</strong> vérifier ou comparer <strong>le</strong>s engagements des entreprises dont ilsachètent <strong>le</strong>s produits sur des critères environnementaux et sociaux.10


Etude PFCE « Identifier et <strong>le</strong>ver <strong>le</strong>s freins au développement du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s politiques d’achat des entreprises » Février 2010Focus : étude commerce équitab<strong>le</strong> et environnement de <strong>la</strong> PFCE (extrait)Les pratiques socia<strong>le</strong>s et économiques des organisations de commerce équitab<strong>le</strong>sont aujourd’hui reconnues comme étant parmi <strong>le</strong>s plus exigeantes : prix minimum garanti payé auxproducteurs, prime de développement, respect des normes de l’OIT, préfinancement des commandes,etc. En revanche, <strong>le</strong>urs engagements en faveur de <strong>la</strong> protection de l’environnement sont plus rarementconnus du grand public.Pourtant, <strong>le</strong> commerce équitab<strong>le</strong>, dans sa définition <strong>la</strong> plus communément acceptée (cel<strong>le</strong> de FINE), seconçoit p<strong>le</strong>inement comme acteur de développement durab<strong>le</strong> et <strong>la</strong> dimension environnementa<strong>le</strong> n’estpas absente de ses modalités d’action.Ainsi <strong>le</strong>s principaux <strong>la</strong>bels de commerce équitab<strong>le</strong> (FLO-MaxHave<strong>la</strong>ar, BioEquitab<strong>le</strong> ou Ecocert ESR) intègrent tous des c<strong>la</strong>uses environnementa<strong>le</strong>s strictes dans<strong>le</strong>urs cahiers des charges (interdiction des produits phytosanitaires <strong>le</strong>s plus polluants, voire mêmeimposition d’une agriculture biologique dans <strong>le</strong> cas de BioEquitab<strong>le</strong> et d’Ecocert ESR, etc.).Par ail<strong>le</strong>urs, <strong>le</strong>s coopératives de producteurs de commerce équitab<strong>le</strong> produisent selon <strong>le</strong>s principes del’agriculture familia<strong>le</strong>, nettement plus respectueuse de l’environnement que l’agriculture industriel<strong>le</strong>.L’impact en termes de protection de <strong>la</strong> biodiversité est important et <strong>le</strong> commerce équitab<strong>le</strong> a permis àde nombreuses coopératives de producteurs d’opérer une conversion vers l’agriculture biologique.Cependant, l’amp<strong>le</strong>ur de <strong>la</strong> crise économique p<strong>la</strong>nétaire, avec ses conséquences socia<strong>le</strong>s etéconomiques qu’el<strong>le</strong> a déjà commencé d’avoir sur <strong>le</strong>s popu<strong>la</strong>tions <strong>le</strong>s plus pauvres, appel<strong>le</strong> <strong>le</strong>s acteursde commerce équitab<strong>le</strong> à renforcer <strong>le</strong>urs engagements en considérant l’impact environnemental de<strong>le</strong>urs activités dans <strong>le</strong>ur globalité, y compris au niveau de <strong>le</strong>urs pratiques au Nord.Dans ce contexte, <strong>la</strong> P<strong>la</strong>te-<strong>Forme</strong> <strong>pour</strong> <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> (PFCE), a révisé en 2008 sa Charte deprincipes 3 afin d’y inclure de nouveaux critères liés à <strong>la</strong> protection de l’environnement. El<strong>le</strong> s’engageaujourd’hui dans <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce d’un projet ambitieux d’accompagnement de ses membres vers despratiques plus respectueuses de l’environnement : lutte contre <strong>le</strong> réchauffement climatique,préservation de <strong>la</strong> biodiversité et éducation au développement durab<strong>le</strong>. Ce programme s’articu<strong>le</strong>autours des trois axes suivants :– Réduction des impacts environnementaux au Nord comme au Sud ;– Capitalisation et mutualisation des pratiques entre professionnels et parties prenantes du secteur ducommerce équitab<strong>le</strong>, de l’environnement et de l’Economie Socia<strong>le</strong> et Solidaire ;– Promotion de <strong>la</strong> consommation responsab<strong>le</strong> à travers une contribution active à des travaux surl’affichage social et environnemental des produits.Source :PFCE,téléchargeab<strong>le</strong>http://www.commercequitab<strong>le</strong>.org/fi<strong>le</strong>admin/user_upload/publication/pfceEnvironnement_web_2.pdf11


Etude PFCE « Identifier et <strong>le</strong>ver <strong>le</strong>s freins au développement du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s politiques d’achat des entreprises » Février 20102) <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> et Responsabilité Socia<strong>le</strong> des EntreprisesPour commencer, nous retenons <strong>pour</strong> <strong>la</strong> RSE (Responsabilité Socia<strong>le</strong> des Entreprises) <strong>la</strong> définition proposée par <strong>la</strong>Commission Européenne : « Un concept qui désigne l'intégration volontaire par <strong>le</strong>s entreprises de préoccupationssocia<strong>le</strong>s et environnementa<strong>le</strong>s à <strong>le</strong>urs activités commercia<strong>le</strong>s et <strong>le</strong>urs re<strong>la</strong>tions avec <strong>le</strong>urs parties prenantes. »Le concept de RSE est l’adaptation <strong>pour</strong> <strong>le</strong>s entreprises des principes du Développement Durab<strong>le</strong>. La RSE nebénéficie pas d’un cadre juridique légal ou contraignant. En règ<strong>le</strong> généra<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s entreprises qui développent unepolitique intégrée de RSE font référence au Global Compact, aux lignes du GRI (Global Reporting Initiative) ou auxlignes directrices contenues dans <strong>la</strong> future norme ISO26000 qui doit paraître en 2010.Le <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dont l’activité repose sur <strong>le</strong>s trois piliers économiques, sociaux et environnementauxcorrespond a priori aux objectifs de <strong>la</strong> RSE. On peut toutefois distinguer deux niveaux d’intégration.- Pour <strong>le</strong>s entreprises spécialisées qu’el<strong>le</strong>s aient choisi une forme juridique conventionnel<strong>le</strong> ou rattachée àl’Economie Socia<strong>le</strong> et Solidaire (Coopérative <strong>pour</strong> Ethiquab<strong>le</strong> ou association <strong>pour</strong> Artisanat Sel), <strong>le</strong><strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> est un projet intégré de RSE. Toute politique RSE de ces organisations se construitautour du concept de <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> : transparence, démocratie, produits respectueux del’environnement, re<strong>la</strong>tion équitab<strong>le</strong> avec <strong>le</strong>s fournisseurs.- Pour <strong>le</strong>s entreprises conventionnel<strong>le</strong>s, l’intégration du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans une politique RSE vaprincipa<strong>le</strong>ment se faire dans <strong>le</strong> cadre de <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion fournisseurs. Le niveau d’intégration dépendra del’approche « utilitariste » ou « volontariste » de l’entreprise qui s’engage. Armor Lux, <strong>le</strong> groupe Accor etMalongo représentent en France <strong>le</strong>s meil<strong>le</strong>urs exemp<strong>le</strong>s de l’approche « volontariste ». Aujourd’hui, <strong>la</strong>très grande majorité des entreprises proposent des produits du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans l’approche« utilitariste » : il s’agit de protéger sa marque (utilitarisme défensif, cas de Nestlé, Cadbury) ou derépondre ponctuel<strong>le</strong>ment à une demande des clients (utilitarisme offensif, exemp<strong>le</strong> des MarquesDistributeurs).Un changement d’échel<strong>le</strong> du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> par l’implication des entreprises passe par une évolutionfondamenta<strong>le</strong> et profonde de ces dernières dans <strong>la</strong> manière dont ils intègrent <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> : il s’agit depasser de démarches ponctuel<strong>le</strong>s, isolées (achats indirects, développement de gammes de produits alternatives)à une intégration stratégique du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>. Nous reviendrons plus en détail dans <strong>la</strong> partie 2 sur <strong>le</strong>positionnement et <strong>le</strong>s motivations des entreprises <strong>pour</strong> s’engager dans <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> ainsi que <strong>le</strong>s freinset <strong>le</strong>viers <strong>pour</strong> développer celui-ci dans <strong>le</strong>s politiques d’achat des entreprises.Même si juridiquement, une entreprise et notamment une grande entreprise n’est pas responsab<strong>le</strong> ducomportement de ses fournisseurs, il n’en reste pas moins qu’aux yeux des consommateurs, c’est <strong>la</strong> marqueprincipa<strong>le</strong> qui portera <strong>la</strong> faute d’une défail<strong>la</strong>nce chez ses fournisseurs et sous-traitants (travail des enfants,exploitation des travail<strong>le</strong>urs, non-respects des droits syndicaux…). Les entreprises ont donc développé différentesapproches <strong>pour</strong> répondre à ce nouvel enjeu : codes de conduite interne et audits sociaux sont <strong>le</strong>s principauxoutils « défensifs » mis en œuvre. Le <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> est aussi une réponse possib<strong>le</strong> et représente un pluspar rapport aux exigences minima<strong>le</strong>s que peut se fixer une entreprise conventionnel<strong>le</strong>.Nous avons vu toutefois que <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> s’intègre encore margina<strong>le</strong>ment aux politiques RSE desentreprises. Il s’agit donc de l’ancrer plus profondément.Le <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> répond parfaitement aux 3 enjeux de <strong>la</strong> RSE (économique, social et environnemental).Voici quelques pistes de réf<strong>le</strong>xion permettant une meil<strong>le</strong>ure intégration de <strong>la</strong> thématique du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>dans <strong>le</strong> concept plus global de RSE :12


Etude PFCE « Identifier et <strong>le</strong>ver <strong>le</strong>s freins au développement du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s politiques d’achat des entreprises » Février 2010- Intégrer <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> aux formations achats responsab<strong>le</strong>s en impliquant <strong>le</strong>s cabinets de consei<strong>le</strong>n développement durab<strong>le</strong>. A l’heure actuel<strong>le</strong>, <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> equitab<strong>le</strong> n’est que traité à <strong>la</strong> marge dans <strong>la</strong>cadre des actions de développement durab<strong>le</strong> <strong>pour</strong> <strong>le</strong>s achats de consommation interne.- Développer <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> et des groupes de travail spécifiques dans <strong>le</strong>s p<strong>la</strong>teformes RSE(ORSE,IMS…). Cette action donnerait une plus grande visibilité au <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> auprès desresponsab<strong>le</strong>s du développement durab<strong>le</strong> des grandes entreprises.- Crédibiliser <strong>la</strong> dimension économique en étudiant <strong>le</strong>s entreprises s’étant engagées fortement dans <strong>le</strong><strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> et re<strong>la</strong>yer ces études dans <strong>le</strong>s milieux de <strong>la</strong> RSE. L’objectif est de démontrer que <strong>le</strong><strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> peut parfaitement s’intégrer à une stratégie réussie de développement d’entreprise.- Développer <strong>le</strong>s travaux universitaires et <strong>la</strong> littérature économique autour de l’intégration du <strong>Commerce</strong>Equitab<strong>le</strong> dans <strong>la</strong> Responsabilité Socia<strong>le</strong> des Entreprises et <strong>la</strong> stratégie d’entreprise. En France, onretrouve aujourd’hui principa<strong>le</strong>ment des études d’impact au Sud ou des ouvrages généralistes consacrésau <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>.- Créer des Trophées du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> <strong>pour</strong> récompenser <strong>le</strong>s meil<strong>le</strong>ures initiatives que ce soit <strong>pour</strong><strong>le</strong>s associations ou <strong>le</strong>s entreprises conventionnel<strong>le</strong>s ou spécialisées. Ce<strong>la</strong> permettrait de créer des casd’étude et l’exemp<strong>la</strong>rité dans une logique de bonnes pratiques voire de compétition « développementdurab<strong>le</strong> ».Le <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> est donc une réponse à <strong>la</strong> montée en puissance de <strong>la</strong> consommation éthique et audéveloppement de politiques RSE dans <strong>le</strong>s entreprises. D’autres initiatives existent et peuvent être :- complémentaires et être, sous conditions, un <strong>le</strong>vier <strong>pour</strong> <strong>le</strong> développement du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>- concurrentes et représenter une menace <strong>pour</strong> <strong>le</strong> changement d’échel<strong>le</strong> voire <strong>la</strong> pérennité du <strong>Commerce</strong>Equitab<strong>le</strong>3) Le <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> et <strong>le</strong>s autres initiatives de commerce« durab<strong>le</strong> »i) <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> et production biologiqueLes produits biologiques connaissent une croissance bien supérieure au <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> depuisquelques années. Sur certains marchés dans l’agor-alimentaire et <strong>le</strong> texti<strong>le</strong>, c’est une nécessité de conjuguer <strong>la</strong>certification biologique et <strong>la</strong> <strong>la</strong>bellisation équitab<strong>le</strong> <strong>pour</strong> développer <strong>le</strong>s ventes (Armor Lux, Pomona, Elior, Elis,Kaoka, Arcadie). En moyenne, 40% des produits du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> en agro-alimentaire sont aussi certifiésbiologiques. C’est cette convergence que soutient <strong>le</strong> système de garantie ESR développé par Ecocert. Lesentreprises du secteur bio développent ainsi une gamme conséquente avec une doub<strong>le</strong> <strong>la</strong>bellisation.Il faut cependant rappe<strong>le</strong>r que <strong>la</strong> certification biologique n’est pas toujours techniquement et financièrementaccessib<strong>le</strong> aux petits groupements de producteurs ou dans des régions ayant subi une production industriel<strong>le</strong>intensive et ne permettant pas <strong>le</strong> retour à une production biologique. Il semb<strong>le</strong>rait éga<strong>le</strong>ment que <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong>Equitab<strong>le</strong> soit un <strong>le</strong>vier <strong>pour</strong> <strong>le</strong>s producteurs <strong>pour</strong> acquérir une autonomie suffisante afin de s’orienter versl’agriculture biologique et donc des marchés plus valorisés.Il est à noter qu’il existe une vraie convergence dans <strong>le</strong>s démarches avec des entreprises du bio qui développentdes produits issus du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> et vice-versa. L’exigence des 2 démarches conduit à <strong>le</strong>ur convergencesous certaines conditions mais non à <strong>le</strong>ur fusion.13


Etude PFCE « Identifier et <strong>le</strong>ver <strong>le</strong>s freins au développement du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s politiques d’achat des entreprises » Février 2010Des financements <strong>pour</strong> appuyer <strong>la</strong> conversion de productions <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> au Sud vers une productionbiologique seraient un <strong>le</strong>vier <strong>pour</strong> l’accès à de nouveaux marchés <strong>pour</strong> <strong>le</strong>s groupements de producteurs dans <strong>le</strong>domaine des matières premières agrico<strong>le</strong>s et <strong>la</strong> pérennisation de <strong>le</strong>ur outil de travail principal, <strong>la</strong> terre. Lesstandards de FLO incluent désormais une prime intégrée dans <strong>le</strong> prix <strong>pour</strong> <strong>la</strong> production biologique (effective ouen conversion)14


Etude PFCE « Identifier et <strong>le</strong>ver <strong>le</strong>s freins au développement du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s politiques d’achat des entreprises » Février 2010Focus : point de vue sur <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> d’une entreprise de l’agriculturebiologique, Kaoka (entretien réalisé en novembe 09)Le fondateur de Kaoka, André Deberdt, travail<strong>le</strong> dans l’agriculture biologique depuis 30ans. Il se définit comme un défenseur de <strong>la</strong> conception « originel<strong>le</strong> » de l’agriculture biologique :s’impliquer fortement dans <strong>le</strong> développement des filières, partenariat de long terme,prépondérance de <strong>la</strong> qualité, importance de <strong>la</strong> dimension socia<strong>le</strong> et humaine. Il créé Kaoka en 1993dont <strong>le</strong> métier est <strong>la</strong> « culture du cacao ». D’abord créée sous forme de SCI, <strong>la</strong> société fait appel àdes à des partenaires extérieurs <strong>pour</strong> devenir une SA. Kaoka est rapidement dans une optique de<strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> en participant à <strong>la</strong> création de Green § B<strong>la</strong>ck en Ang<strong>le</strong>terre, société à <strong>la</strong>quel<strong>le</strong> ilvend <strong>le</strong> cacao. Dans un premier temps, Kaoka a travaillé avec des prestataires façonniers à Dijonpuis Saint Etienne et enfin avec <strong>le</strong> groupe Cémoi en 1995. La re<strong>la</strong>tion commercia<strong>le</strong> s’est renforcéeavec ce dernier (notamment avec <strong>le</strong> contrat <strong>pour</strong> Carrefour Bio). Ce<strong>la</strong> a ouvert des marchés, permisd’augmenter <strong>le</strong>s volumes, d’institutionnaliser <strong>le</strong> préfinancement (<strong>le</strong>s lignes de crédit ouvertes àKaoka ayant augmenté considérab<strong>le</strong>ment). C’est tout naturel<strong>le</strong>ment qu’en 1999, après avoir analysé<strong>le</strong>s capacités de l’entreprise et <strong>le</strong>s possibilités de développement, Kaoka décide de s’adresser à ungrand groupe industriel <strong>pour</strong> pouvoir développer ses volumes, investir dans <strong>le</strong>s filières et toucher<strong>le</strong>s grands circuits de distribution. En effet, l’interlocuteur privilégié dans <strong>le</strong> grande distribution estl’industriel qui maîtrise <strong>le</strong> cahier des charges. Cémoi est un partenaire commercial fiab<strong>le</strong>, uneentreprise familia<strong>le</strong> avec des savoir-faire à partager. Cémoi est alors devenu actionnaire majoritaire(à hauteur de 51%), <strong>le</strong> fondateur conservant <strong>la</strong> minorité de blocage (34%). L’entreprise est devenueune SAS, André Deberdt conservant <strong>le</strong>s rênes de l’entreprise et son autonomie. Kaoka a uneinfluence importante dans <strong>le</strong> groupe Cémoi de par sa connaissance du terrain et de l’agriculturebiologique. L’arrivée du groupe Cémoi a permis à Kaoka d’obtenir des débouchés garantis, deslignes de crédit supplémentaires, des taux d’intérêt plus bas (de l’ordre de 1% aujourd’hui, ce tauxétant aligné sur <strong>le</strong> PIBOR et non <strong>le</strong> marché directeur). Ces « facilités » ont permis à Kaoka de mettreen p<strong>la</strong>ce une politique de préfinancement gratuit de <strong>la</strong> production.Le souhait de Kaoka est qu’il y ait un rapprochement entre l’agriculture biologique et <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong>Equitab<strong>le</strong>. C’est <strong>pour</strong> cette raison que Bioéquitab<strong>le</strong> est devenue Biopartenaire et <strong>la</strong>nce 2 référentiels :Biosolidaire (Nord-Nord) et Bioéquitab<strong>le</strong> (Nord-Sud). Le bio et l’équitab<strong>le</strong> sont deux démarchesexigeantes. Le bio se fait concurrencer par Eurepgap (principes d’agriculture raisonnée et detraçabilité). C’est aussi ce qui se produit <strong>pour</strong> <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> qui voit apparaître desdémarches moins disantes comme Rainforest Alliance ou Utz Kapeh. Le <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> etl’agriculture biologique doivent être synonymes de partenariat, de développement, de constructionet de renforcement de filières, de maintien du tissu rural.Pour plus d’efficacité et de c<strong>la</strong>rté, sans doute <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> aboutira-t-il comme <strong>le</strong> bioavec un cahier des charges public et unique qui sera <strong>la</strong> résultante de discussions et de compromisentres <strong>le</strong>s différentes vraies démarches de <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>.Autre point qui <strong>pour</strong>rait encourager <strong>le</strong>s entreprises à plus s’investir dans <strong>le</strong> développement defilières équitab<strong>le</strong>s : considérer que ce travail de terrain, <strong>la</strong>borieux et de longue ha<strong>le</strong>ine, est uninvestissement. Cet investissement <strong>pour</strong>rait être intégré aux amortissements d’une entreprise etdonc de <strong>le</strong> considérer comme un actif de l’entreprise.Les agences de coopération et <strong>le</strong>s grandes institutions ont aussi un rô<strong>le</strong> à jouer mais el<strong>le</strong>s doiventmieux intégrer l’importance des PME dans <strong>le</strong>s programmes de développement.15


Etude PFCE « Identifier et <strong>le</strong>ver <strong>le</strong>s freins au développement du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s politiques d’achat des entreprises » Février 2010ii)<strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> et <strong>Commerce</strong> EthiqueLe <strong>Commerce</strong> éthique vise <strong>la</strong> mise en conformité des conditions de travail avec <strong>le</strong>s conventions de l’OIT.C’est donc <strong>la</strong> recherche d’un minimum obligatoire particulièrement adopté aux entreprises ayant des fournisseurset sous-traitants dans <strong>le</strong>s pays en développement. Les initiatives <strong>le</strong>s plus reconnues sont cel<strong>le</strong>s de SAI (SocialAccountability International, association américaine) avec SA8000 et ETI (Ethical Trade Initiative, associationbritannique) qui rassemb<strong>le</strong> à <strong>la</strong> fois des syndicats, des entreprises et des associations (<strong>la</strong> Fairtrade Foundation,représente de FLO au Royaume-Uni en est membre). Le <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>, plus exigeant dans sa démarche, et<strong>le</strong> commerce éthique peuvent se rejoindre dans <strong>le</strong> cas de supply chains comp<strong>le</strong>xes. Dans <strong>le</strong> cadre de <strong>la</strong>transformation du coton, <strong>le</strong> <strong>la</strong>bel FLO a souhaité une transparence complète dans <strong>le</strong>s différentes étapes et exigedes opérateurs intervenant dans <strong>le</strong>s différentes étapes de transformation une conformité à <strong>la</strong> norme SA8000, unrapport d’inspection sur <strong>la</strong> base du code de conduite de l’ETI ou une <strong>le</strong>ttre d’adhésion à un syndicat accrédité par<strong>la</strong> CISL (ConfédérationInternationa<strong>le</strong> des Syndicats Libres). Cette expérimentation ouvre <strong>la</strong> voie audéveloppement d’autres filières comp<strong>le</strong>xes et à une traçabilité accrue des productions.La croissance du marché des produits équitab<strong>le</strong>s, l’expertise acquise sur <strong>la</strong> filière coton , <strong>la</strong> demande desconsommateurs amène <strong>le</strong>s acteurs du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> à développer des filières sur des supply chain longueset comp<strong>le</strong>xes. Ces initiatives recoupent <strong>le</strong> champ de compétences des professionnels du <strong>Commerce</strong> Ethique (SAI,ETI). Les 2 mouvements <strong>pour</strong>raient entrer en concurrence. Cependant, l’expérience menée sur <strong>la</strong> filière coton<strong>la</strong>isse à penser que <strong>la</strong> voie choisie sera <strong>la</strong> mutualisation des moyens et de l’expertise des <strong>la</strong>bels de <strong>Commerce</strong>Equitab<strong>le</strong> et des professionnels du <strong>Commerce</strong> Ethique (SAI, ETI) .Focus : <strong>la</strong> filière coton FLO, premier exemp<strong>le</strong> de filière équitab<strong>le</strong> et éthiqueLes premières commercialisations de produits texti<strong>le</strong>s à base de coton équitab<strong>le</strong> ont démarré en Franceet en Suisse en 2005, en provenance de 4 pays Africains (Mali, Cameroun, Sénégal et Burkina Faso),avec l’appui de <strong>la</strong> coopération française, puis sur <strong>le</strong> marché britannique avec l’appui de DFID, enprovenance d’Inde en 2006. La production de coton fibre équitab<strong>le</strong> mondia<strong>le</strong> (en provenanceexclusivement de ces 2 continents) a atteint 10 000 tonnes en 2007 et 27 000 tonnes en 2008. Denouvel<strong>le</strong>s filières an Amérique <strong>la</strong>tine sont en développement (Pérou, Brésil). Les premièresestimations établies par FLO dans <strong>le</strong> cadre de l’étude de faisabilité du projet conduisent à retenir untaux de croissance annuel moyen de 48% <strong>pour</strong> <strong>la</strong> fibre équitab<strong>le</strong>, soit un potentiel de marché escomptéau terme d’un programme de développement de 5 ans d’environ 60 000 tonnes de coton fibre équitab<strong>le</strong>.En France, l’Agence Française de Développement s’est engagée à hauteur de 4,7 millions d’euros en2008 <strong>pour</strong> un programme de 5 ans destiné à soutenir <strong>le</strong> développement d’une filière équitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>spays de l’Afrique francophone.« Depuis 2005, <strong>le</strong>s filières cotonnières d’Afrique francophone connaissent une crise profonde sous <strong>le</strong> doub<strong>le</strong> effetde <strong>la</strong> baisse des cours mondiaux en dol<strong>la</strong>rs résultants des subventions de grands pays producteurs comme <strong>la</strong>Chine et <strong>le</strong>s États-Unis, et surtout de l’appréciation de l’euro et donc du franc CFA par rapport au dol<strong>la</strong>r. Cedernier facteur constitue aujourd’hui <strong>la</strong> principa<strong>le</strong> menace <strong>pour</strong> <strong>la</strong> survie des filières cotonnières de l’Afrique zonefranc, alors que <strong>le</strong>s cours en dol<strong>la</strong>r connaissent un redressement significatif <strong>pour</strong> <strong>la</strong> campagne 2007/08 (70cents/livre). Toutefois, <strong>la</strong> très sévère crise que traversent actuel<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s filières de <strong>la</strong> zone franc ne doit pas faireoublier que <strong>le</strong> coton africain possède un certain nombre d’atouts structurels qui peuvent être valorisés sur <strong>le</strong>marché mondial. Produit généra<strong>le</strong>ment de manière durab<strong>le</strong>, avec une utilisation faib<strong>le</strong> d’intrantsagrico<strong>le</strong>s, mais aussi d’eau et d’énergie (appelés à devenir de plus en plus rares et chers), au sein d’un systèmefamilial de polyculture-é<strong>le</strong>vage, jouant ainsi un rô<strong>le</strong> social non négligeab<strong>le</strong>, il propose une fibre dont <strong>la</strong> qualitéintrinsèque est très bonne. » (source : AFD)16


Etude PFCE « Identifier et <strong>le</strong>ver <strong>le</strong>s freins au développement du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s politiques d’achat des entreprises » Février 2010(Suite)En ce qui concerne <strong>le</strong>s marchés du Nord, <strong>le</strong>s entreprises du texti<strong>le</strong>, plus que <strong>le</strong>s réseaux de distribution,sont interpelées par <strong>le</strong>s ONG (Col<strong>le</strong>ctif de l’Ethique sur l’Etiquette, Campagne C<strong>le</strong>an Clothes) et <strong>le</strong>sconsommateurs sur <strong>le</strong>s conditions de travail dans <strong>le</strong>ur supply chains, quand bien même ils n’en sont paspropriétaires. C’est aussi dans ce contexte qu’est intervenu <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> qui <strong>pour</strong> <strong>le</strong> momentne <strong>la</strong>bellise que <strong>le</strong> coton. Cependant, FLO étudie <strong>la</strong> possibilité d’é<strong>la</strong>rgir <strong>la</strong> <strong>la</strong>bellisation <strong>pour</strong> d’autresétapes de transformation, notamment <strong>la</strong> confection souvent associée aux « sweatshops » dans <strong>le</strong>s paysdu Sud. Toutefois FLO assure <strong>la</strong> traçabilité de <strong>la</strong> matière première tout au long de <strong>la</strong> filière (égrenage,fi<strong>la</strong>ture, tissage, confection, distribution) par l’octroi de licence aux différents opérateurs, cette licenceassurant qu’ils respectent <strong>le</strong>s conventions de l’OIT.Ainsi, lorsque l’opérateur fait intervenir un sous-traitant, il doit démontrer comment celui respecte ouprogresse vers <strong>le</strong>s conventions de l’OIT, cet engagement étant vérifié tous <strong>le</strong>s 2 ans. Il dispose deplusieurs possibilités selon <strong>le</strong>s standards FLO :1. Fournir un certificat d’adhésion au WFTO.2. Etre certifié SA 8000.3. Prouver qu’il est impliqué dans <strong>le</strong>s initiatives suivantes : Ethical Trading Initiative (ETI), Fair WearFoundation, Fair LabourAssociation, Workers’ Rights Consortium.4. Adhésion à un syndicat accrédité par <strong>la</strong> CISL (ConfédérationInternationa<strong>le</strong> des Syndicats Libres).5. L’entreprise est propriété des travail<strong>le</strong>urs.6. Fournir un rapport d’une tierce partie documentant un audit social mené suivant <strong>le</strong> code de conduiteETI ou suivant un code de conduite équiva<strong>le</strong>nt, daté d’il y a un an au maximum.L’ambition de FLO est donc de remonter <strong>le</strong>s différents maillons de supply chain, mais el<strong>le</strong> se heurte auxmanques de moyens financiers <strong>pour</strong> pouvoir développer des standards adaptés, effectuer des audits surl’ensemb<strong>le</strong> des étapes de transformation. Ce<strong>la</strong> peut ouvrir des perspectives de col<strong>la</strong>boration avec <strong>le</strong>sdifférentes organisations du commerce éthique (BSCI – Business Social Compliance Initiative, ETI-Ethical Trade Initiative, SEDEX-Supplier Ethical Data EXchange), <strong>le</strong>s initiatives sectoriel<strong>le</strong>s (EICC-E<strong>le</strong>ctronic Industry Code of Conduct, FLA-Fair Labour Association, ICS-Initiative C<strong>la</strong>use Socia<strong>le</strong>, ICTICARE-International Council of Toy Industries, ICI-International Cocoa Initiative), <strong>le</strong>s organisationssyndica<strong>le</strong>s (CISL- Confédération Internationa<strong>le</strong> des Syndicats Libres) et <strong>le</strong>s initiatives internationa<strong>le</strong>s deRSE (Global Compact, ISO26000, Global Reporting Initiative)iii)Le <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> face à <strong>la</strong> montée d’initiatives concurrentesFace au succès des produits « responsab<strong>le</strong>s », d’autres initiatives privées ont vu <strong>le</strong> jour : Rainforest Alliance,Utz Kapeh, Better Cotton notamment. Ces initiatives ne sont pas au cœur de l’étude mais force est de constaterqu’el<strong>le</strong>s présentent un cadre attractif <strong>pour</strong> <strong>le</strong>s multinationa<strong>le</strong>s. Cependant, aucune étude d’impact indépendantesur ces initiatives n’a été réalisée contrairement au <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>. Le <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> est <strong>la</strong> seu<strong>le</strong>initiative fixant un standard de prix minimum, travail<strong>la</strong>nt majoritairement avec des groupements de producteursautonomes et visant un changement des règ<strong>le</strong>s du marché. Les pouvoirs publics belges, hol<strong>la</strong>ndais et al<strong>le</strong>mandsont décidé de soutenir l’ensemb<strong>le</strong> des initiatives tandis que <strong>la</strong> Suisse et <strong>la</strong> Grande Bretagne ont apporté unsoutien massif au <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>.La multiplication des <strong>la</strong>bels et des initiatives est source de confusion <strong>pour</strong> <strong>le</strong> consommateur. En revanche, <strong>le</strong>sdémarches proposées ont des objectifs différents, correspondent à des choix stratégiques ou des modè<strong>le</strong>s dedéveloppement différentes. Une possibilité est <strong>la</strong> création d’une structure regroupant <strong>le</strong>s initiatives (par exemp<strong>le</strong>en Belgique avec <strong>le</strong> Trade for Development Centre créé par <strong>la</strong> Coopération Technique Belge) ou <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce17


Etude PFCE « Identifier et <strong>le</strong>ver <strong>le</strong>s freins au développement du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s politiques d’achat des entreprises » Février 2010d’un Fonds d’Initiative Durab<strong>le</strong> intégrant <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>. Pour <strong>le</strong>s consommateurs, en revanche, unerégu<strong>la</strong>tion publique permettrait de mieux distinguer <strong>le</strong>s démarches.Après un rappel historique des rapports entre <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> et <strong>le</strong>s entreprises ainsi que <strong>le</strong>positionnement de <strong>la</strong> démarche dans <strong>le</strong> mouvement plus général de développement durab<strong>le</strong>, nous étudionsdésormais de manière plus pragmatique <strong>le</strong>s opportunités qui se présentent au <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> en fonctiondes produits et des réseaux de distribution. En effet, considérer <strong>le</strong>s produits du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>, <strong>le</strong>urpotentialité commercial comme un ensemb<strong>le</strong> homogène est un obstac<strong>le</strong> à <strong>la</strong> compréhension des enjeux et desopportunités qui se présentent.D) Opportunités commercia<strong>le</strong>s : segments de produits/réseaux dedistribution1) Etat des lieux : produits existants et réseau de distribution engagésHistoriquement, <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> s’est d’abord adressé à une clientè<strong>le</strong> militante et seul <strong>le</strong> café étaitparvenu à obtenir des parts de marché significatives. Cependant, l’évolution du marché ces dernières annéesapporte des éléments contredisant <strong>la</strong> réduction du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> à un simp<strong>le</strong> marché de niche.Tout d’abord, en France, certains produits s’ancrent profondément dans <strong>le</strong>s habitudes de consommation et ce,au-delà du café. Parts de marché des produits du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> en France (produits <strong>la</strong>bellisés) : café (5%),thé (4,5%), choco<strong>la</strong>t (2,2%), riz (1,3%)A l’échel<strong>le</strong> internationa<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s produits <strong>la</strong>bellisés FairTrade ont représenté 2,9 milliards d’euros. On peut estimerque <strong>le</strong> montant total des ventes en incluant <strong>le</strong>s produits non-<strong>la</strong>bellisés FairTrade (artisanat, autres initiatives de<strong>la</strong>bellisation reconnue, marques spécialisées) s’élèvent à 3,2 milliards d’euros avec une croissance de plus de 20%chacune de ces 5 dernières années.Au Royaume-Uni, <strong>le</strong> marché <strong>le</strong> plus dynamique dans <strong>le</strong> monde et qui représente 37% du marché européen, <strong>le</strong> caféobtient 20% des parts de marché. En Suisse, 50% des bananes vendues sont <strong>la</strong>bellisées FairTrade.Aujourd’hui, de nombreux produits sont disponib<strong>le</strong>s mais rencontrent un succès encore limité.- Pour <strong>le</strong>s matières premières : fruits exotiques, coton, miel, épices, hui<strong>le</strong> d’olive, f<strong>le</strong>urs, karité…- Pour <strong>le</strong>s produits transformés : cosmétiques (composés des matières premières agrico<strong>le</strong>s <strong>la</strong>bellisés),biscuits, confiseries, confitures, g<strong>la</strong>ces, compotes, vêtements (100% équitab<strong>le</strong>s ou confectionnés à partirde coton équitab<strong>le</strong>).De nouvel<strong>le</strong>s filières sont aujourd’hui à l’étude : or (notamment <strong>pour</strong> <strong>le</strong>s bijoux), soja, bois…Réseaux de distribution engagésEnviron 65% du chiffre d’affaires est réalisé en GMS (Grandes et Moyennes surfaces). Ce chiffre est stab<strong>le</strong> depuis2005, ce qui indique aussi une croissance sur d’autres marchés notamment <strong>le</strong>s magasins bio, <strong>le</strong>s ventes sur dessites internet spécialisés dans <strong>la</strong> consommation éthique et <strong>la</strong> RHD (Restauration Hors Domici<strong>le</strong>). 80% des produitsvendus en termes de chiffre d’affaires sont des produits alimentaires.Le développement de <strong>la</strong> consommation de produits issus de l’agriculture biologique a entraîné un boom del’ouverture de magasins spécialisés qui intègrent des produits du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>. Le premier réseau enFrance est Biocoop qui a fait du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> un axe stratégique de son offre produits en convertissant18


Etude PFCE « Identifier et <strong>le</strong>ver <strong>le</strong>s freins au développement du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s politiques d’achat des entreprises » Février 2010des gammes entières en <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>. Naturalia, qui appartient désormais à Monoprix, et <strong>la</strong> Vie C<strong>la</strong>ireproposent aussi des produits mais de manière moins volontariste.Les achats indirects incluant <strong>la</strong> Restauration Hors Domici<strong>le</strong> (consommation sur <strong>le</strong> lieu de travail, distributionautomatique, restauration col<strong>le</strong>ctive, vêtements de travail), traités dans <strong>la</strong> partie II, sont en augmentation mais i<strong>le</strong>st diffici<strong>le</strong> d’obtenir des données fiab<strong>le</strong>s.De même, il n’existe pas de données <strong>pour</strong> <strong>la</strong> vente en ligne. On citera tout de même parmi <strong>le</strong>s plus connus :www.alterafrica.com, www.epicerie-equitab<strong>le</strong>.com, www.<strong>le</strong>marchecitoyen.net, ou encore www.comptoirethique.com.Certaines entreprises spécialisées ont choisi aussi de développer ce segment en direct : Ethiquab<strong>le</strong>(www.ethiquab<strong>le</strong>-gourmand.com), AlterEco (www.alterecodirect.com), Artisanat Sel (www.artisanatsel.com). Unprojet est en cours éga<strong>le</strong>ment chez Artisans du Monde et sa centra<strong>le</strong> Solidar’Monde.D’autres réseaux de distribution se sont engagés : des moyennes surfaces de jardinage (Botanic avecSignaléthique <strong>pour</strong> des produits artisanaux, Gamm Vert avec Solidar’Monde dans <strong>le</strong> cadre d’un concept de corner« terre et terroirs » avec des produits alimentaires), des VPCistes (King Jouets <strong>pour</strong> son offre aux col<strong>le</strong>ctivités avecSignaléthique, <strong>la</strong> Redoute avec Tudo Bom en 2007 et aujourd’hui une gamme de linge de maison en coton<strong>la</strong>bellisé FairTrade).Enfin, il faut aussi rappe<strong>le</strong>r l’importance des magasins spécialisés de <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>, notamment :- <strong>le</strong> réseau Artisans du Monde et ses 140 magasins, animé essentiel<strong>le</strong>ment par des bénévo<strong>le</strong>s et dont <strong>le</strong>chiffre d’affaires cumulé de plus de 10 millions d’euros est en stagnation depuis quelques années (àl’image des autres réseaux de magasins du monde en Europe)- <strong>le</strong> réseau de franchisés AlterMundi, réseau de 12points de vente, dont l’objectif affiché est un réseau de50 magasins haut-de-gamme d’ici à fin 2011.Ces réseaux sont essentiels à plusieurs niveaux :- ils permettent aux consommateurs d’accéder à une information complète- ils donnent accès à une variété de produits plus <strong>la</strong>rges qu’en grande surface en particulier <strong>pour</strong> l’artisanatdont <strong>le</strong>s débouchés sont très majoritairement assurés par ces réseauxEnfin, il existe un nombre considérab<strong>le</strong> de magasins de <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> indépendants dont <strong>la</strong> pérennitééconomique est fragi<strong>le</strong>. Une étude doit être publiée dans <strong>le</strong>s prochains mois par <strong>la</strong> PFCE à ce sujet mais d’ores etdéjà, on peut déjà assurer que l’iso<strong>le</strong>ment par rapport à des réseaux existants est un handicap majeur <strong>pour</strong> cesmagasins.Après cet état des lieux, nous allons considérer 2 axes de développement : augmenter <strong>le</strong>s parts de marché desproduits existants et <strong>le</strong> développement de nouvel<strong>le</strong>s filières.2) Développer <strong>le</strong>s parts de marché des produits existantsAvant de s’interroger sur <strong>le</strong> développement du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s politiques d’achat des grandesentreprises, il faut mesurer <strong>le</strong>s potentialités de développement du secteur au-delà d’un simp<strong>le</strong> marché de nichetel que <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> peut être parfois qualifié. Nous étudions d’abord <strong>le</strong>s potentialités de croissancesur <strong>le</strong>s lignes de produits existantes. Ce premier aperçu <strong>pour</strong>rait faire l’objet d’études plus approfondies parsegment de produit ou par réseau de distribution.- Agro-alimentaire :19


Etude PFCE « Identifier et <strong>le</strong>ver <strong>le</strong>s freins au développement du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s politiques d’achat des entreprises » Février 2010L’ensemb<strong>le</strong> des réseaux de distribution possib<strong>le</strong> et imaginab<strong>le</strong> intègre de manière plus ou moins margina<strong>le</strong> desproduits du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>. Différents éléments clés peuvent permettre aux produits du <strong>Commerce</strong>Equitab<strong>le</strong> de prendre des parts de marché plus significatives :• L’engagement de substitution d’un réseau de distribution de produits conventionnels en produits du<strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>• L’innovation en créant des produits plus comp<strong>le</strong>xes dans une stratégie de différenciation : ainsi Sageco<strong>pour</strong> s’adapter au marché des coffrets cadeaux vient de <strong>la</strong>ncer un colombo de pou<strong>le</strong>t à l’ananas et undélice de canard à <strong>la</strong> mangue du Pérou.• L’adaptation des packagings ou des recettes <strong>pour</strong> des marchés spécifiques : par exemp<strong>le</strong>, Ethiquab<strong>le</strong>propose un riz en 5 kilos dont <strong>le</strong> mode de préparation convient à <strong>la</strong> restauration col<strong>le</strong>ctive. De même,Ethiquab<strong>le</strong> a développé une gamme parfaitement adaptée à <strong>la</strong> distribution automatique : café arabica en1 kilo, café solub<strong>le</strong>, mini-tab<strong>le</strong>ttes de choco<strong>la</strong>t, chips bananes.Un marché encore peu exploité serait celui des produits destinés aux enfants. Ce marché demande <strong>la</strong> création deproduits spécifiques qui doivent tenir compte des problématiques de santé.- ArtisanatNous avons vu que l’essentiel de l’artisanat équitab<strong>le</strong> est distribué dans <strong>le</strong>s réseaux spécialisés de <strong>Commerce</strong>Equitab<strong>le</strong> (Artisans du Monde, AlterMundi). Des expériences ponctuel<strong>le</strong>s ont été menées en grande distribution(Monoprix, Lec<strong>le</strong>rc) mais sans grand succès. De même, <strong>le</strong> réseau Nature et Découvertes propose des produitsnotamment à destination des enfants mais <strong>le</strong> nombre de références est en net recul par rapport à ces dernièresannées.Différents segments <strong>pour</strong>raient être porteurs d’un potentiel de développement commercial :- Les jouets, notamment en bois ou d’éveil en coton, à destination des grandes surfaces, des magasinsspécialisés ou des VPCistes. Sur ce marché, <strong>le</strong>s entreprises peuvent se heurter aux problématiques denormes et de contrô<strong>le</strong>, <strong>la</strong> constance dans <strong>la</strong> qualité et <strong>la</strong> capacité à répondre à une demande concentréeentre juin et septembre avec des réassorts en novembre et décembre <strong>pour</strong> <strong>le</strong>s fêtes de Noël (70% desventes ont lieu entre octobre et décembre).- Les objets de décoration « exotiques » représentent un marché de 6 milliards d’euros en Europe. C’est <strong>la</strong>capacité d’innover et de réagir en temps réel à <strong>la</strong> demande ainsi que des prix compressés <strong>pour</strong> <strong>le</strong>sproduits conventionnels (80% viennent de Chine ou de zones franches en Asie du Sud-Est) qui peuventempêcher <strong>le</strong> développement de ce marché. Cependant, en Asie, <strong>le</strong> travail réalisé par l’Asia Fair Trade forExcel<strong>le</strong>nce qui accompagne <strong>le</strong>s producteurs dans <strong>la</strong> démarche de qualité et d’innovation, peut annoncerun futur développement de ce segment.- La mode, en particulier <strong>la</strong> bagagerie et <strong>le</strong>s bijoux, peut aussi être un marché d’avenir, notamment <strong>pour</strong>des marques de luxe de plus en plus critiquées <strong>pour</strong> <strong>le</strong>s conditions de travail de <strong>le</strong>urs fournisseurs. Làaussi,<strong>la</strong> constance de <strong>la</strong> qualité est un enjeu majeur de réussite. Ce segment s’adresse à une clientè<strong>le</strong>jeune et urbaine de plus en plus sensib<strong>le</strong> acquise au développement durab<strong>le</strong> et qui achète déjàrégulièrement des produits alimentaires de <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>.- Enfin, on <strong>pour</strong>ra citer l’équipement de <strong>la</strong> maison (utilitaires : p<strong>la</strong>teaux, verres, petit mobilier) qui <strong>pour</strong>raits’intégrer dans de nombreux réseaux de distribution avec 2 orientations possib<strong>le</strong> : haut-de-gamme entreart et artisanat <strong>pour</strong> de faib<strong>le</strong>s volumes mais une forte va<strong>le</strong>ur ajoutée <strong>pour</strong> <strong>le</strong>s producteurs ou uneproduction à grande échel<strong>le</strong> plus standardisée à des prix compétitifs par rapport au marchéconventionnel.20


