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Le temps avant la mort - La Chrysalide

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<strong>Le</strong><strong>temps</strong><strong>avant</strong><strong>la</strong><strong>mort</strong>7<strong>Le</strong> <strong>temps</strong> <strong>avant</strong> <strong>la</strong> <strong>mort</strong> ? Quand est-ceque ce<strong>la</strong> commence ? Mourir dans sonlit, entouré des personnes qu’on aime ;n’est-ce pas le désir de chacun d’entrenous ? De l’imprévisibilité des événementsà ce que nous pouvons choisir devivre ou de ne pas vivre.<strong>Le</strong> <strong>temps</strong> <strong>avant</strong> <strong>la</strong> <strong>mort</strong>


<strong>Le</strong> <strong>temps</strong> <strong>avant</strong> <strong>la</strong> <strong>mort</strong>Où vais-je mourir ? Ce lieu ne peut être choisi à l'avance.On peut indiquer ses préférences personnelles auxproches ou à son médecin traitant. On gardera cependantà l’esprit que rien n’est figé et que des passagesd’un lieu vers l’autre sont toujours possibles selon <strong>la</strong>situation médicale, les désirs du ma<strong>la</strong>de ou de sa famille.8Où vais-je mourir ?Est-ce encorepossible à <strong>la</strong> maison ?En Suisse et aussi dans le canton deNeuchâtel, 75 % des personnes interrogéessouhaitent rester jusqu’à<strong>la</strong> fin dans leur domicile. Pourtant40 % de <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion décède dansles homes, 40 % dans les hôpitauxet 7 % dans une maison de soinspalliatifs. Que peut-on faire pourfavoriser le maintien à domicilejusqu’à <strong>la</strong> <strong>mort</strong> ?Très souvent, on observe que despatients sont transférés à l’hôpitalpour y décéder quelques heuresplus tard. Cette situation montrebien <strong>la</strong> souffrance non contrôléedes patients, <strong>la</strong> détresse des familles,leur manque d’anticipation, lemanque d’entourage aidant. Oui, <strong>la</strong><strong>mort</strong> à domicile est possible ! Maisavec quelques conditions de base :- Un patient confiant, qui a partagésa décision avec son médecin etses proches.- Une famille prête à assumer cettecharge physique et émotionnelle.- Une ma<strong>la</strong>die de base gérable àdomicile ( plus de 90 % des cas ).- Une équipe soignante multiple( infirmières, aides familiales, bénévolesd’accompagnement ), touséléments clés du succès assurantles soins de base et les échanges.- Un médecin traitant gérant <strong>la</strong>coordination de l’équipe etprodiguant des soins palliatifs dequalité avec l’appui de l’équipemobile de l’Arc Jurassien ( BEJUNE ).Ainsi le patient retrouve son confort,son lieu de vie, de souvenirs et unecertaine indépendance. <strong>Le</strong>s procheslui donnent des soins et de <strong>la</strong> présence.Mais il faut gérer et anticiperles peurs, <strong>la</strong> fatigue et les difficultésdans un système de santé pas encoreassez étoffé en soins ambu<strong>la</strong>toires.Ne pas oublier que les choixpeuvent évoluer, que ce n’est pas unéchec que de transférer dans uneinstitution un proche en situationingérable dans un cadre familial.Pour mourir à domicile, il faut osertraverser ses peurs, il faut y penserdéjà aujourd’hui, il faut demander del’aide :« J’ai découvert que demander del’aide à autrui […] c’est aussi luimontrer qu’il compte […] et qu’ilpeut faire <strong>la</strong> différence. »Extrait de VIVRE ENSEMBLELA MALADIE D'UN PROCHEde Christophe Fauré.