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Le temps avant la mort - La Chrysalide

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<strong>Le</strong> <strong>temps</strong> <strong>avant</strong> <strong>la</strong> <strong>mort</strong>Rue de <strong>la</strong> Paix 99, à <strong>la</strong> Chaux-de-Fonds, une maison demaître dans un quartier ouvrier. Pionnière dans les soinspalliatifs, <strong>La</strong> <strong>Chrysalide</strong> est connue pour <strong>la</strong> qualité de sonaccompagnement des personnes en fin de vie et de leursproches. Un lieu dans lequel les mots de <strong>la</strong> doctoresseThérèse Vannier : « Tout ce qu’il reste à faire, quand il n’y aplus rien à faire… » trouvent un véritable écho.Reportage à <strong>La</strong> <strong>Chrysalide</strong>Reportage de Francine DEL COSO, journaliste,réalisé du 8 mai au 8 juin 2012 à <strong>La</strong> <strong>Chrysalide</strong>10Un homme deboutUn homme est installé au salon, avecun infirmier, ils parlent. Longuement.Puis, l’infirmier se retire pour fairep<strong>la</strong>ce aux visiteurs qui arrivent, desamis, visiblement. « On vient rigolerun coup… », assure l’un d’eux.« Mais on ne fait pas trop long, parceque <strong>la</strong> dernière fois, on l’a fatigué. »L’homme qui se fatigue vite était récemmentencore un grand randonneur,passionné de montagne.« Ce qui me secoue le plus,c’est l’idée de ne pasvoir grandirmes petits-enfants. »<strong>Le</strong> lendemain dans sa chambre, leJurassien Jean-C<strong>la</strong>ude Probst préfèreune fois encore parler plutôt que sereposer : « Pour moi, c’était un mouroir,ici. Je me disais : « Mon médecinme prescrit d’entrer à <strong>La</strong> <strong>Chrysalide</strong>,ça veut dire que je suis cuit ! » Maisce n’est pas seulement ça, <strong>La</strong> <strong>Chrysalide</strong>,ça fait <strong>la</strong> troisième semaineque je suis ici, j’ai beaucoup moinsde douleurs. » Est-ce qu’il a peur demourir ? « Non… Je ne dis pas queje ne vais pas paniquer au derniermoment, je ne sais pas. Mais là, pourl’heure, je suis serein. Ce qui me secouele plus, c’est l’idée de ne pas voirgrandir mes cinq petits-enfants. Avecl’aîné de mes petits-fils, l’an dernier,on avait décidé de construire unecaisse à savon. Quand ma femme luia expliqué que ma ma<strong>la</strong>die était trèsgrave, il a dit : « Mais grand-mère, quiva faire ma caisse à savon ? » Alors,on a convenu que je lui dessineraisles p<strong>la</strong>ns - j’étais dessinateur architecte<strong>avant</strong> d’être syndicaliste - etqu’il faudrait qu’il trouve, parmi mesamis, quelqu’un pour faire sa caisse àsavon. On avait encore tellement deprojets… mais un cancer des poumonss’est interposé. Je suis tombéma<strong>la</strong>de il y a quatre ans, le mois oùj'ai pris ma retraite anticipée à 61ans. J'ai désormais des métastasescérébrales qui provoquent des trousde mémoire. Vous pourriez m'apporterun bloc et un stylo ? Pournoter quelques idées, pour notreprochaine conversation…»Tout à l’heure, il pourra descendre à<strong>la</strong> salle à manger pour le repas, retrouverd’autres patients et le personnel.« C’est tellement bon ! C’estl’un des p<strong>la</strong>isirs qu’il nous reste. <strong>Le</strong>scuisiniers sont aux petits soins. <strong>Le</strong>personnel est drôle, ça me convient,cet humour… »Une approcheinterdisciplinaireIci, cuisiniers, médecins, infirmiers,aides-soignants, physiothérapeutes,aumônier, assistante sociale, psycho-oncologue, personnel hôtelier etadministratif prennent soin despatients. Une cinquantaine de personnes,l’équivalent de 26 emploisà plein <strong>temps</strong> sur l’ensemble de <strong>la</strong>maison, dont 17 soignants pour 13lits. « Cette apposition de compétencespermet une prise en chargepersonnalisée, précise l’aumônierPierre-André Kuchen, le défi est depermettre aux gens de rester vivants,jusqu’à <strong>la</strong> fin. Car il y a aussitout ce qu’il reste à vivre, quand iln’y a plus rien à faire… » « <strong>Le</strong>s patientsont encore le droit d’avoir des

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