Etude PFCE « Identifier et <strong>le</strong>ver <strong>le</strong>s freins au développement du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s politiques d’achat des entreprises » Février 2010Le secteur de l’artisanat, encore très marginal, dans <strong>le</strong>s réseaux de distribution conventionnels peut faire l’objetde nombreuses études. Il faudrait cependant prendre en compte <strong>le</strong>s spécificités de chaque filière plutôt que deconsidérer l’artisanat comme un ensemb<strong>le</strong> homogène. En revanche, un point commun à tous <strong>le</strong>s produitsartisanaux semb<strong>le</strong> être <strong>la</strong> nécessité d’un <strong>la</strong>bel. Un point spécifique par rapport à l’initiative en cours chez WFTO(World Fair Trade Organization) traite de ce sujet.- VêtementsSur <strong>le</strong> segment de <strong>la</strong> mode et du prêt-à-porter, deux logiques co-existent. La plus ancienne est une production100% équitab<strong>le</strong> depuis <strong>la</strong> matière première (notamment <strong>le</strong> coton) jusqu’aux étapes de transformation réaliséesdans des ateliers (coopératives, associations ou petites entreprises). Ce schéma intègre généra<strong>le</strong>ment des projetssociaux portés par des ONG (santé, soutien des femmes, insertion). La seconde logique correspond à une logiquevolumique adaptée aux entreprises conventionnel<strong>le</strong>s et porté par FLO-Max Have<strong>la</strong>ar. Le coton équitab<strong>le</strong> (souventbio mais pas toujours) est équitab<strong>le</strong> puis transformé dans des unités industriel<strong>le</strong>s respectant <strong>le</strong>s conventions del’OIT. Ce schéma intègre donc une dimension équitab<strong>le</strong> <strong>pour</strong> <strong>le</strong> coton et éthique <strong>pour</strong> <strong>la</strong> transformation. C’estaussi ce schéma qui est privilégié <strong>pour</strong> des raisons évidentes d’économie d’échel<strong>le</strong> et de <strong>la</strong> nécessité des volumes<strong>pour</strong> <strong>le</strong>s vêtements professionnels.Dans <strong>la</strong> logique du produit 100% équitab<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s magasins de mode, de <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> ou <strong>le</strong>s grandsmagasins semb<strong>le</strong>nt être <strong>le</strong>s débouchés <strong>le</strong>s plus adaptés. C’est <strong>la</strong> voie choisie par Ideo, Tudo Bom ou Veja, qui ontréussi à créer une marque et une légitimité. Les entreprises concernées sont des entreprises spécialisées mais ilfaudra observer <strong>le</strong>s éventualités de rachat ou d’entrée au capital de grandes marques (exemp<strong>le</strong> des Fées deBenga<strong>le</strong> intégré au groupe Vivarte).Pour <strong>le</strong> schéma éthique-équitab<strong>le</strong>, porté par FLO-Max Have<strong>la</strong>ar, <strong>le</strong> développement de a filière africaine de cotonéquitab<strong>le</strong> se heurte aujourd’hui à différents problématiques : demande de coton bio (seuls 10% de <strong>la</strong> filière cotonéquitab<strong>le</strong> africaine est certifiée), absence d’industries de transformation en Afrique, manque d’engagement desnégociants et des industries cotonnières. L’introduction du coton équitab<strong>le</strong> en grande distribution ne s’est pasavérée <strong>pour</strong> <strong>le</strong> moment concluante en France (exemp<strong>le</strong> de Lec<strong>le</strong>rc) mais des perspectives existent véritab<strong>le</strong>ment.En Grande-Bretagne, Marks and Spencer a converti l’ensemb<strong>le</strong> de sa production de chemises en coton <strong>la</strong>belliséFairTrade mais en 2009, on observe un recul des ventes d’environ 25% au Royaume-Uni. Il semb<strong>le</strong>rait d’après <strong>le</strong>sexemp<strong>le</strong>s d’Armor Lux et de Lec<strong>le</strong>rc que <strong>le</strong>s consommateurs n’attendent pas une orientation ethnique desvêtements. Les perspectives semb<strong>le</strong>nt plus prometteuses sur <strong>le</strong> marché du vêtement professionnel avecl’engagement de grandes entreprises (<strong>la</strong> SNCF, <strong>la</strong> Poste, <strong>la</strong> Mairie de Paris, Aéroports de Paris, <strong>le</strong> groupeAvenance, Sodexo en France ; en Ang<strong>le</strong>terre, un accord de partenariat a été signé avec <strong>le</strong> National Health System<strong>pour</strong> <strong>le</strong>s vêtements de travail des employés). Cependant sur ce marché, <strong>la</strong> croissance semb<strong>le</strong> être portée par <strong>le</strong>sfilière de coton équitab<strong>le</strong> en Inde, entre 5 et 10% moins chères, dont <strong>la</strong> plupart sont certifiées biologiques et quibénéficient de <strong>la</strong> présence d’entreprises de transformation à proximité, en Inde ou au Bang<strong>la</strong>desh, ce qui <strong>le</strong>urconfère un avantage concurrentiel certain sur ce marché où <strong>la</strong> matière première représente une part importantedu coût du produit.- CosmétiquesOn peut distinguer 2 types de produits :• Les produits simp<strong>le</strong>s naturels pouvant être faci<strong>le</strong>ment certifiés biologique : savons, hui<strong>le</strong>s essentiel<strong>le</strong>s,beurre de karité voire compléments alimentaires• Les produits plus comp<strong>le</strong>xes <strong>pour</strong> <strong>le</strong>s soins et <strong>le</strong> bien-être : shampooing, gels douche, crèmes <strong>pour</strong> <strong>le</strong>visage et <strong>le</strong> corps voire dentifrices21


Etude PFCE « Identifier et <strong>le</strong>ver <strong>le</strong>s freins au développement du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s politiques d’achat des entreprises » Février 2010Ces produits sont essentiel<strong>le</strong>ment distribués dans <strong>le</strong>s magasins de <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s magasins biologiques,par internet, dans <strong>le</strong>s parapharmacies et <strong>le</strong>s magasins de bien-être et beauté. L’introduction en GMS n’est pas<strong>pour</strong> <strong>le</strong> moment une réussite commercia<strong>le</strong> comparab<strong>le</strong> aux produits alimentaires.Les attentes des consommateurs semb<strong>le</strong>nt se porter <strong>pour</strong> <strong>le</strong> moment sur <strong>le</strong>s aspects « naturels » et bio.Cependant, ce<strong>la</strong> peut ouvrir des perspectives commercia<strong>le</strong>s à moyen terme. La croissance du marché et <strong>la</strong>multiplication des gammes naturel<strong>le</strong>s et/ou bio peuvent engendrer à terme un besoin de différenciation et decompétition par <strong>le</strong> haut dans <strong>le</strong> développement durab<strong>le</strong>. Le <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> <strong>pour</strong>rait alors s’adapter à cettenouvel<strong>le</strong> donne.Focus : L’engagement dans <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> de l’OccitaneLe projet initié il y a 25 ans au Burkina Faso par <strong>le</strong> fondateur de l’Occitane est avant tout une aventurehumaine. Il n’y avait aucun intérêt purement économique <strong>pour</strong> l’entreprise ni aucun objectif de« récupération » médiatique ou marketing. Le projet regroupe 4 coopératives de 11 000 femmes quiproduisent chaque année 350 tonnes de karité. 80% des ventes de ces coopératives sont réalisées à traversl’occitane qui accorde un prix 2,5 fois supérieur au marché. A noter que ce prix est <strong>le</strong> ref<strong>le</strong>t des véritab<strong>le</strong>scoûts de production et de <strong>la</strong> vie <strong>pour</strong> <strong>le</strong>s coopératives et <strong>le</strong>s femmes qui en font partie.Contrairement à d’autres marques de cosmétiques, L’Occitane a <strong>la</strong> volonté de transférer un maximum deva<strong>le</strong>ur ajoutée <strong>pour</strong> <strong>la</strong> coopérative en achetant un produit fini, <strong>le</strong> beurre de karité, plutôt que l’amende dekarité. La construction de <strong>la</strong> filière a été et reste un véritab<strong>le</strong> défi tant au niveau de <strong>la</strong> qualité, que dustockage, du transport, etc. 4 à 5 dép<strong>la</strong>cements sont réalisés chaque année par l’occitane <strong>pour</strong> faire <strong>le</strong> pointrégulièrement. L’investissement en termes de temps, de ressources humaines et financières est supérieur àun retour financier hypothétique. L’Occitane a donc initié et développé <strong>le</strong> projet de toute pièce tout enayant <strong>le</strong> souci de l’autonomisation des coopératives. C’est <strong>pour</strong> cette raison que l’occitane a encouragé <strong>le</strong>sproducteurs vers une production biologique. Certifiée par Ecocert, <strong>le</strong> <strong>la</strong>bel ESR devrait permettre auxcoopératives d’obtenir une reconnaissance auprès d’autres clients. La rigueur du cahier des charges estaussi un outil de professionnalisation et de structuration des coopératives. A aujourd’hui, 3 coopérativessur 4 sont <strong>la</strong>bellisées.L’Occitane a choisi <strong>le</strong> référentiel ESR afin de pouvoir coup<strong>le</strong>r l’audit bio et équitab<strong>le</strong>, en raison de <strong>la</strong>présence en Afrique de l’Ouest d’ECOCERT et <strong>pour</strong> ne pas être soumis à une redevance alors que c’est <strong>le</strong>groupe qui a entièrement construit <strong>la</strong> filière. Enfin, l’Occitane considère que travail<strong>le</strong>r avec FLO est adapté<strong>pour</strong> une communication et un marché de masse alors que ce n’est pas l’objectif de l’Occitane sur <strong>la</strong> filièrekarité.Au-delà de cette filière construite dans <strong>la</strong> durée et avec des ressources uniquement internes, L’Occcitanes’appuie désormais sur l’expertise d’ONG de terrain et l’appui de <strong>la</strong> Fondation L’Occitane <strong>pour</strong>développer de nouvel<strong>le</strong>s filières équitab<strong>le</strong>s.22


Etude PFCE « Identifier et <strong>le</strong>ver <strong>le</strong>s freins au développement du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s politiques d’achat des entreprises » Février 20103) Développer de nouvel<strong>le</strong>s filières porteusesNous venons de voir que <strong>le</strong> développement du marché par <strong>le</strong>s produits existants implique malgré tout <strong>la</strong> nécessitéd’innovation, de création et d’adaptation. La recherche et <strong>le</strong> développement de nouveaux produits et denouvel<strong>le</strong>s filières sont aussi essentiels.Pourquoi c’est important ?- Ce<strong>la</strong> entretient l’intérêt du consommateur et évite à terme un essouff<strong>le</strong>ment du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>- Ce<strong>la</strong> permet de diversifier <strong>la</strong> production des organisations au Sud, élément clé de <strong>le</strong>ur autonomie- Plus de producteurs peuvent êtres concernés par <strong>la</strong> démarche du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>- La visibilité du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> est accrue et peut amener à <strong>la</strong> création d’un sty<strong>le</strong> de vie « <strong>Commerce</strong>Equitab<strong>le</strong> » dans <strong>le</strong>s achats au quotidien.Les différents entretiens et des interventions de responsab<strong>le</strong>s du mouvement du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> <strong>la</strong>issent àpenser que de nouvel<strong>le</strong>s filières peuvent être créées notamment dans <strong>le</strong> cadre de supply chains comp<strong>le</strong>xes. Envoici quelques exemp<strong>le</strong>s qui nous ont été cités pendant <strong>le</strong>s entretiens :- minerais : diamants, argent, pierres précieuses et semi-précieuses, projet en cours avec l’or- Agro-alimentaire : hui<strong>le</strong> de palme, stevia…- Laine, lin, chanvre…- Bois- Poisson, viande- Produits d’entretien <strong>pour</strong> <strong>la</strong> maisonLe développement de ces filières est conditionné par différents éléments :- Ces produits doivent trouver <strong>le</strong>ur marché : <strong>le</strong>s <strong>la</strong>bels, <strong>le</strong>s producteurs, <strong>le</strong>s entreprises spécialisées ouconventionnel<strong>le</strong>s, <strong>le</strong>s réseaux de distribution doivent être intégrés à <strong>la</strong> réf<strong>le</strong>xion- Dans <strong>le</strong> cas des supply chains comp<strong>le</strong>xes, il existe un risque de confusion ou de recoupement entre <strong>le</strong><strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> et <strong>le</strong> commerce éthique. L’articu<strong>la</strong>tion des deux mouvements initiée dans <strong>la</strong> filièrecoton doit faire l’objet de discussions et de réf<strong>le</strong>xions.- Les organismes de certification et notamment FLO CERT doivent accroître <strong>le</strong>ur capacité à auditer etintégrer des nouveaux producteurs dans des dé<strong>la</strong>is permettant une mise sur <strong>le</strong> marché rapide desproduits. Au préa<strong>la</strong>b<strong>le</strong>, cette question demeure aussi <strong>pour</strong> <strong>le</strong>s <strong>la</strong>bels et <strong>le</strong>ur capacité à définir desstandards dans des dé<strong>la</strong>is raccourcis.La question des moyens et des <strong>le</strong>viers <strong>pour</strong> développer ces filières est abordée au chapitre III sur <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> desgroupements des producteurs.L’état des lieux réalisé dans <strong>la</strong> partie I a permis d’identifier des axes de développement tant en termes de filièresproduitsque de réseaux de distribution. De nombreux éléments de ce chapitre peuvent faire l’objet d’étudesapprofondies afin de <strong>le</strong>s enrichir et de donner des perspectives opérationnel<strong>le</strong>s. Nous abordons désormais dans <strong>la</strong>partie II l’engagement des entreprises conventionnel<strong>le</strong>s dans <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> en nous basant sur <strong>le</strong>sdifférents entretiens menés dans <strong>le</strong> cadre de l’étude.23


Etude PFCE « Identifier et <strong>le</strong>ver <strong>le</strong>s freins au développement du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s politiques d’achat des entreprises » Février 2010II- <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> et entreprises conventionnel<strong>le</strong>s :potentialités, freins et <strong>le</strong>viers inhérents aux entreprises- De par l’engouement qu’il suscite, <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> est plébiscité par <strong>le</strong>s consommateurs quisouhaitent pouvoir y avoir accès au sein de <strong>le</strong>ur entreprise. Ce<strong>la</strong> ouvre <strong>la</strong> porte des achats indirects dans<strong>le</strong>s entreprises.Quel<strong>le</strong>s sont <strong>le</strong>s opportunités de croissance à travers <strong>le</strong>s achats indirects? Quels sont <strong>le</strong>s freins opérationnelspropres aux produits, au marché et dans <strong>le</strong>s politiques d’achat des entreprises qui freinent <strong>le</strong> développementdu <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>?- L’engagement des entreprises (marques et industriels) est récent et encore limité à une gamme réduitede produits. Ce sont essentiel<strong>le</strong>ment des PME françaises qui engagent une première démarche raisonnéedans une logique d’opportunité ou, plus rarement, dans un cadre de développement stratégique.Les PME sont-el<strong>le</strong>s plus sensib<strong>le</strong>s au <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> ? Comment développer <strong>la</strong> base de ces entreprises etapprofondir <strong>le</strong>urs engagements ?- Pour <strong>le</strong>s très grandes entreprises, <strong>le</strong>s exemp<strong>le</strong>s de Cadbury (Dairy Milk) et de Nestlé (<strong>le</strong> café Partner’sb<strong>le</strong>nd et <strong>la</strong> confiserie Kitkat à partir de mi-janvier) sont limités au marché britannique. L’introduction deproduits issus du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> en France par Ben & Jerry’s, Starbucks est <strong>la</strong> conséquence dedécisions à l’échel<strong>le</strong> européenne ou mondia<strong>le</strong>.L’intégration du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s grandes entreprises est-il pertinent et faisab<strong>le</strong> d’un point de vuetechnique et structurel ? Si oui, à quel<strong>le</strong>s conditions ? Comment accompagner <strong>le</strong> changement d’échel<strong>le</strong> ?Avant de répondre à ces questions, nous étudions <strong>le</strong> positionnement et <strong>le</strong>s motivations des entreprises parrapport au <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> afin de dégager <strong>le</strong>s opportunités qui se présentent ainsi que <strong>le</strong>s limitesopérationnel<strong>le</strong>s et stratégiques.A) Positionnement et motivations des entreprises par rapport au<strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>Les différents entretiens menés auprès des entreprises conventionnel<strong>le</strong>s l’ont été avec des responsab<strong>le</strong>s desachats, des approvisionnements, du développement durab<strong>le</strong>, de <strong>la</strong> communication. Ce<strong>la</strong> indique déjà <strong>la</strong> diversitédes approches et des points de vue des entreprises quant au <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>.Ce que l’étude fait apparaître chez <strong>le</strong>s entreprises conventionnel<strong>le</strong>s- Une perception plutôt orientée « solidarité internationa<strong>le</strong> » du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>- Des motivations variées dont dépendent <strong>le</strong> degré et <strong>le</strong>s modalités d’engagement- Des portes d’entrée multip<strong>le</strong>s dans <strong>le</strong>s grandes entreprises <strong>pour</strong> <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>- Un engagement encore limité des entreprises conventionnel<strong>le</strong>s et un <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>majoritairement animé par <strong>le</strong>s PME spécialisées- Un fort potentiel de développement à travers <strong>le</strong>s achats indirects mais freiné par une structurationencore insuffisante du marché (distribution récente en GMS, formats inadaptés, manque de maîtriselogistique)24


Etude PFCE « Identifier et <strong>le</strong>ver <strong>le</strong>s freins au développement du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s politiques d’achat des entreprises » Février 2010- Un potentiel d’é<strong>la</strong>rgissement de <strong>la</strong> base d’entreprises engagées mais <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> doitrépondre aux exigences et aux contraintes des entreprises conventionnel<strong>le</strong>s- Un changement d’échel<strong>le</strong> possib<strong>le</strong> mais des freins opérationnels et stratégiques- Des interrogations sur <strong>la</strong> capacité du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> à changer d’échel<strong>le</strong> et <strong>le</strong>s implications de cechangement d’échel<strong>le</strong> notamment avec <strong>le</strong>s multinationa<strong>le</strong>sCi-après un tab<strong>le</strong>au permettant de synthétiser <strong>le</strong>s différentes motivations d’engagement et ce qu’el<strong>le</strong>s ontentraîné comme modalité d’intégration dans <strong>le</strong>s achats des entreprises.MotivationsAction Développement Durab<strong>le</strong>Projet des sa<strong>la</strong>riésIntégrationAchats indirectsNon liés au cœur de l’activitéSensibilité personnel<strong>le</strong>OpportunitéRépondre à un marchéDifférenciation par rapport aux concurrentsStratégie intégréeSécuriser <strong>la</strong> supply chain (approche défensive)Ouvrir de nouveaux marchés (approche offensive)Achats directsProduit ou gamme « extension » ou « alternative »J’ai un produit A conventionnel mais je <strong>le</strong> propose aussi enA <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> ou j’ai créé <strong>le</strong> produit B <strong>Commerce</strong>Equitab<strong>le</strong>Achats directsProduit ou gamme « substitution »Je retire mon produit A conventionnel <strong>pour</strong> <strong>le</strong> remp<strong>la</strong>cerpar <strong>le</strong> produit A <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> ou B <strong>Commerce</strong>Equitab<strong>le</strong>Nous verrons que <strong>la</strong> clé essentiel<strong>le</strong> <strong>pour</strong> <strong>le</strong> changement d’échel<strong>le</strong> du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> est que celui-ci doitêtre considéré à travers une approche une stratégique intégrée plutôt que d’opportunité.B) Achats indirects1) Etat des lieuxLe chiffre d’affaires dans <strong>le</strong> secteur est certainement en croissance et <strong>le</strong> potentiel important selon <strong>le</strong>sdifférentes études et l’avis des acteurs du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> mais <strong>le</strong>s indicateurs sont peu fiab<strong>le</strong>s. En effet, cesont, <strong>pour</strong> <strong>le</strong> moment, des initiatives ponctuel<strong>le</strong>s, isolées et loca<strong>le</strong>s qui participent au développement du<strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s achats indirects.Dans l’étude présente, <strong>le</strong>s entreprises sont à <strong>la</strong> fois <strong>le</strong>s clients finaux (<strong>le</strong>s produits s’adressant à <strong>le</strong>urssa<strong>la</strong>riés ou à <strong>le</strong>urs clients) et des entreprises B to B chargées de répondre à <strong>le</strong>urs demandes (Restauration HorsDomici<strong>le</strong>, Distribution Automatique, Consommation interne, cadeaux d’affaire). Il s’agit donc d’influer à <strong>la</strong> fois sur<strong>le</strong>s 2 cib<strong>le</strong>s.2) Les entreprises Business to Businessi) Spécificités du secteur25


Etude PFCE « Identifier et <strong>le</strong>ver <strong>le</strong>s freins au développement du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s politiques d’achat des entreprises » Février 2010L’objectif de ces entreprises est de proposer des produits et des services de qualité, à des prix compétitifs à <strong>le</strong>ursclients professionnels (entreprises ou col<strong>le</strong>ctivités). El<strong>le</strong>s doivent aussi s’adapter au rythme de <strong>le</strong>urs clients enrespectant des dé<strong>la</strong>is de production et de livraison conformes aux contraintes de ces clients.Ces entreprises sont donc en phase avec <strong>le</strong>urs clients et répondent à <strong>le</strong>urs demandes. Leur degré d’engagementest donc <strong>la</strong>rgement conditionné par <strong>le</strong>s exigences de <strong>le</strong>urs clients. Certaines vont cependant plus loin enanticipant <strong>le</strong>s besoins de <strong>le</strong>urs clients. El<strong>le</strong>s ont pu identifier <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> comme un axe dedifférentiation et une attente perçue, sensib<strong>le</strong> mais non mesurab<strong>le</strong> de <strong>le</strong>urs clients.ii)Niveau d’intégrationA <strong>la</strong> vue des entretiens avec des entreprises bien engagées dans <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> et au regard de <strong>la</strong>situation du marché encore peu développé, on peut considérer que <strong>le</strong>s entreprises en B to B :• ont intégré à <strong>la</strong> marge des produits du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>urs gril<strong>le</strong>s de référencement• proposent ces produits comme une alternative à des produits conventionnels• n’ont pas d’indicateurs de mesure du CA des produits issus du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>• ne sont pas moteurs <strong>pour</strong> proposer à <strong>le</strong>urs clients <strong>le</strong>s produits issus du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>• n’ont pas développé de véritab<strong>le</strong> programme de formation ou de sensibilisation auprès de <strong>le</strong>urs équipes• pratiquent des niveaux de marge équiva<strong>le</strong>nte là où <strong>le</strong>s prix CE et conventionnels sont comparab<strong>le</strong>s oùabsorbent une partie de <strong>la</strong> marge quand <strong>le</strong> différentiel est trop important.iii)LeviersLe principal <strong>le</strong>vier dans ce domaine est essentiel<strong>le</strong>ment celui du marché, ces entreprises ayant principa<strong>le</strong>mentcomme objectif de faire se rencontrer l’offre et <strong>la</strong> demande. Comme nous l’avons vu, ces entreprises sont avanttout des professionnels du service.Cependant, des entreprises ont choisi d’en faire un outil différenciant par rapport à <strong>le</strong>urs concurrents et devaloriser cette démarche auprès de <strong>le</strong>urs clients (ex JM Bruneau, Elior, Accor, Elis). El<strong>le</strong>s considèrent que <strong>le</strong><strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> permet de répondre aussi aux attentes de <strong>le</strong>urs clients quant à <strong>la</strong> garantie des conditions detravailEl<strong>le</strong>s se sont heurtées au fait que <strong>le</strong>s entreprises conventionnel<strong>le</strong>s et spécialisées importatrices n’ont développéque récemment des produits adaptés à ces nouveaux marchés. Il y avait donc inéquation entre l’offre et <strong>la</strong>demande. Aujourd’hui, l’offre produits s’étend tant du côté des entreprises spécialisées (Ethiquab<strong>le</strong>,Solidar’Monde, Signaléthique ou Sageco) que conventionnel<strong>le</strong>s (Cafés Richard, Fi<strong>le</strong>t B<strong>le</strong>u).Les col<strong>le</strong>ctivités ont un rô<strong>le</strong> fondamental d’exemp<strong>la</strong>rité à jouer, <strong>le</strong>s achats publics représentant 16% du PIB enFrance. Des appels d’offre soigneusement préparés, p<strong>la</strong>nifiés et très en amont peuvent aboutir à des opérationsd’envergure favorisant une introduction constante de produits notamment dans <strong>la</strong> restauration col<strong>le</strong>ctive(exemp<strong>le</strong>s de Rome et de Gênes <strong>pour</strong> <strong>le</strong>s cantines sco<strong>la</strong>ires, un marché obtenu par CTM AltroMercato). El<strong>le</strong>s<strong>la</strong>ncent un signal fort de changement à destination des fournisseurs <strong>pour</strong> qu’ils soient pro-actifs dans ce domaine.A ce titre, <strong>la</strong> campagne Territoires de <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> <strong>la</strong>ncée par <strong>la</strong> PFCE, Max Have<strong>la</strong>ar et Artisans duMonde et inspirée par <strong>le</strong>s FairTrade Towns en Grande Bretagne, devrait dans <strong>le</strong> durée être un <strong>le</strong>vier efficace <strong>pour</strong><strong>le</strong>s achats de produits du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s col<strong>le</strong>ctivités et donc influer sur l’offre de produitséquitab<strong>le</strong>s des entreprises B to B.Dans <strong>la</strong> même perspective, des campagnes d’information et de sensibilisation sur <strong>le</strong>s lieux de travail sont un<strong>le</strong>vier pratique du changement. La campagne actuel<strong>le</strong> « faites une pause équitab<strong>le</strong> » menée par Max Have<strong>la</strong>ar etque l’on retrouve dans d’autres pays européens peut servir d’élément de croissance si el<strong>le</strong> est appuyée et re<strong>la</strong>yée26


Etude PFCE « Identifier et <strong>le</strong>ver <strong>le</strong>s freins au développement du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s politiques d’achat des entreprises » Février 2010par <strong>le</strong>s sa<strong>la</strong>riés notamment <strong>le</strong>s Comités d’Entreprise. La mise à disposition de guides et des exemp<strong>le</strong>s de bonnespratiques facilitent l’introduction de produits du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s achats indirects.27


Etude PFCE « Identifier et <strong>le</strong>ver <strong>le</strong>s freins au développement du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s politiques d’achat des entreprises » Février 2010Focus : l’économie de fonctionnalité selon ElisDepuis 40 ans, Elis propose une <strong>la</strong>rge gamme de services dans <strong>le</strong> domaine de <strong>la</strong> propreté, de l'image,du bien-être et de l'hygiène. L’entreprise compte près de 280 000 clients en Europe. Le modè<strong>le</strong> d’Elisse base sur l’économie de fonctionnalité : ce sont <strong>le</strong>s services qui sont apportés autour de produits dequalité qui font <strong>le</strong> succès de l’entreprise. C’est cette économie de fonctionnalité qui est aujourd’hui<strong>la</strong>rgement mise en avant et valorisée dans <strong>la</strong> promotion d’une économie centrée sur <strong>le</strong> développementdurab<strong>le</strong>. Elis ne vend pas de produit et n’a pas intérêt à l’usure et au remp<strong>la</strong>cement de ceux-ci.Les achats d’Elis sont divers (sanitaires, texti<strong>le</strong>s, fontaines à eau…) et techniques. Les zonesd’approvisionnements sont l’Europe de l’Est, <strong>le</strong> Maghreb, l’Ethiopie et l’Asie du Sud Est. Elis trouvel’équilibre dans cette répartition : <strong>pour</strong> des dé<strong>la</strong>is courts et <strong>le</strong>s petites productions, c’est l’Europe del’Est et <strong>le</strong> Maghreb qui sont privilégiés.Le modè<strong>le</strong> économique d’Elis est porteur en lui-même de respect du développement durab<strong>le</strong> : <strong>pour</strong> <strong>le</strong>texti<strong>le</strong>, qui représente 2/3 du CA de l’entreprise, il n’y a pas de logique de col<strong>le</strong>ction comme dans <strong>la</strong>mode. Une col<strong>le</strong>ction doit durer 10 ans. Elis ne sait pas produire dans l’urgence. La notiond’anticipation, corol<strong>la</strong>ire du développement durab<strong>le</strong>, est fondamenta<strong>le</strong> <strong>pour</strong> Elis et ses fournisseurs.En revanche, <strong>le</strong>s contraintes qualité sont plus fortes (standards). Les col<strong>la</strong>borations avec <strong>le</strong>sfournisseurs sont donc dans <strong>la</strong> durée (contrats d’un an mais renouvelés donc pluriannuels) car <strong>la</strong>qualité ne se décrète pas. Il faut du temps, des méthodes et des process récurrents.Le modè<strong>le</strong> économique d’Elis implique éga<strong>le</strong>ment des visites et des audits réguliers des fournisseurs(70% de <strong>la</strong> production étant localisée aujourd’hui en Asie : Laos , Chine et Pakistan). Chez Elis, c’est <strong>le</strong>département qualité qui pilote <strong>le</strong>s audits, des dimensions environnementa<strong>le</strong>s et socia<strong>le</strong>s ayant étérajoutées. Les fournisseurs sont encouragés à demander <strong>la</strong> certification SA8000 et à progresser sur <strong>le</strong>snormes hygiène/santé.En 2002, Elis <strong>la</strong>nce une offre café (matériel+café+maintenance) avec Malongo. L’offre historique n’estpas équitab<strong>le</strong> mais ce partenariat est l’occasion de rencontrer Jean Pierre B<strong>la</strong>nc, directeur de Malongoet acteur historique du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> aux côtés de Max Have<strong>la</strong>ar. En avril 2008, face à <strong>la</strong>demande devenue plus « consistante » des clients, un expresso moka éthiopie équitab<strong>le</strong> <strong>la</strong>belliséFairtrade est <strong>la</strong>ncé. Il représente aujourd’hui environ 15% des ventes ce qui en fait une alternativecrédib<strong>le</strong> et en progression. Le coût supplémentaire <strong>pour</strong> <strong>le</strong> client est d’environ 15% (<strong>le</strong> service engamme standard coûtant 70 € par mois contre 82,80 € <strong>pour</strong> <strong>le</strong> café MH). Peu de difficultés rencontréesElis ayant attendu que <strong>la</strong> demande arrive à maturité et ayant <strong>pour</strong> partenaire Malongo qui avaitdéveloppé une expertise forte dans <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>.En 2008, Sodexo demande des vêtements équitab<strong>le</strong>s (chemises <strong>pour</strong> <strong>le</strong>s cuisiniers) et Elis fournit entravail<strong>la</strong>nt avec Cepovett, confectionneur européen détenteur de licence MH. Elis a souhaité par <strong>la</strong>suite pouvoir travail<strong>le</strong>r avec ses propres fabricants <strong>pour</strong> pouvoir maîtriser <strong>le</strong>s coûts (50% de <strong>la</strong>structure du coût d’un vêtement de travail est liée à <strong>la</strong> matière première et <strong>le</strong> surcoût avec Cepovettétait de 30 à 40%).28


Etude PFCE « Identifier et <strong>le</strong>ver <strong>le</strong>s freins au développement du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s politiques d’achat des entreprises » Février 2010(Suite) Il fal<strong>la</strong>it donc signer un contrat de licence direct avec MH <strong>pour</strong> pouvoir travail<strong>le</strong>r avec sesfournisseurs. Un accord a été trouvé <strong>pour</strong> <strong>le</strong>s vêtements standards (<strong>pour</strong> ne pas concurrencer <strong>le</strong>s DLactuels de MH) et c’est en avril 2009 qu’est signé au siège d’Elis <strong>le</strong> contrat de licence entre Elis et MH.Elis devient <strong>le</strong> premier loueur détenteur d’une licence. Pour information, ce n’est pas Elis qui achète <strong>le</strong>coton mais ses fournisseurs qui ont l’obligation de s’orienter vers <strong>le</strong>s filières de matière premièresouhaitées par Elis. En mai 2009, Elis <strong>la</strong>nce une gamme de vêtements en coton équitab<strong>le</strong> à base de cotonbiologique (col<strong>le</strong>ction bio’s fair). Il était essentiel <strong>pour</strong> Elis vis-à-vis de ses clients de proposer un cotonéquitab<strong>le</strong> ET bio.Le commerce équitab<strong>le</strong> correspond au modè<strong>le</strong> d’Elis autour de l’économie de fonctionnalité :anticipation, qualité, travail dans <strong>la</strong> durée. C’est l’ensemb<strong>le</strong> de l’équipe actuel<strong>le</strong> d’Elis qui a pris encharge <strong>le</strong> dossier du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>. L’équipe cadres a été très motivée par <strong>le</strong> projet, notamment<strong>le</strong>s plus jeunes. Les équipes achats et marketing ont suivi une formation dispensée par MH. En dehorsde l’appui de MH, Elis n’a pas fait appel à du conseil extérieur <strong>pour</strong> mettre en œuvre <strong>le</strong> changement. Cesont <strong>le</strong>s équipes en p<strong>la</strong>ce qui se sont appropriées <strong>le</strong> sujet.Le <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> n’est pas <strong>pour</strong> <strong>le</strong> moment un argument commercial sauf <strong>pour</strong> <strong>le</strong>s col<strong>le</strong>ctivitésqui souhaitent s’engager plus fortement dans <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> (et qui ont fait l’objet d’unecampagne de e-mailing). L’offre s’adresse avant tout aux col<strong>le</strong>ctivités, aux restaurants haut-de-gamme.En interne, ce sont surtout <strong>le</strong>s équipes cadre qui ont trouvé une source de motivation et de mobilisationautour du projet.29


Etude PFCE « Identifier et <strong>le</strong>ver <strong>le</strong>s freins au développement du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s politiques d’achat des entreprises » Février 20103) Les entreprises (PME, grandes entreprises) en tant que clients finauxD’après une enquête publiée en octobre 2009 commanditée par Max Have<strong>la</strong>ar auprès de <strong>la</strong> SOFRES,• 48% des sa<strong>la</strong>riés souhaitent que <strong>le</strong>urs entreprise propose des produits issus du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>• 61% de ceux qui en bénéficient déjà souhaitent qu’el<strong>le</strong> en offre d’avantage• seu<strong>le</strong>ment 16% disent pouvoir en consommer au quotidieni) Cas des PMEL’introduction de produits issus du CE dans <strong>le</strong>s PME est souvent issue d’initiatives isolées, peustructurée, diffici<strong>le</strong>ment mesurab<strong>le</strong> et portée par un ( e ) sa<strong>la</strong>rié ( e ) ou un groupe de sa<strong>la</strong>riés convaincus par <strong>la</strong>démarche. Ces initiatives sont <strong>pour</strong>tant fondamenta<strong>le</strong>s mais dans l’idéal, un suivi et une organisation de cesinitiatives permettent de pérenniser et d’accroître l’introduction des produits du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>.Dans cette typologie d’entreprise, <strong>le</strong>s achats indirects ne font pas généra<strong>le</strong>ment l’objet de politiques structurées,faute de moyens et de ressources disponib<strong>le</strong>s. Ils peuvent être gérés par <strong>le</strong> service achats en charge des achatsdirects, par <strong>le</strong>s services généraux, par <strong>le</strong>s assistants de direction.Les <strong>le</strong>viers vont donc re<strong>le</strong>ver essentiel<strong>le</strong>ment de bonnes pratiques ou d’outils que <strong>le</strong>s personnes en charge desachats <strong>pour</strong>ront se procurer sur Internet. Voici quelques pistes de réf<strong>le</strong>xion :-rédaction de procédures et de guides méthodologiques- l’organisation d’un groupe de travail- <strong>la</strong> négociation avec <strong>le</strong>s fournisseurs habituels- des outils facilitant <strong>la</strong> démarche des sa<strong>la</strong>riés (quels produits? quels fournisseurs? comment faire?). Lacampagne <strong>la</strong>ncée par Max Have<strong>la</strong>ar (www.pause-equitab<strong>le</strong>.org) va dans ce sens.Cette démarche s’intègre à une politique RSE visant à valoriser l’entreprise auprès de ses sa<strong>la</strong>riés. El<strong>le</strong> peut fairel’objet de négociations avec <strong>le</strong>s fournisseurs habituels ou être l’occasion de référencer de nouveaux fournisseurs.La mise en p<strong>la</strong>ce d’une tel<strong>le</strong> politique peut engendrer, contrairement aux idées reçues, des économies du fait quel’entreprise intègre <strong>le</strong>s achats indirects dans une politique suivie et organisée.ii)Cas des grandes entreprisesDans <strong>le</strong>s grandes entreprises, <strong>le</strong>s achats indirects sont plus structurés, centralisés et budgétés. Les freinsprésentés relèvent essentiel<strong>le</strong>ment du manque de disponibilité des produits et d’un prix trop é<strong>le</strong>vé.Cependant, <strong>la</strong> plupart des grandes entreprises ont intégré l’enjeu du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>ur politiqued’achats indirects : cadeaux d’affaire, consommation interne, restauration col<strong>le</strong>ctive, objets promotionnels. Cetteorientation permet de valoriser non seu<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s initiatives des sa<strong>la</strong>riés mais aussi l’image de l’entreprise auxyeux de ses sa<strong>la</strong>riés mais aussi de ses clients et de ses fournisseurs. L’engagement de l’entreprise peut faire l’objetd’une communication interne (intranet, magazine interne, posters…)Dans <strong>le</strong> cadre des achats indirects, <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce d’une politique d’achats responsab<strong>le</strong>s peut permettreéga<strong>le</strong>ment, comme nous l’avons vu précédemment, de réduire <strong>le</strong>s coûts d’achat de par une meil<strong>le</strong>ureoptimisation des moyens et des procédures. Acheter des produits du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>, même plus chers,n’échappe pas à cette règ<strong>le</strong>. L’organisation d’un groupe de travail animé par <strong>le</strong> département DéveloppementDurab<strong>le</strong> ou <strong>le</strong> Comité d’Entreprise est aussi recommandé. Des séances de sensibilisation et de dégustationpermettent de vaincre <strong>la</strong> peur du changement et de démontrer <strong>la</strong> qualité des produits30


Etude PFCE « Identifier et <strong>le</strong>ver <strong>le</strong>s freins au développement du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s politiques d’achat des entreprises » Février 2010Au titre des bonnes pratiques, on <strong>pour</strong>ra citer <strong>le</strong> Crédit Agrico<strong>le</strong> qui propose des produits du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>dans tous ses distributeurs automatiques ou <strong>le</strong> groupe Accor qui a intégré <strong>la</strong> démarche <strong>pour</strong> ses clients dans 18pays.Si <strong>le</strong>s achats indirects sont importants et peuvent représenter une part importante du budget d’une entreprise, <strong>le</strong>changement d’échel<strong>le</strong> du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> passe par un engagement des entreprises dans <strong>le</strong>urs achatsdirects, dans <strong>le</strong>ur cœur d’activité. Il faut en effet considérer que l’intégration de produits issus du CE dans <strong>le</strong>sachats indirects n’est dans aucun cas un <strong>le</strong>vier <strong>pour</strong> que l’entreprise s’engage sur ses achats directs.31


Etude PFCE « Identifier et <strong>le</strong>ver <strong>le</strong>s freins au développement du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s politiques d’achat des entreprises » Février 2010Focus : ACCOR et <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> (extrait du site du groupe)Le soutien d’ Accor au commerce équitab<strong>le</strong> s’inscrit au cœur de <strong>la</strong> stratégie de développement durab<strong>le</strong>du groupe. La promotion du développement local au sens <strong>la</strong>rge est en effet un des 8 piliers duprogramme Earth Guest.En 2004, en France, <strong>le</strong>s Novotel et Mercure servent du thé et du choco<strong>la</strong>t ainsi <strong>la</strong>bellisés et <strong>le</strong>s 490 hôtelsEtap - F1 proposent des boissons chaudes (thé, café, choco<strong>la</strong>t) issus du commerce équitab<strong>le</strong>. Les hôtels enGrèce, Portugal commencent à proposer cette gamme de produits.En 2005, 11 pays (France, Portugal, EAU, Grèce, Grande-Bretagne, Autriche, Afrique du Sud, Hongrie,Pays Bas, Belgique, Suisse) s’approvisionnent en produits issus du commerce équitab<strong>le</strong> : café, choco<strong>la</strong>t,f<strong>le</strong>urs, sucre et vin. Lieux de distribution : dans <strong>le</strong>s chambres, bars et autres lieux de restauration ou devente.En 2006, 5 nouveaux pays s’approvisionnent en produits issus du commerce équitab<strong>le</strong> (Chine, Espagne,Bahreïn, Pologne et Algérie). L’Ang<strong>le</strong>terre du café équitab<strong>le</strong> dans l’ensemb<strong>le</strong> de ses hôtels tout commel’Espagne dans <strong>le</strong>s hôtels Ibis. Au Moyen Orient, Bahreïn propose du thé et du café équitab<strong>le</strong>s.Au total, en 2008, 17 pays proposent des produits issus du commerce équitab<strong>le</strong> : Afrique du Sud, Algérie,Al<strong>le</strong>magne, Autriche, Bahreïn, Belgique, Chine, Emirats Arabes Unis, Espagne, France, Grèce, Hongrie,Pays-Bas, Pologne, Portugal, Royaume-Uni et Suisse.Le surcoût de l’achat des produits issus du commerce équitab<strong>le</strong> a été pris en charge par <strong>le</strong>s directeursd’hôtels et n’a pas été répercuté sur <strong>le</strong>s clients. - Des dépliants d’information ont été réalisés <strong>pour</strong> toutes<strong>le</strong>s enseignes du groupe (exemp<strong>le</strong> : 2 millions de dépliants et des affiches ont été réalisés <strong>pour</strong> Etap etFormu<strong>le</strong> 1) <strong>pour</strong> <strong>le</strong>s clients afin d’expliquer ce qu’est <strong>le</strong> commerce équitab<strong>le</strong>.- Les journaux internes du groupe ont consacré des artic<strong>le</strong>s sur <strong>le</strong> commerce équitab<strong>le</strong> afin de sensibiliser<strong>le</strong>s col<strong>la</strong>borateurs.- Par ail<strong>le</strong>urs, <strong>le</strong>s hôteliers de Etap et Formu<strong>le</strong> 1, peuvent répondre à toutes <strong>le</strong>s questions posées sur <strong>le</strong>commerce équitab<strong>le</strong> par <strong>le</strong>s clients grâce à un document très détaillé publié à <strong>le</strong>urs intentions expliquantce qu’est <strong>le</strong> commerce équitab<strong>le</strong>.La Direction du Développement Durab<strong>le</strong> a organisé, avec son fournisseur Malongo, des réunions desensibilisation sur <strong>le</strong> commerce équitab<strong>le</strong> <strong>pour</strong> tous <strong>le</strong>s hôtels Sofitel qui <strong>le</strong> souhaitaient (200 personnes yont participé).Objectifs du Groupe en 2010-Poursuivre <strong>le</strong> soutien au commerce équitab<strong>le</strong> dans de nouveaux pays.-Etendre cet engagement au développement de partenariats avec des ONG soutenant l'agriculture loca<strong>le</strong>au travers d'une politique respectueuse de l'homme et de l'environnement.32