“ Solutionsà envisager :- Dialogue familial- Dialogue avec le médecin- Ne pas attendre l’épuisement- Utiliser les ressources :bénévoles d’accompagnementCaritas, aides familiales etinfirmières ( NOMAD, infirmièresprivées ou gardes-ma<strong>la</strong>des)- Envisager l’aide des amis et voisins- Savoir varier les solutionsJacques Wacker, médecinInterviews réalisées parFrancine DEL COSO, journaliste“Craintes du mourirà domicilePour le patient :- Douleur- Inconfort- Soins « insuffisants »- Charge pour sa famillePour <strong>la</strong> famille :- L’instant de <strong>la</strong> <strong>mort</strong>- Surcharge physique et psychique- SolitudePour les soignants :- Responsabilité- Solitude- Manque de <strong>temps</strong>- Manque de support du médecinPour le médecin :- Manque de disponibilitéw w w . c h r y s a l i d e . c hVivre ensemble <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>die d’unproche, Christophe Fauré, Albin Michel, 2002Mourir les yeux ouverts, Marie deHennezel, Pocket 13038, Albin Michel, 2005Maman est entourée et nous aussi,<strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce des proches dans <strong>la</strong> maison de retraite,Olivier Schnegg, Réalités sociales, 2010


<strong>Le</strong> <strong>temps</strong> <strong>avant</strong> <strong>la</strong> <strong>mort</strong>Rue de <strong>la</strong> Paix 99, à <strong>la</strong> Chaux-de-Fonds, une maison demaître dans un quartier ouvrier. Pionnière dans les soinspalliatifs, <strong>La</strong> <strong>Chrysalide</strong> est connue pour <strong>la</strong> qualité de sonaccompagnement des personnes en fin de vie et de leursproches. Un lieu dans lequel les mots de <strong>la</strong> doctoresseThérèse Vannier : « Tout ce qu’il reste à faire, quand il n’y aplus rien à faire… » trouvent un véritable écho.Reportage à <strong>La</strong> <strong>Chrysalide</strong>Reportage de Francine DEL COSO, journaliste,réalisé du 8 mai au 8 juin 2012 à <strong>La</strong> <strong>Chrysalide</strong>10Un homme deboutUn homme est installé au salon, avecun infirmier, ils parlent. Longuement.Puis, l’infirmier se retire pour fairep<strong>la</strong>ce aux visiteurs qui arrivent, desamis, visiblement. « On vient rigolerun coup… », assure l’un d’eux.« Mais on ne fait pas trop long, parceque <strong>la</strong> dernière fois, on l’a fatigué. »L’homme qui se fatigue vite était récemmentencore un grand randonneur,passionné de montagne.« Ce qui me secoue le plus,c’est l’idée de ne pasvoir grandirmes petits-enfants. »<strong>Le</strong> lendemain dans sa chambre, leJurassien Jean-C<strong>la</strong>ude Probst préfèreune fois encore parler plutôt que sereposer : « Pour moi, c’était un mouroir,ici. Je me disais : « Mon médecinme prescrit d’entrer à <strong>La</strong> <strong>Chrysalide</strong>,ça veut dire que je suis cuit ! » Maisce n’est pas seulement ça, <strong>La</strong> <strong>Chrysalide</strong>,ça fait <strong>la</strong> troisième semaineque je suis ici, j’ai beaucoup moinsde douleurs. » Est-ce qu’il a peur demourir ? « Non… Je ne dis pas queje ne vais pas paniquer au derniermoment, je ne sais pas. Mais là, pourl’heure, je suis serein. Ce qui me secouele plus, c’est l’idée de ne pas voirgrandir mes cinq petits-enfants. Avecl’aîné de mes petits-fils, l’an dernier,on avait décidé de construire unecaisse à savon. Quand ma femme luia expliqué que ma ma<strong>la</strong>die était trèsgrave, il a dit : « Mais grand-mère, quiva faire ma caisse à savon ? » Alors,on a convenu que je lui dessineraisles p<strong>la</strong>ns - j’étais dessinateur architecte<strong>avant</strong> d’être syndicaliste - etqu’il faudrait qu’il trouve, parmi mesamis, quelqu’un pour faire sa caisse àsavon. On avait encore tellement deprojets… mais un cancer des poumonss’est interposé. Je suis tombéma<strong>la</strong>de il y a quatre ans, le mois oùj'ai pris ma retraite anticipée à 61ans. J'ai désormais des métastasescérébrales qui provoquent des trousde mémoire. Vous pourriez m'apporterun bloc et un stylo ? Pournoter quelques idées, pour notreprochaine conversation…»Tout à l’heure, il pourra descendre à<strong>la</strong> salle à manger pour le repas, retrouverd’autres patients et le personnel.