Etude PFCE « Identifier et <strong>le</strong>ver <strong>le</strong>s freins au développement du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s politiques d’achat des entreprises » Février 2010Focus : <strong>la</strong> SNCF et <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>L’engagement de <strong>la</strong> SNCF en faveur du commerce équitab<strong>le</strong> a débuté il y a deux ans. Différentesactions concrètes témoignent de l’investissement de l’entreprise dans ce domaine : depuis 2006 uneoffre de café proposée au personnel de l’entreprise est issue du commerce équitab<strong>le</strong>, une partie deschemises des contrô<strong>le</strong>urs est en coton équitab<strong>le</strong> et cette démarche sera étendue en 2009 aux tenuesdes 22 000 agents des gares (150 000 pièces en coton équitab<strong>le</strong> environ). L’entreprise a <strong>pour</strong> volontéde développer et d’augmenter son volume d’achats équitab<strong>le</strong>s dans d’autres segments d’achats.La SNCF est un des partenaires institutionnels du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>. El<strong>le</strong> a co- financél’organisation du 3 ème Forum National du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> en 2007 organisé à Paris ainsi que <strong>le</strong><strong>la</strong>ncement du site vitrine des acteurs de <strong>la</strong> PFCE (www.vitrine.commercequitab<strong>le</strong>.org)Les actions menées en termes d’achats équitab<strong>le</strong>s peuvent être considérées <strong>pour</strong> <strong>le</strong> moment commedes initiatives. L’engagement personnel des responsab<strong>le</strong>s des projets liés au <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>compte <strong>la</strong>rgement dans <strong>la</strong> mise en œuvre et <strong>la</strong> réussite des projets. La mis en p<strong>la</strong>ce en 2008 de <strong>la</strong>DDAD (Direction Déléguée aux Achats Durab<strong>le</strong>s) avec un pô<strong>le</strong> Achats Solidaires et Equitab<strong>le</strong>s doitpermettre de donner un cadre à ces actions et de <strong>le</strong>s pérenniser. Pour <strong>le</strong> moment, il n’y a pasd’indicateur <strong>pour</strong> mesurer l’évolution des achats équitab<strong>le</strong>s (et par conséquent pas d’objectif). Enrevanche, <strong>le</strong>s indicateurs, <strong>le</strong>s reportings et <strong>le</strong>s objectifs existent bien <strong>pour</strong> ce qui concernel’insertion.Une difficulté ou <strong>pour</strong> <strong>le</strong> moins une incertitude re<strong>le</strong>vée concerne <strong>le</strong>s aspects juridiques. Les Appelsd’Offre doivent être sécurisés et selon <strong>le</strong> département juridique de <strong>la</strong> SNCF, il existe encore un flouimportant concernant <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>.Différentes pistes sont évoquées <strong>pour</strong> développer <strong>le</strong>s achats équitab<strong>le</strong>s: <strong>le</strong> restauration col<strong>le</strong>ctivedes agents, <strong>la</strong> restauration dans <strong>le</strong>s trains (des produits sont déjà disponib<strong>le</strong>s mais <strong>le</strong> suivi n’est pasassuré), <strong>la</strong> distribution automatique (en gare et <strong>pour</strong> <strong>le</strong>s sa<strong>la</strong>riés) ainsi que <strong>le</strong>s objets promotionnelset <strong>le</strong>s cadeaux d’affaires.33


Etude PFCE « Identifier et <strong>le</strong>ver <strong>le</strong>s freins au développement du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s politiques d’achat des entreprises » Février 2010Focus : Le Crédit Agrico<strong>le</strong> et <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>C’est par <strong>la</strong> consommation interne que <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> est rentré dans l’entreprise. C’est unedemande et un intérêt commun de <strong>la</strong> mission Développement Durab<strong>le</strong> et des syndicats qui ontdéc<strong>le</strong>nché l’engagement de l’entreprise dans <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>.Le Crédit Agrico<strong>le</strong> s’est engagé à deux niveaux : <strong>la</strong> restauration col<strong>le</strong>ctive et <strong>la</strong> distributionautomatique. Depuis 2007, <strong>le</strong>s restaurants d’entreprise (gérés par <strong>le</strong>s CE) proposent du cafééquitab<strong>le</strong>. En 2007, ce sont 1,8 tonnes de café équitab<strong>le</strong> qui ont été consommés dans <strong>le</strong>s restaurants.Ce sont <strong>le</strong>s CE qui ont demandé aux prestataires (eurest, RC2) de proposer du café équitab<strong>le</strong> lors desnégociations <strong>pour</strong> <strong>le</strong> renouvel<strong>le</strong>ment du contrat. D’autre part, des repas autour du <strong>Commerce</strong>Equitab<strong>le</strong> sont organisés pendant <strong>la</strong> quinzaine du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> (fruits, céréa<strong>le</strong>s).De <strong>la</strong> même manière, <strong>le</strong> département Ressources Humaines, appuyée par <strong>la</strong> mission DéveloppementDurab<strong>le</strong>, a profité des négociations en 2006 auprès de son prestataire (Lyovel) <strong>pour</strong> intégrer desproduits du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> : café (Richard), choco<strong>la</strong>t (Van Houten), gâteaux (fi<strong>le</strong>t b<strong>le</strong>u) et jusde fruits (Ethiquab<strong>le</strong>). Ces produits cohabitent avec <strong>le</strong>s snacks c<strong>la</strong>ssiques dans <strong>le</strong>s distributeurs. Cesproduits sont présents au siège et dans <strong>la</strong> plupart des Caisses Régiona<strong>le</strong>s. En 2007, 8,8 tonnes de caféet 2,9 tonnes de choco<strong>la</strong>t ont été consommés dans ces distributeurs.Un suivi annuel des consommations est fait avec <strong>le</strong>s fournisseurs mais en revanche :- il n’existe pas d’indicateurs en interne <strong>pour</strong> mesurer l’évolution du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>- il n’y a pas de remontée d’information des caisses régiona<strong>le</strong>sEn conséquence, des initiatives se développent à l’échel<strong>le</strong> loca<strong>le</strong> et régiona<strong>le</strong> mais sans pilotage nivisibilité. Mais <strong>la</strong> mission DD incite <strong>le</strong>s Caisses régiona<strong>le</strong>s à entrer dans <strong>la</strong> démarche équitab<strong>le</strong>(intervention de Max Have<strong>la</strong>ar devant <strong>le</strong>s caisses régiona<strong>le</strong>s, création d’une exposition itinérante).Pour <strong>le</strong> Crédit Agrico<strong>le</strong>, <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> est lié avant tout à une politique de solidarité. Maisau-delà de cet aspect de solidarité, c’est <strong>le</strong> fait que <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> ait des objectifs dedéveloppement économique <strong>pour</strong> <strong>le</strong>s producteurs qui explique l’engagement du Crédit Agrico<strong>le</strong>.Ce<strong>la</strong> correspond aux va<strong>le</strong>urs et aux origines du groupe : créer de nouveaux rapports économiquesavec <strong>le</strong>s pays du Sud, regrouper des producteurs <strong>pour</strong> qu’ils défendent <strong>le</strong>urs intérêts.Pour <strong>le</strong>s perspectives d’avenir, une des possibilités serait d’intégrer <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>cœur de métier du groupe Crédit Agrico<strong>le</strong>. Des échanges ont lieu avec Max Have<strong>la</strong>ar sur <strong>la</strong> questiondu préfinancement. De même, <strong>le</strong> groupe <strong>pour</strong>rait envisager de financer des projets d’entreprise oud’investissement dans <strong>le</strong>s pays du Sud en s’appuyant sur <strong>la</strong> présence internationa<strong>le</strong> du groupe (enAsie et en Afrique).34


Etude PFCE « Identifier et <strong>le</strong>ver <strong>le</strong>s freins au développement du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s politiques d’achat des entreprises » Février 2010C) E<strong>la</strong>rgir <strong>la</strong> base des entreprises engagées et approfondir cet engagement1) Etat des lieuxNous avons vu qu’en dehors des entreprises spécialisées et de quelques entreprises conventionnel<strong>le</strong>s(Malongo, Armor Lux) peu d’entreprises ont intégré <strong>le</strong> CE à <strong>le</strong>ur stratégie. Les entreprises conventionnel<strong>le</strong>sengagées dans <strong>la</strong> démarche ont <strong>pour</strong> <strong>le</strong> moment intégré des projets (L’occitane) ou des gammes/produits à <strong>la</strong>marge. L’intégration en profondeur du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s entreprises conventionnel<strong>le</strong>s apporte de<strong>la</strong> crédibilité économique à <strong>la</strong> démarche. Une intégration, même à <strong>la</strong> marge, peut être une première étapevers une approche plus structurée dans une approche stratégique du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>.Nous traitons dans ce point <strong>le</strong> cas essentiel<strong>le</strong>ment des PME et des grandes entreprises étant données qu’el<strong>le</strong>sreprésentent l’essentiel des entreprises engagées. Nous étudierons dans <strong>le</strong> point suivant <strong>le</strong>s cas des TGE (TrèsGrandes Entreprises) dont <strong>la</strong> tail<strong>le</strong>, <strong>la</strong> présence internationa<strong>le</strong> et <strong>le</strong>s enjeux diffèrent des PME.2) Pourquoi <strong>le</strong>s entreprises s’engagent dans <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong>Equitab<strong>le</strong> ?Nous avons vu dans <strong>la</strong> partie I que jusqu’à présent, <strong>le</strong>s entreprises conventionnel<strong>le</strong>s qui s’engageaient dans<strong>le</strong>ur cœur de métier <strong>le</strong> faisaient essentiel<strong>le</strong>ment dans une logique d’opportunité. C’est principa<strong>le</strong>ment <strong>pour</strong>répondre à une demande du marché.En règ<strong>le</strong> généra<strong>le</strong>, il s’agit de proposer un nouveau produit qui va se rajouter à une gamme existante. Lechangement d’échel<strong>le</strong> du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> est conditionné par :- La substitution d’un produit conventionnel par un produit <strong>la</strong>bellisé <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>- La conversion d’un produit existant en <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> (en faisant certifier un groupement deproducteurs avec <strong>le</strong>quel l’entreprise travail<strong>le</strong> déjà ou en intégrant <strong>la</strong> totalité ou partie des ingrédients par<strong>le</strong> biais de nouveaux fournisseurs).D’autre part, <strong>le</strong> remp<strong>la</strong>cement progressif des gammes conventionnel<strong>le</strong>s par des produits issus du <strong>Commerce</strong>Equitab<strong>le</strong> induit une évolution de <strong>la</strong> stratégie et des pratiques de l’entreprise.Voici une liste des raisons qui peuvent pousser une entreprise à s’engager dans <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>.- Attentes des consommateurs sensibilisés aux questions environnementa<strong>le</strong>s et socia<strong>le</strong>s (Arcadie etentreprises du secteur bio)- Ce<strong>la</strong> correspond aux va<strong>le</strong>urs de l’entreprise et à l’engagement des dirigeants (Malongo, Kaoka Cemoi)- Ouverture de nouveaux marchés (Armor Lux et <strong>le</strong> marché des vêtements professionnels de <strong>la</strong> SNCF, de <strong>la</strong>Poste)- Adéquation avec <strong>le</strong> modè<strong>le</strong> économique (Elis)- Sécurisation de <strong>la</strong> supply chain sur des marchés tendus (Cadbury et Nestlé sur <strong>la</strong> cacao)- Exigences de transparence sur <strong>le</strong>s conditions de travail dans <strong>la</strong> supply chain (SNCF)C’est lorsque plusieurs de ces conditions sont réunies qu’une entreprise va développer une approche plusintégrée et stratégique du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>.3) Freins à l’engagement des entreprises35


Etude PFCE « Identifier et <strong>le</strong>ver <strong>le</strong>s freins au développement du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s politiques d’achat des entreprises » Février 2010Le <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> peut répondre à des attentes précises des entreprises que ce soit en termesd’opportunités commercia<strong>le</strong>s, de communication, de sécurisation de <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion fournisseurs.Son intégration en profondeur encore limitée s’explique principa<strong>le</strong>ment par• L’histoire encore récente de <strong>la</strong> démarche de <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> <strong>pour</strong> <strong>le</strong>s entreprises conventionnel<strong>le</strong>s. Ily a donc des craintes liées au manque de maturité du concept.• Des procédures inadaptées au sein des entreprises qui peuvent être liées aux habitudes créées dans <strong>la</strong>re<strong>la</strong>tion fournisseurs, à un modè<strong>le</strong> inadapté au <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> (enchères inversées notamment) ouau manque de formation sur <strong>la</strong> question• Des ressources humaines et financières limitées qui sont un obstac<strong>le</strong> à <strong>la</strong> conduite du changement eninterne.• Une réticence à s’engager partiel<strong>le</strong>ment dans <strong>la</strong> démarche et <strong>la</strong> peur d’être surexposé. Dans ce cas, <strong>le</strong>sentreprises craignent d’être pointées du doigt sur d’autres filières moins « équitab<strong>le</strong>s » et d’être accuséesde « fairwashing ». Pourtant, l’exemp<strong>le</strong> des différentes entreprises engagées et <strong>le</strong> modè<strong>le</strong> même du<strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> basé sur une démarche de progrès devraient inciter <strong>le</strong>s entreprises à considérerpositivement un engagement dans <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>.4) LeviersNous avons vu dans <strong>le</strong>s rapports entre <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> et <strong>la</strong> RSE qu’un <strong>le</strong>vier serait d’ancrer <strong>le</strong><strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong> mouvement de <strong>la</strong> RSE . Cet ancrage permettrait de mieux faire connaître et decrédibiliser <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> notamment dans sa dimension économique.Des <strong>le</strong>viers opérationnels <strong>pour</strong>raient être éga<strong>le</strong>ment actionnés :- Développer <strong>le</strong>s moyens <strong>pour</strong> accompagner <strong>le</strong>s entreprises dans <strong>le</strong>urs démarches de changement :révision des procédures, mise en p<strong>la</strong>ce de tab<strong>le</strong>aux de bord, rédaction de guides méthodologiques…L’appui déjà apporté par Max Have<strong>la</strong>ar ou BioPartenaire doit être renforcé, par exemp<strong>le</strong> par un réseaud’experts formés au <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>.- Faire connaître <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> auprès des professionnels. Si <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> bénéficied’un fort taux de notoriété auprès du grand public, il est encore mal connu d’un point de vue techniqueauprès des professionnels. Il n’est pas perçu immédiatement comme une démarche possib<strong>le</strong> dans <strong>le</strong> cœurd’activité de l’entreprise. Changer d’échel<strong>le</strong> <strong>le</strong>s initiatives de rencontre professionnel<strong>le</strong> (type ForumNational du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> ou Salon Européen du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>) notamment dans uneperspective internationa<strong>le</strong> (sur <strong>le</strong> modè<strong>le</strong> de BioFach par exemp<strong>le</strong>)- Il est aussi évident qu’une fiscalité spécifique au <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> ou des aides à <strong>la</strong> conversion desproduits conventionnels en <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> seraient fortement incitatives. La régu<strong>la</strong>tion publiquepermettant <strong>la</strong> reconnaissance des référentiels de <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> et une politique publiqued’innovation socia<strong>le</strong> permettraient <strong>la</strong> mise en œuvre de tel<strong>le</strong>s mesures.D’autre part, une entreprise mesure son intérêt à s’engager dans une perspective économique. El<strong>le</strong> doit tirerun bénéfice (immatériel mais surtout matériel) de son engagement dans <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> : qualité? margeopérationnel<strong>le</strong>? ventes? impact sur l’image? volumes suffisants? Il faut donc valider par des études, des cas <strong>la</strong>pertinence économique du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> <strong>pour</strong> <strong>le</strong>s entreprises qui s’engagent.- Un des freins exposés (qu’il soit réel ou perçu) est celui du prix. Une réponse serait de développer desétudes par filière en Coût Global d’Achat, <strong>le</strong> CE intégrant <strong>la</strong> gestion des risques sociaux etenvironnementaux, <strong>le</strong>s audits, <strong>le</strong> risque image, <strong>la</strong> qualité, etc.36


Etude PFCE « Identifier et <strong>le</strong>ver <strong>le</strong>s freins au développement du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s politiques d’achat des entreprises » Février 2010- Réaliser des « business case » d’entreprise qui se sont engagées dans <strong>le</strong> CE et <strong>le</strong>s valoriser auprès desentreprises- Développer <strong>le</strong>s études d’impact sur l’image ou plus généra<strong>le</strong>ment sur <strong>le</strong>s actifs immatériels desentreprises engagées dans <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>Focus : Armor Lux ou l’intégration stratégiqueLa mise en œuvre d’une politique d’achats équitab<strong>le</strong>s correspond <strong>pour</strong> Armor Lux à une logiqueindustriel<strong>le</strong> de valorisation de <strong>la</strong> marque et de p<strong>la</strong>n stratégique. De par son intégration stratégique, <strong>le</strong>sachats et <strong>le</strong>s ventes liées au <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> sont suivies dans l’entreprise. La politique dedéveloppement durab<strong>le</strong> est intégrée à l’entreprise, dans <strong>le</strong>s différents services. Le groupe ne possède pasde département développement durab<strong>le</strong> et ne fait pas appel à des cabinets de conseil. Afin de vérifier <strong>la</strong>conformité des sites de production à l’étranger, <strong>le</strong>s audits extérieurs sont effectués par Price WaterhouseCoopers.Historique de <strong>la</strong> démarcheFin 2004, Max Have<strong>la</strong>ar, à <strong>la</strong> suite du montage de <strong>la</strong> filière coton en Afrique de l’Ouest, fait un tour desindustriels susceptib<strong>le</strong>s d’être intéressés par <strong>la</strong> démarche. Le groupe Armor Lux est contacté par TDVindustries, un des partenaires d’Armor Lux et entreprise de tissage spécialisée dans <strong>le</strong> coton cardé <strong>pour</strong>vêtements professionnels.La signature du partenariat début 2005 avec Max Have<strong>la</strong>ar est liée à 4 éléments1) Objectif de valorisation de <strong>la</strong> matière première <strong>pour</strong> un groupe qui consomme 400 tonnes de filpar an et dont <strong>le</strong> savoir-faire repose sur <strong>la</strong> mail<strong>le</strong> coton2) Objectifs commerciaux : fidéliser <strong>la</strong> clientè<strong>le</strong> et conquérir de nouveaux marchés notammentauprès des professionnels3) La démarche de <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> est cohérente avec l’image et <strong>le</strong>s va<strong>le</strong>urs de l’entreprise(qualité, tradition et éthique)4) En janvier 2005, <strong>la</strong> fin des quotas sur <strong>le</strong>s importations de texti<strong>le</strong> oblige <strong>le</strong>s industriels français àadopter une nouvel<strong>le</strong> stratégie <strong>pour</strong> être compétitifs.A noter que <strong>le</strong> groupe est aussi signataire du Global Compact, membre du Comité 21 et de l’ORSE(Observatoire de <strong>la</strong> Responsabilité Socia<strong>le</strong> des Entreprises).Aujourd’hui 75% du CA dans <strong>le</strong> vêtement professionnel est réalisé avec <strong>le</strong> coton équitab<strong>le</strong>, <strong>le</strong> vêtementprofessionnel représentant aujourd’hui 35% du CA d’Armor Lux (soit 27 millions sur 75 millions d’euros(suite) en 2009). Principaux Armor-Lux clients est d’Armor <strong>le</strong> 1er distributeur Lux : La Poste, de produits <strong>la</strong> SNCF, en ADP, coton ministère équitab<strong>le</strong> de <strong>la</strong>bellisés l’intérieur FairTrade en France(25% de part de marché) et <strong>le</strong> 1er consommateur de fil de coton équitab<strong>le</strong> en France. Depuis 2008, <strong>le</strong>Exemp<strong>le</strong>groupe proposede La Posteéga<strong>le</strong>ment des produits en coton biologique et équitab<strong>le</strong>. L’objectif d’ici à 3 ans est deAvants’approvisionner<strong>la</strong> signatureexclusivementdu partenariatenaveccotonMaxbiologiqueHave<strong>la</strong>ar,et<strong>la</strong>équitab<strong>le</strong>Poste était<strong>pour</strong>déjàrépondreun clientauxd’ArmorbesoinsLux.annuelsFinen2003, matières <strong>la</strong> Poste premières travail<strong>la</strong>it (400 tonnes avec une de fil). dizaine de fournisseurs et dans un souci de rationalisation , asouhaité centralisé auprès d’un seul fournisseur.Le marché était d’un million de pièces par an. Il a fallu à ce moment faire évoluer <strong>le</strong> modè<strong>le</strong>économique de l’entreprise, passer du rô<strong>le</strong> de fabricant texti<strong>le</strong> à celui de VPCiste (réactivité, qualité deservice). A cette époque, l’appel d’offre avec <strong>la</strong> Poste ne reposait pas sur <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> maiscontenait des c<strong>la</strong>uses de développement durab<strong>le</strong> notamment sur <strong>la</strong> traçabilité et <strong>le</strong> respect desconventions de l’OIT. Le passage au coton équitab<strong>le</strong> est lié aussi au « hasard » des rencontres et desagendas durab<strong>le</strong>s des 2 groupes qui se « rencontraient ». La direction du Développement Durab<strong>le</strong> de<strong>la</strong> Poste souhaitait s’engager dans une action forte. Le choix s’est porté sur <strong>la</strong> filière coton équitab<strong>le</strong> et<strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce d’un p<strong>la</strong>n de progrès non lié à un Appel d’Offre. Aujourd’hui environ 1/3 des tenues37


Etude PFCE « Identifier et <strong>le</strong>ver <strong>le</strong>s freins au développement du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s politiques d’achat des entreprises » Février 2010D) Intérêt et risques d’une intégration des TGE (Très Grandes Entreprises)1) Etat des lieuxDans <strong>le</strong> mouvement du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>, l’entrée des TGE sur <strong>le</strong> marché est un sujet encore plusdébattu que l’introduction des produits dans <strong>la</strong> grande distribution. Là aussi, il s’agirait de permettre <strong>le</strong>changement d’échel<strong>le</strong>.Nous entendons de ce rapport par TGE, une entreprise ayant une présence internationa<strong>le</strong> tant par ses débouchésque par sa capacité à s’approvisionner à l’échel<strong>le</strong> de <strong>la</strong> p<strong>la</strong>nète et notamment dans <strong>le</strong>s pays du Sud.En France, aucune TGE ne s’est engagée de manière forte sur un produit phare existant. Au mieux, on apu assister au <strong>la</strong>ncement d’un nouveau produit qui ne substituait pas à l’existant. En revanche, des entreprisescomme Starbucks (d’abord au Royaume-Uni avec désormais une déclinaison en France), Do<strong>le</strong> (<strong>pour</strong> <strong>le</strong>s bananes,disponib<strong>le</strong>s en France), Nestlé (avec Partner’s b<strong>le</strong>nd et désormais KitKat, uniquement au Royaume Uni) ainsi queCadbury (avec <strong>le</strong> dairy milk, uniquement au Royaume Uni) se sont engagées récemment.2) Arguments en faveurs d’un engagement des TGE (Très GrandesEntreprises)Tout d’abord, l’engagement d’une TGE présenterait des avantages <strong>pour</strong> <strong>le</strong>s groupements de producteurs.- L’engagement d’une TGE permettrait à des coopératives de producteurs de trouver de nouveauxdébouchés, puisque en moyenne on considère que seuls 20% <strong>la</strong> production des OP certifiées est vendue àtravers <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>- Sur <strong>le</strong>s produits concernés, de par l’exposition médiatique et <strong>le</strong>s enjeux, il est probab<strong>le</strong> que <strong>le</strong>s TGEs’inscriront dans <strong>la</strong> durée dans <strong>le</strong> projet sans doute plus qu’une enseigne de <strong>la</strong> grande distribution qui apriori n’a pas de contacts directs avec <strong>le</strong>s producteurs.- De par ses moyens et sa logistique, une TGE peut s’impliquer en profondeur avec <strong>le</strong>s producteurs (visitesrégulières, appui technique, programmes sociaux, de santé…)Ensuite, l’engagement d’une TGE présente un intérêt <strong>pour</strong> <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> en lui-même.- Le <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> serait plus visib<strong>le</strong> auprès des consommateurs. L’engagement d’une TGE, présentedans de nombreux circuits de distribution, augmenterait <strong>le</strong> taux de notoriété du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> etdu <strong>la</strong>bel. D’autre part, <strong>la</strong> capacité de communication des TGE auprès du grand public est bien supérieure àtoute initiative des <strong>la</strong>bels ou des PME engagées.- La crédibilité de <strong>la</strong> démarche sur <strong>le</strong> secteur concernée serait renforcée auprès des professionnels. Le<strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> serait perçu comme un véritab<strong>le</strong> outil stratégique par <strong>le</strong>s entreprises.38


Etude PFCE « Identifier et <strong>le</strong>ver <strong>le</strong>s freins au développement du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s politiques d’achat des entreprises » Février 2010- Un effet d’entraînement auprès d’autres entreprises concurrentes. Les TGE, <strong>le</strong>aders sur <strong>le</strong>urs secteurs<strong>la</strong>ncent aussi un signal à <strong>la</strong> concurrence qui peut suivre <strong>le</strong> mouvement.- Un renforcement des positions du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> face à d’autres initiatives de commerce durab<strong>le</strong>moins exigeantes. Dans une logique de « compétition » dans <strong>le</strong> développement durab<strong>le</strong>, il serait pluscompliqué <strong>pour</strong> une entreprise de s’adosser à une initiative moins exigeante.- Le <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> prendrait une dimension plus internationalisée avec <strong>la</strong> possibilité de débouchésdans plusieurs pays du Nord mais avec aussi <strong>la</strong> capacité de proposer ces produits dans <strong>le</strong>s pays du Sud.- En sus de <strong>le</strong>ur rô<strong>le</strong> d’acheteurs et d’appui technique, <strong>le</strong>s très grandes entreprises peuvent contribuer via<strong>le</strong>urs fondations ou à travers <strong>le</strong> financement de projets sectoriels multipartenaires au développement defilières et à <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce de standards sociaux et environnementaux exigeants dans <strong>le</strong>s filières où el<strong>le</strong>sinterviennent. L’engagement des TGE peut être <strong>le</strong> moyen de mobiliser des fonds à <strong>la</strong> fois publics et privés<strong>pour</strong> des projets multipartenaire de grande dimension.3) Pourquoi <strong>le</strong>s TGE s’engagent dans <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>?L’étude des différents cas des TGE engagées (Starbucks, Cadbury, Nestlé) fait apparaître que <strong>le</strong>s TGE nes’engagent pas forcément dans <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans une logique d’opportunité contrairement aux apriori mais qu’el<strong>le</strong>s prennent en compte différents paramètres. Nous avons répertorié 5 éléments pris encompte par <strong>le</strong>s TGE <strong>pour</strong> qu’el<strong>le</strong>s développent <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>ur politique d’achats.- La contrainte : ces entreprises ont subi de manière plus ou moins viru<strong>le</strong>nte <strong>le</strong>s pressions des ONG <strong>pour</strong>faire évoluer <strong>le</strong>ur démarche (notamment sur des accusations d’esc<strong>la</strong>vage en Côte d’Ivoire <strong>pour</strong> <strong>le</strong> cacaoou dans <strong>le</strong>s p<strong>la</strong>ntations en République Dominicaine)- Un engagement préa<strong>la</strong>b<strong>le</strong> dans des démarches responsab<strong>le</strong>s : Cadbury avait déjà racheté l’entrepriseGreen & B<strong>la</strong>ck spécialisée dans <strong>le</strong> choco<strong>la</strong>t équitab<strong>le</strong> mais gérait <strong>la</strong> marque indépendamment; Starbucksavait mise en p<strong>la</strong>ce son propres programme C.A.F.E practices en partenariat avec ConservationInternational- L’intégration à des programmes d’ensemb<strong>le</strong> : l’annonce de <strong>la</strong> conversion de KitKat et Dairy milk estparallè<strong>le</strong> à des programmes d’investissement massif dans <strong>la</strong> filière cacao en difficulté (qualité, situationsocia<strong>le</strong>, rendements insuffisants)- Des prix en tendance haussière et sur <strong>la</strong> durée : <strong>la</strong> différence entre <strong>le</strong> prix équitab<strong>le</strong> et conventionnel estdonc réduite- La recherche de produits de qualité dans un contexte sécurisé : Cadbury va s’approvisionner en cacaoéquitab<strong>le</strong> à 100% au Ghana tandis que Nestlé s’approvisionnera à 100% en Côte d’Ivoire.4) Risques d’intégration des TGE dans <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>Après avoir passé en revue de manière non-exhaustive, <strong>le</strong>s arguments en faveur de l’engagement des TGE dans <strong>le</strong><strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> ainsi que <strong>le</strong>urs motivations, nous voyons <strong>le</strong>s risques que peut comporter cet engagement.Une très grande entreprise peut-el<strong>le</strong> s’engager durab<strong>le</strong>ment et profondément dans <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> ?Beaucoup de multinationa<strong>le</strong>s travail<strong>la</strong>nt sur <strong>le</strong>s produits agrico<strong>le</strong>s se sont développées autour de marchésfluctuants sans régu<strong>la</strong>tion et uniquement basés sur l’offre et <strong>la</strong> demande. Pourquoi se verraient-el<strong>le</strong>s contraintesde se conformer à un cahier des ahcarges et à un prix minmum qu’el<strong>le</strong>s ne contrô<strong>le</strong>nts pas ? L’engagement des39


Etude PFCE « Identifier et <strong>le</strong>ver <strong>le</strong>s freins au développement du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s politiques d’achat des entreprises » Février 2010TGE, sans changement des règ<strong>le</strong>s du commerce international, ne se ferait à grande échel<strong>le</strong> qu’avec des produitsde qualité, où <strong>le</strong>s tensions sur <strong>le</strong> marché sont fortes, auprès de sources d’approvisionnement fiab<strong>le</strong>s. Les TGEs’adresseraient donc en priorité aux groupements <strong>le</strong>s mieux organisés et <strong>le</strong>s mieux intégrés au marché. Cetteperspective est confortée dans <strong>le</strong>s faits et confirme économiquement <strong>la</strong> notion de symétrie dans <strong>le</strong>s re<strong>la</strong>tionsfournisseurs.Une évolution du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> privilégiant <strong>le</strong>s partenariats avec <strong>le</strong>s multinationa<strong>le</strong>s <strong>pour</strong>raient entraînerdes déséquilibres. Une certification des groupements de producteurs travail<strong>la</strong>nt déjà avec des grandes entreprisesau détriment de l’intégration de producteurs ayant un accès plus limité aux marchés remettrait en cause un despiliers du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>. Il faut re<strong>le</strong>ver d’autre part <strong>le</strong> risque de modè<strong>le</strong>s d’intégration vertica<strong>le</strong> nepermettant plus l’autonomie des producteurs, dépendant alors d’un client majoritaire voire unique. Enfin, un desrisques <strong>pour</strong>rait être une dérive vers une certification moins exigeante <strong>pour</strong> permettre de faire aboutir unpartenariat avec une Très Grande Entreprise.Enfin, il existe un risque majeur de division du mouvement. D’un point de vue idéologique <strong>pour</strong> <strong>le</strong>s défenseurs du<strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> mais aussi d’un point de vue technique, des interrogations peuvent être sou<strong>le</strong>vées quant àce changement d’échel<strong>le</strong> du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>. Les entreprises spécialisées doivent argumenter de <strong>le</strong>ursspécificités (implication sur <strong>le</strong> terrain, travail sur des filières plus sensib<strong>le</strong>s et moins structurées, engagementpolitique et d’éducation…). Une partie des militants et ONG historiques <strong>pour</strong>raient ne plus se reconnaître dansl’évolution du modè<strong>le</strong> alternatif vers un modè<strong>le</strong> intégré à l’économie mondia<strong>le</strong>.5) Favoriser l’engagement des TGECes différents arguments exposés, il s’agit une fois que <strong>le</strong>s risques et opportunités ont été présentés dedéterminer <strong>le</strong>s <strong>le</strong>viers qui favoriseraient l’engagement des Très Grandes Entreprises. Nous avons vu déjà <strong>le</strong>séléments de décision propres aux Très Grandes Entreprises. Nous considérons maintenant <strong>le</strong>s <strong>le</strong>viers extérieursqui <strong>pour</strong>raient être actionnés en vue d’un développement du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> à travers <strong>le</strong>s Très GrandesEntreprises.L’engagement des TGE peut se faire essentiel<strong>le</strong>ment autour de projets à grande échel<strong>le</strong> intégrant <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong>Equitab<strong>le</strong> comme un des éléments clés : microcrédit, gestion des ressources, programmes de santé…. Lamutualisation de moyens à l’échel<strong>le</strong> régiona<strong>le</strong> (ONG, entreprises, col<strong>le</strong>ctivités) est déjà dans de nombreux cas unélément clé de <strong>la</strong> réussite du développement de filières de <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>.Dans ce sens, <strong>la</strong> création d’un fonds d’initiative durab<strong>le</strong> intégrant <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> et pouvant être financépar <strong>le</strong>s Très Grandes Entreprises permettrait de mettre en œuvre des projets à dimension internationa<strong>le</strong> et degarantir des volumes importants avant même <strong>la</strong> mise en chantier du projet.Ensuite, face aux enjeux économiques des Très Grandes Entreprises, <strong>le</strong>s filières doivent être développées etconsolidées afin de répondre aux exigences de sécurisation des supply chains des TGE : volume, réactivité,qualité, traçabilité. La sécurisation est abordée dans <strong>le</strong> chapitre 3 dans <strong>le</strong> point consacré aux producteurs. Ce sontdes éléments déjà intégrés dans <strong>le</strong>s démarches des organisations de producteurs mais qui doivent s’adapter auchangement d’échel<strong>le</strong> induit par <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion avec une TGE.Enfin, nous avons vu qu’une multinationa<strong>le</strong> réagit aussi aux pressions extérieures notamment des ONG politiquesre<strong>la</strong>yées par <strong>le</strong>s médias. Même si l’entreprise n’est pas responsab<strong>le</strong> juridiquement de ses fournisseurs et de <strong>le</strong>ursagissements, el<strong>le</strong> <strong>le</strong> sera mora<strong>le</strong>ment <strong>pour</strong> <strong>le</strong>s consommateurs. Le cas de Nike, pointé du doigt <strong>pour</strong> <strong>la</strong> questiondu travail des enfants en Asie du Sud Est est éloquent à ce sujet. Au Royaume-Uni, ce sont des campagnesviru<strong>le</strong>ntes dénonçant des pratiques d’esc<strong>la</strong>vage dans <strong>le</strong>s p<strong>la</strong>ntations de cacao en Afrique de l’ouest qui ont faitréagir Nestlé et Cadbury. Il est donc important de soutenir des campagnes politiques organisées par <strong>le</strong>s ONG de40


Etude PFCE « Identifier et <strong>le</strong>ver <strong>le</strong>s freins au développement du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s politiques d’achat des entreprises » Février 2010p<strong>la</strong>idoyer dénonçant <strong>le</strong>s mauvaises pratiques des multinationa<strong>le</strong>s tout en <strong>le</strong>s amenant à faire évoluer cespratiques. Ce<strong>la</strong> démontre qu’il est à <strong>la</strong> fois possib<strong>le</strong> de dénoncer et de rechercher <strong>le</strong> partenariat, d’être àl’extérieur et dans <strong>le</strong> système même si l’équilibre est diffici<strong>le</strong> à trouver.41


Etude PFCE « Identifier et <strong>le</strong>ver <strong>le</strong>s freins au développement du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s politiques d’achat des entreprises » Février 2010III- Les parties prenantes : quel rô<strong>le</strong> dans <strong>le</strong> développement du<strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s entreprises conventionnel<strong>le</strong>s ?A) Les entreprises spécialisées1) Etat des lieux : des entreprises d’abord orientées vers <strong>le</strong> Business toConsumerLa majorité du Chiffre d’affaires du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> en France et dans <strong>le</strong> monde est réalisée par desentreprises spécialisées. Les entreprises conventionnel<strong>le</strong>s engagées dans <strong>la</strong> démarche n’ont développé <strong>pour</strong> <strong>la</strong>plupart d’entre el<strong>le</strong>s que margina<strong>le</strong>ment des gammes de produits <strong>la</strong>bellisés.En France, deux entreprises spécialisées ont fait <strong>le</strong> choix majoritaire da <strong>la</strong> grande distribution : Ethiquab<strong>le</strong> (18,5millions d’euros en 2008) et AlterEco (19,2 millions d’euros en 2008). El<strong>le</strong>s s’appuient sur <strong>le</strong>s filières certifiéesFairtrade <strong>pour</strong> <strong>le</strong>ur développement même si Ethiquab<strong>le</strong> vien de s’engager dans <strong>le</strong> référentiel ESR <strong>pour</strong> <strong>le</strong><strong>la</strong>ncement de nouveaux produits. Les « historiques » (Solidar’Monde, Andines, Artisanat Sel) ont fait <strong>le</strong> choixd’une distribution dans <strong>le</strong>s circuits alternatifs (magasins de CE, magasins Bio…) et voient <strong>le</strong>ur CA stagner voirerégresser depuis 3 ans. Il est important de rappe<strong>le</strong>r qu’à aujourd’hui, c’est cette distribution alternative(notamment Artisans du Monde et plus récemment <strong>le</strong> réseau de franchises AlterMundi) qui permet auxproducteurs d’artisanat et de texti<strong>le</strong> de trouver des débouchés. Ces opérateurs défendent un développement du<strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> sur une logique de filière intégrée qui « Constitue <strong>le</strong> mode d’organisation historique ducommerce équitab<strong>le</strong>, dans <strong>le</strong>quel tous <strong>le</strong>s acteurs et <strong>le</strong>urs intermédiaires sont engagés dans <strong>le</strong> commerceéquitab<strong>le</strong> (<strong>le</strong> producteur, l’importateur, <strong>le</strong> point de vente) (source PFCE).L’étude sur <strong>le</strong>s flux économiques du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> en 2007 publiée par <strong>la</strong> PFCE et <strong>le</strong> Ministère des AffairesEtrangères fait apparaître que <strong>le</strong> secteur est <strong>la</strong>rgement composé de TPE. Un autre phénomène majeur de cesdernières années est l’apparition d’entrepreneurs sociaux notamment dans <strong>la</strong> mode (Ideo, Tudo Bom, Veja…). I<strong>le</strong>st diffici<strong>le</strong> de répertorier l’ensemb<strong>le</strong> des entreprises spécialisées dans <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> (650 avaient étéidentifiées alors dans l’étude) de par <strong>la</strong> diversité ou <strong>la</strong> confusion dans <strong>la</strong> démarche (éthique, équitab<strong>le</strong>, solidaire),de par <strong>le</strong>ur faib<strong>le</strong> espérance de vie (même s’il n’existe pas d’étude permettant de comparer avec <strong>le</strong>s entreprisesconventionnel<strong>le</strong>s) mais aussi de par <strong>le</strong>ur iso<strong>le</strong>ment économique et politique (pas de rattachement à un col<strong>le</strong>ctif,pas de <strong>la</strong>bellisation). Cependant, certaines, plus dynamiques et plus structurées, jouent un rô<strong>le</strong> essentiel dans <strong>le</strong>développement de nouvel<strong>le</strong>s filières et de produits originaux.La plupart de ces structures ont choisi l’option du Business to Consumers (B to C) soit en vente directe (internet,catalogue, marché) soit en vente dans <strong>le</strong>s circuits de distrbution conventionnels (Tudo Bom sur <strong>le</strong> catalogue LaRedoute, Veja au printemps de l’homme, chez Franck et Fils ou au bon marché).43


Etude PFCE « Identifier et <strong>le</strong>ver <strong>le</strong>s freins au développement du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s politiques d’achat des entreprises » Février 2010Focus : Ethiquab<strong>le</strong>, réussite d’une SCOP et stratégie en B to BEthiquab<strong>le</strong> est une entreprise coopérative approuvée entreprise solidaire par l’Etat. Ethiquab<strong>le</strong> a <strong>pour</strong>vocation de structurer des filières d’approvisionnement et de développer des partenariats stab<strong>le</strong>s avec <strong>le</strong>sorganisations de producteurs du Sud.Importateur et distributeur d’une gamme de plus de 150 produits <strong>la</strong>bellisée par Max Have<strong>la</strong>ar, <strong>le</strong> chiffred’affaires de l’entreprise créée en 2003 a atteint 18 millions d’euros en 2008. Depuis 2009, Ethiquab<strong>le</strong> aentrepris de faire <strong>la</strong>belliser une partie de ses nouveaux produits sous <strong>le</strong> référentiel ESR. En 5 ans,l’entreprise est devenue <strong>le</strong> <strong>le</strong>ader du marché français avec Alter Eco.Une communication web innovanteEn février 2009, Ethiquab<strong>le</strong> a <strong>la</strong>ncé <strong>le</strong> premier espace culinaire équitab<strong>le</strong> sur <strong>la</strong> toi<strong>le</strong> : Cuisinez Equitab<strong>le</strong>.Sa particu<strong>la</strong>rité : être tota<strong>le</strong>ment contributif. Le site comptabilise désormais de nombreuses recettesorigina<strong>le</strong>s & équitab<strong>le</strong>s grâce à l’engouement des bloggeuses ! Par ail<strong>le</strong>urs, en avril 2009, Ethiquab<strong>le</strong> a<strong>la</strong>ncé <strong>la</strong> première web.TV dédiée au commerce équitab<strong>le</strong> : Ethiquab<strong>le</strong>.TV ! Cette nouvel<strong>le</strong> p<strong>la</strong>te-formedédiée au commerce équitab<strong>le</strong> et à ceux qui <strong>le</strong> pratiquent, propose différents types de contenus :Emissions, films, reportages, témoignages, vidéos d’actualité. Entièrement contributive, Ethiquab<strong>le</strong>.TVs’ouvre à des contenus extérieurs : sa rubrique « Proposez » permet à quiconque <strong>le</strong> souhaite, d’enrichir <strong>la</strong>base de données vidéo en soumettant des supports pertinents. Cette WebTV est aussi un espace ouvert aupartage, el<strong>le</strong> offre <strong>la</strong> possibilité de s’exprimer, débattre et poser des questions par <strong>le</strong> biais de son forum.Vers <strong>la</strong> Consommation Hors Domici<strong>le</strong>Les produits de <strong>la</strong> coopérative sont distribués à plus de 90% en GMS mais l’entreprise a développé unevéritab<strong>le</strong> stratégie dans <strong>la</strong> Consommation Hors Domici<strong>le</strong> depuis 2008. Une équipe de 2 commerciaux gèredésormais <strong>le</strong> segment qui a atteint 700 000 € <strong>la</strong> première année. Ethiquab<strong>le</strong> a développé des produits <strong>pour</strong><strong>la</strong> restauration hors domici<strong>le</strong> (café 1 kilo, riz, quinoa et fonio en 5 kilos…), des coffrets cadeaux <strong>pour</strong> <strong>le</strong>scol<strong>le</strong>ctivités et <strong>le</strong>s comités d’entreprise et désormais des produits adaptés à <strong>la</strong> distribution automatique(café, snacks). L’entreprise propose des outils pédagogiques <strong>pour</strong> <strong>le</strong>s enfants et de sensibilisation <strong>pour</strong> <strong>le</strong>sadultes afin d’enrichir <strong>le</strong>s différents événements où ses produits sont présents.L’entreprise se heurte dans son développement à <strong>la</strong> multitude de demandes isolées et souvent malpréparées de clients souhaitant mener des actions ponctuel<strong>le</strong>s. Dans <strong>le</strong> restauration hors domici<strong>le</strong>, de par<strong>le</strong> manque de maturité du marché, <strong>le</strong>s intermédiaires s’accumu<strong>le</strong>nt (agent commercial ou grossistes,distribution, société de restauration…) avec des marges peu contrôlées. D’autre part, il existe encore uneconfusion au niveau des acheteurs entre développement durab<strong>le</strong>, biologique, équitab<strong>le</strong>… Enfin, <strong>la</strong>demande croissante <strong>pour</strong> <strong>le</strong>s produits biologiques incite Ethiquab<strong>le</strong> à faire certifier biologique unmaximum de ses produits malgré l’attachement des fondateurs aux va<strong>le</strong>urs et à l’identité du <strong>Commerce</strong>Equitab<strong>le</strong>.Ethiquab<strong>le</strong> adapte donc sa stratégie, ses produits, sa communication et son organisation à ces contraintesafin d’atteindre l’objectif de 900 000 € en 2009. Les principaux clients d’Ethiquab<strong>le</strong> sur <strong>le</strong> marché de <strong>la</strong>Consommation Hors Domici<strong>le</strong> sont <strong>le</strong> groupe Avenance (Elior), <strong>la</strong> SOGERES, France Télécom, <strong>le</strong> groupeA<strong>la</strong>in Ducasse et <strong>le</strong>s VPCistes B to B (JPG, JM Bruneau et Office dépôt)44