« C’est tellement bon ! C’estl’un des p<strong>la</strong>isirs qu’il nous reste. <strong>Le</strong>scuisiniers sont aux petits soins. <strong>Le</strong>personnel est drôle, ça me convient,cet humour… »Une approcheinterdisciplinaireIci, cuisiniers, médecins, infirmiers,aides-soignants, physiothérapeutes,aumônier, assistante sociale, psycho-oncologue, personnel hôtelier etadministratif prennent soin despatients. Une cinquantaine de personnes,l’équivalent de 26 emploisà plein <strong>temps</strong> sur l’ensemble de <strong>la</strong>maison, dont 17 soignants pour 13lits. « Cette apposition de compétencespermet une prise en chargepersonnalisée, précise l’aumônierPierre-André Kuchen, le défi est depermettre aux gens de rester vivants,jusqu’à <strong>la</strong> fin. Car il y a aussitout ce qu’il reste à vivre, quand iln’y a plus rien à faire… » « <strong>Le</strong>s patientsont encore le droit d’avoir des


projets, explique Sylvie Wermeille,infirmière-cheffe de l’unité, c’estimportant de donner du sens à cemoment qui reste. Pour les prochesaussi, on essaie d’avoir du <strong>temps</strong>. »Une nuit de travail20 h 30 : <strong>Le</strong>s équipes de soignants sere<strong>la</strong>ient. Est-ce qu’on souffre beaucoupici ? « On ne peut pas toujourspromettre de mourir sereinement ;parfois on ne trouve pas, ou pas toutde suite, le traitement qui convient.<strong>Le</strong>s crises peuvent être impressionnantes.» <strong>La</strong> patiente de <strong>la</strong> chambre205 sort demain… Parce que l’onressort de <strong>La</strong> <strong>Chrysalide</strong> ? « C’estsouvent une question que l’on nouspose. C’est délicat. Il y a ici entre170 et 180 décès chaque année,mais 10 % des patients peuvent rentrerpour quelques jours, quelquessemaines, parfois quelques mois. Ilsauront eu ce <strong>temps</strong>-là, pour eux. »<strong>Le</strong>s deux soignants ont déposé, surles p<strong>la</strong>teaux pour <strong>la</strong> nuit, plus decinquante médications, principalementsous forme de seringues ou deperfusions.On s’arrête à l’entrée d’unechambre : « Ici, les enfants de <strong>la</strong> patientesont épuisés, mais restent jouret nuit. Ils trouvent que c’est long… »Chambre 106 : le ma<strong>la</strong>de est sédatédepuis <strong>la</strong> veille, il dort profondémentsous l’effet des médicaments, maisles deux soignants vont venir à plusieursreprises durant <strong>la</strong> nuit lui parleret le masser. Sans s'être réveillé,le patient mourra le lendemain.<strong>La</strong> sédation« L’un des grands changements deces dix dernières années est l’utilisationplus fréquente de <strong>la</strong> sédation,« Ce n’est jamaisune décisionque l’équipe soignanteprend seule. »dans 30 % des cas aujourd’hui,contre 15 % en 2000, explique leDr Grégoire Gremaud, médecinchef. Elle plonge le patient dans unsommeil artificiel ; elle est proposéelorsque le patient lui-mêmejuge ses souffrances intolérables,ce n’est jamais une décision quel’équipe soignante prend seule,mais toujours avec le patient et sesproches, en connaissance de cause.<strong>La</strong> sédation peut être intermittente- si <strong>la</strong> détresse est transitoire - oucontinue, si le symptôme intolérableperdure ; elle est souvent décidéequelques jours ou quelquesheures <strong>avant</strong> <strong>la</strong> <strong>mort</strong>, toujours dansl'intention de sou<strong>la</strong>ger le patient.11<strong>Le</strong> <strong>temps</strong> <strong>avant</strong> <strong>la</strong> <strong>mort</strong>