Etude PFCE « Identifier et <strong>le</strong>ver <strong>le</strong>s freins au développement du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s politiques d’achat des entreprises » Février 20102) Des opportunités commercia<strong>le</strong>s dans <strong>le</strong> business to businessIl existe encore peu de structures spécialisées dans <strong>le</strong> Business to Business (Consommation Hors Domici<strong>le</strong>,vêtement promotionnel ou fabrication <strong>pour</strong> <strong>le</strong> compte d’autres entreprises) à l’échel<strong>le</strong> nationa<strong>le</strong>. Pourdévelopper ce segment de marché, des entreprises spécialisées se sont positionnées sur des marchés de niche(Signaléthique ou Sageco) ou d’autres ont créé des départements commerciaux et des produits spécifiques dansune logique de diversification de <strong>le</strong>urs marchés (Ethiquab<strong>le</strong>, Solidar’Monde, ou Tudo Bom avec Ethishirt). Nousproposons ici de manière succincte de re<strong>le</strong>ver des opportunités naissantes de re<strong>la</strong>tions commercia<strong>le</strong>s qui<strong>pour</strong>raient s’établir de manière plus conséquente entre <strong>le</strong>s entreprises du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> et <strong>le</strong>s entreprisesconventionnel<strong>le</strong>s.- Co-branding et sous-traitanceDans <strong>le</strong> secteur de <strong>la</strong> mode, on peut re<strong>le</strong>ver des initiatives de co-branding (Misericordia <strong>pour</strong> Monoprix, Veja<strong>pour</strong> Agnès b ou <strong>le</strong> comptoir des cotonniers. Ce marché en quelque sorte de sous-traitance permet à uneentreprise conventionnel<strong>le</strong> de s’appuyer sur l’expertise des entreprises spécialisées. Cependant, il est évident que<strong>pour</strong> développer ce segment de marché, une entreprise spécialisée doit avoir un savoir-faire et une marquereconnus. Dans <strong>le</strong> secteur de l’agro-alimentaire, ce sont <strong>le</strong>s opérateurs maîtrisant l’outil industriel detransformation qui sont plus en mesure de répondre aux demandes de <strong>la</strong> grande distribution <strong>pour</strong> <strong>le</strong>s marquesdistributeurs (MDD) : Kaoka-Cémoi , Lobodis ou Ethiquab<strong>le</strong> depuis sa prise de participation dans <strong>le</strong> capital duchoco<strong>la</strong>tier K<strong>la</strong>us. Les entreprises n’ayant pas <strong>la</strong> maîtrise de cet outil ont peu de perspective de s’intégrer dans <strong>la</strong>durée sur ce marché de <strong>la</strong> sous-traitance de par <strong>le</strong>ur statut d’intermédiaire.- Objets promotionnels, cadeaux d’affairesIl existe sur <strong>le</strong> p<strong>la</strong>n national deux entreprises ayant développé une stratégie sur ces segments. Signaléthiqueet Sageco (avec sa marque 100% équitab<strong>le</strong>) sont des TPE ayant choisi de se développer sur ces marchés fortementconcurrentiels sur des niches jugées porteuses (objet promotionnel <strong>pour</strong> Signaléthique et coffrets alimentaires<strong>pour</strong> Sageco). Ces marchés caractérisés par <strong>la</strong> ponctualité des contrats commerciaux incitent ces entreprises àdévelopper en permanence des produits adaptés à <strong>le</strong>ur marché, de multiplier <strong>le</strong>s dép<strong>la</strong>cements auprès desproducteurs. Afin de stabiliser ses marchés, Signaléthique s’oriente aujourd’hui vers des contrats plus réguliers(Lyreco, Botanic, King Jouets). Ces entreprises spécialisées, comme dans <strong>le</strong> secteur de l’agro-alimentaire voientpoindre <strong>le</strong> risque d’une concurrence par des entreprises conventionnel<strong>le</strong>s déjà <strong>la</strong>rgement présentes sur <strong>le</strong> marchéet pouvant proposer margina<strong>le</strong>ment des gammes de produits équitab<strong>le</strong>s à <strong>la</strong> demande des clients. L’objectifpartagé par Signaléthique et Sageco est de réussir à créer des marques reconnues et incontournab<strong>le</strong>s, garantesde l’équité, de <strong>la</strong> transparence et de <strong>la</strong> qualité.- RHD/ Restauration hors-domici<strong>le</strong> (restauration col<strong>le</strong>ctive, consommation interne, distributionautomatique)La caractéristique principa<strong>le</strong> de <strong>la</strong> RHD est <strong>le</strong> souci permanent d’une logistique performante et d’une constancedans <strong>la</strong> qualité. Cette question sera abordée dans <strong>le</strong> chapitre 2 dans <strong>le</strong>s achats indirects. On peut toutefois noterqu’il existe peu d’entreprises en Europe spécialisées sur <strong>le</strong> marché de <strong>la</strong> Restauration Hors Domici<strong>le</strong> de par <strong>le</strong>svolumes nécessaires <strong>pour</strong> rentabiliser des infrastructures logistiques (flotte de véhicu<strong>le</strong>s notamment) outechniques (distributeurs automatiques, Service après vente) gourmandes en investissement. Pour ce marché, <strong>le</strong>sentreprises spécialisées jouent <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> d’importateur et référencent <strong>le</strong>urs produits auprès de centra<strong>le</strong>s dedistribution (Pomona, JM Bruneau, Se<strong>le</strong>cta…). Ainsi, <strong>la</strong> SCOP Ethiquab<strong>le</strong> s’appuie sur 2 commerciauxspécifiquement dédiés à ce marché <strong>pour</strong> référencer ses produits auprès d’entreprises en B to B.45


Etude PFCE « Identifier et <strong>le</strong>ver <strong>le</strong>s freins au développement du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s politiques d’achat des entreprises » Février 2010L’objet de l’étude est <strong>le</strong> développement du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s politiques d’achat des entreprisesconventionnel<strong>le</strong>s. Mais on constate que dans cette perspective, <strong>le</strong>s entreprises spécialisées peuvent jouer un rô<strong>le</strong>d’intermédiaire « uti<strong>le</strong> » notamment auprès d’entreprises conventionnel<strong>le</strong>s souhaitant :- S’appuyer sur <strong>le</strong>ur spécialisation sur des produits ou des services spécifiques (exemp<strong>le</strong>s de Signaléthiqueet de Sageco) (au moins dans un premier temps, avec <strong>le</strong> risque d’être « court-circuité » dans un secondtemps)- Bénéficier de <strong>le</strong>ur savoir-faire sur des filières ou des régions qu’el<strong>le</strong>s ne maîtrisent pas (Tudo Bom auBrésil, <strong>la</strong> Compagnie du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> au Honduras ou au Cameroun)- Ne pas exposer <strong>le</strong>ur marque en utilisant comme « parapluie »<strong>la</strong> marque des entreprises spécialisées <strong>pour</strong>garantir <strong>le</strong> caractère équitab<strong>le</strong> de <strong>la</strong> démarche (exemp<strong>le</strong>s du co-branding avec Veja ou Artic<strong>le</strong> 23, marquede vêtement de <strong>la</strong> Compagnie du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>)Focus : Sageco et l’adaptation au marché des colis et coffrets alimentairesSageco est une entreprise créée en 2004 par Vincent Lanos. Sageco emploie aujourd’hui au total 5 tempsp<strong>le</strong>in. La marque « 100% équitab<strong>le</strong> » est portée par des produits alimentaires <strong>la</strong>bellisés FairTrade. Lespremières importations directes datent de 2006 après avoir fait col<strong>la</strong>boré avec d’autres importateursspécialisés du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>. La spécialité de Sageco est <strong>la</strong> confection de coffrets (quasi-totalité duchiffre d’affaires) destinée en priorité aux Comités d’Entreprise (70% du CA). Ces coffrets sontconfectionnés dans 4 ESAT (Etablissement et Service d’Aide par <strong>le</strong> Travail)Afin d’être <strong>le</strong> plus concurrentiel sur <strong>le</strong> marché des Comités d’Entreprise, Sageco vient de développer en2009 4 produits correspondant à <strong>la</strong> demande c<strong>la</strong>ssique des clients (terrines, foie gras) mais avec uneidentité forte commerce équitab<strong>le</strong> et bio sous une nouvel<strong>le</strong> marque « Terroir d’ici et d’ail<strong>le</strong>urs » :mousseline de saumon au quinoa, colombo de pou<strong>le</strong>t à l’ananas, délice de canard à <strong>la</strong> mangue, terrine decanard à l’orange. Sageco propose désormais une gamme de 21 produits sous ses marques « 100%équitab<strong>le</strong> » et « Terroirs d’ici et d’ail<strong>le</strong>urs ».L’objectif de Sageco est d’avoir une offre de produits plus <strong>la</strong>rge que <strong>la</strong> pa<strong>le</strong>tte habituel<strong>le</strong> des produits du<strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> afin de concurrencer de front <strong>le</strong>s coliseurs. Dans cette optique, Sageco importe aussides vins du monde <strong>la</strong>bellisés Flo et a choisi d’importer en direct une gamme de produits artisanaux issusde membres du WFTO. La stratégie de Sageco est de proposer une offre complète avec ses propresproduits, à sa marque. Sageco choisit de travail<strong>le</strong>r en direct avec ses clients, sans s’adosser à desprofessionnels du coffret ou des colis (Duc de Gascogne, Va<strong>le</strong>tte, Champion, etc.) Les développementsproduits sont essentiels. Pour cette raison, Sageco a investi en embauchant une personne chargée dumarketing et du développement des produits (1 an de travail <strong>pour</strong> <strong>le</strong>s 4 produits « Terroirs d’ici etd’ail<strong>le</strong>urs »). De par son positionnement sur <strong>le</strong> marché des colis, <strong>le</strong>s contrats commerciaux décrochés par<strong>la</strong> société sont souvent ponctuels et concentrés sur <strong>la</strong> fin d’année. L’entreprise compte parmi ses clients :Danone, Total, <strong>la</strong> Société Généra<strong>le</strong>, Ikea, Alsthom, AGF…Plus d’information : www.100<strong>pour</strong>100equitab<strong>le</strong>.com46


Etude PFCE « Identifier et <strong>le</strong>ver <strong>le</strong>s freins au développement du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s politiques d’achat des entreprises » Février 2010Focus : Signaléthique, objet promotionnel et cadeau d’affaires responsab<strong>le</strong>sSignaléthique est née en 2005 à l’initiative de Nico<strong>la</strong>s Sail<strong>la</strong>rd. El<strong>le</strong> développe, importe et promeut desobjets « socia<strong>le</strong>ment responsab<strong>le</strong>s ». L’entreprise s’adresse à des professionnels, des Comitésd’Entreprise mais éga<strong>le</strong>ment à des directions de <strong>la</strong> communication, marketing ou développementdurab<strong>le</strong>. Signaléthique compte aujourd’hui 5 sa<strong>la</strong>riés.L’objectif de l’entreprise est de créer une marque reconnue <strong>pour</strong> <strong>la</strong> qualité de ses produits, de sesservices ainsi que <strong>pour</strong> <strong>la</strong> crédibilité et <strong>la</strong> transparence de sa démarche. Signaléthique a remportéplusieurs prix lors de concours destinés aux initiatives d’entreprises <strong>pour</strong> <strong>le</strong> développement durab<strong>le</strong> :Ekilibre, Medicis et plus récemment <strong>le</strong> prix Entreprises et Environnement décerné par <strong>le</strong> MEEDDAT(Minsitère de l’Ecologie, de l’Energie, du Développement Durab<strong>le</strong> et de <strong>la</strong> Mer) et l’ADEME (Agencede l’Environnement et de Maîtrise de l’Energie).L’objet socia<strong>le</strong>ment responsab<strong>le</strong> est un outil concret proposé aux professionnels <strong>pour</strong> <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ceet <strong>la</strong> promotion de <strong>le</strong>ur démarche de développement durab<strong>le</strong>. Ce marché très spécifique et trèsconcurrentiel est marqué par des opportunités commercia<strong>le</strong>s qui sont diffici<strong>le</strong>s à renouve<strong>le</strong>r.Signaléthique compte parmi ses clients Suez, Aviva, La Poste, <strong>la</strong> Société Généra<strong>le</strong>, LCL notamment.Afin de développer des contrats commerciaux plus réguliers, Signaléthique a mis en œuvre <strong>pour</strong> <strong>le</strong>sproduits artisanaux un système de traçabilité et de transparence (projets sociaux, affectation desrevenus) qui sont à <strong>la</strong> fois des vecteurs de garantie et de communication <strong>pour</strong> <strong>le</strong>s clients. Ces outilssont aujourd’hui proposés à King Jouets, Lyreco et Botanic qui col<strong>la</strong>borent toute l’année avecSignaléthique. L’entreprise appuie sa crédibilité éga<strong>le</strong>ment sur son engagement au sein de <strong>la</strong> PFCE etdu WFTO. Avant d’entamer une re<strong>la</strong>tion avec un partenaire au Sud, Signaléthique s’appuie sur unquestionnaire de 400 questions portant sur <strong>le</strong> management, <strong>la</strong> santé économique, l’environnement,l’engagement social…Les enjeux fondamentaux <strong>pour</strong> l’entreprise sont <strong>la</strong> qualité, <strong>le</strong> développement desproduits, <strong>la</strong> maîtrise et <strong>la</strong> transparence de <strong>la</strong> supply chain.Plus d’information : www.signa<strong>le</strong>thique.fr47


Etude PFCE « Identifier et <strong>le</strong>ver <strong>le</strong>s freins au développement du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s politiques d’achat des entreprises » Février 20103) Atouts et limites des entreprises spécialiséesOn voit donc <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> pivot que peuvent jouer <strong>le</strong>s entreprises spécialisées du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>développement du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s entreprises. El<strong>le</strong>s ont par ail<strong>le</strong>urs une importance vita<strong>le</strong> de par <strong>le</strong>modè<strong>le</strong> économique qu’el<strong>le</strong>s proposent :- El<strong>le</strong>s entretiennent <strong>le</strong> plus souvent des re<strong>la</strong>tions directes avec <strong>le</strong>s Organisations de Produxteurs etrespectent l’ensemb<strong>le</strong> des engagements du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> (prix minimum, travail dans <strong>la</strong> durée,accompagnement technique)- El<strong>le</strong>s créent a priori des rapports de confiance avec <strong>le</strong>urs clients (transparence de l’information,organisation de séance d’information et de sensibilisation, visites régulières aux producteurs)- Ancrée de plus en plus dans l’ESS mais toujours avec des liens dans <strong>la</strong> Solidarité Internationa<strong>le</strong>, el<strong>le</strong>sassurent, en lien avec <strong>le</strong>s ONG, un rô<strong>le</strong> politique (<strong>pour</strong> changer <strong>le</strong>s règ<strong>le</strong>s du <strong>Commerce</strong> International) etd’éducation (en sensibilisant <strong>le</strong>s citoyens et <strong>le</strong>s consommateurs) que <strong>le</strong>s entreprises conventionnel<strong>le</strong>s nepeuvent pas jouer.Cependant, ces entreprises spécialisées ont des handicaps structurels liés essentiel<strong>le</strong>ment à un manque d’accèsau capital.- El<strong>le</strong>s n’ont pas atteint une tail<strong>le</strong> critique <strong>pour</strong> développer <strong>le</strong>ur propre outil logistique de distribution ce quifreine <strong>la</strong> croissance sur des secteurs clés : Restauration Hors Domici<strong>le</strong>, consommation interne,distribution automatique où <strong>la</strong> qualité et dé<strong>la</strong>is de livraison sont des clés de <strong>la</strong> réussite commercia<strong>le</strong>. Pourse développer, el<strong>le</strong>s s’adossent donc à des entreprises conventionnel<strong>le</strong>s existantes.- El<strong>le</strong>s sont handicapées dans <strong>le</strong>ur réactivité <strong>pour</strong> <strong>le</strong> développement de produits par <strong>le</strong> fait de ne pasposséder un outil industriel de transformation (torréfaction, façonnage du cacao…). Les entreprises ontencore peu mis en œuvre des alliances stratégiques à ce niveau (à l’exception de Malongo <strong>pour</strong> <strong>la</strong>torréfaction, d’Ethiquab<strong>le</strong> avec <strong>le</strong> choco<strong>la</strong>tier K<strong>la</strong>us ou Kaoka dont <strong>la</strong> majorité du capital est détenue par<strong>le</strong> groupe CEMOI).- El<strong>le</strong>s sont faib<strong>le</strong>ment capitalisées et accèdent diffici<strong>le</strong>ment de financements (comme <strong>la</strong> majorité des TPEPME) <strong>pour</strong> accélérer <strong>le</strong>ur croissance sur de nouveaux marchés. En effet, <strong>la</strong> faib<strong>le</strong>sse des capitaux est unobstac<strong>le</strong> <strong>pour</strong> l’obtention d’emprunts de par <strong>le</strong> ratio capital/endettement qui en décou<strong>le</strong>rait. Le risquefinancier mesuré selon <strong>le</strong>s ratios c<strong>la</strong>ssiques de <strong>la</strong> finance d’entreprise est é<strong>le</strong>vé en considérant <strong>la</strong> fragiliétdes réseaux de distribution, des niveaux de marge plus faib<strong>le</strong>s que <strong>le</strong>s entreprises conventionnel<strong>le</strong>s dumême secteur, <strong>la</strong> nécessité de préfinancement des commandes <strong>le</strong> niveau de stocks souvent é<strong>le</strong>vé <strong>pour</strong>des produits au cyc<strong>le</strong> de vie limité.- Une stratégie orientée vers <strong>le</strong>s produits de grande consommation avec des formats adaptés àl’écou<strong>le</strong>ment dans <strong>le</strong>s circuits conventionnels. Depuis peu, <strong>le</strong>s principa<strong>le</strong>s centra<strong>le</strong>s ont adapté <strong>le</strong>ursconditionnements et développé des produits adaptés aux marchés de <strong>la</strong> Consommation Hors Domici<strong>le</strong>notamment.- Des marques encore peu connues du grand public. Les études de notoriété montrent une faib<strong>le</strong>reconnaissance des marques spécialisées en dehors du public militant ou convaincu.Des entreprises qui se connaissent mais qui, faute de ressources, peinent à col<strong>la</strong>borer tant au niveau dudéveloppement de produits, de <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion fournisseurs que de <strong>la</strong> commercialisation.4) Les <strong>le</strong>viers48


Etude PFCE « Identifier et <strong>le</strong>ver <strong>le</strong>s freins au développement du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s politiques d’achat des entreprises » Février 2010L’étude ne vise pas à recenser l’ensemb<strong>le</strong> des <strong>le</strong>viers ou mesures qui permettraient <strong>le</strong> développement desentreprises spécialisées du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>. Une étude spécifique à cet aspect <strong>pour</strong>rait être engagée. Nousnous cantonnons ici à des premières pistes de réf<strong>le</strong>xion sur l’accompagnement de ces entreprises et <strong>la</strong>problématique de l’accès au financement.L’impulsion de politiques publiques en faveur de l’innovation socia<strong>le</strong> est <strong>pour</strong> l’instant essentiel<strong>le</strong>mentcantonnée à des expérimentations régiona<strong>le</strong>s (ex : L’Atelier en I<strong>le</strong> de France). Le <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>, en tantqu’initiative entrepreneuria<strong>le</strong>, fondée sur <strong>la</strong> solidarité et un autre modè<strong>le</strong> d’échange, s’intègre parfaitement à cesecteur. Des outils ou des appuis spécifiques faciliteraient l’organisation en réseau des acteurs et <strong>le</strong>urdéveloppement. Il <strong>pour</strong>rait être envisagé <strong>la</strong> création d’une structure nationa<strong>le</strong> en capacité de fournir uneexpertise technique et opérationnel<strong>le</strong> aux entreprises spécialisées voire à toute entreprise désireuse de s’engagervolontairement dans <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> : design, développement de produits, recherche de financement deprojets, accompagnement juridique… La promotion d’un pilier commercial au sein de <strong>la</strong> P<strong>la</strong>te <strong>Forme</strong> <strong>pour</strong> <strong>le</strong><strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> rentre dans cette orientation et permet de développer progressivement des outilscol<strong>la</strong>boratifs (site vitrine, partage de stands sur des salons professionnels, accès facilité à l’ADEME <strong>pour</strong> <strong>le</strong>s bi<strong>la</strong>nscarbone).Sur <strong>la</strong> base d’une politique publique favorab<strong>le</strong> à l’innovation socia<strong>le</strong> ou sur cel<strong>le</strong> de <strong>la</strong> reconnaissancepublique des systèmes de garantie par <strong>la</strong> Commission Nationa<strong>le</strong> du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>, des outils financiers etfiscaux <strong>pour</strong>raient être proposées à ces entreprises spécialisées <strong>pour</strong> faciliter <strong>le</strong> développement de produits, aiderà l’investissement dans des immobilisations (outil logistique, de transformation) ou faciliter <strong>le</strong> préfinancementdes commandes qui accentue <strong>le</strong> Besoins en Fonds de Rou<strong>le</strong>ment d’entreprises peu capitalisées. En effet, <strong>le</strong>secteur financier alternatif est insuffisamment développé en France. Il n’existe pas encore de banque éthique enattendant que soit créée une banque coopérative éthique européenne en 2010 avec <strong>la</strong> fusion entre <strong>la</strong> NEF(réseaux de finances solidaires français), Banca Etica en Italie et Fiare en Espagne. Cette institution permettra <strong>le</strong>développement du secteur de l’ESS (Economie Socia<strong>le</strong> et Solidaire) auquel se rattache <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>.Cette nouvel<strong>le</strong> banque permettra de financer des projets de développement de filières ou d’appuyer <strong>la</strong> créationou <strong>la</strong> consolidation d’entreprises spécialisées.Focus : Le Crédit coopératif, <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> au cœur de l’activité d’une banqueLe Crédit Coopératif est <strong>le</strong> banquier partenaire de nombreux acteurs du commerce équitab<strong>le</strong>, dont i<strong>la</strong>ccompagne <strong>le</strong> développement, quel<strong>le</strong> que soit <strong>le</strong>ur tail<strong>le</strong>. Par exemp<strong>le</strong>,- Avec <strong>la</strong> Fédération Artisans du Monde, pionnier du commerce équitab<strong>le</strong> en France, il a <strong>la</strong>ncéen 2004 <strong>le</strong> Livret Agir (un livret de partage spécifique), qui permet à cette fédérationd’augmenter ses ressources ;- Avec Alter Eco, un des autres acteurs français majeurs dans l’importation et <strong>la</strong> distribution deproduits et services du commerce équitab<strong>le</strong>, il a conduit <strong>le</strong> 20 juil<strong>le</strong>t 2006 une émissionobligataire de 2,5 millions d’euros, lui permettant d’accroître ses capacités d’intervention.- Avec <strong>la</strong> PFCE, dont il soutient financièrement certains projets dont <strong>le</strong> <strong>la</strong>ncement du site vitrinepermettant de valoriser l’offre produits des membres de <strong>la</strong> p<strong>la</strong>te-forme(www.vitrine.commercequitab<strong>le</strong>.org)Le Crédit Coopératif soutient de multip<strong>le</strong>s initiatives :- Le Forum National du <strong>Commerce</strong> équitab<strong>le</strong>- L’Ethical Fashion Show ;- Le prix Ekilibre, depuis sa création en 2005 par <strong>la</strong> Délégation interministériel<strong>le</strong> à l’innovationsocia<strong>le</strong> e à l’économie socia<strong>le</strong>.49


Etude PFCE « Identifier et <strong>le</strong>ver <strong>le</strong>s freins au développement du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s politiques d’achat des entreprises » Février 2010B) La grande distributionAprès avoir apporté une réponse sur l’accessibilité des produits en référençant des marques spécialisées dans <strong>le</strong><strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>, <strong>la</strong> grande distribution apporte sa réponse à <strong>la</strong> question du prix du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>.Dans un premier temps, <strong>le</strong> développement des MDD (marques distributeurs) semb<strong>le</strong> freiner <strong>la</strong> croissance desmarques spécialisées.Dans ce chapitre, nous essayons de distinguer <strong>la</strong> question de <strong>la</strong> grande distribution en tant que réseau dedistribution et en tant que marques distributeurs, développées par des industriels.1) Etat des lieuxLe café (54%), <strong>le</strong> choco<strong>la</strong>t (13,5%), <strong>le</strong> thé (8,5%) et <strong>la</strong> banane (nc) représente 80% des produits du <strong>Commerce</strong>Equitab<strong>le</strong> vendus en GMS (Source IRI Infoscan, chiffres 2008). Il existe donc un potentiel <strong>pour</strong> trouver un panel deproduits déjà existants dans <strong>le</strong>s rayons des super- et hypermarchés. L’introduction récente de vêtements encoton issu du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> ainsi que d’artisanat (Monoprix et Lec<strong>le</strong>rc) n’a pas rencontré <strong>pour</strong> <strong>le</strong> momentun succès probant.60% des ventes en GMS sont réalisés par des entreprises spécialisées (Malongo, Ethiquab<strong>le</strong>, AlterEco, Lobodis)alors que <strong>le</strong>s MDD s’octroient désormais 25% de parts de marché, avec une forte accélération du mouvementdepuis 2007. On remarquera aussi une présence renforcée d’entreprises du secteur bio (Jardin Bio, Bjorg) etd’industriels/transformateurs (torréfacteurs : Meo, Legal; choco<strong>la</strong>tiers : Cemoi, K<strong>la</strong>us)La grande distribution s’est intéressée depuis <strong>la</strong> fin des années 90 au <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>. Cet intérêt repose surune stratégie à 3 niveaux :- Stratégie concurrentiel<strong>le</strong> : drainer de nouveaux consommateurs, différenciation entre enseignes- Demande des consommateurs <strong>pour</strong> plus de produits « responsab<strong>le</strong>s »- Opportunité de communication sur <strong>le</strong>s engagements RSE2) Impact de <strong>la</strong> GMSTout d’abord, <strong>le</strong>s enseignes de <strong>la</strong> grande distribution ont un impact en tant que réseau de distribution- El<strong>le</strong>s offrent des débouchés importants aux groupements de producteurs (65% des ventes du <strong>Commerce</strong>Equitab<strong>le</strong> se font en GMS)- El<strong>le</strong>s entraînent <strong>le</strong>s entreprises conventionnel<strong>le</strong>s dans <strong>le</strong> développement de produits « responsab<strong>le</strong>s »dont <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> est un élément- El<strong>le</strong>s ont un effet d’entraînement <strong>pour</strong> d’autres circuits de distribution dans <strong>la</strong> démarche (harddiscounters notamment)- La concurrence entre enseignes incite ces dernières à proposer plus de produits du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong><strong>pour</strong> se différencier- El<strong>le</strong>s peuvent déployer des campagnes de communication sur <strong>le</strong>s produits issus du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>sans commune mesure avec <strong>le</strong>s entreprises spécialisées.50


Etude PFCE « Identifier et <strong>le</strong>ver <strong>le</strong>s freins au développement du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s politiques d’achat des entreprises » Février 2010En tant que marques propres (MDD), <strong>le</strong>urs Parts de Marché, avec 25% sur <strong>le</strong>s gammes existantes, ont atteintquasiment <strong>le</strong> niveau des autres segments dans <strong>la</strong> GMS (30%en moyenne) si on considère <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>comme un segment de marché.- El<strong>le</strong>s exercent un rô<strong>le</strong> complémentaire des marques spécialisées en offrant des débouchéssupplémentaires, en proposant des produits de qualité, généra<strong>le</strong>ment plus standardisés, à des prix plusbas à un public de consommateurs é<strong>la</strong>rgi.- Entraîne une baisse des prix en mettant en concurrence <strong>le</strong>s marques spécialisées, <strong>le</strong>s entreprisesconventionnel<strong>le</strong>s et <strong>le</strong>s MDD- Incite à l’innovation et à <strong>la</strong> performance, en termes de marketing et de création de produits, <strong>le</strong>s marquesspécialiséesIl est encore trop tôt <strong>pour</strong> répondre si l’introduction des MDD a déporté une partie des consommateurs desmarques spécialisées ou si el<strong>le</strong>s ont permis d’atteindre un nouveau public.3) Les limites de l’engagement de <strong>la</strong> Grande DistributionEn ce qui concerne <strong>le</strong>s MDD, <strong>le</strong> principal reproche adressé par <strong>le</strong>s consommateurs et par <strong>le</strong>s acteurshistoriques du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> est <strong>le</strong> manque d’information et de traçabilité : <strong>le</strong>s MDD ne font pas référenceaux groupements de producteurs puisque <strong>le</strong>s produits peuvent venir de groupements différents en fonction desdisponibilités et des propositions des sous-traitants. Ce<strong>la</strong> distend <strong>le</strong> lien que <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> vise àinstaurer entre <strong>le</strong> producteur et <strong>le</strong> consommateur. Les entreprises spécialisées et <strong>le</strong>s réseaux militants y voient <strong>la</strong>traduction concrète des méthodes de développement des MDD :- Des re<strong>la</strong>tions fournisseurs au Nord de court-terme : Il faut rappe<strong>le</strong>r que <strong>le</strong>s grandes enseignes <strong>la</strong>ncent desappels d’offre sur des cahiers des charges précis auxquels répondent des industriels, des transformateursou des entreprises spécialisées du CE. El<strong>le</strong>s mettent donc c<strong>la</strong>ssiquement <strong>le</strong>urs sous-traitants enconcurrence et peuvent donc en changer en fonction des réponses de ceux-ci.- Engagement dans <strong>la</strong> durée et appui technique : dans <strong>la</strong> majorité des cas, <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion restetraditionnel<strong>le</strong>ment de fournisseur à acheteur sans approche partenaria<strong>le</strong> ou col<strong>la</strong>borative.- Une tendance à acheter des produits du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> sans faire de <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> : <strong>le</strong>sméthodes d’achat restent <strong>le</strong>s mêmes avec un cahier des charges précis auxquels répondent <strong>le</strong>s industrielset <strong>la</strong> recherche du meil<strong>le</strong>ur rapport qualité-prix sans souci de travail<strong>le</strong>r avec des groupements deproducteur dans <strong>la</strong> durée.- Des commandes privilégiant <strong>le</strong>s producteurs <strong>le</strong>s mieux organisés et ancrés dans <strong>le</strong> marché : Lescontraintes logistiques, de dé<strong>la</strong>is, de prix tendraient à faire privilégier aux enseignes de <strong>la</strong> GMS <strong>le</strong>sorganisations de producteurs <strong>le</strong>s plus structurées et <strong>le</strong>s mieux intégrées au marché (symétrie desre<strong>la</strong>tions).Pour ce qui est de l’engagement de <strong>la</strong> GMS en tant que réseau de distribution, même s’il faut signa<strong>le</strong>r qu’enEurope plus de 60 000 super- et hypermarchés distribuent <strong>le</strong>s produits, des critiques peuvent être adresséesquant à l’insuffisance de cet engagement sur certains points :- Une information réduite sur ce qu’est <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> en <strong>le</strong> résumant parfois trop souvent àl’aspect du prix juste payé aux producteurs. Les enjeux de changement des règ<strong>le</strong>s du commerceinternational, de partenariat avec <strong>le</strong>s producteurs, de l’impact du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> sont <strong>la</strong>rgementignorés au profit d’une communication produit. Cette remarque reste à re<strong>la</strong>tiviser où cette orientation51


Etude PFCE « Identifier et <strong>le</strong>ver <strong>le</strong>s freins au développement du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s politiques d’achat des entreprises » Février 2010correspond aux objectifs premiers des enseignes de distribution. Pour trouver plus d’information, <strong>le</strong>consommateur doit s’adresser aux réseaux de distribution alternatifs ou effectuer des recherches surInternet sur des sites peu connus du grand public.- Même si <strong>le</strong> nombre de produits disponib<strong>le</strong>s dans <strong>le</strong>s rayons a <strong>la</strong>rgement augmenté, <strong>la</strong> grande distributionne couvre pas encore l’ensemb<strong>le</strong> des produits existants. On signa<strong>le</strong>ra tout de même l’arrivée récente deconfitures ou de yaourts désormais accessib<strong>le</strong>s chez certaines enseignes.- Dans <strong>le</strong> p<strong>la</strong>cement des produits en linéaires, beaucoup d’enseignes confinent <strong>le</strong>s produits du <strong>Commerce</strong>Equitab<strong>le</strong> dans un rayon « alternatif » avec des produits bio voire diététiques ce qui rend confus <strong>le</strong>positionnement des produits. La valorisation des produits du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> à travers des espacesdédiés (corners ou têtes de gondo<strong>le</strong>) reste un atout dans <strong>le</strong> cadre d’opérations spécifiques notamment <strong>la</strong>Quinzaine du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>. En revanche, <strong>pour</strong> que <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> devienne un sty<strong>le</strong> devie, sa p<strong>la</strong>ce serait aux côtés des produits conventionnels de <strong>la</strong> même famil<strong>le</strong> de produits.4) Leviers et recommandationsQuelques pistes de réf<strong>le</strong>xion peuvent être avancées <strong>pour</strong> que <strong>le</strong>s enseignes de <strong>la</strong> grande distribution contribuentplus en profondeur au développement du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>.En tant que circuits de distribution :- E<strong>la</strong>rgir <strong>la</strong> gamme de produits disponib<strong>le</strong>sA travers <strong>le</strong>s produits existants : biscuits, confitures, vins, fruits frais…A travers de nouvel<strong>le</strong>s gammes produits innovants et transformés (produits frais, vêtements…) pouvantêtre issus de filières existantes ou de nouvel<strong>le</strong>s filières (poisson, bois…)- Convertir des gammes complètes en <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>Par exemp<strong>le</strong>, <strong>le</strong> réseau Biocoop, première enseigne de distribution de produits biologiques avec près de400 magasins et 390M € de CA en 2008, propose des produits uniquement en <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> <strong>pour</strong><strong>la</strong> café, <strong>le</strong> thé et <strong>le</strong>s bananes. En Grande Bretagne, tous <strong>le</strong>s cafés et <strong>le</strong>s thés chez Marks and Spencer sontissus du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> de même que <strong>le</strong>s bananes chez SainsburyEn tant que marques distributeurs (MDD) :- Les grandes enseignes <strong>pour</strong>raient al<strong>le</strong>r plus loin dans <strong>le</strong>ur stratégie de différenciation et de valorisationdes engagements RSE en ayant une action financière et technique avec des groupements de producteurssur des projets spécifiques.- Pour ce qui est du travail avec <strong>le</strong>s plus défavorisés, ce<strong>la</strong> ne peut faire l’objet de règ<strong>le</strong>s particulières. C’estessentiel<strong>le</strong>ment l’action d’incitation exercée par Max Have<strong>la</strong>ar auprès de <strong>la</strong> GMS <strong>pour</strong> <strong>la</strong> recherche d’unéquilibre. Notons que cette problématique se retrouve dans tous <strong>le</strong>s pays du Nord et est débattue àl’échel<strong>le</strong> internationa<strong>le</strong> au sein de <strong>la</strong> Fédération Flo .Au-delà ces bonnes pratiques qui <strong>pour</strong>raient être mises en œuvre par <strong>le</strong>s enseignes de <strong>la</strong> grande distribution,quels <strong>le</strong>viers peuvent être utilisés <strong>pour</strong> <strong>le</strong>s engager dans ces démarches ?- Nous avons vu précédemment que des campagnes militantes ciblées sur des problématiques socia<strong>le</strong>s etenvironnementa<strong>le</strong>s sur des filières spécifiques peuvent avoir un impact sur l’engagement des entreprises.Des consommateurs sensibilisés et informés peuvent avoir une influence sur <strong>le</strong>s enseignes de distribution.52


Etude PFCE « Identifier et <strong>le</strong>ver <strong>le</strong>s freins au développement du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s politiques d’achat des entreprises » Février 2010Un des objectifs premiers de <strong>la</strong> grande distribution est de répondre au plus vite et au mieux au besoin desconsommateurs.- Développer des filières correspondant aux attentes des consommateurs est un enjeu fondamental <strong>pour</strong>proposer régulièrement de nouveaux produits et que ceux-ci s’instal<strong>le</strong>nt dans <strong>le</strong>s habitudes desconsommateurs.. A ce titre, <strong>le</strong>s enseignes de <strong>la</strong> grande distribution <strong>pour</strong>raient contribuer financièrementà un fonds national favorisant <strong>le</strong> développement de ces filières que ce soit <strong>pour</strong> <strong>le</strong>s produits alimentairesmais aussi artisanaux, texti<strong>le</strong> ou cosmétiques. Différentes formes sont possib<strong>le</strong>s, nous y reviendrons dansce chapitre sur <strong>le</strong> développement et <strong>la</strong> consolidation des filières.- Nous reprenons aussi, afin d’appuyer l’innovation des PME spécialisées et conventionnel<strong>le</strong>s dans <strong>la</strong>création de produits, l’idée émise dans <strong>la</strong> partie précédente consacrée aux entreprises du <strong>Commerce</strong>Equitab<strong>le</strong>. Il s’agit de favoriser l’investissement dans <strong>le</strong> développement de produits à travers une politiquefisca<strong>le</strong> ou financière favorab<strong>le</strong> aux produits du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> (TVA réduite, réduction d’impôts<strong>pour</strong> l’innovation socia<strong>le</strong>, lignes de financement spécifiques dans <strong>le</strong> cadre du Fonds de SolidaritéPrioritaire et de l’Aide Publique au développement)Nous abordons maintenant <strong>le</strong>s organisations qui font <strong>la</strong> promotion des référentiels privés de <strong>Commerce</strong>Equitab<strong>le</strong> ainsi que des organismes de certification qui garantissent <strong>le</strong> respect du cahier des charges de cesréférentiels.C) Organisations de promotion et de certification1) FLO – MAX HAVELAAR et FLO-CERTi) Présentation des structures et de <strong>la</strong> démarcheLe <strong>la</strong>bel Max Have<strong>la</strong>ar est né en 1988 aux Pays Bas afin de certifier <strong>le</strong> café vendu par <strong>le</strong> circuit équitab<strong>le</strong>. En1992, en France, trois associations françaises, Peup<strong>le</strong>s Solidaires, Ingénieurs sans Frontières et CICDA (CentreInternationa<strong>le</strong> de Coopération <strong>pour</strong> <strong>le</strong> Développement Agrico<strong>le</strong>), créent l’association Max Have<strong>la</strong>ar France avec <strong>la</strong>mission de promouvoir <strong>le</strong> commerce équitab<strong>le</strong> et notamment <strong>le</strong> <strong>la</strong>bel Max Have<strong>la</strong>ar devenu depuis <strong>le</strong> <strong>la</strong>belFairTrade en Europe dans un souci d’homogénéisation et d’internationalisation de l’identité. L’association gère <strong>le</strong><strong>la</strong>bel FairTrade qui certifie <strong>le</strong> respect des standards internationaux de commerce équitab<strong>le</strong>. Ces standards sontdéfinis par FLO dont Max Have<strong>la</strong>ar est <strong>le</strong> représentant en France et contrôlés par FLO Cert. L’association assure<strong>le</strong>s débouchés commerciaux en gérant <strong>le</strong>s partenariats commerciaux ainsi que <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion aux détenteurs delicence qu’ils soient des entreprises conventionnel<strong>le</strong>s ou spécialisées. Le <strong>la</strong>bel FairTrade est apposé sur plus de900 produits. Il est présent dans 58 pays producteurs et 21 pays consommateurs.Les produits <strong>la</strong>bellisés FairTrade sont vendus aussi bien en boutiques spécialisés que dans <strong>le</strong>s grandes etmoyennes surfaces.« FLO-Cert est l’organisme de certification et de contrô<strong>le</strong> du <strong>la</strong>bel FLO FAIRTRADE. Il a été créé en 2004 <strong>pour</strong>remp<strong>la</strong>cer l’ancienne unité de certification de FLO. La raison de sa fondation était de rendre <strong>le</strong>s opérations d’auditplus transparentes et plus indépendantes. El<strong>le</strong> a permis de se mettre en conformité avec <strong>la</strong> norme internationa<strong>le</strong>des organismes de certification (ISO 65).FLO-Cert certifie <strong>le</strong>s organisations de producteurs et agrée <strong>le</strong>s acteurs économiques : exportateurs, importateurs,fabricants... Il détecte <strong>le</strong>s manquements grâce à une méthodologie de contrô<strong>le</strong> et un réseau d’inspecteurs sur <strong>le</strong>terrain :53


Etude PFCE « Identifier et <strong>le</strong>ver <strong>le</strong>s freins au développement du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s politiques d’achat des entreprises » Février 2010Les quelque 600 organisations de producteurs sont visitées une fois par an. Une visite dure entre 3 et 10 joursselon <strong>la</strong> tail<strong>le</strong> de l’organisation. L’inspecteur vérifie en tout 250 points de contrô<strong>le</strong>, al<strong>la</strong>nt de l’utilisation desbénéfices du commerce équitab<strong>le</strong> au fonctionnement démocratique de l’organisation en passant par <strong>la</strong> nonutilisationdes 118 pesticides interdits et de semences OGM. Les acteurs économiques en France sont éga<strong>le</strong>mentvisités une fois par an. Chaque inspecteur vérifie 70 points de contrô<strong>le</strong> : gestion des stocks et des embal<strong>la</strong>ges,facturation des volumes achetés et vendus en commerce équitab<strong>le</strong>. » (source www.maxhave<strong>la</strong>arfrance.org)ii) Atouts et limites de <strong>la</strong> démarcheEnviron 90% des produits du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> vendus dans <strong>le</strong> monde entier sont <strong>la</strong>bellisés FairTrade. Letaux de notoriété et de confiance du <strong>la</strong>bel FairTrade ont atteint un niveau tel que <strong>le</strong> logo est devenu une marquepouvant parfois même faire ombrage aux marques des produits portant <strong>le</strong> <strong>la</strong>bel.Une évolution récente et importante au sein de <strong>la</strong> fédération FLO est, dans <strong>le</strong> cadre du réaménagement de <strong>la</strong>gouvernance de l’institution, <strong>la</strong> centralisation progressive des décisions et des moyens afin de conduire unepolitique à l’échel<strong>le</strong> internationa<strong>le</strong>. A court terme, cette évolution permet de mener des projets, notamment dans<strong>le</strong> cadre du développement et de <strong>la</strong> gestion des filières, ayant une dimension étendue à l’ensemb<strong>le</strong> des paysconcernés par <strong>la</strong> démarche. Par conséquent, ce<strong>la</strong> réduit <strong>le</strong>s initiatives nationa<strong>le</strong>s qui <strong>pour</strong>raient limiter <strong>le</strong>sdébouchés des producteurs à un nombre restreint de pays et confiner <strong>le</strong> développement d’une filière à uneopportunité de niche.La crédibilité de <strong>la</strong> démarche auprès des professionnels et du grand public, une structuration centralisée de <strong>la</strong>fédération à l’échel<strong>le</strong> internationa<strong>le</strong> et l’expertise acquise <strong>pour</strong> <strong>le</strong> développement de filières font aujourd’hui deFLO une organisation incontournab<strong>le</strong> dans <strong>la</strong> cadre de développement de projets à l’échel<strong>le</strong> internationa<strong>le</strong>impliquant à <strong>la</strong> fois des entreprises, des ONG et <strong>le</strong>s pouvoirs publics. Pour pouvoir répondre à l’engagement demultinationa<strong>le</strong>s mais aussi des entreprises spécialisées du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> qui se développent sur plusieursmarchés (AlterEco notamment), FLO a ainsi mis en p<strong>la</strong>ce une équipe de gestion des compte-clés à l’internationa<strong>le</strong>.Une difficulté majeure de l’association Max Have<strong>la</strong>ar, que l’on retrouve dans <strong>la</strong> plupart des pays où FLO estreprésenté, est de parvenir à gérer l’équilibre entre <strong>le</strong>s entreprises spécialisées et <strong>le</strong>s entreprisesconventionnel<strong>le</strong>s de plus en plus nombreuses à s’engager. Les tensions sont parfois fortes avec <strong>le</strong>s entreprisesspécialisées qui souhaitent faire valoir <strong>le</strong>urs spécificités et <strong>la</strong> profondeur de <strong>le</strong>urs engagements. En Europe,certains acteurs spécialisés ont choisi un modè<strong>le</strong> de développement sans <strong>le</strong> <strong>la</strong>bel en se reposant sur <strong>la</strong> crédibilitéde <strong>le</strong>urs marques. Même s’ils s’approvisionnent en très grande majorité auprès des filières certifiées FairTrade, ilsdéveloppent souvent <strong>le</strong>urs propres filières de manière indépendante ou en mutualisant <strong>le</strong>urs moyens avecd’autres entreprises spécialisées. TraidCraft au Royaume-Uni et <strong>le</strong> consortium CTM AltroMercato en Italie sont <strong>le</strong>sprincipa<strong>le</strong>s structures qui ont choisi cette voie tout en étant capab<strong>le</strong>s de développer <strong>le</strong>s ventes de <strong>le</strong>urs produitsdans <strong>le</strong>s circuits conventionnels et notamment en grande distribution.Une limite propre au modè<strong>le</strong> est <strong>le</strong> dé<strong>la</strong>i parfois nécessaire <strong>pour</strong> créer ou réviser des standards de par <strong>le</strong>fonctionnement très démocratique de <strong>la</strong> fédération FLO où <strong>le</strong>s producteurs du Sud sont désormais plus impliquésde par <strong>le</strong>s 4 sièges qui <strong>le</strong>ur sont attribués au Conseil d’Administration. Si cette nouvel<strong>le</strong> forme de gouvernancepeut ra<strong>le</strong>ntir <strong>le</strong>s processus décisionnels, ils sont aussi <strong>le</strong> ref<strong>le</strong>t d’une vitalité démocratique dans <strong>le</strong>s instances dedécision et <strong>la</strong> garantie de décisions conformes aux intérêts des producteurs, de <strong>le</strong>ur activité et de <strong>le</strong>urs besoins.Une autre limite régulièrement pointée du doigt est <strong>le</strong> degré re<strong>la</strong>tif d’indépendance de FLO CERT parrapport à <strong>la</strong> fédération FLO. FLO n’était pas accusé d’auto-certification mais étaient montrées <strong>le</strong>s limites d’unsystème où l’association développait <strong>le</strong>s standards et certifiait éga<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s producteurs. L’agrément ISO65valide l’indépendance de FLO CERT mais <strong>pour</strong> beaucoup l’ambigüité demeure. Cependant, <strong>la</strong> question re<strong>la</strong>tive à54


Etude PFCE « Identifier et <strong>le</strong>ver <strong>le</strong>s freins au développement du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s politiques d’achat des entreprises » Février 2010l’indépendance des certificateurs n’est pas propre au <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>. On retrouve <strong>la</strong> même problématique<strong>pour</strong> de nombreuses normes techniques ou de qualité.iii) LeviersLe sérieux de l’association est très <strong>la</strong>rgement mis en avant par <strong>le</strong>s entreprises conventionnel<strong>le</strong>s qui se sontengagées, l’interrogation principa<strong>le</strong> portant sur <strong>le</strong> manque de moyens de l’association. Afin de mieux inscrire <strong>le</strong><strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>la</strong> pratique des entreprises, ce qui participerait en partie à l’apaisement des tensionsavec <strong>le</strong>s entreprises spécialisées, l’association <strong>pour</strong>rait- développer des formations spécifiques et adaptées aux entreprises conventionnel<strong>le</strong>s prenant en compte<strong>le</strong>urs problématiques opérationnel<strong>le</strong>s et stratégiques. Ce<strong>la</strong> faciliterait l’évolution d’une logiqued’opportunité vers une logique d’intégration stratégique.- proposer des services de conseil, de conduite du changement, <strong>pour</strong> mieux intégrer <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong>Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s dimensions opérationnel<strong>le</strong>s et stratégiques des entreprises- former un réseau d’experts aux bonnes pratiques ainsi qu’aux méthodologies du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>afin qu’ils puissent intervenir dans <strong>le</strong>s entreprises dans <strong>le</strong> cadre de missions ponctuel<strong>le</strong>s. Cesinterventions <strong>pour</strong>raient être prises en charge, en totalité ou partiel<strong>le</strong>ment par <strong>le</strong> biais de subventionspubliques (en suivant l’exemp<strong>le</strong> des bi<strong>la</strong>ns carbone) par <strong>le</strong>s entreprises souhaitant s’engager dans unedémarche de <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>Au niveau international, <strong>la</strong> fédération FLO a déjà mis en œuvre des réformes de gouvernance afin de s’adapter àl’intégration d’entreprises conventionnel<strong>le</strong>s et notamment de très grandes entreprises et afin de mieux dedéfendre ses positions face à l’arrivée sur <strong>le</strong> marchés d’autres initiatives de commerce durab<strong>le</strong> portées <strong>pour</strong>l’essentiel par des multinationa<strong>le</strong>s. De nombreux éléments peuvent permettre de renforcer <strong>la</strong> position de <strong>la</strong>Fédération FLO afin d’être un acteur sur <strong>la</strong> scène internationa<strong>le</strong> capab<strong>le</strong> de discuter, négocier et exercer despressions auprès des grandes entreprises afin de <strong>le</strong>s amener à s’engager dans <strong>la</strong> démarche :- Les pouvoirs publics peuvent aussi apporter <strong>le</strong>ur soutien à FLO dans une perspective internationa<strong>le</strong> encontribuant au fonctionnement de <strong>la</strong> fédération (basket fund). Ainsi un consortium de bail<strong>le</strong>urs de fondsinternationaux (DFID, EED, HIVOS, ICCO, Irish Aid, Misereor, SECO, SNV, UNIDO, Comic Relief, RuffordTrust) s’est engagé auprès de FLO en 2008 entraînant une hausse des subventions de 40% en 2008correspondant à environ 50% des ressources de <strong>la</strong> fédération.- D’autre part, afin de renforcer <strong>la</strong> crédibilité et <strong>la</strong> transparence de <strong>la</strong> démarche, <strong>le</strong>s études sur l’impact auSud du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> sont fondamenta<strong>le</strong>s. El<strong>le</strong>s sont aussi un enjeu d’amélioration continue de <strong>la</strong>démarche ainsi que de différenciation et de valorisation par rapport aux autres initiatives de commercedurab<strong>le</strong>.- Enfin, nous <strong>le</strong> verrons plus en détail dans <strong>le</strong> paragraphe consacré aux groupements de producteurs, <strong>la</strong>capacité à développer des filières rapidement et à consolider <strong>le</strong>s filières existantes (appui technique,information sur <strong>le</strong>s marchés au Nord…) <strong>pour</strong> permettre <strong>le</strong> changement d’échel<strong>le</strong> du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>est vita<strong>le</strong> <strong>pour</strong> <strong>la</strong> fédération.En ce qui concerne FLO CERT, à terme, <strong>pour</strong> accélérer <strong>le</strong>s procédures de certification et continuer à rendreindépendant <strong>le</strong> processus de certification, on peut s’interroger quant à :- <strong>la</strong> possibilité d’audits par d’autres organismes de certification (veritas, SGS ou Ecocert par exemp<strong>le</strong>). C’estun des enjeux des discussions en cours au sein de <strong>la</strong> CNCE (Commission Nationa<strong>le</strong> du <strong>Commerce</strong>Equitab<strong>le</strong>) mise en p<strong>la</strong>ce en 2007 et instituée par <strong>la</strong> loi reconnaissant <strong>la</strong> pratique du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>55


Etude PFCE « Identifier et <strong>le</strong>ver <strong>le</strong>s freins au développement du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s politiques d’achat des entreprises » Février 2010du 2 août 2005. La question est de savoir dans quel<strong>le</strong> mesure l’initiative française peut être répercutée auniveau international.- Un renforcement des moyens structurels par des fonds publics de FLO CERT <strong>pour</strong> accélérer et multiplier<strong>le</strong>s audits tout en réduisant <strong>le</strong>s coûts d’inspection et en préservant <strong>la</strong> qualité et <strong>le</strong> sérieux de <strong>la</strong> démarche.2) ESR-ECOCERTi) Présentation des structures et de <strong>la</strong> démarcheEcocert est un organisme de contrô<strong>le</strong> et de certification dont l’activité est encadrée par <strong>le</strong>s pouvoirs publics.Plus de 75% de <strong>la</strong> certification bio en France <strong>pour</strong> <strong>le</strong>s produits alimentaires est réalisée par Ecocert, plus de 95%<strong>pour</strong> <strong>le</strong>s cosmétiques. Ecocert est présent dans 6 pays européens et est présent dans 15 pays à travers des filia<strong>le</strong>sou des sociétés partenaires. Ecocert intervient donc en permanence dans 80 pays. Ce sont plus de 80 000 produitsqui sont certifiés, une équipe de plus de 250 ingénieurs et techniciens, une croissance de 10%.L’évolution vers un référentiel équitab<strong>le</strong> correspond à une logique naturel<strong>le</strong> de diversification <strong>pour</strong> Ecocert. C’esten février 2007 qu’Ecocert a créé <strong>la</strong> référentiel ESR (Equitab<strong>le</strong> Solidaire Responsab<strong>le</strong>). Il a encore fallu 2 ans dedéveloppement <strong>pour</strong> c<strong>la</strong>rifier ce référentiel auprès des opérateurs, <strong>le</strong>s exigences de ce référentiel « filière » étantpar type d’opérateur et par type de produit. Pour l’instant <strong>le</strong> cahier des charges s’applique au texti<strong>le</strong>, àl’alimentaire et aux cosmétiques. Les premiers produits portant <strong>le</strong> logo Ecocert ESR sont apparus en novembre2008.Ce sont essentiel<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s opérateurs déjà certifiés bio et qui ont un intérêt <strong>pour</strong> <strong>la</strong> filière intégrée qui sontciblés. Les entreprises du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> sont aussi intéressées <strong>pour</strong> mettre en concurrence <strong>la</strong> certificationFlo, se différencier des MDD et des industriels ayant une gamme de produits équitab<strong>le</strong>s. Ainsi, dans une logiquede simplification, Ecocert et Biopartenaire, qui regroupe une trentaine de PME engagées dans <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong>Equitab<strong>le</strong> sur <strong>le</strong> référentiel BioEquitab<strong>le</strong>, se sont rapprochés <strong>pour</strong> fusionner <strong>le</strong>ur cahier des charges. Les membresde l’association Biopartenaire utiliseront donc désormais <strong>le</strong> référentiel ESR.Le modè<strong>le</strong> de développement proposé par ESR est donc complémentaire de celui porté par FLO. Plus diffici<strong>le</strong> àmettre en œuvre de par sa démarche intégrée, il valide <strong>le</strong> principe en revanche d’une implication plus grande desentreprises dans <strong>la</strong> filière (investissements, développement de filière, appui technique). Il est a priori approprié àdes re<strong>la</strong>tions entre structures de même tail<strong>le</strong> au Nord et au Sud, plus partenaires que acheteurs-fournisseursnotamment <strong>le</strong>s PME tel<strong>le</strong>s que Kaoka ou Arcadie, membres de Biopartenaire, rencontrées dans <strong>le</strong> cadre del’étude.Notons aussi que <strong>le</strong> référentiel fait référence à un prix minimum mais que celui-ci n’est pas défini par un standardmais directement par <strong>le</strong>s parties prenantes du projet commercial. C’est ECOCERT qui vérifie en fonction deséléments justificatifs apportés par <strong>le</strong> porteur principal dans <strong>la</strong> filière que ce prix correspond bien à un prix« équitab<strong>le</strong> ». D’autre part, <strong>le</strong> coût de <strong>la</strong> certification est assumé par l’entreprise porteuse du projet dans <strong>la</strong> filière(importateurs des pays du Nord essentiel<strong>le</strong>ment) et ne fait pas l’objet d’une redevance mais est fixé comme <strong>pour</strong>l’agriculture biologique en fonction du nombre de jours nécessaires à l’audit de <strong>la</strong> filière. Enfin, <strong>le</strong> référentieldemande que soit publiée de manière transparente <strong>la</strong> répartition de <strong>la</strong> va<strong>le</strong>ur ajoutée tout au long de <strong>la</strong> filière.ii) Atouts et limites de <strong>la</strong> démarcheLa démarche proposée par ECOCERT répond à une exigence des entreprises spécialisées dans <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong>Equitab<strong>le</strong> ou l’Agriculture Biologique de se démarquer des entreprises conventionnel<strong>le</strong>s développant à <strong>la</strong> margedes gammes de produits <strong>la</strong>bellisés <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>.56


Etude PFCE « Identifier et <strong>le</strong>ver <strong>le</strong>s freins au développement du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s politiques d’achat des entreprises » Février 2010Le référentiel exigeant est accessib<strong>le</strong> <strong>pour</strong> <strong>le</strong>s entreprises souhaitant s’engager fortement en investissant desressources humaines et financières dans <strong>le</strong> développement et <strong>la</strong> consolidation de filières.D’autre part, nous avons vu que l’expérience et <strong>la</strong> présence internationa<strong>le</strong> d’ECOCERT sont des gages decrédibilité.Enfin, de manière pragmatique, <strong>le</strong> fait de pouvoir auditer à <strong>la</strong> fois <strong>le</strong> caractère équitab<strong>le</strong> et biologique desprocessus de production est un avantage considérab<strong>le</strong> à <strong>la</strong> fois <strong>pour</strong> <strong>le</strong>s producteurs et <strong>pour</strong> l’entrepriseCependant, un des risques est que <strong>la</strong> multiplication des <strong>la</strong>bels soit source de confusion <strong>pour</strong> <strong>le</strong>consommateur.D’autre part, il faut reconnaître que <strong>la</strong> visibilité et <strong>la</strong> reconnaissance accrues du <strong>la</strong>bel Fairtrade porté par FLO MaxHave<strong>la</strong>ar confère à ce dernier un avantage concurrentiel considérab<strong>le</strong>.Enfin, <strong>le</strong>s reproches d’indépendance qui peuvent être exercés à l’encontre de FLO et FLO-CERT peuvent l’être toutautant <strong>pour</strong> ECOCERT et son référentiel ESR, sans que ce<strong>la</strong> ne remette en cause <strong>le</strong> sérieux de <strong>la</strong> démarche.iii) LeviersNous reprendrons <strong>le</strong>s mêmes pistes de réf<strong>le</strong>xion que <strong>pour</strong> Max Have<strong>la</strong>ar en ce qui concerne l’accompagnementdes entreprises (conseil, formations). C’est d’ail<strong>le</strong>urs, l’objectif fixé par l’association Biopartenaire <strong>pour</strong> <strong>le</strong>sentreprises qui en sont membres.De nombreux défis sont à re<strong>le</strong>ver <strong>pour</strong> <strong>le</strong> développement de ce référentiel notamment <strong>pour</strong> crédibiliser <strong>la</strong>démarche à l’internationa<strong>le</strong> (des entreprises ont commencé à s’engager au Canada, en Belgique et au Japon) ou<strong>pour</strong> contribuer éga<strong>le</strong>ment aux efforts de p<strong>la</strong>idoyer auprès des institutions nationa<strong>le</strong>s et internationa<strong>le</strong>s. Dans <strong>le</strong>sdeux cas, il faudra observer l’accueil et <strong>le</strong> degré d’acceptation qui seront faits au référentiel auprès desentreprises spécialisées et du mouvement international du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>.3) WFTO (World Fair Trade Organization) et <strong>le</strong> SFTMS (Standard FairTrade Management System)i) Présentation de <strong>la</strong> structure et de <strong>la</strong> démarcheL'objectif du WFTO est de permettre aux petits producteurs du Sud d'améliorer <strong>le</strong>urs conditions de vie etcel<strong>le</strong>s de <strong>le</strong>ur communauté grâce à un commerce équitab<strong>le</strong> viab<strong>le</strong>. Son action : Faciliter, soutenir et guider desstructures vers une démarche de commerce équitab<strong>le</strong>.Les membres du WFTO sont des importateurs, des vendeurs, des producteurs, et des sociétés ou organisations desoutien. Ce sont des structures investies, qui veu<strong>le</strong>nt faire du commerce autrement, el<strong>le</strong>s ont toutes du prouver<strong>le</strong>ur investissement et doivent appliquer <strong>le</strong>s Principes du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> :Le système de contrô<strong>le</strong> des membres s'effectue en 3 étapes :- Auto-évaluation au regard des Normes <strong>pour</strong> <strong>le</strong>s Organisations du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>- Examens mutuels entre partenaires commerciaux- Vérification ExterneLe WFTO travail<strong>le</strong> actuel<strong>le</strong>ment à <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce d'un <strong>la</strong>bel de certification des Organisations de <strong>Commerce</strong>Équitab<strong>le</strong>, <strong>le</strong> SFTMS (Sustainab<strong>le</strong> Fair Trade Management System).57


Etude PFCE « Identifier et <strong>le</strong>ver <strong>le</strong>s freins au développement du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s politiques d’achat des entreprises » Février 2010SFTMS est à destination des coopératives d'artisans marginalisés qui ne peuvent pas être certifiés par FLO-Certplutôt destiné aux denrées et au coton, et techniquement dur à adapter à d'autres produits (en raison desprocess, des produits, etc...). SFTMS s'applique à <strong>la</strong> globalité des produits d'une entreprise ou d'une coopérative,et non produit par produit comme <strong>pour</strong> certains <strong>la</strong>bels.Source : www.eco-sapiens.comii) Limites et opportunités de <strong>la</strong> démarche de standardIl faut noter que <strong>le</strong> débat autour du standard WFTO est en discussion et ne fait pas consensus à <strong>la</strong> fois auprès desorganisations du Nord mais aussi cel<strong>le</strong>s du Sud. L’appui complémentaire d’experts techniques sur <strong>la</strong> question desstandards <strong>pour</strong>rait accélérer <strong>le</strong>s processus de décision et dans une logique d’accompagnement permettrait deconsolider <strong>la</strong> démarche.D’autre part, l’apparition d’un nouveau <strong>la</strong>bel exigerait un effort de sensibilisation et de communication auprèsdes consommateurs qui reconnaissent essentiel<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> <strong>la</strong>bel FAIRTRADE dont <strong>le</strong> taux de notoriété est en forteaugmentation (52% en notoritété assistée, Globescan, novembre 2008)La création d’un <strong>la</strong>bel WFTO se traduisant par l’apposition d’un logo sur <strong>le</strong>s produits <strong>pour</strong>rait être uneopportunité à deux niveaux. Pour <strong>le</strong>s produits artisanaux, cette reconnaissance visib<strong>le</strong> <strong>pour</strong>rait ouvrir <strong>le</strong>s portesd’une distribution dans <strong>le</strong>s circuits conventionnels (notamment dans <strong>le</strong>s magasins de décoration, de mobilier oude jouets) comme ce<strong>la</strong> s’est avéré <strong>pour</strong> <strong>le</strong>s produits alimentaires. D’autre part, ce<strong>la</strong> permettrait aux entreprises à<strong>la</strong> fois détentrices de licence FLO et membres de WFTO de revendiquer <strong>le</strong>ur spécificité et de se distinguer desentreprises conventionnel<strong>le</strong>s.D) Les organisations de producteursDans ce paragraphe consacré aux organisations de producteurs, nous concentrerons l’étude sur <strong>le</strong>sproblématiques dans <strong>le</strong>s perspectives de rapport aux entreprises conventionnel<strong>le</strong>s. Nous développerons 3 pointsen particulier : <strong>le</strong>s problématiques rencontrées c<strong>la</strong>ssiquement par <strong>le</strong>s petits producteurs, l’adaptation aux besoinsopérationnels du marché conventionnel et enfin <strong>le</strong> développement de filières et <strong>le</strong>ur consolidation.1) Les défis traditionnels des organisations de petits producteurs :organisation, accès au marché et au capital, compétitivitéRecenser <strong>le</strong>s limites et <strong>le</strong>s besoins internes des groupements fait déjà l’objet d’une littérature et detravaux de recherche (voir <strong>le</strong>s sites de <strong>la</strong> PFCE www.commercequitab<strong>le</strong>.org, de Max Have<strong>la</strong>ar www.maxhave<strong>la</strong>arfrance.org,www.equidoc.info ou encore www.fairtraderesource.org)L’évolution actuel<strong>le</strong> des marchés, notamment sur celui des matières agrico<strong>le</strong>s, fait apparaître une concentrationdu pouvoir entre <strong>le</strong>s mains d’une poignée de distributeurs et d’industriels. Pour <strong>le</strong> café, 70% des parts de marchésont par exemp<strong>le</strong> tenues par 5 grands groupes industriels (Nestlé, Kraft, Procter, Sara Lee et Philipp Morris).Dans un contexte de libéralisation des marchés, <strong>le</strong>s pays du Sud, confrontés à un endettement colossal, ont ajusté<strong>le</strong>urs politiques économiques et commercia<strong>le</strong>s en concentrant <strong>le</strong>urs efforts sur des productions d’exportintensives et dans une approche court-termiste sans mesurer l’impact et <strong>le</strong>s conséquences environnementa<strong>le</strong>s etsocia<strong>le</strong>s à long-terme. Dans ce contexte, <strong>le</strong>s petits producteurs ont souffert de handicaps structurels <strong>pour</strong>s’intégrer au marché face à une concurrence (p<strong>la</strong>ntations, usines) mieux armée <strong>pour</strong> répondre à <strong>la</strong> demande desentreprises conventionnel<strong>le</strong>s.58


Etude PFCE « Identifier et <strong>le</strong>ver <strong>le</strong>s freins au développement du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s politiques d’achat des entreprises » Février 2010Le <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>, à travers <strong>le</strong>s ONG et <strong>le</strong>s entreprises spécialisées, vise à répondre aux <strong>la</strong>cunes des petitsproducteurs dans cet environnement.- Une difficulté d’accès au marché : de par <strong>le</strong>ur iso<strong>le</strong>ment géographique et culturel, <strong>le</strong>s producteursdépendent d’intermédiaires qui achètent <strong>le</strong>ur production à très bas prix et peuvent servir aussi d’agent decrédit mais à des taux exorbitants (<strong>le</strong>s « coyotes » en Amérique Latine. Le regroupement en coopérativespermet au producteur de maîtriser son outil de travail, de participer aux décisions de l’organisation, deregrouper <strong>le</strong>s moyens techniques. Cette coopération renforce <strong>le</strong> poids des producteurs dans <strong>la</strong> chaîne deva<strong>le</strong>ur. Ce<strong>la</strong> engendre un rapport de force rééquilibré avec <strong>le</strong>s acheteurs et un accès direct au marchéqu’il soit équitab<strong>le</strong> ou non. En effet, avec 20% de <strong>la</strong> production vendue en moyenne à travers <strong>le</strong><strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s producteurs doivent avoir accès à d’autres marchés c<strong>la</strong>ssique <strong>pour</strong> écou<strong>le</strong>r <strong>le</strong>ursrécoltes. Il faut noter tout de même que <strong>la</strong> création des coopératives a été <strong>la</strong> plupart du tempsindépendante du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> mais que celui-ci participe de <strong>le</strong>ur renforcement.Pour ce qui est de l’artisanat et du texti<strong>le</strong>, de par <strong>la</strong> configuration du marché très <strong>la</strong>rgement atomisé, cesont souvent des ONG loca<strong>le</strong>s ou occidenta<strong>le</strong>s qui ont créé des structures (associations, entreprises) <strong>pour</strong>permettre <strong>le</strong> suivi de <strong>la</strong> production, l’exportation et <strong>la</strong> recherche de marchés locaux.- Le manque d’information sur <strong>le</strong>s marchés au Nord (règ<strong>le</strong>mentation, normes, fonctionnement dumarché) : à travers l’organisation des producteurs, l’accès à l’information sur <strong>le</strong>s évolutions des tendancescommercia<strong>le</strong>s ou des règ<strong>le</strong>mentations sanitaires est facilité. Ce<strong>la</strong> permet aux groupements deproducteurs par un transfert de connaissances accéléré de s’adapter au marché. Au-delà du ommerceEquitab<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s producteurs ont pu s’adapter à des règ<strong>le</strong>mentations et des normes contraignantes tel<strong>le</strong>sque Eurepgap, standard de traçabilité sanitaire, environnementa<strong>le</strong> et socia<strong>le</strong> et dont l’obtention estnécessaire <strong>pour</strong> accéder à certains marchés européens tels que <strong>le</strong>s fruits et légumes. Ce<strong>la</strong> contribue à <strong>le</strong>urautonomie avec une recherche de diversification de <strong>le</strong>ur production ou de <strong>le</strong>urs marchés (par exemp<strong>le</strong>l’agriculture biologique). Ainsi, cette organisation, conjuguée à <strong>la</strong> garantie d’un prix p<strong>la</strong>ncher é<strong>le</strong>vé,permet de lutter contre l’aversion au changement et à l’évolution qui peut être ressentie par <strong>le</strong>producteur (que l’on retrouve par exemp<strong>le</strong> <strong>pour</strong> <strong>la</strong> conversion biologique où <strong>le</strong> producteur mesure <strong>le</strong>risque de perte d’une récolte ou ne peut estimer <strong>la</strong> rentabilité de l’investissement à court-terme).L’organisation permet éga<strong>le</strong>ment au producteur de s’affranchir de <strong>la</strong> barrière de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue, véritab<strong>le</strong>obstac<strong>le</strong> <strong>pour</strong> l’exportation, avec l’intégration de <strong>la</strong> compétence linguistique au sein du groupement.Enfin, l’accès au marché est facilité par <strong>la</strong> mutualisation de moyens permettant d’organiser des visitescommercia<strong>le</strong>s aux clients étrangers ou de participer à des foires régiona<strong>le</strong>s ou internationa<strong>le</strong>s.- Difficultés d’accès aux financements et au crédit : que ce soit dans <strong>le</strong> standard FLO ou dans <strong>la</strong> charteé<strong>la</strong>borée par <strong>le</strong> WFTO, <strong>le</strong> préfinancement est recommandé mais pas obligatoire. Il se confond souventavec <strong>le</strong>s avances sur paiement et peut parfois faire l’objet de taux d’intérêt pris en charge par <strong>le</strong>sorganisations de producteurs. Cependant, quand ce droit est exercé par <strong>le</strong>s producteurs, il permet decouvrir <strong>la</strong> période précédant <strong>la</strong> récolte <strong>pour</strong> <strong>le</strong>s denrées agrico<strong>le</strong>s ou d’investir dans <strong>le</strong>s besoinsnécessaires à <strong>la</strong> production (graines, fertilisants <strong>pour</strong> l’agriculture, achat des matières premières <strong>pour</strong> <strong>la</strong>confection de produits artisanaux).- Des prix ne couvrant pas <strong>le</strong>s coûts de production et <strong>le</strong>s besoins fondamentaux des producteurs : nousavons vu que <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> équitab<strong>le</strong> permet d’éliminer <strong>le</strong>s intermédiaires inuti<strong>le</strong>s en certaines occasionset de proposer un prix toujours supérieur au marché même lorsque <strong>le</strong>s conditions du marché sont trèsfavorab<strong>le</strong>s. Cette remarque est à re<strong>la</strong>tiviser dans <strong>le</strong> sens où lorsque <strong>le</strong>s prix du marché sont é<strong>le</strong>vés, <strong>le</strong>sproducteurs peuvent privilégier des encaissements à court-terme sur des volumes conséquents sur <strong>le</strong>smarchés conventionnels au détriment du marché équitab<strong>le</strong> <strong>pour</strong>tant synonyme de re<strong>la</strong>tion dans <strong>la</strong> durée.En dehors de ces pics toujours exceptionnels, <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> offre un cadre rassurant aux59


Etude PFCE « Identifier et <strong>le</strong>ver <strong>le</strong>s freins au développement du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s politiques d’achat des entreprises » Février 2010producteurs qui <strong>le</strong>ur permet de mieux p<strong>la</strong>nifier <strong>le</strong>ur activité tant professionnel<strong>le</strong> que familia<strong>le</strong>. Cet aspectest renforcé par <strong>le</strong> versement de <strong>la</strong> prime socia<strong>le</strong> propre au standard FLO (que <strong>le</strong> WFTO ou <strong>le</strong> référentielESR ne mentionne pas) et qui peut al<strong>le</strong>r jusqu’à 10% du prix payé aux producteurs. FLO n’émet aucuneobligation quant à l’utilisation de cette prime, n’exigeant que <strong>le</strong> fait que l’utilisation de cette prime sefasse dans <strong>la</strong> cadre de l’organisation démocratique. Cette prime peut être utilisée <strong>pour</strong> développer desprojets sociaux ou environnementaux. Dans <strong>le</strong>s faits, el<strong>le</strong> est plutôt utilisée dans <strong>le</strong> cadred’investissements nécessaires au groupement de producteurs <strong>pour</strong> améliorer <strong>la</strong> qualité ou <strong>le</strong>srendements de <strong>la</strong> production.- Des atteintes aux droits de l’Homme et des travail<strong>le</strong>urs : <strong>le</strong>s cas d’entrave à <strong>la</strong> syndicalisation oud’exploitation des enfants ou de vio<strong>le</strong>nces faites aux femmes ne sont pas rares et sont vio<strong>le</strong>mmentdénoncés par <strong>le</strong>s ONG. L’organisation en une structure démocratique et <strong>le</strong>s contrô<strong>le</strong>s effectués par <strong>le</strong>sorganismes de certification et <strong>le</strong>s responsab<strong>le</strong>s des groupements permet aux producteurs de bénéficierde conditions de travail décentes. Dans <strong>le</strong> cas des p<strong>la</strong>ntations ou des usines, l’engagement de respecter<strong>le</strong>s conventions de l’OIT (Organisation Internationa<strong>le</strong> du travail) et <strong>la</strong> vérification de <strong>la</strong> conformité de cesengagements est aussi une garantie du respect des droits des travail<strong>le</strong>urs.Nous venons de voir l’impact positif que peut avoir <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> sur <strong>le</strong>s conditions propres au statutdes petits producteurs. Nous allons voir maintenant comment <strong>le</strong>s organisations de producteurs répondent auxexigences opérationnel<strong>le</strong>s des entreprises conventionnel<strong>le</strong>s abordées dans <strong>le</strong> chapitre II. Le <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>permet de répondre à ces exigences mais <strong>pour</strong> y satisfaire à grande échel<strong>le</strong>, des freins existent.2) S’adapter aux contraintes des entreprises conventionnel<strong>le</strong>s : normes etrèg<strong>le</strong>mentations, qualité, traçabilité, volumes et dé<strong>la</strong>isDans <strong>le</strong> point précédent, nous avons vu que <strong>le</strong>s organisations de producteurs devaient s’adapter auxévolutions règ<strong>le</strong>mentaires apparues ces dernières années notamment sur <strong>la</strong> marché européen, Eurepgap etHACCP (Hazard Analysis Critical Control Point, système qui identifie, évalue et maîtrise <strong>le</strong>s dangers significatifs auregard de <strong>la</strong> sécurité des aliments). Pour <strong>le</strong>s produits alimentaires, <strong>le</strong> respect du cahier des charges del’agriculture biologique est aussi une contrainte et demande des investissements importants aux producteursayant choisi cette orientation.Dans <strong>le</strong> secteur de l’artisanat et notamment des jouets et des bijoux ainsi que dans <strong>le</strong> secteur texti<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s normespeuvent parfois représenter des obstac<strong>le</strong>s considérab<strong>le</strong>s <strong>pour</strong> des petites unités de production. Sur <strong>le</strong> terrain, <strong>le</strong>sorganisations de producteurs investissent prioritairement <strong>le</strong>urs efforts sur ce point. El<strong>le</strong>s peuvent êtreaccompagnées dans cette démarche par l’expertise d’ONG, d’experts ou directement par <strong>le</strong>s entreprisesspécialisées du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>.Cette priorité rejoint cel<strong>le</strong> de <strong>la</strong> qualité, cel<strong>le</strong>-ci étant un élément fondamental <strong>pour</strong> fidéliser <strong>le</strong>consommateur. De par <strong>le</strong>ur distribution dans <strong>le</strong>s circuits conventionnels, <strong>le</strong>s producteurs dans <strong>le</strong> secteuralimentaire ainsi que <strong>le</strong>s entreprises spécialisées ont <strong>la</strong>rgement investi dans ce domaine et ont positionné <strong>le</strong>ursproduits sur un marché plutôt haut-de-gamme, certains ayant un positionnement « gourmet » et pouvants’intégrer dans <strong>le</strong>s rayons d’épicerie fine. Le contrô<strong>le</strong> qualité tout au long de <strong>la</strong> chaîne d’approvisionnement et desprocessus de production est un investissement coûteux mais nécessaire à <strong>la</strong> pénétration des marchésconventionnels. Aujourd’hui, <strong>le</strong>s consommateurs ont une perception positive de <strong>la</strong> qualité des produitsalimentaires du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>.60


Etude PFCE « Identifier et <strong>le</strong>ver <strong>le</strong>s freins au développement du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s politiques d’achat des entreprises » Février 2010En revanche, des efforts importants restent à réaliser au niveau de l’artisanat et du texti<strong>le</strong>, encore <strong>la</strong>rgementdistribués dans <strong>le</strong>s réseaux alternatifs. Ce<strong>la</strong> s’explique par l’aspect « artisanal » de <strong>la</strong> chaîne de production, dumanque d’information à ce sujet que reçoivent <strong>le</strong>s organisations de producteurs de <strong>le</strong>urs clients ainsi qu’uneexigence moindre des réseaux de distribution alternatifs, attachés aux va<strong>le</strong>urs de solidarité et d’entraidevéhiculées par <strong>le</strong>s projets dans <strong>le</strong>s pays du Sud. Cependant, l’évolution reste positive dans ce sens ces dernièresannées et <strong>la</strong> majorité des produits artisanaux et texti<strong>le</strong> font aujourd’hui l’objet d’un contrô<strong>le</strong> et d’une exigence dequalité renforcés. Des ateliers et des formations sont désormais monnaie courante et sont mis en œuvre avecl’appui de WFTO, des entreprises spécialisées, des organisations de producteurs ou dans <strong>la</strong> cadre de structuresnationa<strong>le</strong>s ou régiona<strong>le</strong>s dédiées (exemp<strong>le</strong> de l’Asia Fair Trade Centre for Excel<strong>le</strong>nce).Une exigence forte du marché et du consommateur apparue ces dernières années avec <strong>le</strong>s différentescrises sanitaires est cel<strong>le</strong> de <strong>la</strong> traçabilité. La démarche de <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> peut naturel<strong>le</strong>ment répondre auxexigences de traçabilité et de transparence de par <strong>la</strong> nature des re<strong>la</strong>tions commercia<strong>le</strong>s qu’el<strong>le</strong> défend et envou<strong>la</strong>nt rapprocher <strong>le</strong> producteur et <strong>le</strong> consommateur. La difficulté technique réside dans <strong>le</strong> fait que <strong>la</strong> traçabilitéexige des investissements coûteux et diffici<strong>le</strong>ment accessib<strong>le</strong>s aux organisations de producteurs <strong>le</strong>s plus fragi<strong>le</strong>s.Pour al<strong>le</strong>r plus loin, <strong>pour</strong>raient être développés ou renforcés des systèmes propres au <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>,innovants, et qui feraient référence (projet GeoFairTrade, fairtraceability, initiative made-by, puces RFID…). Le<strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> doit al<strong>le</strong>r plus loin qu’une approche défensive sur <strong>la</strong> question de <strong>la</strong> traçabilité et de <strong>la</strong>transparence en portant une vision positive qui valorise <strong>le</strong> consommateur et <strong>le</strong> producteur.Enfin, s’adapter sans se soumettre arbitrairement aux contraintes de volumes, de dé<strong>la</strong>is et de qualité desentreprises conventionnel<strong>le</strong>s est crucial <strong>pour</strong> <strong>le</strong>s organisations de producteurs. Le fait que <strong>le</strong>s producteurs soientorganisés permet de mieux maîtriser l’ensemb<strong>le</strong> des processus de production, d’optimiser <strong>la</strong> gestion des coûts deproduction et de mieux p<strong>la</strong>nifier <strong>la</strong> production. El<strong>le</strong> permet aussi aux organisations de producteurs d’être encapacité de pouvoir discuter et négocier de manière re<strong>la</strong>tivement plus équilibrée <strong>le</strong>s termes du contrat avec <strong>le</strong>ursclients. Nous avons vu éga<strong>le</strong>ment qu’avec 20% en moyenne de <strong>le</strong>ur production vendue à travers <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong>Equitab<strong>le</strong>, <strong>le</strong> potentiel <strong>pour</strong> <strong>le</strong>s producteurs en termes de volumes disponib<strong>le</strong>s est important. A ce<strong>la</strong>, il fautajouter <strong>la</strong> capacité des organisations de producteurs à é<strong>la</strong>rgir à d’autres producteurs, qui peuvent devenirmembres du groupement ou en tant que travail<strong>le</strong>urs saisonniers. Par exemp<strong>le</strong>, l’engagement de Nestlé avecKitkat, produit de confiserie <strong>le</strong> plus important <strong>pour</strong> <strong>le</strong> groupe sur <strong>le</strong> marché britannique, va permettre dequadrup<strong>le</strong>r <strong>le</strong>s ventes de cacao équitab<strong>le</strong> des producteurs ivoiriens. De même, l’engagement de Cadbury avec <strong>le</strong>dairy milk va permettre de trip<strong>le</strong>r <strong>le</strong>s volumes de cacao équitab<strong>le</strong> au Ghana. Nous avons déjà vu que dansl’exigence d’une supply chain sécurisée en termes de qualité, de volumes, de dé<strong>la</strong>is et de traçabilité, ce sontprincipa<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s organisations <strong>le</strong>s mieux intégrées au marché qui bénéficieront de ces partenariats.Pour l’artisanat, <strong>le</strong> développement sur des volumes importants et une qualité irréprochab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s circuitsconventionnels <strong>pour</strong>rait engendrer <strong>la</strong> même évolution que dans <strong>le</strong> secteur alimentaire avec des organisations deproducteurs plus centralisées, sur des modè<strong>le</strong>s semi-industriels et imp<strong>la</strong>ntées dans des zones urbaines ou périurbaines.Cette tendance est déjà observée dans certaines organisations de <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> spécialiséesdans l’artisanat même si <strong>le</strong>s projets à forte va<strong>le</strong>ur solidaire et imp<strong>la</strong>ntés dans des zones rura<strong>le</strong>s prédominent<strong>la</strong>rgement encore. Cette évolution est constatée <strong>pour</strong> <strong>le</strong> secteur texti<strong>le</strong> où <strong>le</strong> changement d’échel<strong>le</strong> s’est faitautour d’un modè<strong>le</strong> industrialisant.3) Développement et consolidation de filièresPour répondre aux exigences du changement d’échel<strong>le</strong> induit par l’intégration du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>scircuits conventionnels et dans <strong>le</strong>s politiques d’achat des entreprises conventionnel<strong>le</strong>s, il est nécessaire de61


Etude PFCE « Identifier et <strong>le</strong>ver <strong>le</strong>s freins au développement du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s politiques d’achat des entreprises » Février 2010consolider <strong>le</strong>s filières existantes et d’en développer <strong>pour</strong> <strong>la</strong>ncer de nouveaux produits ou offrir des volumes plusconséquents.Le <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> vise à aider <strong>le</strong>s producteurs <strong>le</strong>s plus défavorisés. C’est <strong>la</strong> seu<strong>le</strong> initiative de commerce «durab<strong>le</strong> », en sus de <strong>la</strong> question du prix minimum, qui en fait sa priorité. A ce titre, <strong>le</strong>s besoins <strong>pour</strong> <strong>le</strong>renforcement des capacités des organisations de producteurs et <strong>le</strong> développement de nouvel<strong>le</strong>s filières sontconséquents. Différentes interventions sont possib<strong>le</strong>s :Pour <strong>le</strong> développement de filières- Des projets internationaux : <strong>le</strong> développement de filières est plus pertinent s’il est porté dans uneperspective Nord et Sud permettant de mettre en adéquation l’offre et <strong>le</strong> marché. La réaménagement de<strong>la</strong> gouvernance de FLO avec une centralisation plus marquée à l’internationa<strong>le</strong> peut favoriser <strong>le</strong>déploiement de ce type de projet.- La mise à disposition de moyens financiers et d’experts techniques rompus aux programmes dedéveloppement économique est nécessaire. Un développement rapide et anticipé <strong>pour</strong> répondre auxattentes des consommateurs permet aux produits de trouver <strong>le</strong>urs débouchés.- Des projets à plusieurs dimensions : sur <strong>le</strong> terrain, des problématiques et des solutions complémentaires(accès au crédit, gestion des ressources, sco<strong>la</strong>rité, santé…).- Des projets multipartenaires au Nord : des projets permettant une concertation entre ONG, entreprisesconventionnel<strong>le</strong>s et spécialisées et réseaux de distribution soutenus par <strong>le</strong>s pouvoirs publicspermettraient d’identifier <strong>la</strong> pertinence du développement d’une filière.Pour l’appui aux filières existantes- Des moyens peuvent être alloués à des besoins précis auprès des producteurs. Le PNUD et l’ONUDIaffectent déjà des moyens à ces actions (système d’information, crédits et financements, outilstechniques)- L’appui à <strong>la</strong> conversion vers <strong>la</strong> production biologique, là où ce<strong>la</strong> est faisab<strong>le</strong>, ouvrirait de nouveauxmarchés aux producteurs et permettrait <strong>la</strong> pérennisation de <strong>le</strong>ur activité.Dans <strong>le</strong> cadre de <strong>la</strong> consolidation et du développement des filières, des appuis existent déjà <strong>pour</strong> des projets defaib<strong>le</strong> et moyenne envergure avec l’appui financier des entreprises spécialisées, de fondations privées (FondationFord, Rabobank Foundation) des lignes de subventions régiona<strong>le</strong>s, nationa<strong>le</strong>s et européennes au titre de <strong>la</strong>solidarité internationa<strong>le</strong>, du développement rural ou du maintien de cultures traditionnel<strong>le</strong>s. De même, desstructures de finance solidaire ont été crées <strong>pour</strong> répondre aux besoins des producteurs en termes depréfinancement, d’accès au crédit <strong>pour</strong> l’investissement, <strong>le</strong> renforcement des capacités techniques oud’exportation (Shared Interest, Oikocredit ou Triodos).Pour <strong>le</strong>s projets de grande envergure, l’engagement des agences gouvernementa<strong>le</strong>s (l’ Agence Française <strong>pour</strong> <strong>le</strong>Développement, <strong>la</strong> DFID en Grande Bretagne, GTZ en Al<strong>le</strong>magne sont déjà impliqués dans <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong>Equitab<strong>le</strong>) et des institutions internationa<strong>le</strong>s (PNUD, FAO, Banque Mondia<strong>le</strong>…) doit être renforcé et coordonné. Ildoit inclure <strong>le</strong>s opérateurs historiques du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> notamment <strong>le</strong>s fédérations internationa<strong>le</strong>sregroupées dans FINE ainsi que <strong>le</strong>s entreprises spécialisées. Pour <strong>le</strong> changement d’échel<strong>le</strong>, l’implication desentreprises et des réseaux de distribution conventionnels permettrait d’assurer <strong>la</strong> viabilité commercia<strong>le</strong> desprojets. Dans cette optique, à l’échel<strong>le</strong> nationa<strong>le</strong>, <strong>la</strong> création d’un fonds d’initiative <strong>pour</strong> <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>,<strong>la</strong> création d’une fondation <strong>pour</strong> <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> (idée émise dans <strong>la</strong> rapport du député A<strong>la</strong>in Herth) ou<strong>pour</strong> <strong>le</strong> développement durab<strong>le</strong> qui intégrerait <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> sont autant de pistes de réf<strong>le</strong>xion <strong>pour</strong>62


Etude PFCE « Identifier et <strong>le</strong>ver <strong>le</strong>s freins au développement du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s politiques d’achat des entreprises » Février 2010mobiliser l’intérêt du plus grand nombre d’acteurs privés et des financements correspondant aux besoins <strong>pour</strong> <strong>la</strong>réussite des projets.La réalisation et <strong>la</strong> réussite de ces projets sont conditionnées par l’implication et l’engagement des pouvoirspublics dont nous proposons d’étudier <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> dans <strong>le</strong> point suivant.D) Les pouvoirs publicsLes pouvoirs publics sont un acteur incontournab<strong>le</strong> <strong>pour</strong> <strong>le</strong> développement du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> commeils <strong>le</strong> sont <strong>pour</strong> toutes <strong>le</strong>s formes d’initiatives alternatives, solidaires et durab<strong>le</strong>s. Ce<strong>la</strong> est d’autant plus vrai de parl’ancrage du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>la</strong> solidarité internationa<strong>le</strong>, l’Economie Socia<strong>le</strong> et Solidaire et <strong>la</strong>Responsabilité Socia<strong>le</strong> des Entreprises. L’objectif de ce paragraphe n’est pas de rappe<strong>le</strong>r ou de souligner <strong>le</strong> rô<strong>le</strong>des pouvoirs des publics dans <strong>le</strong> développement en général du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>. Le rapport du député A<strong>la</strong>inHerth (http://www.pme.gouv.fr/grands-dossiers/rapconso.pdf) dont certaines idées sont reprises dans cetteétude reste un document de référence dans ce cadre. Un ensemb<strong>le</strong> comp<strong>le</strong>t de documents autour del’engagement des pouvoirs publics peut être téléchargé sur <strong>le</strong> site http://equidoc.equisol.orgLes pouvoirs publics sont susceptib<strong>le</strong>s d’agir à 3 niveaux :1) La régu<strong>la</strong>tionDevant <strong>la</strong> multiplication des initiatives et <strong>le</strong>s interpel<strong>la</strong>tions des associations de consommateurs, <strong>le</strong>s pouvoirspublics ont décidé de légiférer et de donner un cadre juridique au <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> et ce, en plusieurs étapes.Loi du 2 août 2005 sur <strong>le</strong>s PME : L’artic<strong>le</strong> 60 reconnaît <strong>le</strong> commerce équitab<strong>le</strong> comme une stratégie dedéveloppement durab<strong>le</strong>. Il institue <strong>le</strong> principe d’une Commission qui aura <strong>pour</strong> mission de veil<strong>le</strong>r au respect desconditions de commerce équitab<strong>le</strong>. Cet artic<strong>le</strong> a entraîné <strong>la</strong> création de <strong>la</strong> CNCE (Commission Nationa<strong>le</strong> du<strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>) <strong>le</strong> 15 mai 2007. Les modalités de reconnaissance des référentiels de <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> etdes organismes de certification ne sont pas encore déterminées à <strong>la</strong> date de parution de ce rapport.Janvier 2006 : publication du rapport de l’AFNOR « Les 3 principes du commerce équitab<strong>le</strong> : <strong>le</strong>s critères à <strong>la</strong>démarche du commerce équitab<strong>le</strong> ». Cet accord (qui n’est pas une norme) est signé par 51 organisations decommerce équitab<strong>le</strong>.22 mars 2006 : Le conseil de <strong>la</strong> concurrence rend un avis selon <strong>le</strong>quel <strong>le</strong> commerce équitab<strong>le</strong> ne fait pas obstac<strong>le</strong> à<strong>la</strong> concurrence.En revanche, on peut regretter que <strong>la</strong> SNDD (Stratégie Nationa<strong>le</strong> de Développement Durab<strong>le</strong>) présentée enfévrier 2009 lors du Grenel<strong>le</strong> de l’environnement ne fasse que margina<strong>le</strong>ment référence au <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>.Nous verrons dans <strong>la</strong> partie IV qu’une garantie publique n’est pas forcément indispensab<strong>le</strong> au développement du<strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> même si el<strong>le</strong> présente des avantages et ouvre des opportunités. En revanche, une régu<strong>la</strong>tionest nécessaire <strong>pour</strong> éviter <strong>la</strong> confusion entre démarchés de commerce durab<strong>le</strong> et <strong>le</strong>s abus ou tentatives derécupération.Le fait de proposer un cadre légis<strong>la</strong>tif exigeant permet de renforcer l’identité et <strong>la</strong> reconnaissance du <strong>Commerce</strong>Equitab<strong>le</strong>. Des outils financiers ou fiscaux peuvent en décou<strong>le</strong>r et favoriser <strong>le</strong> développement du <strong>Commerce</strong>Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s politiques d’achat des entreprises :63