<strong>Le</strong> <strong>temps</strong> <strong>avant</strong> <strong>la</strong> <strong>mort</strong><strong>Le</strong>s derniers motséchangésAu fil des jours et de nos rencontres,Jean-C<strong>la</strong>ude Probst perd progressivementson autonomie. <strong>Le</strong>s barreauxdu lit, le fauteuil rou<strong>la</strong>nt sont autantd’objets de colère ou de tristesse.Mais le sourire n’est jamais trèsloin, « il y a encore une chose queje vou<strong>la</strong>is vous dire… » Je m’attendsà une confidence, mais l’hommereste fidèle à lui-même : « Mon souciaujourd’hui, c’est que des maisonscomme celles-ci ne puissent pas sedévelopper, faute de moyens ou devolonté politique… ».Quelques jours plus tard, je découvre,sans surprise mais avec émotion, cesquelques mots :« Samedi 2 juin 2012, M. Probst estdécédé à 3 h 30…»A <strong>La</strong> <strong>Chrysalide</strong>, le décès de chaquepersonne figure dans un livre,« Traces de vie », déposé dans le bureaudes soignants.“Une présence etdes réponsesChaque année en Suisse, on dénombre35'000 nouveaux cas decancer. <strong>Le</strong> nombre de décès dusaux ma<strong>la</strong>dies cancéreuses estd’environ 16'000 par an.C’est souvent peu après l’annoncede <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>die que les personnesconcernées s’adressent à <strong>la</strong> Ligue.Lors du premier contact, les patientsexpriment à quel point un teldiagnostic est sidérant. En l’espacede quelques examens, tout bascule! Puis les questions surgissent :Comment faire face ? Commentgérer <strong>la</strong> peur de l’inconnu ? Quedire aux proches ? Comment réorganiser<strong>la</strong> vie de famille ?Si l’espoir d’une guérison n’estplus possible, il s’agit d’aborder lesquestions en lien avec <strong>la</strong> fin de <strong>la</strong>vie.Après un décès, de nombreuxproches manifestent le besoin departager ce qu’ils vivent. Dans cecontexte, <strong>la</strong> Ligue offre aide etsoutien au douloureux travail dedeuil.12w w w . c h r y s a l i d e . c h<strong>Le</strong>s Mots des derniers soins,Jean-Christophe Mino, Emmanuel Fournier,<strong>Le</strong>s Belles <strong>Le</strong>ttres, Paris, 2008www.palliative.ch<strong>Le</strong>s prestations de <strong>la</strong> Ligue sontgratuites et s’adressent aussi bienaux enfants qu’aux adultes de tousâges touchés par le cancer.Christiane KaufmannDirectrice de <strong>la</strong> Ligueneuchâteloise contre le cancer“Historique de l'immeuble paix 991905 - Construction de <strong>la</strong> vil<strong>la</strong> « Mon Rêve » pour un industriel horloger1975 - Transformation en un home médicalisé <strong>la</strong> « Paix du Soir »1998 - Transformation en centre de soins palliatifs « <strong>La</strong> <strong>Chrysalide</strong> »,selon une décision du Grand Conseil2006 - <strong>Le</strong> 1 er janvier, <strong>La</strong> <strong>Chrysalide</strong> intègre l'Hôpital neuchâteloiset conserve sa mission spécifique en soins palliatifs.Ligue neuchâteloisecontre le cancerFaubourg du <strong>La</strong>c 172000 NeuchâtelLNCC@ne.chTél. 032 721 23 25www.liguecancer-ne.ch