Etude PFCE « Identifier et <strong>le</strong>ver <strong>le</strong>s freins au développement du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s politiques d’achat des entreprises » Février 2010- Une politique fisca<strong>le</strong> avantageuse : une TVA réduite permettrait de rendre <strong>le</strong>s produits plus accessib<strong>le</strong>saux consommateurs ; des réductions de charge ou des crédits d’impôt <strong>pour</strong> <strong>la</strong> conversion des produits au<strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> (comme <strong>pour</strong> l’Agriculture Biologique)- Création d’une structure nationa<strong>le</strong> sur <strong>le</strong> modè<strong>le</strong> de l’ADEME autour de l’Economie Socia<strong>le</strong> et Solidaireintégrant <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>. Ces structures sont régionalisées (CRESS) et ne permettent pas decoordonner une politique nationa<strong>le</strong>. Plus d’information www.essenregion.org Une structure nationa<strong>le</strong><strong>pour</strong>rait mettre à disposition des moyens et une expertise techniques <strong>pour</strong> l’accompagnement desentreprises spécialisées ou <strong>le</strong>s entreprises conventionnel<strong>le</strong>s souhaitant s’engager dans <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong>Equitab<strong>le</strong>.- Plus généra<strong>le</strong>ment, l’impulsion d’une politique nationa<strong>le</strong> d’innovation socia<strong>le</strong> et qui intégrerait <strong>le</strong><strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> permettrait de faire travail<strong>le</strong>r en réseau <strong>le</strong>s acteurs, d’apporter un soutien techniqueau secteur du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>, de développer des outils fiscaux et financiers spécifiques.2) Les achatsAujourd’hui, <strong>la</strong> cadre juridique et différents guides pratiques permettent d’introduire des c<strong>la</strong>uses socia<strong>le</strong>s etenvironnementa<strong>le</strong>s dans <strong>le</strong>s marchés publics. Le nouveau code des marchés publics adopté <strong>le</strong> 1er août 2006(décret n°2006-975) consacre <strong>la</strong> prise en compte de considérations de développement durab<strong>le</strong> comme principede définition des besoins des acheteurs publics. De même, Une résolution du Par<strong>le</strong>ment européen sur <strong>le</strong>commerce équitab<strong>le</strong> et <strong>le</strong> développement, adoptée <strong>le</strong> 6 juil<strong>le</strong>t 2006, invite <strong>le</strong>s pouvoirs publics à intégrer <strong>le</strong>scritères du commerce équitab<strong>le</strong> tels que définis par <strong>le</strong> mouvement international du commerce équitab<strong>le</strong> dans <strong>la</strong>politique d’achat et à donner <strong>la</strong> priorité aux produits équitab<strong>le</strong>s.Les col<strong>le</strong>ctivités territoria<strong>le</strong>s et <strong>le</strong>s entreprises publiques peuvent dont avoir un effet de <strong>le</strong>vier considérab<strong>le</strong> <strong>pour</strong>que :Leurs fournisseurs habituels intègrent des produits du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>ur réponse auxappels d’offreDes entreprises spécialisées deviennent <strong>le</strong>urs fournisseurs sur des produits spécifiquesnotamment dans <strong>le</strong> cadre de marchés allotisCependant, on peut noter que <strong>le</strong>s initiatives restent isolées, mal préparées et que de nombreux appels d’offress’avèrent infructueux faute de préparation suffisante de l’appel d’offre, du manque de concertation et de veil<strong>le</strong>sur <strong>la</strong> marché mais aussi du fait que <strong>le</strong>s entreprises spécialisées n’ont pas une stratégie , des produits ou unestructure encore véritab<strong>le</strong>ment adaptés à ce type de marché à l’exception d’Ethiquab<strong>le</strong> et du réseau Artisans duMonde qui ont intégré à <strong>le</strong>ur stratégie <strong>le</strong>s marchés publics.En France, <strong>le</strong>s réussites à ce niveau se situent principa<strong>le</strong>ment dans <strong>le</strong> région Rhône Alpes <strong>pour</strong> l’introduction deproduits alimentaires dans <strong>la</strong> restauration col<strong>le</strong>ctive. Nous pouvons signa<strong>le</strong>r aussi l’engagement de <strong>la</strong> SNCF, de <strong>la</strong>Poste et de <strong>la</strong> Mairie de Paris qui équipent une partie de <strong>le</strong>urs col<strong>la</strong>borateurs en tenues de travail en cotonéquitab<strong>le</strong>.Des exemp<strong>le</strong>s de réussite sont aussi à signa<strong>le</strong>r en Italie avec l’engagement des mairies de Rome et de Gênes avecCTM Altromercato dans <strong>le</strong> cadre des repas <strong>pour</strong> <strong>le</strong>s cantines sco<strong>la</strong>ires.Les potentialités <strong>pour</strong> ce marché sont importantes. Une étude de marché spécifique à l’intégration du <strong>Commerce</strong>Equitab<strong>le</strong> permettant de faire un état des lieux chiffrés, de re<strong>le</strong>ver <strong>le</strong>s bonnes pratiques et donner desrecommandations <strong>pour</strong>rait permettre de fixer des lignes directrices et un cadre <strong>pour</strong> l’ensemb<strong>le</strong> des partiesprenantes. Dans <strong>la</strong> cadre de <strong>la</strong> SNDD, une stratégie et un p<strong>la</strong>n d’action <strong>pour</strong>raient être mis en œuvre dans <strong>le</strong>sentreprises publiques, <strong>le</strong>s col<strong>le</strong>ctivités et <strong>le</strong>s instances nationa<strong>le</strong>s.64


Etude PFCE « Identifier et <strong>le</strong>ver <strong>le</strong>s freins au développement du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s politiques d’achat des entreprises » Février 20103) Bail<strong>le</strong>ur de fondsLes pouvoirs publics et notamment <strong>le</strong> Ministère des Affaires Etrangères ont apporté <strong>le</strong>ur appui financier àdifférents niveaux :- financement d’études-appui à des événements-soutien au développement des réseaux de distribution équitab<strong>le</strong>-développement de filière (<strong>le</strong> coton étant <strong>le</strong> projet <strong>le</strong> plus abouti)Pour rester dans <strong>la</strong> cadre de l’étude, nous proposons des pistes de réf<strong>le</strong>xion permettant <strong>le</strong> développement du<strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s politiques d’achat des entreprises :- Financement d’études sur des segments de marché spécifiques (sectoriel ou produit)- Soutien à des événements commerciaux d’envergure nationa<strong>le</strong> ou internationa<strong>le</strong> permettant <strong>le</strong>s rencontresentre professionnels (groupements de producteurs, entreprises spécialisées, conventionnel<strong>le</strong>s, réseaux dedistribution, <strong>la</strong>bels)- Identification de filières porteuses dans une perspective multi-parties prenantes (<strong>la</strong>bels, entreprisesconventionnel<strong>le</strong>s, spécialisées, réseaux de distribution, ONG d’appui) et internationa<strong>le</strong> (coopération entreagences gouvernementa<strong>le</strong>s, recherche de marchés dans plusieurs pays)- Ouverture de lignes de financements <strong>pour</strong> des projets d’envergure dans <strong>le</strong> développement ou <strong>la</strong> consolidationde filières permettant de mettre en adéquation l’offre et <strong>la</strong> demande. Dans une perspective de changementd’échel<strong>le</strong>, l’intervention en priorité des agences gouvernementa<strong>le</strong>s de par <strong>le</strong>urs moyens et <strong>le</strong>ur expertise estmieux adaptée que cel<strong>le</strong> des col<strong>le</strong>ctivités territoria<strong>le</strong>s. Cel<strong>le</strong>s-ci auront plus d’impact sur des micro-projets ou enintervenant sur des besoins précis, ponctuels et ciblés dans <strong>le</strong>s filières existantes.E) Autres parties prenantes1) Recherche et enseignementLa thématique du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> se retrouve aujourd’hui dans de nombreux cursus universitaires ou degrandes éco<strong>le</strong>s. Ils ont fait pendant quelques années l’objet de travaux de groupes d’étudiants et prennentaujourd’hui p<strong>la</strong>ce directement dans l’enseignement dispensé autour du développement durab<strong>le</strong>. En France, cescours et <strong>la</strong> littérature croissante autour du développement durab<strong>le</strong> traitent encore de manière margina<strong>le</strong> etsuperficiel<strong>le</strong> <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>, encore réduit à <strong>la</strong> simp<strong>le</strong> « initiative » possib<strong>le</strong> <strong>pour</strong> une action autour dudéveloppement durab<strong>le</strong>. Les recherches académiques sont aussi tournées vers <strong>le</strong>s problématiques au Sud,essentiel<strong>le</strong>s, mais n’envisagent que rarement <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans sa démarche globa<strong>le</strong> et stratégique.A ce titre, au Royaume-Uni, <strong>la</strong> recherche académique ainsi que <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce croissante prise par <strong>la</strong> <strong>Commerce</strong>Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s cursus professionnels dans <strong>le</strong>s plus grandes éco<strong>le</strong>s permettent de former et de sensibiliser desfuturs managers et occasionnent une littérature professionnel<strong>le</strong> assez riche et traitant <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>sous des ang<strong>le</strong>s techniques accessib<strong>le</strong>s et instructifs <strong>pour</strong> <strong>le</strong>s responsab<strong>le</strong>s des entreprises.L’introduction du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> de manière obligatoire et non optionnel<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s cursus universitaires etdes grandes éco<strong>le</strong>s, <strong>la</strong> diffusion d’une littérature orientée vers un public de professionnels de l’entreprises ainsique <strong>la</strong> production de travaux académiques traitant <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans une orientation business etstratégie sont autant de pistes de réf<strong>le</strong>xion <strong>pour</strong> asseoir et crédibiliser <strong>le</strong> secteur.65


Etude PFCE « Identifier et <strong>le</strong>ver <strong>le</strong>s freins au développement du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s politiques d’achat des entreprises » Février 2010Il faudra suivre l’initiative <strong>la</strong>ncée par Euromed Management. Cette éco<strong>le</strong> de commerce, engagées dans <strong>le</strong> GlobalCompact depuis 2005, propose à ses étudiants de choisir un parcours orienté vers <strong>le</strong> développement durab<strong>le</strong> et<strong>le</strong>s ONG. Un modu<strong>le</strong> spécifique au <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> est en cours d’é<strong>la</strong>boration. L’initiative devrait s’étendre àl’ensemb<strong>le</strong> des éco<strong>le</strong>s <strong>la</strong>bellisées Global Compact et regroupées au sein de l’Academia Network (source et plusd’information : www.euromed-management.com)2) Les ONG de p<strong>la</strong>idoyer et d’Education au DéveloppementIl faut rappe<strong>le</strong>r que ces ONG (Oxfam, <strong>le</strong> Comité Catholique contre <strong>la</strong> Faim et <strong>pour</strong> <strong>le</strong> Développement, Artisans duMonde) sont à l’origine des initiatives de <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans de nombreux pays dont <strong>la</strong> France où el<strong>le</strong>s ontparticipé à <strong>la</strong> création de l’association Max Have<strong>la</strong>ar et de nombreuses entreprises de <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>. El<strong>le</strong>sont donc une légitimité historique dans <strong>le</strong>s orientations qui peuvent être prises par <strong>le</strong> mouvement. Ces ONGpeuvent intervenir sur d’autres domaines de <strong>la</strong> solidarité ou dans d’autres aspects du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> (appuiau Sud ou réseau de distribution notamment).El<strong>le</strong>s ont un rô<strong>le</strong> de garde-fou et de contestation au niveau des pouvoirs publics et dénoncent particulièrement <strong>le</strong>sdérives et <strong>le</strong>s comportements non-éthiques des multinationa<strong>le</strong>s. La tendance généra<strong>le</strong> ces dernières années dans<strong>le</strong>ur rapport aux entreprises est une action à <strong>la</strong> fois de contestation mais aussi de main tendue <strong>pour</strong> nouer despartenariats afin d’améliorer <strong>le</strong>urs pratiques ou qu’el<strong>le</strong>s s’investissent dans des projets sur <strong>le</strong> terrain. Les ONGimpliquées dans <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> n’échappent pas <strong>pour</strong> <strong>la</strong> plupart à cette règ<strong>le</strong> dans une position qu’el<strong>le</strong>squalifient de réaliste et pragmatique étant donnés <strong>le</strong> champ d’influence et <strong>la</strong> caractère incontournab<strong>le</strong> desentreprises dans <strong>le</strong>s questions de développement économique.Ces ONG mènent des campagnes d’information et de sensibilisation :- Des campagnes dénonçant <strong>le</strong>s injustices du <strong>Commerce</strong> International dans des secteurs spécifiques(vêtements, café, bananes…)- Des campagnes interpe<strong>la</strong>nt <strong>le</strong>s décideurs et <strong>le</strong>ur capacité à agirCes campagnes sont complémentaires d’autres campagnes à vocation plus commercia<strong>le</strong> menées par desassociations de promotion du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> notamment Max Have<strong>la</strong>ar :- Des campagnes de promotion du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> en général afin d’ancrer <strong>la</strong> notion dans <strong>le</strong> quotidiendes consommateurs- Des campagnes ciblées sur des segments de produits précis afin d’en accroître <strong>le</strong>ur notoriété et <strong>le</strong>urdistributionCes campagnes organisées sont complémentaires voire indissociab<strong>le</strong>s et peuvent faire l’objet de p<strong>la</strong>nsstratégiques de communication. De par <strong>la</strong> manque de moyens des organisations, <strong>la</strong> contribution de professionnelsde <strong>la</strong> communication, <strong>le</strong> financement par <strong>le</strong>s pouvoirs publics ou des donations sont nécessaires <strong>pour</strong> quel’impact soit <strong>le</strong> plus fort possib<strong>le</strong>. L’engagement de Nestlé et de Cadbury au Royaume Uni est aussi lié, commenous l’avons vu dans <strong>la</strong> partie consacrée aux très grandes entreprises, aux pressions exercées sur <strong>le</strong>s grandsgroupes du choco<strong>la</strong>t par des campagnes dénonçant <strong>le</strong>s conditions d’exploitation des travail<strong>le</strong>urs et des enfantsdans <strong>le</strong>s p<strong>la</strong>ntations de cacao en Afrique de l’Ouest.En sus de cette activité politique de campagne, el<strong>le</strong>s mènent des actions de p<strong>la</strong>idoyer importantes au niveauinternational (point 4 de ce paragraphe) que national <strong>pour</strong> créer un cadre favorab<strong>le</strong> au développement d’uncommerce plus équitab<strong>le</strong>.D’autre part, l’activité d’Education au développement qui vise à informer et sensibiliser <strong>le</strong> grand public etnotamment <strong>le</strong>s plus jeunes, permet d’expliquer ce qu’est <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans sa globalité avec ses enjeux66


Etude PFCE « Identifier et <strong>le</strong>ver <strong>le</strong>s freins au développement du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s politiques d’achat des entreprises » Février 2010politiques, sociaux et économiques. Cette action est essentiel<strong>le</strong> <strong>pour</strong> faire connaître <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>auprès des citoyens qui sont aussi des consommateurs.Focus : <strong>la</strong> campagne Territoires de <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>Une Campagne qui fédère <strong>le</strong>s acteurs clés du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>Initiée par Max Have<strong>la</strong>ar, "Territoires de commerce équitab<strong>le</strong>" est aujourd'hui co-porté par <strong>la</strong> fédération Artisans duMonde et <strong>la</strong> P<strong>la</strong>te-forme <strong>pour</strong> <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>.Une démarche et un engagementUne véritab<strong>le</strong> démarche de progrès, co-construite avec <strong>le</strong>s acteurs locaux <strong>pour</strong> un commerce équitab<strong>le</strong> à plusgrandeéchel<strong>le</strong>.Un engagement sur <strong>le</strong> long terme incitant <strong>le</strong> développement des achats publics responsab<strong>le</strong>s, et favorisant <strong>la</strong>sensibilisation des citoyens et des acteurs des territoires aux enjeux du commerce équitab<strong>le</strong>Pour toutes <strong>le</strong>s col<strong>le</strong>ctivitésToutes cel<strong>le</strong>s désireuses de faire connaître et de contribuer à développer <strong>le</strong> commerce équitab<strong>le</strong> : de <strong>la</strong> plus petitejusqu'à <strong>la</strong> région en passant par l'agglomération.Pourquoi s’engager ?Le principal enjeu est un réel développement du commerce équitab<strong>le</strong> : comprendre, faire connaître et consommerplus <strong>pour</strong> stimu<strong>le</strong>r <strong>le</strong> développement de l'offre de produits équitab<strong>le</strong>s mais aussi favoriser <strong>le</strong>ur accessibilité.Déclinaison française de FairTrade Towns in EuropeInitiative britannique <strong>la</strong>ncée en 2000, <strong>le</strong> projet européen "Fairtrade Towns in Europe" connaît un succèsgrandissant. Territoires de <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> s'inscrit dans cette dynamique devenue aujourd'hui internationa<strong>le</strong>.Pour obtenir <strong>le</strong> titre de Territoires de <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s col<strong>le</strong>ctivités doivent remplir 5 objectifs :La col<strong>le</strong>ctivité vote une délibération et s’engage à acheter des produits issus du commerce équitab<strong>le</strong>La col<strong>le</strong>ctivité sensibilise et invite <strong>le</strong>s « points de vente » (tous types de commerce) de son territoire àvendre des produits équitab<strong>le</strong>sLa col<strong>le</strong>ctivité sensibilise et invite <strong>le</strong>s « acteurs clés » (entreprises, artisans, associations, etc.) à consommerdes produits équitab<strong>le</strong>sLa col<strong>le</strong>ctivité communique sur <strong>le</strong>s actions qu'el<strong>le</strong> réalise dans <strong>le</strong> cadre de <strong>la</strong> campagne (sur son site Internetet dans <strong>la</strong> presse) et organise des évènements <strong>pour</strong> sensibiliser aux enjeux du commerce équitab<strong>le</strong>La col<strong>le</strong>ctivité crée <strong>le</strong> Conseil Local <strong>pour</strong> <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>, lieu d'échanges et de propositions sur <strong>la</strong>campagne14 col<strong>le</strong>ctivités françaises se sont vues décerner <strong>le</strong> titre de « Territoire de <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> » <strong>le</strong> 18 novembre2009 : <strong>le</strong>s vil<strong>le</strong>s d’Alfortvil<strong>le</strong>, Boulogne, Cluses, Dijon, Longjumeau, Lyon, Mouans Sartroux, Nantes, Paris, Saint-Paulde <strong>la</strong> Réunion, Tours, <strong>le</strong>s Conseils régionaux du Nord Pas de Ca<strong>la</strong>is et des Pays de <strong>la</strong> Loire.Ces 14 col<strong>le</strong>ctivités viennent rejoindre <strong>le</strong>s 735 territoires titrés dans <strong>le</strong> monde depuis 2000, parmi <strong>le</strong>squels Londres,Rome, Bruxel<strong>le</strong>s, Copenhague et <strong>la</strong> vil<strong>le</strong> pionnière de Garstang au Royaume-Uni.Plus d’information : http://www.territoires-ce.fr67


Etude PFCE « Identifier et <strong>le</strong>ver <strong>le</strong>s freins au développement du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s politiques d’achat des entreprises » Février 20103) Les grandes institutions internationa<strong>le</strong>sIl faut rappe<strong>le</strong>r que si un des objectifs du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> est de permettre à des producteursdéfavorisés d’obtenir des débouchés commerciaux, ce<strong>la</strong> s’accompagne aussi d’un objectif de changer <strong>le</strong>s règ<strong>le</strong>sdu commerce international. Ainsi, depuis 2004, <strong>le</strong> regroupement FINE a développé une activité « p<strong>la</strong>idoyer» quicoordonne <strong>le</strong>s activités politiques de ses différents membres au niveau européen et international. Le but est dereprésenter et de porter <strong>la</strong> voix de l’ensemb<strong>le</strong> du mouvement auprès des différentes organisationsinternationa<strong>le</strong>s (PNUD, OMC, FAO, Union Européenne entre autres).A l’échel<strong>le</strong> nationa<strong>le</strong>, c’est <strong>la</strong> P<strong>la</strong>te <strong>Forme</strong> <strong>pour</strong> <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> qui tient <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> de coordination si chaquestructure maintient ses propres activités de lobbying et d’information. La structuration de l’ensemb<strong>le</strong> des acteursau sein de col<strong>le</strong>ctifs permettant de porter des thématiques communes <strong>pour</strong> défendre <strong>le</strong>s intérêts du mouvementest une des clés de <strong>la</strong> réussite du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>. La visibilité et <strong>la</strong> crédibilité s’en retrouvent accrues mêmesi des divergences peuvent toujours apparaître ponctuel<strong>le</strong>ment sur certains sujets. Aujourd’hui, <strong>la</strong> PFCE est uninterlocuteur incontournab<strong>le</strong> des pouvoirs publics notamment dans <strong>le</strong> cadre de l’attribution de subventions oudans <strong>la</strong> cadre de <strong>la</strong> régu<strong>la</strong>tion publique. Cependant, de nombreuse initiatives de <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>, à petiteéchel<strong>le</strong> et localisées, sont encore isolées ou peuvent dans <strong>le</strong> cadre d’autres col<strong>le</strong>ctifs se mettent en porte à fauxavec <strong>le</strong>s principaux acteurs du mouvement.Les succès politiques en termes de « p<strong>la</strong>idoyer » <strong>pour</strong> <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> sont encore limités. Ils se bornent<strong>pour</strong> <strong>le</strong> moment à une reconnaissance du mouvement, de ses principes et de <strong>la</strong> va<strong>le</strong>ur ajoutée qu’il peut apporterdans <strong>la</strong> résolution de certains problèmes : pauvreté, sécurité alimentaire, inégalité des échanges…Toutes <strong>le</strong>sgrandes institutions se sont aujourd’hui positionnées en faveur du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>. Des déc<strong>la</strong>rationsd’intentions suivies d’actes ?Il est évident que <strong>la</strong> reconnaissance de critères sociaux et environnementaux dans <strong>le</strong>s règ<strong>le</strong>s du commerceinternationa<strong>le</strong>, une TVA réduite ou <strong>la</strong> suppression des tarifs douaniers à l’échel<strong>le</strong> européenne <strong>pour</strong> <strong>le</strong>s produits du<strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> permettraient de fournir un cadre favorab<strong>le</strong> au développement du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>.Après avoir étudié <strong>le</strong>s re<strong>la</strong>tions historiques entre <strong>le</strong>s entreprises conventionnel<strong>le</strong>s et <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>et <strong>le</strong>s perspectives que ce<strong>la</strong> ouvrait, nous avons re<strong>le</strong>vé <strong>le</strong>s freins opérationnels et stratégiques propres auxentreprises conventionnel<strong>le</strong>s <strong>pour</strong> <strong>le</strong> développement du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>ur politique d’achats. Ceparagraphe a permis d’identifier <strong>le</strong>s différentes parties prenantes, directes et indirectes, susceptib<strong>le</strong>s d’agir <strong>pour</strong>que <strong>le</strong>s entreprises conventionnel<strong>le</strong>s s’engagent plus volontairement. Nous allons voir maintenant <strong>le</strong>s évolutionsrécentes et possib<strong>le</strong>s du modè<strong>le</strong> même du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>la</strong> perspective de l’engagement desentreprises conventionnel<strong>le</strong>s ainsi que <strong>le</strong>s risques et tensions que ce<strong>la</strong> <strong>pour</strong>rait engendrer.69


Etude PFCE « Identifier et <strong>le</strong>ver <strong>le</strong>s freins au développement du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s politiques d’achat des entreprises » Février 2010IV- Quel modè<strong>le</strong> de <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> <strong>pour</strong> un engagement des entreprisesconventionnel<strong>le</strong>s ?Dans un premier temps, nous analyserons <strong>le</strong>s éléments du mix-marketing du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> en re<strong>le</strong>vant<strong>le</strong>ur évolution déjà en cours et <strong>le</strong>s tendances qui <strong>pour</strong>raient se dégager demain dans <strong>le</strong> cadre d’une intégrationdes entreprises conventionnel<strong>le</strong>s. Ensuite, nous considérerons <strong>la</strong> f<strong>le</strong>xibilité des standards, en particulier celui deFLO, qui <strong>pour</strong>rait être accentuée <strong>pour</strong> s’adapter à une croissance induite par <strong>la</strong> participation des entreprisesconventionnel<strong>le</strong>s. Enfin, nous mettrons en perspective <strong>la</strong> question du développement du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> auregard d’enjeux internationaux : petits producteurs et intégration vertica<strong>le</strong> des supply chains engendrée par <strong>la</strong>concentration du pouvoir entre <strong>le</strong>s mains de grands groupes industriels et de distribution, <strong>le</strong> développementpotentiel d’un commerce équitab<strong>le</strong> Sud-Sud de par <strong>la</strong> globalisation des marques et des réseaux de distribution etenfin <strong>la</strong> régu<strong>la</strong>tion à l’échel<strong>le</strong> mondia<strong>le</strong> du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> qui pose plus généra<strong>le</strong>ment <strong>la</strong> régu<strong>la</strong>tion ducommerce mondial <strong>pour</strong> plus d’équité.A) Analyse du marketing mix du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>1) Le Prix : une image de « cherté » à mettre en perspectiveEn règ<strong>le</strong> généra<strong>le</strong>, <strong>le</strong> prix d’achat <strong>pour</strong> <strong>le</strong>s entreprises et au final <strong>pour</strong> <strong>le</strong> consommateur d’un produit issu du<strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> est plus é<strong>le</strong>vé. Certains éléments permettent de réduire l’écart avec <strong>le</strong> prix d’un produitéquiva<strong>le</strong>nt sur <strong>le</strong> marché conventionnel.- Des prix du marché en tendance haussière dans <strong>la</strong> durée. Ainsi, <strong>le</strong> prix de certaines denrées agrico<strong>le</strong>s estmécaniquement en hausse depuis 2 ans environ (café, cacao, céréa<strong>le</strong>s notamment) ce qui facilite à courttermel’engagement des entreprises. La question est posée d’un engagement sur <strong>le</strong> long-terme desentreprises conventionnel<strong>le</strong>s lorsque <strong>le</strong> différentiel entre <strong>le</strong>s prix du marché et du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>sera de nouveau important.- Pour <strong>le</strong>s professionnels, un raisonnement en CGA (Coût Global d’Achats) permet d’intégrer des coûtsindirects. Le prix d’achat ainsi que <strong>la</strong> redevance versée à l’association Max Have<strong>la</strong>ar, incluent <strong>le</strong> contrô<strong>le</strong>qualité, une traçabilité physique du produit, <strong>la</strong> mise en re<strong>la</strong>tion avec des fournisseurs, des critères sociauxet environnementaux é<strong>le</strong>vés, <strong>la</strong> certification du respect de ces critères par un organisme tiers. Des calculsde coût en CGA <strong>pour</strong>raient permettre de re<strong>la</strong>tiviser <strong>le</strong> coût considéré a priori comme plus é<strong>le</strong>vé et qui est,en totalité ou en partie, répercuté au consommateur.- Un changement d’échel<strong>le</strong> permet éga<strong>le</strong>ment d’absorber une partie du différentiel. Le coût de <strong>la</strong>certification est aussi dépendant des volumes et du nombre d’opérateurs engagés (coût mutualisé). Sur<strong>le</strong>s filières encore peu dynamiques commercia<strong>le</strong>ment et encore plus sur cel<strong>le</strong>s où <strong>le</strong> coût de <strong>la</strong> maind’œuvre représente <strong>le</strong> principal coût (fruits, légumes en particulier), l’écart entre <strong>le</strong> prix conventionnel et<strong>le</strong> prix <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> peut être un vrai obstac<strong>le</strong> à <strong>la</strong> pénétration du marché. C’est <strong>pour</strong> cette raisonque nous avons noté l’importance de l’engagement des réseaux de distribution conventionnels quipeuvent permettre <strong>le</strong> changement d’échel<strong>le</strong>, en particulier lorsqu’ils décident de convertir l’ensemb<strong>le</strong>d’une gamme de produits en <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>.- Cependant, il faut aussi s’interroger si, dans certains cas, ce n’est pas <strong>le</strong> produit conventionnel qui neserait pas assez cher : <strong>le</strong>s subventions très lourdes accordées à certaines production agrico<strong>le</strong> du nord(coton américain par exemp<strong>le</strong>) ou <strong>le</strong>s sa<strong>la</strong>ires inférieures au minimum vital payées dans certainesp<strong>la</strong>ntations (notamment en Amérique Latine) ou usines (on pensera au texti<strong>le</strong> en Asie du Sud-Est) sontdes biais à une comparaison objective des écarts de prix. Sur <strong>la</strong> base de critères sociaux etenvironnementaux, une baisse de <strong>la</strong> TVA voire une TVA 0% ou une suppression des tarifs douaniers <strong>pour</strong>70


Etude PFCE « Identifier et <strong>le</strong>ver <strong>le</strong>s freins au développement du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s politiques d’achat des entreprises » Février 2010<strong>le</strong>s produits du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> en Europe permettraient d’établir une concurrence équitab<strong>le</strong> avec<strong>le</strong>s produits conventionnels ayant un impact négatif sur <strong>le</strong>s conditions socia<strong>le</strong>s des travail<strong>le</strong>urs etl’environnement.Il faut rappe<strong>le</strong>r aussi que <strong>le</strong> prix plus é<strong>le</strong>vé (même si ce n’est pas une fin mais un moyen) payé dans <strong>la</strong> logique de<strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> :- Garantit que des critères sociaux et environnementaux é<strong>le</strong>vés sont respectés- Permet une traçabilité des produits- Est un argument marketing <strong>pour</strong> un produit portant <strong>le</strong> <strong>la</strong>bel- Permet de toucher une clientè<strong>le</strong> sensib<strong>le</strong> aux problématiques de développement durab<strong>le</strong>- S’intègre à <strong>la</strong> politique RSE de l’entreprise- Donne aux producteurs <strong>le</strong>s moyens d’assurer et de développer une production de qualitéIl est vrai cependant que <strong>le</strong> prix plus é<strong>le</strong>vé payé par <strong>le</strong> consommateur équitab<strong>le</strong> dans <strong>la</strong> mesure où <strong>le</strong>différentiel n’est pas excessif sur des produits comparab<strong>le</strong>s, est un élément justificatif de l’apport du<strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> <strong>pour</strong> <strong>le</strong>s producteurs. Dans <strong>le</strong> point suivant, nous étudierons donc ce que ce<strong>la</strong> impliqueen termes de positionnement des produits, <strong>le</strong>s avantages et <strong>le</strong>s limites d’un tel positionnement.2) Produits : va<strong>le</strong>ur ajoutée, positionnement et é<strong>la</strong>rgissement des segmentsde marchéLe coût plus é<strong>le</strong>vé du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> justifié par <strong>la</strong> garantie du respect de critères sociaux etenvironnementaux é<strong>le</strong>vés ainsi que par une communication poussée sur <strong>la</strong> qualité des produits du <strong>Commerce</strong>Equitab<strong>le</strong> a permis de positionner <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> sur un marché « haut-de-gamme » s’adressantdésormais à une frange de consommateurs plutôt aisés, jeunes et urbains recherchant éga<strong>le</strong>ment <strong>la</strong> satisfactionpersonnel<strong>le</strong> dans l’achat équitab<strong>le</strong>. C’est une tendance actuel<strong>le</strong> assez marquée avec dans <strong>le</strong> secteur agroalimentairedes produits « gourmet » (é<strong>la</strong>borés) ou orientés « <strong>pour</strong> <strong>la</strong> santé », dans <strong>le</strong> secteur texti<strong>le</strong> desvêtements chics et mode et dans <strong>le</strong> secteur de l’artisanat, <strong>la</strong> valorisation de techniques et de matière premières<strong>pour</strong> des objets « artistiques » plus qu’artisanaux.En fonction des marchés, <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> <strong>pour</strong> être compétitif doit apporter une va<strong>le</strong>ur ajoutée. Il s’agitdonc de savoir dans quel<strong>le</strong> mesure un produit du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> qui s’inscrit dans un marché concurrentie<strong>la</strong>pporte une va<strong>le</strong>ur ajoutée par rapport aux produits existants <strong>pour</strong> s’y substituer plus que de créer un marché deniche parallè<strong>le</strong> aux produits conventionnels.Ces éléments doivent être tangib<strong>le</strong>s <strong>pour</strong> <strong>le</strong> consommateur.1) Des préoccupations socia<strong>le</strong>s et environnementa<strong>le</strong>s fortes2) La qualité (exemp<strong>le</strong> du café et du choco<strong>la</strong>t)3) L’innovation, l’originalitéCependant en s’orientant vers un marché haut-de-gamme, <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> réduit éga<strong>le</strong>ment son audiencepotentiel<strong>le</strong> en minimisant l’importance de consommateurs moins aisés soucieux d’acquérir aussi des produits dequalité. Nous avons vu que <strong>le</strong> développement des MDD répond en partie à cette question mais que <strong>le</strong>s71


Etude PFCE « Identifier et <strong>le</strong>ver <strong>le</strong>s freins au développement du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s politiques d’achat des entreprises » Février 2010entreprises conventionnel<strong>le</strong>s ou spécialisées <strong>pour</strong>raient éga<strong>le</strong>ment se positionner sur ce nouveau segment. Ce<strong>la</strong>implique de proposer des produits plus standardisés avec des volumes permettant des économies d’échel<strong>le</strong>considérab<strong>le</strong>. En couvrant sur différents segments de produits <strong>le</strong> marché « haut-de-gamme » et « entrée degamme », <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> serait susceptib<strong>le</strong> de devenir un standard générique <strong>pour</strong> de nombreuxsecteurs d’activité plus qu’un segment de marché en lui-même.Pour <strong>le</strong>s produits alimentaires, une grande partie de <strong>la</strong> production mondia<strong>le</strong> est issue de petits producteursqu’ils soient autonomes, organisés en coopératives ou travail<strong>la</strong>nt dans des p<strong>la</strong>ntations en tant que sa<strong>la</strong>riés outravail<strong>le</strong>urs saisonniers. Le potentiel d’é<strong>la</strong>rgissement du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> à d’autres producteurs est doncconsidérab<strong>le</strong>. De nombreux producteurs cultivent et vendent des produits de moindre qualité que ceuxactuel<strong>le</strong>ment proposés par <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> notamment <strong>pour</strong> <strong>la</strong> café (du Vietnam en particulier que l’onretrouve <strong>la</strong>rgement dans <strong>la</strong> restauration de proximité et col<strong>le</strong>ctive). Le <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> <strong>pour</strong>rait aussis’adresser à ces producteurs. Ce<strong>la</strong> demande en revanche une évolution des standards quant à :- l’introduction de <strong>la</strong> notion de qualité dans <strong>la</strong> fixation du prix- l’ouverture vers des modè<strong>le</strong>s d’organisation autres que <strong>le</strong>s coopératives- <strong>la</strong> prise en compte de nouvel<strong>le</strong>s zones géographiques et l’adaptation des standards et des critères auxdifférentes particu<strong>la</strong>rités loca<strong>le</strong>s et régiona<strong>le</strong>sCette f<strong>le</strong>xibilité des standards est examinée dans <strong>le</strong> point B) du Chapitre. Notons déjà que FLO a déjà <strong>pour</strong>d’autres raisons fait évoluer ses standards <strong>pour</strong> pouvoir intégrer <strong>le</strong>s travail<strong>le</strong>urs des p<strong>la</strong>ntations et développer desfilières plus comp<strong>le</strong>xes en particulier <strong>le</strong> texti<strong>le</strong> avec <strong>le</strong> coton équitab<strong>le</strong>. En choisissant cette voie, nous avons vuaussi <strong>le</strong> risque de concurrence entre producteurs en fonction de <strong>le</strong>ur niveau d’intégration au marché, <strong>le</strong> risque dedéphasage avec <strong>le</strong>s objectifs initiaux et <strong>le</strong> mouvement militant ainsi que <strong>le</strong>s recoupements avec <strong>le</strong>s objectifs et <strong>le</strong>sorganisations du commerce éthique.En ce qui concerne l’artisanat, nous avons évoqué dans un premier temps <strong>le</strong> potentiel dans <strong>le</strong>s réseaux dedistribution spécialisés (décoration, mobilier, jouets, bijoux…). Jusque récemment, <strong>le</strong>s produits artisanauxproposés avaient une connotation ethnique et solidaire. L’évolution actuel<strong>le</strong> va vers une production moinsartisana<strong>le</strong>, plus standardisée et adaptée aux goûts des consommateurs des pays du Nord. De nombreuxinvestissements techniques et financiers ont permis au secteur de l’artisanat équitab<strong>le</strong> de progresser en termesde qualité et de créativité <strong>pour</strong> pouvoir s’adapter aux exigences d’une consommation é<strong>la</strong>rgie au-delà du cerc<strong>le</strong>des consommateurs militants. Comme <strong>pour</strong> <strong>le</strong> secteur alimentaire, il existe des opportunités dans <strong>le</strong> marché hautde-gammeavec des objets d’art qui <strong>pour</strong>raient être produits par des artisans maitrisant <strong>le</strong>s techniques defabrication et <strong>le</strong>ur propre outil de production. Une autre possibilité existe comme <strong>pour</strong> l’alimentaire dans desproduits plus standardisés développés selon un modè<strong>le</strong> semi-industriel. Cette évolution entraînerait comme ce<strong>la</strong>a été <strong>le</strong> cas <strong>pour</strong> <strong>le</strong>s produits alimentaires d’évidentes tensions dans <strong>le</strong> mouvement du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> entreproducteurs, opérateurs spécialisés et ONG. Les discussions et <strong>le</strong>s débats autour du standard SFTMS au sein duWFTO traduisent aussi <strong>le</strong>s inquiétudes autour de cette évolution possib<strong>le</strong> même si n’est pas <strong>le</strong> seul sujet freinantl’apparition d’un tel standard.Pour <strong>le</strong> secteur texti<strong>le</strong>, nous avons noté <strong>le</strong> fait que co-existaient des vêtements issus de filières 100%équitab<strong>le</strong>s et des vêtements en coton <strong>pour</strong> <strong>le</strong> grand public et <strong>pour</strong> <strong>le</strong>s professionnels issus de <strong>la</strong> filière coton<strong>la</strong>bellisée FairTrade. Les premiers se retrouvent <strong>pour</strong> partie dans <strong>le</strong>s magasins de <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> ou dans <strong>le</strong>sboutiques de mode. On retrouve <strong>le</strong>s seconds plutôt en grande distribution même si <strong>le</strong>ur imp<strong>la</strong>ntation est encorefaib<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s rayons. La filière <strong>la</strong>bellisée a d’abord dans un premier temps permis de défendre une productionde qualité et des méthodes de culture traditionnel<strong>le</strong>s en Afrique de l’Ouest tout en re<strong>la</strong>nçant des entreprises72


Etude PFCE « Identifier et <strong>le</strong>ver <strong>le</strong>s freins au développement du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s politiques d’achat des entreprises » Février 2010européennes de transformation face aux importations de texti<strong>le</strong> bon marché dans <strong>le</strong>s pays d’Asie du Sud-Estnotamment. Cependant, <strong>le</strong> développement de filières de coton en Asie et en Amérique <strong>la</strong>tine, structurel<strong>le</strong>mentplus efficaces, ainsi que <strong>la</strong> certification d’usines de transformation dans des pays à faib<strong>le</strong> coût de main d’œuvreremettent en cause cette situation. Ce<strong>la</strong> correspond aux besoins de changement d’échel<strong>le</strong> du <strong>Commerce</strong>Equitab<strong>le</strong> mais c’est aussi <strong>la</strong> prise en compte de <strong>la</strong> réalité de <strong>la</strong> situation de l’économie mondia<strong>le</strong> et des pays duSud aux détriments d’intérêts nationaux. On peut s’interroger sur l’évolution de cette tendance qui <strong>pour</strong>rait demanière naturel<strong>le</strong> amener à certifier de nombreux producteurs et usines de transformation en Asie du Sud Est,reproduisant ainsi <strong>le</strong>s schémas actuels des chaînes d’approvisionnement mondia<strong>le</strong>s. Le modè<strong>le</strong> s’orienterait doncvers <strong>la</strong> recherche de plus d’équité <strong>pour</strong> <strong>le</strong>s producteurs et <strong>le</strong>s travail<strong>le</strong>urs dans <strong>le</strong> commerce mondial ens’adaptant à celui-ci et en <strong>le</strong> faisant évoluer de l’intérieur, ce qui confirmerait <strong>la</strong> tendance réformiste initiée par <strong>le</strong><strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> tel que promu par FLO.En é<strong>la</strong>rgissant son champ d’intervention dans des industries comp<strong>le</strong>xes, <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> <strong>pour</strong>rait s’inscrireà terme en amont des champs d’approvisionnement dans des secteurs très divers : foresterie, production deminéraux et de minerais, <strong>la</strong> pêche, l’é<strong>le</strong>vage, l’industrie culturel<strong>le</strong>, l’ensemb<strong>le</strong> de l’industrie texti<strong>le</strong> voir <strong>le</strong>sservices (transport, médias, services de distribution…). En s’inscrivant dans <strong>la</strong> démarche éthique, <strong>le</strong>s organisationsdu <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> <strong>pour</strong>raient être partie prenantes dans des initiatives sectoriel<strong>le</strong>s tel<strong>le</strong>s quel’informatique, l’énergie, <strong>le</strong> bâtiment, l’industrie pharmaceutique où certains éléments de <strong>la</strong> chaîne de va<strong>le</strong>urajoutée peuvent re<strong>le</strong>ver du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>.73