Et si je n’arrivais plus à exprimer mes besoins ?Peut-on faire confiance à ceux que l’on aime ?A qui appartient le <strong>mort</strong> ?<strong>Le</strong>s directivesanticipées : opportunitéd'un dialogueJacques Wacker, médecinGérard BERNEY, aumônier<strong>Le</strong>s directives anticipées sont l’expressionécrite des souhaits d’unepersonne au cas où elle perdraitsa capacité de discernement. Ellescouvrent surtout le type de mesuresmédicales, qu’elle approuve ou non,en cas de grave ma<strong>la</strong>die et / ou defin de vie. <strong>Le</strong>ur rédaction pourraità moyen terme devenir un passageobligé <strong>avant</strong> d’entrer en institution.<strong>Le</strong>s directives anticipées sont modifiables,annu<strong>la</strong>bles en tout <strong>temps</strong> par<strong>la</strong> personne qui les a datées et signées.Pour les remplir, un entretien avec unconseiller, son médecin traitant parexemple, peut s’avérer précieux etest donc vivement recommandé.<strong>Le</strong>s directives anticipées abordent enpremier lieu le champ médical. Ellespermettront à l’équipe soignante desuivre les souhaits du patient, surtoutsi elles contiennent des précisions surle sens donné à <strong>la</strong> vie, ainsi que sur“Un entretien avec unconseiller peut s'avérerprécieux et est doncvivement recommandé.Souhaits dans lesdirectives anticipéesAvant <strong>la</strong> <strong>mort</strong> : dispositions sur <strong>la</strong>réanimation, l’interruption des traitements,représentant thérapeutique.A <strong>la</strong> <strong>mort</strong> : don d’organes.Après <strong>la</strong> <strong>mort</strong> : cérémonie, crémation,sépulture ou lieu de dépôtdes documents.<strong>Le</strong>s directives anticipéessont un bon outil pourcommuniquer avec sesproches sur un sujet tropsouvent tabou.des valeurs et croyances personnelles.Il sera ainsi possible de respecter <strong>la</strong>dimension spirituelle de cette personne.Complétées par les désirs de<strong>la</strong> personne en vue de ses propres funérailles,les directives anticipées sontun bon outil pour communiquer avecses proches sur un sujet trop souventtabou.De nombreuses associations et institutionsproposent diverses formesde directives anticipées al<strong>la</strong>nt de <strong>la</strong>simple feuille A4 à <strong>la</strong> brochure de32 pages. Citons pour exemple lesdocuments de Pro Senectute ou de<strong>la</strong> Fédération des médecins suisses( FMH ). Des adresses sont disponiblessur notre site.w w w . c h r y s a l i d e . c hCAFÉS MORTELS - SORTIR LA MORT DUSILENCE, Bernard Crettaz, <strong>La</strong>bor et Fides, 2010“<strong>La</strong> tyrannie <strong>mort</strong>uaireGérard Berney, aumônierSans contester le bien-fondé des directives anticipées et le sou<strong>la</strong>gementque <strong>la</strong> personne qui les remplit peut ressentir, je me permettraid’y mettre un bémol. Mon expérience, au contact journalieravec des endeuillés, en particulier, m’incite à <strong>la</strong> nuance.L’idéal est de pouvoir faire confiance à ceux que l’on aime ; car aveceux, bien <strong>avant</strong> cette dernière étape, nous aurons pu exprimer nosbesoins et nos attentes réciproques, dans un partage empreint devérité et d’authenticité !<strong>Le</strong> contenu des directives anticipées devrait être partagé au grandjour plutôt que glissé discrètement dans une enveloppe jaunie, àn’ouvrir qu’au moment de son décès.Parmi les très nombreuses confidences que j’ai eu le privilège derecueillir, je citerai ce vécu douloureux : « Je suis allée disperserles cendres de mon mari dans <strong>la</strong> nature, selon son désir… et ce<strong>la</strong>m’est insupportable ! » Je p<strong>la</strong>ide donc pour un dialogue <strong>avant</strong>, afinque les survivants puissent reprendre pied dans <strong>la</strong> vie, sans oublierleurs défunts. En effet, nous dit Yvonne Preiswerk, anthropologue :« Quoique les <strong>mort</strong>s aient dit de leur vivant, c’est en définitive auxvivants de choisir ». Ainsi nous nous libérerons de <strong>la</strong> « tyrannie <strong>mort</strong>uaire» et de <strong>la</strong> culpabilité qui peut lui être associée pour reprendrel’expression forte de l’ethnologue Bernard Crettaz. 1 3<strong>Le</strong> <strong>temps</strong> <strong>avant</strong> <strong>la</strong> <strong>mort</strong>


<strong>Le</strong> <strong>temps</strong> <strong>avant</strong> <strong>la</strong> <strong>mort</strong>Parler de <strong>la</strong> <strong>mort</strong> n’est pas l’attirer.Faut-il être vieux pour y penser ? Pas vraiment.Prévoyance etGérard BERNEY, aumôniertestament1 4A tout âge – pour ne pas dire àtoute heure ! – <strong>la</strong> question de sonavenir, comme celui de ceux que l’onaime, peut être source d’inquiétude,voire d’angoisse parfois. On peutaussi éviter sciemment cette réalité,remettant sans cesse à plus tardcette confrontation.C’est vrai, il ne va pas de soi d’aborderles questions touchant à <strong>la</strong> <strong>mort</strong>et à l’héritage. Pourtant, « se mettreà table » avec ses proches et discuter,sans pression liée aux circonstancesextérieures, peut être l’opportunitéde parler vrai. Même si <strong>la</strong> croyancepopu<strong>la</strong>ire pourrait le faire penser,parler de <strong>la</strong> <strong>mort</strong> n’est pas l’attirer.Libérant ainsi <strong>la</strong> parole de tout secretou tabou, chacun peut alors trouversa juste p<strong>la</strong>ce dans son existence, enlien avec ses proches.Prévoyance funéraire<strong>La</strong> plupart des entreprises de pompesfunèbres proposent des contrats deprévoyance funéraire ou « Testamentsobsèques » qui permettentà ceux qui le souhaitent de payerpar avance leurs propres funérailles.Ce type de contrat « donne aussi lemoyen de décider de <strong>la</strong> façon dontdoivent se dérouler les obsèques ».Il garantit que les modalités fixées« seront respectées à <strong>la</strong> lettre ».Il peut être un complément auxdirectives anticipées, sou<strong>la</strong>geant sessurvivants de <strong>la</strong> charge des fraisfunéraires.Et ce<strong>la</strong> peut être d’autant plus vraidans le cadre de familles recomposées.<strong>La</strong> rédaction d’un testament, conseilléepar un spécialiste de <strong>la</strong> branche( juriste, avocat, notaire… ) permettrad’atteindre un des buts, à savoiréviter des querelles et maintenir <strong>la</strong>paix entre les héritiers.“Deux démarchesdifférentesDon de son corps à <strong>la</strong> science<strong>La</strong> personne doit obligatoirementavoir fait les démarches de sonvivant et avoir signé elle-même lespapiers transmis à l’Institut d’anatomiede son choix.<strong>Le</strong>s proches sont alors très rapidementprivés du corps du défunt, cequi ne signifie pas absence de rituelfunéraire par <strong>la</strong> suite.Don d’organesSelon <strong>la</strong> nouvelle loi fédérale sur <strong>la</strong>transp<strong>la</strong>ntation, « <strong>la</strong> volonté de <strong>la</strong>personne décédée prime celle desproches ». Il est donc important de<strong>la</strong> préciser de son vivant et d’en parlerà ses proches.En l’absence de document établipar le défunt, le consentement desproches sera demandé. Testament et héritageMême dans les meilleures familles, undécès peut poser problème quant à<strong>la</strong> répartition des biens du défunt.w w w . c h r y s a l i d e . c hBrochure Testament : ce qu’il fautsavoir : www.pro-senectute.chDon d’organes : www.transp<strong>la</strong>ntinfo.ch

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