Etude PFCE « Identifier et <strong>le</strong>ver <strong>le</strong>s freins au développement du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s politiques d’achat des entreprises » Février 2010Focus : <strong>le</strong>s fruits frais, un marché prometteur sous contraintesSelon FLO, <strong>le</strong>s ventes de fruits frais (hors banane) ont atteint 26 000 tonnes en 2008, loin des presque300 000 tonnes uniquement <strong>pour</strong> <strong>la</strong> banane. Les ventes ont été réalisées en quasi-totalité sur <strong>le</strong> marchéeuropéen. La croissance globa<strong>le</strong> du segment a été en volume de 1%. En France, ce sont 1 000 tonnes defruits frais qui ont trouvé des débouchés soit une croissance de 30% par rapport à 2007. Environ 10% desfruits équitab<strong>le</strong>s sont aussi certifiés biologiques. Dans <strong>la</strong> liste des produits disponib<strong>le</strong>s, on retrouveaujourd’hui : ananas, mangues, oranges, citrons, clémentines, avocats, lychees, noix de coco, poires,pommes ainsi que d’autres fruits tropicaux. Les premiers fruits frais ont été importés en 2002 parAgrofair <strong>pour</strong> une distribution dans <strong>le</strong> réseau Co-op au Royaume-Uni. Les fruits frais n’ont pas atteint departs de marché significatives sur <strong>le</strong>s principaux marchés européens contrairement à <strong>la</strong> banane (àl’exception de l’ananas en Suisse avec 12,5% de parts de marché). AgroFair a été créé en 1996 par uneONG néer<strong>la</strong>ndaise ; c’est <strong>la</strong> première société du monde à appliquer <strong>le</strong>s normes de commerce équitab<strong>le</strong> àl’industrie d’exportation de fruits. El<strong>le</strong> coordonne et facilite <strong>le</strong> flux logistique et <strong>la</strong> transformation desproduits sans avoir en fait son propre parc de camions ou des instal<strong>la</strong>tions de mûrissement. La sociétéreprésente <strong>le</strong>s intérêts des producteurs de pays en développement dans <strong>le</strong> marché européen. El<strong>le</strong> estbasée à Barendrecht, aux Pays-Bas, et possède des filia<strong>le</strong>s en Italie, au Royaume-Uni, en France, aux USAet en Fin<strong>la</strong>nde.Les consommateurs européens p<strong>la</strong>cent <strong>la</strong> santé comme une préoccupation majeure, ce qui se traduitnotamment par un régime équilibré. Des campagnes de santé publique <strong>le</strong>s invitent à consommer entre 5et 10 fruits et légumes par jour. La consommation de fruits tropicaux est en nette hausse, étant perçuscomme nourrissants, sains, attirants et originaux (Sabbe, S., Verbeke, W. & Van Damme, P. (2008).D’autre part, <strong>le</strong>s multinationa<strong>le</strong>s ont dû mettre en p<strong>la</strong>ce des programmes sur <strong>le</strong> terrain <strong>pour</strong> répondre auxpréoccupations socia<strong>le</strong>s et environnementa<strong>le</strong>s des ONG et des consommateurs. Les différentesaccusations portées contre <strong>le</strong>s multinationa<strong>le</strong>s de <strong>la</strong> banane quant aux condtions de travail dans <strong>le</strong>sp<strong>la</strong>ntations expliquent d’ail<strong>le</strong>urs en partie <strong>le</strong> succès de <strong>la</strong> banane équitab<strong>le</strong> et l’engagement de grandsgroupes tels que Do<strong>le</strong> dans <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>. Le potentiel de croissance <strong>pour</strong> <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong>Equitab<strong>le</strong> sur ce segment est donc important.Pourtant, en terme de positionnement marketing, si <strong>le</strong> bio a réussi à se faire identifier comme étant « bon<strong>pour</strong> <strong>la</strong> santé », <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> jouit plutôt d’une image « qualité ». D’autre part, <strong>le</strong>s filières fruitsfrais ont connu des problèmes de qualité ces dernières années en raison essentiel<strong>le</strong>ment de difficultésdans <strong>la</strong> chaîne logistique. Le <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> s’est d’abord adressé aux producteurs de fruit <strong>le</strong>s plusmarginalisés économiquement et géographiquement. Les investissements <strong>pour</strong> satisfaire aux exigencesde qualité, respecter <strong>le</strong>s normes du marché européen (Eurepgap et HACCP) sont considérab<strong>le</strong>s parrapport aux capacités de ces groupements malgré <strong>le</strong> soutien technique et financier des organisations de<strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> <strong>pour</strong> organiser <strong>le</strong>s producteurs et renforcer <strong>le</strong>urs capacités. Agrofair a créé l’AFAD(AgroFair Assistance & Development Foundation) en 2002 <strong>pour</strong> contribuer à améliorer <strong>le</strong>sinfrastructures de manutention pré- et poste-récolte.74


Etude PFCE « Identifier et <strong>le</strong>ver <strong>le</strong>s freins au développement du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s politiques d’achat des entreprises » Février 20109D’autre part, <strong>le</strong> marché des fruits frais fait l’objet d’une concentration croissante au niveau des réseauxde distribution qui réduisent au maximum <strong>le</strong>ur nombre de fournisseurs tout en demandantl’é<strong>la</strong>rgissement des gammes. Les grandes sociétés d’importation étendent donc <strong>le</strong>urs sourcing à l’échel<strong>le</strong>mondia<strong>le</strong> en s’adressant à des centres régionaux sur <strong>le</strong>s différents continents. L’AFAD s’est efforcée des’adapter à cette évolution en créant des liens et des alliances entre <strong>le</strong>s producteurs certifiés et ces centresrégionaux (Waff au Ghana, Cauquen en Argentine ou FruitOne en Afrique du Sud). De nouvel<strong>le</strong>scontraintes apparaissent avec <strong>le</strong>s exigences de mesure de l’impact carbone et de traçabilité, obligeantl’AFAD à investir dans <strong>la</strong> réalisation d’études sur l’empreinte carbone des filières de fruits frais (en lienavec des instituts de recherche à La Haye) et sur <strong>le</strong> développement de systèmes d’informationaccessib<strong>le</strong>s aux producteurs (avec <strong>le</strong> soutien de <strong>la</strong> GET Support Foundation aux Pays-Bas).Une possibilité serait donc de se tourner vers <strong>le</strong>s grandes multinationa<strong>le</strong>s susceptib<strong>le</strong>s de résoudre <strong>le</strong>sproblématiques de qualité, de logistique et d’économies d’échel<strong>le</strong>. Cependant, <strong>le</strong> risque comme dansd’autres filières, est d’exclure <strong>le</strong>s petits producteurs <strong>le</strong>s plus marginalisés <strong>pour</strong> se concentrer sur desorganisations déjà intégrées au marché voire des p<strong>la</strong>ntations. L’objectif serait de faire cohabiter <strong>le</strong>s deuxmodè<strong>le</strong>s, équilibre constamment recherché par FLO.Jusqu’à présent, sur ces filières, FLO a fait <strong>le</strong> choix de se concentrer sur <strong>le</strong> soutien aux groupes <strong>le</strong>s plusmarginalisés. Aujourd’hui, <strong>la</strong> question du prix minimal <strong>pour</strong> <strong>le</strong>s fruits frais est comp<strong>le</strong>xe. Ainsi, <strong>le</strong>sfruits frais importés sont vendus majoritairement en consignation. Le producteur reçoit un prix quidépend des fluctuations quotidiennes du cours sur <strong>le</strong> marché. Ensuite, <strong>le</strong> prix minimal se heurte à <strong>la</strong>dynamique de marché : <strong>le</strong>s taux de change peuvent évoluer rapidement et <strong>le</strong>s coûts des intrantsagrico<strong>le</strong>s augmentent régulièrement. Ce<strong>la</strong> rend en partie inuti<strong>le</strong> <strong>la</strong> plupart des processusd’établissement de prix minimum. Si <strong>le</strong> prix minimum défini par un standard n’est pas remis en cause,en revanche, FLO ne propose pas <strong>pour</strong> <strong>le</strong>s nouveaux fruits frais de prix minimum au départ afin que cesproduits trouvent rapidement <strong>le</strong>ur p<strong>la</strong>ce sur <strong>le</strong> marché. Une fois <strong>le</strong>s chaînes d’approvisionnement et <strong>le</strong>sdébouchés consolidés, ces fruits feront l’objet d’une étude de standard de prix minimum.La stratégie définie par FLO vise donc d’abord à é<strong>la</strong>rgir <strong>la</strong> gamme de produits disponib<strong>le</strong>s avec despetites organisations de producteurs et à pénétrer <strong>le</strong>s différents marchés même margina<strong>le</strong>ment dans unpremier temps plutôt que de se concentrer uniquement sur <strong>le</strong>s filières existantes, ce qui n’interdit pas untravail à ce niveau.D’autre part, <strong>la</strong> seconde stratégie consiste à proposer des produits transformés, avec plus de va<strong>le</strong>urajoutée (jus, compotes, pâtes de fruits, confitures, fruits au sirop, fruits séchés). Ce<strong>la</strong> permet auxproducteurs de trouver de nouveaux débouchés <strong>pour</strong> différents niveaux de qualité de <strong>le</strong>ur production.Intégrer <strong>le</strong>s nouveaux fruits référencés dans des recettes plus comp<strong>le</strong>xes (<strong>la</strong> pomme, <strong>la</strong> poire et <strong>le</strong> raisinétant essentiel<strong>le</strong>s dans beaucoup de jus et de compotes) permet éga<strong>le</strong>ment <strong>la</strong> création de produitsadaptés à <strong>la</strong> demande des consommateurs dans <strong>le</strong>s enseignes de grande distribution.Sources : AFAD (David Boselie, 2007) ; FAO (Etude « THE MARKET FOR ORGANIC AND FAIR-TRADE MANGOES AND PINEAPPLES », Septembre 2009)75


Etude PFCE « Identifier et <strong>le</strong>ver <strong>le</strong>s freins au développement du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s politiques d’achat des entreprises » Février 20103) La P<strong>la</strong>ce : quels réseaux de distribution <strong>pour</strong> quel <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> ?Nous venons de voir que <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> équitab<strong>le</strong> peut étendre son influence <strong>pour</strong> de nombreux produitssur de <strong>la</strong>rges segments de marchés dans de nombreuses activités économiques. Plus pragmatiquement, nousétudions maintenant au moins <strong>pour</strong> <strong>le</strong>s produits existants <strong>la</strong> question des circuits de distribution déjà abordés enplusieurs occasions dans l’étude.Nous avons re<strong>le</strong>vé dans <strong>la</strong> partie I que l’on retrouvait aujourd’hui <strong>le</strong>s produits du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>scircuits alternatifs (magasins de commerce équitab<strong>le</strong>, biologiques), dans <strong>la</strong> grande distribution (65% des ventesaujourd’hui), dans <strong>la</strong> restauration hors domici<strong>le</strong> (restaurants, bars, restauration col<strong>le</strong>ctive, consommation internedes entreprises). La présence est encore margina<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s enseignes de distribution spécialisées (vêtements,cosmétiques, décoration, mobilier, jouets…) mais que des perspectives existent dans ces réseaux sous condition.Là où ils sont présents, <strong>le</strong>s produits du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> peuvent gagner en visibilité en étant mieuxréférencés (c’est l’action des commerciaux qui visitent <strong>le</strong>urs clients notamment dans <strong>la</strong> grande distribution), avecun choix plus <strong>la</strong>rge de produits (sur <strong>le</strong>s filières existantes et à développer). Nous avons vu notamment que <strong>le</strong>sproduits du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> doivent être p<strong>la</strong>cés dans <strong>le</strong>s mêmes rayons que <strong>le</strong>s produits conventionnelsplutôt que sur des espaces dédiés.Là où ils sont peu présents voire absents, des discussions incluant à <strong>la</strong> fois <strong>le</strong>s industriels mais surtout <strong>le</strong>s réseauxde distribution peuvent amener à mieux comprendre <strong>le</strong>s besoins des consommateurs <strong>pour</strong> des produits éthiquesou responsab<strong>le</strong>s. Dans <strong>le</strong> secteur de l’artisanat, <strong>le</strong> potentiel dans <strong>le</strong>s magasins de jouets, de décoration, demobilier a été re<strong>le</strong>vé. On a vu que ce<strong>la</strong> passait par des réf<strong>le</strong>xions sur <strong>la</strong> <strong>la</strong>bellisation des produits et sur <strong>le</strong>développement de supply chains adaptées.En retrouvant l’ensemb<strong>le</strong> des gammes de produits du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s circuits conventionnels,<strong>pour</strong>rait se développer un art de vivre équitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s habitudes de consommation. Cependant, il faudraitétudier l’impact commercial que ce<strong>la</strong> aurait sur <strong>le</strong>s magasins spécialisés de <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>. Dans <strong>la</strong> premièrehypothèse, <strong>le</strong>s consommateurs ne trouveraient plus d’intérêt à al<strong>le</strong>r dans ces lieux puisqu’ils <strong>pour</strong>raient trouvertout type de produits équitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s réseaux de distribution conventionnels. La seconde hypothèse, plusoptimiste, donnerait l’occasion aux magasins de <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>, de proposer un choix plus <strong>la</strong>rge et originalde produits, de se professionnaliser, de se positionner sur des surfaces plus grandes et plus accessib<strong>le</strong>s tout enrestant des lieux de convivialité et d’information. Même s’il faut éviter <strong>le</strong>s parallè<strong>le</strong>s faci<strong>le</strong>s, on <strong>pour</strong>ra retrouver<strong>le</strong> schéma des magasins biologiques qui connaissent une croissance sans précédent malgré <strong>la</strong> concurrence de <strong>la</strong>grande distribution. Cette croissance est accompagne de l’intérêt des grandes marques <strong>pour</strong> proposer desproduits biologiques ainsi que des enseignes de <strong>la</strong> distribution <strong>pour</strong> développer des réseaux de distributionspécifiques (en rappe<strong>la</strong>nt l’intégration du réseau Naturalia au groupe Monoprix). Dans cette perspective, <strong>la</strong>croissance, <strong>le</strong> dynamisme et <strong>la</strong> professionnalisation du réseau indépendant Biocoop, <strong>le</strong>ader des réseaux dedistribution de produits biologiques, est à souligner comme une voie possib<strong>le</strong> d’alternative réussie.4) Promotion : stratégie et moyens de communicationNous allons tout d’abord étudier <strong>le</strong>s éléments de communication du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>, ce qu’ils véhicu<strong>le</strong>nt,comment <strong>le</strong> message a évolué ces dernières années. D’autre part, nous verrons quels sont éléments decommunication qui <strong>pour</strong>raient être différenciant et valorisants <strong>pour</strong> <strong>le</strong>s produits du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>.Ensuite, nous aborderons <strong>le</strong>s supports de communication et comment <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> doit s’y adapter.76


Etude PFCE « Identifier et <strong>le</strong>ver <strong>le</strong>s freins au développement du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s politiques d’achat des entreprises » Février 2010Historiquement, <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> a d’abord communiqué sur <strong>le</strong>s va<strong>le</strong>urs de solidarité et de soutien auxproducteurs défavorisés. Acheter un produit du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> était un geste militant. Avec l’introductiondes produits en grande distribution, <strong>le</strong>s entreprises spécialisées et l’association Max Have<strong>la</strong>ar ont communiquésur l’image des producteurs (<strong>la</strong> plupart du temps ils figuraient sur <strong>le</strong>s embal<strong>la</strong>ges), <strong>la</strong> notion de prix juste puis cesdernières années sur <strong>la</strong> qualité des produits <strong>pour</strong> <strong>le</strong>s positionner sur un segment haut-de-gamme.L’arrivée de produits « développement durab<strong>le</strong> », <strong>la</strong> réussite des produits biologiques liées aux préoccupationsenvironnementa<strong>le</strong>s et de santé (même si dans <strong>le</strong>s faits, ce positionnement peut être contestab<strong>le</strong>, <strong>le</strong>consommateur a assimilé <strong>le</strong> message « bon <strong>pour</strong> l’environnement, bon <strong>pour</strong> votre santé »), l’apparition des MDD<strong>la</strong>bellisées FairTrade, <strong>la</strong> concurrence des produits portées par <strong>le</strong>s initiatives de Rainforest Alliance, Utz Kapeh ouBetter Cotton obligent <strong>le</strong>s entreprises du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> à revoir <strong>le</strong>ur communication.Nous avons vu qu’en France, <strong>le</strong>ur taux de notoriété reste faib<strong>le</strong> comparativement au <strong>la</strong>bel FairTrade et MaxHave<strong>la</strong>ar. Les entreprises spécialisées présentes en grande distribution ne bénéficient pas d’une image aussipositive auprès de <strong>la</strong> base historique et militante de par <strong>le</strong>ur arrivée récente que par exemp<strong>le</strong> <strong>la</strong> marque Artisansdu Monde. En choisissant d’intégrer <strong>le</strong>urs produits dans <strong>le</strong>s enseignes de grande distribution, <strong>le</strong>s acteurshistoriques que sont Transfair en Grande Bretagne, Gepa en Al<strong>le</strong>magne et CTM Altromercato en Italie ont pu à <strong>la</strong>fois s’adresser au public militant historique mais aussi au consommateur de <strong>la</strong> grande distribution.Il y a donc un enjeu de notoriété de marque à améliorer. A ce titre, <strong>le</strong>s entreprises conventionnel<strong>le</strong>s bénéficiantd’une image positive <strong>pour</strong> <strong>la</strong> crédibilité de <strong>le</strong>urs préoccupations environnementa<strong>le</strong>s, socia<strong>le</strong>s ou de santé<strong>pour</strong>raient sans doute faci<strong>le</strong>ment absorber et valoriser une <strong>la</strong>bellisation équitab<strong>le</strong> de <strong>le</strong>urs produits. Sans unereconnaissance forte de <strong>le</strong>urs marques, <strong>le</strong>s entreprises ont décidé de suivre <strong>la</strong> mouvance environnementa<strong>le</strong> etbiologique : certification biologique d’un maximum de produits, programmes de compensation carbone(AlterEco), priorité au coton équitab<strong>le</strong> ET biologique…L’effort est particulièrement porté depuis 2009 sur l’impactpositif du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> sur l’environnement.Le <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> se doit cependant d’être moteur sur d’autres aspects desquels il <strong>pour</strong>rait tirer avantage.Les exigences de traçabilité sont d’abord nées des crises sanitaires, des normes (HACCP, Eurepgap,règ<strong>le</strong>mentation REACH) faisant <strong>le</strong>ur apparition et devenant incontournab<strong>le</strong>s <strong>pour</strong> accéder à certains marchés.Cette notion de traçabilité s’est ensuite étendue avec <strong>la</strong> crise de confiance vis-à-vis des entreprises, <strong>le</strong>sdélocalisations à <strong>la</strong> notion de transparence. Pour <strong>le</strong> consommateur, il s’agit de savoir d’où vient un produit, qui <strong>le</strong>fabrique, dans quel<strong>le</strong>s conditions et quel est son impact sur l’environnement. Sur cette question, ce<strong>la</strong> peutdevenir un véritab<strong>le</strong> avantage comparatif à <strong>la</strong> fois <strong>pour</strong> convaincre <strong>le</strong>s entreprises de s’engager mais aussi <strong>le</strong>consommateur. Nous avons évoqué différents projets en cours re<strong>la</strong>tifs au commerce équitab<strong>le</strong> (<strong>le</strong> projetgeofairtrade auquel participe Max Have<strong>la</strong>ar, <strong>le</strong> projet fairtracing au Royaume-Uni, l’initiative made-by par desacteurs de <strong>la</strong> mode éthique aux Pays-Bas). Sur <strong>le</strong>s questions de transparence <strong>pour</strong> <strong>le</strong>s produits et <strong>le</strong>s entreprisesqui <strong>le</strong>s fabriquent, on notera <strong>le</strong>s initiatives du Global Reporting Initiative en lien avec l’agence gouvernementa<strong>le</strong>al<strong>le</strong>mande GTZ (http://www.globalreporting.org/CurrentPriorities/SupplyChain/GRIGTZProject/), <strong>le</strong> sitewww.goodguide.com <strong>pour</strong> une notation des produits sur des critères de qualité, sociaux et environnementaux, <strong>le</strong>développement de méthodes <strong>pour</strong> l’analyse socia<strong>le</strong> du cyc<strong>le</strong> de vie qui complète l’ACV environnementa<strong>le</strong>(http://lcinitiative.unep.fr). Le <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> <strong>pour</strong>rait être un modè<strong>le</strong> d’étude <strong>pour</strong> ce type de projet.Pourraient en décou<strong>le</strong>r des outils et des méthodolies <strong>pour</strong> l’ensemb<strong>le</strong> des acteurs du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> maisaussi des modè<strong>le</strong>s de références sur différents secteurs d’activité de l’économie conventionnel<strong>le</strong>.Quant aux moyens de communication, par rapport au sujet de l’étude, nous avons déjà identifié 4 vecteurspermettant de toucher <strong>le</strong>s entreprises conventionnel<strong>le</strong>s :- L’organisation d’un salon professionnel à l’échel<strong>le</strong> internationa<strong>le</strong> <strong>pour</strong> faire se rencontrer <strong>le</strong>sgroupements de producteurs, <strong>le</strong>s ONG, <strong>le</strong>s entreprises spécialisées et conventionnel<strong>le</strong>s ainsi que <strong>le</strong>s77


Etude PFCE « Identifier et <strong>le</strong>ver <strong>le</strong>s freins au développement du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s politiques d’achat des entreprises » Février 2010réseaux de distribution. Les expériences du Forum National du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> ou du SalonEuropéen du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> devraient être plus appuyées par <strong>le</strong>s pouvoirs publics, s’orienter versun public exclusivement professionnel <strong>pour</strong> créer des opportunités commercia<strong>le</strong>s d’amp<strong>le</strong>ur et prendreune dimension internationa<strong>le</strong>.- Les campagnes tel<strong>le</strong>s que « Territoires de <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> » ou « faites une pause équitab<strong>le</strong> » sontdes opportunités <strong>pour</strong> interpe<strong>le</strong>r et engager <strong>le</strong>s décideurs publics et privés dans <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>.- Nous avons aussi vu que <strong>le</strong>s campagnes de p<strong>la</strong>idoyer qui s’adressent aux pouvoirs publics et auxentreprises sont importantes de par <strong>le</strong>s pressions qu’el<strong>le</strong>s exercent <strong>pour</strong> que <strong>le</strong>s entreprises s’engagent àaméliorer <strong>le</strong>urs pratiques et que <strong>le</strong>s règ<strong>le</strong>s du commerce international prennent en compte <strong>le</strong>sproblématiques sou<strong>le</strong>vées par <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>- Enfin, l’intégration du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s p<strong>la</strong>teformes RSE permet de crédibiliser <strong>la</strong> démarcheet de créer un cadre de discussion avec <strong>le</strong>s entreprises conventionnel<strong>le</strong>s.De manière indirecte, <strong>le</strong> <strong>le</strong>vier du consommateur reste fondamental. Les initiatives permettant d’augmenter <strong>la</strong>visibilité du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> à travers une communication de masse doivent être encouragées et multipliées.A Mi<strong>la</strong>n, chaque année, est organisée pendant un mois sur <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce principa<strong>le</strong> une foire publique du <strong>Commerce</strong>Equitab<strong>le</strong> permettant des ventes importantes et d’apporter à une audience publique é<strong>la</strong>rgie <strong>la</strong> connaissance du<strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>. Pourquoi ne pas imaginer <strong>la</strong> même chose sur <strong>le</strong>s grandes p<strong>la</strong>ces des principa<strong>le</strong>s vil<strong>le</strong>s deFrance ?D’autre part, l’appui des pouvoirs publics ou l’offre à moindre coût d’espaces publicitaires sur <strong>le</strong>s radios, <strong>le</strong>s télésou de campagnes d’affichage sont nécessaires <strong>pour</strong> développer l’impact du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> qui ne peutatteindre ces supports, handicapé par son manque de moyens financiers orientés en priorité vers <strong>le</strong>développement et <strong>la</strong> consolidation des filières.Ce manque de moyens doit inciter <strong>le</strong>s acteurs du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> à investir des circuits adaptés : <strong>le</strong>partenariat avec des festivals de musique ou tout grand événement national, <strong>le</strong> soutien de personnalitéspubliques (cette politique est déjà activement prise en compte par l’ensemb<strong>le</strong> des initiatives nationa<strong>le</strong>sreprésentant FLO) et bien entendu internet où une communication origina<strong>le</strong> et percutante permet d’atteindre <strong>le</strong>public cib<strong>le</strong> du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>. On citera <strong>pour</strong> cette piste de réf<strong>le</strong>xion l’initiative <strong>la</strong>ncée par Ethiquab<strong>le</strong> avecune web TV participative ainsi que <strong>la</strong> campagne web « shoppers gone mad » créée par l’agence SixandCo àl’occasion de <strong>la</strong> Quinzaine du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> <strong>pour</strong> Max Have<strong>la</strong>ar et qui a reçu <strong>le</strong> prix spécial du jury des e-marketing Awards 2009 dans <strong>la</strong> catégorie vidéo de pub.B) Des standards plus f<strong>le</strong>xib<strong>le</strong>s <strong>pour</strong> atteindre de nouveaux segments demarchéLes critères définis dans <strong>le</strong>s standards de FLO ont permis de donner un cadre rigoureux au développement du<strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>. Ils ont évolué récemment <strong>pour</strong> s’adapter à <strong>la</strong> croissance du marché et aux nouvel<strong>le</strong>sopportunités qui se présentaient. Il est possib<strong>le</strong> que <strong>pour</strong> se développer et atteindre des parts de marchésignificatives dans de nombreux secteurs, certains critères soient amenés à être revus.1) Le prix minimumJusqu’en 2007, <strong>le</strong>s standards de FLO précisaient des prix minimum <strong>pour</strong> chaque produit au niveau mondial.Désormais, <strong>le</strong>s prix sont revus plus régulièrement, tiennent compte des spécificités régiona<strong>le</strong>s, des niveaux dequalité organo<strong>le</strong>ptique (notamment <strong>pour</strong> <strong>le</strong>s fruits), de <strong>la</strong> certification ou de <strong>la</strong> conversion biologique. Dans <strong>le</strong>s78


Etude PFCE « Identifier et <strong>le</strong>ver <strong>le</strong>s freins au développement du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s politiques d’achat des entreprises » Février 2010standards définis par FLO, <strong>le</strong> calcul du prix minimum est un processus <strong>le</strong>nt faisant l’objet d’un consensus où <strong>le</strong>sproducteurs sont <strong>le</strong>s premiers interrogés. La rémunération des producteurs certifiés doit <strong>le</strong>ur permettre decouvrir <strong>le</strong>urs coûts de production et de s’assurer des conditions de vie décentes. Les autres acteurs de <strong>la</strong> filièresont aussi consultés : exportateurs, importateurs, détenteurs de licence, ONG, universitaires… Le calcul de ce prixminimum tient compte aussi de <strong>la</strong> réalité du marché afin que <strong>le</strong>s prix restent compétitifs et que <strong>le</strong>s produitstrouvent des débouchés mais aussi <strong>pour</strong> éviter des îlots de prospérité dans des régions où tous <strong>le</strong>s producteurs nebénéficient pas des avantages du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>.Afin d’accélérer <strong>le</strong> développement de nouvel<strong>le</strong>s filières, d’intégrer de nouveaux groupements de producteurset de nouveaux produits, face aux demandes des producteurs et à <strong>la</strong> croissance du marché, <strong>le</strong>s standards ont étérévisés. Sur certaines famil<strong>le</strong>s de produit, il n’existe pas de prix minimum tel que défini c<strong>la</strong>ssiquement par FLOmais il est directement négocié entre groupements de producteurs et clients (herbes et épices, f<strong>le</strong>urs et p<strong>la</strong>ntes,ballons de sport, certains légumes frais, camomil<strong>le</strong>, hibiscus). Ce<strong>la</strong> ne signifie pas qu’il n’existe pas de prixminimum mais que ce sont <strong>le</strong>s 2 parties prenantes, fournisseurs et clients qui <strong>le</strong> discutent. FLO CERT vérifie alors<strong>le</strong>s éléments fournis justifiant que ce prix négocié couvre bien <strong>le</strong>s coûts de production et <strong>le</strong>s besoins desgroupements de producteurs. La prime socia<strong>le</strong> versée correspond alors à un <strong>pour</strong>centage du prix négocié, enrèg<strong>le</strong> généra<strong>le</strong> autour de 10%.Ce système présente des avantages indéniab<strong>le</strong>s :- Il garantit un revenu stab<strong>le</strong> aux producteurs- Il permet aux organisations de producteurs de maîtriser <strong>la</strong> gestion de <strong>le</strong>urs coûts et ainsi de mieuxappréhender une négociation sur <strong>le</strong> marché traditionnel- Il évite une trop grande concurrence entre groupements de producteurs sur <strong>la</strong> question du prix entregroupements d’une même aire géographique. Entre différentes régions, <strong>le</strong> prix peut varier de 5 à 10%(cas du coton)Il présente aussi certaines limites qui peuvent être des freins à l’engagement des entreprises conventionnel<strong>le</strong>s :- Il ne tient pas compte du niveau de qualité d’une production (il peut arriver qu’une récolte de café soitmoins bonne). Nous avons vu que ce<strong>la</strong> peut limiter <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> à certains segments demarché « haut-de-gamme ».- Les dé<strong>la</strong>is <strong>pour</strong> fixer un prix minimum peuvent être longs de par l’intervention de multip<strong>le</strong>s partiesprenantes et <strong>le</strong>s calculs parfois comp<strong>le</strong>xes que ce<strong>la</strong> impose.- Dans <strong>le</strong> cas du coton, une différence de 5 à 10% n’est pas anecdotique <strong>pour</strong> des entreprises qui peuventavoir une gestion à <strong>la</strong> virgu<strong>le</strong> près et des acheteurs ayant des objectifs de réduction des coûts. Ce<strong>la</strong> peutamener <strong>le</strong>s entreprises à s’orienter vers <strong>le</strong> prix <strong>le</strong> plus bas. Pour contreba<strong>la</strong>ncer cette hypothèse, il fautsouligner que <strong>pour</strong> entreprise, changer de fournisseur n’est pas anodin et représente aussi un coût(administratifs, tests, nouveaux contacts…)Les équilibres entre exigences du marché, spécificités régiona<strong>le</strong>s, concurrence entre producteurs sont doncdiffici<strong>le</strong>s à trouver dans <strong>le</strong> calcul des prix minimum définis par <strong>le</strong>s standards. D’ail<strong>le</strong>urs, face aux limites de cesystème, <strong>le</strong> référentiel ESR ne détermine pas de standard de prix minimum, celui-ci étant négocié, comme <strong>pour</strong><strong>le</strong>s famil<strong>le</strong>s de produits citées précédemment chez FLO, entre client et fournisseur et devant faire l’objet de79


Etude PFCE « Identifier et <strong>le</strong>ver <strong>le</strong>s freins au développement du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s politiques d’achat des entreprises » Février 2010justificatifs. Il doit être dans tous <strong>le</strong>s cas supérieur au prix du marché conventionnel, local et international. Il peutfluctuer en fonction des évolutions de cours de <strong>la</strong> monnaie ou de variation des coûts de production (intrants,énergie…). Ce système donne plus de soup<strong>le</strong>sse et demande une concertation plus importante entre <strong>le</strong>s partiesprenantes. Il permet éga<strong>le</strong>ment de tenir compté des niveaux de qualité. Il présente aussi des inconvénients :- Il faut un équilibre dans <strong>le</strong>s rapports de force lorsque <strong>le</strong> prix est négocié sous peine de retrouver desjustificatifs du calcul du prix minimum biaisés- Il peut entretenir une concurrence entre <strong>le</strong>s producteurs <strong>le</strong>s plus fragi<strong>le</strong>s et <strong>le</strong>s plus intégrés. Ainsi, <strong>le</strong>sp<strong>la</strong>ntations ou <strong>le</strong>s grandes coopératives sont susceptib<strong>le</strong>s de réaliser des économies d’échel<strong>le</strong>contrairement aux petites coopératives et donc proposer des prix plus compétitifs. On s’éloignerait doncdu soutien aux plus petits producteurs.Là où l’hypothèse de <strong>la</strong> suppression d’un prix minimum défini par un standard, remp<strong>la</strong>cé par une négociationfournisseur-client, peut se poser serait <strong>pour</strong> <strong>le</strong>s produits où <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> aurait conquis des parts demarché significatives. Par exemp<strong>le</strong>, si <strong>le</strong> café atteignait 20 à 25% de part de marché en Europe comme c’est <strong>le</strong> casau Royaume-Uni, <strong>le</strong> café équitab<strong>le</strong> aurait atteint un tel niveau de visibilité et de reconnaissance que de nouveauxsegments de marché <strong>pour</strong>raient être conquis (par exemp<strong>le</strong> <strong>pour</strong> des cafés de moindre qualité <strong>pour</strong> proposer des« premier prix »). Ce<strong>la</strong> permettrait aux producteurs de pouvoir vendre l’ensemb<strong>le</strong> de <strong>le</strong>ur production dans <strong>le</strong>cadre du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> et pas uniquement <strong>la</strong> meil<strong>le</strong>ure qualité. Cette évolution ne remettrait pas en cause<strong>la</strong> notion de prix minimum et de prime, éléments essentiels à <strong>la</strong> crédibilité de <strong>la</strong> démarche et qui permet auxproducteurs de vivre décemment de <strong>le</strong>ur travail.FLO adopte aussi une stratégie sans définition de prix minimum <strong>pour</strong> certains nouveaux produits (fruits frais enparticulier) afin que <strong>le</strong>s producteurs obtiennent rapidement des débouchés en étant concurrentiels par rapportaux prix du marché. Ce<strong>la</strong> permet aux produits <strong>la</strong>bellisés de trouver rapidement <strong>le</strong>ur p<strong>la</strong>ce dans <strong>le</strong>s rayons de <strong>la</strong>distribution conventionnel<strong>le</strong> avant d’étudier l’instauration d’un prix minimum.2) Re<strong>la</strong>tion de long termeL’engagement des importateurs des pays du Nord dans une re<strong>la</strong>tion de long terme est un moyen <strong>pour</strong> <strong>le</strong>sproducteurs de garantir des revenus stab<strong>le</strong>s, de pérenniser et d’anticiper <strong>le</strong>ur activité. Couplé à un prix minimumgaranti, <strong>le</strong>s groupements de producteurs peuvent anticiper des rentrées financières et donc prévoir desinvestissements. Le travail dans <strong>la</strong> durée entre importateurs et producteurs permet l’échange d’informations sur<strong>le</strong> marché, l’attente des clients, <strong>la</strong> qualité, facilite <strong>le</strong> développement de produits, permet de déterminer <strong>le</strong>sbesoins en investissements dans <strong>la</strong> filière.La re<strong>la</strong>tion de long terme est donc un vrai atout dont ne bénéficient pas <strong>le</strong>s producteurs de matières agrico<strong>le</strong>s quisont positionnés sur <strong>le</strong> marché des commodités dans une logique de vente à court-terme, sans visibilité et sansre<strong>la</strong>tion directe aux importateurs.Pour l’artisanat, <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion de long-terme est une réalité <strong>pour</strong> <strong>le</strong>s producteurs et <strong>le</strong>s importateurs, distribuant <strong>la</strong>très grande majorité des produits dans <strong>le</strong>s magasins spécialisés. Le besoin de renouvel<strong>le</strong>ment des produits,l’amélioration de <strong>la</strong> qualité exigent des échanges réguliers et un investissement humain sur <strong>le</strong> terrain quiencouragent une re<strong>la</strong>tion dans <strong>la</strong> durée. Cet aspect est renforcé par <strong>la</strong> présence de projets sociaux, de solidarité,d’insertion que l’on retrouve aujourd’hui <strong>la</strong>rgement dans <strong>le</strong>s filières d’artisanat et qui occasionnent des re<strong>la</strong>tionsprivilégiées au-delà des simp<strong>le</strong>s re<strong>la</strong>tions commercia<strong>le</strong>s. Ces re<strong>la</strong>tions de long-terme sont rarement inscrites80


Etude PFCE « Identifier et <strong>le</strong>ver <strong>le</strong>s freins au développement du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s politiques d’achat des entreprises » Février 2010contractuel<strong>le</strong>ment, el<strong>le</strong>s dépendent aussi du succès commercial des produits. D’ail<strong>le</strong>urs, <strong>le</strong> WFTO ne fait pasfigurer de manière explicite <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion de long terme dans son code de pratiques destiné à ses membres. Biensouvent, en cas d’échec commercial, <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion n’est pas interrompue. El<strong>le</strong> peut faire l’objet d’un travail de fond<strong>pour</strong> corriger des problèmes qualité ou de design avec parfois <strong>la</strong> recherche de financements privés ou publics<strong>pour</strong> mettre en p<strong>la</strong>ce un projet de terrain afin d’accompagner <strong>le</strong>s producteurs. En transition, <strong>le</strong>s budgets achatsdestinés à des groupements de producteurs peuvent être amenés à diminuer mais, même a minima,l’importateur spécialisé dans <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> s’efforce de maintenir des volumes d’achat <strong>pour</strong> appuyer sespartenaires du Sud.En revanche, <strong>le</strong> développement commercial des produits alimentaires, qui s’est accompagné de l’engagementd’entreprises conventionnel<strong>le</strong>s et notamment d’enseignes de <strong>la</strong> grande distribution, amène de nouvel<strong>le</strong>sproblématiques. Dans ce secteur, <strong>le</strong>s entreprises spécialisées s’engagent dans <strong>le</strong>s durées. El<strong>le</strong>s en font d’ail<strong>le</strong>ursun outil de différenciation et communiquent sur <strong>le</strong>s projets des groupements avec <strong>le</strong>squels el<strong>le</strong>s travail<strong>le</strong>nt etl’impact positif sur <strong>le</strong> terrain des achats effectués par <strong>le</strong> consommateur. En revanche, des interrogations sontsou<strong>le</strong>vées quant à l’engagement des entreprises conventionnel<strong>le</strong>s dans <strong>la</strong> durée avec <strong>le</strong>s groupements deproducteurs, en particulier dans <strong>le</strong> cas des marques distributeurs. Nous avons déjà évoqué <strong>le</strong> fait que <strong>le</strong>senseignes de <strong>la</strong> grande distribution sous-traitent <strong>le</strong>s différentes étapes opérationnel<strong>le</strong>s (import, transformation,embal<strong>la</strong>ge) et qu’à ce titre, el<strong>le</strong>s ne sont pas forcément détentrices de licence FLO. El<strong>le</strong>s peuvent passer d’ungroupement de producteurs à l’autre, <strong>la</strong> responsabilité incombant à l’industriel remplissant <strong>le</strong> cahier des chargesfourni par l’enseigne. Les contrats d’achat peuvent al<strong>le</strong>r de 6 mois à 1 an, ce qui ne garantit pas <strong>pour</strong> desgroupements de producteurs <strong>la</strong> vente sur plusieurs récoltes. La possibilité de passer d’un groupement deproducteurs à un autre peut s’expliquer économiquement par <strong>la</strong> disponibilité des volumes demandés, <strong>le</strong>s dé<strong>la</strong>isd’approvisionnement, <strong>la</strong> recherche de <strong>la</strong> meil<strong>le</strong>ure qualité ou du meil<strong>le</strong>ur prix ou <strong>pour</strong> s’adapter à des problèmesde récolte qu’auraient pu rencontrer <strong>le</strong>s producteurs. C’est donc une soup<strong>le</strong>sse qu’apporte <strong>le</strong> fait de pouvoirs’adresser à plusieurs coopératives en fonction des impératifs du client. Cependant, dans <strong>la</strong> durée, ce<strong>la</strong> réduit <strong>le</strong>sopportunités d’accompagnement et d’investissement sur <strong>le</strong> terrain qui peuvent être réalisés par <strong>le</strong>s entreprisesspécialisées soit directement soit par une ONG ou des experts techniques. C’est <strong>pour</strong> cette raison que <strong>le</strong>s PMEmembres de Biopartenaire privilégient un investissement direct de l’importateur auprès des producteurs. Si cetteapproche demande des investissements humains et financiers, en revanche el<strong>le</strong> permet de consolider <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tionet d’accompagner <strong>le</strong>s groupements de producteurs dans <strong>le</strong>ur développement ou en cas de difficulté.Il n’est pas prévu d’intégrer dans <strong>le</strong>s standards FLO un engagement obligatoire sur plusieurs années. En particulieren cas d’échec commercial du produit, l’entreprise du Nord doit pouvoir arrêter <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion commercia<strong>le</strong>.L’objectif de FLO est d’inciter et d’encourager <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion à long terme. Le système actuel permet d’engager <strong>le</strong>sentreprises conventionnel<strong>le</strong>s en pondérant <strong>le</strong> risque. C’est par <strong>le</strong> succès commercial que se construitl’engagement dans <strong>la</strong> durée. En revanche, cette soup<strong>le</strong>sse est aussi un frein (sans que ce<strong>la</strong> ne soit rédhibitoire) àl’engagement plus en profondeur des entreprises dans <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion commercia<strong>le</strong>, une des conditions del’intégration au niveau stratégique dans l’entreprise.3) Le préfinancementLe préfinancement est un élément essentiel du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> en ce qu’il contribue à <strong>le</strong>ver <strong>la</strong>contrainte financière qui pèse sur <strong>le</strong>s producteurs et <strong>le</strong>s organisations dont ils font partie. Un programme derecherche-développement a été mis en p<strong>la</strong>ce entre 2006 et 2009 par Agrofine, association créée par FLO, et unréseau de micro finance, CERISE, visant à analyser <strong>la</strong> coordination des acteurs du commerce équitab<strong>le</strong> et de <strong>la</strong>micro finance et à expérimenter des mécanismes innovants susceptib<strong>le</strong>s de faciliter <strong>le</strong> financement del’agriculture. Le préfinancement, inscrit dans <strong>le</strong>s standards du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> (L’acheteur est tenu, surdemande du vendeur, d'avancer jusqu'à 60% de <strong>la</strong> va<strong>le</strong>ur du contrat. ») n’est pas toujours effectué.81


Etude PFCE « Identifier et <strong>le</strong>ver <strong>le</strong>s freins au développement du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s politiques d’achat des entreprises » Février 2010Tout d’abord, il s’agit de définir <strong>la</strong> notion de préfinancement. Le préfinancement n’est pas une avance surcommande avant livraison. Cette avance est une c<strong>la</strong>use « norma<strong>le</strong> » dans tout type de contrat commercial et el<strong>le</strong>est dans <strong>le</strong>s faits réalisée par toutes <strong>le</strong>s entreprises, spécialisées comme conventionnel<strong>le</strong>s. Le préfinancementpeut être appréhendé de deux manières.- Il peut s’agit de couvrir <strong>le</strong>s coûts d’exportation, du moment où <strong>la</strong> production doit être groupée et payéeaux producteurs, puis transformée, conditionnée et mise au port <strong>pour</strong> <strong>la</strong> départ vers <strong>le</strong> client. Lepréfinancement, en fonction des produits et des producteurs, est effectué alors dans une période de 2 à 3mois avant <strong>la</strong> livraison aux clients. C’est ainsi que <strong>le</strong> préfinancement est défini par <strong>le</strong>s standards FLO.- Le préfinancement peut al<strong>le</strong>r au-delà et couvrir <strong>le</strong>s coûts de production avant même <strong>la</strong> récolte. Il s’agitalors de pouvoir investir sur <strong>le</strong> matériel et <strong>le</strong>s produits nécessaires à une bonne production ou d’aider <strong>le</strong>sproducteurs à bouc<strong>le</strong>r une fin d’exercice diffici<strong>le</strong>. Dans <strong>le</strong>s faits, peu d’entreprises, même spécialisées,pratiquent ce type de préfinancement faute de liquidités ou en raison d’un risque trop é<strong>le</strong>vé (garantie desvolumes, coût du préfinancement…)Nous nous attarderons aussi sur <strong>la</strong> première définition du préfinancement intégrée aux standards FLO. Dans <strong>la</strong>pratique, <strong>le</strong>s entreprises spécialisées se conforment à <strong>le</strong>urs obligations de préfinancement de 2 manières :- Soit directement sur <strong>le</strong>urs fonds de rou<strong>le</strong>ment et ce<strong>la</strong> correspond à une avance sur commande.Cependant, <strong>la</strong> capacité de financement des entreprises spécialisées ou mêmes des PME conventionnel<strong>le</strong>sest limitée. Les entreprises peuvent charger ou non des intérêts <strong>pour</strong> ce préfinancement, FLO considérantqu’un taux d’intérêt inférieur à 10% (en fonction des contextes) est raisonnab<strong>le</strong>. Habituel<strong>le</strong>ment, <strong>le</strong>sorganisations de producteurs ayant accès aux réseaux de financements locaux, souvent informels, sevoient charger des taux d’intérêt bien supérieurs.- Soit en faisant appel à un organisme financier tiers qui met à disposition des lignes de crédit spécifiques.Lorsque <strong>la</strong> commande est envoyée et fait office de pré-contrat, l’organisme financier prête alors un<strong>pour</strong>centage de <strong>la</strong> somme correspondante à l’organisation de producteurs. Les intérêts de l’empruntpeuvent être assumés par l’importateur ou, plus généra<strong>le</strong>ment, par l’organisation de producteurs. Lecrédit est octroyé à des taux conformes à ceux du marché par des organisations spécialisées dans <strong>le</strong>commerce équitab<strong>le</strong> mais qui interviennent généra<strong>le</strong>ment éga<strong>le</strong>ment dans <strong>le</strong> micro-crédit ou l’appuifinancier à l’agriculture rura<strong>le</strong> et familia<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s pays du Sud (Shared Interest, CordAid ou Triodos).Le préfinancement, partie intégrante du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>, vita<strong>le</strong> <strong>pour</strong> l’accès au crédit des groupements deproducteurs, peut donc être un frein <strong>pour</strong> <strong>le</strong>s entreprises spécialisées mais aussi conventionnel<strong>le</strong>s, de par <strong>le</strong> BFR(Besoin en Fonds de Rou<strong>le</strong>ment) généré et <strong>le</strong> risque que ce<strong>la</strong> représente <strong>pour</strong> <strong>le</strong>s organisations financièresc<strong>la</strong>ssiques avec <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s el<strong>le</strong>s travail<strong>le</strong>nt. L’existence et <strong>le</strong> développement de réseaux de financementsalternatifs sont donc incontournab<strong>le</strong>s. Les institutions financières citées interviennent aussi dans <strong>le</strong> cas detransactions entre organisations de producteurs certifiées et entreprises conventionnel<strong>le</strong>s, <strong>pour</strong> <strong>le</strong>s encourager àdiversifier <strong>le</strong>urs débouchés et de par <strong>la</strong> faib<strong>le</strong>sse des volumes que représente encore <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>.Au Sud, certaines organisations de producteurs ont mis en p<strong>la</strong>ce des stratégies au niveau du financement :- En internalisant l’offre de services financiers, ce schéma se heurtant au manque de compétence etd’outils de gestion82


Etude PFCE « Identifier et <strong>le</strong>ver <strong>le</strong>s freins au développement du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s politiques d’achat des entreprises » Février 2010- En créant une institution financière extérieure au groupement, <strong>le</strong>s difficultés rencontrées étant liées à <strong>la</strong>superficie financière limitée par rapport aux besoins des producteurs et l’investissement en termes detemps et de ressources humaines <strong>pour</strong> faire fonctionner ce type de structure- En développant des partenariats avec des institutions financières, notamment dans <strong>la</strong> micro-finance,cel<strong>le</strong>s-ci étant encore réticentes à intervenir de par <strong>le</strong> manque de financements <strong>pour</strong> couvrir <strong>le</strong>s besoinsdu <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> mais surtout de par <strong>le</strong> manque de connaissance mutuel<strong>le</strong> entre <strong>le</strong>s deux. A cetitre, <strong>la</strong> garantie d’un prix minimum et des re<strong>la</strong>tions de long-terme permettent de minimiser <strong>le</strong> risqued’une col<strong>la</strong>boration avec <strong>le</strong>s groupements de producteurs certifiés.Au Nord, afin d’accélérer et d’augmenter l’accès au crédit des organisations de producteurs tout en assouplissant<strong>le</strong>s contraintes des entreprises du Nord, notamment <strong>le</strong>s entreprises spécialisées, dans <strong>le</strong>ur engagement depréfinancement, <strong>la</strong> création d’un fonds de garantie serait un outil intéressant. Il permettrait de sécuriser <strong>le</strong>stransactions tripartites faisant intervenir une organisation financière, un groupement de producteurs et unimportateur.4) Les petits producteursLe <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> vise à soutenir <strong>le</strong>s producteurs <strong>le</strong>s plus défavorisés. Une condition d’accès est qu’ils soientorganisés et en capacité d’exporter <strong>le</strong>urs produits. Historiquement, <strong>pour</strong> <strong>le</strong>s matières agrico<strong>le</strong>s, <strong>le</strong>s producteursétaient ou se sont organisées majoritairement en coopérative même si d’autres modè<strong>le</strong>s plus adaptés auxcontextes culturels et régionaux (associations, ejido au Mexique, coraca en Bolivie…).Dans l’artisanat, <strong>le</strong>s structures col<strong>le</strong>ctives sont souvent des ateliers familiaux, communautaires ou des microentreprisessouvent encadrés par un organisme faîtier (ONG, entreprise) chargé de coordonner, suivre etexporter. Ces structures font souvent l’objet de projets sociaux permettant l’insertion de personnes handicapéesou marginalisées, promouvant l’emploi des femmes ou <strong>la</strong> valorisation d’un savoir-faire traditionnel et culturel.Afin de s’adapter à des contextes spécifiques, des p<strong>la</strong>ntations ont été intégrées en particulier en Inde <strong>pour</strong> <strong>le</strong> thé.Si ce statut spécifique n’a pas alors fait débat, <strong>le</strong>s tensions sont apparues lorsque <strong>pour</strong> s’imp<strong>la</strong>nter sur <strong>le</strong> marchéde <strong>la</strong> banane, des p<strong>la</strong>ntations, <strong>le</strong> principal et quasi-unique modè<strong>le</strong> sur <strong>le</strong> marché mondial contrôlé à 90 % par desmultinationa<strong>le</strong>s, ont été certifiées. Ce<strong>la</strong> a ouvert <strong>le</strong>s portes du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> à d’autres p<strong>la</strong>ntations (f<strong>le</strong>urs,fruits…). On peut re<strong>le</strong>ver une différence de point de vue entre <strong>le</strong>s pays <strong>la</strong>tins dont <strong>la</strong> France, attachés à <strong>la</strong> culturepaysanne, et <strong>le</strong>s pays anglo-saxons <strong>pour</strong> <strong>le</strong>squels <strong>le</strong>s p<strong>la</strong>ntations font partie de <strong>le</strong>ur histoire.Pour Stéphane Comar d’Ethiquab<strong>le</strong>. «Le système agroindustriel des p<strong>la</strong>ntations entre en concurrence directe avec<strong>le</strong>s petits producteurs sur <strong>le</strong>s questions d’accès à <strong>la</strong> terre et d’accès au crédit. Pour nous, <strong>le</strong> commerce équitab<strong>le</strong>doit se focaliser sur <strong>le</strong>s petits producteurs. Il ne s’agit pas de savoir si une personne qui travail<strong>le</strong> dans unep<strong>la</strong>ntation certifiée est un peu mieux traitée qu’une personne qui travail<strong>le</strong> dans une p<strong>la</strong>ntation non certifiée.Nous souhaitons promouvoir un système de préférence à un autre. Le secteur des f<strong>le</strong>urs coupées est aussi unsecteur hautement capitalistique qui n’a plus rien à voir avec des logiques de développement et d’autonomisationdes travail<strong>le</strong>urs. »Pour Max Have<strong>la</strong>ar, Les garanties et exigences de FLO ne concernent pas <strong>le</strong>s p<strong>la</strong>ntations en tant que tel, mais <strong>la</strong>main d’oeuvre sa<strong>la</strong>riée (<strong>le</strong>s travail<strong>le</strong>urs) qui y travail<strong>le</strong>nt. El<strong>le</strong>s portent sur <strong>la</strong> liberté d’association, <strong>la</strong> libertésyndica<strong>le</strong> et l’environnement. FLO y ajoute une prime de développement gérée par <strong>le</strong>s travail<strong>le</strong>urs. Cettedémarche permet d’intégrer des travail<strong>le</strong>urs pauvres, des saisonniers dont certains ont été dépossédés de <strong>le</strong>ur83


Etude PFCE « Identifier et <strong>le</strong>ver <strong>le</strong>s freins au développement du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s politiques d’achat des entreprises » Février 2010terre et ont dû migrer. A l’heure actuel<strong>le</strong>, il n’y a pas de p<strong>la</strong>ntation de café ou de cacao certifiée mais <strong>la</strong> questionest posée éga<strong>le</strong>ment dans une logique de croissance et de concurrence des autres initiatives durab<strong>le</strong>s (Utz Kapehou Nespresso qui revendique des critères au moins aussi exigeants que <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>).Sans atteindre <strong>le</strong> même écho, de par <strong>la</strong> confidentialité de <strong>la</strong> distribution sur <strong>le</strong>s marchés conventionnels, <strong>le</strong>smêmes tensions se font sentir au sein de WFTO ou apparaissent des entreprises déjà intégrées au marché maisqui font travail<strong>le</strong>r des artisans eux aussi défavorisés. Est pointée du doigt <strong>la</strong> distorsion de concurrence entre desprojets communautaires accompagnés par des ONG et des entreprises dont l’objectif principal est de dégager desprofits. De <strong>la</strong> même manière dans <strong>le</strong> texti<strong>le</strong>, il est évident que <strong>la</strong> capacité de production, <strong>le</strong> suivi de <strong>la</strong> qualité, <strong>la</strong>productivité ne peuvent être comparées entre un atelier communautaire, celui d’une micro-entreprise et enfincelui d’une PME qui possède un grand atelier de confection. Nous avons vu précédemment que cette question seposerait avec d’autant plus d’acuité lorsque <strong>le</strong>s réseaux de distribution conventionnels s’engageront dans <strong>le</strong><strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> sur <strong>le</strong>s secteurs de l’artisanat et du texti<strong>le</strong>.Au final, <strong>le</strong>s perspectives de croissance induisent un changement d’échel<strong>le</strong> pouvant s’accompagner d’un risquede doub<strong>le</strong> marché : d’un côté des entreprises spécialisées du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> au Nord travail<strong>la</strong>nt avec despetites coopératives et des ONG gérant des ateliers communautaires ; de l’autre des entreprises conventionnel<strong>le</strong>snotamment des très grandes entreprises s’approvisionnant auprès de grandes coopératives, des p<strong>la</strong>ntations oudes ateliers semi-industriels. Ce risque s’il est bien réel est pris en compte dans <strong>le</strong>s instances des grandesfédérations nationa<strong>le</strong>s et internationa<strong>le</strong>s du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>, démocratiques et incluant l’ensemb<strong>le</strong> desparties prenantes, dont l’objectif est une croissance équilibrée et satisfaisante <strong>pour</strong> tous.Nous venons de voir comment l’intégration du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s réseaux de distributionconventionnels et l’intérêt grandissant des entreprises conventionnel<strong>le</strong>s entraînaient une évolution dupositionnement marketing du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> mais aussi, plus en profondeur, son modè<strong>le</strong> économique etses règ<strong>le</strong>s. Nous nous attachons désormais à aborder <strong>le</strong>s défis du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans un marché globalisé.Que ce<strong>la</strong> signifie-t-il <strong>pour</strong> <strong>le</strong>s petits producteurs ? Les réseaux de grande distribution et <strong>le</strong>s entreprisesconventionnel<strong>le</strong>s peuvent-el<strong>le</strong>s contribuer au développement d’un <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> Sud-Sud ? Quel<strong>le</strong>régu<strong>la</strong>tion au niveau international ?C) Les évolutions du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans une perspectiveinternationa<strong>le</strong>1) D’un marché de l’offre à un marché poussé par <strong>la</strong> demande : risques etopportunitésHistoriquement, de par ses racines dans <strong>la</strong> Solidarité Internationa<strong>le</strong>, <strong>le</strong> développement de filières se faisait dans <strong>la</strong>perspective de certification de groupements de producteurs afin de <strong>le</strong>ur permettre de trouver des débouchés(orientation PUSH). Dans <strong>le</strong>s années 80, <strong>le</strong>s réseaux de Magasins du Monde ainsi que <strong>le</strong>s ONG à l’origine dumouvement ont privilégié des re<strong>la</strong>tions commercia<strong>le</strong>s avec des groupements de producteurs marginalisés quiportaient des projets sociaux et politiques véhicu<strong>la</strong>nt des va<strong>le</strong>urs de solidarité. Sans que l’on retrouve alors delogique de certification, <strong>le</strong>s produits étaient considérés comme issus du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> avec <strong>la</strong> cautionmora<strong>le</strong> des structures qui étaient engagées dans ces démarches. Pour l’artisanat, on peut citer l’exemp<strong>le</strong> du CIAP84


Etude PFCE « Identifier et <strong>le</strong>ver <strong>le</strong>s freins au développement du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s politiques d’achat des entreprises » Février 2010au Pérou qui défend à travers l’artisanat l’identité de <strong>la</strong> culture amazonienne et andine ou d’ACP au Népal quisoutient <strong>le</strong>s femmes issues de « castes inférieures ». Dans <strong>le</strong> secteur alimentaire, un des exemp<strong>le</strong>s <strong>le</strong>s plusmarquants est <strong>la</strong> coopérative Eswatini au Swazi<strong>la</strong>nd (confitures, sauces) qui assure l’emploi de plusieurs centainesde femmes à travers <strong>la</strong> transformation de <strong>la</strong> production de fermiers du Swazi<strong>la</strong>nd. Ces produits alimentaires sontconditionnés avec des petits ustensi<strong>le</strong>s en bois fabriqués par des ateliers de personnes handicapées. Les bénéficessont reversés à des centres de jeunes orphelins ou atteints du SIDA. Ce type de projet est poussé par <strong>le</strong>sentreprises spécialisées et <strong>le</strong>s ONG auprès de FLO <strong>pour</strong> qu’ils puissent obtenir une certification nécessairedésormais <strong>pour</strong> trouver des débouchés dans <strong>le</strong>s circuits conventionnels. Cette logique conforme aux objectifs del’appui aux plus défavorisés peut être un frein si <strong>le</strong>s produits proposés ne trouvent pas de marchés assez <strong>la</strong>rges<strong>pour</strong> permettre <strong>le</strong> changement d’échel<strong>le</strong>. Ces projets sont consommateurs de temps, de ressources humaines etde financements <strong>pour</strong> <strong>le</strong>s organisations tel<strong>le</strong>s que FLO qui sont encore limitées dans <strong>le</strong>ur capacité financière. Lerisque existe aussi que ces produits ne correspondent pas aux attentes <strong>le</strong>s plus fortes des consommateurs.D’autre part, ces projets solidaires demandent des investissements plus importants en termes de renforcementdes capacités des producteurs <strong>pour</strong> des résultats commerciaux plus incertains. Enfin, ces projets qui ne visent pasune croissance forte et qui sont destinés à des marchés de niche concernent généra<strong>le</strong>ment un nombre deproducteurs limité. On peut s’interroger enfin sur <strong>la</strong> capacité des organisations de producteurs concernés àintégrer rapidement <strong>le</strong>s supply chains des entreprises et des réseaux de distribution conventionnels et à réussir <strong>le</strong>changement d’échel<strong>le</strong> de <strong>le</strong>ur projet. Toutefois, on constatera que <strong>le</strong>s groupements de producteurs ont déjàprouvé <strong>le</strong>ur capacité à intégrer de nouveaux membres et à s’adapter aux exigences du marché malgré certainshandicaps au départ.D’autre part, certaines grandes entreprises ont aussi une culture d’intégration de petits producteurs sur deséchel<strong>le</strong>s loca<strong>le</strong>s et régiona<strong>le</strong>s. Ainsi, en Turquie, Danone travail<strong>le</strong> avec 15 000 producteurs en encourageant <strong>le</strong>sgrandes fermes à créer des re<strong>la</strong>tions avec <strong>le</strong>s petits producteurs indépendants (amélioration de <strong>la</strong> qualité, desrendements). C’est aussi à terme un enjeu d’équilibre <strong>pour</strong> l’aménagement du territoire et <strong>la</strong> sécurisation deschaînes d’approvisionnement. Danone créé des marques mondia<strong>le</strong>s mais s’ancre sur des marchés nationaux.L’approvisionnement en <strong>la</strong>it et <strong>pour</strong> d’autres produits rentrant dans <strong>la</strong> composition est local. Pour BernardGiraud, directeur du Développement Durab<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s entreprises doivent ré-apprendre à travail<strong>le</strong>r à une échel<strong>le</strong>loca<strong>le</strong> et faire évoluer <strong>le</strong>ur approche économique de <strong>la</strong> petite agriculture rura<strong>le</strong>.Avec l’intérêt suscité par <strong>la</strong> grande distribution et <strong>le</strong>s grands groupes, se met en p<strong>la</strong>ce un modè<strong>le</strong>économique qui privilégierait un développement basé sur <strong>la</strong> demande du marché (orientation PULL). Ce<strong>la</strong> permetd’identifier des marchés porteurs et de se concentrer sur des filières susceptib<strong>le</strong>s de porter <strong>le</strong> changementd’échel<strong>le</strong>, de réduire <strong>le</strong>s coûts de certification et d’accompagnement de par <strong>le</strong>s volumes engendrés. Ainsi, c’est à<strong>la</strong> demande de Migros et de Co-op en Suisse qu’ont été développées <strong>le</strong>s filières équitab<strong>le</strong>s <strong>pour</strong> <strong>le</strong>s roses.L’engagement de différents réseaux de distribution au Royaume-Uni à distribuer des fruits frais issus du<strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>urs rayons a accéléré <strong>le</strong>s processus d’entrée et de certification de nouveauxproducteurs.Aujourd’hui, <strong>la</strong> demande des enseignes de distribution influe sur <strong>le</strong> développement de filières attendues par <strong>le</strong>sconsommateurs dont sont mesurées <strong>le</strong>s attentes et <strong>le</strong>s évolutions d’achat. Cette évolution d’un marché de l’offreporté par des projets de solidarité et un marché de <strong>la</strong> demande soutenu par <strong>le</strong>s réseaux de distribution n’est passans poser de questionnements.Les entreprises et <strong>le</strong>s réseaux de distribution conventionnels ont <strong>la</strong> possibilité de s’engager avec des groupementsde producteurs intégrés au registre de certification de FLO. Afin de minimiser <strong>le</strong>s risques liés à un changement defournisseur, ils peuvent demander à ce que <strong>le</strong>urs fournisseurs existants soient audités par FLO-CERT afin qu’ilsobtiennent <strong>la</strong> certification. Ce<strong>la</strong> présente l’avantage d’intégrer de nouveaux producteurs mais ceux-ci ne sont pastoujours <strong>le</strong>s plus marginalisés puisque déjà intégrés à des chaînes d’approvisionnement vertica<strong>le</strong>s. En se85


Etude PFCE « Identifier et <strong>le</strong>ver <strong>le</strong>s freins au développement du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s politiques d’achat des entreprises » Février 2010concentrant sur cette stratégie, il existe un risque que <strong>le</strong>s audits ne soient pas menés dans <strong>le</strong>s meil<strong>le</strong>uresconditions ouvrant ainsi <strong>la</strong> porte à de possib<strong>le</strong>s scanda<strong>le</strong>s qui entacheraient <strong>la</strong> réputation du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>.De même, ce<strong>la</strong> <strong>pour</strong>rait aboutir à une création de standards mal aboutis et à <strong>la</strong> définition de prix minimum nonconformes aux exigences du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>. D’autre part, <strong>le</strong>s réseaux de distribution peuvent aussi setromper sur <strong>le</strong>s attentes des consommateurs ou à moyen terme un segment de produits peut s’essouff<strong>le</strong>r (parexemp<strong>le</strong>, il semb<strong>le</strong>rait que <strong>le</strong>s ventes de vêtements en coton équitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s enseignes de distribution aientdiminué en France mais aussi au Royaume-Uni en 2009). Comment ces réseaux de distribution conventionnelsvont-ils réagir à cette difficulté alors que jusqu’à présent <strong>le</strong>s produits du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> présentaient destaux de croissance remarquab<strong>le</strong>s ? Dans cette hypothèse, une entreprise spécialisée va travail<strong>le</strong>r avec sonpartenaire au Sud <strong>pour</strong> améliorer <strong>la</strong> qualité, développer de nouveaux produits ou trouver des alternatives dedistribution. Les entreprises conventionnel<strong>le</strong>s adopteront-el<strong>le</strong>s une tel<strong>le</strong> position ou arrêteront-el<strong>le</strong>s toutsimp<strong>le</strong>ment de commander ?C’est <strong>pour</strong> toutes ces raisons que FLO recherche en permanence l’équilibre entre <strong>la</strong> recherche d’une croissanceaccélérée avec <strong>le</strong>s entreprises conventionnel<strong>le</strong>s et <strong>le</strong> soutien à des petits groupements de producteursencouragés par <strong>le</strong>s entreprises spécialisées. La première voie permet d’intégrer de nouveaux producteurs, depermettre aux producteurs déjà certifiés de trouver plus de débouchés <strong>pour</strong> <strong>le</strong>urs produits et de satisfaire <strong>la</strong>demande de produits éthiques des consommateurs. La deuxième voie permet de soutenir des projets avec uneforte dimension de solidarité qui répondent à l’engagement historique et militant du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> et quipeuvent être valorisés dans <strong>le</strong>s démarches de communication des entreprises et des ONG.86


Etude PFCE « Identifier et <strong>le</strong>ver <strong>le</strong>s freins au développement du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s politiques d’achat des entreprises » Février 20102) Un <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> Sud-Sud ?Historiquement et dans <strong>la</strong> définition proposée par <strong>le</strong>s fédérations internationa<strong>le</strong>s de <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>, celui-cise pose dans des rapports Nord-Sud. Cependant, l’émergence de certains pays sur <strong>la</strong> scène économiquemondia<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s initiatives d’économie solidaire dans <strong>le</strong>s pays du Sud ainsi que <strong>la</strong> recherche d’une diversification desdébouchés <strong>pour</strong> <strong>le</strong>s producteurs invitent à considérer un <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans une perspective Sud-Sud.D’ail<strong>le</strong>urs, <strong>le</strong>s différents mouvements ont toujours reconnu et encouragé <strong>le</strong>s initiatives permettant auxgroupements de producteurs de trouver des marchés locaux ou nationaux. C’est aussi une réalité qu’en dehors du<strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s producteurs ont toujours recherché une commercialisation de <strong>le</strong>urs produitsloca<strong>le</strong>ment. Quel<strong>le</strong>s sont <strong>le</strong>s conditions <strong>pour</strong> que cette commercialisation se fasse sur <strong>le</strong>s principes du <strong>Commerce</strong>Equitab<strong>le</strong> ? L’engagement de grandes enseignes de distribution et de très grandes entreprises présentes sur toutep<strong>la</strong>nète peut-il faciliter un <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> Sud-Sud ?Dans certains pays du Sud dits émergents et que l’on retrouve parmi <strong>le</strong> G20, l’existence d’une c<strong>la</strong>sse moyennenaissante s’accompagne d’un intérêt et de préoccupations <strong>pour</strong> un développement économique soucieux deconditions environnementa<strong>le</strong>s et socia<strong>le</strong>s durab<strong>le</strong>s. L’intérêt <strong>pour</strong> un commerce équitab<strong>le</strong> est manifeste avecsouvent un engagement politique des pouvoirs publics. Ainsi dans un long p<strong>la</strong>idoyer en faveur d'un commerceéquitab<strong>le</strong>, <strong>le</strong> Ministre brésilien des Re<strong>la</strong>tions extérieures, M. Celso Amorim a rappelé que sans création d'emploi<strong>le</strong> commerce devient pratiquement inuti<strong>le</strong> <strong>pour</strong> <strong>le</strong>s peup<strong>le</strong>s.Différentes initiatives nationa<strong>le</strong>s de <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> ont vu <strong>le</strong> jour au Mexique tout d’abord (Comercio Justo)mais aussi au Brésil (FACES autour de l’économie solidaire), au Pérou (Red Peruane de Comercio Justo y Etico) auKenya (KEFAT) en Inde (Fair Trade Forum)…En 2008, a été créée <strong>la</strong> première association représentant FLO dans unpays du Sud à savoir en Afrique du Sud. Une des priorités de ces réseaux est d’appuyer au développement d’uncommerce plus équitab<strong>le</strong> mais aussi de permettre aux petits producteurs (certifiés ou non) de s’intégrer dans <strong>le</strong>marché national.Dans cette logique de <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> Sud-Sud, <strong>le</strong>s initiatives se p<strong>la</strong>cent dans une perspective loca<strong>le</strong>(échanges dans un même pays) plutôt que interrégiona<strong>le</strong>s (ventes de produits en provenance d’un autre pays).Toutefois, on notera certaines initiatives interrégiona<strong>le</strong>s notamment <strong>la</strong> RELACC (Red Latino Americana deComercializacion Comunitaria) présente dans 18 pays d’Amérique Latine.Dans <strong>le</strong>s pays du Sud, <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> peut s’appuyer sur <strong>le</strong> marché touristique et l’émergence de c<strong>la</strong>ssesmoyennes. Ainsi, des réseaux de magasins équitab<strong>le</strong>s ont vu <strong>le</strong> jour dans <strong>le</strong>s pays du Sud, distribuantessentiel<strong>le</strong>ment des produits artisanaux. Ce sont souvent <strong>le</strong>s membres de WFTO qui ont développé une stratégiede développement local. Pour l’alimentaire, <strong>le</strong>s producteurs se trouvent confrontés au fait du peu d’industries detransformation présentes sur <strong>le</strong>ur territoire essentiel<strong>le</strong>ment localisées dans <strong>le</strong>s pays du Nord où est captée <strong>la</strong>va<strong>le</strong>ur ajoutée. Les barrières douanières mises en p<strong>la</strong>ce dans <strong>le</strong>s pays du Nord et qui taxent fortement <strong>le</strong>s produitstransformés sont un frein au développement d’industries de transformation dans <strong>le</strong>s pays du Sud. C’est une desrevendications des pays du Sud <strong>pour</strong> un commerce plus équitab<strong>le</strong>. Les enseignes de grande distribution dans <strong>le</strong>spays du Sud qu’el<strong>le</strong>s soient nationa<strong>le</strong>s ou des filia<strong>le</strong>s de groupes de pays du Nord ne se sont <strong>pour</strong> l’instant pasengagées dans <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> malgré <strong>la</strong> capacité des producteurs dans certains pays de proposer desproduits finis. La majeure partie des produits sont souvent importés voire réimportés après transformation de <strong>la</strong>matière première dans <strong>le</strong>s pays du Nord (en particulier <strong>le</strong> café et <strong>le</strong> choco<strong>la</strong>t). Pourtant, <strong>le</strong>s enseignes de grandedistribution présentes tant au Nord qu’au Sud <strong>pour</strong>raient profiter des liens créés avec <strong>le</strong>s organisations deproducteurs du Sud <strong>pour</strong> distribuer <strong>le</strong>urs produits loca<strong>le</strong>ment. Cependant, cette possibilité se heurte à des freinsconsidérab<strong>le</strong>s :87


Etude PFCE « Identifier et <strong>le</strong>ver <strong>le</strong>s freins au développement du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s politiques d’achat des entreprises » Février 2010- La notion de <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> en tant que standard est connue essentiel<strong>le</strong>ment des réseauxsolidaires, associatifs et d’une partie des c<strong>la</strong>sses moyennes encore naissantes. Ce<strong>la</strong> réduit donc <strong>la</strong>potentialité du marché à court terme- Les enseignes de grande distribution très puissantes font repose <strong>le</strong>ur modè<strong>le</strong> économique sur des supplychains vertica<strong>le</strong>ment intégrées privilégiant des fournisseurs très solides et des partenaires industriels. Ilfaudrait que l’une d’entre el<strong>le</strong>s revoit sont modè<strong>le</strong> d’organisation <strong>pour</strong> remettre au cœur de son projet <strong>la</strong>petite agriculture rura<strong>le</strong>- Nous avons signalé d’autre part <strong>la</strong> problématique de l’absence ou <strong>la</strong> faib<strong>le</strong> présence d’industries detransformation loca<strong>le</strong>sEn ce qui concerne <strong>le</strong>s entreprises conventionnel<strong>le</strong>s, <strong>le</strong>ur engagement est conditionné par l’existence d’unmarché potentiel. Il est probab<strong>le</strong> que l’introduction de produits du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s pays du Sudpassera par une décision du siège de créer ou de convertir une gamme en <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> à l’échel<strong>le</strong>mondia<strong>le</strong>. Les exemp<strong>le</strong>s de Starbucks, Nestlé et Cadbury montrent concrètement que <strong>le</strong>ur engagement estprogressif avec une introduction limitée sur certains marchés du Nord. C’est là que se mesure <strong>la</strong> capacité du<strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> et notamment de FLO à développer ou certifier des filières à l’échel<strong>le</strong> mondia<strong>le</strong> ens’adaptant aux contraintes des très grandes entreprises.3) La régu<strong>la</strong>tion au niveau internationalLors des entretiens, <strong>la</strong> question de <strong>la</strong> garantie n’a pas été évoquée directement par <strong>le</strong>s participants à l’étude quece soit <strong>le</strong>s entreprises conventionnel<strong>le</strong>s ou du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>.Les entreprises sont même partagées quant à l’utilité d’une reconnaissance officiel<strong>le</strong> du <strong>Commerce</strong>Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong> cadre d’une garantie publique, en particulier dans un cadre national. Les entreprises craignentde ne pouvoir évoluer dans un cadre trop rigide qui ne s’adapterait pas aux contraintes économiques tant auNord qu’au Sud. Un cahier des charges public équiva<strong>le</strong>nt à celui de l’Agriculture Biologique n’est pas plébiscité endehors des entreprises spécialisées et historiques de l’Agriculture Biologique.Que ce soit <strong>le</strong>s entreprises conventionnel<strong>le</strong>s ou spécialisées, el<strong>le</strong>s émettent des doutes quant à <strong>la</strong> faisabilité etl’intérêt d’une norme ou d’une garantie publique fondée sur un cahier des charges uniques :- Mise en p<strong>la</strong>ce d’un cadre trop rigide pas adapté aux contraintes économiques tant au Nord qu’au Sud- Ou au contraire, dilution des principes forts du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> par l’instauration d’un standardmoins disant- Marginalisation de producteurs ne pouvant atteindre <strong>le</strong>s standards exigés par <strong>le</strong>s cahiers des chargesA l’échel<strong>le</strong> internationa<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s débats autour d’une normalisation du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>, portée par l’AFNOR(Agence Française de Normalisation) n’ont pas abouti faute de consensus. Au niveau national, <strong>le</strong>s discussions ontabouti en 2005 à un fascicu<strong>le</strong> de documentation établissant <strong>le</strong>s règ<strong>le</strong>s du jeu du commerce équitab<strong>le</strong>. Troisprincipes ont été alors retenus par <strong>le</strong> référentiel : l'équilibre de <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion commercia<strong>le</strong>, l'accompagnement desorganisations de producteurs ou des travail<strong>le</strong>urs engagés dans <strong>le</strong> commerce équitab<strong>le</strong>, l'information et <strong>la</strong>sensibilisation du public.En revanche, en France et dans d’autres pays, se met en p<strong>la</strong>ce un cadre de régu<strong>la</strong>tion avec des initiativesnationa<strong>le</strong>s <strong>pour</strong> une reconnaissance du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>. On a vu que <strong>la</strong> France était précurseur en cedomaine avec <strong>la</strong> création de Commission Nationa<strong>le</strong> du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> visant à reconnaître <strong>le</strong>s référentielsde garantie et <strong>le</strong>s organismes chargés de certifier <strong>le</strong> respect de cahiers de charge portés par ces référentiels.88


Etude PFCE « Identifier et <strong>le</strong>ver <strong>le</strong>s freins au développement du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s politiques d’achat des entreprises » Février 2010Lors des entretiens, nous avons pu re<strong>le</strong>ver différents arguments en faveur d’une reconnaissance publique :- Engagement facilité des entreprises conventionnel<strong>le</strong>s afin de pouvoir communiquer plus ouvertementavec <strong>le</strong>urs parties prenantes sur <strong>le</strong> sujet.- E<strong>la</strong>rgissement des financements ou <strong>le</strong> développement de politiques fisca<strong>le</strong>s en faveur du <strong>Commerce</strong>Equitab<strong>le</strong>- Renforcement de <strong>la</strong> crédibilité auprès des consommateurs (comme <strong>pour</strong> <strong>la</strong> production biologique) dansun concert d’initiatives « Développement Durab<strong>le</strong> » plus ou moins exigeantes- Pour un secteur comme l’artisanat, une garantie visib<strong>le</strong> sur <strong>le</strong>s produits <strong>pour</strong>rait ouvrir <strong>la</strong> voie à unedistribution é<strong>la</strong>rgie dans des circuits conventionnels (notamment par <strong>la</strong> reconnaissance du système degarantie de <strong>la</strong> World Fair Trade Organisation)Il est cependant évident que <strong>la</strong> régu<strong>la</strong>tion, publique ou privée, est un élément nécessaire à <strong>la</strong> crédibilisation et audéveloppement du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>. Ceci est d’autant plus crucial avec l’apparition d’initiatives de commercedurab<strong>le</strong> qui concurrent <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> et peuvent créer, volontairement ou non, <strong>la</strong> confusion chez <strong>le</strong>sconsommateurs.A l’échel<strong>le</strong> internationa<strong>le</strong>, el<strong>le</strong> nécessite dans un premier temps un consensus au sein et entre <strong>le</strong>s fédérationsinternationa<strong>le</strong>s de <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> qui partagent un même objectif mais avec des sensibilités, des approcheset des niveaux de développement différents.89


Etude PFCE « Identifier et <strong>le</strong>ver <strong>le</strong>s freins au développement du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s politiques d’achat des entreprises » Février 2010CONCLUSIONL’engagement des entreprises conventionnel<strong>le</strong>s peut être une opportunité <strong>pour</strong> <strong>le</strong> changement d’échel<strong>le</strong> du<strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>. En conclusion, six idées majeures ressortent <strong>pour</strong> développer <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans<strong>le</strong>s politiques d’achat des entreprises.• Ancrer <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>la</strong> RSE : il s’agit de crédibiliser <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> sur sadimension économique <strong>pour</strong> en faire une véritab<strong>le</strong> option stratégique et pas seu<strong>le</strong>ment commercia<strong>le</strong> <strong>pour</strong><strong>le</strong>s entreprises.• Accompagner <strong>le</strong>s entreprises dans <strong>le</strong>ur connaissance et <strong>le</strong>ur maîtrise du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> afin del’intégrer en profondeur dans <strong>le</strong>ur cœur d’activité• Faire participer <strong>le</strong>s entreprises et <strong>le</strong>s réseaux de distribution conventionnels au développement du<strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> à travers des projets multi-partenaires dans <strong>le</strong> cadre d’un fonds d’initiative durab<strong>le</strong> ouune fondation <strong>pour</strong> <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>• Soutenir <strong>le</strong> développement des PME spécialisées de <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> qui jouent un rô<strong>le</strong> importantdans <strong>la</strong> structuration des organisations de producteurs, notamment sur <strong>le</strong> développement de nouvel<strong>le</strong>sfilières rémunératrices <strong>pour</strong> <strong>le</strong>s producteurs et créateurs de tendances <strong>pour</strong> <strong>le</strong>s entreprisesconventionnel<strong>le</strong>s.• Ambitionner de faire du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> un standard de référence dans <strong>le</strong> développement durab<strong>le</strong><strong>pour</strong> <strong>le</strong>s entreprises conventionnel<strong>le</strong>s.• Renforcer <strong>le</strong>s acteurs de <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong> domaine de l’artisanat (au sens <strong>la</strong>rge) <strong>pour</strong> offriraux consommateurs une <strong>la</strong>rge gamme de produits permettant « un mode de vie équitab<strong>le</strong> ».• Reconnaître l’innovation socia<strong>le</strong> comme porteuse de développement durab<strong>le</strong> au même titre quel’innovation technologique. A ce titre, donner l’opportunité aux organisations de <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>d’accéder aux financements et à l’accompagnement technique dont bénéficient <strong>le</strong>s entreprises quidéveloppent des innovations techniques.90


Etude PFCE « Identifier et <strong>le</strong>ver <strong>le</strong>s freins au développement du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s politiques d’achat des entreprises » Février 2010BibliographieOuvrages« Ethical sourcing in the global food system », 2006, Stephanie Barrientos et Catherine Do<strong>la</strong>n, earthscan« Fairtrade, market-driven ethical consumption », 2005, A<strong>le</strong>x Nichols et Charlotte Opals, sage editions« 50 reasons to buy fair trade », 2007, Mi<strong>le</strong>s Litvinoff et John Made<strong>le</strong>y, Pluto Press«Entre va<strong>le</strong>urs et croissance, <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> en question », 2008, Sylvain Al<strong>le</strong>mand, <strong>le</strong>s carnets de l’info« Le <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> », 2009, Jean Pierre Doussin, Presse Universitaire de France« Le <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> : entre utopie et marché », 2008, Amina Becheur, VuibertGuides« Buying into FairTrade », 2008, The FairTrade Foundation« A guide to the public purchasing of Fair Trade », 2006, ICLEI« Fair trade 2007, new facts and figures from an ongoing success story », Jean Marie Krier, Dutch Association ofWorldshops« Buying into FairTrade : procurement in the public and the private sector », 2007, Fairtrade FoundationArtic<strong>le</strong>s« Fruit du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> : succès, défis et di<strong>le</strong>mmes », 2007, David Boselie, Agrofair« Les multinationa<strong>le</strong>s draguent <strong>le</strong> commerce équitab<strong>le</strong> », 2007, Benito Perez, Le Courrier« Le commerce éthique face aux tendances du commerce équitab<strong>le</strong> », 2007, Thierry Brugvin« Capitalism chews over fair trade », 09/2009, the guardianRecherche /Etudes« Les défis du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans l’hémisphère Nord », 2007, Sylvain Poret, Laboratoire d’économétrie« Le modè<strong>le</strong> économique du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> », 2007, Tristan Lecomte, Eco<strong>le</strong> de Paris du Management« La Consommation engagée s’affirme comme une tendance durab<strong>le</strong> », 2006, Franck Delpal et Georges Hatchuel,CREDOC« Consommation et éthique », 2007, qualité online« Penetration of Fair Trade in mainstream Distribution: Key Management Factors and Impact », 01/2007, ValérieBézençon , Université de Neuchatel« The Market for organic and fair trade mangoes and pineapp<strong>le</strong>s », 09/2009, Food and Agricultural Organization« Col<strong>la</strong>boration with activists : how Starbucks works with NGOs », 2004, Paul Argenti, California ManagementReview91


Etude PFCE « Identifier et <strong>le</strong>ver <strong>le</strong>s freins au développement du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s politiques d’achat des entreprises » Février 2010« <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> et environnement », 2009, P<strong>la</strong>te <strong>Forme</strong> <strong>pour</strong> <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>« Le <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> en France en 2007 », 2008, GRET-P<strong>la</strong>te <strong>Forme</strong> <strong>pour</strong> <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>« Pour un partenariat entre commerce équitab<strong>le</strong> et microfinance rura<strong>le</strong> », 2007, CERISE-Max Have<strong>la</strong>ar France« Développement du coton équitab<strong>le</strong> et bio-équitab<strong>le</strong> en Afrique de l’Ouest et du Centre », 02/2008, AFD-FLO« Le <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> face aux nouveaux défis commerciaux : évolution des dynamiques d’acteurs »,02/2006, I. Yépez ; M. Mormont, Police Scientifique Fédéra<strong>le</strong> belgeSites internet- P<strong>la</strong>te-<strong>Forme</strong> <strong>pour</strong> <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> : www.commercequitab<strong>le</strong>.org- Equidoc : www.equidoc.info- Centre de ressource international du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> : www.fairtraderesource.org/- FLO : www.fairtrade.net- Max Have<strong>la</strong>ar : www.maxhave<strong>la</strong>ar-france.org- FLO-CERT : www.flo-cert.net- Fairtrade Foundation : www.fairtarde.org.uk- Ecocert –ESR : http://www.ecocert.fr/-ESR-Equitab<strong>le</strong>-Solidaire-.html- Biopartenaire : http://www.bioequitab<strong>le</strong>.com/- Artisans du Monde : www.artisansdumonde.org- Ethiquab<strong>le</strong> : www.ethiquab<strong>le</strong>.com- AlterEco : www.altereco.com- Agence Française <strong>pour</strong> <strong>le</strong> développement : www.afd.fr92


Etude PFCE « Identifier et <strong>le</strong>ver <strong>le</strong>s freins au développement du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s politiques d’achat des entreprises » Février 201093


Etude PFCE « Identifier et <strong>le</strong>ver <strong>le</strong>s freins au développement du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s politiques d’achat des entreprises » Février 2010METHODOLOGIE ET DEROULEMENT DES ENTRETIENSMéthodologieDes entretiens qualitatifs semi-ouverts• 7 entreprises du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> : Ethiquab<strong>le</strong>, Sageco, Signaléthique, Equité, Ethishirt, Ideo, LaCompagnie du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>• 3 organisations promouvant un référentiel de <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> : Max Have<strong>la</strong>ar, Ecocert, Biopartenaire• 14 entreprises conventionnel<strong>le</strong>s de secteurs variés ayant intégré à des degrés différents <strong>le</strong> <strong>Commerce</strong>Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>urs politiques d’achat : Accor, Arcadie, Armor Lux, Crédit Agrico<strong>le</strong>, Crédit Coopératif,Danone, Elior, Elis, JM Bruneau, Kaoka Cémoi, L’Occitane, Pomona, RipCurl, SNCFDérou<strong>le</strong>ment des entretiensEntreprises conventionnel<strong>le</strong>s• Politique d’achats responsab<strong>le</strong>s• Définition et perception du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>, Positionnement• Expérience (s ) du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>, motivations, difficultés rencontrées• Perspectives du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans l’entreprise, interrogations et attentesEntreprises du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong>• Politique commercia<strong>le</strong> vers <strong>le</strong>s grandes entreprises• Problématiques rencontrées dans <strong>le</strong>urs re<strong>la</strong>tions commercia<strong>le</strong>s avec <strong>le</strong>s grandes entreprises• Freins au développement de <strong>le</strong>ur politique commercia<strong>le</strong> avec ces entreprisesOrganisations promouvant un système de garantie• Services et outils proposés <strong>pour</strong> l’intégration du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s politiques d’achat desgrandes entreprises• Avenir du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s grandes entreprises94


Etude PFCE « Identifier et <strong>le</strong>ver <strong>le</strong>s freins au développement du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s politiques d’achat des entreprises » Février 2010Membres de <strong>la</strong> PFCE rencontrésStructure Secteur ContactSignaléthiqueProduitsd’entrepriseNico<strong>la</strong>s Sail<strong>la</strong>rdDirecteurEthiquab<strong>le</strong> Agro-alimentaire Agathe Denis Responsab<strong>le</strong>commercia<strong>le</strong>LCCEDécoration,mobilierFrédéric BaillyPrésidentSagecoCoffretséquitab<strong>le</strong>sVincent LanosPDGEquitéDécoration,mobilierMarina PetrazGéranteEthishirt Texti<strong>le</strong> Anne Fabregat Responsab<strong>le</strong> B to BIdeo Texti<strong>le</strong> Damien Cailteau Responsab<strong>le</strong> GrandsComptesEcocert Certification Elsa Poncet Chargée de clientè<strong>le</strong>AmSud, Afrique duSudMax Have<strong>la</strong>ar Promotion du<strong>Commerce</strong>Equitab<strong>le</strong> et du<strong>la</strong>bel FairTradeBioPartenaire Association dePME <strong>pour</strong> desfilières bioéquitab<strong>le</strong>Laurent LefebvreAdeline CœurJean Philippe CavroyPierre GaubertResponsab<strong>le</strong>OpérationnelResponsab<strong>le</strong>partenariats B to BDirecteurCommercialChargé de mission95


Etude PFCE « Identifier et <strong>le</strong>ver <strong>le</strong>s freins au développement du <strong>Commerce</strong> Equitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s politiques d’achat des entreprises » Février 2010Entreprises conventionnel<strong>le</strong>s rencontréesEntreprise Secteur ContactAccor Hôtel<strong>le</strong>rie Géraldine PAULY Responsab<strong>le</strong> desachats responsab<strong>le</strong>sCrédit Coopératif Banque, assurance Nico<strong>la</strong>s CHAIGNEAU Secrétaire généralCrédit Agrico<strong>le</strong> Banque, Assurance Michel AUZET MissionDéveloppementDurab<strong>le</strong>SNCF Transport Olivier MENUET Responsab<strong>le</strong> du pô<strong>le</strong>sociétalRipCurl Texti<strong>le</strong> Eric DARGENT Directeur Marketinget DéveloppementDurab<strong>le</strong>Elior Restauration col<strong>le</strong>ctive ElisabethDERANCOURTResponsab<strong>le</strong>DéveloppementDurab<strong>le</strong>Elis Service aux entreprises Pascal SERVY Directeur des AchatsetApprovisionnementsPomona Terre Azur Agro-alimentaire Germain CARDON Chef de produitArcadieAgro-alimentaire (membrebiopartenaire)Bernard KIMMELPDGKaoka -CemoiAgro-alimentaire (membrebiopartenaire)André DEBERDTPDGDanone Agro-alimentaire Bernard Giraud Vice Président enchargeduDéveloppementDurab<strong>le</strong> et de <strong>la</strong>création de va<strong>le</strong>urajoutéeJM Bruneau Distribution auxentreprisesNathalie BAHNAChef de produitArmor Lux Texti<strong>le</strong> Grégoire GUYON Directeur de <strong>la</strong>CommunicationL’Occitane Cosmétiques Maud REBOUL Responsab<strong>le</strong> desingrédients96

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